Relais Masséna

En Aout 1965, un permis de démolir est accordé pour 4 maisons, rue de Lannoy à Roubaix ( les numéros 326 328 330 et 332 ) pour raisons de vétusté. Sur la photo ci-dessous, on distingue les 4 maisons du 326 au 332 de la rue de Lannoy. A droite, au 322 324 se trouve le siège des Ets Carrez Bernard, et à gauche au 334, l’électricien Alfred Derly.

les 4 maisons du 326 au 332 ( document archives municipales)

André Carrez, PDG des Ets Carrez Bernard, au 322 324 rue de Lannoy est grossiste en épicerie, torréfacteur de cafés et fabricant de savons mous ( voir sur notre site un article précédemment édité et intitulé Carrez Bernard ).

Publicité Carrez Bernard ( document collection privée )

En mai 1966, l’emplacement des 4 maisonnettes étant libre, André Carrez dépose une demande pour construire une station-service de distribution de carburants, sur ce terrain de 450 m2 lui appartenant.

plan de la station ( document archives municipales)

Le cabinet d’architectes J. Delrue à Lille, dresse les plans de la station essence avec un bâtiment de 142 m2 abritant : une piste pour le graissage des véhicules, une piste pour le lavage, le bureau d’accueil pour la clientèle, le dépôt du compresseur, l’atelier et une pièce vestiaire-toilettes pour le personnel.

publicité ouverture du Relais Masséna ( document Nord Eclair )

Les travaux se terminent, la station-essence ouvre alors en 1969 sous l’enseigne « Relais Masséna ». C’est une station ultra-moderne qui propose un matériel performant pour les vidanges, les réparations de pneus, l’équilibrage des roues, mais surtout le fleuron de la station, c’est le bloc-lavage qui permet à tout usager de faire laver son véhicule sans en sortir, dans un temps record de 2 minutes et pour la modique somme de 5 Francs. Trois pompes distribuent les carburants ; super, essence et gas-oil, et une pompe pour le 2 temps est à disposition des clients, en libre service. M Waquier et sa fille accueillent chaleureusement les clients. Leur sourire sympathique et leur compétence permettent de répondre aux plus grandes exigences de la clientèle.

En 1979 la direction décide de faire construire un auvent de 40 m2 ( de 6m sur 7m ) au dessus des 3 pompes, de façon à abriter la clientèle des intempéries surtout par temps pluvieux.

Auvent ( document archives municipales)

La station essence ferme au milieu des années 1980, et en 1991 l’entreprise de Pompes Funèbres Lemaitre qui se trouve juste en face au 271 rue de Lannoy, reprend le terrain et décide de construire un funérarium pour pouvoir agrandir et développer son activité.

L’architecte Jean Michel Vergne de Croix établit le projet : le bâtiment de l’ancienne station essence est conservé, les 3 pompes de distribution de carburants sont supprimées et remplacées par la construction du funérarium accolé à l’ancien bâtiment, avec deux salons funéraires.

( documents archives municipales)

photo BT et publicité Nord Eclair

En moins de 3 décennies, quatre maisons ont disparues, remplacées par une station essence, puis par un funérarium.

Document PF Lemaitre

Remerciements aux archives municipales.

Agnès Joye ( suite )

A la fin des années 1960, l’entreprise devient importante, mais reste surtout une affaire familiale. Agnès, Jean, son fils, et Paul, son beau fils, arrivent à établir une très bonne ambiance de travail, dans un climat de respect du personnel. Tous les ans, à fin Juillet, c’est la fête des couturières à la Sainte Anne. Agnès invite l’ensemble du personnel à fêter cet événement dans sa grande maison de Cysoing pour un repas amical.

Photographies d’Agnès dans son magasin et son fils Jean ( documents J. Kahla )

Les moeurs évoluent en 1968, le M.L.F, Mouvement de Libération des Femmes, se crée. Ce groupement féministe autonome revendique la libre disposition du corps des femmes. Ce mouvement est en grande partie à l’origine de la chute vertigineuse des ventes de gaines chez tous les fabricants. Agnès Joye n’est pas épargnée mais, fort heureusement elle <dispose de sa gamme lingerie. Toujours prête à rebondir, elle développe sa gamme de produits « Jeune Fille ».

document publicité Nord Eclair

En 1967, Paul Kahla devient Président du groupement Elégance et Distinction. Elu par les membres, il remplace Jacques Bonnehon de la « Maison du Livre », qui devient vice-président. Paul est réélu président, l’année suivante en 1968

Paul Kahla à droite sur la photo et Jacques Bonnehon à gauche ( document publicité Nord Eclair )

Au début des années 1970, Agnès Joye commence à avoir quelques problèmes de santé, mais continue de gérer son commerce et ce, jusqu’en Juin 1975. Elle décède un mois plus tard, au mois de Juillet de cette même année dans sa maison de Cysoing, à l’âge de 74 ans, après plus de 40 années de commerce de lingerie. Les éloges sont nombreux sur sa compétence et sa ténacité qui lui ont valu l’estime et le respect de tous.

Décès d’Agnès ( document Nord Eclair )

Jean Joye et Paul Kahla continuent l’activité du commerce, toujours dans une ambiance familiale et gardent bien sûr l’enseigne  »Agnès Joye », bien connue des roubaisiens. Dans les années 1970, ils développent une nouvelle gamme de lingerie : les produits Warner fabriqués aux Etats Unis : un éventail de produits légers et de grand maintien, des produits d’excellente qualité à un prix raisonnable. La « Quinzaine Warner » est une période importante pour les affaires, car le magasin propose des promotions dynamiques pendant deux semaines.

Publicités Warner ( documents publicité Nord Eclair )

En 1971, le magasin remporte le premier prix du concours de la plus belle vitrine à l’occasion des fêtes de fin d’année.

La vitrine ( document Nord Eclair )

Jean et Paul souhaitent moderniser l’image de l’enseigne et n’hésitent pas à faire appel à des mannequins célèbres comme Laure Moutoussamy, en 1972, pour la quinzaine Warner ainsi que pour la quinzaine des maillots de bain. Ils organisent également des défilés de mode au Colisée de la rue de l’Epeule.

document publicité Nord Eclair

A la fin des années 1970, la situation économique se dégrade, le niveau d’affaires baisse assez fortement, Paul Kahla décide donc de se retirer de l’entreprise en fin d’année 1974. Jean Joye continue seul l’activité avec l’aide de sa fidèle secrétaire Mme Crohin. Jean prend sa retraite au milieu des années 1980 et ferme définitivement le magasin.

En 1986, deux commerçants reprennent les deux parties du rez de chaussée : Francine Caron propose des chaussures avec son enseigne « Asphalte » et Josy Cau des tissus et de la mercerie sous l’enseigne « Marion ».

document collection privée

Dans les années 1990, 2000 et 2010 de nombreuses enseignes se succèdent dans ces 2 boutiques ; aujourd’hui, Fanny L. institut Bio et MS créations, vêtements de cérémonies

La façade en 2017 et en 2022 ( photos BT )

Remerciements à Jean Kahla ainsi qu’aux archives municipales.

