Une nouvelle rue

Le chantier de la nouvelle rue Photo Nord Éclair

En septembre 1954 se termine le chantier d’un lotissement réalisé par le CIL et la Maison Roubaisienne. Il s’est déroulé en deux tranches, une première d’une quarantaine de maisons, une seconde d’une vingtaine, soit une soixantaine de maisons, délimitées par la rue d’Hem et de la rue Jean Gougeon. Une nouvelle rue est alors tracée entre les nouvelles maisons, qui établit la jonction entre la rue d’Hem et la rue Claude Lorrain.

La nouvelle rue est destinée à desservir l’accès à cette nouvelle petite cité, mais présente d’autres avantages. Quand on vient de la rue d’Hem, elle permet d’accéder plus directement à l’église Saint Jean Baptiste, les commerces, la place du Travail…

La rue Marc Sangnier terminée Photo Nord Éclair

Il reste à lui donner un nom. Ce sera celui de Marc Sangnier, (1873-1950)  journaliste et homme politique français. Il occupe une place importante dans le mouvement de l’éducation populaire à travers les revues et mouvements qu’il a animés. Il est le pionnier du mouvement des Auberges de Jeunesse en France.

La question de la centrale

La centrale autrefois Photo Nord Éclair

Alors que la démolition du gazomètre de la rue Bernard est intervenue en 1960, celle des bâtiments de la centrale électrique est envisagée pour 1972. Il y a en effet un projet de construction de quatre tours dans l’alignement d’une rue qui prendra le nom du fondateur de la Croix Rouge, Henri Dunant.

Cette centrale électrique se trouvait dans la rue qui lui doit son nom, la rue de la centrale, parfois raccourcie en rue centrale, petite voie parallèle à la rue de Lannoy, et qui rejoignait également le boulevard Gambetta, en venant de la rue Bernard. Cet équipement devait être remplacé par des installations nouvelles à l’angle de la rue de Tourcoing et de la rue Jacquard. En mars 1968, on commence l’édification des deux tours « du milieu », alors que les travaux de la troisième, du côté du boulevard de Belfort, démarrent en février 1969. L’année 1972 passe sans que rien ne bouge. La construction de la quatrième tour est différée. Fin 1973, rien n’a bougé.

La centrale et la rue Henri Dunant Photo Nord Éclair

La rue Henri Dunant a repris dans son parcours l’ancienne rue centrale. La démolition de l’usine Huet a libéré l’espace nécessaire pour la construction de la quatrième tour, qui ne sera donc pas dans l’alignement des trois autres. La vieille centrale électrique désaffectée devient alors un véritable chancre dans ce quartier composé de bâtiments neufs, à deux pas d’un centre commercial important. Un magasin de vêtements et une pharmacie sont venus refaire un morceau de front à rue au boulevard Gambetta, alors que la vieille centrale devient un lieu de squatters. Il faudra attendre février 1985 pour enfin voir disparaître ce dernier vestige du quartier des longues haies.

La rue Chateaubriand

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Photo Nord Éclair

C’était une petite rue calme et tranquille, qui n’a jamais fait parler d’elle. Elle était constituée d’une unique rangée de maisons bâties sur le même modèle. De l’autre côté de la rue, des jardins lui donnaient un petit air campagnard.

Ouverte en 1880, selon Nord Éclair, c’est une des plus vieilles rues du quartier : le plan cadastral de 1884 nous la représente près de la ferme Cruque, alors que ni la place du Travail, ni le Boulevard Lacordaire ne sont encore tracés. Il faut attendre un plan de 1896 pour les voir apparaître.

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Documents archives municipales

Elle a donc relié la rue de Beaumont et le boulevard Lacordaire. Juste à côté se trouvait, à l’angle des rues Chateaubriand et de Beaumont, le château du petit Beaumont (ou château Prouvost). Un estaminet, « Au château de Beaumont » forme le coin de ces deux rues. On retrouve cet estaminet sous diverses apellations jusqu’en 1910. L’angle du boulevard Lacordaire et de la rue Chateaubriand abrite en 1939 un autre café, l’estaminet Decocq.

