Presbytère de l’église Saint-Corneille (Suite)

Dans les années 1930, la location se poursuit entre le dirigeant de la municipalité Emile Delmet et le curé de la paroisse Saint-Corneille Edmond Delecroix. Puis en 1939 le nouveau maire Jules Delesalle procède à nouveau à la location du bâtiment mais cette fois, non plus avec Mr le Curé, mais avec l’Association Diocésaine de Lille, en la personne de son secrétaire.

Photos des maires Emile Delmet et Jules Delesalle (Documents Historihem)
Photo aérienne de 1976 : le petit bâtiment situé à l’avant n’existe plus (Document IGN)

Au cours des décennies suivantes l’Association reste locataire des lieux, renouvelant son bail avec les maires successifs de la commune. Mais en 1995, le presbytère, devenu vétuste, sous occupé et inadapté aux besoins de l’Association, n’est plus reloué par celle-ci.

La ville signe donc un bail de réhabilitation de 21 ans avec la Cal-Pact qui transfère, en quelque sorte, la propriété de l’immeuble pour une durée limitée. L’organisme, en tant que centre d’amélioration du logement, est chargé d’y réaliser deux logements d’insertion destinés à des familles en difficulté, et d’aménager les locaux restant disponibles en locaux d’animation paroissiale.

Sur la toiture, des tuiles neuves viennent donc consolider les tuiles vernissées, conservées par souci d’esthétique. L’isolation est renforcée dans les combles et au niveau des menuiseries extérieures par la pose de doubles vitrages. Sont également refaits le chauffage et l’alimentation en gaz et électricité, sans oublier l’aménagement d’un accès pour handicapés et des sorties de secours.

Bienvenue au 22, Place de la République (Document Voix du Nord)

Les 2 logements de type 3 sont situés dans la partie droite du bâtiment, dans l’avancée. Celui du rez-de-chaussée est de suite occupé et celui de l’étage doit être rapidement prêt à accueillir des locataires. Une trentaine de personnes, en contrat emploi solidarité, ont effectué la réfection complète des peintures extérieures, retapissé les pièces, posé les revêtements de sol et effectué les finitions de peinture, ainsi qu’aménagé les espaces verts.

Dans la partie centrale du presbytère ont été aménagées de spacieuses salles de réunion ainsi que des bureaux et celle-ci s’appelle désormais : la Maison Saint Corneille. Elle est ouverte également aux paroissiens des églises Saint-Joseph de Hem et Saint Jean-Baptiste de Forest pour l’édification d’une paroisse nouvelle ainsi que l’indique l’Abbé Vandeputte.

Mme Massart, maire de la ville, se félicite de l’initiative qui a permis au public en insertion du chantier école du Cal-Pact de réaliser, grandeur nature, des travaux complets, encadrés par des moniteurs qualifiés et en présence d’entreprises spécialisées. Elle forme le souhait d’une multiplication d’initiatives du même genre, susceptibles de combler les attentes sociales en matière de logement comme en matière d’emploi.

Logement social et emploi : discours de Mme Massart, maire de Hem (Document Voix du Nord)

Dans les années 2000, l’ancien presbytère a donc à la fois une vocation de logement social et à la fois une vocation paroissiale. La photo aérienne de 2000 ne présente guère de différence avec celle qui avait été réalisée 25 ans plus tôt et l’on y voit nettement le grand jardin à l’arrière du bâtiment et le jardinet à l’avant. L’ensemble semble bien entretenu comme le montrent les photos depuis la rue en 2008.

Photo aérienne de 2000 (Document IGN)
Photos de 2008 (Documents Google Maps)

Pourtant il semble que l’organisme social rende ensuite le bâtiment à la commune dans un état désastreux. A part la salle louée par la paroisse le reste du bâtiment est pourri et la présence de mérule est même évoquée. Toutefois la mairie à l’époque ne réagit pas et le bâtiment ne cesse donc de se dégrader au point que sa restauration à l’heure actuelle coûterait très cher.

Le bâtiment en 2023 (Documents Voix du Nord)

Or avec le projet actuel de tramway, la MEL a lancé une étude en vue du réaménagement du centre ville de Hem pour y fluidifier la circulation. Trois hypothéses seraient envisagées concernant l’ancien presbytère :

  • raser le bâtiment et aménager un parc public dans son jardin

  • le détruire et construire à sa place un immeuble d’une dizaine de logements

  • conserver le presbytère et en faire un tiers lieu pour les associations et laisser la paroisse continuer à occuper une partie du bâtiment comme aujourd’hui

Le jardin en 2023 (Document Voix du Nord)

La décision est pour le moment en suspens mais il faut reconnaître que, s’il n’a pas grande valeur architecturale, l’immeuble reste un symbole et tient à choeur aux hémois qui y ont suivi le catéchisme. La paroisse tient à le sauvegarder et à conserver un local proche de l’église et surtout à préserver le grand espace vert que constitue le jardin.

Par ailleurs, ainsi que le rappelle Jean-Louis Rémy, historien local, il faut le préserver, ne serait-ce que parce qu’avec l’église et la maison commune, ancienne Auberge du Coq (Voir sur ce sujet un précédent article paru sur notre site), face au choeur de l’église, c’est tout ce qui reste du XIIIème siècle sur la place de la République, époque où Hem était encore un petit village de 1500 âmes…

Vue aérienne du presbytère en 2023 (Document Google Maps)
Vue aérienne de la place de la République en 2023 et vue de l’ancienne maison commune et de l’église Saint Corneille (Documents Google Maps)

Remerciements à l’Association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.

Presbytère de l’église Saint Corneille

Dans le livre Hem d’Hier et d’Aujourd’hui, co-écrit par André Camion et Jacquy Delaporte, la première mention concernant le presbytère porte sur son incendie en 1692. Il s’agit d’« un feu de meschef », autrement dit d’un feu involontaire. André Camion ajoute que dans « Une description des paroisses du diocèse de Tournai » il est indiqué que le presbytère va être reconstruit « beaucoup mieux qu’il n’estoit auparavant ».

Détail de la carte particulière des environs de Lille de 1726 (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Essai de reconstitution de la place d’Hem au XIII ème siècle par André Camion (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

Jean-Louis Rémy, professeur d’histoire géographie, retrouve quant à lui aux archives départementales un inventaire des biens du clergé de 1790, attestant l’existence du presbytère à cette époque. Le presbytère, contrairement aux autres biens du clergé n’a pas été vendu lors de la révolution.

