Le 369 rue de Lannoy à Roubaix, se trouve en fait, sur la place de la Fraternité.
C’est une petite échoppe d’une surface de 90 m2 qui bénéficie d’un excellent emplacement. D’une part le commerce se situe dans une artère commerçante : la rue de Lannoy, mais également sur la place de la Fraternité bordée de très belles maisons et de quelques commerces.
Dans les années 1910, l’endroit est occupé par un tailleur G. Fievet. Après la première guerre mondiale, Paul Duquesnoy s’y installe en tant que laitier. Son épouse Madeleine née Gravelines gère le commerce de crémerie-épicerie. Dans sa boutique, on peut trouver du lait, bien sûr, mais également du beurre, des œufs et divers produits d’épicerie : conserves, biscuits . . .
Le commerce du couple Duquesnoy-Gravelines fonctionne correctement dans les années 1920 et 1930. Après la seconde guerre mondiale, le commerce est occupé par un magasin d’alimentation tenu par M. Taquet à la fin des années 1940, Mme Vve G Wagon dans les années 1950, et Mme Vve Guyon dans les années 1960.
En 1973, Jacques-Marie Rasson y ouvre son magasin « Photo-Vision ».
Jacques-Marie est un photographe expert en la matière, il sait faire revivre, à travers ses œuvres, l’événement de votre vie, grâce à son talent et à son matériel perfectionné. Son épouse tient la boutique et accueille la clientèle dans un cadre agréable, personnalisé, avec une ambiance feutrée et intime.
Jacques Rasson ferme définitivement son magasin en 1989. La boutique va redevenir ensuite un commerce d’alimentation. De très nombreuses personnes différentes vont se succéder alors dans ce magasin jusqu’à aujourd’hui.
Remerciements à Jean-Pierre Drouffe ainsi qu’aux archives municipales
L’architecte René Dupire dont le cabinet se trouve boulevard de Cambrai, demande, en Juin 1934, un permis de construire pour une propriété à usage d’habitation pour Mr Raux, chef d’entreprise, située sur le boulevard industriel à Roubaix.
Après le décès du ministre Roger Salengro en 1936, le boulevard industriel est renommé : avenue Roger Salengro. L’entreprise de matériaux de construction d’Edouard Raux se situe alors au 171 de cette avenue. Elle est construite sur un terrain de 5000 m2. Dans les années 1950, au 171 avenue Roger Salengro, Edouard Raux crée la SAVCA ( Société Anonyme pour la vente de tous Combustibles et Appareils ) et continue de diriger son entreprise de matériaux de construction. Au début des années 1960, suite à la forte implantation de nouveaux logements, la municipalité décide d’une nouvelle numérotation des habitations. Le 171 de l’avenue Roger Salengro devient alors le 227. L’entreprise d’Edouard Raux continue de se développer, il fait installer, en 1963, une citerne enterrée de 35.000 litres de liquide inflammable (mazout) sur son terrain. Les travaux sont réalisés par l’entreprise Delezenne pour le terrassement et les Ets Despierre pour la cuve.
D’après le Ravet Anceau de 1968, suite à une deuxième nouvelle numérotation des habitations, on trouve au 227 avenue Roger Salengro deux entreprises : la SAVCA, vente combustibles liquides et gazeux et la Société Nouvelle de Carrosserie Automobile.
En Mai 1974, le garage Ponthieux ( concessionnaire Ford installé depuis 1930 à Tourcoing au 77 rue de Roubaix ) ouvre une nouvelle agence à Roubaix sur ce terrain de 5600 m2 dont 1000 m2 d’atelier. A noter un nouveau changement de numérotation : le 227 est devenu le 209. Pour son inauguration, le garage propose la vérification gratuite de tout véhicule : « Contrôle Clinique » pendant quelques jours, l’occasion de présenter à la clientèle, les nouveaux locaux dont l’atelier couvert, clair, propre et spacieux. A la fin de cette même année, le garage propose toute la gamme des véhicules 1975 au tarif de 1974.
En Juillet 1987, le garage de l’Europe ( concession Volvo ), installé auparavant rue des Champs s’installe dans les locaux.
En juin 1988, Patrick Jartel reprend le garage et crée la « Société Nouvelle du Garage de l’Europe ». La nouvelle entreprise est placée sous la responsabilité de Philippe Platel pour le service commercial et de Pierre Platel pour l’atelier et le Service Après Vente. En novembre 1988, après quelques travaux le garage peut rouvrir et surtout développer la gamme des véhicules Volvo mais aussi créer une agence de véhicules Toyota.
