Les potages Dulfrance

Pierre Caulliez crée en 1939, les laboratoires Dulfrance, au 230 rue d’Alger, dans une partie de l’entreprise des rubans Gallant. Pierre produit des farines alimentaires ( aliments pour bébés ) sous la marque Dulcia.

Publicité des laboratoires Dulfrance ( document collection privée )

Les débuts sont difficiles, en 1939, mais dès la fin du deuxième conflit mondial, les affaires démarrent enfin. A la fin des années 1940, Pierre Caulliez développe l’activité de farines alimentaires et commence à s’intéresser aux produits déshydratés, et en particulier les potages et sauces.

Buvard ( document collection privée )

En 1955, les locaux de la rue d’Alger sont désormais trop petits mais l’entreprise Dulfrance a la possibilité de reprendre un très grand local au 56 de la rue des Sept Ponts. C’était auparavant, l’atelier de fabrication des meubles De Beyne ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé De Beyne ).

le 56 rue des Sept Ponts ( document collection privée )

L’entreprise de Pierre Caulliez emploie 10 personnes pour fabriquer et commercialiser ses produits déshydratés. La concurrence sur le marché est féroce, car de grands groupes alimentaires sont implantés avec de très grandes marques : Royco, Knorr et Maggi.

document archives municipales

Pierre commence sérieusement à penser à l’exportation pour ses produits. Antoine Caulliez vient aider son père, au sein de l’entreprise Dulfrance. Dans les années 1970, Antoine attaque avec succès l’exportation vers l’Afrique, l’Amérique du sud, le moyen-Orient. Ensuite au début des années 1980, il songe sérieusement à s’implanter aux Etats-Unis, aidé et conseillé par la COFACE ( Compagnie Française d’Assurances du Commerce Extérieur ). Puis, Stéphane ( le fils d’Antoine ) entre dans l’entreprise pour aider son père.

document archives municipales
Antoine et Stéphane Caulliez ( document Nord Eclair )
documents Nord Eclair et collection privée

Antoine et Stéphane mettent au point une gamme de 9 potages et 6 sauces déshydratées, sous sachets traduits en anglais et en bilingue pour le Canada. Ils recrutent un agent pour la commercialisation de leur gamme de produits. Le succès est immédiat : deux ans après le démarrage, Dulfrance dispose désormais de 7 importateurs sur les USA et le Canada et dix containers ont été expédiés soit plus d’un million de sachets vendus.

En 1987, Antoine et Stéphane commencent à s’attaquer à de nouveaux marchés, tels que l’Australie et la Nouvelle Zélande à l’exportation et, pour la France, les collectivités, hôpitaux, restaurants d’entreprises, cafétérias, tous très concernés par les produits déshydratés. Dulfrance produit alors des conditionnements adaptés, des paquets cartonnés qui permettent de fabriquer 12 litres de potage.

document collection privée

Le succès de cette petite entreprise roubaisienne est d’autant plus surprenant qu’elle ne compte que 10 personnes ! Antoine et Stéphane s’expliquent : En effet, c’est que les ingrédients déshydratés ne sont pas fabriqués sur place. Nous les recevons séparément, nous les mélangeons selon nos propres recettes, et nous les conditionnons sur des machines automatiques, ce qui explique qu’il nous faut très peu de personnel. Outre le mélange, les emballages sont conçus à Roubaix, ainsi que toute la stratégie commerciale. Notre atout c’est justement notre petite taille, qui nous permet une grande souplesse et une rapidité d’adaptation.

documents Nord Eclair 2003

En Août 2003, un incendie se déclare dans l’entreprise Dulfrance. Les pompiers arrivent sur place avec quelques difficultés de circulation, puisque c’est le jour de la braderie du quartier ! Une bouteille de gaz est certainement à l’origine du sinistre. Les secours maîtrisent rapidement l’incendie. Le bâtiment de stockage de marchandises est fortement endommagé.

L’entreprise Bati-Techni-Concept reconstruit, en 2004, un nouvel entrepôt de stockage, qui a l’avantage d’avoir des liaisons directes avec les différentes parties de l’entreprise, améliorant ainsi, les conditions de travail du personnel.

document archives municipales 2004

En 2015, Dulfrance se rapproche de Nutridry, un groupe alimentaire de 5 entreprises spécialisées dans les produits déshydratés. La fabrication des potages Dulfrance se fait désormais dans les locaux Nutridry à Lezennes, rue Paul Langevin.

document collection privée

Dulfrance ferme ses portes le 24 Juillet 2015. Depuis 2016, le bâtiment du 56 de la rue des Sept Ponts est occupé par La Croix Rouge Française.

documents collection privée et Nord Eclair 2016

Remerciements aux archives municipales

Jean Cirez : A VOTRE SERVICE

Jean Cirez naît à Roubaix en 1930. Il passe son certificat d’études, puis enchaîne quelques petits boulots. En 1967, il habite au 69 rue Pellart. Il crée avec son ami André Haelvoet, une petite entreprise de dépannage tous corps d’état ( plomberie, chauffage, électricité, rénovation toitures ) et installe son bureau au 75 rue Saint Louis.

Publicité 1968 ( Document JP Cirez )

Les deux hommes se complètent parfaitement : Jean est technicien et homme de terrain, André est plutôt administratif, il s’occupe des devis, des factures, et de la comptabilité. Pour développer l’activité de dépannage, Jean Cirez fait appel à son frère Claude, menuisier, et à son beau frère Jacques, électricien. Jean et André sont très sensibles au service apporté à la clientèle. Ils déposent donc la marque « A VOTRE SERVICE » pour la petite entreprise.