7 place de la Gare

En Septembre 1903, Emile Van Belleghem transforme sa maison, située 7 place de la Gare à Roubaix, en hôtel, en construisant deux étages. Sa décision est judicieuse car l’immeuble se trouve juste en face de la gare, côté droit ; les voyageurs arrivant en train à Roubaix sont donc sur place immédiatement.

document collection privée

Le nom choisi pour son établissement est : Grand Hôtel-Restaurant d’Isly. L’enseigne provient certainement de la rivière Isly, d’Afrique du Nord, au bord de laquelle le maréchal Bugeaud remporte une victoire, en 1844, sur les cavaliers du sultan marocain.

L’hôtel ouvre en 1904 : les chambres neuves aux étages sont superbement bien meublées et le restaurant est situé au rez de chaussée. Des salons de réception sont mis à disposition de la clientèle pour les noces et banquets, ainsi qu’une salle de billard.

document collection privée

Le Grand Hôtel d’Isly est repris ensuite par Arthur Masclet et dans les années 1910 par G. Paris. Ce dernier organise des apéritifs-concerts.

documents collection privée

Pendant la première guerre mondiale, l’hôtel est réquisitionné par l’armée allemande et devient une caserne pour les officiers et soldats.

document collection privée

Dans les années 1920, l’immeuble est transformé en commerce de tissus, tenu par R. Ladreyt en 1928, puis par Léon Thieffry dans les années 1930. Ce dernier se spécialise en tissus, draperies et lainages.

document collection privée

Léon Thieffry partage ensuite ce bâtiment avec Marcel Guilbert, grossiste en fournitures de bureau, dans les années 1940 1950. Marcel Guilbert propose une gamme complète d’articles de papeterie, est dépositaire de grandes marques dont « 3m Scotch » et vend des meubles métalliques de bureaux.

document collection privée

Marcel Guilbert décide en 1963 de modifier sa façade. Il connait une expansion importante, il quittera la région à la fin des années 1960 pour s’installer dans la Zone Industrielle de Senlis dans l’Oise, pour devenir un des plus gros fournituristes de France.

document archives municipales

Entre 1968 et 1972, l’immeuble reste inoccupé. En 1972, Paul Najberg s’y installe. Paul est tailleur, installé au 8 rue Royale à Lille et s’approvisionne en tissus à Roubaix dans les nombreuses usines textiles. Paul livre également ses tissus à de nombreux confectionneurs installés sur la région parisienne.

Cette activité de négoce de tissus étant devenue de plus en plus importante, il décide donc, en 1972, d’ouvrir son magasin au n° 7 place de la gare à Roubaix. Paul Najbert, très connu des nombreux fabricants de tissus de la ville, achète principalement des seconds choix et des fins de série. Les usines sont encore si nombreuses à Roubaix qu’il lui faut plusieurs jours pour toutes les visiter.

document archives municipales

Dans les années 1980 1990, les fils de Paul Najberg, Daniel et Serge, sont appelés à travailler dans l’entreprise familiale. Serge s’occupe de l’achat et de la vente des tissus, tandis que Daniel s’occupe de la bonne gestion de l’entreprise. Après le décès de Paul, ses deux garçons continuent à faire vivre l’entreprise en tant que négociants grossistes jusqu’à la fin des années 1990.

Daniel Najberg ( document Nord Eclair )

Le bâtiment du 7 place de la gare reste ensuite inoccupé quelques temps, puis deux agences d’intérim vont se succéder dans les locaux : Vedior Bis et Randstadt.

document google Maps

C’est en 2010, que Marie Najberg, la petite fille de Paul, décide de renouer avec cet héritage familial. Lors de la première édition du Marché aux Tissus, organisé par l’office de Tourisme de Roubaix, Marie et son père Daniel, décident de vendre des coupons de l’entreprise familiale. C’est le déclic : ils prennent conscience du besoin des particuliers de se fournir en tissus à Roubaix.

Marie et Nicolas Nieto ( document Nord Eclair )

Marie et son époux Nicolas Nieto vont au bout de leurs idées et ouvrent alors une boutique de tissus à destination des particuliers. L’aventure commence dans les anciens locaux du magasin de chaussures Papillon Bonte au 6 et 8 avenue Jean Lebas à Roubaix, avec leur enseigne « Aux Tissus de Roubaix ».

Le 6 8 avenue Jean lebas ( document google Maps )

Puis très vite, le succès aidant, et se trouvant très à l’étroit, Marie Nieto décide de transférer son commerce au bout de l’avenue Jean Lebas, dans un autre établissement au 7 place de la Gare en 2014. C’est une adresse qui n’a pas été choisie par hasard puisque, dans ces mêmes locaux, son grand-père Paul tenait son point de vente de tissus. Cela fait maintenant presque 10 années, que Marie gère avec réussite, son magasin de tissus en gros.

Aux Tissus de Roubaix, 7 place de la gare ( photo BT )

L’immeuble du 7 place de la Gare existe depuis maintenant 12 décennies, a été occupé par de nombreux commerçants et entreprises, et a toujours été bien entretenu. On y retrouve encore, au niveau du toit, la structure métallique qui soutenait la balustrade, les 4 piliers et l’enseigne d’origine du Grand Hôtel d’Isly.

photo montage BT

Remerciements aux archives municipales

Agnès Joye

Agnès Joye naît en Belgique en 1900 et sa sœur cadette, Anaïs en 1903. Toutes deux, très jeunes apprennent le décès de leur père pendant la première guerre mondiale. Elles sont dans un réel besoin mais, passionnées par la couture et ambitieuses, elles décident de créer leur petite entreprise de fabrication de corsets, très en vogue à l’époque dans les années 1920.

Leur compétence dans le domaine de la création et de la production amène le succès très rapidement. Les deux sœurs ouvrent alors un magasin, au 27 rue de la Gare à Roubaix au début des années 1930.

le bâtiment dans les années 1980, entre le Crédit Lyonnais et les tissus Hallynck ( document archives municipales )

Le bâtiment choisi est magnifique et très vaste, sur un terrain de 154 m2, sur 5 niveaux, soit près de 800 m2. Une grand-porte centrale sépare deux magasins latéraux, l’un d’eux occupé par le commerce de confection pour dames de Mlle Varlet, l’autre par Agnès et Anaïs Joye qui aménagent par ailleurs leur atelier de fabrication à l’étage. Anaïs ouvre ensuite un deuxième magasin à Lille, au 42 rue Nationale, juste en face du « Printemps », auquel elle se consacre pleinement.

Ce sont deux femmes de communication et elles créent leur propre marque de corsets : « Scandale », dans les années 1950. Agnès se spécialise également dans le commerce de lingerie, de dessous féminins et maillots de bain.

publicité Scandale 1956 ( document publicité Nord Eclair )
publicité maillots de bains 1956 ( document publicité Nord Eclair )

En 1950, Agnès crée la gamme « Occulta Médical », la première gaine orthopédique moderne. Le succès de ce nouveau produit est tel que cette gaine sera, peu de temps après, remboursée par la Sécurité Sociale. Elle crée ensuite la gamme de produits « Incognito » car la gaine est invisible.