Le garage de la « SN Garage de l’Europe » toujours sous la direction de Patrick Jartel, se spécialise en véhicules d’occasion toutes marques, en 1990..
En 1992, Patrick Jartel directeur de la SN Garage de l’Europe depuis 1988, reprend l’ancien garage Seat du boulevard Gambetta et, en 1994, il ouvre un centre de voitures d’occasion haut de gamme dans les anciens bâtiments de la SARDA au 61 63 rue du maréchal Foch.
Le garage du 209 de l’avenue Roger Salengro devient en 2000, agent de la marque Skoda du groupe Volkswagen. Les clients sont accueillis par Christian Mallart.
En Décembre 2001, c’est au tour du concessionnaire MBBM d’arriver sur place au 209. Cette concession VW et Audi, créée par Mr Mandron puis gérée par Mr Rogier, se trouvait auparavant au 230 de l’avenue Motte .
Enfin, l’année suivante, en 2002, le concessionnaire Valauto de Roncq reprend l’établissement, toujours sous la marque Volkswagen.
Dirigé par Nahim Taleb depuis 2004, le garage se développe fortement et le manque de place se fait cruellement sentir. Pour remédier à ce problème récurrent, la direction envisage de reprendre, en 2015, une partie de la propriété voisine ( terrain de l’ancienne habitation d’Edouard Raux ) pour agrandir la concession automobile.
Malheureusement le projet n’aboutit pas et doit être définitivement abandonné. Pour remédier au problème de place, de circulation et de stationnement des véhicules, le garage négocie alors une ouverture sur l’avenue de Verdun.
Depuis les années 1960, le garage du 209 de l’avenue Roger Salengro a connu bien des marques et des propriétaires différents. Fort heureusement la situation s’est stabilisée depuis plus de 20 années que Valauto occupe les lieux pour la plus grande satisfaction des clients.
Je vous convie aujourd’hui à une promenade autour de la place. Nous avons vu qu’elle n’avait attiré que peu de commerces, mais nous allons voir qu’un certain nombre de ses maisons ont leur intérêt et méritent l’attention du promeneur.
On remarque déjà que les propriétaires ont souvent fait construire une série de maisons identiques sur leur terrain. Au final, seules une dizaine des 41 maisons ceinturant la place sont construites à l’unité.
Suivons d’abord l’alignement sud, celui qui est loti le premier, à partir de 1908. Pratiquement toutes les maisons de ce côté sont déjà édifiées dès 1910.
Le numéro 1 est réservé pour la maison qui fait le coin, bien qu’elle soit numérotée dans la rue de Lannoy, où elle porte le numéro 248. Cette belle maison apparaît dans les années 1920. Elle est successivement la propriété de deux industriels, Emile Degraeve l’habitera jusqu’à la deuxième guerre. Ensuite, ce sera monsieur Pureur, jusque dans les années 80. Restaurée récemment, elle a maintenant fière allure.
Le numéro 3 est également une très belle maison, ornées de pierres et présentant une belle hauteur sous plafonds. On y trouve en 1910 un rentier, monsieur Vergotte-Vanhoutteghem, qui aura vu les deux guerres depuis cette maison, puisqu’on l’y retrouve encore en 1953.
La façade du numéro 19 retient l’attention avec ses fenêtres à petits carreaux au premier étage, dont deux sont jumelées, et ses briques de couleur.
Du 23 au 29, un groupe de quatre maisons identiques ornées de motifs en briques de couleur dues à Henri Agache dont les plans datent de 1910.
Une autre série de maisons, qui terminent la numérotation impaire, comprend six constructions, identiques et plus communes, numérotées du 37 au 47. Elles datent de 1908 et ont été construites elles aussi par l’architecte Henri Agache pour Mme Lestienne, dont le mari était négociant.
Par ailleurs, il existe encore sur cet alignement des maisons agréables à regarder, telles les numéros 13 et 31, cette dernière réalisée en 1911 pour Mme Delplanque.
Remarquons que cet alignement sud ne comporte pas de numéro 33. Comment l’expliquer ?
