Rue Briet

La rue Briet à Hem existait déjà sur un plan cadastral de 1890 mais sans nom et n’apparaît sous ce nom que sur un plan de 1947. Elle tient son appellation d’une briqueterie à feu continu, qui y était installée tout au bout, bien qu’ayant son adresse postale rue du Bas Voisinage (actuelle rue Louis Loucheur) au début du 20ème siècle. Il s’agit de l’entreprise d’Oscar Briet, lequel a obtenu l’autorisation préfectorale nécessaire à son installation en 1900.

Le travail en briqueterie est très pénible : les ouvriers doivent enlever l’argile au louchet et la charger dans des brouettes en bois qu’ils font avancer sur des plaques de roulage en métal installées préalablement. L’argile est ensuite mélangée avec de l’eau puis les briques sont moulées à la main avant d’être séchées et passées au four.

A la fin des années 1940 la briqueterie fonctionne toujours et le Ravet-Anceau de 1948 fait état de la briqueterie A. Briet dans la rue du Bas Voisinage à Hem. La vue aérienne de l’époque la montre isolée au milieu des champs. En revanche dans les années 1950 la briqueterie disparaît et la rue Briet prend l’aspect qui est toujours le sien aujourd’hui.

Vue aérienne de la briqueterie aux Trois-Baudets en 1947, vue générale et gros plan (Document IGN) et le personnel de celle-ci en 1919 (Documents Historihem)

Ce n’est pourtant qu’en 1957 que les travaux de mise en état de viabilité sont éxécutés dans la rue Briet. Jean Leplat, le maire, fait convoquer les représentants du CIL et des ponts et chaussée afin d’aller sur place avec l’adjoint aux travaux pour faire un état des lieux d’une rue qui ressemble alors à un véritable bourbier et faire entreprendre les travaux nécessaires dans les plus brefs délais.

La rue en septembre 1957 avant travaux (Document Nord-Eclair)

Le premier commerce répertorié dans cette rue par un annuaire professionnel est celui de S.Schattens. Il tient une cordonnerie au n°40 au début des années 1960 et ce pendant une dizaine d’années. Il n’existe plus de n°40 dans la rue Briet dans les années 2000.

Puis Anne-Marie Cauty s’y installe, en tant que pharmacienne, au milieu des années 1960, au n°54, selon le Ravet-Anceau de l’époque. On la retrouve à cette adresse dans l’annuaire jusqu’en 1986 mais de nos jours le n°54 n’existe plus dans cette rue. Puis elle transfère sa pharmacie au n°1 de la rue où elle continue à exercer jusqu’à ce qu’elle cède son officine. A l’heure actuelle le bâtiment agrandi est toujours une pharmacie mais gérée par Véronique Vercamer depuis les années 2000.

Photo Pharmacie Cauty au n°1 de la rue (Document collection privée)

Publicités Cauty (Documents Historihem)

Photo pharmacie Vercamer en 2020 (Document Google Maps)
Publicité Vercamer en 2020 (Document site internet)

Puis Jean et Marie-Paule André installent leur commerce de droguerie au n°25 de la rue Briet. Auparavant cette maison était le domicile de E. Delaby, confiserie, depuis sa construction dans les années 1960. La rue Briet est en effet essentiellement une rue résidentielle.

Le couple vend pêle-mêle des bouteilles de gaz (dans l’avancée), des papiers peints, de la peinture et des pinceaux, des toiles cirées, du balatum, un peu de quincaillerie… C’est Marie-Paule qui tient le magasin pendant que Jean, artisan peintre et vitrier se déplace chez ses clients.

Les publicités de la fin des années 1960 et du début des années 1970 (Documents Nord-Eclair)

Jean André propose des devis gratuits en peintures, papier peint, vitrerie et revêtements de sol. Non seulement il vend un grand choix de papiers peints, couvre sols qu’il peut installer mais il propose également des peintures Thelex et Insulatex (peintures pour bois innovantes) aussi bien en magasin qu’en livraison à domicile.

Etant à la fois artisan et commerçant le couple adapte donc ses publicités et c’est ainsi que dans le Mémento Public de Hem de 1970 ( CIT : Commerce Industrie Tourisme), figurent 2 publicités sur la même page : l’une pour l’artisan peintre vitrier, Jean André, l’autre pour le commerce, la droguerie André.

Publicités pour l’artisan et le commerçant (Document Mémento public commerce industrie tourisme de Hem)

En 1973, Jean André installe pour les fêtes son nouveau rayon cadeaux : céramiques, vases, bibelots mais aussi parfums. En 1975, la maison André fait sa publicité pour la location de matériel à tapisser mais aussi pour la 1ère fois son nouveau rayon de bijouterie fantaisie. En fin d’année s’ajoute à tout cela un rayon spécial articles de Noël.

Nouveaux rayons en 1973 et 1975 (Documents Nord-Eclair)

A la fin des années 1970, une nouvelle activité de clé minute fait son apparition en plus de toutes les autres déjà citées. Parallèlement le commerce procède à la location de décolleuses de papiers peints et de shampouineuses pour tapis. La vannerie et les nappes font également partie des nouveaux produits en vente.

Publicités clés minute fin des années 1970 et début des années 1980 ( Documents Nord-Eclair et Office Municipal d’Information)

A l’heure actuelle le pignon de la maison n°25 rue Briet porte encore la trace de la publicité « maison » géante affichée à l’époque sur le mur afin de porter à la connaissance des passants l’existence de ce commerce dans une habitation. Pourtant l’immeuble est actuellement le siège de 4 entreprises : 2 sociétés civiles immobilières, une entreprise de production musicale et un traiteur.

Photos du 25 rue Briet en 2008 plan rapproché et 2020 plan large (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem.

Centre Commercial Schweitzer (Suite)

C’est à cette époque que le débit de tabac de Fethi Kaouadji ouvre ses portes. Il restera ouvert pendant 20 ans et fermera ses portes en 2014. Sur une photo de 2015, le panneau du centre commercial fait état du tabac presse loto PMU Le Corail qui deviendra ensuite un point colis. Sur ce même panneau on peut constater qu’une épicerie Prosma existe également à côté de la supérette des 3 villes.