Après la deuxième guerre, le terrain appartient au CIL qui l’échange avec le centre hospitalier contre un terrain rue Carpeaux à hauteur de la rue Ph. Delorme, pour permettre de réaliser soit un hospice pour remplacer celui de la rue Blanchemaille, soit un nouvel Hôpital. Dès 1956, on commence à murer les maisons.

Rue2 Photo archives municipales

En 1959, il n’y en a plus que deux ou trois. Des autres,  il ne reste que que la façade murée. Cette même année voit éclore le projet de créer l’hôpital Victor Provo sur le potager de Barbieux. Ce projet est finalement accepté en 1978 par le ministère. La première pierre est posée en 1980, et la rue disparaît sous les bulldozers. Qui se souvient d’elle ?

Le temps des tours

Le 1er février 1969, deux tours sont édifiées par la société roubaisienne immobilière d’économie mixte en face de l’os à moelle. Elles sont pratiquement achevées, il ne manque plus que deux étages pour atteindre les 19 prévus. Elles vont constituer les points les plus élevés de la ville de Roubaix. La construction de la troisième tour du côté du boulevard de Belfort doit commencer prochainement. Quant à la quatrième, elle se trouvera en principe sur l’emplacement de l’ancienne centrale électrique. Si la troisième sera bien dans l’alignement des deux autres, ce ne sera pas le cas de la quatrième, la centrale n’ayant pas disparu rapidement.

Évolution de la construction des deux premières tours Photos Nord Éclair

Le 15 Août 1969, 376 logements nouveaux auront donc été construits. La SRIEM a terminé les deux tours, soit 226 logements, et une troisième tour commence, du côté du boulevard de Belfort. Le long du même boulevard, l’office municipal des HLM vient de terminer quatre tourelles, soit en tout 150 logements. Optimiste, le journaliste écrit que l’opération de l’ilot Edouard Anseele, commencée depuis plus de 10 ans, touche à sa fin.  L’architecte Guy Lapchin a conçu ces tours de 55 mètres de haut, comptant 113 logements chacune, avec des ascenseurs rapides. Au pied de chaque tour, on doit trouver des aires de jeux et des pelouses avec arbres. Le dix neuvième étage est un local collectif, pour les réunions des habitants, une halte d’enfants, qui sera entouré d’une pelouse et de troènes. Un jardin en plein ciel ! Les équipements suivants sont prévus : salle de repos, tisanière, vestiaires, buanderie, salle pour les  jeunes. Ces tours sont de véritables villes en réduction.

La rue Henri Dunant peu de temps avant son ouverture Photo Nord Éclair

 

Le 16 octobre, on annonce l’ouverture prochaine d’une voie d’accès entre le boulevard Gambetta et le boulevard de Belfort : la rue Henri Dunant, où l’on voit encore la centrale d’électricité sur la droite.

La Petite Potennerie

Une vue des travaux du groupe scolaire.  S’agit-il de la petite Potennerie au fond ? Photo Nord Éclair

Nous avons évoqué le château Dhalluin, plus connu sous le nom de Grande Potennerie. Il y avait un autre château Dhalluin, dans la même propriété, plus modeste que le précédent, mais également habité par une famille Dhalluin. Il s’agit de la famille de Maurice Dhalluin et de Louise Virnot, mariés en juin 1919, et qui habitaient auparavant au n° 19 de la rue Charles Quint à Roubaix[1]. En 1920, alors que la famille va s’agrandir, ils décident de louer la demeure de la Potennerie qui est la propriété de Mme Alfred Motte. Voici la description qu’en fait Monique Dhalluin qui vécut là son enfance :

Cette maison de brique aux arêtes et décors de pierre blanche était située en plein quartier ouvrier, au milieu d’un grand parc tout clos de murs surmontés de tessons de bouteilles pour décourager les intrusions éventuelles…

On accédait à la propriété par une entrée située rue Jules Guesde, qui donnait sur une petite voie d’accès. Il sera question un moment d’établir la jonction entre la rue de Bouvines et la rue Montgolfier, en prolongeant cette petite ruelle. Le projet fut abandonné. La petite voie d’accès subsiste néanmoins et dessert désormais le groupe scolaire. L’autre entrée de la propriété se trouvait rue Dupuy de Lome.