De l’autre côté de la place, au nord, s’édifie en 1914 une pharmacie au coin de la rue de Lannoy. Nous l’avons évoqué dans le premier article consacré à la place. La demande de permis est faite au nom de Monsieur Donzalat, pharmacien. Le plan annexé comprend l’officine et l’habitation, dont la porte s’ouvre sur la place. L’immeuble est prolongé sur la gauche par une cour.
En 1941, le pharmacien d’alors, monsieur Torck, demande l’autorisation de faire réaliser des travaux de modernisation. Cette demande est refusée en 1946, les travaux demandés « n’offrant aucun intérêt immédiat en ce qui concerne la reprise économique du pays ». Ils seront néanmoins acceptés par la suite et le bâtiment actuel n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était avant la première guerre.
On rencontre également des maisons de caractère sur cet alignement. Les numéros 10 et 12 par exemple. Le 10, dû aux architectes Tromon et Rasson d’Armentières a pour propriétaire le négociant M. Lacroix et date de 1926. Il présente un bow window surmontant deux oeils de bœuf qui surprennent dans la façade. Le 12 abrite en 1935 l’industriel Bossu-Jouret.
Les numéros suivants, aux façades ornées, ne manquent pas d’intérêt pour le promeneur : le numéro 18, de 1910 et, en particulier, les numéros 20 et 22, jumeaux, avec leur chien-assis à charpente apparente et leurs fenêtres du rez de chaussée à tendance art nouveau. Ces deux maisons datent de 1911
Nous retrouvons ensuite une série de trois maisons identiques, aux numéros 24 à 28, datant de 1912. Elles font partie de celles décorées de briques de couleurs blanche et bleue qu’on rencontre beaucoup autour de la place, notamment aux numéros 8, 16, 36, 38, 46, 48, et au sud, aux 15, 19, et du 23 au 29. On en trouve également tout à côté au 5 avenue Linne. Les architectes s’étaient-ils donnés le mot ?
La dernière maison de l’alignement, celle qui fait le coin, est plus récente, puisqu’elle date de 1926. Elle n’a pas échappé aux ornements en béton chers au style de l’époque.
Passé le coin de la place, qui donne sur les rues St Simon et Screpel, le côté ouest présente un aspect plus composite. On y remarque pourtant deux maisons jumelles placées en retrait de l’alignement, qui portent les numéros 38 et 40, ce dernier numéro ayant été doté d’un garage en 1931.
La place a été réaménagée ces dernières années avec une végétalisation partielle qui concourt à attirer le flâneur.
Les documents non légendés proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.
Trois ans plus tard, en avril, c’est une mairie annexe qui est inaugurée dans les locaux de la maternité Paul Gellé, afin que les nouveaux parents n’aient plus à se déplacer à l’Hôtel de Ville pour y faire enregistrer leurs enfants. L’employé de mairie y recueille alors son premier acte de naissance officiel sur les 2.300 naissances par an que compte cette maternité.
La déclaration est ainsi vraiment facilitée, l’officier d’état civil pouvant se déplacer lui-même dans les chambres. Deuxième avantage : la mère peut ainsi avoir la même possibilité que le père de déclarer la naissance de son enfant. Cette initiative constitue à priori une première dans l’hexagone et Mr Diligent espère que celle de Roubaix en entrainera d’autres.
Au fil des ans, la maternité Paul Gellé s’est adaptée en permanence aux évolutions de la médecine comme de la société. En offrant un cadre aux consultations prénatales elle a incité les jeunes mamans à s’y rendre de manière systématique alors qu’auparavant seul un tiers d’entre elles s’y rendaient facilitant ainsi le dépistage des maladies durant la grossesse.
Avec l’obtention du droit à l’avortement en 1974, elle a créé un service d’orthogénie (IVG) et un centre de planification familiale. Elle a aussi été à la pointe de la prise en charge des prématurés. Son service de néonatologie et la construction du pavillon mère-enfant sont pour beaucoup dans l’obtention en 2009 du label décerné par l’OMS et l’UNICEF : « Hôpital ami des bébés », et dans son renouvellement en 2013.
Pourtant malgré cette volonté de se tenir constamment à la pointe de la technologie, et ses divers travaux de réfection, la maternité vieillit mal et souffre de son éloignement d’avec l’Hôpital Victor Provo. Pour lui dire adieu une photo-souvenir aérienne est programmée, photo de famille destinée à rassembler le maximum d’anciens bébés Paul Gellé.
