Complexe Michel Hidalgo (Suite)

L’année suivante quatre courts de tennis supplémentaires rejoignent les 3 premiers, deux courts couverts en terre battue dans le prolongement du bâtiment existant ainsi que 2 courts extérieurs en béton poreux. S’ajoutent à la nouvelle construction un club-house agrandi, un local à matériel et un large couloir permettant au public de suivre ce qui se passe sur les courts à travers des vitres et aux joueurs revenant des terrains en terre battue de ne pas traverser et donc salir les terrains synthétiques. Un an plus tard le tennis club reçoit la visite de Philippe Chatrier, président de la Fédération Française et de la Fédération Internationale de Tennis.

Inauguration des 4 nouveaux courts par Mme Massart (Document Nord-Eclair)
Visite de Philippe Chatrier en 1991 (Documents Historihem)

Dix ans plus tard, la refonte du site Hidalgo-Lionderie fait partie du Grand Projet Hémois : au programme la maison du foot et également l’aménagement des terrains et d’espaces de jeux avec accès réglementé. Pourquoi une maison du foot ? Parce que la ville compte 7 clubs pour 594 licenciés répartis en 31 équipes. L’objectif est donc de les fédérer en y rassemblant leurs sièges.

Le bâtiment en lui même ouvre sur la rue de la Lionderie. Il est simple, avec un socle en briques et un étage en bois. La partie gauche du bâtiment accueille les vestiaires et la droite une salle polyvalente. L’étage abrite les bureaux et les locaux annexes, un espace détente, une bibliothèque et un centre de documentation.

La plaine de jeu actuelle côté Lionderie et la future maison du foot (Documents Nord-Eclair)

Ainsi les photos aériennes du site Hidalgo-Lionderie montrent en 1995 un aspect qui reste champêtre surtout côté Lionderie pour faire place, 10 ans plus tard à un site beaucoup plus structuré avec l’apparition de la maison du football rue de la Lionderie.

En 2005, lors d’une journée portes ouvertes, les visiteurs découvrent la magnifique bâtisse dédiée au foot et à la convivialité et les clefs sont remises aux dirigeants des clubs qui vont occuper le lieu. Et quel lieu : auprès du terrain synthétique en fonction depuis un an, une aire de jeux accessible aux tout-petits, des vestiaires, un club-house, des bureaux pour les 4 clubs hémois (Olympic Hémois, AJTF Foot, Union Saint-Louis et Femina Omni Sport), une salle de convivialité à réserver auprès du service des Actions Culturelles, prouvent qu’il s’agit bien d’un espace dédié tant au sport qu’à la convivialité. Les deux agents en charge de la structure sont présents : Mohamed Benakouche, concierge et Saïd Demdoum qui va coordonner l’école de foot. Le nom est choisi, après consultation des habitants, à savoir : Aimé Jacquet.

Photos aériennes du site Hidalgo-Lionderie de 1995 et 2004 (Documents IGN)
Photo du maire et de son adjoint aux sports et de la maison du foot intérieur en 2005 et extérieur rue de la Lionderie en 2005 et 2008 (Documents Tout Hem, Ville de Hem et Google Maps)

Un skate park voit le jour la même année au stade Hidalgo. Mais ce n’est qu’en 2014 au moment de la sécurisation du stade, avec le remplacement du vieux grillage par une grille destinée à empêcher les intrusions, que le skate park obtiendra une entrée indépendante donnant directement sur la rue. Un an plus tard, pour ses dix ans, de nouveaux modules seront installés pour accueillir, en plus des skateurs, les amateurs de trottinette acrobatique.

Photos du skate park (Documents Facebook et Voix du Nord)

Pendant ce temps la tribune du stade Hidalgo présente des signes certains de vieillissement : son toit fuit, ce qui provoque d’une part la grogne des supporters les jours de pluie et d’autre part la détérioration du revêtement qui couvre le sol de la tribune. Il faut donc réparer la charpente et procéder à des travaux de peinture et d’étanchéité afin de redonner belle allure à cet équipement qui se voulait « de standing ».

Parallèlement les installations du Hem Tennis Club bénéficient elles aussi d’améliorations au niveau de l’éclairage. Une réfection totale du réseau s’accompagne de l’installation d’un double niveau : intensité moyenne pour les entrainements et plus forte pour les compétitions, afin de parvenir à réduire la facture électrique du club.

Réfection de la tribune (Documents Tout Hem)

Et, deux ans plus tard une superbe piste d’athlétisme en résine synthétique est construite, longue de 400 mètres, composée de 6 couloirs en anneaux ainsi que 6 couloirs en ligne droite, installée sur la piste pré dessinée lors de l’ouverture du stade en 1989. La piste est de suite investie par les jeunes adhérents d’Atlemouv (ou Athl’Hemouv), association d’initiation à l’athlétisme, pour les garçons et filles de 8 à 12 ans, créée quelques mois plus tôt et qui s’ouvrira aux adultes 2 ans plus tard en 2009.

Athlemouv et la nouvelle piste d’athlétisme en 2007 (Documents Tout Hem)

En 2008, Daouda Sow, boxeur hémois devient vice champion olympique aux jeux de Pekin et tout naturellement le nouvel engouement pour ce sport amène la construction sur le site Hidalgo d’une nouvelle salle dédiée de 260 mètres carrés, équipée de deux rings à même le sol, de deux vestiaires et d’un sauna, toute en bois, ossature et charpente, avec un revêtement extérieur en mélèze.

Daouda Sow, vice champion olympique hémois en 2008 et la nouvelle salle de boxe en construction en 2008-2009 et terminée en 2009 (Documents Tout Hem)

Depuis le stade Hidalgo, outre les matchs de foot, le tennis, la boxe et le skate, accueille de multiples événements sportifs, caritatifs ou de simples loisirs pour les quartiers alentour. On peut citer entre autres : la première journée de prévention routière ou l’immersion des jeunes du centre social dans le métier de footballeur professionnel et l’athlétisme dans les quartiers, la course des enfants des écoles hémoises avec Oxyg’Hem, des animations pour ouvrir le complexe Hidalgo sur tous les quartiers à l’initiative de l’Olympic Hémois et du Boxing Club, la course au profit de l’association ELA qui soutient la recherche contre les leucodystrophies ou enfin « Sea Hem and Sun » avec une dizaine de jeux gonflables en tous genres dispersés sur la pelouse.

Si l’on ajoute à tout ce qui a été cité les 2 équipements sportifs de la rue Jean Jaurés, à savoir la salle Emile Delcourt où se pratique le basket ball et la salle Cruyppeninck qui accueille le tennis de table, toutes deux reliées au stade Hidalgo situé dans une rue perpendiculaire, on obtient un complexe sportif impressionnant qui révèle les ambitions de la ville en matière de sport et la vitalité des différents clubs hémois.

