Jean Duthoit

A la fin des années 1950, il ne reste pratiquement plus de terrains vierges constructibles sur le boulevard de Fourmies. Seules trois parcelles sont encore disponibles : les numéros 123, 125 et 127, à deux pas de la rue Carpeaux.

Le 127 boulevard de Fourmies. La construction des 123 et 125 vient de se terminer ( document IGN 1957 )

L’entreprise de sanitaire et chauffage H. Da Silva fait l’acquisition du 123, et le photographe R. Vandeputte s’installe au 125. Jean Duthoit est électricien et habite à Flers lez Lille. Il fait l’acquisition du terrain de 218 m2 au 127 du boulevard de Fourmies et demande un permis pour construire, en 1965, un immeuble à usage commercial et d’habitation sur deux étages. En effet, il souhaite s’implanter dans ce quartier du Nouveau Roubaix pour créer un magasin d’électro ménager. Il envisage également d’acquérir un terrain donnant sur la rue Rubens juste derrière, pour aménager son atelier.

Plan cadastral

Le magasin d’exposition se situe au rez-de-chaussée dans une débauche de lumière et de motifs décoratifs. On y trouve toute la gamme d’électro-ménager de la marque Philips : machines à laver, réfrigérateurs, téléviseurs, cuisinières et bien d’autres appareils ménagers.

projet de façade ( document archives municipales )

L’entreprise Duthoit est d’ailleurs bien connue dans la région et ce depuis des années. Spécialiste en électricité générale, elle bénéficie d’une excellente notoriété. L’ouverture a lieu en 1966.

Publicité d’ouverture ( document Nord Eclair )

Mr et Mme Duthoit pensent déjà à l’avenir, puisqu’ils envisagent de créer au premier étage, un magasin d’exposition de lustrerie, ainsi qu’un service d’installation de cuisines équipées. L’arrivée des premiers téléviseurs couleur en 1967 profite parfaitement à Jean Duthoit qui communique de plus en plus par de la publicité dans la presse locale.

document Nord Eclair

Jean Duthoit propose bien sûr, des crédits pour faciliter les achats de ses clients, un SAV (Service Après Vente) irréprochable avec un dépannage rapide, des travaux d’électricité et des poses d’antenne TV. Jean a le sens inné du commerce, il communique énormément pour continuer d’entretenir sa relation avec sa clientèle. Lors de la braderie du boulevard de Fourmies, il organise des concours pour offrir des cadeaux à ses fidèles clients.

document Nord Eclair

Jean propose des promotions sur toute une gamme de cuisinières, lors du changement de gaz arrivé sur la ville en 1969. En 1973 il termine l’installation de son atelier aux 6 et 8 rue Rubens, derrière son magasin. Il crée alors son « Dépannage Service » et recrute des techniciens professionnels et qualifiés pour assurer les dépannages rapides. Il profite de son agrandissement pour proposer des prix promotionnels sur toute la gamme de la marque Brandt.

Publicité agrandissement ( document Nord Eclair )

Jean Duthoit ouvre, en Novembre 1976, un deuxième magasin, au 136 rue de Lannoy, sur la place de l’église Sainte Elisabeth. C’était l’ancienne quincaillerie Henneuse qui existait depuis les années 1910. Jean décide de refaire complétement sa façade avant son ouverture

Façade du 136 rue de Lannoy ( documents archives municipales )

Pour cet événement, il investit encore dans la publicité et fait venir le célèbre Raoul de Godewarsvelde. La gamme de produits proposés est identique, mais il se spécialise avec un département cuisines équipées plus important.

document Nord Eclair
le département cuisines ( document Nord Eclair )

Dans les années 1980, Jean est présent sur de nombreux salons des arts ménagers et des foires commerciales dans différentes communes de la métropole.

document Nord Eclair

La concurrence de la grande distribution et des magasins spécialisés en électro ménager, devient de plus en plus vive. Jean Duthoit cesse son activité au début des années 1990. La BNP souhaitant développer son activité dans le quartier est séduite par cette surface de vente de plus de 200 m2 et s’y installe à la fin des années 1990.

document Nord Eclair
Photo BT

Sara Kladi s’installe à son tour, en 2021, sur l’emplacement du 127 boulevard de Fourmies, pour y créer un centre de bronzage à l’enseigne « My Sun »

My Sun ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales.

Poissonnerie du boulevard de Fourmies

Dans les années 1930, le 161 du boulevard de Fourmies est occupé par un estaminet, appartenant à la brasserie Brabant-Desprets qui se situe à Hem, au 454 rue Jules Guesde. C’est un café « tenu » par la brasserie et géré par M Plaisant dans les années 1930 et Mr Caty dans les années 1940.

Plan cadastral

Pierre Victor est né en 1921 ; il est caviste à la brasserie Brabant-Desprets et entretient d’excellentes relations avec sa direction. Pierre a toujours souhaité créer son commerce, et lorsque le café du 161 boulevard de Fourmies se libère à la fin des années 1940, il négocie un accord avec son patron pour reprendre les murs et le pas de porte. Pierre crée alors son commerce de poissonnerie, car le métier lui plait et de nombreux membres de sa famille travaillent dans ce domaine. Il fait effectuer les modifications et l’aménagement et la poissonnerie ouvre alors en 1949.

Publicité Nord Eclair 1965

Le terrain a une superficie de 124 m2. la surface de vente est assez réduite puisque derrière, se trouvent la salle de séjour et la cuisine ; la chambre froide est au fond de la cour et les chambres sont à l’étage. Pierre se marie avec Gisèle, née Delplanque et le couple a une fille Annie, née en 1946. Les affaires démarrent très correctement. Pierre souhaite développer encore son activité. Avec son frère Maurice, poissonnier au Brun Pain à Tourcoing, il crée un entrepôt «Belle Moule» à Marcq en Baroeul, pour importer des moules de Hollande et les distribuer dans toutes les poissonneries de la métropole. Peu de temps après, il devient mareyeur à Boulogne sur mer. Sa petite entreprise, « Océan Marée » est l’intermédiaire entre les pêcheurs boulonnais et les détaillants poissonniers de la région. Gisèle tient le magasin et Pierre l’aide surtout le vendredi, parce qu’il gère ses activités de négoce, le reste de la semaine.

Publicité Nord Eclair 1966
document collection privée

En 1960, Pierre et Gisèle décident d’une transformation complète du magasin. Ils font installer une nouvelle chambre froide placée entre le magasin et l’habitation. L’intérieur du point de vente se modifie également : le comptoir en bois est remplacé par un comptoir réfrigéré, sur lequel est posé la nouvelle balance Berkel. Ils développent également leur gamme de produits : poissons, huitres et saurisserie.

document archives municipales

Au début des années 1970, à chaque période de fin d’année, Pierre et son épouse louent une immense barque, qu’ils déposent sur le trottoir pour vendre leurs produits de fête ( huitres, homards, langoustes etc ). Annie, leur fille, aide ses parents, entre autre, durant la période festive.

document collection privée

En fin d’année 1974, un camion de livraison se gare pendant trois jours de suite, devant la poissonnerie pour proposer 10 tonnes d’huitres fraîches en direct de l’île d’Oléron, de Bretagne et du bassin d’Arcachon à des prix très attractifs et séduisants.

Publicité Nord Eclair 1974

Annie se marie avec Michel Destoop. Ils habitent dans la rue voisine, au 3 rue Germain Pilon. Michel crée son entreprise de transports, avec l’aide de son beau-père. Il se spécialise dans le transport des produits de la mer depuis Boulogne sur mer, avec sa société : « Transports Le Bélier ».