Au soir du 17 mai 2017, le bâtiment est donc complétement désactivé : tout y est éteint, des systèmes de ventilation au chauffage et les persiennes sont baissées pour éviter toute intrusion. Les bâtiments, propriété du Centre Hospitalier, n’ont pas encore d’avenir clairement fixé et l’on veut éviter qu’ils deviennent une nouvelle friche roubaisienne.
En effet, après avoir vu naître 120.000 enfants, la maternité Paul Gellé ferme donc ses portes en 2017 pour laisser place à celle de Beaumont. Celle-ci ouvre en parallèle et seules 3 sages-femmes restent une nuit supplémentaire à Paul Gellé pour préparer 17 mamans à être transférées dans la nouvelle maternité le lendemain. A leur départ l’entrée de leur maternité se couvre peu à peu de parpaings pour éviter les intrusions.
Pourtant cela n’empêche rien et, très vite, les locaux désaffectés sont squattés et dégradés et ce malgré la présence régulière d’une entreprise de gardiennage. En 2022, les pompiers de Roubaix doivent intervenir sur le site pour agir sur un début d’incendie déclaré dans une pièce du dernier étage qui servait autrefois de chambre, feu rapidement éteint au moyen d’une lance à eau.
En 2023, la très réputée maternité Paul Gellé de Roubaix n’est plus qu’un bâtiment fantôme au milieu d’un terrain envahi de détritus. Ouvert à tous vents, dépouillé de ses portes et fenêtres, le site a été pillé et vandalisé. Par terre reste un répertoire téléphonique où figure le numéro de l’ancien obstétricien de santé de garde et dans certaines chambres on devine encore l’ovale des grands lavabos où l’on donnait leur premier bain aux bébés juste nés auprès desquels subsistent encore, plastifiées, les consignes données aux nouveaux parents.
Instantané de mémoire : « J’ai donné naissance à mes 2 enfants à la maternité Paul Gellé. Ma fille y est née en 1985, avant la première rénovation et mon fils en 1991, après la rénovation et juste avant la création de la mairie annexe. Du personnel médical je garde le souvenir d’un grand professionnalisme mais aussi d’un souci constant du bien-être des parents comme des bébés. Je ne m’en souviens pas comme d’une « usine à bébés » mais comme d’un établissement à taille humaine où chaque maman se sentait importante et écoutée. J’ai bien conscience que cette maternité avait sans doute fait son temps mais ça fait mal au cœur de voir l’endroit où tant de personnes ont vu le jour dans l’état où il se trouve maintenant ».
Ce qui reste des deux anciens bâtiments devrait être démoli afin que puisse débuter, sur ce site de 6000 mètres carrés, la construction d’ une opération immobilière mixte à savoir : 40 logements locatifs conventionnels du T2 au T4 et autant d’appartements dédiés à des personnes âgées ou handicapées.
Quand aux bébés roubaisiens nés depuis mai 2017, leur arrivée dans ce monde se fait donc dans la très moderne maternité de Beaumont, rue de Beaumont, avec ses 60 chambres et ses onze salles de travail, toute proche, comme il se doit au titre de la santé publique, des plateaux techniques du Centre Hospitalier Victor Provo. Sachant que ce centre était lui-même déjà programmé lors de l’ouverture de la Maternité Paul Gellé en 1973, le destin de celle-ci semblait donc scellé dès son inauguration.
Dès l’année suivante, un restaurant self-service est aménagé pour le personnel dans les sous-sols de la maternité. Et en 1982, la maternité est agrandie : lui sont ajoutés un kiosque et une garderie. A cette occasion la façade est quelque peu modifiée comme le montre les croquis joints au permis de construire nécessité pour procéder à l’agrandissement.
Mais, en juin 1983, suite à la crue des collecteurs, les sous-sols des établissements hospitaliers de l’avenue Julien Lagache sont inondés. A la Fraternité ce sont la légumerie et les dépôts de pharmacie qui sont endommagés mais au Pavillon Paul Gellé l’eau monte jusqu’à 1 mètre 50, détériorant le matériel de stérilisation , le groupe électrogène, ravageant le restaurant du personnel et des locaux annexes (salles de réunion, vestiaires et archives).
Les dégâts sont évalués à 200 millions de francs et l’indemnisation des assurances est attendue, Roubaix ayant été classée en zone inondée par arrêté ministériel. Toutefois, sans attendre ces remboursements, le restaurant du personnel est refait à neuf moins d’un an plus tard, les agents hospitaliers ayant eux-même pu choisir les nouveaux mobilier et décor de leur lieu de détente et de restauration.