La commune l’a alors récupéré pour le transformer en école et ce jusqu’en 1801, date à laquelle la paroisse en a récupéré l’usage tandis qu’il restait propriété de la mairie. Jean-Louis Remy trouve un cadastre de 1824 où l’on distingue clairement l’église et le presbytère, bâtiments séparés par un ancien cimetière, ainsi qu’un document datant de 1845 où il est fait mention du jardin entourant le bâtiment.

Le cadastre de 1824 (Documents Voix du Nord)
Le cadastre actuel nous indiquant une surface totale de 2170 mètres ( Document France Cadastre)
Convention de 1845 entre le maire et Achille Bouchery (Document Voix du Nord)

Avec la loi de séparation de l’église et de l’état de 1901, les rapports entre le maire de Hem et les catholiques se durcissent. Il est même question après les nouvelles élections municipales de 1906, de transformer le presbytère en service municipal et de sommer Mr le Curé de quitter les lieux. Mais un groupe de paroissiens ayant fait pression sur le conseil municipal, ce projet est abandonné au profit d’une solution amiable.

Cette même année, un document est donc signé entre le maire de Hem, Henri Delecroix, et l’abbé Edmond Pollet, curé de Hem, attestant de la location à ce dernier d’une maison à usage de presbytère avec dépendances et jardin entouré de murs moyennant la somme de 600 francs par mois . La location est faite pour un an et reconductible tacitement chaque année sauf préavis de trois mois donné par l’une ou l’autre des parties.

Elle est personnelle à l’abbé Pollet qui ne peut la transmettre à un tiers. Pourtant, à la mort de celui-ci deux ans plus tard, son successeur, l’abbé Victor Denhaene, obtient du Conseil la location du presbytère dans les mêmes conditions, mais pour 9 années.

Convention de location de 1907 (Document Historihem)

Un état des lieux établi par la mairie de Hem en 1907 permet de se faire une idée générale de l’immeuble :

-au rez-de-chaussée un couloir d’entrée carrelé, avec à gauche un grand salon parqueté avec cheminée en marbre et cloison donnant sur une grande véranda plafonnée et carrelée, avec grands vitrages sur le jardin et cheminée, dont une porte se situe au bout du couloir où se trouve également l’escalier menant à l’étage.

L’autre partie du couloir longe la façade, sur lequel donnent 3 salles munies d’un plancher, chacune éclairée d’une ou deux fenêtres et pourvue d’une cheminée. Au fond de ce couloir se trouve un bâtiment de dépendance avec cuisine carrelée éclairée d’une fenêtre et munie d’une cheminée, ainsi qu’une arrière cuisine avec carrelage en pierre, pompe et évier en zinc, communiquant sur le cabinet d’aisance.

Se trouve également au fond du couloir une porte donnant sur la serre, dallée avec grand vitrage sur le grand jardin entouré de murs, très bien planté et avec pièce d’eau.

A l’avant de l’habitation, se trouve un jardinet avec allées pavées en pierres bleues qui le contourne et mène également de l’entrée sur la rue jusqu’à la maison.

Essai de plan du rez-de-chaussée (Document BT)

-à l’étage: à mi-hauteur de l’étage un petit cabinet débarras, et au premier un couloir longeant la façade dessert toutes les chambres dont une à chaque bout contre les pignons, sur toute la largeur du bâtiment, éclairées de fenêtres et munies d’une cheminée.

Puis à mi-étage à nouveau un cabinet débarras et un grenier qui couvre la plus grande partie de l’habitation et où se situe également une chambre plafonnée et plâtrée contre le pignon opposé à l’escalier

-en dehors du bâtiment d’habitation, un autre bâtiment existe à l’entrée, le long du mur de façade vers la place, avec petit vestibule ouvrant sur deux salles carrelées, dont l’une, à usage de buanderie, munie d’une cheminée et d’une pompe de citerne. Ce deuxième bâtiment possède une sortie de service directement sur la rue, fermée par une porte en bois.

Photo aérienne de 1933 (Document IGN)

Au cours de l’année 1926, la presse locale relate un acte inouï de sauvagerie à Hem, un malfaiteur ayant profité de l’absence du curé, occupé par la messe de 8 heures, pour s’introduire dans le presbytère, afin d’y commettre un vol. Dérangé dans sa tâche par la mère de Mr le Curé, le voleur, qui s’est introduit dans la maison par la serre, frappe celle-ci à la tête à coups de sécateur avant de la baillonner, mettant en danger la vie de cette femme de 89 ans.

Un acte inouï de sauvagerie en 1926 (Document Journal de Roubaix)

A suivre…

Remerciements à l’Association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.

L’abbé Monteuuis

Gustave Isidore Monteuuis est né à Bourbourg en 1857 d’un père professeur. Il est le cinquième enfant d’une fratrie qui en comporte dix. Il sera prêtre du Diocèse de Cambrai (1882-1913), puis de celui de Lille. Il fut un temps professeur de philosophie au Collège des Dunes à Dunkerque puis il sera le Curé de Leers de 1898 à 1919. Son urbanité, son zèle et son dévouement lui valurent l’affection de ses paroissiens.

L’église de Leers Collection familiale

Licencié es Lettres en 1879, il est l’auteur d’ouvrages pieux ou historiques parmi lesquels « l’âme d’un missionnaire » primé par l’académie française (Prix Montyon 1894). Mais il est aussi l’historien de Leers, avec « l’Histoire de Leers » (1905), « Le Cambriolage de l’église de Leers », le 5 mars 1906, une belle page ajoutée à l’histoire de Leers (1906), de Bourbourg, Notice sur Notre-Dame de Bourbourg (1908), Un saint prêtre, le chanoine Hooft, ancien doyen de Bourbourg (1817-1908) (1908), enfin c’est un passeur de mémoire idéal, avec « Sous le joug allemand, les Allemands à Leers du 22 août 1914 au 11 novembre 1918 », chez l’imprimeur Desclée et De Brouwer, octobre 1919.

L’abbé Monteuuis Collection Particulière

Concernant Leers, les deux ouvrages qu’il consacre à sa paroisse sont ceux d’un historien de qualité et d’un passeur de mémoire. Il avait amassé dès son arrivée à la tête de la paroisse en 1898 une documentation abondante auprès des Archives Départementales et Communales, des sociétés savantes dont il était membre et des anciens Leersois dont il avait recueilli les souvenirs. Son ouvrage sur l’occupation allemande à Leers a vraiment été écrit de l’intérieur puisqu’il a été présent dans sa paroisse tout ce temps-là.