Michel et son camion de transports « Le Bélier », rue Germain Pilon

Pierre Victor prend sa retraite en 1977 ; c’est l’occasion de fêter cet événement avec de nombreux commerçants regroupés au sein de l’association des commerçants du boulevard de Fourmies, à la salle de réception « La Huchette », rue Henri Regnault. Pierre décide alors de se consacrer à une activité de loisirs. Il reprend l’étang des Couartes à Saint Josse dans le Pas de Calais.

Pierre et Gisèle, lors de leur départ en retraite, entourés des membres de la famille, et des commerçants du boulevard de Fourmies ( document A. Destoop )
Pierre et Gisèle ( document A. Destoop 1980 )

La poissonnerie du boulevard de Fourmies est ensuite cédée à Raymond et Huguette Broutin. En Juin 1985, ils décident de transformer la façade du bâtiment, à l’étage en perçant une fausse fenêtre et en remplaçant les deux autres fenêtres.

documents archives municipales

La poissonnerie Broutin continue d’exister encore durant de nombreuses années et ferme définitivement ses portes en 2009. Depuis, le commerce reste toujours inoccupé à ce jour.

La profession de détaillant-poissonnier a complétement disparu de nos jours. D ‘après le Ravet Anceau de 1968, à l’époque 47 poissonneries étaient implantées à Roubaix. Il n’en reste plus une seule, aujourd’hui. La poissonnerie du boulevard était la dernière.

Photos BT

Remerciements à Annie Destoop ainsi qu’aux archives municipales.

Georges Lehoucq ( suite )

En 1924, Georges fils, le fils de Georges entre dans les affaires, pour aider son père à gérer l’entreprise. Malheureusement Georges Lehoucq père décède brutalement en Octobre 1930 d’une congestion cérébrale.

Georges en 1928 ( document A. Camion )
Décès de Georges, Octobre 1930 ( document Journal de Roubaix )

Georges fils, surnommé Geo, prend alors la direction de l’entreprise à l’âge de 29 ans, et continue l’activité.

Georges fils ( document A. Camion )

Quelques années plus tard, Jeanne, la veuve de Georges Lehoucq, quitte la maison d’habitation du 168 rue de Lille, pour une habitation plus modeste au 50 de la même rue. L’immeuble du 168 de la rue de Lille sera rasé en 1961 pour faire place à une résidence d’appartements ( voir sur notre site un article précédemment édité et intitulé : Résidence Colbert )

la maison du 168 rue de Lille ( document Nord Eclair 1960 )

Dans les années 1930, l’entreprise Lehoucq qui emploie plus de 130 personnes, connaît quelques mouvements sociaux, comme dans la plupart des entreprises roubaisiennes, qui se traduisent par des grèves.

André Camion ( document A. Camion )

Durant la Seconde Guerre Mondiale l’entreprise ne fonctionnera plus qu’au ralenti. En 1946 le petit-fils de Georges Lehoucq, André Camion né en 1922, fils de son aînée Jeanne et de Roger Camion, vient seconder son oncle Geo à la direction. André Camion occupe un logement de fonction au 23 du boulevard de Beaurepaire. Il est nommé Directeur Général adjoint de l’entreprise Georges Lehoucq.

Les années d’après-guerre sont difficiles, mais les affaires reprennent. Après le décès de Geo en 1956, André Camion fait démolir et reconstruire de nombreux hangars vétustes, par l’entreprise Planquart située 220 Grande rue, dans les années 1960. En 1965, le personnel est constitué de 65 personnes dont 60 hommes.

Dans les années 1970, le fils d’André, Pierre Camion vient aider son père dans la gestion de l’entreprise et en 1983, il décide de créer un magasin de vente d’une surface de 580 m2.

Documents archives municipales

Cette nouvelle surface s’adresse surtout aux particuliers. La vente de bois, de panneaux, de menuiseries préfabriquées, d’outillage, etc … permet de maintenir un certain volume de chiffre d’affaires qui vient bien à point, dans une période difficile.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

En 1985 et en 1986, Pierre Camion fait démolir des locaux de stockage sur 620 m2 et 382 m2 pour raisons de sécurité, car la construction de ces bâtiments date de l’époque de Georges Lehoucq, d’avant 1930.

document archives municipales

Les affaires deviennent de plus en plus difficiles, dans les années 1980. Pierre se sépare d’une partie de l’immense terrain, une parcelle de 2.446 m2. En 1988, Francis Desmazières et Marcel D’halluin, demeurant à Tourcoing, demandent un permis de construire pour la création d’un garage, sur la partie droite du terrain.

Documents archives municipales
Documents archives municipales

Pierre Camion cède l’entreprise en Aout 1990 à Alain Michel qui continue l’activité. Alain Michel garde bien évidemment l’enseigne Lehoucq car elle a encore une superbe notoriété auprès de la clientèle.

Publicité Nord Eclair 1995

En 1995, Alain Michel le PDG de la « SA des Anciens Etablissements Georges Lehoucq » entreprend la démolition de nombreux bâtiments et hangars de stockage sur le terrain.

Documents archives municipales
Documents archives municipales

En 2000, Christian Perney le nouveau directeur des Ets Lehoucq, décide d’une restructuration de l’entreprise, du déplacement d’un auvent de stockage et de la construction d’un nouveau bâtiment.

Documents archives municipales

L’entreprise Lehoucq est radiée du registre du commerce en 2005. Vincent Dujardin reprend le bâtiment principal pour le transformer en logements en 2007.

Document archives municipales

Après avoir porté l’enseigne « Réseau Pro » pendant quelques années, le magasin est devenu en 2022 : « Chausson matériaux ».

document Google Maps 2008
Photo BT

L’entreprise que Georges Lehoucq a créée en 1890 n’existe certes plus en tant que telle, mais la structure et le commerce de matériaux continuent encore à fonctionner 134 ans plus tard !

Remerciements à Arlette Camion, Marc Lehoucq ainsi qu’aux archives municipales

Rue Briet

La rue Briet à Hem existait déjà sur un plan cadastral de 1890 mais sans nom et n’apparaît sous ce nom que sur un plan de 1947. Elle tient son appellation d’une briqueterie à feu continu, qui y était installée tout au bout, bien qu’ayant son adresse postale rue du Bas Voisinage (actuelle rue Louis Loucheur) au début du 20ème siècle. Il s’agit de l’entreprise d’Oscar Briet, lequel a obtenu l’autorisation préfectorale nécessaire à son installation en 1900.

Le travail en briqueterie est très pénible : les ouvriers doivent enlever l’argile au louchet et la charger dans des brouettes en bois qu’ils font avancer sur des plaques de roulage en métal installées préalablement. L’argile est ensuite mélangée avec de l’eau puis les briques sont moulées à la main avant d’être séchées et passées au four.

A la fin des années 1940 la briqueterie fonctionne toujours et le Ravet-Anceau de 1948 fait état de la briqueterie A. Briet dans la rue du Bas Voisinage à Hem. La vue aérienne de l’époque la montre isolée au milieu des champs. En revanche dans les années 1950 la briqueterie disparaît et la rue Briet prend l’aspect qui est toujours le sien aujourd’hui.

Vue aérienne de la briqueterie aux Trois-Baudets en 1947, vue générale et gros plan (Document IGN) et le personnel de celle-ci en 1919 (Documents Historihem)

Ce n’est pourtant qu’en 1957 que les travaux de mise en état de viabilité sont éxécutés dans la rue Briet. Jean Leplat, le maire, fait convoquer les représentants du CIL et des ponts et chaussée afin d’aller sur place avec l’adjoint aux travaux pour faire un état des lieux d’une rue qui ressemble alors à un véritable bourbier et faire entreprendre les travaux nécessaires dans les plus brefs délais.