En septembre 1955, sont entrepris les travaux de creusement et de fondations pour le nouveau groupe scolaire de la Potennerie. Le grand mur qui entoure la propriété et qui menace de s’écrouler par endroits, sera bientôt abattu pour laisser apparaître un groupe scolaire dans un nid de verdure.


[1] Tous ces détails figurent dans le livre de souvenirs de Monique Dhalluin, fille du couple Maurice et Louise Virnot.

La grande Potennerie

Le Château D’halluin dit la Grande Potennerie en 1964 Photo Nord Éclair

La seconde partie du parc de la Potennerie, correspond au n°4 de la rue du Tilleul, aujourd’hui rue Jules Guesde. La propriété appartient à Madame Alfred Motte, née Berthe Scrépel (1870-1943), belle sœur d’Eugène Motte, industriel, maire de Roubaix de 1902 à 1912. Deux maisons de maître s’y trouvent : la Grande et la Petite Potennerie. Elles étaient habitées par la famille de Jules Dhalluin Balay pour la première, qui gardera le nom de château Dhalluin dans la mémoire collective, et la famille de Maurice Dhalluin Virnot occupait la seconde. Madame Alfred Motte est la belle mère de Jules Dhalluin, qui a épousé en première noces Berthe Motte, laquelle est décédée en 1913.

Les Dhalluin, nous explique Monique[1], étaient une famille d’industriels depuis longtemps vouée au textile (…) La matière première était la laine. La firme D’Halluin Lepers Frères sise rue de la Fosse aux Chênes quant au siège social, avait des usines à Wattrelos, Mouscron, à Ohain, au Cateau et un atelier à Roubaix.

Monique, qui habite la Petite Potennerie,  évoque la maison de son oncle Jules : la demeure de notre oncle, plus vaste et plus luxueuse que la nôtre, était très belle avec ses larges portes fenêtres alignées sur la terrasse qui s’étendait sur toute la longueur de la façade. Mais entre les deux domaines, nulle délimitation clairement définie …

Elle décrit les dépendances : un logement de gardiens et une petite ferme basse[2] avec écurie, sellerie, logement des fermiers et divers locaux en prolongation, porcherie, clapier, poulailler, et par devant le tout un enclos de fumier et une petite mare… De l’autre côté du parc un bâtiment servait de maison de gardiens, de garage et de logement pour les domestiques. Il y avait aussi des serres dans un grand potager verger…

Elle évoque également un vieux tennis, des manèges, des buttes, des fossés et une grand pièce d’eau entourée de rochers artificiels, de chemin s tourmentés et rocailleux et d’une grotte…des bancs, des statues décoraient le parc …des lions accroupis, un faune cornu, un buste de déesse.

Le 3 juillet 1961, la ville achète la propriété avec le projet de construire à cet endroit un lycée technique de jeunes filles, qui remplacerait celui de la Place Notre Dame devenu insuffisant. Laissé à l’abandon trois années durant, le parc boisé est devenu un vaste terrain vague, et l’immeuble est régulièrement vandalisé, on a même tenté d’y mettre le feu. L’idée de transformer cette propriété en jardin public et l’immeuble en maison de jeunes a été un moment évoquée. La presse mentionne une pièce d’eau asséchée et une grille d’entrée rue du Puy de Lôme.  La Grande Potennerie a survécu quelques années à la Petite Potennerie. Le Collège Jean Lebas, dit de la Potennerie, occupera son emplacement en 1967.