Paraphe du chanoine Monteuuis

L’abbé Monteeuis a célébré son jubilé à Leers le 22 septembre 1901. Puis il a prêché le Triduum d’Adoration en l’église de Notre-Dame, à Roubaix, les 27, 28 et 29 juillet 1909. Nommé chanoine titulaire à Lille en 1919, il décède quelques mois plus tard le 9 avril 1920. Il est inhumé à Leers.

La pierre tombale de l’abbé à Leers extrait site geneanet

Nouvelle église Ste Bernadette

L’ancienne église Ste Bernadette, avenue Alfred Motte à Roubaix, construite en 1935, est démolie en 1990. Le projet est d’installer à la place, l’entreprise Camaïeu. ( Voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : « Démolition de Ste Bernadette » )

l’ancienne église ( document archives municipales )

Le 1° Juillet 1990, l’évêché s ‘explique dans les colonnes de Nord Eclair, sur les raisons de sa décision :

« Le manque de paroissiens, l’église trop grande, les normes de sécurité non conformes, etc ont toujours posé d’énormes problèmes à la paroisse. Aucune des solutions présentées n’est satisfaisante. Nous avons donc accepté la proposition de la municipalité d’abandonner l’église et les terrains environnants. Une implantation industrielle verra le jour d’ici quelques temps, qui permettra, à terme, la création de 300 emplois. Les chrétiens ont droit à leur lieu de culte et un projet verra le jour bientôt.

document archives municipales

La démolition d’une église est toujours un déchirement, car voir ainsi, l’édifice éventré est émouvant pour les anciens paroissiens mais également pour tous les roubaisiens qui s’interrogent alors ! Où va-t-on reconstruire cette nouvelle église promise par l’évêché ? Un seul terrain peut se libérer à proximité, c’est celui près de la salle des fêtes de l’école Jules Guesde, caché par un mur de briques rouges, au coin de l’avenue Alfred Motte et de la rue Jean Macé, d’une superficie de 1080 m2.

plan cadastral

L’accord est rapidement trouvé entre le diocèse, la mairie et l’entreprise Camaïeu au niveau du financement ( resté confidentiel ) de l’église. Le permis de construire est accordé, les travaux peuvent alors commencer.

document Nord Eclair

La cérémonie de la pose de la première pierre de l’église, se déroule le Dimanche 15 Septembre 1991 en présence du père Jean Deledicque, des abbés Gand et Declerck, de Claude Traullé secrétaire général de l’évêché, d’André Diligent, sénateur-maire de Roubaix et d’une foule immense.

pose de la première pierre ( documents archives municipales et Nord Eclair )
le début des travaux ( document archives municipales )

Les travaux commencent fin septembre 1991. L’église est de forme cylindrique, de couleur jaune, car les briques viennent de Belgique. Deux clochers sont présents et accolés sur l’avenue Motte ; un de 18 m avec la cloche ( électrique ) et un de 15 m avec la Croix.

document archives municipales

La surface construite est de 600 m2. Une placette sépare l’église, les deux salles de réunion et le presbytère. Le jardin du curé quant à lui, mesure 200 m2. L’église est un peu en retrait par rapport à l’avenue ce qui permet la création d’un parvis. La sacristie est accessible par l’église.

C’est le cabinet d’architectes croisiens de Mrs Bonte et Escudie qui remporte le concours pour ce projet de construction de l’édifice, grâce au respect des contraintes et à « l’arbre de vie » à 12 branches, lesquelles constituent la charpente.

L’arbre de vie ( document observatoire CAUE )

250 personnes disposent de places assises et peuvent assister aux messes ainsi que 100 personnes en mezzanine. Le carrelage est constitué de dalles bleues de Soignies et le système de chauffage se fait par le sol.

50 ouvriers de toutes professions travaillent sur le chantier qui avance rapidement ; les progrès se mesurent semaine après semaine. C’est une petite église contrairement à celles que l’on bâtissait aux siècles précédents, simplement parce qu’il y a une baisse de fréquentation des paroissiens. C’est une église résolument moderne : fini l’art tarabiscoté, les tableaux lourds de couleurs, le velours et les ors. Voici maintenant l’art moderne, clair, fonctionnel et sobre.

Intérieur de l’église ( document observatoire CAUE )

Les travaux se terminent en fin d’année 1992, un an après le début de la construction.

Deux journées « Portes Ouvertes » sont organisées pour faire visiter la nouvelle église aux habitants du quartier. L’Abbé Bernard Declercq est fier de sa paroisse. Il aime les petites églises modernes plus familières. Il est heureux de pouvoir recommencer à célébrer dans son quartier, les cérémonies de la vie, et accueillir sur son parvis, baptêmes, mariages et enterrements.

document observatoire CAUE

L’église vient de fêter dernièrement, ses 30 années d’existence, au cours desquelles différents curés se sont succédés : Bernard Declercq, René Lharminez, Dominique Pham, Jean-Marie Bonniez, Gérard Vandevyver et Amédée Adje.

Remerciements aux archives municipales et à l’observatoire CAUE

Chapelle Sainte Thérése de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face

Dans les années 50, un industriel roubaisien, Philippe Leclercq, fils de Louis Leclercq, propriétaire de la Roseraie, domicilié à Hem, déjà connu pour ses activités en faveur des lépreux et des enfants du Biaffra, ami de l’art et des artistes, est désireux de doter Hem d’une chapelle ouverte à l’art contemporain.

Il réalise ce projet ambitieux en ayant recours à divers artistes en la personne d’ un architecte suisse Hermann Baur, du sculpteur Eugène Dodeigne, du peintre spécialiste en art sacré Georges Rouault, du tisserand Jacques Plasse-le Caisne, et des peintres-verriers Alfred Manessier pour la conception et Louis Barillet pour la réalisation.

Panoramas 1946 et 1961 (Documents IGN)
La chapelle flanquée des anciennes maisons à l’otil (Document collection privée)

Le 16 septembre 1956, une belle cérémonie se déroule à l’occasion de la pose de la première pierre, sur le terrain du jardin potager des époux Charles-Leclerc-Salembier, propriétaires de la première brasserie de Hem. 4 ouvriers s’affairent sur le chantier et c’est le chanoine Descamps, doyen de Lannoy qui procède à la bénédiction, élevant une croix à l’endroit où se situera l’autel.