Occulta ( document publicité Nord Eclair )

Agnès habite à Cysoing, son mari Arthur Joye est conducteur de travaux chez Ferret Savinel. Il emmène Agnès chaque matin en voiture au magasin avenue Jean Lebas. Ils ont 4 enfants : Jean, Luc, Marie-Thérèse et Philippe.

Après la seconde guerre mondiale, l’aîné Jean, sous l’impulsion de sa mère, suit des cours de formation de « bandage », ( technique sanitaire de soins corporels et médicaux ), ce qui lui permet, dans les années 1950, de venir aider Agnès à la gestion de l’entreprise qui se développe fortement. Agnès investit alors dans des machines à coudre professionnelles supplémentaires, Singer et Pfaff, pour le 1er étage. Le personnel compétent devient nombreux : deux vendeuses au rez de chaussée dont Jacqueline Taine première vendeuse. A l’étage, Mme Colin la secrétaire et 25 à 30 personnes dont Mme Dewindt cheffe d’atelier. Le magasin d’Arras ouvre, au 52 rue Ronville, en 1958, et c’est l’occasion de communiquer encore davantage dans la presse locale.

publicité des 3 points de vente ( document publicité Nord Eclair )

Agnès Joye communique toujours sur ses propres marques de corsets, Scandale et Incognito, mais également sur une gamme de produits de lingerie féminine de fournisseurs réputés tels que : Lou, Rosy, Valisére, Lejaby et même des marques prestigieuses comme Dior.

document collection privée

Au début des années 1960, Mlle Varlet qui occupait la moitié du rez de chaussée quitte son commerce. Agnès profite de l’occasion pour reprendre son emplacement. Elle dispose maintenant d’un point de vente plus spacieux et peut ainsi élargir sa gamme de produits et développer son affaire. Son fils Jean, excellent vendeur, devient le directeur commercial de la petite entreprise. Agnès Joye exporte ainsi à l’étranger ses productions fabriquées à Roubaix.

Paul Kahla, le mari de Marie Thérèse, la fille d’Agnès, entre dans l’entreprise dans les années 1960. Il est à l’origine de l’adhésion de l’enseigne « Agnès Joye » dans le groupement de commerçants roubaisiens : « Elégance et Distinction » en 1965.

Elégance et Distinction ( document publicité Nord Eclair )

à suivre . . .

Remerciements à Jean Kahla ainsi qu’aux archives municipales.

Nouvelle Auberge de l’Hempempont

Juste à côté de la vieille Auberge d’Hempempont mais, de fait, à l’entrée de la rue de Croix au n°5, à la toute fin du dix-neuvième siècle, sur un terrain appartenant à la brasserie Leclercq située un peu plus loin dans la rue, un comptable originaire de Saint-Amand, Henri Fleury, ouvre un estaminet qui sera ensuite géré successivement par Mrs Deceldere, puis Henri Daneel puis Louis Lemoine et prendra le nom de Nouvelle Auberge d’Hempempont.

La nouvelle auberge de l’Hempempont (Document Hem Images d’hier)

Cet établissement, qui tente de proposer des services identiques à ceux de son illustre voisin, se spécialise également dans les anguilles puis, à l’issue de la seconde guerre mondiale tente de moderniser sa carte en y incluant le beefsteak frites et les sandwichs, plats pour lesquels la publicité est alors faite sur le pignon du bâtiment comme le montre la carte postale ci-dessous.

Le pignon publicitaire de la nouvelle auberge (Document Hem Images d’hier)

Dans les années 1950, c’est le couple Lemoine-Beausire qui prend les rênes du commerce lequel est alors répertorié à la fois dans les rubriques restaurants et hôtels de la ville de Hem. Puis lui succède Francis Mahieu à la fin des années 1960 dans la catégorie café restaurant et Jean-Jacques Muchery dans les années 1970 mais l’établissement n’est alors plus classé que dans les restaurants.

Publicités de la fin des des années 1960 et du début des années 1970 pour Francis Mahieu (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Comme on peut le constater, si l’activité hôtellerie a disparu Francis Mahieu revendique dès cette époque une cuisine gastronomique et non plus de simples plats de brasserie. Ex-gérant du restaurant « L’écurie » à Lille, Francis Mahieu fait transformer complétement la salle à manger, en lui donnant le cachet des auberges de campagne : poutres apparentes et papier à fleurs aux motifs anciens, et rénover les cuisines. Il conserve la spécialité d’anguilles qui a fait la renommée de l’Hempempont à laquelle il ajoute une cuisine très soignée et une cave aux crus sélectionnés. Il réaménage également le jardin et met l’accent sur le vaste parc avec jeux d’enfants : manèges et balançoires.

Sexagénaire l’auberge réouvre ses portes (Document Nord-Eclair)

Pour fêter la rénovation des lieux en 1967, il convie diverses personnalités : le maire d’Hem, Jean Leplat, mais aussi des conseillers municipaux, des commissaires et officiers de police, ainsi que différents chefs d’établissement et entrepreneurs ayant participé aux travaux de rénovation. Pourtant son restaurant ferme ses portes quelques années après.

Publicité des années 1970 pour JJ Muchery (Documents Historihem et Nord-Eclair)

 

C’est alors Jean-Jacques Muchery, chevalier du Testevin, qui rouvre les portes en 1974. Il insiste sur une proposition de salons pour réunions, séminaires et même banquets de 20 à 70 personnes. Le petit estaminet qui peinait à se faire une place auprès de l’illustre vieille auberge a donc bien changé. Par ailleurs, entouré d’une équipe dynamique il s’applique à faire goûter dans un cadre champêtre de la cuisine traditionnelle.

Réouverture du restaurant en 1974 (Document Nord-Eclair)

Sont ainsi proposés des cochonnailles, terrines et pâtés faits maison ainsi que de savoureuses grillades dont le patron a le secret, en temps que membre de la chaîne des rôtisseurs. Quant à la salle où sont accueillis les banquets, elle a tout pour plaire, étant reliée à un très beau jardin et un parking privé qui permet d’éviter tout problème de stationnement. Enfin, soucieux de n’être pas cantonné à un seul rôle de restauration et de servir également d’espace culturel pour la commune, l’établissement expose les œuvres de peintres de la région afin d’allier le plaisir des yeux à celui du palais.

Quatre ans plus tard le syndicat d’initiative de la ville est à l’origine de trois journées gastronomiques consacrées au coq et auxquelles participent les restaurants de la ville qui l’accommodent à leur gré. Ainsi Jean-Jacques Muchery, issu d’une famille de restaurateurs le cuisine à la bière de Jeanlain.

L’opération gastronomique et Jean-Jacques Muchery présente son coq en 1978 (Document Nord-Eclair)

La presse locale nous apprend que, lorsqu’il délaisse ses fourneaux, c’est pour prendre son envol à bord d’une nacelle de ballon sphérique. Il est en effet président de l’Association Aérostatique du Nord de la France qui compte plus de 140 membres dont une dizaine de pilotes pour 5 ballons et une montgolfière, matériel remisé sur le terrain de Bondues tandis que l’association a son siège à l’auberge au 5 rue de Croix.