Photo aérienne de 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem et à la Ville de Hem

Complexe Michel Hidalgo

En 1985, rue des Trois-Baudets, est édifié le bâtiment comprenant les 3 courts couverts du tennis club hémois. D’une surface de 36 mètres sur 18, il est ceinturé de murs entièrement briquetés, à l’exception de quelques fenêtres, au sol habillé d’un revêtement spécifique synthétique, et comprend également un club-house avec douches et une salle de réunion. C’est sous la pluie qu’est inauguré ce complexe, alors présenté comme le premier maillon d’un parc urbain, délimité par les rues de la Lionderie, des Trois-Baudets et Jules Guesde et qui doit se voir adjoindre un terrain de foot dans les années à venir.

Le squelette métallique du tennis club des trois baudets et la visite de chantier en 1984-85 et l’inauguration en 1985 par Mme Massart et une vue du club-house (Documents Historihem)
Photo aérienne de la rue des Trois Baudets en 1971, avant la construction du stade, et en 1995, après celle-ci (Documents IGN)

Puis, en 1988, rue des Trois Baudets, là où ne se trouvaient jusqu’alors que des champs puis les trois courts de tennis couverts, la première pierre du futur stade d’honneur de la ville de Hem est posée puis un parchemin est inséré dans le mini mur élevé à leur intention, par Mme Massart, maire de la ville, et ses 2 adjoints, aux travaux et aux sports, Mrs Decourcelle et Naert, qui scellent ensuite la cachette. Ce parchemin contient tous les renseignements susceptibles d’intéresser les futurs archéologues qui le mettront à jour dans un avenir lointain et représente un témoignage de ce futur vestige de la fin du vingtième siècle.

Plan du stade et scellement de la pierre renfermant le parchemin (Document Nord-Eclair)

L’installation d’une plaine de sports et de loisirs entre la rue de la Lionderie et celle des Trois Baudets figurait en effet dans le programme de l’union Municipale Hémoise en 1982 et le terrain de football en herbe de 105m sur 68 et les tribunes dont la première pierre vient d’être posée entrent dans ce programme d’aménagement. Un anneau d’athlétisme de 400 mètres comprenant 6 couloirs et 7 lignes droites devrait ensuite être aménagé autour du terrain de football.

Le bloc tribune vestiaires sera construit en briques rouges et béton beige sur une surface au sol de 28 mètres sur 10 et pourra accueillir 270 spectateurs assis et 80 debout. Sous les tribunes seront aménagés quatre vestiaires douches, deux loges équipées de sanitaires pour les arbitres, un local de rangement et un bureau infirmerie. Enfin une buvette sera incorporée au bâtiment pour permettre aux spectateurs de se désaltérer et les futurs visiteurs disposeront d’un parking de 140 places à proximité pour stationner leurs véhicules.

La tribune en briques rouges (Document Historihem)

Pour le nom du stade d’honneur deux grands footballeurs français sont pressentis à savoir Michel Platini et Michel Hidalgo. Tous deux sont d’accord sur le principe mais seul le deuxième confirme d’ores et déjà sa présence pour l’inauguration en février 1989. En Janvier la décision est donc arrêtée, ce sera le stade Michel Hidalgo. Le 22 février ce sera donc celui-ci qui coupera le ruban lors de l’inauguration officielle du site.

Le nom du célèbre footballeur apposé sur le stade (Document Nord-Eclair)

Michel Hidalgo est un célèbre footballeur natif du Nord. Il est en effet né à Leffrinckoucke en 1933. Durant les années 1950-1960 il a évolué au poste d’ailier droit puis de milieu récupérateur en commençant sa carrière au sein de l’US Normande pour la terminer en 1966 à l’AS Monaco. Puis il est devenu entraîneur au RC Menton avant de devenir sélectionneur de l’équipe de France de 1976 à 1984. Enfin il est devenu directeur technique national de la Fédération Française de Football avant de rejoindre Bernard Tapie à l’Olympic de Marseille pour en devenir directeur général jusqu’en 1991.

Michel Hidalgo en 1981

Sa célébrité explique sans aucun doute que plusieurs centaines de personnes se pressent à l’inauguration du nouveau stade en février 1989. Alors, même si les travaux ne sont pas tout à fait terminés, et s’il reste quelques tuyaux à raccorder et quelques faux plafonds à poser dans les vestiaires, les visiteurs sont là pour pouvoir approcher celui qui a mené le football français au sommet de la hiérarchie européenne.

La foule au stade Hidalgo (Document Nord-Eclair)

Mme Massart coupe donc le ruban sous les yeux de son prestigieux invité mais aussi de son adjoint aux sports et de ceux de Roubaix et Croix, des responsables des différents clubs de football hémois et de nombreux dirigeants de clubs des environs, de quelques 200 amateurs de foot et d’une centaine de joueurs en herbe et en tenue. Les quelques policiers dépêchés sur place ne sont pas de trop pour canaliser le flot des supporters inconditionnels désireux de repartir avec une photo et un autographe de Michel Hidalgo, très souriant et disponible.

Mme Massart coupe le ruban (Document Nord-Eclair)
Le nouveau stade avec sa tribune et une photo du héros du jour et celui-ci entouré de supporters (Documents Voix du Nord et Historihem)

Puis, après que la plaque inaugurale apposée sur la tribune toute neuve ait été dévoilée, l’adjoint aux sports, prononce un discours en forme de remerciement pour Michel Hidalgo, « un grand monsieur du football français et mondial, dont les qualités humaines, la gentillesse et le dévouement pour la jeunesse ne sont plus à décrire ». Puis Mme Massart rappelle que la ville est très sportive et compte pas moins de 3150 licenciés.

La plaque est dévoilée (Document Nord-Eclair, Voix du Nord et Tout Hem)

Le héros du jour, quant à lui, parle de son émotion face à tant de chaude amitié, de sa fierté de voir son nom lié à une telle réalisation et de son espoir de voir le sport continuer à se développer car « il s’agit du moyen de prévention le plus efficace qu’on ait trouvé contre la drogue, l’alcoolisme et la délinquance » concluant par ces mots « au calendrier du cœur, Hem sera toujours présente».

Puis en Août, la même année, c’est l’inauguration du terrain qui a lieu, le terrain en herbe étant à présent prêt à supporter 22 joueurs, un ballon et un arbitre. C’est l’Union Sportive Hémoise qui organise le spectacle : une rencontre amicale entre l’équipe de Roubaix Foot (Division IV) et celle du Lille OSC (Division III). Puis, à la reprise de la saison sportive le terrain accueille en alternance les matchs à domicile de l’Union Sportive Hémoise et de l’Olympic Hémois. En revanche, pour ménager le terrain, les entraînements des 2 équipes continueront à avoir lieu rue de Beaumont, au stade Dubus, où se déroulaient les matchs jusqu’alors.

La tribune pleine de spectateurs en août 1989 (Document Nord-Eclair)

Remerciements à l’association Historihem et à la Ville de Hem

A suivre…

Poudres Industrielles du Nord

Alors que la rue Jules Guesde à Hem est bordée de champs du côté droit en allant vers Lannoy, après le carrefour de la Lionderie, en 1949, presqu’en face du tissage Desurmont et fils, au n°280, s’installe une nouvelle usine sur environ 7500 mètres carrés : Poudres Industrielles du Nord, devenue, en 1957, la société Pinfloc.