La petite entreprise A VOTRE SERVICE au 75 rue Saint Louis en 1968 ( Document JP Cirez

Les résultats sont satisfaisants et encourageants, dès le démarrage, si bien qu’en 1971, ils créent une SARL et s’installent dans un local de 312 m2 au 149 rue du Collège, qui était auparavant le siège de la « Société Anonyme de tissus nouveautés ». Ils transforment complètement la façade la même année, en créant une baie vitrée et une porte de garage. Jean habite à l’étage, avec son épouse Gisèle.

( Documents collection privée )

Leur expérience et leur qualité de travail sont très vite reconnues par la clientèle, mais également par les fournisseurs. En 1974, l’entreprise Airelec, fabricant de chauffage électrique, contacte Jean Cirez et André Haelvoet, leur propose d’assurer le Service après vente et la distribution de pièces détachées, en exclusivité, sur six départements. L’accord est conclu. Cette nouvelle activité apporte un complément à celle du bâtiment.

D’autres fabricants vont ensuite accorder également leur confiance aux deux hommes, comme les marques Moulinex, Rowenta, SEB, Krups, Tornado, Electrolux avec le label de qualité  »Pièces certifiées constructeurs ». Dès ce moment, la société devient le centre d’entretien de plus de 30 marques ; cela représente 250.000 pièces détachées, et plus de 15.000 références. Jean Haelvoet décède malheureusement cette même année. Jean Cirez décide de continuer seul l’activité.

A l’extrême droite Jean Cirez et son épouse Gisèle, à l’extrême gauche l’un de ses deux fils, Jean Pierre ( Document JP Cirez )

L’entreprise se développe fortement. 11 véhicules de dépannage composent désormais la flotte de l’entreprise, laquelle compte 14 dépanneurs qui sillonnent la métropole.

Une partie de la flotte, devant le siège au 149 rue du Collège ( Document JP Cirez )
Eric, un des techniciens devant le véhicule plateau Peugeot 504 ( Document collection privée )

Jean reprend le 149 ter de la même rue, en 1980. C’est une simple porte cochère, mais un long couloir permet d’arriver dans un local où il crée son magasin destiné à recevoir la clientèle. Cela lui permet de vendre des pièces détachées toutes marques,  »au comptoir ».

Le comptoir ( Document JP Cirez )
La façade ( Document JP Cirez )
La façade après les travaux ( Document JP Cirez )

En 1984, l’entreprise de Jean Cirez fête ses 18 années d’existence et de succès. C’est l’occasion de célébrer cette réussite, par un verre de l’amitié, avec des membres de la municipalité, les 19 salariés, les principaux clients et fournisseurs.

( Document NE 1984 )

Au début des années 1990, Jean Cirez reprend le 149 bis qui était un atelier de bijouterie. Il peut désormais étendre son activité au 149, 149 bis et 149 ter, ce qui représente plus de 1000 m2 de surface et peut alors transformer complètement la large façade de plus de 18 mètres. Tous les travaux d’aménagement sont, bien sûr, réalisés par l’ensemble du personnel ; quand on s’appelle « A Votre Service » on montre l’exemple : le service bien compris commence par soi-même.

Le nouveau comptoir ( Document JP Cirez )

Depuis le début des années 1990, l’activité du SAV dépasse largement celle du bâtiment. L’entreprise « A VOTRE SERVICE » devient alors, un des plus importants centres agréé de France, en matière de Service après vente. De très grosses entreprises comme Darty, Boulanger, Auchan, La Redoute, Carrefour doivent faire appel à l’entreprise Cirez pour la garantie des appareils électro-ménager des constructeurs.

( Document JP Cirez )

En 1993, Jean Cirez décide de prendre une retraite bien méritée. A cette occasion son ami, André Diligent, lui remet la médaille de la ville. Jean transmet l’entreprise à ses deux fils, Jean-Pierre et Pascal, qui vont continuer l’activité. Jean garde cependant un œil bienveillant sur l’activité de la société.

( Document VDN )

Jean Cirez décède malheureusement en cette fin d’année 1993, l’activité continue de façon satisfaisante. Au début des années 2000, les premières difficultés apparaissent : la réduction des marges bénéficiaires, les tensions sociales au sein de l’entreprise, les super marchés de bricolage sont une concurrence directe pour l’activité bâtiment, et en ce qui concerne le SAV, les particuliers s’approvisionnent sur Internet. En 2008, l’entreprise cesse son activité, et ferme ses portes, après 44 ans d’activité. De très nombreux clients de toute la région, gardent encore un très bon souvenir de l’entreprise « A VOTRE SERVICE »

( Document JP Cirez )

Remerciements aux Archives Municipales, et à Jean Pierre Cirez, pour son témoignage et sa documentation.

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Les gaufres Rita

Alphonse et Alfred Demeuleneire sont frères. En 1911, ils créent un atelier de fabrication de gaufres, au 80 rue du Moulin ( actuellement rue Jean Moulin ) ; ils fabriquent des gaufres sèches et des gaufres fourrées à la vanille, à la vergeoise, au miel. Ils livrent des grossistes avec leurs marques déposées : la Parisienne, la Tzarine, la Japonaise, et surtout la Mirella.