Panneau du centre en 2015 (Document Google Maps)
Emplacement de l’épicerie en 2022 (Document Google Maps)

En avril 1995, le centre, encore en travaux, accueille la signature d’une convention entre l’atelier de confection Indiga, représenté par Mustapha Saifi, l’organisme Vecteur Formation, représenté par Pierre Davroux et la ville d’Hem, représentée par Mme Massart, maire de la ville.

La ville met les locaux à disposition de l’entreprise, qui de son côté s’engage à mettre ses capacités professionnelles, techniques, commerciales et pédagogiques au service de l’insertion sociale et économique à Hem. Le public sera composé d’habitants hémois en difficulté et la mairie exercera un contrôle annuel sur les embauches. Quant à Vecteur Formation, sa mission consistera bien sûr à former les candidats en vue d’un retour pérenne à l’emploi.

L’installation d’Indiga au centre Schweitzer en 1995 (Document Nord-Eclair)

Un an plus tard, la SARL à l’enseigne M’Tex, gérée par Mustapha Saifi est immatriculée au RCS et restera en activité pendant 10 ans dans le centre commercial. Titulaire d’un CAP de mécanicien tourneur, rien ne le prédisposait pourtant à ouvrir une entreprise textile de 800 mètres carrés à Hem. Il sera en outre lauréat en 2002 du prix création de la fondation Nord Entreprendre.

Photo de Mustapha Saifi (Document Talent des Cités)

En 2000, des travaux d’extension du centre commercial sont réalisés par la ville et à cette occasion M’Tex ouvre un bureau de stylistes et de modélistes et prévoit 6 embauches, le but étant de créer à terme sa propre marque. Sont également prévues les embauches d’une secrétaire et d’un commercial et il faut donc des locaux plus grands pour accueillir tout le monde.

L’extension des locaux de l’atelier de confection en 2000 (Documents Nord-Eclair)

Toutefois en 2007 la société est fermée et radiée du registre du commerce et des sociétés. Mustapha Saifi avait également créé en 2000 un commerce de gros de textile, la SARL Arteny, qui fermera ses portes en 2009. La même année verra également la fermeture de sa deuxième société de commerce de gros : C2M international.

En 2007, le registre du commerce et des sociétés enregistrera également la radiation du deuxième atelier de confection du centre commercial : « De toutes Façons » qui avait vu le jour en 2000 et était géré par Bruno Vantichelen.

Pendant toute cette période, en 1999, la supérette des 3 villes, fermée depuis plusieurs mois, est reprise par Boualem Kechout. Il devient propriétaire du fonds de commerce de l’établissement dont les murs appartiennent à la ville et embauche 4 personnes dont une à temps plein. Il achète une chambre froide et une rôtissoire et souhaite créer un point chaud et une boulangerie mais manque de place pour s’étendre. En 2023, la supérette est toujours en activité.

Boualem Kechout dans sa supérette début 2000 (Document Nord-Eclair)
Photo de la supérette en 2022 (Document Google Maps)

En 2001, c’est la boucherie Kamel Longchamp qui ouvre ses portes. Elle est reprise en 2009 par Agrovia Hem, du Kamel Groupe, dont le gérant est Ramzy Kamoun d’après le site Société.com. Aujourd’hui la boucherie qui porte encore l’enseigne commerciale Kamel est toujours en activité.

Photo de la boucherie Kamel en 2022 (Document Google Maps)

La boulangerie du centre commercial a, quant à elle, connu plusieurs gérants depuis le groupe Holder, à savoir : le Comptoir du Pain de 1997 à 2007, puis Djamila Meftah et Nadget Mameche de 2007 à 2009 et enfin City, gérée par Fouad Baitar, boulanger installé à Roubaix dans un premier temps et qui gère 4 établissements.

Photo de la boulangerie en 2022 (Document Google Maps)

En 2009, la ville de Hem souhaite à nouveau procéder à la sécurisation, à l’aménagement du parvis et à la rénovation des façades du centre commercial, composé de 3 ensembles, pour un montant total de 300.000 euros.

Un restaurant ouvre alors ses portes pendant une petite année géré par Brahim Ben Bahlouli. Ce n’est qu’en 2014 que Nassim Baitar ouvrira son commerce de restauration rapide. En 2019, Kada Bouziane Belhadj le remplace pour 2 ans et en 2021, c’est l’I-Gill BBQ de Samir Bechia qui prend leur place.

Photos du snack en 2022 (Document Instagram I-Grill)

En 2010, c’est la pharmacie Schweitzer qui voit le jour, gérée par Driss Rajraji, officine toujours en activité aujourd’hui. Puis en 2015, un commerce de détail d’équipements automobile s’installe sur le centre à l’enseigne Best Pieces Auto. C’est Said et Hamid Kechout qui ouvrent cet établissement toujours en activité à ce jour.

Photo de la pharmacie en 2022 (Document Google Maps)
Photo de Best Pièces Auto en 2022 (Document Google Maps)

De nos jours le cabinet médical fonctionne toujours avec 2 médecins : Claudine Andriaminhamina et Anny Vermersch. Des infirmières complètent l’offre de santé en la personne de Sylvie Cottreel.

Photo du cabinet médical en 2022 (Document Google Maps)

Plus de 50 ans après sa création le centre commercial Schweitzer, après plusieurs rénovations, est donc toujours en activité même si les cellules qui le composent se sont recentrés sur les besoins essentiels type alimentaire et santé. Il est essentiel en effet que les habitants du quartier conservent leurs commerces de proximité.

Photos générales du centre en 2008 et 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Centre Commercial Schweitzer

Dans les années 1960, la société HLM « le Toit Familial », sous l’égide du CIL de Roubaix-Tourcoing, construit sur les territoires d’Hem et Lys-lez-Lannoy le groupe Longchamp, deux tours de logement dans le prolongement du grand ensemble des Hauts-Champs, le tout constituant une « ville » qui devrait regrouper 15.000 habitants.

Le CIL a donc chargé la SEFITEC (Société d’études financières techniques et commerciales) de l’étude et de la réalisation de l’équipement commercial de ce groupe, chargé de subvenir aux besoins courants de cette importante population, le seul commerce à proximité se situant avenue Motte à savoir Auchan.