La rue en septembre 1957 avant travaux (Document Nord-Eclair)

Le premier commerce répertorié dans cette rue par un annuaire professionnel est celui de S.Schattens. Il tient une cordonnerie au n°40 au début des années 1960 et ce pendant une dizaine d’années. Il n’existe plus de n°40 dans la rue Briet dans les années 2000.

Puis Anne-Marie Cauty s’y installe, en tant que pharmacienne, au milieu des années 1960, au n°54, selon le Ravet-Anceau de l’époque. On la retrouve à cette adresse dans l’annuaire jusqu’en 1986 mais de nos jours le n°54 n’existe plus dans cette rue. Puis elle transfère sa pharmacie au n°1 de la rue où elle continue à exercer jusqu’à ce qu’elle cède son officine. A l’heure actuelle le bâtiment agrandi est toujours une pharmacie mais gérée par Véronique Vercamer depuis les années 2000.

Photo Pharmacie Cauty au n°1 de la rue (Document collection privée)

Publicités Cauty (Documents Historihem)

Photo pharmacie Vercamer en 2020 (Document Google Maps)
Publicité Vercamer en 2020 (Document site internet)

Puis Jean et Marie-Paule André installent leur commerce de droguerie au n°25 de la rue Briet. Auparavant cette maison était le domicile de E. Delaby, confiserie, depuis sa construction dans les années 1960. La rue Briet est en effet essentiellement une rue résidentielle.

Le couple vend pêle-mêle des bouteilles de gaz (dans l’avancée), des papiers peints, de la peinture et des pinceaux, des toiles cirées, du balatum, un peu de quincaillerie… C’est Marie-Paule qui tient le magasin pendant que Jean, artisan peintre et vitrier se déplace chez ses clients.

Les publicités de la fin des années 1960 et du début des années 1970 (Documents Nord-Eclair)

Jean André propose des devis gratuits en peintures, papier peint, vitrerie et revêtements de sol. Non seulement il vend un grand choix de papiers peints, couvre sols qu’il peut installer mais il propose également des peintures Thelex et Insulatex (peintures pour bois innovantes) aussi bien en magasin qu’en livraison à domicile.

Etant à la fois artisan et commerçant le couple adapte donc ses publicités et c’est ainsi que dans le Mémento Public de Hem de 1970 ( CIT : Commerce Industrie Tourisme), figurent 2 publicités sur la même page : l’une pour l’artisan peintre vitrier, Jean André, l’autre pour le commerce, la droguerie André.

Publicités pour l’artisan et le commerçant (Document Mémento public commerce industrie tourisme de Hem)

En 1973, Jean André installe pour les fêtes son nouveau rayon cadeaux : céramiques, vases, bibelots mais aussi parfums. En 1975, la maison André fait sa publicité pour la location de matériel à tapisser mais aussi pour la 1ère fois son nouveau rayon de bijouterie fantaisie. En fin d’année s’ajoute à tout cela un rayon spécial articles de Noël.

Nouveaux rayons en 1973 et 1975 (Documents Nord-Eclair)

A la fin des années 1970, une nouvelle activité de clé minute fait son apparition en plus de toutes les autres déjà citées. Parallèlement le commerce procède à la location de décolleuses de papiers peints et de shampouineuses pour tapis. La vannerie et les nappes font également partie des nouveaux produits en vente.

Publicités clés minute fin des années 1970 et début des années 1980 ( Documents Nord-Eclair et Office Municipal d’Information)

A l’heure actuelle le pignon de la maison n°25 rue Briet porte encore la trace de la publicité « maison » géante affichée à l’époque sur le mur afin de porter à la connaissance des passants l’existence de ce commerce dans une habitation. Pourtant l’immeuble est actuellement le siège de 4 entreprises : 2 sociétés civiles immobilières, une entreprise de production musicale et un traiteur.

Photos du 25 rue Briet en 2008 plan rapproché et 2020 plan large (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem.

Georges Lehoucq

Georges Lehoucq naît à Tourcoing le 24 Avril 1870. Après ses études au Lycée de Douai puis au Lycée de Tourcoing que son oncle Fidel Lehoucq vient de fonder, il part à Arras pour effectuer son service militaire. A son retour, Georges est ambitieux. Il a hérité d’un coquet capital et souhaite donc absolument créer son entreprise. Son choix se porte sur la ville de Roubaix car c’est une ville industrielle textile performante qu’on surnomme à l’époque : « la Manchester du Nord », ville qui a besoin de matériaux pour la construction de logements ouvriers.

Le 2 Août 1890, Georges Lehoucq décide de reprendre, à 20 ans, le commerce de négoce de bois, créé en 1886 par Honoré d’Halluin, au 37 boulevard de Beaurepaire. L’entreprise est située sur une vaste parcelle de 17.699 m2 entre le boulevard Beaurepaire et le quai du Sartel sur le canal de Roubaix.

plan cadastral

C’est un commerce de bois de différentes espèces ( sapin, orme, chêne, peuplier, hêtre, noyer, charme, tilleul, frêne, acajou, noyer d’Amérique, etc ) qui répandent des odeurs délicieuses dans l’entreprise. Ce sont des bois du pays, ou des bois d’importation, et en particulier du nord de l’Europe. Ils sont parfois livrés par billes entières, la forme du tronc est préservée, débitée en tranches fines dans le sens de la longueur. Georges fabrique également des moulures et baguettes pour l’encadrement, dans les ateliers du fond, « le bâtiment de la baguette » où les odeurs de solvant et de produits chimiques deviennent pénibles pour les doreurs.

Vue de l’entreprise boulevard de Beaurepaire ( document Le Monde Illustré )

Il négocie les achats à un très gros importateur dunkerquois Jean-Baptiste Trystram, chez lequel au cours d’un long stage il a acquis les connaissances du métier. Le canal situé derrière l’entreprise permet l’approvisionnement par péniches, dans un premier temps. Les livraisons se feront ensuite par le rail et par la route. Une centaine de personnes travaillent dans l’entreprise, à la fin de cette décennie.

En tête de lettre ( document collection privée )

Célibataire, Georges loge quelques mois, à l’hôtel Ferraille au 22 rue de la Gare. Il se marie, le 11 Aout 1898, avec Jeanne Trystram, née à Petite Synthe le 11 Aout 1879, fille de Jean-Baptiste Trystram, son fournisseur et qui est également président de la chambre de commerce de Dunkerque. Ils font l’acquisition de leur maison située au 58 rue des Fabricants. Georges se rend sur son lieu de travail « à l’usine » en voiture à cheval attelée par son fidèle cocher. Georges et Jeanne ont un premier enfant, Jeanne surnommée Jeannette.

Photo de mariage de Georges et Jeanne ( document A. Camion )
Georges Jeanne et leur fille Jeannette devant l’écurie de leur maison rue des Fabricants ( document A. Camion )

Les connaissances professionnelles de Georges et son dévouement à l’égard de tout ce qui touche à la formation de la jeunesse, le font connaître rapidement auprès du public. Georges s’intéresse à la politique et se présente sur la liste républicaine d’Eugène Motte aux élections municipales de 1902. Il est alors élu deuxième adjoint et prend en charge les dossiers de l’Instruction Publique et de la Culture.

document bnr

Georges Lehoucq va alors entreprendre de nombreuses réformes importantes de l’enseignement général et technique ; le transfert de l’Institut Turgot, l’installation du conservatoire, la création du groupe scolaire de l’avenue Linné, celle du collège de jeunes filles et bien d’autres œuvres marquantes. Il soigne tout particulièrement l’enseignement professionnel pour les fils et filles d’ouvriers roubaisiens grâce à la promotion de formations techniques à l’Institut Turgot. Il est aussi l’un des grands organisateurs de la Cavalcade de 1903 à Roubaix.