Photo aérienne de 1947 face à l’usine Desurmont (Document IGN)
Plan cadastral BB868 et BB111 (Document cadastre)

Fondée par Jules-Pierre Planckaert, né à Roubaix le 11 novembre 1925, fils de Louis Joseph Planckaert, entrepreneur, l’entreprise commence avec deux personnes et une machine. L’usine broie alors des déchets textiles, vendus ensuite en sacs contenant des fibres techniques, destinées à être incorporées dans différents matériaux pour en améliorer les caractéristiques physiques, par exemple en vue d’entrer dans la fabrication de tapis Bulgomme.

Photo aérienne de 1965 avec l’usine PIN (Document IGN)

La photo montre clairement l’entrée de l’usine rue Jules Guesde donnant sur une longue allée bordée de bâtiments dont deux immenses hangars au fond du terrain de part et d’autre de l’allée et les camions de livraison empruntent cet étroit couloir. En 1965, est également développée la commercialisation d’articles de décoration et de fête tels que les cotillons. Il ne s’agit pas là d’une activité de fabrication mais d’une simple activité complémentaire de négoce.

L’étroit couloir emprunté par les camions (Document Nord-Eclair)

Puis l’entreprise se développe en fabriquant des poudres à partir de fibres textiles, viscose, nylon, coton qui sont coupées finement, teintes, tamisées puis mises en sac, avant d’être expédiées et de servir à la technique dite du flocage. Les produits sont vendus à l’industrie de la chaussure, du vêtement, de la maroquinerie, de l’automobile, du jouet et du tissu mural.

Le floc, c’est du faux, de l’imitation, mais qui veut faire vrai à l’oeil comme au toucher. Ces fibres courtes recouvrent les objets d’un revêtement rappelant le velours. Ainsi, au moment de Noël, l’entreprise fabrique également ce qui sert à blanchir les sapins, ajoutant donc une activité saisonnière à l’activité habituelle.

En 1971, un violent incendie dévaste un hangar dans lequel étaient entreposés des barils de poudres de flocage. Une demi-heure après le début du sinistre, il ne reste plus rien du bâtiment ni de la marchandise et le montant des dégâts s’élève à une quarantaine de millions d’anciens francs.

Ce qui reste du hangar après l’incendie de 1971 (Document Nord-Eclair)

Puis en 1984, à nouveau, un bâtiment de stockage des marchandises finies, de 300 mètres carrés, est la proie des flammes et les sapeurs-pompiers de Roubaix, aidés de leurs collègues de Villeneuve d’Ascq, doivent mettre quatre grosses lances en batterie pour venir à bout du sinistre, sans parvenir à sauver le bâtiment dont il ne reste rien. Les dégâts s’élèvent à 2 millions de nouveaux francs mais Mr Planckaert affirme que les 15 employés de la société ne risquent pas la mise en chômage technique, bien au contraire puisqu’ils ont un stock complet à reconstituer. En tant que premier adjoint du maire de Hem, celui-ci reçoit en outre le soutien de Mme Massart, maire de Hem, qui n’hésite pas à se rendre sur place pour constater l’étendue des dégâts.

Pas de chômage technique après l’incendie de 1984 (Document Nord-Eclair)

L’année suivante, en fin de soirée, un nouvel incendie se déclare dans un atelier de fabrication de cotillons, pétards et fusées. L’extension du feu est favorisée par les poudres et produits chimiques entreposés dans l’usine et 800 à 1000 mètres carrés d’atelier sont ravagés par le feu. Les sapeurs-pompiers de Roubaix et Villeneuve d’Ascq mettent plus d’une heure à venir à bout du sinistre. Pourtant le PDG de l’entreprise, Jules Planckaert, n’envisage aucun licenciement et pas même de chômage technique.

Idem en 1985 et des vitres en verre armé fondues (Documents Nord-Eclair)

Marc Planckaert, fils du fondateur, reprend la direction de l’entreprise en 1991 et, deux ans plus tard, il fait aménager un quai afin de faciliter les allées et venues des camions dans la rue Jules Guesde. Pour mieux insérer l’entreprise dans son environnement il lance également des travaux de débroussaillement et de renforcement de la clôture et améliore l’écran végétal qui sépare à l’arrière son entreprise des logements du quartier de la Vallée.

Et en 1994, il organise une opération portes ouvertes complétement inédite pour faire découvrir ses vastes et peu esthétiques locaux aux habitants alentour et donner à ses voisins, pour les rassurer, les informations qu’ils souhaitent sur le fonctionnement de l’entreprise, laquelle dispose à présent d’une agence à Paris, fait vivre 27 personnes, et exporte en direction de l’Europe et de l’Afrique du Sud.

Visite guidée de l’entreprise en 1994 (Document Nord-Eclair)
Photo aérienne de 1998 (Document IGN)

Pendant 10 ans, de 1988 à 1998, l’entreprise dispose donc d’un établissement secondaire dans la région parisienne, à Aubervilliers puis, de fin 1999 à janvier 2005 d’un nouvel établissement secondaire à Roubaix, 105, rue de Lannoy. Mais, pour faire face à son développement, Pinfloc construit en 2001 une nouvelle unité de production, moderne et respectueuse de l’environnement, à Berck-sur-Mer et l’établissement de Hem ferme ses portes.

Pinfloc à Berck-sur-Mer (Document site internet)

En 2007, Marc Planckaert, explique à ce sujet dans le journal « Le Télégramme » : « je disposais d’une vieille usine située à Hem (Nord). Il nous fallait nous mettre aux normes et songer à mieux utiliser l’eau. J’ai même voulu aller plus loin en me disant que j’allais rendre propre l’eau que j’achetais propre…Deux cuves de 50.000 m³ permettent de purifier l’eau. Une fois purifiée, l’eau peut être réutilisée. Nous sommes de gros consommateurs d’eau : le traitement des fibres nécessite 20 à 80 litres d’eau par kilo…Notre autre démarche est aussi de mieux gérer nos besoins en eau. Nous essayons désormais de bien penser son utilisation et ça marche. Avant là où nous avions besoin de 50 m³ nous n’en sommes plus désormais qu’à 35 t m³… Cet engagement écologique a un coût. Je l’ai fait par conviction et pour respecter l’environnement, ainsi que pour assurer la pérennité de mon entreprise quant au respect des normes à venir ».

Photo aérienne de 2004 (Document IGN)

Quelques années plus tard un lotissement privé d’une vingtaine de maisons : le Clos Village, est construit sur l’ancien terrain de l’entreprise au 280 rue Jules Guesde à Hem. Ce lotissement, auquel on accède par une grille située à côté de deux maisons en façade sur rue, est toujours présent de nos jours et il ne subsiste aucune trace de l’ancienne vocation industrielle du terrain de près de 10 hectares.