Publicités des années 1980 (Documents Nord-Eclair et Office municipal d’information de Hem)

Dans les années 1980-1990, la culture reste présente à la nouvelle Auberge de l’Hempempont avec des expositions artistiques. Ainsi en 1987, Richard Debauwe-Fleurbaix s’y produit : cet artiste multi palettes fait du spectacle, chante, écrit et peint. En l’occurrence il y expose ses toiles. Trois ans plus tard ce sont deux peintres : Robert Balot et Gaston Van Den Abeele qui lui succèdent, le deuxième étant l’auteur d’une représentation de l’auberge sous la neige.

Les peintres exposent à la nouvelle auberge de l’Hempempont (Documents Nord-Eclair)

Puis l’auberge est reprise en 1997 par une personnalité médiatique, à savoir Pierrot, et devient momentanément l’Auberge de Pierrot, comme l’indique le guide pratique de la ville de 2000. Né à Roubaix en 1948, il a grandi dans l’épicerie buvette de ses parents d’abord à Roubaix, puis à Lille. En 1960, ses parents ont repris une auberge à Steenbecque et Pierrot a passé son CAP de cuisinier en 1966 avant de tenir cette auberge avec sa mère en 1968.

Puis, en 1977, il a ouvert le premier Bistrot de Pierrot rue du Plat à Lille, puis deux restaurants à Hazebrouck et Capinghem, puis le deuxième Bistrot de Pierrot place de Béthune à Lille. C’est en 1993 qu’il intègre la télévision où il côtoie notamment Pierre Bonte et Maïté dans une émission culinaire très regardée par les téléspectateurs.

En 1997, il apporte donc un savoir-faire reconnu et une grosse notoriété à la Nouvelle Auberge revendue ensuite à Laurence et Philippe Baratte, fils du footballeur lillois Jean Baratte, qui l’exploitent sous forme de SARL : la SARL Auberge d’Hempempont.

Pierrot, avec ses acolytes de la télévision Pierre Bonte et Maïté et avec Philippe Baratte (Document la Marmite de Pierrot)
La nouvelle Auberge d’Hempempont en 2008 puis en 2010 (Document Google Maps)

Puis à la fin des années 2000, la société est radiée et c’est la SARL Hempempont restauration qui lui succède, gérée par Stéphanie Rousseau-Bells. Sous sa gestion la nouvelle auberge obtient le titre de maître restaurateur, distinction décernée par l’Etat et délivrée par le Préfet pour 4 ans, renouvelable. Pour être obtenue le restaurant passe un audit, reçoit un client mystère, fait l’objet d’un rapport qui contrôle que la cuisine est bien réalisée à partir de produits frais et que la réglementation est bien respectée. Ce titre lui est renouvelé en 2019.

L’équipe de la cuisine et du restaurant (Document Facebook et Voix du Nord)

Plus de 100 ans après son ouverture par un comptable et malgré de nombreux changements d’exploitants au fil des décennies ce petit estaminet devenu auberge et même hôtel pendant un certain temps a donc survécu au passage du temps. Dans un cadre modernisé mais qui a su garder son charme l’établissement continue au vingt et unième siècle à offrir aux hémois et aux fins gourmets des alentours une cuisine de qualité.

Photos intérieures du restaurant (Documents site internet)
Photo extérieure de l’auberge en 2023 (Document google maps)

Remerciements à la Ville de Hem et à l’Association Historihem

Le Numide

Dans les années 1930, la rue de l’Alouette à Roubaix part de la rue de l’Epeule et se termine rue du Chemin de fer. Elle n’arrive dans la rue de la Gare qu’à partir de 1942 après démolition des bâtiments existants ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : l’alouette s’ouvre à la gare )

vue aérienne 1932 ( document IGN )

Dans les années 1950, côté impair se construit un bâtiment neuf, au N° 75 sur toute la longueur qui démarre donc depuis la rue du chemin de fer jusque l’avenue Jean Lebas.

Cet emplacement a d’ailleurs 3 adresses possibles : le 75 rue de l’alouette, le 123 avenue Jean Lebas et le 36 rue du chemin de fer.

plan cadastral

La surface importante de 193 m2 permet l’implantation, au début des années 1960, du « Soldeur de l’Alouette », un magasin de chaussures à des prix imbattables.

publicité 1964 ( document collection privée )

Un permis de construire pour un projet d’aménagement d’un hôtel restaurant est déposé en 1972 par les propriétaires des lieux, Mrs Abdelkader Djender et Miloud Mebtouche. Le cabinet Delcour de Wasquehal est chargé du dossier pour l’agencement et la décoration. Le restaurant se trouve au rez de chaussée sur la partie gauche, la cuisine et les dépendances se trouvent à droite. Au premier étage, sept chambres sont prévues pour accueillir les clients de passage, car nous sommes à deux pas de la gare SNCF.

la façade ( document archives municipales )
le rez de chaussée et le 1er étage ( documents archives municipales )

Le nom choisi pour cet établissement est : « Le Numide », car la Numidie est un territoire berbère en Algérie. L’inauguration a lieu le 22 Mars 1973. De nombreuses personnalités sont accueillies par les propriétaires du lieu et découvrent ce cadre typique oriental et chaleureux. La salle de restaurant peut accueillir 110 personnes, le décor est subtil et raffiné, les couleurs chaudes des tapis contrastent avec le crépis blanc des murs où se situent de nombreuses petites niches d’inspiration mauresque. Uns cuisine orientale est proposée ( couscous, méchoui préparé sur un barbecue panoramique dans la salle etc ) ainsi qu’une carte complète de vins d’Algérie.

L’entrée de l’hôtel est indépendante du restaurant. Il offre d’emblée, une sensation de confort intime. Les 7 chambres disposent d’une salle de bains complète et fonctionnelle. Un salon permet aux clients de se relaxer en suivant le programme TV.

publicité Nord Eclair 1973
publicité Nord Eclair 1974

Les débuts de l’établissement sont prometteurs et encourageants. L’année suivante, en Janvier 1974, les deux associés projettent d’agrandir l’hôtel en construisant un 2° étage. Le nombre de chambres serait alors doublé en passant de 7 à 14.

Le permis de construire est accordé en 1974, mais en Juin 1975, Miloud Mebtouche décide de reporter les travaux à une date ultérieure, pour raisons de conjoncture économique difficile.

le projet du deuxième étage ( document archives municipales )

En 1981, pour encore mieux accueillir leur clientèle, Abdelkader et Miloud décident de redonner un coup de jeune à leur hôtel restaurant. Le cadre est embelli, une nouvelle carte est réaménagée au restaurant : couscous, méchoui et également désormais, côte à l’os, fruits de mer, vins français et algériens. Occasionnellement le chanteur kabyle Akli Yahiatene et sa troupe vient animer les soirées. En Avril 1983 Mouloud annonce l’ouverture de son club dîner spectacle.

publicité Nord Eclair 1983

Mardi 9 Août 1983 à 9h15, une violente explosion secoue tout le quartier. Les habitants sortent de chez eux et découvrent que le Numide vient littéralement d’exploser. Des fenêtres ont volé en éclats, des briques du mur de façade sont descellées ainsi que des garde-fous.