Comité d’organisation de la Cavalcade de 1903 ( document collection privée )

Les affaires de l’entreprise sont florissantes. Georges se spécialise encore davantage dans la fabrication de moulures bois pour le bâtiment, l’ébénisterie et l’encadrement. C’est un homme dynamique et il participe à de nombreux salons professionnels pour étendre sa notoriété : Exposition internationale de Paris en 1903, Arras en 1904, Tourcoing 1906 et bien sûr l’exposition internationale de Roubaix en 1911, où il préside la visite de l’école pratique de l’Institut Turgot, rue du Collège, dont il est toujours responsable pédagogique.

le travail du bois ( document Le Monde illustré )
l’atelier ( document Le Monde illustré )
la dorure des moulures en bois ( document Le Monde illustré )

En 1908, Georges, lassé peut-être de la politique, démissionne de son poste d’adjoint au maire, et ne se représente pas aux élections municipales de cette même année. Il garde néanmoins le contact et continue à veiller avec soin sur tout ce qui touche à la jeunesse. Il devient président d’honneur des amicales laïques, juge au tribunal de commerce et inspecteur départemental de l’enseignement technique. Il organise à Roubaix le premier congrès national de l’apprentissage. Georges Lehoucq, en 1912, reçoit du gouvernement, la Croix de la Légion d’Honneur, distinction bien méritée.

Documents Journal de Roubaix 1912

Georges et Jeanne ont à présent trois enfants : Jeanne 1899, Georges 1901, et Claire 1910. Georges est un amateur d’art et de nombreuses œuvres sont présentes dans leur nouvelle habitation de 899 m2 habitable sur un terrain de 1.224 m2 au 168 rue de Lille.

En 1914, l’usine est réquisitionnée et occupée par les allemands. Devenu oisif, Georges installe dans son grenier, un atelier d’artiste et peint des natures mortes. Il s’active au comité d’alimentation pour aider les roubaisiens à se nourrir. Comme de nombreuses personnalités du monde commercial et politique, Georges devient otage roubaisien en Janvier 1918 et est déporté en Lituanie. il rencontre sur place d’autres notables, qui sont aussi artistes, dessinateurs, écrivains, poètes . . . Sur la photo ci-dessous, Georges est assis à gauche entouré de ses amis, et tient sur ses genoux, sa boîte à peinture.

document A. Camion

A la fin de la guerre, les allemands ont vidé complétement l’entreprise, bois, produits finis, matériel et machines. Il ne reste rien. Georges, avec ses modestes ressources, redémarre l’activité et progressivement revient à son niveau performant d’avant guerre grâce à une demande très forte des matériaux de construction, et en particulier du bois.

Au début des années 1920, Georges recrute des commerciaux sur toute la France pour développer les ventes des moulures d’encadrement. Il leur fournit une marmotte ( valise de présentation de toutes les moulures produites ) et des catalogues très complet reprenant plus de 200 références de profils. Les vendeurs sont alors formés pour proposer les moulures, les baguettes chimiques, les cadres pour miroiterie, les moulures d’électricité etc

Annonce ( document journal de Roubaix )
Marmotte de présentation ( document la malle en coin )
catalogue ( document collection privée )

À suivre . . .

Remerciements à Arlette Camion, Marc Lehoucq ainsi qu’aux archives municipales

Poudres Industrielles du Nord

Alors que la rue Jules Guesde à Hem est bordée de champs du côté droit en allant vers Lannoy, après le carrefour de la Lionderie, en 1949, presqu’en face du tissage Desurmont et fils, au n°280, s’installe une nouvelle usine sur environ 7500 mètres carrés : Poudres Industrielles du Nord, devenue, en 1957, la société Pinfloc.

Photo aérienne de 1947 face à l’usine Desurmont (Document IGN)
Plan cadastral BB868 et BB111 (Document cadastre)

Fondée par Jules-Pierre Planckaert, né à Roubaix le 11 novembre 1925, fils de Louis Joseph Planckaert, entrepreneur, l’entreprise commence avec deux personnes et une machine. L’usine broie alors des déchets textiles, vendus ensuite en sacs contenant des fibres techniques, destinées à être incorporées dans différents matériaux pour en améliorer les caractéristiques physiques, par exemple en vue d’entrer dans la fabrication de tapis Bulgomme.

Photo aérienne de 1965 avec l’usine PIN (Document IGN)

La photo montre clairement l’entrée de l’usine rue Jules Guesde donnant sur une longue allée bordée de bâtiments dont deux immenses hangars au fond du terrain de part et d’autre de l’allée et les camions de livraison empruntent cet étroit couloir. En 1965, est également développée la commercialisation d’articles de décoration et de fête tels que les cotillons. Il ne s’agit pas là d’une activité de fabrication mais d’une simple activité complémentaire de négoce.

L’étroit couloir emprunté par les camions (Document Nord-Eclair)

Puis l’entreprise se développe en fabriquant des poudres à partir de fibres textiles, viscose, nylon, coton qui sont coupées finement, teintes, tamisées puis mises en sac, avant d’être expédiées et de servir à la technique dite du flocage. Les produits sont vendus à l’industrie de la chaussure, du vêtement, de la maroquinerie, de l’automobile, du jouet et du tissu mural.

Le floc, c’est du faux, de l’imitation, mais qui veut faire vrai à l’oeil comme au toucher. Ces fibres courtes recouvrent les objets d’un revêtement rappelant le velours. Ainsi, au moment de Noël, l’entreprise fabrique également ce qui sert à blanchir les sapins, ajoutant donc une activité saisonnière à l’activité habituelle.

En 1971, un violent incendie dévaste un hangar dans lequel étaient entreposés des barils de poudres de flocage. Une demi-heure après le début du sinistre, il ne reste plus rien du bâtiment ni de la marchandise et le montant des dégâts s’élève à une quarantaine de millions d’anciens francs.

Ce qui reste du hangar après l’incendie de 1971 (Document Nord-Eclair)

Puis en 1984, à nouveau, un bâtiment de stockage des marchandises finies, de 300 mètres carrés, est la proie des flammes et les sapeurs-pompiers de Roubaix, aidés de leurs collègues de Villeneuve d’Ascq, doivent mettre quatre grosses lances en batterie pour venir à bout du sinistre, sans parvenir à sauver le bâtiment dont il ne reste rien. Les dégâts s’élèvent à 2 millions de nouveaux francs mais Mr Planckaert affirme que les 15 employés de la société ne risquent pas la mise en chômage technique, bien au contraire puisqu’ils ont un stock complet à reconstituer. En tant que premier adjoint du maire de Hem, celui-ci reçoit en outre le soutien de Mme Massart, maire de Hem, qui n’hésite pas à se rendre sur place pour constater l’étendue des dégâts.