Le centre en chantier en 1967 et un croquis le représentant achevé (Documents Nord-Eclair)

Une première tranche de 10 commerces est donc réalisée comprenant : un supermarché de 600 mètres carrés de surface de vente, un cours des halles (fruits et légumes), une boulangerie-pâtisserie, une succursale de la Caisse d’Epargne de Roubaix, une pharmacie, une teinturerie-blanchisserie, un magasin de bonneterie-lingerie-laine, des magasins d’optique et de chaussures, une librairie-papeterie et journaux tabac, le tout sur une surface de 2000 mètres carrés.

En 1968, six des 10 commerces prévus sont ouverts à la clientèle. Michel Delhaize, PDG des Docks du Nord les ECO, inaugure ici un nouveau supermarché alimentaire GRO. Il souligne qu’à la discrétion qu’on apprécie dans les libres services les vendeuses y associent la serviabilité et mettent leurs compétences au service de la clientèle.

L’inauguration du supermarché Gro (Document Nord-Eclair)

Dès cette première année d’ouverture la supérette, comme tous les magasins Gro et Docks du Nord, participe au jeu de Radio-Luxembourg : « Avez-vous du vin Famor ? » phrase magique permettant à la clientèle, si elle l’adresse au gérant en présence d’un des envoyés de Radio-Luxembourg, de gagner de nombreux lots.

Le jeu : Avez-vous du vin Famor ? En 1968 dans les magasins Gro et Docks du Nord (Document Nord-Eclair)

Le centre Schweitzer va s’agrandir (Document Nord-Eclair)

Dès l’origine une deuxième tranche de commerces est prévue dont la construction doit commencer dès l’année 1969. Celle-ci comprendra une dizaine de commerces spécialisés sur une surface de 800 mètres carrés : café-brasserie, salon de coiffure hommes et dames, studio photo, fleuriste, crémerie-volailles, poissonnerie… sans exclure d’autres activités commerciales ou libérales.

CPA et photo du centre commercial dans les années 1970 (Documents collection privée et Google)

Dès le début des années 1970, comme prévu dans le projet, la santé est une préoccupation qui amène l’installation d’un médecin en la personne de JC Chellé puis d’une infirmière à savoir Mme Delnatte.

Et en 1971, côté mode, le commerce de chaussures est le magasin bien connu des roubaisiens puisqu’il est déjà installé à Roubaix, rue de l’Epeule et rue de Mouvaux, à savoir les chaussures Monick, distributeur notamment de la marque Arbell. La bonneterie quant à elle porte les noms de Derasse et Delaby et le magasin distributeur de laines à tricoter est dépositaire de la marque Pingouin-Stemm et y demeure jusqu’en 1983. A la fin des années 1970, un magasin de prêt à porter pour femmes s’installe également à l’enseigne Quadrille, magasin toujours présent dans le centre commercial dans les années 1980.

Pub chaussures Monick de 1974 reprenant les 3 magasins (Document Nord-Eclair) autre pub (Document Historihem) et extrait d’une carte postale des années 1970-80 situant le commerce dans le centre à l’extrêmité à droite (Document collection privée)
Pubs Quadrille des années 1970-1980 (Documents Nord-Eclair)

Durant cette même vingtaine d’années c’est d’abord l’enseigne les Docks du Nord, les éco épiciers, puis l’enseigne Sogedis (gérante également du magasin de primeurs La Récolte) à laquelle va succéder Fraismarché GRO, qui gèrent le supermarché lequel comprend bien sûr les traditionnels rayons boucherie, poissonnerie, fruits et légumes. Le supermarché fait sa publicité pour attirer la clientèle de proximité en lui offrant des cadeaux et organise également des expositions de voitures sur son parking, en partenariat avec des concessionnaires roubaisiens.

Pubs supermarché Gro des années 70-80 (Documents Nord-Eclair)

La boulangerie-pâtisserie est quant à elle gérée par l’enseigne Holder, le groupe Holder, créé dans les années 1960 par Francis Holder, et prendra ensuite le nom commercial Le Moulin Bleu. Quant à la librairie, tabac, presse, elle est d’abord gérée par Mme Dufay à laquelle succédera Mme Dupen dans les années 1980. Enfin la pharmacie Ramage-Vilette à laquelle succédera la pharmacie Mascart dans les années 1980 complète l’offre de services essentiels proposés aux riverains.

Logo du groupe Holder (Document site internet)
Publicité du café tabac Dufay (Documents Historihem)

S’ajoutent aux commerces déjà cités un opticien, Mr Leclercq, une teinturerie exploitée sous l’enseigne bien connue Rossel, dont les commerces n’apparaissent plus dans les annuaires des années 1980 et une agence de la Caisse d’Epargne de Roubaix. En revanche les années 1980 voient apparaître d’autres magasins tels que la parfumerie Longchamp de Mme Stassen qui gère également le dépôt de teinturerie Rossel.

Photos de la supérette des 3 villes fin 1980 début 1990 (Documents Historihem)
Pub optique Leclercq des années 1970 et 2 autres pubs (Documents Nord-Eclair et Historihem)
Publicité de la parfumerie Longchamp en 1983 (Document Nord-Eclair)

En 1994, force est de constater que le centre commercial ne fonctionne plus : l’ancien supermarché, vandalisé, est muré et beaucoup de cellules commerciales sont vides. Quant au bâtiment lui-même, il tombe en ruine. Il est donc décidé par la municipalité de procéder à sa rénovation.

Le nouveau centre devrait comprendre : une supérette, un restaurant, un atelier de confection et quelques commerces. Voirie et éclairages seront intégralement refaits afin que le quartier retrouve un centre de vie. C’est Francis Vercamer, alors conseiller municipal à l’économie, qui est en charge du projet.

Présentation de son projet par Francis Vercamer et plan du futur nouveau centre (Document Nord-Eclair)

Fin 1994, les travaux arrivent à leur terme et le nouveau centre devrait rouvrir en 1995. Cette fois il y aura une supérette alimentaire de 180 mètres carrés, un atelier d’insertion textile, un restaurant, également d’insertion avec l’association FERME, l’association Hem Services Habitants, une boulangerie crémerie, une boucherie, une pharmacie, un cabinet médical, un salon de coiffure et un tabac. La placette sera aménagée de manière paysagère et de nouveaux garages seront construits autour du centre pour les habitants des tours 90 et 200. Les parkings côté avenue serviront au marché les jeudis après-midi.