[1] Monique D’halluin, fille de Maurice et Louise Virnot. Elle raconte ses souvenirs dans un ouvrage conservé dans le fonds patrimonial de la Médiathèque de Roubaix
[2] Construite en 1897 d’après les archives municipales

Visite d’un appartement

J’habitais le bâtiment trois à l’angle de l’avenue Motte et de la rue Rubens, l’entrée était tout au bord de la rue Rubens, on y accédait par un escalier qui tournait, mais on aurait pu y mettre un ascenseur, c’était très grand au milieu et tout ouvragé avec des rampes en fer forgé…

On entrait dans l’appartement par un couloir, et il y avait trois chambres qui faisaient au moins 10 m² chacune. On entrait et il y avait immédiatement l’accès à deux chambres dans l’entrée, et la troisième porte donnait dans le séjour. Il n’y avait pas de salle de bains, on l’a faite après, il y avait une petite cuisine, avec un évier, le gaz qui était sur le côté. Dans le séjour, il y avait une cheminée avec un feu à charbon, car il n’y avait pas de chauffage central. Par la cuisine on accédait à un balcon suspendu qui était très grand et où il y avait les toilettes, et le vide-ordures qui était là au bord du balcon. J’ai connu ça jusqu’en 1965, on était cinq à vivre là, mais les chambres étaient suffisamment grandes, je dormais dans la même chambre que ma sœur.

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Cour et balcons d’un immeuble HBM Photo Nord Eclair

Pas de travaux, jusqu’à ce que ma mère quitte l’appartement, on a juste changé le carrelage, c’étaient des dalles noires et blanches, qu’ils ont changé dans les années soixante dix. Par contre dans les appartements qui ont été démolis, les carrelages étaient rouges et blancs. Ça m’impressionnait quand j’y allais, j’avais une amie là, je trouvais que c’était beau, et dans les entrées aussi, les montées d’escalier, c’était du carrelage avec des rampes en fer forgé.

Les chambres au sol, c’était du parquet, et les murs c’était en brique avec du plâtre, on pouvait mettre des tableaux, on mettait du papier peint dont on coupait la bordure de gauche, pour le chevauchement. On avait acheté le papier chez Hourez, rue de l’épeule, les plus grands fournisseurs de Roubaix.

L’appartement n’était pas bruyant, c’était bien isolé, bien qu’il n’y ait pas de double vitrage. Je me souviens, comme on n’avait pas de chauffage central, on tirait les rideaux qui collaient aux carreaux. On avait une cheminée avec un feu continu au charbon, et on en faisait provision pendant l’été, c’était moins cher. Après on a eu un poêle à mazout.

La chambre la plus éloignée du feu, donc la plus froide, c’était celle des parents…Dans le séjour, il y avait la cheminée, et on avait deux fauteuils de chaque côté, un bahut, une petite commode et puis la table et les chaises au milieu. Les meubles avaient été fabriqués par un ébéniste de la rue de Lannoy. Pour les chambres d’enfant, on était allés chez Cavalier, rue de Lannoy. La radio était sur la commode, on écoutait la famille Duraton.  En 1960, on a eu la télé, surtout pour avoir des nouvelles d’Algérie, où les jeunes étaient partis faire la guerre. Chaque appartement avait son antenne.

Chaque chambre avait un lit et une armoire, il n’y avait pas de placards. Dans la cuisine, il n’y avait pas de meubles, l’évier était presque contre le mur, car il y avait les descentes d’eau. On avait une belle fenêtre, et on mettait la table et les chaises pour déjeuner le matin. Il y avait la gazinière, une petite armoire et aussi une étagère sur le mur. On avait le garde manger sur le balcon, il n’y avait pas de frigo, les jours d’été, il y avait les marchands de glace, qui livraient des blocs. Les gamins allaient aussi chercher des glaces à Monsieur Léon et son triporteur, mais c’étaient des crèmes glacées. Quand les enfants étaient dans la cour intérieure du bâtiment, on pouvait les surveiller de la cuisine. Le sol du balcon, c’était comme du béton, et on pouvait faire couler l’eau, c’était un balcon fonctionnel. Pour l’époque c’était bien, avec le vide-ordures qui se trouvait là. Les gens faisaient attention à leur voisinage, on mettait les ordures dans les journaux, les éboueurs passaient une fois par semaine. C’était un service de la ville. Ils venaient avec un camion découvert, des pelles et des fourches pour ramasser les ordures.