Pas de chômage technique après l’incendie de 1984 (Document Nord-Eclair)

L’année suivante, en fin de soirée, un nouvel incendie se déclare dans un atelier de fabrication de cotillons, pétards et fusées. L’extension du feu est favorisée par les poudres et produits chimiques entreposés dans l’usine et 800 à 1000 mètres carrés d’atelier sont ravagés par le feu. Les sapeurs-pompiers de Roubaix et Villeneuve d’Ascq mettent plus d’une heure à venir à bout du sinistre. Pourtant le PDG de l’entreprise, Jules Planckaert, n’envisage aucun licenciement et pas même de chômage technique.

Idem en 1985 et des vitres en verre armé fondues (Documents Nord-Eclair)

Marc Planckaert, fils du fondateur, reprend la direction de l’entreprise en 1991 et, deux ans plus tard, il fait aménager un quai afin de faciliter les allées et venues des camions dans la rue Jules Guesde. Pour mieux insérer l’entreprise dans son environnement il lance également des travaux de débroussaillement et de renforcement de la clôture et améliore l’écran végétal qui sépare à l’arrière son entreprise des logements du quartier de la Vallée.

Et en 1994, il organise une opération portes ouvertes complétement inédite pour faire découvrir ses vastes et peu esthétiques locaux aux habitants alentour et donner à ses voisins, pour les rassurer, les informations qu’ils souhaitent sur le fonctionnement de l’entreprise, laquelle dispose à présent d’une agence à Paris, fait vivre 27 personnes, et exporte en direction de l’Europe et de l’Afrique du Sud.

Visite guidée de l’entreprise en 1994 (Document Nord-Eclair)
Photo aérienne de 1998 (Document IGN)

Pendant 10 ans, de 1988 à 1998, l’entreprise dispose donc d’un établissement secondaire dans la région parisienne, à Aubervilliers puis, de fin 1999 à janvier 2005 d’un nouvel établissement secondaire à Roubaix, 105, rue de Lannoy. Mais, pour faire face à son développement, Pinfloc construit en 2001 une nouvelle unité de production, moderne et respectueuse de l’environnement, à Berck-sur-Mer et l’établissement de Hem ferme ses portes.

Pinfloc à Berck-sur-Mer (Document site internet)

En 2007, Marc Planckaert, explique à ce sujet dans le journal « Le Télégramme » : « je disposais d’une vieille usine située à Hem (Nord). Il nous fallait nous mettre aux normes et songer à mieux utiliser l’eau. J’ai même voulu aller plus loin en me disant que j’allais rendre propre l’eau que j’achetais propre…Deux cuves de 50.000 m³ permettent de purifier l’eau. Une fois purifiée, l’eau peut être réutilisée. Nous sommes de gros consommateurs d’eau : le traitement des fibres nécessite 20 à 80 litres d’eau par kilo…Notre autre démarche est aussi de mieux gérer nos besoins en eau. Nous essayons désormais de bien penser son utilisation et ça marche. Avant là où nous avions besoin de 50 m³ nous n’en sommes plus désormais qu’à 35 t m³… Cet engagement écologique a un coût. Je l’ai fait par conviction et pour respecter l’environnement, ainsi que pour assurer la pérennité de mon entreprise quant au respect des normes à venir ».

Photo aérienne de 2004 (Document IGN)

Quelques années plus tard un lotissement privé d’une vingtaine de maisons : le Clos Village, est construit sur l’ancien terrain de l’entreprise au 280 rue Jules Guesde à Hem. Ce lotissement, auquel on accède par une grille située à côté de deux maisons en façade sur rue, est toujours présent de nos jours et il ne subsiste aucune trace de l’ancienne vocation industrielle du terrain de près de 10 hectares.

Photo sur la rue de 2019 et photo aérienne de 2022 (Documents Google Maps)

Teinturerie Meillassoux et Mulaton (Suite)

En 1913, les établissements Meillassoux Frères et Mulaton apprêts se sont agrandis et viennent de s’équiper d’un matériel moderne pour traiter les articles : robes et draperies en pure laine, coton et soie pour une production journalière de 24.000 mètres.

Mais dès Octobre 1914, lors de l’occupation allemande, la production s’arrête et des équipes de prisonniers russes vont briser au marteau les métiers afin de récupérer le fer et la fonte. L’occupant trouve alors en effet dans les usines les tuyauteries en cuivre et les métaux recherchés pour ses fabrications d’armement.

Le matériel cassé et l’usine vidée (Document Au Temps d’Hem)
L’usine vidée de son matériel en 1914 (Documents Historihem)

Une fois, l’usine complètement vidée, les salles disponibles sont réquisitionnées pour servir d’hôpital vétérinaire pour plus de 1.200 chevaux.

L’usine occupée par les soldats allemands et leurs chevaux pendant la première guerre mondiale (Documents collection privée)

Après la guerre dès 1919 l’Office de la Reconstitution Industrielle aide à l’étude des travaux de reconstruction. Louis Loucheur, ministre de la reconstruction industrielle, vient sur place se rendre compte par lui-même de la situation afin de décider des priorités dans « l’oeuvre immense à accomplir ».

Sous l’impulsion des gérants, Louis Meillassoux et Antoine Mulaton, secondés par un personnel dévoué, les bâtiments sont remis en état et le matériel commandé. Pourtant les constructeurs locaux ayant eux-même été sinistrés ne peuvent livrer que suivant de longs délais et malgré les plus grands efforts la remise en route ne peut être effectuée qu’en mai 1921 et la pleine activité n’est retrouvée qu’en 1923.

Un coin de l’usine vidée retrouve son activité et Un atelier d’apprêts reconstitué après-guerre avec les tondeuses (Document Le Monde Illustré)
Un coin de l’usine en 1923, la Rame (Document Le Monde Illustré)
L’usine avec le nouveau matériel (Document Au Temps d’Hem)

A cette époque la famille Mulaton a déménagé presque en face de son ancienne propriété, du côté impair de la rue de Lille. La demeure est beaucoup plus fastueuse que la précédente. Elle sera amenée pendant la seconde guerre mondiale à loger une douzaine de soldats britanniques avant la débâcle et leur évacuation.

Le deuxième château Mulaton (Documents collection privée et Historihem)

Le 1er juillet 1932, la Société Anonyme des Etablissements Meillassoux et Mulaton est constituée par acte passé devant Maître Emile Mory. En 1936, l’entreprise affronte les mouvements sociaux et les salariés se mettent en grève et occupent l’usine pour obtenir les avancées sociales qui leur seront acquises avec le front populaire.

Certificat de chômage et bulletin de sortie avec le cachet de la société anonyme (Document collection privée)
Des ouvriers à la sortie des établissements dans les années 1930 (Document Historihem)
L’usine occupée (Document Au Temps d’Hem)
En tête de courrier en 1961 (Document collection privée) et publicité de 1970 (Document mémento public CIT de Hem)

Dans les années 1980, la teinturerie, traversée par la Marque, a son entrée située au bout d’une allée bordée d’arbres, la cour Michel, donnant sur la rue du Général Leclerc, presque en face de l’avenue De Vlaminck (actuellement cette allée mène aux ateliers municipaux). Sur la photo panoramique on voit que l’usine Gabert, sa voisine, n’existe déjà plus.

Entrée au bout de l’allée bordée d’arbres (Document Historihem)
Photos panoramiques de l’usine (Document Historihem)

En janvier 1982, un violent incendie se déclare dans la teinturerie, suite à la mauvaise manipulation d’un chalumeau par un ouvrier désireux de dégeler les tuyaux. Le feu se propage rapidement et une nef entière est détruite ainsi que l’ensemble des bureaux de l’entreprise. Les pompiers doivent mettre six lances en batterie pour circonscrire le sinistre.