Remerciements à l’association Historihem

A suivre…

L’église Saint-André – Suite

C’est en 2015-2016 que le projet global solidaire est mis sur pied par la ville avec une participation de l’État (230 000 euros sur les 426 000 euros du coût global). La structure des lieux est conservée et seul l’intérieur est aménagé.

Photo de Monseigneur Brunin (Document You Tube)

Mgr Jean-Luc Brunin, ancien prêtre de Saint-André devenu évêque,  témoigne dans la Voix du Nord : « L’église, ce n’est pas que des pierres, et cela me réjouit que ce lieu garde sa vocation sociale, solidaire  ».

L’ancienne église en travaux en 2016 (Documents collection privée)

Le modèle développé serait une première en France, né d’une alliance entre le milieu associatif « Pacte 59 », une collectivité locale : la mairie de Hem et le monde de l’entreprise privée avec des enseignes de grande distribution : Kiabi et Leroy Merlin.

Olivier Ballenghien, responsable de la fondation Kiabi, et Dominique Lecomte, concepteur du projet, président de Pacte 59, au centre de la future épicerie solidaire (Document Nord-Eclair)

PACTE 59 (Pour Agir Contre Toute Exclusion) est une association « Loi 1901 » crée en 2008, gérée par des bénévoles et employant une quinzaine de salariés sur le département du Nord, qui intervient dans le cadre de l’aide alimentaire aux familles et propose également différents ateliers dans le but de les aider à se responsabiliser au mieux et de permettre le maintien d’un lien social.

Association Pacte 59 (Document site de l’association)

L’objectif est donc de faciliter l’accès aux produits de consommation courante et services à une population en situation délicate et de respecter la dignité des personnes en leur permettant l’acte d’achat. En outre, les bénéficiaires, après étude de leur dossier par les CCAS des communes partenaires, peuvent profiter de courses à moindre coût étant donné que l’association propose ses marchandises à 20% du prix du marché.

A l’automne 2010, l’épicerie solidaire de Hem s’est installée rue Ambroise Paré, à l’angle de la rue des Ecoles, dans un local de 180 mètres carrés mais elle y est devenue très rapidement à l’étroit pour accueillir les 307 foyers qui recourent à ses services, rendus par 5 personnes : 2 salariés et 3 bénévoles.

Ancienne épicerie solidaire en 2010 (Document Tout Hem)

Dans l’ancienne église où elle s’installe, il s’agit à présent d’un mini-centre commercial solidaire, aménagé en différents pôles, sur 300 mètres carrés, offrant toute une gamme de services à tarif réduit : épicerie, coiffeur, boutique de vêtements et de décoration intérieure.

« Le petit magasin des 3 Villes », c’est le nom qui lui a été choisi, fonctionne principalement grâce au volontariat et aux dons pour pouvoir proposer des produits et services de qualité et à très bas prix. Une équipe de 7 personnes dont 6 bénévoles accueillent les bénéficiaires 3 jours par semaine sous la direction d’une salariée qui dirigeait déjà l’ancienne épicerie solidaire.

Epicerie (Document Epicerie Solidaire 2018)

Dans ses locaux plus spacieux, l’épicerie dispose d’une large palette de produits alimentaires, de l’épicerie classique (riz, pates, huiles, lait…) aux friandises sucrées ou salées, en passant par les petits pots pour bébés ou la nourriture pour les chiens. Grâce à son déménagement, l’épicerie, qui a pu s’offrir des chambres froides et frigos, propose à présent des produits frais : yaourts, fromages, viandes, des surgelés, des fruits et légumes. Du pain et des viennoiseries sont également disponibles. Les bénéficiaires trouvent également des produits d’hygiène et des petits jeux pour les enfants.

Boutique de vêtements (Document Epicerie Solidaire 2018)

Une robe, une chemise, un blouson neufs à prix réduits : c’est ça, le prêt à porter solidaire ! Les bénéficiaires de l’épicerie solidaire peuvent être désormais également orientés par le CCAS vers « la petite boutique » de vêtements du centre solidaire. Un espace de vente qui allie produits textiles et conseils vestimentaires : du coaching personnalisé pour soigner son apparence. Être fier de ce qu’on porte, c’est un pas de plus vers la confiance en soi et la capacité à s’affirmer en société. La petite boutique est approvisionnée par la fondation KIABI qui fournit les vêtements issus de son réseau de magasins.

Salon de coiffure (Document ID Magazine)

Si les bénéficiaires du centre peuvent refaire leur garde-robe à moindre coût, ils peuvent également changer de tête à des prix plus qu’abordables. En effet, afin d’aller plus loin dans la démarche d’aide à la reprise de confiance en soi, a été aménagé dans le centre solidaire un coin coiffure. Fauteuils, miroirs, bacs à shampoing, tout a été prévu comme dans un vrai salon. Des bénévoles, des professionnels, sont en capacité de proposer aux bénéficiaires du centre solidaire une coiffure adaptée aux circonstances, à leurs envies afin d’être en accord avec eux-mêmes ou avant d’honorer un rendez-vous pour trouver un emploi.

Atelier solidaire en 2019 Compagnons Bâtisseurs, Bricos du Coeur et Bénévoles (Document Voix du Nord)

Le logement étant également un axe majeur de l’insertion, l’envie de mettre en place dans le centre solidaire un espace décoration, réfection est également née. Prochainement une cellule devrait donc être consacrée à la vente de petits bricolages : pots de peinture, pinceaux, vis et autres marteaux. Mais en attendant que ce petit commerce ouvre, en partenariat avec Vilogia, les Compagnons bâtisseurs et Leroy Merlin,  avec l’appui de l’association «Les Bricos du Coeur», un atelier bricolage solidaire a déjà été mis en place. Le but : former, conseiller. Cet atelier s’est installé au centre social des trois villes qui avait déjà mis sur pied il y a quelques mois «l’outillothèque» afin de prêter l’outillage nécessaire à chacun pour qu’il puisse bricoler dans son logement.

Ils sont une dizaine, de tous les âges, qui ont confectionné le mobilier du centre solidaire devant lequel tout le monde se pâme aujourd’hui. Table haute, tabourets, console avec rangements, ils ont tout fabriqué eux-mêmes, tout étant fait avec des palettes.

Inauguration (Document Tout’Hem)

L’inauguration du petit magasin a lieu le 18 mars 2017, en présence d’Olivier Jacob secrétaire général de la préfecture, Laurent Ulrich, archevêque de Lille, Olivier Ballenghien, responsable Social Business Kiabi, Dominique Lecomte , président du Pacte 59, de François Vercamer et des élus de Hem.