Pose de la 1ère pierre de la chapelle (Document La Croix du Nord)
Bénédiction de la pose de la première pierre (Document La Croix du Nord)

La maquette de la chapelle est pleine de promesses. En 1957, la chapelle est construite et Mrs Baur, Mannessier, Dodeigne et Leclercq s’y retrouvent pour concevoir les finitions de l’aménagement intérieur. Le dimanche des Rameaux 1958, la chapelle est ouverte au culte, en présence du cardinal Liénart.

Maquette de la chapelle (Document Narthex)
Les concepteurs du projet réunis dans la Chapelle (Documents Historihem)

Catholique fervent, Philippe Leclercq explique plus tard (propos repris et diffusés dans le journal La Croix du Nord) : « « J’ai voulu retrouver la vraie hiérarchie des valeurs. Dieu premier serviJ’ai pensé à m’en ouvrir à mon cher Mannessier, l’estimant capable plus qu’aucun autre peintre de faire pour Dieu une œuvre digne des grands siècles chrétiens, époques où rien n’était trop beau pour le Bon Dieu. »

 « Je tiens essentiellement à ce que cette chapelle soit intégrée dans la communauté paroissiale et en soit aimée », écrit Philippe Leclercq au cardinal Liénart en 1954, en acceptant le vœu des paroissiens qu’elle soit dédiée à sainte Thérèse de Lisieux.

Sainte Thérése de Lisieux (Document collection privée)

5 ans plus tard Philippe Leclercq est élevé par le pape Jean XXIII à la dignité de Camérier de Cape et d’ Epée et, en 1969 puis 1970, il devient Chevalier de la Légion d’Honneur puis Commandeur de l’Ordre de Malte. A son décès, en 1980, il est inhumé dans le choeur de la chapelle.

Philippe Leclercq, gentilhomme du pape et Marthe Lestienne (Document Thierry Prouvost)
Photos de la chapelle de la famille en 1958 (Documents collection privée)

La chapelle Sainte Thérèse se situe le long d’une petite route, dans un quartier mi-rural, mi-ouvrier : le quartier d’ Hempempont. On ne l’aborde pas directement depuis la route grâce à une muraille de verdure obtenue par quatre tilleuls, mais par un trottoir, perpendiculaire à la rue qui longe la rangée de petites maisons chaulées qui la flanquent, et en passant devant un campanile de briques muni de petites cloches sur lesquelles deux textes de Sainte Thérèse sont gravés : « L’amour attire l’amour » et « ce que je demande c’est l’amour ».

Le trottoir d’accès avec le campanile à l’époque et en 2020 (Documents collection privée)
les cloches et leurs inscriptions en gros plan (Documents Historihem)

Les quatre maisons très anciennes rangées le long du trottoir forment « La Cité Leclerc » et celle-ci se trouve donc dans l’enceinte de la chapelle : l’Enclos Sainte Thérèse. Autrefois couvertes de chaume, ces maisons vivaient alors au bruit du métier à tisser. Elles représentent le type même de la « maison à l’otil », une fenêtre et une porte pour la cuisine et 2 fenêtres pour la grande salle dans laquelle se trouve le métier. Une fois la pièce finie, le tisserand la mettait sur sa brouette pour la conduire à Roubaix. Ces maisons ont ensuite servi de logement aux ouvriers de la brasserie Leclerc, d’où le nom de l’ensemble.

Rien de solennel donc pour l’accès au lieu de culte puisqu’il s’agit d’une chapelle et non d’une église et que l’ensemble doit rester d’une grande simplicité. C’est pourquoi il n’y a pas de transition entre le trottoir et le parvis, revêtus du même pavement de briques depuis les seuils des anciennes maisons à « l’otil » jusqu’à l’entrée de la chapelle.

La dalle carrée dans le parvis (Documents Revue Art d’Eglise)

Seule fantaisie dans le pavement : une dalle carrée, sur laquelle doit se faire la bénédiction du feu à la vigile pascale. Cette dalle porte un texte représentant la prière qui accompagne, durant la nuit de Pâques, l’allumage et la bénédiction du feu nouveau. L’entrée quant à elle est surmontée d’un auvent portant une mosaïque de Mannessier, ayant pour thème l’Alléluia.

L’entrée de la chapelle surmontée de l’auvent (Document collection privée) et étude pour la mosaïque (Document Historihem)

En pénétrant dans la chapelle le regard se porte sur la Sainte-Face, œuvre de Rouault, sur le mur nu au dessus de l’autel, représentée sur un panneau tissé (et non une tapisserie) selon le procédé de l’artisan J. Plasse-Le Caisne, de vastes dimensions, de couleurs noire et ocres, qui a posé d’innombrables difficultés techniques pour sa réalisation.

La Sainte-Face sur panneau tissé (Document revue Art d’Eglise)

Les murs de vitraux conçus par Mannessier représentent une méditation sur la vie de Ste Thérèse de Lisieux : le côté sud qui a l’aspect d’une fresque de verre et de ciment est fait d’un vitrail aux tons éclatants, qui évoquent son enfance et sa jeunesse, puis les rouges, bleus et violets qui rappellent ses années de souffrance au Carmel et côté nord le mur plus bas est également fait d’un vitrail aux tons plus légers qui symbolise sa vie céleste.

Les deux murs composés de vitraux (Documents Historihem)

Contre l’un des murs se trouve l’autel du saint sacrement, table de pierre sur pieds de fer, œuvre du sculpteur Dodeigne tout comme l’autel principal en pierre de Soignies surmonté d’une croix en fer forgé. Figurent également dans la chapelle d’autres œuvres de l’artiste telles que les fonts baptismaux et la statue de Ste Thérèse.

Autel principal et autel du Saint Sacrement, croix de fer forgé , fonts baptismaux et statue de Ste Thérèse (Documents collection privée)

L’architecture intérieure de la chapelle ménage un espace harmonieux, grâce aux pentes du toit, couvert d’un bois simple, avec un sol pavé de dalles en pierre noire des Pyrénées espagnoles et des bancs de chêne dessinés par l’architecte Hermann Baur. Ce mariage de lumière et de matière crée une ambiance particulière propice à l’intériorité.

Vue générale de l’intérieur de la chapelle (Document revue d’Art d’Eglise et collection privée)

A suivre…

Remerciements à Historihem

La résidence des Aulnes

Suite et fin d’un précédent article intitulé : la Fondation César Parent

Puis de 1989 à 1992, une nouvelle grande rénovation de la maison de retraite est accomplie afin de donner naissance à la Résidence des Aulnes. Des lieux de vie plus spacieux sont pensés pour rendre le séjour plus agréable et les différentes parties du bâtiment doivent être rendues plus faciles d’accès et conformes au nouvelles normes en vigueur.