L’incendie de 1982 (Document Nord-Eclair)

A la fin des années 1990 l’entreprise ferme ses portes. Elle est radiée du registre du commerce et des sociétés en février 1997 soit après presque un siècle et demi d’existence. La photo aérienne prise en 2022 montre le terrain presque nu sur lequel se dressait l’entreprise de la rue Leclerc à la Marque. A l’emplacement de la propriété Mulaton se trouve le magasin Carrefour et son parking. A ce jour il ne reste plus que le château Meillassoux annexé à la mairie et représenté avant et après la réalisation du nouvel Hôtel de Ville (en 2015 et 2020).

Photo aérienne de l’usine en 1947 (Document IGN) et le terrain de l’ancienne usine (Document Google Maps)
L’ancien Château Meillassoux avant et après l’extension de l’Hôtel de Ville (Documents Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Teinturerie Meillassoux et Mulaton

L’usine de teinturerie et de blanchiment Mulaton est fondée, au milieu du 19ème siècle rue Poivrée (ou route nationale, puis rue de Lille, actuellement rue du Général Leclerc) à Hem, par Antoine Mulaton. Né en 1814, Antoine fait son apprentissage de teinturier à Lyon, puis parcourt l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie pour se perfectionner dans cette industrie avant de s’installer à Hem en 1850.

Epoux d’une lilloise, Rosalie Masquelier, avec laquelle il a des enfants, il emménage avec sa famille et son beau-père qui est aussi du métier dans une maison de la rue Poirée (renommée ensuite rue de Lille) avec une jeune servante belge, Philomène Pollet, aux fourneaux. Mr Masquelier l’aide alors à monter sa propre teinturerie en 1952 dans la même rue.

Le choix de s’installer à Hem plutôt qu’à Roubaix s’explique par le manque d’eau de la capitale du textile, la distribution des eaux de la Lys n’existant pas encore et le petit ruisseau du Trichon et les puits ne suffisant pas. En revanche, pour réaliser des apprêts sur tissus et de la teinture en écheveaux, Hem dispose de la Marque, aux eaux abondantes et claires.

Raison de l’installation à Hem (Document Au Temps d’Hem)

Antoine s’associe rapidement avec Achille Screpel et l’entreprise devient Mulaton-Screpel en 1854. Les deux hommes travaillent en parfait accord et mènent à bien et font croître une industrie qui, à la fin du siècle, compte 6 usines et emploie 600 salariés. La même année Antoine Mulaton s’inscrit sur la liste électorale de la ville.

Chez Mulaton, on a choisi de teindre la laine et c’est un dur travail : les écheveaux sont enfilés sur une longue perche et trempés par 4 ouvriers en sabots dans un bac de 10 à 20 mètres de long sur 2 mètres de large et 0,80 mètre de profondeur. Il faut promener les lourdes charges dans le bain, les retourner, les élever, les écraser d’abord dans une eau tiède puis bouillante.

Un dur travail (Document Au Temps d’Hem)

C’est à partir de 1870 qu’apparaissent les colorants chimiques qui donnent une quantité de nouvelles possibilités en remplaçant les produits d’origine végétale ou animale. C’est Frédéric Tellier, fabricant de produits chimiques à Hem, qui approvisionne les 2 teinturiers locaux. Mais cela commence à nuire à la Marque dont l’eau change de couleur et dont les poissons périssent au grand dam des pêcheurs qui vont s’en plaindre à la municipalité, laquelle leur répond que les 2 teintureries, Gabert et Mulaton, assurent du travail et donc du pain à plus de 1000 ouvriers hémois.

La pollution de la Marque (Document Au Temps d’Hem)

Les anciens racontent qu’on appelle Antoine : « le père de la teinture » dans la mesure où c’est lui qui introduit à Hem les méthodes de la teinturerie Lyonnaise. Avec la vieillesse il se voit contraint d’abandonner le travail industriel et cède alors la place à ses fils en 1875. Mais il continue à siéger dans l’assemblée communale à laquelle il participe depuis 1870 (suite à la chute du Second Empire) et ce jusqu’en 1892 avant de décéder à l’aube du nouveau siècle.

En 1886, les trains passent régulièrement et s’arrêtent à la gare située sur la route reliant Hem à Forest. L’usine est alors répertoriée comme une teinturerie en soie, possède 2 chaudières de 60 chevaux, consomme 70 wagons de houille par année, dix wagons d’avoine et importe 15 wagons de matières premières.

Extrait du relevé de l’importance industrielle de Hem au milieu du 19ème siècle (Document Historihem)

En 1893, l’entreprise apparaît dans le Ravet Anceau sous le nom de Mulaton Frères et en 1895, la maison se spécialise dans le mercerisage de coton, opération consistant à donner aux fils et étoffes de coton un aspect brillant et soyeux, par trempage dans une solution d’hydroxyde de sodium (soude caustique).

En 1899, le Journal de Roubaix relate l’explosion d’une chaudière ayant provoqué un vif émoi dans la commune en raison du bruit épouvantable et de la présence de tous les ouvriers au travail. La couverture de la chaudière qui sert au bouillage des cotons, pesant une tonne, a rompu tous les écrous qui la retenaient en explosant et a été projetée à travers le toit avant de retomber 10 mètres plus loin à travers une autre toiture…Toutes les vitres de l’usine ont été brisées et quelques maisons voisines endommagées mais fort heureusement seuls deux ouvriers ont été légèrement blessés.

A la fin du 19ème siècle, la famille Mulaton habite un château situé sur le côté pair de la rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) au n° 44. La propriété, voisine de celle de Mr Gabert, comprend une villa ainsi, en perpendiculaire, qu’une conciergerie et fait partie de la dot du fils Jean Mulaton qui épouse Marie Leborgne en 1882.

Château Mulaton (Documents collection privée et Historihem)

La maison est vendue en 1919 à un chapelier lillois, Joseph Picavet, puis acquise 4 années plus tard par Edouard Catrice, industriel roubaisien qui en fait sa maison de campagne avant d’en construire une autre au même endroit, la mérule ayant attaqué l’ancien bâtiment. Le nouveau bâtiment deviendra après-guerre la nouvelle mairie de la ville de Hem.

Trois numéros avant, au n°38, la famille Meillassoux occupe le 1er château visible côté pair en venant du centre de Hem, et appelé « le Petit Château ». Cette demeure sera rachetée par la municipalité qui en fera le Centre Communal d’Action Sociale en 1971, une annexe de la mairie qui existe encore de nos jours.

Château Meillassoux (Documents collection privée et Historihem)

Au début du vingtième siècle, l’automobile arrive mais ne connaît évidemment pas le succès populaire réservé au train puis surtout au « mongy », car c’est un objet de haut luxe, réservé aux plus fortunés. Mr Mulaton fait donc, sans surprise, partie des premiers automobilistes hémois, avec une vitesse limitée dans la commune à 12 km/h.

Les industriels, premiers automobilistes hémois (Document Au Temps d’Hem)

La qualité des produits ne s’est pas démentie avec les années et en 1908, l’entreprise Mulaton reçoit un grand prix à l’exposition franco-britannique de Londres.L’entreprise devient en 1912 la société Meillassoux frères et Mulaton, Antoine Mulaton, descendant du fondateur, ayant épousé une Meillassoux.

Usine Meillassoux et Mulaton CPA (Document collection privée)Doc 8 Le matériel moderne installé en 1913 (Document Historihem)
L’atelier des femmes (Document Historihem)

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Kiabi

En choisissant ce nom, le fondateur, Patrick Mulliez, veut donner l’image d’une enseigne « qui habille » toute la famille. La marque, première à se lancer sur le segment des vêtements et chaussures pour la famille à petits prix, est créée en 1978, avec l’ouverture d’un premier magasin à Roncq, dans le Nord.