Nord Eclair Août 1983

Les sapeurs pompiers et les policiers arrivent rapidement sur place ainsi que M Mebtouche qui habite avenue Jean Jaurès. A l’intérieur, c’est la désolation, l’escalier qui mène à l’hôtel s’est écroulé, la porte qui sépare le restaurant pend en lambeaux. Personne ne se trouve à l’intérieur, car l’établissement est fermé pour congés annuels depuis le 1° Août. Aucun passant n’a été touché par des éclats. Un miracleD’après les premiers éléments de l’enquête, une fuite à la chaudière à gaz qui se trouve dans la cave serait à l’origine de l’explosion qui n’a pas provoqué d’incendie. Autre miracle ! La dalle de béton entre la cave et le rez de chaussée a été soulevée. Le bâtiment a été fortement ébranlé sur ses bases. Le Numide est détruit à 75 %.

Photos Nord Eclair

Au printemps 1987, M Mesbahi qui habite Wasquehal reprend le bâtiment et fait effectuer des travaux : remplacement de la porte d’entrée, des vitrines et des menuiseries, sablage et peinture de la façade. Ces travaux importants sont destinés à remettre l’immeuble en état et le diviser en plusieurs parties en vue de le louer.

la façade en travaux en 1988 ( document archives municipales )
la façade en 2008 ( document Google Maps )

Malheureusement en 2023, on ne peut que constater que l’immeuble ainsi restauré et transformé à usage d’habitation 15 ans plus tôt, manque cruellement d’entretien, est tagué sur l’ensemble du rez-de-chaussée où des arbustes poussent autour de la gouttière et semble s’être vidé de ses occupants.

Photos BT 2023

Remerciements aux archives municipales

L’Auberge d’ Hempempont

La construction du bâtiment remonte au XVII ème siècle. A l’époque un certain Grimonpont fait construire une taverne à « Lampempont », au n° 232 de l’actuelle rue du Général Leclerc à Hem, laquelle, un siècle plus tard appartient à Marc Lamblin, cabaretier brassant sous l’enseigne de l’ « Hempempont » chez qui sont organisés des baptêmes.

Le bâtiment devient par la suite un poste relais pour les diligences empruntant la route qui mène de Lille à Lannoy. Les voyageurs et leurs chevaux y logent avant de reprendre la route le lendemain matin. Il sert aussi de station à un service de messagerie dont le siège est à Lille et qui dessert les communes limitrophes.

C’est Edouard Mulliez puis son frère Louis qui tiennent le poste de relais et, en parallèle, Edouard tient la boulangerie juste à côté tandis que Victoire leur sœur est épicière une maison plus loin au bord de la Marque comme on le voit sur la carte postale ci-dessous. On y voit également sur le pavé les planches de la bascule publique qui sert à peser les charrois de grains, de betteraves et de charbon ainsi que les bœufs.

L’auberge dans le tournant de la rue de Lille vers Annappes (Document Hem Images d’hier)

La famille Mulliez va ensuite céder l’établissement qui sera successivement géré par Mrs Delporte puis Vanrenneman puis Hespel avant d’être repris en 1908 par Oscar Duquesne aidé par ses 5 enfants. Celui-ci transforme alors les écuries en tonnellerie afin de confectionner et réparer les tonneaux des brasseries avoisinantes.

Auberge et tonnellerie Duquesne au début du vingtième siècle (Documents Historihem)

L’auberge comprend une salle commune et une salle de billard ainsi qu’une grande salle pour noces et banquets à l’étage. Quelques chambres sont mises à disposition des voyageurs et un salon avec piano est contigu à une salle à manger particulière. C’est Esther, l’une des filles d’Oscar qui se met au piano pour y faire danser les convives.

Quant à Emile, l’un des fils d’Oscar, animateur des fêtes du quartier et ducasse de l’Hempempont, il a l’idée de créer des fritures d’anguilles et d’aménager des gloriettes dans le jardin. C’est lui aussi qui à l’idée d’organiser un grand concours de coqs le dimanche des Rameaux.

Spécialité d’anguilles et combats de coqs (Document BD Au temps d’Hem)

Par ailleurs, à l’occasion de la procession du 15 août, sur la façade se dresse un monumental reposoir à base de tonneaux. Des cavaliers, accompagnés de la musique municipale et de la Philharmonie de la Citadelle, fondée en 1845 par le père de Louis Leclercq, brasseur, escortent le Saint Sacrement depuis l’église Saint-Corneille jusqu’à Hempempont.

Philharmonie de la Citadelle étendard de 1845 et photo de 1895 (Documents Historihem)

En ce début de vingtième siècle, les « coqueleux » sont nombreux et à l’Auberge d’Hempempont on bat les coqs. Dans un enclos grillagé, le plus souvent de forme ovale ou octogonale, deux gallinacés s’affrontent. Issus de savants croisements le coq de combat est doté d’un naturel belliqueux que l’homme se charge d’exploiter pour ses jeux.

Des deux combattants acharnés, l’un doit mourir. Leurs ergots sont garnis d’éperons d’acier de 51 millimètres de longueur, arme redoutable placée sur un bandage de cuir le tout solidement attaché par une ficelle poissée. Le coq agrippe du bec la tête de son adversaire puis s’élève d’un battement d’ailes, arque son corps et projette violemment en avant ses pattes repliées auxquelles il imprime un rapide mouvement de va-et-vient.

La partie peut durer douze minutes et, au cours des deux dernières minutes, les coqs peuvent alternativement se coucher puis se relever. Le dernier debout est le gagnant à la douzième minute sachant qu’un coq couché trois minutes a perdu. Le championnat se déroule en 48 parties et 3 tours, permettant ainsi de consacrer six lauréats.

Combats de coqs à l’Auberge d’Hempempont (Documents Historihem)

Les combats de coqs ont pourtant déjà été interdits une première fois en 1852 par arrêté préfectoral mais ont continué à s’organiser dans une certaine clandestinité. Il faudra attendre 1963 pour qu’une deuxième interdiction intervienne et pourtant là encore les coqueleux obtiendront un an plus tard l’autorisation de battre dans les lieux « à tradition locale ininterrompue ».

Autre événement, exceptionnel celui-là : à l’occasion de l’Exposition Internationale du Nord de la France, qui a lieu à Roubaix de Mai à Novembre 1911, regroupant 3429 exposants français et étrangers, un champ d’aviation de 10 hectares est construit à Hem, dans les plaines de Beaumont et sur les pâtures de la ferme Gorghemetz.