( Document coll. priv )

 Les gaufres sont découpées et fourrées à la main ; leur qualité irréprochable entraîne un succès immédiat. Rapidement, le manque de place se fait cruellement sentir et, en 1928, ils déménagent leur atelier dans des locaux beaucoup plus vastes au 49 et 51 rue Daubenton. Ils créent la marque « Succès du jour » ainsi que la marque « Rita ».

( Documents coll. priv )

La pâtisserie artisanale ne cesse de grandir et de se développer, rachetant les maisons voisines de la même rue, avant d’allonger son emprise sur l’arrière pour atteindre la rue Saint Joseph où est édifiée une superbe façade. La superficie au sol, est désormais de 1600 m2. Dans les années 30, les deux frères Demeuleneire diversifient leur production, en ajoutant une gamme de pains d’épices, de couques et de biscuits.

( Document J.J.Desprets )

La fabrication des célèbres gaufres Rita, reste artisanale. La recette reste jalousement protégée par des brevets. Les gaufres Rita sont conditionnées en sachet aluminium de 6 gaufres, et également en boites métalliques d’1 kg.

( Documents coll. priv )

Adolphe et Alfred Demeuleneire investissent ; ils achètent des machines modernes et performantes pour gagner en productivité et arriver à une quantité de 25.000 gaufres fabriquées quotidiennement.

( Documents D .Labbé )
Habillage des boîtes et chargement du fourgon Renault, par le tapis roulant, pour expédition
( Documents D. Labbé )

A la fin des années 40, Alphonse Dubrulle, le beau-frère d’Alphonse et Alfred Demeuleneire, reprend l’affaire. Il achète le 43 rue Daubenton et aménage la façade et les bureaux des 45, 47 et 49. L’entreprise livre les commerçants directement avec les célèbres véhicules publicitaires. Les camions et camionnettes Rita ( de marque Renault, exclusivement ) livrent tout le Nord de la France, mais également la Normandie et la région Parisienne.


Les véhicules rue St Joseph ( Document J.J. Desprets )
Le fourgon Renault 1000 KG, la Renault Colorale, le camion Rita ( Documents J.J. Desprets ) 

Pour l’entretien de ses nombreux véhicules, Alphonse Dubrulle installe un atelier dans les locaux de la rue Daubenton, pour le graissage vidange et même le lavage des Renault.

(Documents D. Labbé )

Après guerre, le fils d’Alphonse Dubrulle, Jacques, vient aider son père à la gestion de l’entreprise. En 1956, la société devient SA, compte 60 salariés et continue de prospérer.

( Document D. Labbé )

En 1986, Jean-Jacques Desprets, PDG de la Sté Sucrema à Tourcoing, reprend les gaufres Rita. Sucrema fait partie de la holding Lori qui fabrique en particulier la madeleine Loridan, bien connue. En 1987, toute l’entreprise Rita est transférée rue Ma Campagne à Tourcoing, pour regrouper l’ensemble de la production. C’est la fin de l’histoire roubaisienne de la gaufre Rita !

Le bâtiment de la rue Daubenton reste inoccupé quelques années et, en 1994, la friche Rita est transformée par l’architecte Jean Charles Huet de la rue Ingres, en pépinière artistique « Chez Rita ». Les 1600 m2 au sol sont transformés en 32 cellules-ateliers et 8 appartements d’artistes.

( Document « Chez Rita » et Archives Municipales )

La gaufre Rita est, à ce jour, produite et distribuée par une très grosse entreprise belge, la Société Poppies de Zonnebeke.

( Documents Sté Poppies )


Remerciements aux Archives Municipales, à Jean-Jacques Desprets et à Daniel Labbé pour leur documentation.




Le carrossier Robert Barbe

Robert Barbe : trois générations successives d’artisans à Roubaix. Robert-Arthur Barbe est né, en 1883, à Menin. Il est charron ; il fabrique et répare des chariots, des charrettes, des voitures hippomobiles, et en particulier, le cerclage ( bandage en métal ) des roues en bois, pour éviter leur usure prématurée. Il est également forgeron. Il crée son atelier artisanal en 1911.

85 rue de Cartigny 1928 ( Doc Archives Municipales )

En 1928, il a son atelier au 154 rue de Constantine. Il demande un permis de construire pour édifier un bâtiment au 85 rue de Cartigny, à l’angle de la rue de Biskra. Il habite au 126 rue du Caire avec son épouse Julie Deboevere. Ils ont un fils Robert-Nestor, né en 1911.

( Document L. Barbe )

L’arrivée des véhicules automobiles modifie complètement son activité. Des roues en bois, il passe aux premières roues équipées de pneumatiques et se spécialise dans la carrosserie des voitures et surtout des camions. Dans les années 1930, Robert-Nestor devient adulte et développe la petite entreprise. Le principe est assez simple : les clients achètent la base du camion, c’est à dire le tracteur et le châssis. Le carrossier équipe la partie chargement, en fonction du choix du client. La transformation dépend bien sûr des métiers de chacun (transport, déménagement, livraison… ).

Les camions GBM au quai d’Anvers ( Document L. Barbe )

Robert est créatif. Il invente et propose le « plateau plat » à ouverture latérale. C’est un camion idéal pour les brasseurs car, à l époque, les brasseries livrent la bière en caisse, directement aux particuliers. L’ouverture latérale permet aux livreurs d’accéder directement au chargement en évitant ainsi des manipulations inutiles et fatigantes. Ce camion connaît un énorme succès. Les brasseries ( la GBM : Grande Brasserie Moderne, les Débitants Réunis, les Enfants de Gayant ) passent des commandes importantes. Robert-Nestor Barbe se marie, en 1937, avec Prudence Lowie, qui va s’occuper de la gestion administrative de l’entreprise. Leur fils Robert-Patrick naît à Roubaix en 1942.

85 et 91 rue de Cartigny ( Photo Google Maps et document Archives Municipales )

En 1946, Robert et son épouse habitent 65 rue Mazagran, et ce jusqu’en 1953, date à laquelle ils font l’acquisition d’une maison d’habitation au 91 rue de Cartigny, à côté de l’atelier. Robert achète également un local juste en face, de l’autre côté de la rue de Biskra.

( Doc Archives Municipales )

Robert-Patrick 8 ans, en 1950, devant le camion Poutrain chargé de ballots de lin (Document L. Barbe )

Au début des années 60, Robert-Patrick, après ses études aux Arts et Métiers à Lille, travaille à l’atelier et aide son père à développer l’entreprise. Les locaux deviennent, encore une fois, trop petits. En 1968, il fait l’acquisition d’un immense local, au 167 rue Daubenton, précédemment occupé par les Ets Pauchant : une scierie et fabrique de caisses d’emballages.

167 rue Daubenton ( Photo Google Maps )

C’est un bâtiment immense. De nombreuses machines sont installées, y compris d’énormes cabines de peinture, pour peindre les carrosseries. Pour les décorations publicitaires des camions, Robert confie les travaux aux Ets Dedryver, au 16 bis rue de l’Espierre, à Tourcoing. Vingt cinq personnes travaillent désormais dans l’entreprise : tôliers, menuisiers pour les planchers en bois, spécialistes en capitonnage, ouvriers pour les réparations, un gestionnaire de stock pour le magasin et une secrétaire au bureau.

Camion Mercedes ( Document L. Barbe et Nord Eclair )

Les commandes de grosses entreprises affluent. Parmi elles, citons :

– des entreprises de transport : Dubois, Brocvielle, Mussche

– des entreprises de VPC : La Redoute, Les 3 Suisses, Daxon, Damart

– des entreprises de déménagement : Voreux Lauwers, …

– des entreprises diverses : Verquin, Union biscuits, La Voix du Nord, et bien d’autres.

Robert est un bon commerçant ; il se lie d’amitié avec de nombreux clients, en particulier les responsables de transport des grosses sociétés. Il édite même des publicités communes comme celle ci-dessous.

Carrosserie du camion des transports Dumont ( Document Nord Eclair ) et Robert Barbe père et fils ( Document L. Barbe )

Au décès de son père, en 1987, Robert-Patrick prend la direction de l’entreprise. Dans les années 90, la profession change et évolue ; les fabricants comme Cargovan ou Durisotti proposent désormais d’installer des « kits mécano » : kits de carrosserie pour véhicules industriels, à poser en un temps record, afin de réduire les coûts, ce qui entraîne des réductions de personnel. En 2000, Robert a des problèmes de santé. Il cède son affaire à deux associés : Jean Bekaert et Philippe Woestelandt qui continuent l’activité et développent les aménagements intérieurs de véhicules utilitaires, avant de disparaître au milieu des années 2010.

Photo BT

Aujourd’hui, le bâtiment du 167 rue Daubenton a été transformé en plusieurs parties. On y trouve désormais un atelier de réparation de véhicules d’occasion; l’habitation a été divisée en plusieurs appartements et, derrière, il y a un projet de réhabilitation des énormes entrepôts, en vue de leur transformation en de nombreuses parcelles avec entrée au 24 rue Olivier de Serres.

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Remerciements aux Archives Municipales, et à Laurence Choteau Barbe pour son témoignage et sa documentation.

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De la chocolaterie St Pierre, au bonbon Lutti

Léon Desprets est né à Hem en 1922. A 14 ans, en 1936, il passe son certificat d’études, et devient apprenti à la pâtisserie De Ruyver au 200 rue de Lannoy à Roubaix. Deux ans plus tard, il vient travailler dans la boulangerie de ses parents au 13-17 rue de Roubaix à Toufflers.

Léon Desprets en 1938 ( Document J.J. Desprets )

En 1942, Léon se marie avec Gabrielle Dumont, et reprend la boulangerie familiale. Il a l’esprit créatif et souhaite entreprendre. Il fabrique plusieurs spécialités en chocolat, dont la célèbre « bouteille liqueur », enrobée de chocolat, qu’il livre aux commerces de détail, par l’intermédiaire d’un grossiste : les Ets Bernard à Cambrai. En 1943, il commence à livrer des tartes et des gaufres fourrées, chez des gros clients, comme Prisunic. Il vend également des produits de négoce, comme les bonbons de La Pie qui Chante, ou les biscuits de Geslot Voreux. Il livre ses produits de confiserie dans les salles de spectacle : le Casino, le Carioca, et le cinéma Noêl.

La boulangerie en 1948 ( Document J.J. Desprets )

Le succès est immédiat ; il crée la confiserie des 2 gourmands et la chocolaterie Saint Pierre en 1949.

En 1950, Léon a quelques problèmes de santé, et doit rester 6 mois allongé. Il décide alors de revendre le commerce de Toufflers. Son épouse reprend la pâtisserie Savora au 35 rue de Lannoy à Roubaix. Ils habitent au 32 rue de Montgolfier

Savora 35 rue de Lannoy ( Document J.J. Desprets et coll. priv. )

Léon installe sa petite entreprise, au 35 rue d’Artois à Roubaix, dans des locaux plus vastes, ce qui lui permet de développer sa production.