Ce premier magasin de 1000 m2 sera vite suivi par d’autres points de vente toujours implantés en zone commerciale de périphérie et la marque impose son concept de mode à petit prix tout au long des années 80. En une décennie, Kiabi ouvre 35 magasins et recrute 1500 salariés : c’est l’âge d’or de la marque dont le slogan est « Kiabi, la mode à petits prix ».

Logo de Kiabi en 1978 (Document internet) et publicité reprenant les premiers magasins ouverts dans la région (Document Yuma Paris)

Dix ans plus tard la presse locale annonce le nouveau transfert du siège social de l’entreprise, située avenue du 08 mai 1945 à Villeneuve d’Ascq, vers Hem, 100 rue du Calvaire (dans la future zone des 4 Vents). Au départ, son implantation était prévue sur l’ancien site Gabert (sur le sujet voir un précédent article publié sur notre site intitulé Teinturerie Gabert). Mais le terrain s’est avéré finalement inadapté aux besoins de l’entreprise.

La construction a donc été décidée sur un terrain de 5 hectares situé juste à côté de l’antenne Sud dans la rue du Calvaire face à la Briqueterie (sur ce sujet voir un précédent article publié sur notre site intitulé Briqueterie de Hem).

Vue aérienne de l’emplacement futur de Kiabi (Plan actuel / photo des années 1960)

Le bâtiment doit être constitué d’une surface utile de 7000 mètres carrés et ne doit pas excéder 12 mètres de hauteur. La Direction générale et les services centraux vont se partager 3 niveaux. C’est la SOPIC, une société basée à Tarbes et spécialisée dans l’immobilier d’entreprise, qui est en charge de la réalisation de l’ouvrage.

Titre dans la presse locale en 1988 et maquette de la future construction (Document Nord-Eclair)(Document Nord-Eclair)

Cette nouvelle implique le transfert de 90 emplois sur la commune de Hem ainsi que la création de 100 autres postes pour le nouveau siège social voir même 135 emplois à l’horizon 1990, ce dont se réjouit bien évidemment Mme Massart, maire de la ville. Les travaux doivent débuter en novembre 1988, en vue d’un déménagement du siège social à la fin du premier trimestre 1990. Bien que l’architecte soit parisien et la SOPIC installée dans le sud du pays, ce sont des entreprises régionales qui seront occupées à la réalisation de la construction, ce qui signifie également une trentaine d’emplois sur le site pour une durée d’un an.

Photo aérienne de 1995 (Document IGN)

L’immeuble est finalisé en 1990, comme prévu et la SAS Kiabi Europe, créée en 1987, y installe officiellement son siège en juin 1990. Le bâtiment, flambant neuf, est de conception moderne et particulièrement curieux à observer depuis le ciel avec sa forme très inhabituelle.

Photo de l’entreprise nouvellement installée (Document archives municipales de Roubaix)

1990 est aussi l’année d’une nouvelle grande campagne de communication qui a pour slogan : « C’est bon pour le moral ». L’enseigne frappe fort en prenant pour égérie une star de la chanson et non des moindres puisqu’il s’agit de Johnny Hallyday. Les photos publicitaires couvrent les murs de France.

Campagne de publicité des années 1990 (Document Yuma Paris)

Trois ans plus tard, Kiabi s’exporte en Espagne et va continuer à s’internationaliser, notamment en Italie. En 1997, le réseau compte 85 magasins et en 2000, la marque lance son site web avant de se développer en franchise 5 ans plus tard.

En ce début de vingt et unième siècle, l’entreprise Kiabi effectue sa publicité au dos du guide pratique de la ville de Hem en associant étroitement l’ensemble de ses salariés à cette ville qui les a accueilli dix ans plus tôt. Son titre : Kiabi, l’an 2000 commence à Hem.

Publicité Kiabi an 2000 (Document guide pratique de Hem)

En juin 2011, Kiabi, à l’étroit sur le site de la Zone des 4 Vents à Hem (450 salariés) inaugure des nouveaux locaux dans la zone de Roubaix-Est à Lys-lez-Lannoy, 20 rue de Toufflers (250 salariés), dans les bureaux laissés libres par l’ancienne usine pharmaceutique Delpharm, mais prévient qu’il s’agit d’une solution transitoire, l’entreprise devant, à terme, retrouver un site unique.

Dès lors les salariés de la Direction France de l’entreprise, les ressources humaines et l’informatique s’installent à Lys-lez-Lannoy, tandis que les salariés du marketing, des collections (une cinquantaine de stylistes y travaillent sur les collections en permanence), des services administratifs et financiers restent à Hem.

Kiabi Lys-lez-Lannoy (Document site internet)

En 2013, la marque Kiabi est récompensée pour son concept de magasin par l’Institut Français du Design (IFD) et reçoit le label Janus dans la catégorie commerce. Mais en 2014, elle fait l’objet d’un « bad buzz » à cause d’un déguisement Zoulou, affiché à la vente sur son site avec une référence à la préhistoire, et vite retiré suite aux critiques. La même année Kiabi choisit de tendre une banderole sur un champ sur laquelle est écrit « Kiabi colore le tour » pour fêter le passage du tour de France. C’est une référence à sa nouvelle campagne mondiale « Kiabi colore la vie ».

Le déguisement Zoulou mis en cause en 2014 et la nouvelle campagne mondiale Kiabi colore la vie (Document Voix du Nord et Yuma Paris)

En 2015, Kiabi compte 500 magasins dans le monde et devient le n°1 du prêt-à-porter en France. L’année suivante, la marque reçoit l’aval de la MEL, après avoir filmé un « flash mob » des salariés sur le terrain convoité, pour déménager à Lezennes, à deux pas d’ Héron Park et du Stade Pierre Mauroy. La construction sur le site de Hem n’est en effet pas possible car il ne reste que 4 hectares de terrains, en sacrifiant les parkings alors qu’il en faudrait 10.

Un « flash mob » sur le terrain convoité en 2016 (Document Voix du Nord)

En 2020, Kiabi est catégorisée grande entreprise (entre 2000 et 4999 salariés). Pour cocher les nombreuses cases du siège social rêvé pour une enseigne de dimension mondiale, quoi de mieux qu’un projet de 30.000 mètres carrés en plein centre urbain dont l’ouverture est prévue fin 2024. Outre les fonctions centrales devrait s’y trouver : un magasin format XL au rez-de-chaussée (3000 mètres carrés), 20.000 mètres carrés de bureaux à l’étage, 2 restaurants, un parking de 900 places (dont 300 bornes électriques), 4000 mètres carrés de surfaces végétalisées (dont une partie des toits), une salle de conférence de 1.500 mètres carrés, 6000 mètres carrés pour l’accueil d’entreprises extérieures (notamment des start-up) proches de l’enseigne. Plus de 7000 mètres carrés sont prévus pour l’accueil des familles dont une crèche pouvant accueillir 35 berceaux et une halte-garderie ouverte en journée, soirée, week-end. Enfin un très grand parvis est destiné à accueillir des événements.

Le projet Kiabi pour 2024 à Lezennes (Document Fashion Network)

Le projet est porté par Etixia, la filiale foncière de Kiabi, développé avec le cabinet d’architecture Avant-Propos, et la première pierre est posée le 13 septembre 2022, le début du chantier ayant pris du retard avec la crise sanitaire. Avec ce nouvel écrin le groupe (et ses 10.000 salariés) se projette à 10 ans et prévoit un doublement de ses ventes d’ici 2030.