Photo sur la rue de 2019 et photo aérienne de 2022 (Documents Google Maps)

Centre social des 3 baudets : la Maison de l’Enfance (Suite)

En 1992, le centre social des 3 Baudets connaît une 1ère liquidation judiciaire mais, dans la foulée, l’association nouvelle du centre social des 3 Baudets est créée, reprenant les activités anciennement gérées par la structure liquidée.

Dans le guide pratique « Tout hem en un » de l’an 2000, il apparaît que le Centre Social des 3 Baudets assure encore : l’accompagnement scolaire le soir tous les jours de classe, la garderie périscolaire, les mercredis récréatifs, et la Halte-Garderie « Les Titounets » pour les enfants âgés de 3 mois à 3 ans, 5 jours par semaine.

Le club des aînés, un lieu de rencontre et d’échange, avec organisation de sorties et de jeux de société y est encore actif. Des activités diverses sont organisées pour les adolescents ainsi que des activités sportives pour les jeunes adultes. Y sont également assurés des ateliers couture, dessin et arts plastiques. La bibliothèque met 1500 livres à disposition et 15 séances de cinéma sont organisées chaque année.

Pourtant cette même année, pour des raisons économiques le Centre Social des 3 Baudets et la Halte -Garderie « Les Titounets » ferment leurs portes. La structure, d’abord placée en règlement judiciaire est liquidée par le Tribunal de Commerce, faute de financeurs prêts à assumer le déficit existant, dû à priori à une gestion « hasardeuse ».

Liquidation du Centre social des 3 baudets (Document Nord-Eclair)

Sous l’impulsion d’un certain nombre d’habitants, hostiles à la fermeture définitive de ce lieu de vie collective, des bénévoles hémois y fondent alors l’association Espace de Vie Saint-Exupéry, en avril 2000. Le projet doit être travaillé pour un redémarrage du centre social en début d’année 2001.

Création de la nouvelle association (Document Nord-Eclair)

Cette association a pour but de permettre à nouveau le développement d’activités sociales et familiales dans les quartiers Trois Baudets et Lionderie, avec l’aide de la municipalité et de la CAF de Roubaix-Tourcoing. L’association gère et administre le centre social Espace de Vie Saint-Exupéry dont l’adresse se situe à l’arrière de l’historique Maison de l’Enfance, allée Saint-Exupéry.

Espace de Vie Saint-Exupéry en 2008 (Document Google Maps)

Les activités du Centre Social restent centrés sur les mêmes objectifs:

  • donner aux habitants l’accès aux droits (logement par exemple), à la culture et aux loisirs.

  • faciliter le parcours de soin des habitants en les informant et les orientant mais aussi en proposant des actions de prévention et en promouvant de bonnes pratiques en matière de santé

Logo de l’Espace de Vie (Document site internet)

L’Espace de Vie, c’est également à nouveau, depuis 2002, à la demande pressante des habitants, le Multi-Accueil « Les petits Tambours », accueil régulier et/ou occasionnel d’enfants âgés de 3 mois à 3 ans. L’équipe de professionnelles de la petite enfance y développe un projet décliné autour d’activités motrices, d’activités d’encastrement, de jeux symboliques… où l’enfant se découvre, découvre la collectivité, et adopte progressivement une autonomie plus grande. Les familles sont associées lors de temps enfants-parents tous les mercredis matins.

Les Petits Tambours en 2002 (Document Nord-Eclair)

20 ans plus tard « les Petits Tambours » accueillent toujours des enfants et figurent dans le guide du petit hémois 2021 édité par la municipalité. Un accueil de loisirs à la journée pour enfants de plus de 2 ans y est aussi proposé.

Guide du Petit Hémois 2021 (Document Ville de Hem)
Photos des Petits Tambours (Document Journal des Femmes)

Fonctionne toujours également « L’Envol », lieu d’accueil parents-enfants, qui permet aux parents de partager un moment privilégié avec leurs enfants autour du jeu et d’échanger avec d’autres parents ou futurs parents. En outre le centre social propose du soutien scolaire aux plus grands.

Centre de loisirs et soutien scolaire (Document site internet)

Pourtant, en 2020, dans le cadre du Projet de Rénovation Urbaine, la ville décide de construire un nouvel équipement public au coeur du quartier des 3 Baudets, sur le terrain en schiste, devant l’actuel centre social destiné quant à lui à déménager à la Lionderie (sur l’ancien site d’Okaidi, Impasse Desurmont), mais la ville de Hem précise : «Pour le raser, il va falloir attendre que le nouveau soit construit, soit quelques années encore».

Futur nouveau centre social des 3 Baudets à la Lionderie sur plan (Document Voix du Nord)
Emplacement du futur centre social des 3 baudets (Document Google Maps)

Seul le service petite enfance restera en fonction dans le nouveau bâtiment, d’une surface totale de 500 m², construit de plain pied, qui doit aussi être doté d’une salle de convivialité de 100m² pour les habitants et associations. Il hébergera donc la crèche du centre social « les petits tambours» qui accueille 20 enfants de 0 à 3 ans, dans un nouvel espace moderne, accessible et adapté. Lancé l’été dernier le chantier devrait se terminer en juin 2022.

Chantier de construction en décembre 2021 (Document Facebook Ville de Hem)

Cette construction doit être accompagnée d’un aménagement de la rue Bournazel avec une aire de jeux pour enfants, un espace vert et des stationnements pour les riverains à l’emplacement de la maison de l’enfance qui devrait être rasée.

Photo aérienne en 2020 (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem

Centre social des 3 baudets : la Maison de l’Enfance

C’est en octobre 1950 que s’ouvre la Maison de l’Enfance des 3 Baudets à Hem, au cœur de la Cité CIL érigée dans les années précédentes. Elle est inaugurée le 03 avril 1951 par Pierre Schneiter, ministre de la Santé Publique et de la Population.

La maison au cœur de la Cité CIL des 3 Baudets (Document IGN)
La façade de la maison dans les années 1950 (Document collection privée)

Côté santé publique, il s’agit d’un dispensaire complet, avec visites à domicile, nuit et jour, semaine et dimanche, une consultation de nourrissons et une consultation prénatale. On y pratique les vaccinations et les séances d’ultra violets pour les enfants. Un cabinet médical y est mis à la disposition du médecin contrôleur de la sécurité sociale.

Les soins donnés sont bénévoles pour les assurés sociaux et les bénéficiaires de l’assistance médicale gratuite et on y prête gracieusement des appareils médicaux à ceux qui en ont besoin : pieds à sérum, tente à oxygène, cerceaux de lit, etc

Côté social, on y trouve un bureau de sécurité sociale et une annexe de la caisse d’épargne. Il y a également des permanences de l’association des familles et de l’école des parents. Enfin une assistante sociale s’y trouve à disposition des familles dans le besoin.