Et 3 ans plus tard, c’est le moment d’une cure de rajeunissement de 17 mois durant lesquels, comme un retour aux sources, le Pavillon Paul Gellé campe dans les pavillons 14 et 15 de l’Hôpital de la Fraternité. L’augmentation importante de l’activité chirurgicale, tant en obstétrique qu’en gynécologie, rendent en effet insuffisant le nombre de salles d’opérations. Il faut 4 blocs chirurgicaux au lieu des 3 déjà existant.
Depuis le début des années 1980, les nouvelles techniques d’échographie, de microchirurgie dans le traitement de la stérilité féminine, de fécondation in vitro et de traitements par laser se sont développées nécessitant un plateau chirurgical plus conséquent. Par ailleurs les conditions de l’asepsie en matière chirurgicale ont beaucoup évolué impliquant le respect de nouvelles normes très strictes.
Une salle d’opération supplémentaire va donc être créée plus particulièrement destinée aux césariennes avec, en annexe, une salle de réveil et les 3 blocs chirurgicaux déjà en place vont être restaurés et l’un d’eux agrandi pour correspondre aux nouvelles normes. Les 3 étages consacrés à l’hospitalisation vont eux aussi être entièrement réhabilités.
Il faut prévoir un financement de plus de 4 millions pour les nouveaux blocs opératoires avec 40% de financement par le Conseil Régional, au nom du contrat de plan spécial natalité, et le reste par emprunt auprès de la Caisse d’Epargne ; s’y ajoute plus d’1 million pour la réhabilitation des étages. Les travaux doivent durer près d’un an et demi et, durant cette période transitoire, les services déménagent.
Au pavillon 15, entièrement remis à neuf par les services généraux du centre hospitalier, sont installées: une salle septique, une salle d’opération, une salle d’accouchement avec réanimation des nouveaux nés et des salles de garde. En face, dans le pavillon 14, dit pavillon de cure, sont aménagées des chambres pour les futures hospitalisées et la maternité y retrouve la capacité d’accueil d’un de ses 3 étages d’hébergement habituels.
En juillet 1987, les travaux sont finis : le pavillon Paul Gellé accouche d’un nouveau bloc opératoire ainsi que titre la presse locale. L’ « usine à bébés de Roubaix », flambant neuve, refaite de fond en comble et nantie d’un matériel tout neuf et impressionnant, est inaugurée par le docteur Ghysel, le sénateur maire de Roubaix et quelques uns de ses adjoints, le grand patron du Centre Hospitalier Mr Alliaud et celui de la maternité, le docteur Crépin.
Les 5.000 patientes accueillies chaque année et les 35.000 consultations annuelles vont avoir lieu dans les meilleures conditions possibles. De plus la salle spécialisée pour les césariennes est en service. Des tables modernes ont été installées, qui ne se commandent plus par manivelle, ainsi que de nouveaux scialytiques et un bras anesthésie, sans oublier le laser. De nouveaux locaux ont été aménagés pour le personnel ainsi qu’une « zone sale » bien séparée de la zone aseptisée.
Enfin, en 1989, les travaux de construction du pavillon mère-enfant sont lancés avec une ouverture prévue l’année suivante. Ce centre de néonatologie est alors réclamé par le corps médical depuis plus de 10 ans : l’objectif est de soigner les bébés sans les séparer de leurs mères. Pensé à l’époque de Victor Provo, défendu sous le mandat de Pierre Prouvost, c’est à la toute fin du mandat d’André Diligent que le projet va enfin voir le jour.
Sur 3 étages, plus exactement 2 rez-de-chaussée, haut et bas, et un étage supérieur, le pavillon va disposer des services suivants: imagerie médicale et matériel d’analyse, salle de préparation à l’accouchement, kinésithérapie pré et post opératoire et locaux techniques, tout en bas ; salles d’accueil des consultants de gynécologie et néonatologie et urgences dans le rez-de-chaussée haut ; enfin au 1er étage : une vingtaine de lits pour l’hébergement de néonatologie accueillant les mamans (et les papas) des nouveaux-nés soignés à l’étage inférieur.