Le terrain est aussi une étape du Circuit Européen qui se déroule du 18 juin au 7 juillet 1911. L’étape est remportée par Vedrines, devant Roland-Garros puis Beaumont. Les aviateurs sont ovationnés par le public et se voient offrir des gerbes de fleurs par des petites filles. A l’issue de l’étape les participants sont invités à partager un banquet à l’Auberge d’Hempempont.

Invitation à l’Auberge à la fin de l’étape (Document BD Au temps d’Hem)

Sous l’occupation allemande, pendant la première guerre mondiale, les estaminets sont fermés mais pas les auberges. En juin 1915, alors que plusieurs familles des environs ont choisi de profiter du beau temps sous les gloriettes de l’auberge, toujours tenue par la famille Duquesne, une bombe allemande, tirée sur un avion allié, tombe dans la cour sur l’extrémité d’un hangar où elle explose.

Explosion d’une bombe en juin 1915 (Document Historihem)

Dans une gloriette attenante se trouve attablée une famille roubaisienne qui est touchée par les éclats, lesquels tuent le père de famille sur le coup ainsi qu’un jeune garçon de 13 ans originaire de Lille qui, debout, observait la poursuite de l’avion allié par l’avion allemand.

Deux autres jeunes roubaisiens, à proximité de la famille précitée, sont grièvement blessés. Enfin deux autres roubaisiennes sont blessées plus légèrement. Parmi la centaine de personnes se trouvant à l’auberge au moment de la chute de la bombe meurtrière c’est bien sûr l’affolement mais force est de constater que le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd.

L’auberge dans les années 1920 (Document Historihem)

Après la libération, vingt ans après la première, une nouvelle série de cartes postales représentant l’Auberge d’Hempempont est sortie. On y constate que, si la tonnellerie n’existe plus, les extérieurs sont à peu près aménagés de façon semblable et que la friture d’anguille reste le plat fétiche le l’établissement devant lequel le tramway continue d’amener régulièrement une clientèle des environs avide de loisirs et de bonne chère.

Dans les années 1930, s’ajoute à la ducasse d’Hempempont qui a lieu tous les ans en juillet, une course peu banale à savoir la course aux rats. Les rats sont placés dans les brouettes et les participants doivent non seulement faire la course mais aussi rattraper les rats qui se sauvent régulièrement des brouettes, pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Départ de la course aux rats à Hempempont en 1932 (Document Hem 1000 ans d’histoire)

Puis, après les belles heures de l’entre deux guerres propices à l’amusement et aux événements de vie privée ou publique fêtés bien souvent à l’Hempempont, arrivent les jours sombres de la seconde guerre mondiale au cours de laquelle Emile Duquesne fait partie des prisonniers de guerre.

Enfin, après guerre l’annuaire Ravet -Anceau de 1948 nous enseigne que la fameuse Auberge d’Hempempont est gérée par Mme Jadoul Vicart puis plus aucune trace de l’auberge dans les années 1950. Durant ces années et jusqu’en 1970, le n° 232 rue du Général Leclerc n’apparait en effet plus dans les annuaires où l’on passe du 230 au 234.

Le bâtiment change de look en commençant par le toit qui est rasé et mis en terrasse. Bien évidemment la lanterne qui, surplombant la porte voisinait avec l’inscription Emile Duquesne, est enlevée. Quant aux panneaux blancs intercalés entre les fenêtres de l’étage et faisant la publicité des fritures d’anguilles, jambon, lait, œufs frais, ils disparaissent.

L’auberge dans les années fastes avec son toit et ses publicités (Documents collection privée)

Puis le magasin d’antiquités « la Renaissance » s’installe dans ces lieux chargés d’histoire dans les années 1980 et y demeure jusque dans les années 2000. Ce commerce sera ensuite remplacé par plusieurs magasins de décoration comme la Villa d’Este, Maison Flamande et Manée dans les années 2008, 2010 et 2012. Puis, après avoir été vide d’occupant durant un temps, le bâtiment est investi par un office notarial qui l’occupe encore de nos jours.

La villa d’Este, Maison Flamande et Manée en 2008, 2010 et 2012 (Documents Google Maps)
Photographie du bâtiment inoccupé en 2018 et de l’office notarial en 2023 (Documents Google Maps)

A suivre …

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Daniel Duponcelle « diminutif »

Daniel Duponcelle naît en 1945 à Roubaix. Il vit avec sa mère Raymonde Riquier, gérante du café de l’Etoile, au 19 sur la Grand Place. Il apprend le métier de coiffeur à l’école de coiffure au Foyer d’Education Ouvrière au coin de la rue Nabuchodonosor et de la rue Jules Guesde, obtient avec succès ses diplômes de CAP et BP et termine sa formation en tant qu’apprenti dans différents salons de la métropole. Puis, il trouve un poste de coiffeur au salon René, de René Oechsel, au 4 rue Edouard Anseele, juste à côté du café de la Ligue des Sports. Daniel y remplace Jean Liviau qui quitte son employeur pour devenir un grand coiffeur roubaisien.

Daniel travaille ensuite au salon Art et Coiffure rue Saint Nicolas à Lille en 1968, où il a l’occasion de coiffer Jacques Brel de passage à l’opéra lors de sa tournée « L’Homme de la Mancha », mais oh ! surprise : Jacques Brel doit quitter le salon, les cheveux mouillés, suite à une panne générale d’électricité dans tout le quartier !

Daniel est un coiffeur compétent, doué et ambitieux. Il souhaite s’installer à son compte. L’occasion se présente, en fin d’année 1968, quand le salon de coiffure hommes de Jacques Honoré, au 132 rue du Collège, se libère. Le  »salon Jacques » devient alors le  »salon Daniel ».

le salon Daniel au 132 rue du Collège ( document D. Duponcelle )
publicité 1975 ( document Nord Eclair )

Daniel Duponcelle entretient d’excellentes relations avec ses confrères et n’hésite pas à changer son enseigne, lorsque son ami Daniel Hourez ouvre son salon, au 129 de la Grand rue. Il rebaptise alors son salon :  »diminutif ».

Daniel est membre du Club Artistique. Coiffeur pour hommes, il propose des minivagues et colorations en cabine pour suivre la tendance de la mode et commence à communiquer sur sa nouvelle enseigne par des encarts publicitaires dans la presse locale.

En 1979, pour satisfaire la demande, il complète son activité en démarrant la coiffure dames. Le succès est immédiat. La même année, Daniel entre au Cercle des Arts et Techniques à Lille, qui regroupe des artisans coiffeurs pour la formation, le perfectionnement et la préparation aux concours.

coiffure H F ( document collection privée )

En 1982 Daniel Duponcelle souhaite changer d’emplacement pour son salon de coiffure. Il trouve un local au 16 bis boulevard de Paris. C’était auparavant le commerce d’antiquités de J. Leschevin. Daniel transforme lui-même avec quelques membres de la famille, ce local en salon de coiffure. L’enseigne ne change pas : « diminutif » pour Hommes et Femmes. Vu les difficultés de stationnement, Daniel trouve un accord avec son voisin le photographe Shettle pour réserver quelques places sur son parking privé, au N° 14 du boulevard.