La Chapelle au cœur des bâtiments en 1968 (Document archives Historihem)

Plus de 50 ans après sa construction la Chapelle Saint-André n’est donc plus un lieu de culte mais l’édifice a gardé une vocation sociale et reste donc au cœur de la vie du quartier populaire de Longchamp, où sa forme curviligne contraste toujours avec les bâtiments qui l’entourent.

Photos aérienne de 1976 et 2020 (Document IGN et Google Maps)

Remerciements à Historihem et à la Ville de Hem

L’église Saint-André

De 1947 à 1977, la ville de Hem grandit très vite et, de 1959 à 1967, la première génération d’ HLM (habitations à loyers modérés) industrialisées couvre la plaine des Hauts-Champs. Il faut construire vite et au moindre coût pour assurer le relogement des roubaisiens évincés par la politique de résorption des courées insalubres.

Photo aérienne des quartiers Hauts-Champs et Longchamp en 1947 et 1962 (Documents IGN)

Puis de 1967 à 1975, c’est l’ensemble de Longchamp, soit 1146 logements, programmé dès 1964, qui est réalisé. Cette augmentation considérable de la population implique la nécessité d’un nouveau groupe scolaire et d’une nouvelle église. Une chapelle est donc construite dans le nouveau quartier résidentiel des Hauts-Champs à Hem, avenue Schweitzer, en 1967-1968.

Comme toute construction de lieu de culte dans le diocèse de Lille à partir de 1957, la nouvelle église est l’oeuvre de l’association des Chantiers du diocèse. Le projet est confié à l’Atelier d’Art et d’Architecture (AAA) , groupe d’architectes travaillant pour les Chantiers du diocèse. C’est Maurice Salembier, architecte membre de l’AAA, qui en conçoit les plans.

Plan du bâtiment (Document Inventaire Général des Hauts de France)
L’édifice en 1969 (Document collection privée)

Propriété d’une association diocésaine, l’église Saint-André est un petit édifice en brique implanté au centre d’un ensemble d’immeubles de logement. Le bâtiment est composé de cinq cylindres jointifs dont le cylindre central domine les autres en hauteur.

Vue générale du bâtiment (Document Inventaire Général des Hauts de France)

Le sanctuaire, de plan circulaire, est entouré de quatre salles de même plan pouvant s’ouvrir sur l’espace central, portant la capacité de l’église à 390 places. A l’intérieur de la nef, les bancs sont disposés en arc de cercle autour de l’autel.

L’espace central (Document Inventaire Général des Hauts de France)
Salles ouvrant sur l’espace central (Document Inventaire Général des Hauts de France)

Le tabernacle est installé dans sa niche et les fonds baptismaux sont prêts à accueillir les futurs baptisés. Le tout est éclairé par les multiples verrières et ouvertures au plafond. Les salles attenantes servent de salles paroissiales ou de salles de catéchisme.

Tabernacle dans sa niche, fonds baptismaux et verrières (Document Inventaire Général des Hauts de France)
Salle paroissiale et salle de catéchisme (Document Inventaire Général des Hauts de France)

Ce lieu de culte appelé Chapelle Saint-André voit le jour en décembre 1968. Le gros œuvre est terminé et son Excellence Mgr Gand vient bénir la chapelle le 08 décembre afin qu’elle puisse être ouverte au culte. La bénédiction a lieu en présence de Jean Leplat, maire de Hem, d’adjoints et de conseillers municipaux mais aussi de Mrs Wallaert, président, et Salembier, architecte, des Chantiers du Diocèse de Lille.

Chantier et gros œuvre terminé fin 1968 (Documents Nord-Eclair)

Après avoir fait le tour de l’édifice et béni les murs, devant la chorale et l’assistance des fidèles, Mgr Gand s’agenouille au pied de l’autel pour y prononcer litanies et prières avant de procéder à la bénédiction des lieux et du sol autour de l’autel auprès de l’abbé Reynaert, desservant de la nouvelle chapelle installée dans le groupe Longchamp.

Bénédiction de l’église et de la foule par Mgr Gand le 08/12/1968 (Documents Nord-Eclair)

Dès son ouverture la Chapelle Saint-André propose des messes quotidiennes à 8h30 et 10h30, comme le signale le mémento public du CIT (Commerce Industrie Tourisme) de Hem.

Outre les offices religieux cette église comme beaucoup d’autres accueille des prestations musicales notamment des chorales des environs. Ainsi l’ensemble vocal à vocation religieuse « Jeunesse et Joie », constitué de 40 jeunes, qui, en décembre 1981, vient donner un concert gratuit à Saint-André afin d’aider à l’animation de la paroisse.

L’ensemble vocal Jeunesse et Joie (Document Nord-Eclair)

En 1989, soit 20 ans après sa construction, l’abbé Bernard Declercq, ne célèbre plus qu’une messe le samedi à 10h et une messe dominicale à 18h30, d’après le guide pratique de la ville. En 2000, dans le « Tout Hem en Un » l’église Saint-André est encore répertoriée comme lieu de culte mais aussi comme monument à visiter.

La chorale créée en 1981 dans le cadre de l’association pour le développement culturel et solidaire Culture et Liberté fête la Ste Cécile en participant à l’un des offices catholiques du quartier, une année sur 2 à l’église Sainte-Bernadette et la 2ème année à Saint-André, sous la direction de Lucien Delvarre.

La chorale fête la Sainte-Cécile à Saint-André en 2002 (Document Voix du Nord)

Bientôt, il n’y a plus de curé en charge de l’église et c’est un diacre qui continue à la faire vivre. Puis dès 2005, aucune messe n’y est plus célébrée et en 2011, l’église désaffectée est désacralisée et cédée par le diocèse à l’euro symbolique à la municipalité qui ambitionne d’en faire une épicerie solidaire.