Pose de la 1ère pierre par Mme Massart (Document Historihem)

Ces travaux constituent une grande opération d’humanisation qui s’avère très coûteuse. Le Conseil Général et la Communauté Urbaine sont de gros contributeurs mais 60% des frais engagés doivent être financés par des emprunts garantis par les villes voisines en témoignage de solidarité. Il ne suffit pas seulement en effet de rénover le bâtiment existant mais aussi de lui adjoindre une construction moderne.

Les travaux en voie d’achèvement en 1991 (Documents Nord-Eclair)

Et pendant tout ce temps que dure la construction et la réhabilitation il faut maintenir les résidents dans le confort et la sécurité, tâche à laquelle s’est vaillamment attaquée Mme Barbeau, la directrice, avec son équipe, ainsi que le souligne Mme Massart, maire de Hem, dans son discours d’inauguration en 1992.

Inauguration en 1992 de la Résidence des Aulnes (Document Historihem)

Au cours de la cérémonie d’inauguration, Mr Echevin, maire de Lannoy a fait un rappel de l’histoire de la résidence et Mr Derosier, président du Conseil Général, a mis en avant la politique du département en faveur des personnes âgées, mettant l’accent sur la prise en charge du prix de journée au titre de l’aide sociale, ainsi que sur la création de places : 100 lits aux Aulnes dont 35 médicalisés, et l’aide au maintien à domicile.

Ainsi les travaux réalisés aux Aulnes permet d’offrir aux pensionnaires des chambres individuelles, décorées de couleurs tendres, un mobilier adapté et un équipement complet au sein de l’établissement. Les chambres du 2ème étages ont ainsi vu les mansardes disparaître afin d’obtenir des chambres plus spacieuses et lumineuses.

Chambres du 2ème étage après suppression des mansardes vues de l’extérieur (Documents Historihem)

2 ans plus tard, en 1994, la résidence fête ses 3 centenaires, et 7 médaillées, dévouées au service des personnes âgées depuis au moins 20 ans. Un Hommage tout particulier est rendu à Mme Leruste qui fête à la fois ses 20 ans en tant que veilleuse de nuit à la résidence ainsi que son départ en retraite. La cérémonie se déroule en présence des maires de Hem et Lannoy, de nombreux adjoints et membres du conseil d’administration.

2 des 3 centenaires et 7 médaillés (Document Historihem)

C’est en 2002 que la résidence est transformée juridiquement en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) par arrêté préfectoral et en janvier 2010 Claudine Graver en devient la directrice.

Au cours de la 2ème décennie du 21 ème siècle, la Résidence des Aulnes connaît un nouvel agrandissement et aménagement. Un chantier de reconstruction de l’établissement dans sa globalité, d’une durée de 30 mois démarre ainsi en 2016. La restructuration programmée permet une extension portant à 105 le nombre de chambres dont 80 places d’hébergement classique et 25 places en Unité de Vie Alzheimer.

L’Ehpad en 2008, 2016, 2017 et 2020 (Documents Google Maps)

A l’issue des travaux, toutes les chambres sont individuelles et disposent d’une salle de bains ; la résidence dispose d’un grand hall d’entrée avec son estaminet ; la restauration en salle ou en chambre est prise en charge par une équipe dynamique ; une salle de bains bien-être est mise à disposition des résidents.

Chambre, hall d’entrée, équipe de restauration, salle de bains bien-être (Documents site internet)

Un siècle et demi après sa création, l’hospice est donc devenu un EHPAD du futur selon la Voix du Nord, l’idée de l’architecte étant de garder le vieux bâtiment pour conserver l’âme de l’ancien mais en faire un lieu adapté. Quant aux extensions arrières du bâtiment, elles sont détruites pour laisser la place à une construction neuve collée à l’ancien édifice de la rue Jules Guesde.

La volonté est de créer un « comme chez soi »où les résidents ont la liberté d’aller et venir tout en trouvant à l’intérieur de la résidence des services de proximité : estaminet, jardin, cabinet de kinésithérapie et salle d’ergothérapie.

Remerciements à l’association Historihem

La fondation César Parent

C’est durant la 2ème partie du 19ème siècle que César Parent fait construire un établissement de bienfaisance, au 417 et 417 bis rue Jules Guesde, sur le territoire de la commune de Hem, à la limite de Lannoy, faute de place suffisante pour un tel édifice dans sa commune de Lannoy.

César Parent est le fondateur de l’ensemble textile Parent Monfort, puis Albert Parent, puis Parent Bétremieux, ensemble textile comprenant des tissages et filatures à Hem, Lannoy, Lys-lez-Lannoy et Bailleul, avec création des Ets Parent Monfort en 1821. A l’origine, l’entreprise ne possède que des métiers à main. La construction des établissement de Lannoy a lieu vers 1865.

Carte publicitaire des Ets Albert Parent (Fils de César) (Document collection privée)

César Parent, par ailleurs maire de la ville de Lannoy, a un fils qui est délaissé par sa fiancée à quelques jours du mariage. Il a également une fille qui fait partie de l’ordre des religieuses de l’enfant Jésus. Désireux de venir en aide à cet ordre César décide donc d’utiliser la dot de la future mariée disparue pour financer un édifice qui fera office d’hospice.

Mr César Parent et les religieuses de l’ordre de l’Enfant Jésus (Document Historihem)

La fondation César Parent, inaugurée en 1879, a donc pour objet d’accueillir les anciens : 10 personnes dans un 1er temps ; elle est gérée par des religieuse de l’ordre de l’Enfant Jésus. C’est un édifice à un étage composé de deux parties, de 16 et de 6 travées, séparées par une chapelle, perpendiculaire à son axe. Celle-ci est surmontée d’un campanile et porte une statue de saint Joseph sur le pignon. Les murs sont en brique et pierre de taille. Couvert de tuiles flamandes, l’édifice est agrandi en 1890 et 1903.

L’hospice (Document collection privée)

A l’époque, il n’y a pas de retraite et l’aide publique est très réduite. Il faut donc tenir serrés les cordons de la bourse et chaque résident apporte sa modeste contribution : les hommes assurent les petits travaux et les femmes rendent service à la buanderie et au raccommodage. Mais l’essentiel du fonctionnement de l’hospice et sa gestion repose sur les religieuses.