Le projet Kiabi (Document Etixia)

Si une production en France n’est pas envisagée, l’accent est porté sur la seconde main ou le recyclage des vêtements, comme sur l’écoconception des pièces à 100%, et le futur siège de Lezennes devrait, dans cet esprit, servir de laboratoire d’innovation à l’ensemble du groupe d’habillement pour le pousser à développer une mode plus responsable et durable. Des formules d’abonnement et de location de vêtements sont à l’étude tout comme de nouvelles applications numériques.

Un trou colossal à Lezennes en septembre 2022 (Document Voix du Nord)

Après le déménagement de Kiabi, on ignore encore l’usage futur des locaux de Hem dont la marque est propriétaire. Plusieurs options sont sur la table : reconditionner les bureaux pour créer éventuellement un EHPAD ou au contraire tout détruire pour faire de la logistique. A ce jour la question ne semble pas avoir été tranchée.

Kiabi est aujourd’hui une des nombreuses filiales du GIE Association Familiale Mulliez, spécialiste de la grande distribution et qui compte parmi ses enseignes : Auchan, Decathlon, Top Office…Sur la trentaine d’années que la marque a passé à Hem l’entreprise a connu une croissance qui ne s’est jusqu’ici jamais démentie et son histoire restera donc liée à la ville.

Crépy Pneus

Pierre Crépy est né en 1915. En 1937, il crée son entreprise au 102 rue du Port à Lille  : Crépy pneus, importateur exclusif des pneus Continental pour la France et la Belgique

Pneus Continental Lille ( document collection privée )

Deux ans après, la seconde guerre mondiale se déclare et l’activité s’arrête brutalement. A son retour de captivité, Pierre redémarre son affaire à Lille, puis s’installe rapidement à Roubaix, à la fin des années 1940, en créant un atelier de vulcanisation Crépy-Dujardin au 39 rue de l’Ouest ( ancien local des Ets Dujardin frères, négociants en charbons ). Pierre Crépy a son domicile personnel à deux pas, au 33 rue de l’Ouest.

Le 39 rue de l’Ouest en 1946 ( documents archives municipales )

L’entreprise Crépy-Dujardin vend des pneus neufs et d’occasion, répare et regomme les pneumatiques, fournit également du matériel pour les transports hippomobiles, et propose la vente de roues et d’accessoires.

Pierre aménage ensuite, en 1959, un entrepôt de stockage pour ses pneus Continental et son bureau au 15 rue du Fresnoy. Un de ses fils, Pierre-Léon né en 1939, vient aider son père à la gestion de l’entreprise en 1962.

Le 15 rue du Fresnoy ( document archives municipales )

En 1964, Pierre reprend l’entrepôt de Mr Wolf, au 29 rue de l’Ouest, pour y installer son atelier. Il y construit également son bureau et 2 appartements à l’étage. L’architecte choisi est Christian Verdonck, av Jean Lebas à Roubaix.

Pierre vend des pneumatiques neufs et d’occasion de toutes marques, répare les crevaisons, rechape les pneus usagés, propose l’équilibrage électronique et le cloutage des pneus hiver. Il développe son commerce en proposant des services annexes et complémentaires : amortisseurs, freinage etc

Publicité 1967 ( document Nord Eclair )

Pierre-Léon rachète en 1971, un bâtiment situé au 20 rue de Naples, à Michelin. C’est un dépôt dédié aux poids lourds, il y aménage son atelier et son entrepôt de stockage

documents archives municipales

En 1971, Pierre fonde, avec une cinquantaine de ses collègues vendeurs de pneumatiques, le GIE Publi Pneu lequel donne naissance en 1972 à l’enseigne « Point S ». Il en devient adhérent et actionnaire du groupement.

Publicités années 1970 ( documents Nord Eclair )

En 1975, fort de son expérience, Crépy pneus est chargé du montage des pneus de tous les véhicules de la ville de Roubaix. L’entreprise est très dynamique au niveau communication et surtout dans la publicité. En 1975, elle fait venir le célèbre ballon Good Year à Roubaix.

Le ballon dirigeable Good Year ( document Ets Crépy )

Alain Crépy, frère de Pierre-Léon ouvre quant à lui un centre à Armentières au 5 rue du Marechal Foch en 1976.

Publicité commune des deux frères Crépy ( document Nord Eclair )

Photo de l’établissement rue de l’Ouest et publicités des années 1980 ( documents collection privée )

Pierre décède en 1995 à l’âge de 81 ans. Le 6 Janvier 2002, un incendie se déclare dans la menuiserie voisine rue de Naples, un mur et une toiture s’effondrent sur un pompier, Mickael Dufermont, qui décède sur le coup ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : L’incendie de la rue de Naples )

Les dégâts suite à l’incendie ( document Nord Eclair et Ets Crépy )

Avec le décès du sapeur pompier, deux ans d’enquête sont nécessaires avant de pouvoir reconstruire le dépôt avec de nouvelles normes de sécurité obligatoires. L’entreprise Crépy Pneus subit alors deux années difficiles ! S’ajoutent également la concurrence des centres autos en zone commerciale, des concessionnaires autos qui mettent en place des services rapides, et surtout celle des garages clandestins.

Murielle et Bastien ( document Nord Eclair )

Pierre Léon prend sa retraite en 2002 à 63 ans. Murielle, son épouse, lui succède à la tête de Crépy Pneus, aidée par leur fils, Bastien. Ils continuent à se battre pour l’entreprise, mais malheureusement, en Novembre 2014, c’est le dépôt de bilan. Un plan de continuation et de redressement est établi et l’entreprise poursuit son activité. En 2016, Bastien décide du changement d’enseigne : Euromaster remplace PointS.

Euromaster ( document collection privée )

Le 20 Février 2017, la mise en liquidation judiciaire de l’entreprise est prononcée. L’ensemble du personnel est licencié. Dans le hangar, des centaines de pneus attendent le retour des beaux jours. Ce sont des gommes « été », que leurs propriétaires ont confiées à Crépy Pneus jusqu’à ce que l’hiver cesse de rendre les routes glissantes sans pneumatiques adaptés. Sur chacun, une étiquette avec un nom de propriétaire, un modèle de voiture… « Les clients récupéreront leurs pneus. J’y mets un point d’honneur. Ils nous ont fait confiance pendant des années… »

documents Nord Eclair

En Juin 2017, Julien Lepinois lance ProPneus sous l’enseigne Euromaster en lieu et place de Crépy Pneus. Julien est le gendre de Pierre-Léon et Murielle, salarié pendant 14 ans, de cette véritable institution roubaisienne. Il connait donc le métier et a toute l’expérience pour réussir le challenge.

Il loue les locaux à la famille Crépy, trouve le financement, signe le contrat de franchise avec Euromaster en tant que nouveau propriétaire et ouvre très rapidement pour garder la clientèle.

documents Nord Eclair

Julien travaille avec un ancien collègue, Yannick. Il investit dans du nouveau matériel, continue le service d’entretien courant des véhicules, du freinage, des vidanges et bien sûr reste spécialiste des pneumatiques pour la clientèle des PME et des particuliers.

Crépy Pneus a été créé en 1937, véritable institution roubaisienne qui a connu quelques soucis, il y a une dizaine d’années, mais qui a bien su redémarrer grâce à son savoir faire, son expérience, et sa forte notoriété. En 2024, 6 personnes travaillent dans l’entreprise.

Remerciements à Julien Lepinois ainsi qu’aux archives municipales.