Chaque appartement avait une grande cave et on y stockait le charbon de chez Sergeraert, le charbonnier du quartier, qui se trouvait là où il y a une pagode maintenant, rue Horace Vernet. Pour certains, c’était dur, quatre étages pour monter le charbon ! Après, dans les années quatre-vingt, il y a eu le chauffage individuel.

Après la guerre, les gens ont voulu du moderne. D’abord la salle de bains, puis le chauffage… Après ils ont remplacé le carrelage, en 1978, le parquet était usé aussi… Ces appartements n’étaient pas très pratiques, on devait traverser le séjour pour aller dans les chambres, on vivait beaucoup dans la cuisine. Dans les appartements qui faisaient l’angle, il n’y avait pas de pièce pour la cuisine, c’était la cuisine américaine, intégrée dans le séjour. On s’est fait un coin douche parfois…

Il y avait un toit terrasse. Pour y accéder, on ouvrait une trappe au dernier étage. Pour la course Paris Roubaix, les locataires montaient sur cette terrasse pour être aux premières loges, car l’avenue Motte regorgeait de monde. On était sur plusieurs rangs, on se pressait contre les barrières, ou on venait avec son escabeau.

Texte Christiane

Une association de locataires

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Le H13 futur os à moelle en 1968 Photo NE

Le 28 avril 1967, cent cinquante personnes du H13 et du H4 se retrouvent pour une première réunion, dans un garage de l’escalier D transformé en salle de réunion, avec comme projet la création d’une nouvelle association de locataires pour le groupe Édouard Anseele.

Cette réunion fait suite à l’envoi en décembre 1966 d’une petite lettre circulaire adressée aux locataires et à une première rencontre entre une dizaine d’entre eux. A cette occasion, un questionnaire est élaboré, puis diffusé à tous les locataires du h13 et du h4, soit plus de 450 locataires. Il obtient plus de 200 réponses et la création de l’association est unanimement souhaitée. Ses objectifs seront les suivants : étudier et défendre les intérêts matériels, moraux et familiaux de tous les locataires, assurer leur représentation auprès de la société propriétaire, des pouvoirs publics, du CIL, et de toute personne morale, publique ou privée, favoriser en dehors de toute considération politique ou religieuse un esprit d’entraide mutuelle, promouvoir la réalisation et l’animation de services d’intérêt général dont l’existence se révélerait nécessaire.

Un échange de vues porte sur les thèmes suivants : buts, représentativité, liens avec d’autres associations et syndicats, adhésions personnelles à ces syndicats, liens avec d’autres immeubles de la rue Bernard et du boulevard de Belfort, problèmes de parking, de nettoyage des entrées…

Les résultats du questionnaire sont présentés : ils expriment la volonté des locataires de mieux se connaître, en effet un locataire sur quatre est étranger à la région. Les personnes âgées souhaitent aussi se rencontrer, un local pour activités est indispensable.

Un petit journal est publié par l’association des locataires. Le premier numéro paraît en mai 1967. Véritable journal d’immeuble, il évoque les échos de la vie quotidienne dans le H13, avec de petites chroniques, mais il aborde aussi l’histoire du quartier, présente les manifestations culturelles et les fêtes dans la ville, propose des petites annonces, et des articles d’information générale.

L’association des locataires du groupe Anseele se compose d’une équipe de 27 membres, et souhaite associer à sa démarche les habitants des blocs HLM, de l’autre côté du chantier du parking, afin de  retrouver une unité de quartier. Elle s’organise en trois commissions : la première dite relations extérieures, s’occupe des contacts avec la société propriétaire, le CIL et les différents services publics, la seconde commission s’occupe du journal, la troisième est la commission accueil et jeunes.

Les premières interventions de l’association ont concerné la côte mobilière, les charges, le chauffage, des aménagements et améliorations diverses, ainsi l’ouverture d’un local de réunion, pouvant être transformé en salle de jeux, la réalisation d’un terrain de volley ball, l’installation d’un téléphone public.