Parmi les sœurs dévouées qui se sont consacrées au fonctionnement de l’hospice on peut en citer une : née en 1887, entrée en religion chez les sœurs de l’enfant Jésus sous le nom de Soeur Irénée-Joseph, et au service des pensionnaires de l’Hospice dès 1916 en tant qu’infirmière cuisinière, Marie-Angèle Deman se voit décerner en 1958 le titre de chevalier de la Santé Publique, puis la médaille d’honneur de vermeil départementale et communale, en 1963, pour ses 35 années de service et de dévouement en faveur des pensionnaires de l’établissement, au cours d’une manifestation présidée par Arthur Dupire, maire de Lannoy.

Soeur Irénée-Joseph (Document Historihem)

L’époque des 2 guerres est particulièrement difficile. Cependant jamais l’hospice ne ferme ses portes. Après-guerre, le matériel est à la limite de l’usure mais les demandes d’hébergement sont de plus en plus nombreuses, l’ « Hospice de Lannoy » étant alors le seul établissement du genre. Pour gagner de l’espace on s’attaque alors aux greniers , transformés avec les moyens du bord, pour aménager des chambres sous les combles. Mais les conditions restent sommaires et indignes de nos aînés du propre aveu du maire de la ville.

Ce n’est que quelques années plus tard, en 1967, soit près de 100 ans après son inauguration, au moment où l’hospice accueille 110 personnes (alors que 4 ans plus tôt elles n’étaient que 68) qu’ont lieu les 1ers travaux de rénovation d’envergure dans le bâtiment.

Dans les années 60, la laverie située à l’entresol est impressionnante et bien équipée et la bibliothèque est garnie de 2.000 volumes grâce à la mairie de Lannoy et à l’Union des Commerçants.

Vues de la porte d’accès des fournisseurs rue de la Lèverie et vue du jardin en façade (Documents Historihem)
La laverie et la bibliothèque (Documents Historihem)

Mais il faut néanmoins agrandir afin d’accueillir plus encore de pensionnaires et des chambres sont ainsi aménagées au second étage dans la partie mansardée du bâtiment ainsi que des salles de bain et cabinets de toilettes, au prix de travaux très importants comme on peut le constater sur les photos avant/après de l’époque.

Photos avant/après du 2ème étage (Documents Historihem)
Photos des salles de restauration et salons (Documents Historihem)
Allocution des maires de Lys, Mr Desmulliez, et de Lannoy, Mr Echevin, et photo des officiels sur le perron de l’établissement (Documents Historihem)

A cette époque cela fait plus de 10 ans que les sœurs, autrefois en charge de la totalité des tâches à accomplir laissent peu à peu la place au personnel civil aussi bien en cuisine que pour les soins. Ainsi, le 1er agent civil, Mme Inghels, est recruté en 1955 car les religieuses, touchées par l’âge, ne peuvent plus assumer seules tous les services et les résidents sont plus nombreux et en moins bonne santé car plus âgés.

Photos du personnel en 1966 (Documents Historihem)

Puis 2 ans plus tard c’est au tour de la cuisine et d’autres chambres d’être rénovées, d’anciens dortoirs laissant place à des chambres accueillant moins de pensionnaires. Il faut en effet aménager des chambres individuelles regroupées par unités de 25 personnes. Un nouvel office est également installé pour le personnel et les sanitaires sont rénovés et modernisés.

Réfection des cuisines en 1969 (Documents Historihem)
Nouvel office et réfection des chambres en 1969 (Documents Historihem)

Puis après tous ces travaux de rénovation intérieure, une mise aux normes de sécurité s’impose et en 1971 4 escaliers de secours sont installés sur la façade arrière du bâtiment abritant l’ancien hospice devenu maison de retraite 10 ans plus tôt par arrêté ministériel, afin d’assurer l’évacuation des pensionnaires en cas d’incendie. Ces escaliers desservent les 1er et 2ème étages à chaque aile du bâtiment.

Les 4 escaliers de secours sur la façade arrière (Document Nord-Eclair)

En 1975, c’est l’heure de la retraite pour Mme Inghels, 1er agent civil, en service depuis 20 ans. Le personnel au complet assiste à la cérémonie organisée en son honneur quelques mois après son départ en présence de Mr Guelle, directeur de la maison de retraite, du Docteur Yersin, médecin de l’établissement et de Mr Echevin, maire de Lannoy et président du conseil d’administration de la maison de retraite.

Départ en retraite de Mme Inghels (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Communion solennelle à Saint Maclou

L’église St Maclou à Wattrelos Collection particulière

Toute petite, j’allais déjà à la messe avec ma voisine et sa fille qui était de mon âge. J’étais bien habillée, je n’oubliais pas de prendre mon missel, je mettais des gants. Nous y allions à pied, l’église Saint Maclou était à deux pas. Nous assistions à la messe de 9 heures ou à celle de 11 heures, il y avait toujours du monde. On n’oubliait pas de prendre le petit sou pour la quête et la carte pour signaler notre présence et faire constater notre assiduité.

Puis j’ai eu l’âge de faire ma communion solennelle. Ça se faisait à l’époque, beaucoup d’enfants de 12 ans, garçons et filles, d’abord passés par le catéchisme, se préparaient pour cette cérémonie importante. Moi, j’allais chez une dame de la rue Henri Carette pour faire le catéchisme, et aussi au patronage derrière le cinéma Pax, où j’ai fait une retraite. Le mercredi des cendres, juste avant, le prêtre fit une croix sur notre front avec des cendres et nous avons du nous confesser.

Les communiantes Collection Particulière

Le grand jour arriva enfin. C’est par un beau dimanche de juin que je fis ma communion solennelle à l’église Saint Maclou, comme une trentaine de jeunes filles. C’était une cérémonie spéciale, car nous étions des élèves du lycée et nous sommes passés après tous les autres. On m’avait acheté une belle aube blanche chez Beuscart rue Roger Salengro, j’avais un gros cierge en main, et nous sommes entrées à la suite l’une de l’autre.

Sur la droite, le grand café l’Innovation Collection particulière

Après la cérémonie, mes parents avaient réservé pour l’occasion une salle à l’Innovation Grand Place pour un repas familial avec des amis. Nous étions près d’une trentaine dans une salle du bas de ce grand établissement. Le menu était copieux : d’abord un potage velouté accompagné d’une mousse de Turbot en gelée, puis de la langue aux champignons, ensuite du gigot pré-salé avec des flageolets à la crème, de la salade mimosa, un beau plateau de fromages, une glace baptisée Agneau Pascal, une corbeille de fruits, café liqueurs vins et champagne. Ce fut une belle fête où chacun y alla de sa petite chanson. On connaissait déjà le répertoire car ceux qui chantaient interprétaient toujours leur chanson : les Papillons de Nuits, Du gris, c’est un mauvais garçon, Primevère…

Le banquet Collection Particulière

C’était au mois de juin 1963, et sans m’en rendre vraiment compte, je suis sortie de l’enfance.