Instantané de mémoire : Annie, ancienne résidente de la rue Alexandre-Fleming, proche de l’église, raconte au journaliste de la Voix du Nord en 2015 : « Il y avait dans notre rue une longue barre d’appartements, c’était à l’époque le bailleur social CIL. L’école de police n’existait pas encore et là aussi une barre d’appartements de quatre étages prenait toute la longueur de la rue Joseph-Dubar. L’église Saint-André venait d’être construite, c’était dans les années 67/68 je crois. Très moderne à l’époque elle ressortait du paysage par son style tout en rondeurs. Le quartier n’avait pas encore été rénové et était calme. Notre fils aîné a été baptisé dans cette église. Il y avait encore un curé pas un diacre. C’est dommage de la voir ainsi car quand on passe devant, ce n’est plus tout à fait la même chose. Elle semble abandonnée. Son âme aussi s’en est allée. »

A suivre…

Remerciements à Historihem et à la Ville de Hem

Centre social des Hauts-Champs (Suite)

Un service de soins à domicile pour les plus de 60 ans malades ou handicapées est toutefois créé en 1983, gratuit et sans condition de ressources. 7 ans plus tard l’équipe compte 6 aides-soignantes et 2 stagiaires en formation. Elle permet aux habitants concernés de rester à domicile et d’éviter l’hospitalisation ou de rentrer plus tôt après une période d’hospitalisation.

Les aides-soignantes, la présidente et la directrice en 1990 (Document Nord-Eclair)
Le centre social dans les années 1980-1990 (Document collection privée)

En 1984, la halte-garderie, qui accueille les enfants de l ‘âge de 3 mois à 4 ans environ, en période scolaire, comme lors des vacances scolaires est mise à l’honneur par le journal Nord-Eclair. Ils y sont accueillis par leur éducatrice, Colette Lepers et la directrice du Centre Social, Mme Dewinter insiste sur le fait que les horaires d’accueil pourraient évoluer si le besoin s’en faisait sentir.

Les enfants accueillis à la halte-garderie en 1984 (Document Nord-Eclair)

Mais une trentaine d’années après sa création les locaux du centre social ont bien piètre allure et doivent faire face à de graves problèmes de toiture et d’isolation. Une cure de rajeunissement est indispensable et il faut en profiter pour agrandir et accroître les services rendus aux usagers.

Le budget est détaillé par Mme Van Vambeke, présidente du conseil d’administration, à savoir près de 50% pour les constructions neuves, près de 30% pour la réhabilitation des anciens bâtiments, le reste pour les équipements, le parking, les extérieurs et espaces verts.

La surface du centre doit ainsi passer de 700 à 1000 mètres carrés avec une halte-garderie plus grande, moderne et ouverte sur un jardinet, une cuisine agrandie, une zone d’accueil et une bibliothèque plus adaptées, une salle d’activité et une salle de réunion.

Schéma montrant les parties anciennes (hachures larges) et futures (hachures plus serrées) et à gauche l’emplacement des parkings (document Nord-Eclair)

La première opération consiste donc à réhabiliter l’existant : les châssis ne fonctionnent plus, l’isolation phonique laisse à désirer, le plafond prend l’eau et les murs sont tristes : en bref le temps a fait son œuvre. La deuxième opération consiste à agrandir : la halte-garderie va doubler de volume et changer de place pour avoir accès sur un jardinet, la grande salle va être mieux sonorisée et doublée d’une petite cuisine, un atelier va venir s’ajouter aux arrières du bâtiment à côté d’un studio destiné au gardien de nuit.

Outre l’agrandissement de l’accueil et de la bibliothèque une refonte complète de la façade, qui va être ornée de briques, est programmée. Puis un nouveau bâtiment va être ajouté sur la gauche qui abritera les services administratifs. A l’issue d’une année de travaux le centre passera ainsi de 700 à 1000 mètres carrés.

Le centre social en travaux d’agrandissement en 1989 (Document Nord-Eclair)

Le croquis du futur centre rénové en 1990 (Document Nord-Eclair)

Des actions d’insertion par le travail manuel, aussi appelés chantiers école, pour le suivi des jeunes en insertion sont menés à bien sous la responsabilité de Philippe Declercq. Le but est ainsi de leur faire acquérir une expérience intéressante pour qu’ils puissent ensuite intégrer une formation ou directement le marché de l’emploi. Sur chantiers les exigences sont très précises en terme de respect des horaires, d’utilisation des matériaux et de qualité du travail fini.

Visite d’un chantier de rénovation d’appartement dans le quartier en 1994 (Document Nord-Eclair)

En 1995, une page se tourne avec le départ en retraite de Brigitte Dewinter, après un quart de siècle de présence attentive et de travail efficace dans le quartier où une foule impressionnante tient à lui rendre hommage. Après un délicieux buffet, quelques numéros de danse sont montrés sur scène de même qu’une chanson clin d’oeil à toutes ces années.

Cérémonie de départ en retraite de Brigitte Dewinter en 1995 (Document Nord-Eclair)

Le centre social dans les années 2000 (Document collection privée)

Dix ans plus tard, en 2000, la halte garderie Frimousse accueille une fois par semaine les psychomotriciennes de l’association Wasquehalienne « Jouer pour Grandir » pour une séance d’activités, dans la grande salle polyvalente, qui comble d’aise les tout-petits, avec un programme basé sur la psychomotricité et la musique. On est bien loin du jardin d’enfants des débuts 40 ans plus tôt.

La halte-garderie « Frimousse » en activité « jouer pour grandir » en 2000 dans la salle polyvalente (Document Nord-Eclair)
Le centre social des Hauts-Champs en 2011 (Document collection privée)

Pourtant en 2011, c’est un nouveau centre social qui sort de terre pour remplacer le 1er dans le quartier, cette fois au 93 rue du Docteur Schweitzer qui aura pour nom : le Centre Social des 3 Villes. Le nouveau bâtiment s’élève en lieu et place de l’immeuble Epicea, démoli en 2009, juste en face de l’ancienne église Saint-André, désacralisée en 2011 et sur le point de devenir une épicerie solidaire.

Le nouveau centre occupe une surface de 2000 mètres carrés et comporte de multiples pièces : des bureaux, une halte-garderie, une salle polyvalente, une bibliothèque, un clubhouse, des douches, des salles de repos, des locaux techniques et même un dojo (qui devrait être également ouvert aux écoles) et une salle de musculation. Au cœur du bâtiment un patio a été aménagé avec du gazon synthétique, ainsi qu’un espace pour le parking et une aire de jeux.

Afin de réaliser des économies d’énergie, une cuve de 150 mètres carrés a été enterrée en vue de récupérer l’eau, des capteurs ont été posés pour optimiser l’éclairage et des puits de lumière ont été installés au plafond pour proposer une alternative aux ampoules durant la journée.