Le 16 bis Boulevard de Paris ( document D. Duponcelle )
Publicité 1985 ( document Nord Eclair )

Deux ans plus tard, en 1984, un commerce voisin, situé au 10 boulevard de Paris, se libère. Daniel craignant l’arrivée d’un concurrent, décide donc de créer un deuxième salon de coiffure à l’enseigne « Objectif Coiffure » Ce commerce sera ensuite repris, peu de temps après, par son épouse Marie-Hélène Duponcelle qui transformera le commerce en boutique de Prêt à Porter avec l’enseigne « Helen ‘ Boutique ».

Le salon de coiffure au 10 du boulevard de Paris en 1985, puis ensuite le magasin de prêt à porter Helen ‘ Boutique ( documents D. Duponcelle )

Daniel Duponcelle participe à de nombreux concours artistiques de coiffure. Il remporte, en 1987, le Trophée des Provinces de Cannes, organisé par le Cercle des Arts et Techniques, en réalisant en 10 minutes une coiffure ayant pour thème, le golf.

Daniel prépare ses concours surtout pour le prestige et la notoriété mais également pour son plaisir personnel. En Novembre de cette même année, il participe au concours du Palais des Congrès à Lille.

le concours artistique de Calais ( document D. Duponcelle )

Trois salariées sont employées dans le salon : Nathalie, Valérie et Marie-Noël. Très régulièrement, des apprentis ( ties ) viennent prêter main forte.

Daniel est artiste et psychologue. Très à l’écoute de sa clientèle, il sait créer un climat de confiance entre ses clientes de tous âges et lui-même. L’accueil du salon « diminutif » est convivial et sympathique. Un petit coin salon accueille les clients(tes) et 6 postes sont installés dont 2 pour la coupe des cheveux Hommes.

Daniel, artiste-coiffeur 1987 ( document Nord Eclair )
Les deux coiffeuses Valérie et Marie-Noêl aux petits soins d’une cliente en 1987 ( document Nord Eclair )
L’intérieur du salon de coiffure avec de magnifiques poutres verticales en chêne ( document D. Duponcelle )

En 1989, Daniel est élu président de la Confédération Nationale des Coiffeurs pour le 59 62. C’est un organisme professionnel pour la défense des artisans coiffeurs. Daniel développe alors la branche « Conseil Nord Coiffure » qui défend juridiquement, fiscalement et administrativement les adhérents. Il organise des stages de perfectionnement et de recyclage pour les coiffeurs, et les prépare pour les concours régionaux et nationaux.

Daniel Duponcelle président de la confédération des coiffeurs ( document Nord Eclair )
le salon du 16 bis dans les années 1990 ( document D. Duponcelle )

Daniel ouvre ensuite, dans la rue de Lille à Tourcoing, un salon de barbier-coiffeur en 1990. Puis, dans les années 2000, il est membre de l’association « Roubaix Côté Commerces » dont il devient le président peu de temps après.

Daniel Duponcelle ( document D. Duponcelle )
la façade au début des années 2000 ( document D. Duponcelle )

Daniel cesse son activité en 2007 à l’âge de 62 ans. Son personnel (Karine, Laetitia et un apprenti) est repris par un de ses amis coiffeur : Christophe Fay qui gère le salon « Fay Tao » installé 26 avenue Gustave Delory. Daniel cède son commerce. Son salon de coiffure du 16 bis boulevard De Gaulle devient un centre Audika qui propose des appareils de correction auditive, toujours en activité de nos jours.

le magasin Audika de nos jours ( Photo BT )

Remerciements à Daniel Duponcelle.

Café du Bas du Bout

La rue Edouard vaillant est une rue très ancienne, citée en 1824 en tant que rue Poivrée, qui débute rue du Général Leclerc et descend jusqu’à la Marque à la rangée Droulers. C’est un siècle plus tard, en 1927, que la rue prend son nom actuel d’Edouard Vaillant, du nom d’un homme politique socialiste, mort en 1915, l’un des inspirateurs de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La rue ne mesure que 261 mètres de long et n’atteint pas la Marque mais s’arrête brusquement devant une rangée de petites maisons situées tout en bas : « au bas du bout ».

Vue aérienne de la rue Edouard Vaillant et du « bas du bout » en 1947 (Document IGN)

Au café du Bas du Bout , en bas de la rue au n°53, on organisait jadis des concours de Pinsons à la ducasse du dernier dimanche d’Août, exercice de chant comportant un prélude, un roulement et une finale, répété parfois jusque 600 fois en 1 heure, sachant que le nombre de chants détermine la victoire et non leur qualité.

Pour dresser un pinson, on le place en cage dans un verger où il s’en trouve déjà un en liberté, lequel devient son professeur. Le jour du concours chaque oiseau est apporté dans une cage minuscule et les cages sont posées sur des chaises éloignées de 2m60 les unes des autres.

Les Pinsonneux d’alors crevaient parfois les yeux des oiseaux au fer rouge, pratique sensée avoir un effet « bénéfique » sur leur chant. Curieuse ironie, c’est durant l’occupation de la première guerre mondiale qu’un commandant allemand prend un édit pour interdire cette pratique barbare. Cette législation se perpétue après guerre et les pinsonneux seront punis d’amende et de confiscation lorsqu’ils seront détenteurs d’un pinson aveugle.

Un pinsonneux la cage à la main (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

La société de colombophilie les Francs-Amateurs existe quant à elle depuis 1879. C’est une passion qui exige du « coulonneux » le sens de l’observation, la patience, le savoir-faire, qualités détenues le plus souvent de père en fils, chaque génération d’éleveurs se transmettant les petits secrets de l’élevage et du dressage des pigeons. Soumise à une législation très stricte, la colombophilie est placée sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur. L’ouverture d’un colombier est soumise à autorisation préfectorale et chaque nouveau colombophile, doit s’affilier à une association de son choix qui lui remet une licence fédérale « sportif » pour prendre part aux compétitions ou « éleveur »pour élever des pigeons voyageurs.

A Hem, en 1886, on dénombre ainsi 37 propriétaires pour 504 pigeons , nombre qui tombe en 1900 à 2 pigeonniers déclarés pour 31 pigeons. Mais, après la première guerre, le nombre d’amateurs augmente à nouveau pour atteindre 76 en 1930 avec 1356 pigeons. La moitié des coulonneux hémois est inscrite aux Francs-Amateurs. Mais avec la seconde guerre mondiale les pigeonniers sont pillés. La colombophilie atteint son apogée après-guerre et plus précisément en 1952 avec 147 détenteurs totalisant 2233 pigeons.

Les Francs-Amateurs en 1968 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 1960, sous la présidence de Louis Gauquié, des trophées sont remis aux lauréats qui ont les honneurs de la presse locale. L’occasion d’annoncer pour la fin de l’année 1968 une exposition « standard-sport », un pigeon par catégorie et par amateur, avec remise des prix aux lauréats de 1968 chez Lempire rue Vaillant. C’est en effet René Lempire qui a repris, en 1968, le café jusqu’alors tenu par Gérard Mahieu, cité Droulers, au bas du bout.