L’association porte ses efforts sur l’animation et l’intégration sociale des habitants. Un service d’entraide pour la garde des enfants pour les jours de sortie est né, de même qu’un service de nettoyage collectif pour lequel en se groupant les locataires ont obtenu des conditions avantageuses. Elle est destinée à très vite dépasser un rôle purement syndical, on parle déjà de comité des fêtes du quartier, sans doute après l’achèvement des travaux du centre commercial et de son parking souterrain.

D’après Nord Éclair

Le château du Raverdi

Château Huet sur le plan cadastral 1884 Archives Municipales de Roubaix

Située au carrefour des rues Jean Goujon, du Tilleul (Jules Guesde), d’Hem, et Jean Baptiste Vercoutère, cette propriété figure sur le cadastre de 1884. Sa construction est donc antérieure à cette date. Le plan montre un grand bâtiment dont une façade s’oriente vers le parc, avec deux escaliers latéraux permettant l’accès à une terrasse ou une véranda. Le côté opposé présente un seul escalier qui doit donner sur l’entrée du château. On devine deux porches un peu plus haut. Le bâtiment principal jouxte des annexes, sans doute les écuries, et les logements du personnel de service. Une entrée est également figurée de ce côté. Cette propriété est occupée par l’industriel Georges Heyndrickx-Bossut jusqu’à la première guerre. Après la première guerre, Charles Huet-Masurel entre en possession de la propriété, qui sera désormais connue comme le château Huet.

Démolition du château Huet Photo NE

Pendant l’occupation, le château Huet sert de camp d’entraînement aux soldats allemands, qui l’avaient alors entouré d’un réseau de défense à base de mines et de grenades. A la libération, le château est reconverti en lieu d’accueil pour les rescapés des camps de concentration, puis de refuge pour les personnes déplacées, réfugiés ou expulsés civils, obligés de quitter leur foyer situé en zone de guerre. Le château Huet sera démoli en 1951. A cette époque, la propriété comprend un parc planté d’arbres, et trois corps de bâtiment. Si le château doit disparaître, on va préserver le parc. En effet, la société « le Toit Familial » affiliée au CIL va construire à cet endroit un quartier tout neuf, composé de 152 logements collectifs, répartis en huit groupes, respectueux des grands arbres. Un hectare du parc sera préservé et converti en square public.

Du trou sortira l’abondance

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Le chantier du futur parking Photo NE mars 1967

Le chantier du parking a donc débuté en  mars 1967 par le creusement du sol de la rue de Lannoy, exactement là où l’on avait parlé autrefois de faire une réserve d’eau pour l’industrie sous la forme d’un lac. L’enjeu est important, il s’agit de désengorger le centre de Roubaix de la présence automobile en proposant plus de mille places de parking sur plusieurs niveaux. Ces places de stationnement visent plusieurs types d’utilisateurs : les locataires de l’os à moelle, dont le parking situé de l’autre côté de l’immeuble est déjà saturé, mais aussi les futurs locataires des quatre tours de dix neuf étages en construction. Et il est bien entendu un argument majeur pour la fréquentation du futur centre commercial.

Les nuisances pour le voisinage sont importantes : poussières, boues sont le lot des piétons, car il faut enlever les terres pour couler ensuite la dalle inférieure du parking le plus profond. Les terres enlevées prennent la direction de la Planche Epinoy.

Le bruit est également présent avec les coups sourds de la sonnette, qui est un engin de génie civil qui enfonce par battage les pieux, pilots ou palplanches, servant de fondations aux bâtiments ou ouvrages de génie civil. La sonnette porte un outil cylindrique massif appelé mouton dont les coups répétés enfoncent les palplanches. On est descendu très profond, un radier de béton a été coulé. On annonce que les trois parkings profonds seront terminés pour le mois d’octobre 1967. La dalle supérieure, qui sera aussi le plancher du centre commercial serait terminée en janvier 1968, et le centre commercial lui-même au printemps 1968. Mais ces prévisions sont trop optimistes. Un certain nombre d’événements vont perturber la bonne exécution de cet important chantier.