Remerciements à RM pour ses souvenirs

L’église St Michel à Roubaix

Dans les années 20, l’abbé Chavatte, vicaire à l’église Notre Dame et directeur du cercle St Michel, est désigné par Monseigneur Delamaire, archevêque de Cambrai (l’archevêché de Lille n’est créé qu’en 1933), pour fonder une nouvelle paroisse dans le quartier du Pont rouge-Fraternité-Chemin neuf. Il déploie tous ses efforts de persuasion pour mener à bien l’édification d’une église dans cette zone populeuse. Il lance une souscription pour le financement du projet et réussit, à force d’obstination, à obtenir la concession d’un vaste terrain au coin de l’avenue Linné et de la rue Jouffroy, terrain qui se poursuit jusqu’à l’avenue Cordonnier. Cette église sera consacrée à Saint Michel.
Malheureusement, l’état de santé de l’abbé l’oblige à demander à l’archevêché d’être déchargé de ce projet en bonne voie de réalisation. C’est l’abbé Bethléem, également vicaire à Notre Dame, qui est amené à reprendre le projet et le mener à son terme.

Les Abbés Chavatte et Bethléem – photos Journal de Roubaix 1911

En avril 1911 est mise en chantier une église provisoire dont l’abbé Bethléem doit être le futur curé.
L’abbé Chavatte, lui, décède début août, après 25 ans de sacerdoce à Roubaix, au moment même où son projet aboutit. En effet, l’église est inaugurée fin juillet de cette même année.
Un cortège, partant du boulevard de Mulhouse parcourt les rues pavoisées du quartier pour aboutir à la nouvelle église. La cérémonie, à laquelle participera la fanfare catholique « La Liberté » sera présidée par le curé de Sainte Elisabeth, l’abbé Coqueriaux. Le bâtiment est de forme simple et construit parallèlement à l’avenue Linné.

L’église provisoire

Mais, après la guerre, le besoin se fait sentir d’une église définitive plus vaste et plus belle, et, à l’initiative de l’abbé Boulanger, le curé de la paroisse, une souscription est ouverte pour cette réalisation. C’est ainsi qu’en 1924 Monseigneur Quillet, évêque de Lille bénit la pose de la première pierre. Les travaux d’édification commencent aussitôt.

Document Journal de Roubaix

L’église, œuvre de l’architecte Alfred Nazousky, est construite selon un procédé nouveau utilisant des pierres reconstituées en béton, qu’on maçonne comme des pierres ordinaires. La photo suivante nous montre la construction du chevet de l’église, la vue étant prise en direction de l’avenue Cordonnier dont on reconnaît la maison à double pignon du numéro 21.

Photo B. Thiebaut

L’église est consacrée fin 1927 ; elle reçoit la bénédiction solennelle de Monseigneur Jansoone, évêque auxiliaire de Lille. Un cortège de membres des œuvres paroissiales va chercher Monseigneur Jansoone au presbytère rue Jouffroy pour le conduire à l’église. Le chanoine Goguillon, doyen de St Elisabeth prononce ensuite l’allocution traditionnelle devant les paroissiens et un grand nombre de représentants du clergé. La chorale Saint Michel entonne un salut solennel.
Le journal de Roubaix ne manque pas de saluer la beauté du sanctuaire, « l’un des plus beaux de notre ville ».

Photo Journal de Roubaix

Peu après, à partir de 1932, les vitraux de J.J. Vosch, maître verrier de Montreuil, sont posés. Ils font depuis la renommée de l’église.

Mais l’idée était à l’origine de lier la création de la paroisse à l’ouverture d’un lieu consacré à l’enseignement. Dès 1913, s’ouvre au 7 de l’avenue Linné l’école paroissiale Fénelon. En 1928, l’abbé Boulanger, curé de la paroisse, confie l’école à la congrégation des filles de Marie Auxiliatrice qui rebaptisent l’école du nom de leur congrégation. L’école intègre dans ses locaux l’ancienne église provisoire dont elle récupère le premier étage en 1949. Elle possède 7 classes en 1947 et ne cesse de s’étendre, intégrant un cours complémentaire.

Une classe de l’école – photo site les copains d’avant

En 1933, le curé demande aux frères maristes, congrégation vouée à l’enseignement, de créer pour les garçons l’école Saint Michel, qui ouvre avec trois classes, sur un terrain situé toujours de long de l’avenue Linné sur l’ancien domaine Cordonnier, de l’autre côté de la rue Jouffroy jusqu’à la rue Louis Braille. L’école s’étend en 1950 avec la création d’un cours complémentaire.
Dans les années 70, au moment de l’introduction de la mixité à l’école, tous les enfants du cours complémentaire sont réunis à Saint Michel qui devient un collège, alors que les enfants de primaire et de maternelle se regroupent à Marie Auxiliatrice.

Le collège – photo site Saintmichel-roubaix.fr

Pourtant, au fil du temps, la fréquentation de l’église diminue et les participants aux cérémonies se font de plus en plus rares. L’église ayant été construite après 1905, les pouvoirs publics ne participent pas à son financement et le diocèse peine à trouver des ressources nécessaire à la chauffer et à l’entretenir. Si bien qu’on ne sait quoi faire de l’édifice. Finalement, la décision de fermeture est prise en 2014. Quelques particuliers fondent une association baptisée « les amis de l’église saint Michel » dont le but est la préservation de l’église et de ses vitraux.
En mai 2021 le diocèse prend la décision de louer l’édifice pour abriter le culte orthodoxe. C’est ainsi que naît l’église orthodoxe St Jean Baptiste, dépendant du patriarcat de Roumanie.

Photo Jpm 2011

Les illustrations non légendées proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

L’école de la rue du Moulin

La façade vers 1910 ( document archives municipales )

Les anciens bâtiments de l’hôpital de Roubaix situés au 32 34 rue du Moulin ( rue Jean Moulin aujourd’hui ) à Roubaix depuis le XV° siècle, sont démolis en 1866.

Cette date est incertaine, car sur le plan de 1847 ci-dessous, on distingue des lits d’hôpital dans le bâtiment dont les plans sont très voisins de la structure actuelle de l’immeuble. Il est donc permis d’avoir un doute sur le fait que la façade pourrait être antérieure à l’école et avoir été construite en 1847.