Construction du nouveau centre social en 2011(Document Nord-Eclair)
Emplacement du nouveau centre sur photo panoramique en 2022 (Document Google Maps)

Après être resté fermé pendant de longs mois le centre social de l’avenue Laennec est démoli au milieu des années 2010 sans avoir eu le temps de fêter son cinquantenaire.

Le chantier doit prendre plusieurs mois en raison de la nécessité de désamianter le site. Sur la photo aérienne prise avant 2010 on peut constater les diverses extensions dont il avait fait l’objet et sur celle de 2016 le terrain est à nouveau nu.

Démolition du centre et photos aériennes avant 2010 et en 2016 (Documents Voix du Nord et IGN)

Pendant ce temps le nouveau centre des 3 villes entre en fonction rue Schweitzer non sans heurt puisque dès 2014, de nombreux emplois sont menacés et un bras de fer s’engage entre personnel et municipalité. La structure fait en effet face à de graves difficultés financières et les économies de personnel sont à l’ordre du jour.

Le centre social des 3 villes en 2012 (Document Ville de Hem)
Manifestation devant le centre en 2014 (Document Voix du Nord)

La même année une voiture bélier en flammes est lancée contre la façade du nouveau centre social après que les volets roulants de protection aient été forcés. L’intervention rapide des pompiers permet de limiter les dégâts même si la fumée atteint l’ensemble du bâtiment inauguré depuis seulement 2 ans.

L’incendie du nouveau centre social (Document Voix du Nord et France 3)

Courant 2019, la fébrilité est encore de mise en raison du départ de 6 salariés sur les 40 au cours de quelques mois seulement, quand le licenciement d’un animateur fort apprécié des usagers entraine la grogne des familles et celle du personnel du centre et nécessite une concertation avec la direction de celui-ci ainsi que la municipalité.

Protestation des usagers en 2019 (Document Voix du Nord)

Plus de 50 ans après la mise en place d’un centre social dans le quartier populaire des Hauts-Champs, il apparaît donc que les besoins de la population n’ont pas diminué et que ce type d’équipement, modernisé depuis maintenant 10 ans y a plus que jamais sa place.

Le nouveau centre au milieu du quartier populaire des Hauts-Champs en 2022 (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem

Centre social des Hauts-Champs

En 1962, le quartier des Hauts-Champs, Longchamp et Trois-Fermes, situé sur les 3 viles de Hem, Roubaix et Lys-lez-Lannoy voit la création du centre social dit « des Hauts-Champs » 258, avenue Laennec à Hem. Le bâtiment est la propriété de l’Association des Maisons de l’Enfance et le centre social en est simplement locataire. Ce quartier abrite quelques 16.000 habitants, dans un secteur appelé parfois à juste titre : le carrefour des 3 villes. Un incendie partiel, en1968, entraine très vite une petite rénovation ainsi que la création d’un accueil et d’une bibliothèque.

Photo panoramique de l’avenue Laennec dans les années 1950-1960, avant la construction du Centre social et photo aérienne de 1965 avec le centre social construit 5 ans plus tôt (Documents IGN)
Photo du centre social en 1962 (Document Historihem)

Dix ans plus tard en 1971, c’est une association des usagers qui reprend la gestion du centre social, devenu indépendant. Le jeudi, jour de repos scolaire de l’époque, le centre social est une véritable ruche où de nombreux enfants viennent se détendre : danse folklorique, basket-ball, menuiserie, couture, cuisine, expression manuelle…L’accent est mis pour les 8-14 ans sur les sports de plein air afin de leur assurer le défoulement nécessaire.

Par ailleurs un jardin d’enfants est créé pour les tout-petits, accessible chaque après-midi ainsi que le mercredi matin, pour permettre aux mamans de participer aux activités qui leur sont consacrées par le centre.

Les travaux de peinture des petits et le jardin d’enfants en 1971 (Document Nord-Eclair)
CP du bâtiment dans les années 1970 (Document collection privée)

S’ajoute au centre social le club des jeunes, construit du côté de la rue Villemin, qui en fait partie intégrante. Au programme, essentiellement du sport : judo, gymnastique, tennis de table, cyclotourisme mais aussi le groupe nature créé d’abord à l’initiative des jeunes et à leur profit.

Pour gérer les ateliers existants et en ouvrir d’autres, un comité de maison est créé et géré par les usagers eux-mêmes. Chaque groupe y a des représentants qui discutent avec l’équipe de professionnels afin d’améliorer l’offre existante pour chaque tranche d’âge. Ainsi aux ateliers couture et cuisine s’est ajouté un atelier vannerie et la section des majorettes compte près de 80 participantes.

Des ateliers pour les jeunes en 1974 (Documents Nord-Eclair)

Le centre social assure de multiples services pour les habitants du quartier : cours d’alphabétisation, bibliothèque très bien achalandée, club nature avec étude des oiseaux dans une réserve installée près du château Meillassoux rue du Général Leclerc, soins à domicile et au dispensaire par des infirmières, après-midi portes ouvertes tous les jeudis pour faire connaître le centre.

Par ailleurs des événements sont organisés régulièrement pour animer le quartier : ainsi de grands jeux de plein air sur le terrain du centre ou encore fête avec démonstrations de majorettes, jeux divers, danses et dégustations de crêpes, par tous les enfants, lesquels ont amené chacun un camarade pour faire connaître les activités du centre, que fréquente déjà une famille sur trois habitant le quartier, aux autres jeunes.

Jeux de plein air et fête avec majorettes en 1975 (Document Nord-Eclair)

Après quinze ans d’existence, le bilan dressé par la directrice Mme Dewinter, en 1977 est positif. Le centre répond en effet aux besoins des 3 groupes de population visés : nourrissons, adultes et personnes âgées. La consultation nourrissons et le centre social sont ouverts aux jeunes enfants. Des activités sont ouvertes aux enfants jusqu’à 12 ans par le biais de divers ateliers puis le club regroupe les adolescents.

Il existe par ailleurs des sections pour adultes : enseignement ménager et gymnastique pour les dames, rencontres cyclotourisme, judo et belote pour les messieurs. Quant aux personnes du 3ème âge leur sont réservés des cours de gymnastique spécifiques ainsi que des après-midi rencontres.