Publicité de 1970 (Document Mémento Public édité par la ville d’Hem)

Des expositions sont dès lors régulièrement organisées dans le café tenu par René et Léonce Lempire, leur établissement devenant le siège des Frans-Amateurs. Les réunions générales s’y tiennent et René devient trésorier de l’association. Les préparations de saison et les concours s’y succèdent donnant lieu à des festivités au bas du bout, notamment lors des remises de prix.

Photo d’une exposition en 1971 (Document Nord-Eclair)
Photo des Francs-Amateurs dans les années 1970 (Document collection privée)

Il ne s’agit pas, loin s’en faut, des seules occasions de faire la fête pour ce petit bout de rue animée. Ainsi, dès les années 1960, une Miss Bas du Bout est élue et soutient l’équipe de football de la ville engagée dans un tournoi en 1966 et, la même année, comme chaque année y est organisée une kermesse au profit des anciens du quartier.

Miss Bas du Bout soutient l’équipe d’Hem et la kermesse au profit des anciens du quartier (Documents Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Centre Commercial Schweitzer (Suite)

C’est à cette époque que le débit de tabac de Fethi Kaouadji ouvre ses portes. Il restera ouvert pendant 20 ans et fermera ses portes en 2014. Sur une photo de 2015, le panneau du centre commercial fait état du tabac presse loto PMU Le Corail qui deviendra ensuite un point colis. Sur ce même panneau on peut constater qu’une épicerie Prosma existe également à côté de la supérette des 3 villes.

Panneau du centre en 2015 (Document Google Maps)
Emplacement de l’épicerie en 2022 (Document Google Maps)

En avril 1995, le centre, encore en travaux, accueille la signature d’une convention entre l’atelier de confection Indiga, représenté par Mustapha Saifi, l’organisme Vecteur Formation, représenté par Pierre Davroux et la ville d’Hem, représentée par Mme Massart, maire de la ville.

La ville met les locaux à disposition de l’entreprise, qui de son côté s’engage à mettre ses capacités professionnelles, techniques, commerciales et pédagogiques au service de l’insertion sociale et économique à Hem. Le public sera composé d’habitants hémois en difficulté et la mairie exercera un contrôle annuel sur les embauches. Quant à Vecteur Formation, sa mission consistera bien sûr à former les candidats en vue d’un retour pérenne à l’emploi.

L’installation d’Indiga au centre Schweitzer en 1995 (Document Nord-Eclair)

Un an plus tard, la SARL à l’enseigne M’Tex, gérée par Mustapha Saifi est immatriculée au RCS et restera en activité pendant 10 ans dans le centre commercial. Titulaire d’un CAP de mécanicien tourneur, rien ne le prédisposait pourtant à ouvrir une entreprise textile de 800 mètres carrés à Hem. Il sera en outre lauréat en 2002 du prix création de la fondation Nord Entreprendre.

Photo de Mustapha Saifi (Document Talent des Cités)

En 2000, des travaux d’extension du centre commercial sont réalisés par la ville et à cette occasion M’Tex ouvre un bureau de stylistes et de modélistes et prévoit 6 embauches, le but étant de créer à terme sa propre marque. Sont également prévues les embauches d’une secrétaire et d’un commercial et il faut donc des locaux plus grands pour accueillir tout le monde.

L’extension des locaux de l’atelier de confection en 2000 (Documents Nord-Eclair)

Toutefois en 2007 la société est fermée et radiée du registre du commerce et des sociétés. Mustapha Saifi avait également créé en 2000 un commerce de gros de textile, la SARL Arteny, qui fermera ses portes en 2009. La même année verra également la fermeture de sa deuxième société de commerce de gros : C2M international.

En 2007, le registre du commerce et des sociétés enregistrera également la radiation du deuxième atelier de confection du centre commercial : « De toutes Façons » qui avait vu le jour en 2000 et était géré par Bruno Vantichelen.

Pendant toute cette période, en 1999, la supérette des 3 villes, fermée depuis plusieurs mois, est reprise par Boualem Kechout. Il devient propriétaire du fonds de commerce de l’établissement dont les murs appartiennent à la ville et embauche 4 personnes dont une à temps plein. Il achète une chambre froide et une rôtissoire et souhaite créer un point chaud et une boulangerie mais manque de place pour s’étendre. En 2023, la supérette est toujours en activité.

Boualem Kechout dans sa supérette début 2000 (Document Nord-Eclair)
Photo de la supérette en 2022 (Document Google Maps)

En 2001, c’est la boucherie Kamel Longchamp qui ouvre ses portes. Elle est reprise en 2009 par Agrovia Hem, du Kamel Groupe, dont le gérant est Ramzy Kamoun d’après le site Société.com. Aujourd’hui la boucherie qui porte encore l’enseigne commerciale Kamel est toujours en activité.

Photo de la boucherie Kamel en 2022 (Document Google Maps)

La boulangerie du centre commercial a, quant à elle, connu plusieurs gérants depuis le groupe Holder, à savoir : le Comptoir du Pain de 1997 à 2007, puis Djamila Meftah et Nadget Mameche de 2007 à 2009 et enfin City, gérée par Fouad Baitar, boulanger installé à Roubaix dans un premier temps et qui gère 4 établissements.

Photo de la boulangerie en 2022 (Document Google Maps)

En 2009, la ville de Hem souhaite à nouveau procéder à la sécurisation, à l’aménagement du parvis et à la rénovation des façades du centre commercial, composé de 3 ensembles, pour un montant total de 300.000 euros.

Un restaurant ouvre alors ses portes pendant une petite année géré par Brahim Ben Bahlouli. Ce n’est qu’en 2014 que Nassim Baitar ouvrira son commerce de restauration rapide. En 2019, Kada Bouziane Belhadj le remplace pour 2 ans et en 2021, c’est l’I-Gill BBQ de Samir Bechia qui prend leur place.

Photos du snack en 2022 (Document Instagram I-Grill)

En 2010, c’est la pharmacie Schweitzer qui voit le jour, gérée par Driss Rajraji, officine toujours en activité aujourd’hui. Puis en 2015, un commerce de détail d’équipements automobile s’installe sur le centre à l’enseigne Best Pieces Auto. C’est Said et Hamid Kechout qui ouvrent cet établissement toujours en activité à ce jour.

Photo de la pharmacie en 2022 (Document Google Maps)
Photo de Best Pièces Auto en 2022 (Document Google Maps)

De nos jours le cabinet médical fonctionne toujours avec 2 médecins : Claudine Andriaminhamina et Anny Vermersch. Des infirmières complètent l’offre de santé en la personne de Sylvie Cottreel.

Photo du cabinet médical en 2022 (Document Google Maps)

Plus de 50 ans après sa création le centre commercial Schweitzer, après plusieurs rénovations, est donc toujours en activité même si les cellules qui le composent se sont recentrés sur les besoins essentiels type alimentaire et santé. Il est essentiel en effet que les habitants du quartier conservent leurs commerces de proximité.

Photos générales du centre en 2008 et 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem