Poudres Industrielles du Nord

Alors que la rue Jules Guesde à Hem est bordée de champs du côté droit en allant vers Lannoy, après le carrefour de la Lionderie, en 1949, presqu’en face du tissage Desurmont et fils, au n°280, s’installe une nouvelle usine sur environ 7500 mètres carrés : Poudres Industrielles du Nord, devenue, en 1957, la société Pinfloc.

Photo aérienne de 1947 face à l’usine Desurmont (Document IGN)
Plan cadastral BB868 et BB111 (Document cadastre)

Fondée par Jules-Pierre Planckaert, né à Roubaix le 11 novembre 1925, fils de Louis Joseph Planckaert, entrepreneur, l’entreprise commence avec deux personnes et une machine. L’usine broie alors des déchets textiles, vendus ensuite en sacs contenant des fibres techniques, destinées à être incorporées dans différents matériaux pour en améliorer les caractéristiques physiques, par exemple en vue d’entrer dans la fabrication de tapis Bulgomme.

Photo aérienne de 1965 avec l’usine PIN (Document IGN)

La photo montre clairement l’entrée de l’usine rue Jules Guesde donnant sur une longue allée bordée de bâtiments dont deux immenses hangars au fond du terrain de part et d’autre de l’allée et les camions de livraison empruntent cet étroit couloir. En 1965, est également développée la commercialisation d’articles de décoration et de fête tels que les cotillons. Il ne s’agit pas là d’une activité de fabrication mais d’une simple activité complémentaire de négoce.

L’étroit couloir emprunté par les camions (Document Nord-Eclair)

Puis l’entreprise se développe en fabriquant des poudres à partir de fibres textiles, viscose, nylon, coton qui sont coupées finement, teintes, tamisées puis mises en sac, avant d’être expédiées et de servir à la technique dite du flocage. Les produits sont vendus à l’industrie de la chaussure, du vêtement, de la maroquinerie, de l’automobile, du jouet et du tissu mural.

Le floc, c’est du faux, de l’imitation, mais qui veut faire vrai à l’oeil comme au toucher. Ces fibres courtes recouvrent les objets d’un revêtement rappelant le velours. Ainsi, au moment de Noël, l’entreprise fabrique également ce qui sert à blanchir les sapins, ajoutant donc une activité saisonnière à l’activité habituelle.

En 1971, un violent incendie dévaste un hangar dans lequel étaient entreposés des barils de poudres de flocage. Une demi-heure après le début du sinistre, il ne reste plus rien du bâtiment ni de la marchandise et le montant des dégâts s’élève à une quarantaine de millions d’anciens francs.

Ce qui reste du hangar après l’incendie de 1971 (Document Nord-Eclair)

Puis en 1984, à nouveau, un bâtiment de stockage des marchandises finies, de 300 mètres carrés, est la proie des flammes et les sapeurs-pompiers de Roubaix, aidés de leurs collègues de Villeneuve d’Ascq, doivent mettre quatre grosses lances en batterie pour venir à bout du sinistre, sans parvenir à sauver le bâtiment dont il ne reste rien. Les dégâts s’élèvent à 2 millions de nouveaux francs mais Mr Planckaert affirme que les 15 employés de la société ne risquent pas la mise en chômage technique, bien au contraire puisqu’ils ont un stock complet à reconstituer. En tant que premier adjoint du maire de Hem, celui-ci reçoit en outre le soutien de Mme Massart, maire de Hem, qui n’hésite pas à se rendre sur place pour constater l’étendue des dégâts.

Pas de chômage technique après l’incendie de 1984 (Document Nord-Eclair)

L’année suivante, en fin de soirée, un nouvel incendie se déclare dans un atelier de fabrication de cotillons, pétards et fusées. L’extension du feu est favorisée par les poudres et produits chimiques entreposés dans l’usine et 800 à 1000 mètres carrés d’atelier sont ravagés par le feu. Les sapeurs-pompiers de Roubaix et Villeneuve d’Ascq mettent plus d’une heure à venir à bout du sinistre. Pourtant le PDG de l’entreprise, Jules Planckaert, n’envisage aucun licenciement et pas même de chômage technique.

Idem en 1985 et des vitres en verre armé fondues (Documents Nord-Eclair)

Marc Planckaert, fils du fondateur, reprend la direction de l’entreprise en 1991 et, deux ans plus tard, il fait aménager un quai afin de faciliter les allées et venues des camions dans la rue Jules Guesde. Pour mieux insérer l’entreprise dans son environnement il lance également des travaux de débroussaillement et de renforcement de la clôture et améliore l’écran végétal qui sépare à l’arrière son entreprise des logements du quartier de la Vallée.

Et en 1994, il organise une opération portes ouvertes complétement inédite pour faire découvrir ses vastes et peu esthétiques locaux aux habitants alentour et donner à ses voisins, pour les rassurer, les informations qu’ils souhaitent sur le fonctionnement de l’entreprise, laquelle dispose à présent d’une agence à Paris, fait vivre 27 personnes, et exporte en direction de l’Europe et de l’Afrique du Sud.

Visite guidée de l’entreprise en 1994 (Document Nord-Eclair)
Photo aérienne de 1998 (Document IGN)

Pendant 10 ans, de 1988 à 1998, l’entreprise dispose donc d’un établissement secondaire dans la région parisienne, à Aubervilliers puis, de fin 1999 à janvier 2005 d’un nouvel établissement secondaire à Roubaix, 105, rue de Lannoy. Mais, pour faire face à son développement, Pinfloc construit en 2001 une nouvelle unité de production, moderne et respectueuse de l’environnement, à Berck-sur-Mer et l’établissement de Hem ferme ses portes.

Pinfloc à Berck-sur-Mer (Document site internet)

En 2007, Marc Planckaert, explique à ce sujet dans le journal « Le Télégramme » : « je disposais d’une vieille usine située à Hem (Nord). Il nous fallait nous mettre aux normes et songer à mieux utiliser l’eau. J’ai même voulu aller plus loin en me disant que j’allais rendre propre l’eau que j’achetais propre…Deux cuves de 50.000 m³ permettent de purifier l’eau. Une fois purifiée, l’eau peut être réutilisée. Nous sommes de gros consommateurs d’eau : le traitement des fibres nécessite 20 à 80 litres d’eau par kilo…Notre autre démarche est aussi de mieux gérer nos besoins en eau. Nous essayons désormais de bien penser son utilisation et ça marche. Avant là où nous avions besoin de 50 m³ nous n’en sommes plus désormais qu’à 35 t m³… Cet engagement écologique a un coût. Je l’ai fait par conviction et pour respecter l’environnement, ainsi que pour assurer la pérennité de mon entreprise quant au respect des normes à venir ».

Photo aérienne de 2004 (Document IGN)

Quelques années plus tard un lotissement privé d’une vingtaine de maisons : le Clos Village, est construit sur l’ancien terrain de l’entreprise au 280 rue Jules Guesde à Hem. Ce lotissement, auquel on accède par une grille située à côté de deux maisons en façade sur rue, est toujours présent de nos jours et il ne subsiste aucune trace de l’ancienne vocation industrielle du terrain de près de 10 hectares.

Photo sur la rue de 2019 et photo aérienne de 2022 (Documents Google Maps)

Tissage Desurmont et fils (Suite)

Dans les années 1960 puis 1970 les établissements Desurmont Fils poursuivent leurs campagnes de publicités, tant dans les différents guides municipaux que dans la presse locale. En témoignent une publicité figurant sur le site Historihem et différentes coupures du journal Nord-Eclair, attestant les tentatives de l’entreprise de faire de la vente en direct d’usine, qui précédent pourtant la fermeture inéluctable de cet établissement presque centenaire.

Publicité des années 1960 (Document Historihem) et 1970 (Document Mémento public de Hem)
Publicités de la fin des années 1970 (Documents Nord-Eclair)

C’est à la fin des années 1970, en pleine crise, que les Ets Desurmont ferment leurs portes, à la suite de plusieurs autres grosses entreprises hémoises. Les anciens tissages Desurmont sont ensuite repris par Mr Dendievel, imprimeur à Roubaix. Dans l’annuaire de 1983 et le répertoire des commerçants et artisans de Hem de 1984 c’est donc Dendievel et fils, une imprimerie, qui apparaît au 279 rue Jules Guesde au bout de l’impasse qui porte aujourd’hui encore le nom de Desurmont.

Photo aérienne de l’entreprise en 1982 puis en 1988 (Document IGN)

L’imprimerie Dendievel, née en 1927, fondée par Eugène Dendievel, changée en SARL en 1948, installée dans les années 1960 au 69 rue des Arts à Roubaix a été transformée en SA en 1971 avec la venue de Claude Dendievel, son nouveau PDG. Elle a connu la lithographie, la typographie et l’Offset. Au fil des ans l’imprimerie s’est transformée et, en ce début des années 1980, elle s’est modernisée et dotée de matériel plus performant.

On peut ainsi citer l’achat, en 1976, d’une plieuse permettant, en une seule opération, le scellage, le gommage, et le pli portefeuille. Il faut dire que l’entreprise est spécialisée dans l’impression du dépliant publicitaire comme en utilisent alors La Redoute et les Trois Suisses, ses principaux clients.

Imprimés à la sortie des rotatives en 1984 (Document Nord-Eclair)

Et fin 1983, son PDG saute le pas et postule auprès de la chambre du commerce et de l’industrie de Lille-Roubaix-Tourcoing pour pouvoir bénéficier d’une opération tendant à promouvoir l’informatique dans les PME-PMI, en équipant une centaine de ces entreprises de micro-ordinateurs. L’entreprise Dendievel est retenue et désormais comptabilité et gestion sont traitées sur ordinateur.

Le bilan est positif d’après Claude Dendievel qui explique au journal Nord-Eclair : « la comptabilité n’étant plus externalisée mais traitée sur place, cela implique un gain de temps et d’argent. Les opérations fastidieuses sont terminées et la gestion peut être prévue à plus longue échéance. Le bilan de l’entreprise est connu à tout moment. Une comptabilité prévisionnelle peut être établie afin d’éviter les catastrophes. L’informatique c’est l’avenir des entreprises ».

Installation de l’informatique en comptabilité et gestion en 1984 (Document Nord-Eclair)

Vingt ans plus tard la SAS VDB Dendievel Imprimerie, alors dirigée par Jean-Daniel Decoster, ferme ses portes. Employant entre 40 et 100 personnes, la société est radiée du Registre du Commerce et des Sociétés en juin 2004. Et un an après c’est un établissement secondaire de la SAS Okaïdi, commerce de détail d’habillement, dont le siège social se situe 162 boulevard de Fourmies à Roubaix, qui s’installe au 279 rue Jules Guesde, pour une durée de 6 ans, soit jusqu’à l’été 2011.

Logo Okaidi (Document site internet)
Le 279 rue Jules Guesde au bout de l’impasse Desurmont en 2008 (Document Google Maps)

Lui succède, en 2012, la SARL GDP (Générale de Distribution de Papiers d’emballage), établissement spécialisé en récupération de déchets triés, une petite entreprise d’une dizaine de salariés, spécialiste de la transformation papier et carton, qui installe son siège social à Hem jusqu’en 2018, année au cours de laquelle elle le transfère à Linselles, dans son entreprise créée en 1989.

Logos de l’entreprise (Documents Hellopro et site internet )
Photo aérienne avant démolition (Document Google Maps)

Dans le projet de rénovation urbaine des quartiers Lionderie Trois Baudets, est prévu, en 2020, la déconstruction de l’ancienne imprimerie, également appelée friche Okaïdi. Le chantier doit démarrer par le curage et désamiantage des différents bâtiments, en préalable à la déconstruction des infrastructures puis à la remise en état du terrain sur lequel devrait s’élever à terme de nouveaux logements et un nouveau centre social des Trois-Baudets.

Le 279 rue Jules Guesde au bout de l’impasse Desurmont en 2022 (Document Google Maps)
Photo aérienne du terrain en fin d’année 2022 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem et à la Mairie de Hem

Tissage Desurmont et fils

Dans les documents figurant sur le site de l’association Historihem, il apparaît que Philippe Desurmont est le successeur des Ets Parent-Bourguet, un tissage mécanique répertorié sur la commune de Lannoy comme le montrent les en-têtes successifs des deux établissements sur leurs factures.

En-têtes de factures successives (Documents Historihem)

Dans le Ravet Anceau de 1893, les établissements Parent Fils et Desurmont apparaissent dans la rubrique tissus d’ameublement. Leur usine du Petit Lannoy existait déjà depuis 1880, et c’est à leur demande qu’une nouvelle halte est envisagée dès 1890 pour desservir les hameaux des Trois-Baudets (650 habitants) et du petit Lannoy (1300 habitants), le seul arrêt du train étant situé trop loin, rue de la gare, sur la route de Forest.

Extrait d’une facture plus récente attestant de la fondation de l’entreprise en 1880 et CPA de la halte du petit Lannoy, vue de Hem vers Lannoy puis de Lannoy vers Hem (Documents collection privée)
Arrêt spécifique pour les Ets Parent : voir la flèche à ce nom à gauche de la CPA (Document Hem Mémoire en Images)

L’entreprise est située au 279 rue Jules Guesde à Hem au bout d’une allée qui prend ensuite le nom d’Impasse Desurmont. Elle occupe une surface considérable au milieu des champs et jouxtera ensuite le quartier de la Lionderie, délimité par la rue des Ecoles, la rue de la Lionderie et la rue Jules Guesde.

Photo aérienne de 1933 (plan large puis concentré sur l’usine) (Document IGN)

A l’époque les conditions de travail dans l’industrie sont très dures, notamment dans les teintureries, et le tissage Desurmont présente une meilleure qualité de travail pour les candidats à l’emploi. En effet, dès le début du dix-neuvième siècle des métiers à tisser automatisés sont apparus, permettant une pénibilité du travail nettement moindre que sur un métier manuel, associée à un rendement bien supérieur.

Conditions de travail appréciables du tissage mécanique (Document Au temps d’Hem)

Pourtant, dans le quotidien « la Petite Presse », en 1904, on apprend que les ouvrières du tissage d’ameublement Parent et Desurmont à Lannoy, qui avaient récemment obtenu satisfaction ont à nouveau quitté leur usine en réclamant une nouvelle augmentation, au cours des grèves du Nord et plus spécifiquement de la région lilloise. La reprise du travail est actée dans le journal « Le Lorrain » peu de temps après.

Pendant la première guerre mondiale l’usine de tissage est arrêtée. En janvier 1920, Philippe Desurmont fait connaître par le « Bulletin des régions libérées », édité par le ministère du même nom, que son tissage de Hem sera remis en marche vers le 22 janvier 1920.

Dans les années 1920, on peut noter que l’en-tête de l’entreprise sur les factures reprend encore comme adresse la ville d’Hem-lez-Lannoy. D’une part la ville de Hem fait en effet partie du canton de Lannoy et d’autre part elle se situe dans la partie de la rue Jules Guesde dite du Petit Lannoy.

En-tête de facture de 1925 (Document collection privée)

En revanche dans les années 1930, c’est bien Hem (et non plus Hem-lez-Lannoy) qui apparaît sur l’attestation de chômage délivrée par l’entreprise à l’un de ses salariés, comme l’atteste le document ci-dessous.

Attestation de chômage et publicité (Documents collection privée)

La publicité de cette époque montre que ce tissage mécanique fabrique : des étoffes pour ameublement, tapis de table, rideaux et portières, des satinettes et coutils rayés, des satins-damassés, des tapis-moquettes et des carpettes et foyers. L’entreprise a gagné en importance et possède des bureaux sur Paris rue Saint-Fiacre, rue Montmartre et rue des Italiens.

Publicité années 1930 (Document collection privée)

Philippe Desurmont fait alors partie de l’Union des fabricants de tissus pour ameublement du Nord de la France, sis 86 rue de Lille à Tourcoing, comme l’indique « la Soierie de Lyon », organe du syndicat des fabricants de soierie de Lyon en 1934 dans sa revue mensuelle des industries de la soie.

Après la seconde guerre mondiale, le nécessaire est fait pour relancer l’entreprise, devenue Desurmont Fils, notamment grâce à la publicité dans le journal Les Echos en 1949. Toujours réputée pour ses tissus d’ameublement, tapis, moquettes, carpettes et couvre-lits, l’usine met également l’accent sur la fabrication de nappes lavables et de tissus guttés pour pantoufles.

Photo aérienne de 1947 (Document IGN)
Publicité de 1949 (Document les Echos)
Photo aérienne en carte postale de la fin des années 1950 avec le lotissement de la Lionderie (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem et à la Mairie de Hem

La résidence des Aulnes

Suite et fin d’un précédent article intitulé : la Fondation César Parent

Puis de 1989 à 1992, une nouvelle grande rénovation de la maison de retraite est accomplie afin de donner naissance à la Résidence des Aulnes. Des lieux de vie plus spacieux sont pensés pour rendre le séjour plus agréable et les différentes parties du bâtiment doivent être rendues plus faciles d’accès et conformes au nouvelles normes en vigueur.

Pose de la 1ère pierre par Mme Massart (Document Historihem)

Ces travaux constituent une grande opération d’humanisation qui s’avère très coûteuse. Le Conseil Général et la Communauté Urbaine sont de gros contributeurs mais 60% des frais engagés doivent être financés par des emprunts garantis par les villes voisines en témoignage de solidarité. Il ne suffit pas seulement en effet de rénover le bâtiment existant mais aussi de lui adjoindre une construction moderne.

Les travaux en voie d’achèvement en 1991 (Documents Nord-Eclair)

Et pendant tout ce temps que dure la construction et la réhabilitation il faut maintenir les résidents dans le confort et la sécurité, tâche à laquelle s’est vaillamment attaquée Mme Barbeau, la directrice, avec son équipe, ainsi que le souligne Mme Massart, maire de Hem, dans son discours d’inauguration en 1992.

Inauguration en 1992 de la Résidence des Aulnes (Document Historihem)

Au cours de la cérémonie d’inauguration, Mr Echevin, maire de Lannoy a fait un rappel de l’histoire de la résidence et Mr Derosier, président du Conseil Général, a mis en avant la politique du département en faveur des personnes âgées, mettant l’accent sur la prise en charge du prix de journée au titre de l’aide sociale, ainsi que sur la création de places : 100 lits aux Aulnes dont 35 médicalisés, et l’aide au maintien à domicile.

Ainsi les travaux réalisés aux Aulnes permet d’offrir aux pensionnaires des chambres individuelles, décorées de couleurs tendres, un mobilier adapté et un équipement complet au sein de l’établissement. Les chambres du 2ème étages ont ainsi vu les mansardes disparaître afin d’obtenir des chambres plus spacieuses et lumineuses.

Chambres du 2ème étage après suppression des mansardes vues de l’extérieur (Documents Historihem)

2 ans plus tard, en 1994, la résidence fête ses 3 centenaires, et 7 médaillées, dévouées au service des personnes âgées depuis au moins 20 ans. Un Hommage tout particulier est rendu à Mme Leruste qui fête à la fois ses 20 ans en tant que veilleuse de nuit à la résidence ainsi que son départ en retraite. La cérémonie se déroule en présence des maires de Hem et Lannoy, de nombreux adjoints et membres du conseil d’administration.

2 des 3 centenaires et 7 médaillés (Document Historihem)

C’est en 2002 que la résidence est transformée juridiquement en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) par arrêté préfectoral et en janvier 2010 Claudine Graver en devient la directrice.

Au cours de la 2ème décennie du 21 ème siècle, la Résidence des Aulnes connaît un nouvel agrandissement et aménagement. Un chantier de reconstruction de l’établissement dans sa globalité, d’une durée de 30 mois démarre ainsi en 2016. La restructuration programmée permet une extension portant à 105 le nombre de chambres dont 80 places d’hébergement classique et 25 places en Unité de Vie Alzheimer.

L’Ehpad en 2008, 2016, 2017 et 2020 (Documents Google Maps)

A l’issue des travaux, toutes les chambres sont individuelles et disposent d’une salle de bains ; la résidence dispose d’un grand hall d’entrée avec son estaminet ; la restauration en salle ou en chambre est prise en charge par une équipe dynamique ; une salle de bains bien-être est mise à disposition des résidents.

Chambre, hall d’entrée, équipe de restauration, salle de bains bien-être (Documents site internet)

Un siècle et demi après sa création, l’hospice est donc devenu un EHPAD du futur selon la Voix du Nord, l’idée de l’architecte étant de garder le vieux bâtiment pour conserver l’âme de l’ancien mais en faire un lieu adapté. Quant aux extensions arrières du bâtiment, elles sont détruites pour laisser la place à une construction neuve collée à l’ancien édifice de la rue Jules Guesde.

La volonté est de créer un « comme chez soi »où les résidents ont la liberté d’aller et venir tout en trouvant à l’intérieur de la résidence des services de proximité : estaminet, jardin, cabinet de kinésithérapie et salle d’ergothérapie.

Remerciements à l’association Historihem

La fondation César Parent

C’est durant la 2ème partie du 19ème siècle que César Parent fait construire un établissement de bienfaisance, au 417 et 417 bis rue Jules Guesde, sur le territoire de la commune de Hem, à la limite de Lannoy, faute de place suffisante pour un tel édifice dans sa commune de Lannoy.

César Parent est le fondateur de l’ensemble textile Parent Monfort, puis Albert Parent, puis Parent Bétremieux, ensemble textile comprenant des tissages et filatures à Hem, Lannoy, Lys-lez-Lannoy et Bailleul, avec création des Ets Parent Monfort en 1821. A l’origine, l’entreprise ne possède que des métiers à main. La construction des établissement de Lannoy a lieu vers 1865.

Carte publicitaire des Ets Albert Parent (Fils de César) (Document collection privée)

César Parent, par ailleurs maire de la ville de Lannoy, a un fils qui est délaissé par sa fiancée à quelques jours du mariage. Il a également une fille qui fait partie de l’ordre des religieuses de l’enfant Jésus. Désireux de venir en aide à cet ordre César décide donc d’utiliser la dot de la future mariée disparue pour financer un édifice qui fera office d’hospice.

Mr César Parent et les religieuses de l’ordre de l’Enfant Jésus (Document Historihem)

La fondation César Parent, inaugurée en 1879, a donc pour objet d’accueillir les anciens : 10 personnes dans un 1er temps ; elle est gérée par des religieuse de l’ordre de l’Enfant Jésus. C’est un édifice à un étage composé de deux parties, de 16 et de 6 travées, séparées par une chapelle, perpendiculaire à son axe. Celle-ci est surmontée d’un campanile et porte une statue de saint Joseph sur le pignon. Les murs sont en brique et pierre de taille. Couvert de tuiles flamandes, l’édifice est agrandi en 1890 et 1903.

L’hospice (Document collection privée)

A l’époque, il n’y a pas de retraite et l’aide publique est très réduite. Il faut donc tenir serrés les cordons de la bourse et chaque résident apporte sa modeste contribution : les hommes assurent les petits travaux et les femmes rendent service à la buanderie et au raccommodage. Mais l’essentiel du fonctionnement de l’hospice et sa gestion repose sur les religieuses.

Parmi les sœurs dévouées qui se sont consacrées au fonctionnement de l’hospice on peut en citer une : née en 1887, entrée en religion chez les sœurs de l’enfant Jésus sous le nom de Soeur Irénée-Joseph, et au service des pensionnaires de l’Hospice dès 1916 en tant qu’infirmière cuisinière, Marie-Angèle Deman se voit décerner en 1958 le titre de chevalier de la Santé Publique, puis la médaille d’honneur de vermeil départementale et communale, en 1963, pour ses 35 années de service et de dévouement en faveur des pensionnaires de l’établissement, au cours d’une manifestation présidée par Arthur Dupire, maire de Lannoy.

Soeur Irénée-Joseph (Document Historihem)

L’époque des 2 guerres est particulièrement difficile. Cependant jamais l’hospice ne ferme ses portes. Après-guerre, le matériel est à la limite de l’usure mais les demandes d’hébergement sont de plus en plus nombreuses, l’ « Hospice de Lannoy » étant alors le seul établissement du genre. Pour gagner de l’espace on s’attaque alors aux greniers , transformés avec les moyens du bord, pour aménager des chambres sous les combles. Mais les conditions restent sommaires et indignes de nos aînés du propre aveu du maire de la ville.

Ce n’est que quelques années plus tard, en 1967, soit près de 100 ans après son inauguration, au moment où l’hospice accueille 110 personnes (alors que 4 ans plus tôt elles n’étaient que 68) qu’ont lieu les 1ers travaux de rénovation d’envergure dans le bâtiment.

Dans les années 60, la laverie située à l’entresol est impressionnante et bien équipée et la bibliothèque est garnie de 2.000 volumes grâce à la mairie de Lannoy et à l’Union des Commerçants.

Vues de la porte d’accès des fournisseurs rue de la Lèverie et vue du jardin en façade (Documents Historihem)
La laverie et la bibliothèque (Documents Historihem)

Mais il faut néanmoins agrandir afin d’accueillir plus encore de pensionnaires et des chambres sont ainsi aménagées au second étage dans la partie mansardée du bâtiment ainsi que des salles de bain et cabinets de toilettes, au prix de travaux très importants comme on peut le constater sur les photos avant/après de l’époque.

Photos avant/après du 2ème étage (Documents Historihem)
Photos des salles de restauration et salons (Documents Historihem)
Allocution des maires de Lys, Mr Desmulliez, et de Lannoy, Mr Echevin, et photo des officiels sur le perron de l’établissement (Documents Historihem)

A cette époque cela fait plus de 10 ans que les sœurs, autrefois en charge de la totalité des tâches à accomplir laissent peu à peu la place au personnel civil aussi bien en cuisine que pour les soins. Ainsi, le 1er agent civil, Mme Inghels, est recruté en 1955 car les religieuses, touchées par l’âge, ne peuvent plus assumer seules tous les services et les résidents sont plus nombreux et en moins bonne santé car plus âgés.

Photos du personnel en 1966 (Documents Historihem)

Puis 2 ans plus tard c’est au tour de la cuisine et d’autres chambres d’être rénovées, d’anciens dortoirs laissant place à des chambres accueillant moins de pensionnaires. Il faut en effet aménager des chambres individuelles regroupées par unités de 25 personnes. Un nouvel office est également installé pour le personnel et les sanitaires sont rénovés et modernisés.

Réfection des cuisines en 1969 (Documents Historihem)
Nouvel office et réfection des chambres en 1969 (Documents Historihem)

Puis après tous ces travaux de rénovation intérieure, une mise aux normes de sécurité s’impose et en 1971 4 escaliers de secours sont installés sur la façade arrière du bâtiment abritant l’ancien hospice devenu maison de retraite 10 ans plus tôt par arrêté ministériel, afin d’assurer l’évacuation des pensionnaires en cas d’incendie. Ces escaliers desservent les 1er et 2ème étages à chaque aile du bâtiment.

Les 4 escaliers de secours sur la façade arrière (Document Nord-Eclair)

En 1975, c’est l’heure de la retraite pour Mme Inghels, 1er agent civil, en service depuis 20 ans. Le personnel au complet assiste à la cérémonie organisée en son honneur quelques mois après son départ en présence de Mr Guelle, directeur de la maison de retraite, du Docteur Yersin, médecin de l’établissement et de Mr Echevin, maire de Lannoy et président du conseil d’administration de la maison de retraite.

Départ en retraite de Mme Inghels (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Ferme Braquaval (Suite)

Le 1er à s’installer dans les lieux en septembre est le brasseur : les Tours du Malt, entreprise cogérée par Clément et Hervé Blondin.

Instantané de mémoire : « Les Tours du Malt est une histoire de famille, entre un père et un fils. L’un en reconversion, l’autre en fin de cycle d’ingénieur. Nous sommes tous deux amateurs de bières et fervents défenseurs de l’art de faire. Nous proposons une large gamme de bières plaisir, pas trop chargées en alcool et bio. 

Notre parcours:

Hervé: ancien cadre commercial de Fujifilm dans la vente de produits de chimie pour les grosses imprimeries. Secteur en déclin depuis les années 2000. Mes parents tenaient un bar. C’est ce passé qui me lie à l’univers de la bière. J’ai toujours voulu créer une société, démarrer une aventure entrepreneuriale.

Clément: Ingénieur ICAM, a travaillé 8 mois en brasserie à la fin de son cursus dans l’optique de créer notre brasserie. Il a imaginé, sélectionné les matériels et réalisé l’installation de l’atelier. Il est également co-fondateur d’une société de réparation/vente de vélo vintage sur Lille. »

Mais l’installation se passe en 2 temps : d’abord l’espace bar/magasin pour proposer certaines bières mais pas forcément celles de la brasserie, puis, vers la mi-octobre, l’espace vente de leur propre production.

Leur brasserie propose une large gamme de bières bio et chez eux, rien ne se perd mais tout se transforme : drêches (résidus de brassage de céréales), bouteilles, sacs de malt accèdent à une seconde vie. Les drêches peuvent ainsi être utilisées pour fabriquer du compost, nourrir les animaux, s’intégrer dans certaines recettes, servir de substrat pour la culture des champignons…

Les Tours du Malt (Documents Beefid)

Puis fin septembre c’est Faustine qui ouvre sa boutique : Ma Propre Nature, où elle propose savons et cosmétiques bios. Pourtant dès février elle confie son désenchantement à la Voix du Nord dans la mesure où la boutique ne fonctionne pas comme elle l’espérait. Elle compte toutefois lancer en Mars des ateliers pour apprendre à fabriquer ses produits d’entretien et ses cosmétiques soi-même.

Ma Propre Nature (Documents la Voix du Nord)

Pendant ce temps, en attendant la fin du chantier, son magasin étant toujours en travaux, Yann Lafolie, le maraîcher commence à vendre ses fruits et légumes 2 fois par semaine à l’entrée du pré au bout de la rue, face à la ferme. 150 variétés de légumes poussent pour cette première saison 2020.

La Ferme d’Hem (Document Facebook)

Quant au restaurant l’Etable de Hem, Guillaume Bergem, son futur gérant doit reporter finalement l’ouverture en 2021. Ayant travaillé dans le restaurant de ses parents jusqu’à leur retraite, cuisinier de formation, Guillaume a vu une formidable opportunité dans la restauration de l’étable de la ferme Braquaval. Le restaurant propose un menu local avec le souci du circuit court et du respect des saisons. La bière à la pression provient directement des fûts d’en face (Aux Tours du Malt) et le maraîcher devrait le fournir en pommes de terre et légumes : difficile de faire plus court comme circuit !

L’étable de Hem (Documents Facebook et photo IT)

L’association Ordinat’Hem, dont le siège social se situe avenue Laennec et le centre de formation avenue du Docteur Schweitzer, se voit donc comme prévu attribuer le local du 1er étage pour y installer son atelier d’impression 3D. L’association agit dans les secteurs scolaires et associatifs mais a aussi développé son activité de formation en bureautique, internet et multimedia en direction des entreprises.

Le local attribué à Ordinat’Hem après la rénovation (Document Historihem)

En 2022, la boutique de Faustine a cédé la place au magasin bio « O sol en être », gérée par Mathilde Migdalski. La décoration a changé mais le
concept d’éco boutique reste le même: un peu de vrac, des produits et accessoires zéro déchet et locaux. On y retrouve de nouveaux produits tels que des thés et infusions naturelles, une gamme complète d’huiles essentielles et végétales ainsi qu’une gamme de produits pour enfants. Mathilde propose également des ateliers bien-être, comme le yoga.

O sol en être (Document facebook)

Le premier salon hémois de la bière qui s’est tenu à la ferme lors des journées du patrimoine en septembre 2022 a permis de mettre en valeur les locataires de la ferme et leurs activités. C’était l’occasion pour eux d’atteindre une certaine visibilité quelques temps après leur installation dans ce site chargé d’histoire.

La fête de la bière en 2022 (Document la Voix du Nord)

Ainsi l’ancienne Cense de Layens bâtie au 16ème siècle a retrouvé une nouvelle jeunesse au 21ème siècle après avoir pris en passant le nom de l’un de ses anciens exploitants, également maire de la ville de Hem. Le bâtiment a été magnifiquement rénové par la ville, qui en est à présent propriétaire, et l’activité qui s’y déroule est toujours en lien avec l’environnement et l’écologie.

Remerciements à l’Association Historihem et la Ville de Hem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Clément et Hervé Blondin.

Ferme Braquaval

Les traces du fief de Layens, au Petit Lannoy à Hem, seigneurie vicomtière relevant de la baronnie de Cysoing, remontent au 16ème siècle. La cense qui appartient alors au seigneur du Mortier, est louée à la famille Chausseteur, laboureur.

Au 18ème siècle, la Cense de Layens que l’on voit sur un plan de 1726, est une grande cense et les plus gros censiers constituent la classe dirigeante de la paroisse. Le maître fermier d’une grosse exploitation sur Hem à l’époque emploie : un valet de charrue qui conduit les chevaux, un second valet chargé des tâches manuelles, une servante qui nourrit le bétail et les enfants sont mis à l’ouvrage dès l’âge de 12 ans. La maison du paysan s’est transformée avant la révolution et même si elle est toujours en torchis, elle comporte plus de pièces et le toit, toujours en chaume, est beaucoup plus solidement construit.

Plan de 1726 (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

Ce n’est qu’au 19ème siècle que la famille Braquaval devient l’occupante des lieux, donnant son nom à la ferme et à l’Impasse au bout de laquelle elle se situe jusqu’à ce que celle-ci devienne une rue où elle occupe aujourd’hui le numéro 36.

C’est l’époque où les fermes sont agrandies avec une aile ou deux pour arriver au plan carré avec cour centrale. Les bâtiments sont fait en bonnes briques du pays et le chaume des toits est remplacé, au moins pour la partie habitée par des tuiles : les pannes flamandes.

Jean-Baptiste Braquaval est maire de la ville de Hem pendant 23 ans, de 1830 à 1853 et les réunions du conseil municipal se tiennent alors chez lui dans la Cense de Layens. La famille Desbonnet succède à la famille Braquaval, Emile Desbonnet ayant épousé en 1895 la petite-fille de Jean-Baptiste.

La ferme en 1975 (Documents Historihem)

En 1939, les Britanniques investissent les terres cultivées pour y aménager des ouvrages de défense militaire. Les terres du Petit Lannoy sont ainsi sillonnées de tranchées profondes et couvertes de barbelés. Les tranchées ne sont rebouchées qu’un an plus tard, au grand désespoir des cultivateurs. On peut voir un blockhaus (ouvrage défensif fortifié en béton) dans les champs qui se situent face à la ferme après la guerre. C’est en 1947 que la rue apparaît pour la première fois sous le nom de Braquaval.

Vue panoramique de la ferme et du blockhaus en 1965 (Document IGN)
Doc 1.7 Photo de la ferme et du blockhaus avant la réhabilitation de la ferme (Document Patrick Debuine)

A partir de 1958, c’est la famille Bossut qui exploite la ferme : Louis d’abord puis son fils Christian en 1981. Celui-ci a fait l’école d’agriculture de Genech où il a obtenu son brevet de technicien agricole. Il a ensuite poursuivi par un an d’études de mécanique à Lille. Pour exploiter les 38 ha de terres familiales il pense en effet devoir être non seulement agriculteur mais aussi mécanicien, bricoleur, vétérinaire, comptable…

Christian est bien connu à Hem, essentiellement pour ses pommes de terre : il a remporté un prix lors du concours départemental organisé par le Centre National Inter Professionnel de la Pomme de Terre (CNIPT). Il les livre à domicile si ses clients le désirent. Il produit également du lait et élève des taurillons destinés à la viande de boucherie.

Enfin il se met au service des agriculteurs de la région en étant: vice-président de la caisse locale du Crédit Agricole de Lille, secrétaire de GROUPAMA et plus précisément de MARQUAMA, administrateur de CUMA (coopérative d’utilisation du matériel agricole) et trésorier de la fédération locale.

Christian Bossut dans la cour de la ferme en 2015 (Document Historihem)

En 2008, Christian Bossut qui ne trouvait pas de successeur, revend sa ferme, dont il exploite encore une partie, à la municipalité. Il indique : « J’ai toujours vécu ici et j’avais un peu d’appréhension car je ne trouvais pas de successeur. J’avais peur qu’elle (la ferme) soit démolie ou transformée. Voir qu’elle va garder un caractère agricole, pour moi c’est intéressant. » 

En effet, il est convenu qu’il puisse continuer à exploiter la ferme jusqu’à sa retraite en 2017. Puis celle-ci, après de gros travaux, pourra accueillir plusieurs entrepreneurs en lien avec la culture, au sens maraîcher du terme, et l’économie solidaire. A l’origine la mairie voulait lui racheter les terres agricoles uniquement pour les transformer en parc d’activités de la blanchisserie et le corps de ferme avait été glissé dans le lot.

Ce n’est qu’ensuite que l’idée de réhabiliter l’une des dernières fermes de Hem a pris corps. L’intervention d’ouvriers du bâtiment est alors urgente au vu des infiltrations d’eau dans les murs de cette bâtisse vieille d’au moins deux siècles qui menacent l’ensemble d’effondrement.

La ferme en 2016 avant sa rénovation (Documents Historihem)

En 2016, des travaux de réhabilitation sont donc lancés grâce à divers partenariats et la mise en place d’un chantier d’insertion. La première phase de travaux consiste à mettre à nu certains bâtiments et à refaire charpentes, toitures et maçonnerie.

Puis la ville planche avec les architectes afin de penser l’accessibilité et les aménagements intérieurs. A cette période 3 entrepreneurs prévoient de s’y installer : un maraîcher bio, une savonnerie et un brasseur au rez-de-chaussée ; un espace de coworking à l’étage pour des porteurs de projet ; un restaurant est également évoqué.

La ferme en rénovation en 2016-2017(Documents Historihem)
La ferme Braquaval va reprendre vie (Document Tout’Hem)

Finalement l’inauguration de la ferme Braquaval, prévue en 2019, a lieu un an plus tard, devant une centaine d’invités et d’élus dont Xavier Bertrand. C’est un lieu de vie qui comprend un maraîcher, la Ferme de Hem, un magasin de cosmétique, Ma Propre Nature, un brasseur, les Tours du Malt, et un restaurant est prévu pour la fin de l’année, l’Etable. Par ailleurs le « Fablab », atelier d’impression 3D de l’association Ordinat’ Hem doit emménager sous peu au 1er étage.

L’inauguration en 2020 (Document Historihem)

A suivre…

Remerciements à l’Association Historihem et la Ville de Hem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui.

Blanchisserie du Nord (Suite)

La Blanchisserie Teinturerie du Nord est répertoriée dans l’annuaire téléphonique jusqu’à la moitié des années 1970. Elle exerce son activité sur laines peignées et filées ainsi que sur des fibres artificielles et synthétiques. La vue aérienne de l’entreprise en 1971 est donc l’une des dernières à la représenter en activité.

Publicités de la Blanchisserie des années 1970 (Documents Historihem et collection privée)
Vue aérienne de 1971 (Document IGN)

En 1976, soit après presque 50 ans d’existence, l’entreprise, victime de la crise économique, ferme ses portes. Grâce à la volonté d’une quinzaine d’artisans et de l’ancien propriétaire, d’une agence et de la municipalité, le site voit s’implanter une zone artisanale qui est la première à Hem.

L’ensemble est accompagné d’une supérette au n°346, au coin de la rue Jules Guesde et de la rue des Vosges, qui a pour objectif de desservir le quartier de la Vallée qui commence dans cette rue (perpendiculaire à la rue Jules Guesde), et s’étire jusqu’à la rue de la Vallée.

Dès 1979, un Intermarché est construit au 346, sur une surface de vente de 950 mètres carrés, comprenant alimentation, produits frais, bazar mais aussi un rayon photo. Un parking de 60 places complète l’offre du magasin par ailleurs d’une hauteur modeste et entouré d’un îlot de verdure pour ne pas gâcher l’environnement. Cette implantation doit entraîner la création de 20 emplois.

Fermeture définitive de la Blanchisserie (Document BD Au temps d’Hem)
Vue aérienne du site en 1981 avec l’ Intermarché et son parking (Document IGN)
Doc 15.5 Photo de la construction en 1979 (Document Nord-Eclair) et publicités Intermarché (Document collection privée)

C’est ainsi que dans les vingt cinq années qui suivent la fermeture de l’entreprise, les habitants voient s’installer sur ce site des représentants de professions très diverses :

  • des entreprises de bâtiment telles que Guelton (chauffage central), Dourdin (électricité générale), Alutherm (menuiserie alu et plastique), Isotherm (isolation technique et phonique), Morival (maçonnerie)

  • des entreprises telles que Best (agencement de bureaux), Buisine (agencement de magasins), Discem (cuisiniste)

  • puis Labbé (électroménager), IBB (imprimerie), Jeanine (studio photo) ou même Laile et Lacuisse (volailler), Hem Modelisme…

Publicités de l’année 1982 pour la Zone Artisanale de la Blanchisserie du Nord (Document Office Municipal d’Information de Hem)
Diverses publicités et autocollant du 362 (Documents collection privée)
Vue des bâtiments en front à rue en 2008 à côté de la grille d’entrée dans le site et du château d’eau encore existant (Documents Google Maps)

Ce n’est que dans la fin des années 2000 qu’intervient la destruction complète de l’usine, hormis les bâtiments en front à rue, après le rachat du site par la ville. Une future zone commerciale et artisanale, actée par le nouveau POS (Plan d’Occupation des Sols) doit voir le jour sur cet emplacement tout à côté du magasin Lidl qui a remplacé l’ancien Intermarché.

Vues de l’usine en démolition en 2007 et 2008 (Documents Historihem)

Puis en 2009 intervient la démolition du château d’eau, dernier emblème de la Blanchisserie du Nord, devant le voisinage ébahi : « 3 secondes de Waouah ! après 2 mois de préparation » témoigne le Directeur des Services Techniques de la ville de Hem. Des gravats de l’ancienne usine ont été laissés pour amortir la chute et une pelle de 40 tonnes vient achever la tour.

Démolition du château d’eau en 2009 (Document Nord-Eclair)

Après le temps des démolitions, vient le temps des constructions : la rénovation du magasin Lidl, l’aménagement d’une zone artisanale et enfin, 10 ans après la destruction du château d’eau, la sortie de terre d’un nouveau centre commercial de six cellules commerciales pour une surface de 740 mètres carrés.

Ce nouveau centre, situé entre le nouveau Lidl et les reste des bâtiments en front à rue de la blanchisserie, qui accueille des professions médicales, paramédicales et des associations, doit comprendre une pharmacie, une agence bancaire, un magasin de cycles, une opticienne et un café-poussette (concept de petite restauration adapté aux enfants en bas âge).

Le nouveau Lidl, les anciens bâtiments en front à rue, la zone commerciale en chantier en 2019 et la zone artisanale avec une publicité d’établissement (Documents Google Maps,Voix du Nord, collection privée)

Près d’un siècle plus tard il ne reste donc plus de la Blanchisserie du Nord qu’un bâtiment en front à rue et la vue aérienne de la zone en 1998, soit 20 ans après sa fermeture définitive, en comparaison avec celle qui peut être observée de nos jours n’a plus rien à voir. Il n’en reste pas moins que ce lieu est resté une zone artisanale et commerciale et donc une zone d’emplois pour la ville.

Vision comparative des vues aériennes de la zone en 1998 et 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem et à la ville de Hem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Blanchisserie du Nord

En 1928, au lieu-dit Le Monceau, plus précisément au 362 rue de Lannoy (actuelle rue Jules Guesde) à Hem, est édifiée une usine de blanchiment et teinturerie, dite « Blanchisserie du Nord », dont le fondateur propriétaire est Mr Charles Derly.

L’usine se compose au départ d’un atelier de fabrication en briques, avec un étage carré couvert d’un lanterneau. Le toit est à longs pans et la couverture en tuiles flamandes. Un autre atelier de fabrication en rez-de-chaussée est ajouté à l’ensemble en 1934. L’usine est surmontée d’une cheminée portant la date de construction et possède une cour et un château d’eau.

Vue aérienne de l’entreprise en 1933 (Document IGN)

La curiosité de la rue de Lannoy est à l’époque le passage à niveau qui se tient au coin de l’actuelle rue des 3 Fermes et qui permet le passage de la ligne de chemin de fer Roubaix-Somain, laquelle amène alors le charbon des mines aux usines textiles. Comme par ailleurs il existe un tramway Lille-Lannoy, une passerelle a été construite derrière l’usine grâce à laquelle la ligne de tramway contourne la blanchisserie pour « enjamber » la voie ferrée et rejoindre la rue de Lannoy à hauteur de la rue de la Léverie.

En-tête de papier à lettres de la blanchisserie (Document Historihem)

Le papier à lettres de la blanchisserie fait clairement apparaître le contournement de l’époque. La passerelle initiale détruite par les allemands lors de la première guerre en 1918 a été reconstruite et inaugurée en 1920, soit 8 ans avant la construction de la Blanchisserie du Nord. (Voir sur notre site un précédent article intitulé : la ligne Lille-Leers septième partie Hem la rue de Lannoy)

La passerelle et les motrices en 1920 (Document Journal de Roubaix)

Le procédé de blanchiment le plus anciennement connu, surtout pour les tissus de chanvre et de lin, consiste à soumettre les tissus à l’action réitérée de l’air, de l’eau, de la lumière et des lessivages alcalins, à l’aide de produits chimiques. Le travail est pénible et effectué majoritairement par du personnel féminin.

Le personnel de la Blanchisserie du Nord dans les années 1920-1930 (Documents collection privée)
Exemple d’atelier de blanchiment des textiles de l’époque (Documents Alamy Images)
Certificat de travail établi par la blanchisserie teinturerie du Nord en 1936 (Document collection privée)

Au début de la deuxième guerre mondiale, avec l’invasion de la Pologne, la France décrète la mobilisation générale, et la défense passive est mise en place dans la ville de Hem comme ailleurs, sur ordre préfectoral. La municipalité prévoit donc des mesures de sécurité et de protection particulières. Ainsi la commune est divisée en 7 secteurs dont le troisième prévoit un repli sur la Blanchisserie du Nord en cas d’alerte.

Chaque chef de secteur dispose de brancardiers, d’infirmières, de chefs d’abri et de chauffeurs auto. Les consignes sont données et, dès que l’aviation ennemie approche, l’alerte est donnée par coups de sirène continus et répétés. Les chefs d’abri se rendent sur place et veillent à ce que la descente aux abris se passe en ordre en donnant la priorité aux femmes, enfants et vieillards. Leur rôle, en fin d’alerte est également de faire ressortir les occupants de l’abri en ordre, pour éviter les accidents.

Dans les années 1950, la Blanchisserie et Teinturerie du Nord poursuit son activité. La vue aérienne de 1951 permet de constater que la voie ferrée ainsi que celle du tramway ont disparu. En 1959, le fondateur Charles Derly, décède à l’âge de 78 ans. Pourtant l’entreprise continue son activité comme en attestent les annuaires Ravet-Anceau de l’époque.

Vue aérienne de 1951 (Document IGN)
Enveloppe personnalisée postée en 1954 (Document collection privée)
Faire-part de décès de Charles Derly (Document Historihem)

Blanchir et teindre des vêtements et textiles est une activité très polluante et il faut en moyenne entre 100 et 150 litres d’eau par litre de tissu teint soit une quantité énorme d’eau. C’est sans doute la raison pour laquelle en 1964, l’entreprise fait réaliser un sondage pour recherche d’eau par la société auxiliaire des distributions d’eau.

En-tête sondage pour recherche d’eau en 1964 (Document Historihem)
Publicité et offre d’emploi des années 1960 (Documents Nord-Eclair)

En 1965, un grave incendie dévaste un bâtiment de l’entreprise abritant la forge, la menuiserie, les vestiaires des ouvriers et un stock d’entretien (matériel électrique et outillage), détruisant tout le matériel entreposé et occasionnant pour 300.000 francs de dégâts. Toutefois aucun chômage n’est à prévoir pour les 150 salariés.

Fort heureusement, en effet, le bâtiment est isolé du reste de l’usine par une clôture en ciment ayant fait office de coupe-feu et empêché la propagation de l’incendie aux autres bâtiments. La cause du sinistre, survenu de nuit, est inconnu et ce sont des riverains, ouvriers de l’usine, qui, ayant observé l’épaisse fumée s’échappant du bâtiment, ont prévenu le concierge lequel a fait intervenir les pompiers de Hem.

Cliché pris par le toit montrant les moteurs de machines détruits (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem et à la ville de Hem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

L’agence bancaire de la Société Générale à Hem

C’est dans l’annuaire de 1947 à 1949 qu’est répertorié pour la 1ère fois le n° 115 de la rue Jules Guesde, au nom de Lemenu, dans la catégorie peinture, droguerie, papiers peints. Toutefois son entreprise date déjà de plus de 10 ans à cette époque puisqu’une publicité figure dans la presse de 1935.

Publicité de 1935 au nom de Lemenu-Mathon (Document archives Historihem)

Ce commerce évolue par la suite vers la décoration intérieure et toute la partie décors funèbres figurant dans cette publication n’est plus évoquée dans une autre publicité, parue quelques années plus tard, au seul nom de Lemenu. On peut constater que la nouvelle activité de la maison est axée sur les rideaux, avec confection de panneaux de toutes dimensions.

Autre publicité au nom de Lemenu (Document archives Historihem)

Dans les années 60, le commerce est ensuite répertorié, dans la catégorie droguerie par le Ravet-Anceau de l’époque, sous les noms successifs de Lepers puis Burlin. Le bâtiment qui abrite ces magasins successifs est une petite maison à basse toiture dans une rangée d’habitations et commerces du même style.

C’est dans les années 1970 qu’une banque prend le relais des petits commerces précédents. Il s’agit d’une agence de la société générale qui dépend de la grande succursale roubaisienne, sise avenue Jean Lebas. L’aspect extérieur n’est que peu modifié si ce n’est la présence d’une grille protectrice de la porte d’entrée et l’agence est manifestement l’une des plus petites de la métropole.

Agence de la société générale dans les années 1970 (Document archives Historihem)

C’est l’époque où les agences bancaires distribuent chaque année des petits calendriers publicitaires de poche à leur clientèle et l’agence de Hem ne fait pas exception à la règle, en profitant pour diffuser un petit plan de sa situation dans la ville. Sur ses publicités parues dans la presse apparaît également le logo de l’association commerçante hémoise : les commerçants d’Hem, j’aime.

Calendrier publicitaire et publicité portant le logo de l’association commerçante de la ville (Documents collection privée et archives Historihem)

La Société Générale est facilement identifiable par les initiales «SG» et elle a longtemps utilisé ces deux lettres pour communiquer. Depuis 1969, elle s’est dotée d’un logo en forme de spirale qu’on appelle le logo Pasquier en référence à son créateur. C’est ce logo qui figure sur l’enseigne des agences dans les années 1970 ainsi que sur tous les documents publicitaires.

Monogramme SG et Logo Pasquier (Document Culture Banque)

Ensuite la banque adopte un logo rouge et noir de la forme d’un carré pour représenter la solidité et la rigueur d’un groupe qui s’internationalise. Ce logo est ensuite apuré sans le nom de la banque « Société Générale » qui se glisse sur le côté droit de la forme, une astuce qui permet à la banque d’harmoniser son identité visuelle à l’international.

Nouveau logo carré rouge et noir et évolution suivante (Document Culture Banque)

L’enseigne des agences suit exactement la même évolution comme le démontre les photos de l’agence hémoise en 2008 (carré avec le nom de la banque au milieu) et 2018 (carré apuré du nom avec une simple bande blanche au milieu).

La façade de la Société Générale de Hem avec sa nouvelle enseigne en 2008 puis 2018 (Documents Google Maps)

Pendant ces dix années, comme le montrent les photos, l’agence hémoise est munie d’un distributeur bancaire, lequel est signalé par le site du Petit Fûté. C’est à priori le seul Distributeur Automatique de Billets (DAB) figurant dans la rue Jules Guesde à Hem pourtant longue de plusieurs kilomètres.

Signalement du DAB de la SG par le Petit Fûté (Document site internet)

En 2018, la municipalité annonce dans Tout’ Hem un projet de nouveau centre commercial : « La Blanchisserie », rue Jules Guesde. La construction ne débute cependant qu’en mars 2019. Confiée à l’agence VDDT Architecte, l’opération consiste en la réalisation d’un pôle commercial constitué de 6 cellules commerciales livrées semi-finies, l’aménagement spécifique des locaux étant à la charge des futurs preneurs. 

Annonce de la municipalité (Documents Tout’Hem)
Nature du projet (Document site internet VDDT)

L’agence Hémoise de la société générale décide de déménager et d’occuper l’une des cellules de ce nouvel espace commercial spacieux et lumineux. Elle intègre donc en 2020 la cellule E de l’espace commercial « La Blanchisserie » sis au n° 348 de la rue Jules Guesde et s’éloigne ainsi du centre d’Hem vers la ville de Lannoy.

Nouvelle agence bancaire hémoise en 2020 (Document Google Maps)
Le 115 rue Jules Guesde en 2020, agence fermée et enseigne non encore démontée (Document Google Maps 2020)

Article dédié à Philippe Fontenay

Remerciements à la ville de Hem et l’association Historihem