Cours ménagers : ici un atelier cuisine en 1957 (Document Nord-Eclair)

On y donne des cours ménagers, notamment pour y préparer un CAP, dans lesquels les jeunes filles s’initient aux petits secrets de la coupe, de la couture, de la cuisine et de la puériculture. Les petites filles y apprennent les rudiments de ce que sera « leur tâche de demain ». Enfin les mères de famille peuvent y parfaire leurs connaissances.

Le coin lecture dans la bibliothèque en 1957 (Document Nord-Eclair)

Il y a aussi les jeudis de loisirs organisés (en1950, le jour de congé scolaire est encore le jeudi). Bricolage, peinture, dessin, modelage et pyrogravure sont proposés aux amateurs, ainsi que solfège, bibliothèque de plusieurs milliers de volumes et cinéma.

Le vaste terrain de loisirs devant la Maison (Document collection privée)

Dans les années 70, le dispensaire de la Maison de l’Enfance des 3 Baudets fonctionne tous les jours de la semaine, matin et soir et ½ heure le matin les dimanches et jours fériés. Des soins à domicile et rayons ultraviolets sont assurés sur indication médicale, ainsi qu’en témoigne le mémento public de Hem concernant le commerce, l’industrie et le tourisme.

Le terrain avant l’aménagement en 1973 (Document Nord-Eclair)

Devant la maison de l’Enfance est aménagé un vaste terrain de loisirs et de sports, afin que les enfants puissent y courir et se défouler. 20 ans plus tard, en 1973, le CIL termine finalement l’aménagement du terrain, en y installant un terrain de basket et de volley et 2 terrains de pétanque, des jeux pour les enfants et des coins de verdure.

Les jeux pour enfants dans le terrain aménagé en 1973 (Document Nord-Eclair)

Le but du Centre Social est également de fédérer les habitants du quartier autour d’événements festifs tels que fêtes de quartier et kermesses. A l’occasion de la kermesse organisée par le centre en 1973, il y a foule et un concert apéritif est animé par la fanfare St Corneille. Les enfants s’ingénient à créer des costumes pour participer à un défilé fort réussi.

La kermesse des 3 baudets et les enfants costumés du défilé en 1973 (Document Nord-Eclair)

Le centre social, dans les années 70, organise également, à l’intention des enfants en vacances, des après-midi de loisirs sous la surveillance de monitrices : courses au trésor, relais au ballon, confection d’oeufs de Pâques dans l’atelier cuisine.

Après-midi récréatif (Document Nord-Eclair)

Vers la fin des années 80 le centre garde sa vocation de santé publique et organise toujours des consultations prénatales et une permanence de planification familiale mais aussi des consultations de nourrissons. Il assure également une garderie périscolaire ainsi qu’une garderie les mercredis et en période de vacances scolaires. Par ailleurs, il propose de l’aide aux devoirs ainsi qu’une bibliothèque. Enfin il anime des ateliers couture et bois, des cours de gymnastique, de yoga et de danse, des clubs féminin, artisanaux et du 3ème âge.

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et à Philippe Waret

Nicole Coquempot

En juin 1962, Nicole Coquempot, née Delgery, s’immatricule au registre du commerce et des sociétés pour exploiter une boutique de mercerie, bonneterie, lingerie, confection , au 43 rue des Ecoles à Hem dans une petite maison en front à rue, à priori à usage d’habitation jusqu’alors puisqu’aucun autre commerce n’y est répertorié auparavant dans le Ravet-Anceau.

Publicité (Document Historihem)

A l’époque la boutique est surtout axée sur les articles de layette même si la publicité fait également état de lingerie, bonneterie et chemiserie. Dans le courant des années 60, Nicole Coquempot se recentre sur la clientèle féminine à qui elle propose robes, bonneterie, jupes et chemisiers. Elle fait de la publicité dans Nord-Eclair à chaque occasion festive, telle que les fêtes de Pâques.

Publicité (Document Nord-Eclair)

Instantané de Mémoire : « Lorsque mes parents emménagent en juillet 1968 dans le lotissement construit face à l’église Saint-Joseph, je découvre avec plaisir la rue des Ecoles. Il y a Lobry bien sûr et juste en face la boutique de Nicole Coquempot où ma mère va acheter ses bas, combinaisons et chemises de nuit entre autres. J’ai 10 ans et je suis fascinée par cette boutique qui propose des centaines d’articles bien rangés dans une surface très exigüe. Quant à Nicole j’en garde le souvenir d’une femme très chic et raffinée, parfumée et pomponnée et tellement agréable et souriante ! Elle fait naître chez moi la vocation de tenir un jour une boutique comme la sienne… »

Dans les années 1970, la boutique est de plus en plus connue. Le quartier est animé et des cortèges sillonnent la rue les jours de fête. Nicole Coquempot apporte toujours un grand soin à l’agencement de sa vitrine régulièrement renouvelée, toujours très colorée et attrayante.

Cortège devant la boutique dont le pare-soleil est déployé (Document site Tu sais que t’es un vrai hémois si tu connais…)
La vitrine colorée et attrayante de la boutique (Document Historihem)

Nicole Coquempot distribue des marques prestigieuses telles que Petit-Bateau, Le Bourget, et surtout Vitos dont elles devient l’ambassadrice Hémoise, recevant même une distinction professionnelle de la part de Francis Vignes, président des maîtres lingers de France, ordre fondé par cette marque, et au sein duquel elle est admise en qualité de Maître Linger.

Distinction professionnelle (Document Historihem)

En 1925, en effet, la marque Vitos a été déposée par la famille Vitoux et Vitos est vite devenue l’une des premières marques de vêtements prêt-à-porter en France. Se sont enchaînées les créations coup sur coup des départements lingerie en tricot (bas sans couture) puis pull-over.

A la fin des années 1950, la société, introduite en bourse, a lancé du coupé cousu, puis une collection haute-Couture et à la moitié des années 1970 : des chemisiers, jupes et pantalons. C’est une marque de luxe particulièrement prestigieuse et renommée dont Nicole Coquempot fait état sur chacune de ses publicités.

Publicités de 1971 et 1975 (Document Nord-Eclair)

En 1975, en tant que Vitos-Club, elle fait participer ses clientes à un jeu concours national : « Douces rencontres de Vitos », et 37 clientes ravies se voient remettre une montre de couleur coordonnée aux ensembles Vitos dans les teintes modes de l’automne 1975.

Remise de cadeaux en 1975 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 80, toujours répertoriée en tant que Vitos Club elle ajoute la prestigieuse marque de sous-vêtements roubaisienne Boléro à la lingerie qu’elle propose à sa clientèle. Elle met toujours en avant sa qualité de maître linger pour attirer l’attention sur la qualité des produits proposés dans sa boutique.

Publicités des années 1980 (Documents Nord-Eclair et Office Municipal d’Information de Hem)

En 1995, elle se confie à Nord-Eclair, dans la rubrique : Et vous qu’en pensez-vous, sur sa vie à Hem. « Je n’ai jamais regretté d’avoir pris la boutique. C’est familial, je connais mes clientes. Pour la plupart je les ai vues grandir. C’est un métier de contact où l’on ne s’ennuie pas. »

Photo de Nicole Coquempot (Document Nord-Eclair)

Nicole Coquempot ferme son commerce après une quarantaine d’années d’activité en 1998. Depuis la maison qui l’abritait a repris un usage d’habitation et plus rien ne laisse deviner aujourd’hui la boutique florissante qu’elle y a géré pendant toutes ces années.