Plan de 1847 ( document JP. Devulder )

A la place, sur ce terrain qui appartient toujours aux Hospices Civils de Roubaix, est alors construite une maison d’habitation pour les frères de la Doctrine Chrétienne.

C’est un immeuble imposant d’une façade de 25m de large et d’une profondeur de 10m. Les murs ont une épaisseur de 50 centimètres ! Les frères des écoles chrétiennes arrivent rue du Moulin en 1867 ; ils y créent la communauté du Vénérable de La Salle. Seize chambres sont à l’étage pour les vingt-deux frères qui logent dans le bâtiment visible de la rue. Ils instruisent dans les six classes situées sur 2 niveaux, 3 au rez de chaussée et 3 à l’étage, dans un bâtiment situé de l’autre côté de la cour intérieure et relié à l’immeuble principal par une coursive à droite, qui abrite la buanderie, la cuisine et l’arrière cuisine pour le stockage des denrées.

L’école vue de la cour intérieure ( document archives municipales )

En 1882, suite à la loi Jule Ferry, l’école des frères de la rue du Moulin devient une école communale de garçons ( puis par la suite, une école de filles ). La croix qui surplombe le fronton est alors décrochée.

Sur le toit, on distingue encore la croix ( document JP Devulder )

L’école, devenue communale, en 1883, compte 547 élèves pour 6 classes ! On ne peut pas en conclure qu’il y avait 91 élèves par classe car il y avait un roulement avec notamment les classes du midi pour les enfants-ouvriers, qui apprenaient à lire et écrire pendant leur pause-déjeuner. Ces classes sont séparées de l’immeuble de la rue du Moulin et deviennent l’école de la rue Chanzy, ( aujourd’hui école Edmond-Rostand ).

Au dessus de la porte d’entrée : école communale ( document JP Devulder )

Les frères quittent Roubaix, après une longue période de résistance rendue possible grâce au soutien conjoint de la population ouvrière et des instances patronales, pour ériger à Estaimpuis, les fondements de ce qui deviendra par la suite le collège Jean Baptiste de la Salle. Leurs logements rue du Moulin deviennent alors des logements urbains traditionnels pendant près d’un siècle.

Ensuite, il faut attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour que le bâtiment se transforme. En 1948, Roger Vanovermeir s’installe dans le bâtiment au N° 34 pour y vendre ses meubles.

documents collection privée

La façade du rez de chaussée de la rue Jean Moulin est alors complètement transformée et surtout dévastée ! Elle est percée pour laisser apparaître les larges vitrines du commerce de meubles. Les lettres « école communale » de 1882 disparaissent momentanément ( elles seront retrouvées au moment de la restauration en 2016 ). Roger Vanovermeir et sa famille occupent personnellement quelques pièces, situées à l’arrière du magasin . Roger Vanovermeir reste dans les locaux pour la vente de ses meubles, de 1947 à la fin des années 1970.

Au début des années 1960, au fond de la cour intérieure, un mur est construit à une distance de deux mètres, le long de l’école ( le bâtiment a été retravaillé avec l’ajout de couloirs couverts pour créer des circulations entre les classes ). Les 6 salles de classe continuent d’accueillir des élèves qui entrent dès lors à l’école Edmond Rostand par la rue Chanzy située juste derrière.

Le mur construit devant les 6 classes de l’école ( photo BT )

Pendant quelques années ( fin des années 70, début des années 80 ), l’immeuble connait une déshérence, provoquée par plusieurs facteurs : fermeture puis incendie de l’usine Motte Porisse, située juste en face, puis un véritable « tsunami » en matière d’urbanisme avec carrément la disparition d’une partie de la rue Jean Moulin pour la création de l’avenue André Diligent et de la ZAC Motte Porisse. L’immeuble se retrouve alors, pendant une décennie, assez isolé dans un environnement extrêmement difficile de friches ou de ruines. La défaillance financière des occupants de l’époque accentue cette déchéance ( défaut d’entretien manifeste, mauvais locataires…le terme de squat a été prononcé )

Au début des années 1980, le bijoutier Marc Vieille et son épouse Yvette, dont le commerce est situé juste à côté au 28 30 rue Jean Moulin, rachètent le bâtiment à la barre du tribunal. L’immeuble très bien construit reste solide mais est assez délabré. Marc entreprend de le rénover pour qu’il soit aux nouvelles normes et de le transformer en résidence étudiante. Le 1° étage est alors composé de 15 logements ( 7 studios avec commodités à l’intérieur et 8 chambres. Un très grand appartement compose le 2° étage.

C’est à cette époque que le locataire Roger Vanovermeir quitte les lieux. Ensuite, le commerce est occupé à plusieurs reprises par des commerçants locataires qui ne restent guère longtemps, jusqu’à ce que Robert Bedaghe signe un bail de location pour installer son atelier d’encadrements à l’enseigne « Arts Décors ». La partie arrière ( les pièces qu’occupait personnellement Roger Vanovermeir ) se transforme en réserve. L’ancienne cour de récréation devient un parking pour une dizaine de véhicules

document archives municipales

Robert Bedaghe souhaite prendre sa retraite en 2006, d’autant qu’il apprend que son bail ne sera pas renouvelé. Les propriétaires, Mr et Mme Vieille souhaitent, quant à eux, se séparer de cet immeuble.

Marie-Anne Devulder, gérante de la société d’encadrement « Pictual », possédant 4 magasins dans le Nord, se positionne pour reprendre le matériel et les stocks de la société Arts Décors, mais ni le fonds de commerce, ni l’entreprise.

En juin 2006, Marc Vieille propose alors à Jean Pierre et Marie-Anne Devulder de leur céder l’immeuble. Dans un premier temps, ils déclinent l’offre, puis se ravisent et finalement font l’acquisition de l’immeuble en février 2007.

L’atelier de fabrication Pictual de Bondues trop petit, est donc transféré à Roubaix dans les locaux de l’ex société Arts Décors

Témoignage de Jean-Pierre : Ce qui nous intéressait, c’était d’abord l’atelier d’encadrement qui se trouvait au rez-de-chaussée. Nous avions trois magasins de cadres et un atelier-magasin au centre de Bondues. Ici, c’était beaucoup plus grand. Nous avons acheté, d’abord comme un simple investissement locatif. Et puis nous sommes tombés amoureux, devant la richesse inouïe de l’histoire des lieux

à suivre . . .

Remerciements à Jean-Pierre et Marie-Anne Devulder, ainsi qu’aux archives municipales.