Bâtiment rue d’Artois ( Document Archives Municipales )

( Document coll. priv. )

En 1953, il développe sa gamme de produits en ajoutant à son catalogue : des bouchées-cerise, des boules-crème, des souris-caramel, des guimauves, des rochers-chocolat, des pralines liqueur. Il crée également une délicieuse friandise : « Les Malices de Roubaix »

( Document coll. priv. )

Les locaux de 800 m2, du bâtiment de la rue d’Artois, deviennent très rapidement trop petits. Léon Desprets envisage donc de trouver un endroit plus grand. Il apprend que le bâtiment qui abritait le Cercle de l’Industrie, au 7 bis Grand-rue, est libre ; il saute sur l’occasion et s’y installe en fin d’année 1954. La société connaît alors une ascension fulgurante : 150 personnes travaillent désormais dans l’entreprise. La chocolaterie Saint Pierre et la confiserie des 2 gourmands deviennent une SARL.

( Document coll. priv. )

Il trouve de nouveaux lieux de stockage, dans les locaux de la brasserie du Fresnoy, rue de Rome ; les transports sont alors assurés par une entreprise voisine, les Ets Vanhove au 82-84 de la même rue.

Léon Desprets, à droite Alexandre Willerval, à gauche André Lorthiois et Michel Bogaert ( Document Nord Eclair )

Léon Desprets gère parfaitement bien son entreprise. Il a des qualités de décisionnaire et de manager, ce qui ne l’empêche pas de diriger « en bon père de famille », puisque, tous les ans, il invite l’ensemble du personnel ( ouvriers, employés, représentants et cadres ) au traditionnel banquet de Saint Nicolas ( patron des confiseurs ) dans la salle du « Carrefour », au 84 Grand rue.

( Document coll. priv. )

En 1960, il achète le bâtiment du 4 quai de Dunkerque, qui était l’emplacement de l’usine textile G. W. Richardson. C’est un bâtiment impressionnant de 3 étages, et d’une hauteur de plus de 18 mètres. En 1963, 200 personnes travaillent dans la société.

L’année suivante, il rachète l’entreprise Lamy de Lyon qui fabrique le bonbon caramel Magnificat.

( Document coll. priv. )

L’expansion rapide de la société amène Léon à s’associer avec Maurice Desurmont pour permettre de financer le développement de l’entreprise. Bernard Desprets le fils de Léon, vient aider son père dans l’entreprise en 1965.

En 1966, il décide de créer la CIPAL ( Cie Industrielle des Produis d’Alimentation ) qui est, en fait, la fusion des entreprises St Pierre et Lamy ; le siège de l’entreprise reste quai de Dunkerque.

( Document J.J. Desprets )

Léon Desprets fait quelques travaux : il fait installer une porte cochère, pour un meilleur accès, par le 129 rue de Tourcoing (derrière la station Total du Pont Morel au 131), et il fait aménager des bureaux pour les employés.

L’usine est immense ; des machines sont implantées à tous les étages du bâtiment. On y trouve des machines pour peser, doser, cuire, envelopper, mettre en sachet, conditionner en cartons et en palettes. On trouve également un laboratoire et un restaurant d’entreprise.

( Document J.J. Desprets )

Pour l’approvisionnement en matières premières, le sucre et le glucose sont livrés en vrac, les matières grasses liquides en container, le lait concentré en fûts, et, chaque jour, le lait frais arrive en bidons, ainsi que le beurre et la crème fraîche.

L’équipement ultra moderne de l’usine et les nouveaux apports de matériel performant rendent alors possible une production journalière de 20 tonnes, ce qui permet d’envisager l’avenir avec une grande confiance, en vue d’un développement européen.

A gauche Annie Cordy, à droite Line Renaud et Léon Desprets ( Document J.J. Desprets )

L’entreprise connaît une forte dynamique commerciale. Elle est présente sur de nombreux salons, comme le salon Intersuc, en 1964, en présence d’Annie Cordy, et en 1965, avec Line Renaud.

A la fin des années 60, l’entreprise va racheter des petites confiseries de la métropole, comme Toutexky à Mouvaux, Cauchy à Tourcoing, Marly à Marquette, Saint-Jacques à Tourcoing, Fausta à Tourcoing.

La CIPAL rachète également les locaux de l’ancienne usine Bellevue, Boulevard de l’Egalité à Tourcoing, pour y installer les lignes de production de chocolats et gélifiés. Les productions de confiserie sucre restent à Roubaix.

Léon Desprets en 1967 ( Document J.J. Desprets )

Maurice Desurmont, compte tenu de ses quelques problèmes de santé, décide de vendre ses parts, à la fin des années 60, à Françis Pollet ( actionnaire de La Redoute ). Léon Desprets et Françis Pollet revendent la CIPAL en 1972, au groupe belge Continental Foods, dont le produit phare est le fameux bonbon LUTTI.

Léon Desprets devient le PDG de Continental Sweets. Les produits de la Cipal sont vendus en Belgique, et la Cipal s’occupe de la distribution de Lutti. Cette même année, la société reprend la chocolaterie St Jacques de Mr Tiberghien, à Tourcoing au 43 avenue de la Marne.

En 1975, il y a regroupement pour former une seule société : LAMY-LUTTI.

( Document coll. priv. )

En 1977, Léon Desprets, à la fin de son contrat de 5 ans, quitte l’entreprise, et reprend 2 biscuiteries :

– Sucrema de la rue Ma Campagne à Tourcoing, qui fabrique des biscuits et des gaufrettes fourrées

– Loridan à Roncq qui produit des madeleines.

En 1981, l’usine du quai de Dunkerque quitte Roubaix et déménage à l’usine St Jacques de Tourcoing.

En 1984, une demande de permis de démolir est déposée pour le bâtiment quai de Dunkerque.

( Document Sté Lutti )

Aujourd’hui, le site de production de Lamy Lutti se trouve à Bondues, dans la ZI de Ravennes les Francs. C’est une usine ultra moderne et compétitive qui produit 50.000 tonnes par an.

Lutti est la deuxième marque du marché en France, et la première en Belgique.

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Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Jean-Jacques Desprets pour sa documentation et son témoignage

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Cinquantenaire de la Brasserie Union de Rx Tg

En 1938,la brasserie « Union de Roubaix Tourcoing » de la rue Meyerbeer fête le cinquantième anniversaire de sa fondation. Fondée en 1888, cette brasserie coopérative est l’une des plus importantes de la ville.

( document coll. priv. )

Pour fêter cet événement mémorable, la Direction de l’établissement décide d’offrir à l’ensemble de ses salariés un banquet dans la salle Henri Watremez, rue de l’Hospice, car évidemment une immense salle est nécessaire pour accueillir tout ce monde, en date du 19 Juin 1938.

( document coll. priv. )

Quelques personnalités sont invitées au repas : Mr Sory adjoint au maire, Mrs Verbeurght et Vanherpe de la mairie, Mr Mandroux inspecteur du travail.

Mr Théo Tillie président du conseil d’administration de la brasserie prend la parole avant le repas ; il rend hommage au dévouement du personnel, remet des plaquettes-souvenirs à Mrs Rose et Desfontaine, et remet des médailles du travail à 29 salariés (ouvriers et employés).

( document coll. priv. )

Le banquet se déroule ensuite, animé par l’excellent orchestre de Mr Albert Duhamel.
Après le dessert, plusieurs discours sont prononcés, des hommages, des éloges sur la brasserie, devenue en 50 ans une grosse affaire de 150.000 hectos par an (les bières dont le célèbre Bock Meyerbeer, les vins et les liqueurs).

( document coll. priv. )

Un impressionnant cortège est organisé dans les principales artères de la ville. Tous les véhicules de la brasserie défilent : les véhicules hippomobiles mais aussi les nouveaux camions de livraison, avec les drapeaux tricolores qui flottent au vent.

( document coll. priv. )

Une foule immense assiste sur les trottoirs, à cette succession d’attelages et de camions. C’est manifestement une action publicitaire d’envergure, pour démontrer la force et l’importance de la brasserie Meyerbeer.

( document coll. priv. )

Le défilé rue de l’Alouette ( au N° 4 le studio photo de Mr H. Planque et au N° 2 la bonneterie de Mme Delattre ).

( document coll. priv. )

Le convoi publicitaire passe devant la pâtisserie de Mr Bogart au 97 rue du Grand Chemin.

( document coll. priv. )

Devant la cordonnerie de Mr Longuépé au 3 rue de l’Alouette.

( document coll. priv. )

Une foule immense pour l’arrivée sur la Grand Place.

A la fin des années 50 la Brasserie Meyerbeer sera reprise par la Brasserie Nord Lorraine, et ensuite par la Société Européenne de Brasserie ( Champigneulles ) en 1962.

La brasserie ferme ses portes en 1970, au grand désespoir de la Direction et du personnel, car Meyerbeer ne pourra donc pas fêter son centenaire en 1988.

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Le refuge du quai de Gand

Lors de la fondation de l’antenne roubaisienne de la Ligue Protectrice des Animaux par M. Lenglant, la ville met à leur disposition un espace dans l’abattoir en 1957, puis, en 1959, les loge dans les bureaux de l’ancien dépôt des tramways situé rue de Mascara. On y installe des boxes et un enclos extérieur pour permettre aux animaux de prendre l’air. Ceux-ci sont sous la garde vigilante de M. Fontaine, nous précise la Voix du Nord.

Le refuge rue Mascara en 1959 – photo la voix du Nord
Le refuge rue Mascara en 1959 – photo la voix du Nord

Mais cette implantation n’est que provisoire, et, en 1965, le refuge s’installe près du canal, au coin de la rue Turgot et du quai de Gand sur un espace planté de jardins.

Le nouveau lieu d'implantation – photo IGN 1947
Le nouveau lieu d’implantation – photo IGN 1947

On construit à cet effet un bâtiment à un seul niveau dont la façade s’aligne le long du quai. Un espace reste libre derrière la nouvelle construction pour permettre les ébats des « réfugiés » tout en laissant la place à une future extension.

Photo IGN 1965
Photo IGN 1965

L’ouverture est prévue pour le 27 décembre. Nord Matin qualifie le bâtiment de « coquet » avec sa peinture blanche et bleu-ciel. Le journal souligne le progrès réalisé par rapport aux locaux précédents « perdus au fond d’une impasse tristement mélancolique ». Les installations comprennent un bureau, une infirmerie, et, au fond, 26 boxes avec accès à une grande cour carrelée s’ouvrent sur un long couloir. Mme Dewitte en est la gérante. Le personnel bénévole comprend en outre quatre personnes, et l’association emploie deux vétérinaires.

Les nouveaux locaux – photo Nord Matin
Les nouveaux locaux – photo Nord Matin

Le temps ayant passé, ces installations sont devenues de plus en plus vétustes et sont constamment bondées. En 2012, le refuge comprend 70 box, mais ils sont insuffisants en nombre pour accueillir les animaux abandonnés. Les responsables de l’association drainant les animaux de 80 communes réclament périodiquement des locaux plus grands, mais la question du relogement reste pour l’instant sans solution. Un prochain déménagement, cinquante ans après le précédent, se fait encore attendre…

Document LPA - 2013
Document LPA – 2013

Hormis le dernier, les documents proviennent des archives municipales.

 

Le Beau Chêne

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Le hasard des recherches dans les archives municipales nous a fait découvrir une photo de cette ferme, prise lors de sa démolition en 1927. D’après la légende, elle était située boulevard de Metz, et la comparaison avec des plans et photos aériennes de l’époque nous permet de préciser que le photographe était placé derrière la ferme et que les bâtiments au fond et à droite sont situés respectivement boulevard de Metz et rue Voltaire. Placée le long du chemin des Couteaux non loin du hameau du Hutin, elle fait partie des fermes anciennes de Roubaix, qu’on remarque déjà sur les plans cadastraux du consulat, juste après la révolution. Si elle n’est pas cernée de douves, comme d’autres à la même époque, c’est qu’il n’y a pas de cours d’eau à proximité immédiate pour les alimenter ; le canal n’arrivera que bien plus tard !

La ferme en 1884
La ferme en 1884

Dénommée Ferme du Beau Chêne en 1884 sur plan cadastral, elle est située dans le Ravet-Anceau au 9 chemin des couteaux, dans le hameau du même nom, ce qui correspondra plus tard au 105 boulevard de Metz. Les recensements successifs nous apprennent qu’elle était tenue au 19 ème siècle par Louis Prouvost, né à Roubaix en 1800, qui a épousé assez tard Victoire Masquelié (également orthographié Masquelier). Celle-ci, veuve depuis 1881, conservera la ferme qu’elle laissera ensuite à ses enfants. D’après le Ravet-Anceau, celle-ci sera exploitée jusqu’en 1926. Le chemin des Couteaux sera progressivement redressé et élargi pour constituer le boulevard de Metz, mais la cense, placée en retrait du chemin, ne sera pas touchée par ces travaux. En 1867, le percement du canal va bouleverser le quartier et séparer les hameaux jusque là voisins et traverser sur les terres dépendant de la ferme.

Situation de la ferme sur une photo IGN
Situation de la ferme sur une photo IGN

Louis Joseph Prouvost est seul en 1836 pour élever ses trois filles Julie, Eosine, et Virginie. Il se mariera en 1846 à Victoire Masquelié, qui lui donnera deux autres filles, Victoire et Marie. Celles-ci auront respectivement 4 et 2 ans en 1851. Marie n’aura pas de descendance, mais Victoire aura deux filles de son mariage avec Jules Warlop, Marie Victoire et Elise Marie. Louis et Victoire Prouvost-Masquelié achètent en 1866 la ferme qu’ils cultivaient jusque là à Mme Marie Christine Delporte, veuve de M. Pierre Joseph Dassonville.

BC4-96dpiEn 1893 des documents officiels nous apprennent que Mlle Marie Prouvost, fille de Louis et de Victoire est co-propriétaire de la ferme avec les enfants de sa sœur Warlop-Prouvost, mineures. Elle a construit une maison, qu’elle occupe depuis 1874, le long du boulevard, au 44 et demande un permis de construire pour en édifier deux autres tout à côté. Les deux sœurs en font également construire deux, choisissant également comme architecte M. Deregnaucourt. Victoire Warlop-Prouvost, veuve, occupe la ferme de 1882 à 1895. La ferme est ensuite reprise à bail par la famille Dupont, qui l’exploite entre 1899 et 1926, à la veille de sa démolition. Durant cette période, la cense a été vendue : M. Dupuis, habitant Tourcoing, en est propriétaire en 1914, et Jules Wacquier, entrepreneur, l’est en 1920.

Les maisons construites près du 44 par la famille
Les maisons construites près du 44 par la famille

Le vieille ferme est donc démolie en 1927. Les établissements Masurel obtiennent un permis de construire pour un alignement de 27 maisons au coin du boulevard de Metz et de la rue Voltaire. Une photo aérienne de 1932 nous montre le long du boulevard cette rangée de maisons, alors que des jardins (ouvriers?) s’étendent sur son emplacement. En face de l’autre côté du boulevard, d’autres jardins (ouvriers également?).

Les documents proviennent des archives municipales.

 

 

 

 

Quand Meyerbeer devint Nord Lorraine

La brasserie Meyerbeer (Union Roubaix Tourcoing) fut créée en Coopérative fondée en 1907. Elle occupait les adresses suivantes : n°33-39 & 62-84 rue Meyerbeer. C’était l’une des grandes brasseries de Roubaix et ses productions étaient nombreuses. Parmi les bières en bouteilles, citons la bière double extra fine, la triple blonde de luxe, la blonde perle Meyerbeer, la triple brune de luxe, la Munich Meyerbeer. Tout cela en bouteilles d’un litre, ou en fûts de 25, 50, 75 et 100 litres. La Triple blonde de Luxe obtint un premier prix à Gand en 1928 avec félicitations du jury. Des connaisseurs ! La publicité du Bock Meyerbeer occupa longtemps les unes de journaux et les façades des estaminets. L’arrêt de la production intervient au début des années cinquante.

En tête Brasserie Union Roubaix Tourcoing Méd Rx
En tête Brasserie Union Roubaix Tourcoing Méd Rx

La nouvelle brasserie Nord Lorraine, société constituée par plusieurs groupes importants de brasserie de l’est et de Paris, rachète les bâtiments de l’ancienne brasserie Meyerbeer en février 1957. Ils seront entièrement rénovés par des entrepreneurs dont certains sont roubaisiens : la SA Léon Planquart, 22 grand-rue, s’occupe des bétons et maçonneries, les Ets Van hooland, rue St Jean, interviennent  pour les travaux de charpente et menuiserie. Une passerelle surmonte la rue Meyerbeer pour mettre en relation les deux parties de la brasserie, d’un côté la fabrication, de l’autre la canetterie (côté pairs) où se pratiquent la pasteurisation des bouteilles et le capsulage par couronnes.

L'inauguration de la nouvelle brasserie Photo NE
L’inauguration de la nouvelle brasserie Photo NE

L’activité va reprendre en mars 1958, avec une production de 16.000 bouteilles à l’heure ! La marque de Nord Lorraine, c’est Vivastar. Une innovation est proposée : le gobelet de surbouchage, pour pallier au capsulage qui ne peut servir qu’une fois. C’est un super bouchon gobelet, qui est accordé en prime au client pour l’achat de 22 bouteilles.

Publicités Vivastar Pubs NE
Publicités Vivastar Pubs NE

L’inauguration a également lieu en mars 1958 et le premier verre est offert au député maire Victor Provo, qui a auparavant coupé le ruban tricolore. Il inaugure une usine moderne, avec un buffet bien assorti. Le jeune et distingué PDG de Nord Lorraine, M. Vallaud, prend la parole pour accueillir les personnalités et présenter son unité de fabrication brassicole. Victor Provo déplore quant à lui la disparition de plusieurs brasseries à Roubaix et salue chaleureusement la naissance de Nord Lorraine.

La Vivastar Pub NE
La Vivastar Pub NE

Nord Lorraine va investir pour son équipement, dès novembre 1958, avec  l’arrivée d’une nouvelle laveuse de bouteilles. Par la suite, les grandes brasseries et malteries de Champigneulles rachèteront la brasserie Nord Lorraine à Roubaix, en 1962.

 

La vérité sur la Basse Masure

Des articles parus il y a quelque temps laissaient entendre que le café de la Basse Masure existait encore, et qu’il s’était transformé en boucherie. Il n’en est rien. Nous allons en faire la preuve, après un bref rappel des faits.

Le café de la Basse Masure en 1924 Photo JdRx
Le café de la Basse Masure en 1924 Photo JdRx

Le café de la Basse Masure était situé le long du chemin vers Mouscron au siècle avant dernier. Ses murs étaient recouverts de plâtre, et elle était déjà habitée en 1817 par une famille de 17 enfants ! Une « cantine » fut bientôt ouverte, où l’on vendait de l’épicerie et des alcools divers. Puis l’épicerie buvette devint un vrai café, qui fut une halte obligée pour les gens qui allaient de la Fosse aux Chênes vers Mouscron. Le café eut sa célébrité, en la personne de « Cho de l’Basse » François Fauvarque, son tenancier, lequel alliait bonne humeur et parties de boules mémorables. Le café se trouvait souvent sur le parcours des sorties carnavalesques et des cortèges ludiques. C’était un autre temps, sans voitures et sans télé.

Le café à l'orée des années soixante Photo NE
Le café à l’orée des années soixante Photo NE

L’urbanisation rattrape bientôt le café, et la Basse Masure devient un quartier, un genre de cité très animée. La maison tenait bon, elle restait le siège de tournois de boules, et s’associait régulièrement aux fêtes annuelles du Cul de four et de la Basse Masure.  Le café de la Basse Masure a-t-il survécu ? A-t-il été transformé ? Un témoignage de l’ancienne bouchère de la rue des Récollets, dont le magasin est cité comme étant l’ancien café, vient démentir cette assertion. En effet, sa boucherie a toujours été recensée dans la rue des Récollets, au n° 36 en 1929, alors que l’estaminet a longtemps été au n°70 de la rue de la Basse Masure. Le café n’existe plus en 1973, alors que la boucherie existe toujours vaillamment au n°36 de la rue des Récollets. A-t-il été démoli comme le café de la planche trouée dans le quartier des longues haies ? La réponse est affirmative, la démolition a été effectuée à la fin de l’année 1961, alors qu’il n’était plus qu’une ruine. Alors pourquoi cette erreur ? Les photos que nous a aimablement confiées Mme Gauquie nous renseignent sur ce qui s’est passé.

La boucherie de la rue des Récollets en 1973 Coll. Privée
La boucherie de la rue des Récollets en 1973 Coll. Privée

Sur cette photo de 1973, on voit très nettement l’emplacement de l’ancien café, qu’occupe un parking de voitures garées en épi. La boucherie apparaît comme la dernière maison de la rue des Récollets, au n°36.

La boucherie Gauquie en 1979 Coll Privée
La boucherie Gauquie en 1979 Coll Privée

En 1979, M et Mme Gauquie, voulant profiter d’un éclairage supplémentaire pour leur magasin, firent procéder à des travaux. Ainsi la boucherie eut une ouverture sur la rue de la basse masure, ce qui a pu faire croire qu’elle en constituait l’angle.

Merci à Mme Gauquié de nous avoir expliqué l’évolution de ce bout de quartier, photos à l’appui.

Autres sources : le Journal de Roubaix , Nord Éclair, annuaires Ravet Anceau