Maison d’habitation en 2020 (Document Google Maps)

Pour autant cette femme active ne se résout pas à ne rien faire et dès 2001 elle prend le relais de son mari Daniel au conseil municipal. Ensuite, de 2008 à 2014, elle exerce la fonction d’adjointe au maire en charge des relations avec la population. A ce titre entrent dans sa fonction le suivi des services de l’état civil ainsi que le soin de représenter la ville dans les cérémonies protocolaires.

Francis Vercamer et le conseil municipal lui rendent donc un vibrant hommage au moment de son décès en 2016 pour avoir toujours cherché à se rendre utile à la collectivité, non seulement au sein de la municipalité mais aussi en tant que bénévole d‘ Oxyg’Hem, l’événement sportif de la ville de Hem depuis 1997, chaque Jeudi de l’Ascension.

Photos de Nicole Coquempot (Document la Voix du Nord)

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem

Hem-Service

En 1960, la rue des Ecoles à Hem est encore très champêtre et l’église Saint-Joseph est un point de repère. C’est peut-être la raison pour laquelle la publicité de 1961, parue dans le journal Nord-Eclair, pour le magasin Hem-Service spécifie que celui-ci se trouve face à l’église, ce qui n’est, de fait, pas du tout le cas comme en témoigne la vue aérienne de 1962 sur laquelle il apparaît pour la 1ère fois.

Vues aériennes comparatives de 1957 et 1962 (Documents IGN)

En fait le magasin est situé au coin de la rue des Ecoles et de la rue de la Lionderie, ce qui explique qu’au gré des annuaires Ravet-Anceau, on le retrouve répertorié tantôt dans l’une des rues, tantôt dans l’autre. Il s’agit en fait d’une petite supérette plus que d’une alimentation générale mais avec un rayon frais particulièrement bien achalandé.

Publicités de l’année 1961 puis 1963 (Documents Nord-Eclair)

A l’époque le commerce fonctionne sous l’enseigne UNA. Instantané de mémoire :

« Quand j’emménage en 1968 avec mes parents dans le tout nouveau lotissement en face de l’église Saint-Joseph, l’existence de cette petite surface de proximité est un véritable atout. Si nous prenons l’habitude d’aller à Auchan Roubaix-Motte pour les provisions mensuelles le magasin du coin de la rue sert quotidiennement à faire l’appoint. Enfant je vais à UNA pour un oui ou pour un non… »

Photo d’un porte-clef publicitaire du magasin (Document collection privée)

Au fil des ans, bien que l’annuaire fasse toujours mention des Ets Hem-Service, l’enseigne change : UNA, Proxi, 8 à 8. Quant aux publicités elles ne font pas état des enseignes tout au moins dans les années 1960 et 1970 mais continuent à mentionner Hem-Service, comme cette publicité pour les fêtes de fin d’année.

Publicité Hem-Service de 1976 (Document Nord-Eclair)

Il en est de même pour les années 1970-1990, où l’accent est mis surtout sur les produits frais, l’argumentaire étant « Votre frais marché, le vrai spécialiste de l’alimentation » et la devise : « qualité, fraîcheur, prix ». La difficulté pour le commerce de proximité étant principalement la concurrence des grandes surfaces il convient en effet de mettre ses atouts en avant.

Publicités Hem-Service (Documents Historihem)

Comme les photos aériennes le démontrent, la rue des Ecoles a vu sa population se densifier au fur et à mesure que les champs qui la bordaient disparaissaient et la clientèle ne manque pas. Il faut juste trouver les bons arguments pour la faire venir et, sachant que les supermarchés sont proches (Roubaix et Leers), le meilleur moyen consiste à se démarquer des grandes enseignes comme Auchan.

Photos aériennes de 1969 et 1989 (Documents IGN)

Dans les années 1980, c’est l’enseigne Nova puis 8 à 8 qui s’affiche au fronton du magasin Hem-Service et là encore l’accent est mis sur les produits frais dans la publicité en l’occurrence le rayon boucherie. A cette époque ce ne sont plus les porte-clefs qui sont distribués mais des objets utiles pour la rentrée des classes des enfants tels que des règles plates.

Publicités Nova de l’année 1980 (Documents Nord-Eclair)
Publicité et objet publicitaire des années 80 (Documents Nord-Eclair et collection privée)

Puis, en janvier 1995, la presse locale annonce la réouverture du magasin, fermé depuis plusieurs mois, pour la mi-février. Les frères Maméche, possédant déjà plusieurs magasins sur Roubaix, tiennent à ouvrir une supérette de qualité privilégiant le frais, avec boulangerie, boucherie et fruits et légumes à arrivage journalier.

Le magasin fermé et sa réouverture en tant que Prosma (Documents Nord-Eclair)

Le nouveau magasin qui devait se nommer Prima se pare de l’enseigne Prosma. Il s’agit toujours d’un commerce d’alimentation générale/ épicerie à titre principal mais l’appellation Hem-Service a disparu. La cessation d’activité du commerce a lieu officiellement en 2013. Pourtant sur les photos de 2008 l’enseigne Prosma n’y figure plus et la vitrine laisse entrevoir des articles de bazar.

Photo du magasin Prosma puis du même magasin en 2008 (Document collection privée et Google Maps)

Enfin, en 2016, Karim Hamidi y crée une entreprise de restauration rapide à l’enseigne Point Thé qui est radiée l’année suivante. L’entreprise est alors reprise par Smail Benkouider et conserve la même dénomination commerciale et la même activité jusqu’à sa cessation fin 2020.

Photos du Point Thé en activité et en 2019 (Document Google Maps)

A ce jour il n’existe plus aucune activité dans cet établissement autrefois essentiel à la vie du quartier des Trois-Baudets/Lionderie.

Photos de l’ancien établissement en 2021 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Théâtre de l’Aventure

Instantané de Mémoire :« A mon arrivée à Hem en 1968, dans le nouveau lotissement qui fait face à l’église St Joseph, rue des Ecoles, il n’existe pas de construction immédiatement à côté de l’église en front à rue. Seules des herbes folles envahissent le terrain qui jouxte l’école Jules Ferry-Paul Bert ».

Vue Aérienne de la rue des Ecoles en 1969 (Document IGN)

Jean Maurice Boudeulle, animateur socio-culturel sur le quartier de la Lionderie, raconte dans une brochure éditée en 2018 et contant les petites et grandes histoires des quartiers de la Lionderie et des Trois Baudets, comment il a commencé, en lien avec les animateurs d’autres quartiers, à développer des ateliers pour enfants et notamment pour les initier au théâtre.