Le centre social en 1974, décoré pour les fêtes (Document Nord-Eclair)

La dénomination « centre social » est pour la directrice un label de qualité ainsi que la gestion exercée par les usagers eux-mêmes, le conseil d’administration étant composé aux deux tiers par les usagers du site. De plus afin d’assurer un bon développement du quartier le centre est à l’origine de la création de l’Union des associations du quartier des 3 villes.

Quant au syndicat intercommunal créé par les 3 municipalités concernées, il prend en charge la création d’un terrain d’aventures de 4.000 mètres carrés de superficie, situé derrière le centre social, sur lequel devront pouvoir s’ébattre, en dehors des heures scolaires, tous les enfants du quartier dans une sécurité relative et en toute liberté.

Plan de 1973 et photo du terrain d’aventures derrière le centre social en 1978 (Documents Nord-Eclair)

En 1979, intervient l’inauguration de la nouvelle salle polyvalente du centre social des Hauts-Champs, après plus de 15 ans de discussions et d’attente pour obtenir cette extension du lieu propice aux activités sportives et culturelles du quartier. L’inauguration a lieu en présence de Mr Gizycki, président de l’association des usagers du centre, de Mme Dewinter, sa directrice, et le ruban est coupé par Mr Pierre Prouvost, député-maire de Roubaix.

Inauguration de la nouvelle salle polyvalente en 1979 (Document Nord-Eclair)

Dans un vaste quartier neuf de 4000 logements, le centre a longtemps été le seul équipement et a donc connu en plus de 15 ans un développement considérable. Il s’occupe d’environ 2000 familles et occupe 45 salariés. Géré par des administrateurs usagers bénévoles alors qu’il est l’un des plus gros du pays, le centre social se trouve confronté à des difficultés financières en 1980.

Malgré les différentes subventions perçues de : l’Etat, la CAF, le fonds d’action sociale des travailleurs migrants, les 3 municipalités concernées, les HLM et CIL, la direction de l’action sanitaire et sociale, et malgré la participation des usagers, le budget de 1979 n’est pas bouclé et les Trois Villes sont décidées à faire un effort exceptionnel tout en attendant de l’Etat une augmentation conséquente de sa subvention pour l’année en cours. Faute d’une solution durable une baisse de personnel est à prévoir.

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem

Lobry – Milidée

Ignace Lobry, dont le commerce est répertorié comme quincaillier dans le Ravet Anceau de 1958, et comme vendeur de journaux dans celui de 1968, au 88 rue des Ecoles à Hem, apparaît également, dès 1968, comme vendeur de journaux-tabac au 229 avenue Laennec à Hem. 

Publicité Lobry (Document collection privée)

Comme le démontre sa publicité Ignace Lobry n’exploite pas seulement ce qu’il est convenu d’appeler un tabac mais un commerce beaucoup plus varié dédié à la presse, les fournitures scolaires et les cadeaux en tous genres, et ce dans ses deux points de vente. Son commerce de la rue des Écoles est installé dans des bâtiments annexes de l’ancien Château Olivier, à savoir les écuries.

Photo Lobry rue des écoles années 50 et photo Milidée années 2000
(Document collection privée)

La vue aérienne de 1951 montre un quartier en cours d’évolution avec les constructions qui débutent à la Lionderie, en lieu et place de l’ancien parc du Château, détruit en 1944. Au bord de la rue des Ecoles on distingue très bien les bâtiments des anciennes écuries, seul vestige des annexes du château.

Photo aérienne rue des écoles 1951 (Document IGN)

La boutique de l’avenue Laennec est une construction neuve.

Photo Lobry avenue Laennec (Document collection privée)

La vue aérienne du quartier Longchamp de 1969 montre en effet un tout nouveau quartier à l’emplacement d’anciens terrains agricoles figurant sur le document de 1951.

Photo aérienne avenue Laennec en 1951 et 1969 (Document IGN)

Ignace Lobry n’hésite pas, en plus de publicités régulières publiées dans les journaux, à créer des événements publicitaires à l’occasion de l’une ou l’autre fête, telle que Saint Nicolas qui propose aux enfants une photo en sa compagnie.

Photo St Nicolas 1967 (Document collection privée)

Instantané de mémoire : « Quand j’ai emménagé à Hem avec mes parents dans le nouveau lotissement de la rue des Écoles, j ai tout de suite pris mes marques dans ce magasin qui ressemblait à une caverne d’Ali Baba aux yeux de l’enfant de 10 ans que j’étais. Je m ‘y sentais comme chez moi grâce à Mauricette, la vendeuse, qui m’accueillait toujours avec le sourire et bienveillance et m’aidait à choisir un cadeau en rapport avec mon budget. J’y achetais mon Pif Gadget et Mickey Parade ainsi que, pour la rentrée des classes mes stylos plumes, cahiers, etc »

Lorsqu’ Ignace Lobry cesse son activité, en 1984, H. Hellebuyck reprend l’entreprise et le commerce change alors de nom pendant 3 ans mais Mauricette reste toujours présente, rue des Écoles.

Publicité Hellebuyck (Document collection privée)

En avril 1987, quelques mois avant la cessation d’activité de la société Hellebuyck, fin 87, Mauricette Duquenne reprend le commerce de la rue des Écoles, pour le plus grand bonheur des riverains.

Publicité Mauricette Duquenne (Document collection privée)

Instantané de mémoire : « Étant moi-même revenue vivre à Hem Centre j’ai alors retrouvé le chemin de la rue des Ecoles pour y acheter mes revues ainsi que des jouets pour mes enfants ainsi que leur nécessaire pour la rentrée des classes, la presse enfantine »

Mauricette Duquenne exploite son magasin, à l’enseigne Milidée jusqu’en février 2002.

Photo Milidée rue des écoles (Document collection privée)

Après la fermeture, la boutique reste vide durant plusieurs mois puis 2 boulangeries s’y succèdent. A l’heure actuelle il n’existe plus aucun commerce au 88 rue des Écoles.

Photo des 2 boulangeries successives (Documents Tout’Hem et collection privée)

Quant à l’ancien magasin de l’avenue Laennec, un temps repris par un boucher-volailler, le bâtiment a ensuite été détruit et une mosquée a été construite à son ancien emplacement.

Photo de la boucherie volailler et de la mosquée (Documents google maps)