Il explique que « le théâtre à l’Antenne c’était 2 fois par semaine en moyenne, du théâtre forum pour reprendre des scènes du quotidien, simuler des procès au tribunal »

C’est dans une suite logique qu’un premier festival de théâtre voit le jour à Hem en 1982. Comme quelques autres qui suivront, il a l’allure d’un concours. Douze troupes théâtrales s’inscrivent pour venir « s’affronter » devant un jury composé d’enfants et d’adultes.

En juillet 1983, après la réussite du second festival, à la demande de l’office culturel d’animation hémois, un poste de permanent à l’action culturelle est créé à la Mairie de Hem. Jean Maurice Boudeulle est nommé à ce poste.

Jean-Maurice Boudeulle (Document l’Aventure)

Il organise des ateliers théâtre dans les classes primaires avec les instituteurs volontaires. Mais il n’a pas de salle attitrée pour ces activités. Peu à peu les préfabriqués de l’école Jules Ferry qui ne servent plus deviennent le QG du théâtre.

En 1985, une tournée en Avignon est organisée, 30 enfants hémois, de 13 à 16 ans, partent en camionnette, durant 3 semaines afin de vivre ensemble autour du théâtre. D’autres tournées suivront. L’association : «l’Aventure» naît en 1986. En 1990, les préfabriqués de l’école sont démolis et l’Aventure déménage temporairement rue de la Vallée dans les anciens locaux de l’entreprise Jydé.

Logo de la Compagnie Théâtrale (Document l’Aventure)

Reste à bâtir un local permettant de concrétiser le travail déjà en cours depuis près de 10 ans en permettant aux jeunes désireux de s’investir dans l’activité théâtrale de pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Le chantier de construction commence en 1990, entre l’église St Joseph et l’école Jules Ferry-Paul Bert, et ce n’est qu’en novembre 1991, cela fait plus de 30 ans, que l’Atelier Théâtre L’Aventure est inauguré.

Pose de la 1ère pierre en 1990 (Document Nord-Eclair)
Fin de chantier en 1991 (Document collection privée)

C’est un lieu d’accueil de compagnies amateurs ou professionnelles, d’initiation au théâtre sous toutes ses formes grâce aux ateliers enfants et adultes, de création et de représentation de spectacles réalisés par la compagnie et d’autres qu’elle invite.

Logo de l’Atelier Théâtre (Document l’Aventure)

Instantané de mémoire :«  Ma fille fait partie de l’atelier théâtre enfants pendant une année scolaire et même si sa timidité l’empêche de renouveler l’expérience les années suivantes elle aura toujours plaisir ensuite à nous emmener aux spectacles de ses camarades dans une salle chaleureuse mais malheureusement trop petite pour contenir tous les spectateurs ».

L’atelier Théâtre (Collection Privée)

Très vite pourtant, en effet, principalement en raison du succès remporté par l’Atelier, celui-ci s’avère trop exigu et en 2005, l’Atelier théâtre bénéficie de travaux d’extension, venant ajouter à la salle de répétitions et la salle de spectacles, un espace régie, décors et accessoires, ainsi que deux loges équipées. La salle de spectacles peut alors accueillir 84 personnes.

Aujourd’hui Jean-Maurice Boudeulle a cessé de diriger l’atelier qu’il gérait depuis sa fondation et c’est une femme, Céline Liagre, qui en a pris la direction.

Le but reste le même à savoir :

Favoriser l’éveil de la personnalité au travers de toutes activités artistiques.

Promouvoir la création théâtrale, vidéo et musicale, tant en milieu scolaire qu’associatif, sur l’ensemble de la région.

Et depuis 2013 : Promouvoir et organiser des actions de formation professionnelle à destination de différents publics.

Photo aérienne de la rue des Ecoles en 2020 (Document Google Maps)

Remerciements à la Ville de Hem, l’Association Historihem.

Robert Jonckheere : l’Observatoire de Hem (suite)

Dès la 3ème semaine d’Août 1914, les astronomes de l’observatoire de Hem entendent tonner le canon presque chaque jour. Bientôt les troupes allemandes envahissent la région. Ayant mis sa femme et ses enfants à l’abri en Angleterre, Robert compte regagner son observatoire mais celui-ci, de même que l’entreprise familiale, est occupé par les allemands, qui vont y installer un casino restaurant.

Observatoire occupé par les allemands (documents collection privée)

Il s’ exile alors lui aussi en Angleterre, pour la durée de la guerre, et se trouve rattaché au service d’optique de l’arsenal royal à Woolwich, passant ses nuits à l’observatoire royal de Greenwich.

Robert en exil à Woolwich (document JC Thorel)

De retour en France en 1919, il découvre les déprédations commises par l’armée d’occupation dans son observatoire et l’entreprise familiale :

– dans l’observatoire : le vol des pièces de précision et des instruments d’astronomie, la disparition des livres de la bibliothèque, le saccage de la maison d’habitation, la détérioration du matériel trop lourd pour être emporté et le sabotage de la coupole ainsi que la destruction du poste météorologique. Il doit donc commencer la remise en état de son observatoire qui sera longue et coûteuse…

-dans l’entreprise textile : le pillage des tissus et étoffes par les allemands mais également des machines et de l’outillage de l’usine. Son frère aîné, successeur de son père en 1910 à la direction de celle-ci, revenu diminué de la guerre et n’étant plus apte à remplir cette fonction, Robert en héritera à son tour en 1922.

Robert Jonckheere (Document association Jonckheere)

Robert est dès lors très pris par ses affaires s’occupant à la fois de la gestion de l’entreprise familiale et de la restauration de son observatoire pour laquelle il recherche activement des financements. Toute cette activité ne lui laisse que peu de temps à consacrer à sa famille et la séparation des époux intervient en 1926.

Le divorce est acté en 1927. Cette même année, le gouvernement anglais interdit l’importation de draperies étrangères et Robert, qui commerçait beaucoup avec ce pays, reste avec tout son stock de draperies de style anglais et se voit contraint de déposer le bilan de son entreprise de filature.

Il rencontre également trop de difficultés financières pour pouvoir continuer à supporter les frais et charges occasionnés par un observatoire et son personnel.

Après avoir vendu quelques parcelles de terrain de l’autre coté du boulevard, il se résout donc à vendre son matériel scientifique à l’université de Lille.

lunette astronomique à Hem en 1909 puis à Lille 100 ans plus tard (Documents association Jonckheere)

Le 12 décembre 1928, après de longs pourparlers avec celle-ci, le journal de Roubaix annonce le transfert de l’observatoire de Hem à Lille. Ce n’est pourtant qu’en 1929 que la vente est enfin conclue, Robert ayant tenté jusqu’au bout, sans succès, d’obtenir la direction du futur observatoire. L’observatoire astronomique disparaissant de Hem le boulevard qui portait son nom devient le boulevard Gustave Delory, du nom du député du Nord.

transfert de l’observatoire de Hem à Lille (document journal de Roubaix)
vente du terrain (document JC Thorel)

La propriété est quant à elle mise en vente dès le mois de mars 1930 en plusieurs parcelles. C’est Pierre Verspieren, assureur, qui se porte acquéreur de la 1ère parcelle, « en nature de jardin bien planté », avant de la revendre, en 1945, à Pierre Motte père. Quant à la 2ème parcelle comprenant la maison d’un étage avec terrasse, l’habitation du concierge et les chambres des observateurs, les bureaux et la bibliothèque un garage et les restes de la coupole, en partie démolie pour en extraire la lunette, elle est achetée par des épiciers grossistes en 1935 et revendue à Pierre Motte en 1948.

C’est dans les années 50 que les nouveaux propriétaires agrandissent le rez-de-chaussée et surélèvent la maison d’un étage la rendant telle qu’elle est actuellement toujours visible au n°80 du boulevard, devenu Clémenceau dans les années 30.

photos années 1950 et 2020 (documents collection privée et google maps)

Plus rien ne retenant Robert dans la région lilloise, il quitte celle-ci pour s’installer dans le sud, à Marseille où, après avoir exercé de multiples métiers, il obtient enfin, en mars 1930, un poste à l’observatoire de Marseille, où il travaillera jusqu’en 1962, année de sa retraite. Quand il décédera, en 1974, il laissera derrière lui, à Lille, une des plus importantes lunettes encore en service en France.

Pendant ce temps, en 1933, l’observatoire de Lille sort de terre rue du Faubourg de Douai, construit dans un style très semblable à celui de Hem ; il est inauguré fin 1934.

observatoire de Lille 1934 (Documents association Jonckheere)

La même année celui de Hem est pratiquement rasé en dehors des bâtiments d’habitation : l’ancienne habitation de Robert et les 2 garages au 80, et la maison du concierge au 82.

Le reste du terrain est devenu un lotissement de maisons bourgeoises dont l’accès est baptisé Allée de l’Observatoire.

Vue aérienne actuelle (Document Google maps)

Remerciements à Mr Jean-Claude Thorel, auteur du livre : Le ciel d’une vie- Robert Jonckheere.

Remerciements à l’Association Jonckheere pour son document : Extrait des premières publications de l’observatoire de Hem, édité en 2009.

Robert Jonckheere : l’Observatoire de Hem

Fils de Louis Jonckeere, dirigeant d’une manufacture de lainage et draperie, rue Pasteur à Roubaix, Robert Jonckeere vient au monde, en 1888, dans cette même ville. Comme son frère aîné il effectue, au début des années 1900, un séjour en Angleterre pour y apprendre la langue et y suivre des cours à l’Ecole Polytechnique et à l’Université de Londres ; c’est dans ce pays qu’il rencontre sa future épouse Thirza.

Robert en 1904 (document JC Thorel)

En 1904, son père le rappelle en France pour commencer à l’initier à ses affaires. Cependant son travail à la manufacture ne le passionne pas même s’il a réussi à obtenir la confiance de son père pour représenter l’entreprise en Angleterre où il peut ainsi revoir fréquemment sa bien-aimée, tout en prospectant de nouveaux clients.

Il commence alors à passer ses nuits à observer les étoiles, d’abord avec un verre de monocle et une loupe avant de se procurer des lunettes de plus en plus puissantes, et se plonge dans la lecture de nombreux ouvrages traitant d astronomie. Puis il s’inscrit à différentes sociétés astronomiques : de France, d’Angleterre et même des Etats-Unis.

Domicilié chez ses parents, au 137 boulevard de Paris à Roubaix, il parvient à persuader son père de lui faire construire un petit observatoire sur le toit de la maison familiale, au dessus de sa chambre, opérationnel pour les fêtes de Noël de 1905 et appelé Stella, qui lui permet de se lancer, dès 1906, dans des observations astronomiques assidues et méticuleuses.

Robert devant son observatoire Stella (document JC Thorel)

En guise de cadeau paternel, pour sa majorité, il envisage la construction d’un véritable observatoire et finit par trouver le site idéal, de près de 2 ha, au lieu dit La Citadelle, hameau des 3 baudets à Hem, sur une petite colline de 53m d’altitude,lieu où avait été installé par l’armée, à la fin du siècle précédent, le Fort de la Lionderie.

Observatoire route d’Hem (document collection privée)

Ce terrain est acheté par parcelles à des cultivateurs de Hem en janvier 1908. L’accès se situe sur un boulevard ouvert à la circulation en 1902 et qui prendra le nom de boulevard de l’Observatoire. En Août 1908, tandis que les travaux se poursuivent, Robert épouse Thirza et les époux s’installent dans leur logement de l’Observatoire en Mai 1909.

Mariage de Robert et Thirza en 1908 (document JC Thorel)
Leur habitation au centre de la photo (document collection privée)

A l’entrée du terrain se trouve la conciergerie et, au 1er étage, le logement pour les aides attachés à l’Observatoire. Puis sont construits 3 corps de bâtiments reliés par des galeries :

Plan (document JC Thorel)

-au centre la grande coupole d’un diamètre intérieur de 8,24 m

-au sud la salle de la lunette méridienne

-au nord l’appartement de la famille, les bureaux et la bibliothèque,

soit un total de 57 mètres de façade

-un peu plus au Nord le chalet de météorologie

Robert sur sa chaise d’observation dans la coupole (document collection privée)
la lunette méridienne (document JC Thorel)
la bibliothèque riche de plus d’un millier de volumes (document JC Thorel)

En1909, Robert effectue ses premières mesures et, pour publier rapidement ses mesures et découvertes, il crée le Journal Astronomique de l’Observatoire de Hem dont le numéro 1 paraît dès septembre 1909.

Journal Astronomique 1909 (Document association Jonckheere)

Les observations météorologiques commencent en mai 1909 et un Journal Météorologique de l’Observatoire de Hem est créé en 1910 dont le 1er numéro paraît début 1911.

Journal Météorologique 1911 (Document association Jonckheere)

Le 22 Mai 1910, Robert est le 1er à retrouver la comète de Halley dans le ciel de la région : « astre chevelu qui donne l’impression d’une nébulosité vague et inconsistante, suivie d’une longue queue » ; sa publication contribue ainsi à la campagne d’information destinée à contrer une presse sensationnaliste annonçant la fin du monde.

Comète de Halley 1910 et Annonce fin du monde 1910 (document JC Thorel)

En 1911, il reçoit la visite de personnalités et d’astronomes éminents tel que Mr Benjamin Baillaud, directeur de l’observatoire de Paris, et Georges Lyon, recteur de l’académie de Lille, qui par leurs rapports extrêmement favorables sur ses travaux, lui font augmenter la subvention départementale dont il bénéficie.

Robert et Benjamin Baillaud 1911 (document JC Thorel)

A suivre…

Remerciements à Mr Jean-Claude Thorel, auteur du livre : Le ciel d’une vie- Robert Jonckheere ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Remerciements à l’Association Jonckheere pour son document : Extrait des premières publications de l’observatoire de Hem, édité en 2009.