En avril 1991 a lieu l’inauguration, en présence du ministre de la Santé, Bruno Durieux, accueilli à l’entrée de la maternité par des banderoles et des slogans scandés par le personnel : « la pédiatrie veut vivre ». Le sénateur maire André Diligent propose donc une rencontre impromptue à la fin de la cérémonie pour entamer des discussions.
Mais auparavant Mr Durieux prend largement le temps de visiter les lieux, guidé par Roger Alliaud, directeur du Centre Hospitalier Victor Provo, par le professeur Gilles Crépin et les Drs Dehaene et Delahousse en compagnie d’un bataillon d’élus. Tous admirent le nouvel équipement et saluent les premiers bébés et parents admis depuis l’ouverture le mois précédent.
Le service de néonatologie inauguré comprend deux unités : une unité de 10 lits en box individuel permettant le maternage en incubateur des enfants nés prématurément et le traitement de tous les nouveaux nés atteints de pathologies métabolique ou infectieuse, ainsi que le traitement de tous les nourrissons malades âgés de moins d’1 mois ; et une unité de 10 chambres « mères nouveaux nés » permettant aux mères qui le désirent d’être présentes et de participer aux soins de leur bébé prématuré ou atteint d’une pathologie périnatale.
L’histoire de cette place commence à la fin du 19ème siècle, lorsque la municipalité se préoccupe de créer des places publiques à Roubaix dans les zones encore peu construites. Le quartier du pont rouge correspond à ce critère : il est constitué d’immenses terrains encore libres. A cet endroit est prévue la construction un hôpital près duquel on veut adjoindre une place publique. A cet effet, des propriétaires proposent à la municipalité l’achat d’un terrain de plus de 10 000 m² bordant la rue de Lannoy.
Un accord pour une option d’achat en date du 5 Juillet 1890 est signé entre les propriétaires et la ville. Ce sont la veuve Bossut-Delaoutre, M. Jean Bossut, et M. et Mme Georges Hendrickx-Bossut. Le terrain est métré et le prix au mètre carré est fixé à 7 francs. Toute la zone est encore constituée de champs, et à cette époque, la rue de Lannoy est encore parcourue par des tramways à chevaux.
La place, qui prendra le nom de place de la Justice, sera de forme carrée, plantée d’arbres, et ceinturée de trois rues nouvelles. Deux autres rues projetées en seront issues les futures avenue Linné, proposée par M. Cordonnier, propriétaire du domaine des Prés qu’elle traversera, et Achille Screpel.
Il faut alors niveler, creuser un aqueduc, et installer les bordures délimitant le terre-plein central, dont le périmètre sera planté de deux rangées d’arbres. Les bordures seront choisies en granit de Normandie. La place est classée dans les voies publiques en 1893, et les travaux sont réceptionnés en 1894.
En 1907 on construit un kiosque pour les tramways en face de l’avenue Julien Lagache, qui mène à l’hôpital.
La place est rebaptisée place de la Fraternité en 1908, d’après le nom de l’hôpital et pour éviter la confusion avec le quartier de la Justice situé non loin de là. On commence à construire des maisons autour de la place à partir de cette année. Jusque là, les seules érigées bordaient la rue de Lannoy.
C’étaient pour la plupart des commerces, et en particulier des estaminets comme détaillé dans un autre article sur notre Blog.
On évoquera pourtant au 379, au coin de l’avenue Julien Lagache, le cabaret, dirigé par monsieur Loridan jusqu’en 1907, construit dès l’ouverture de l’avenue. Aujourd’hui, le café est toujours en activité ; il est animé par Jean Claude Galand.
En face, au 377, un autre estaminet, tenu en 1908 et jusqu’à la première guerre par F. Delfosse, au moment où qu’il devient débit de tabacs. Les propriétaires du café-tabacs se succèdent et aujourd’hui, il arbore l’enseigne du Renouveau et attire la clientèle grâce à des jeux à gratter.
Juste à côté vers le centre, aux 375 et 373, le Ravet-Anceau de 1908 indique Demoucron-Baudart, estaminet. Au fil des ans, on retrouvera ce commerce sous les numéros 373, puis 373-375 après la première guerre, puis de nouveau 373, le numéro 375 ayant disparu. Les photos d’époque nous montrent des vitrines étroites de part et d’autre de la porte. Le commerce deviendra une « Epicerie-Buvette », puis une boucherie après la première guerre, et de nouveau un café avant la seconde guerre, avant de devenir une pâtisserie. C’est aujourd’hui une boulangerie.
Au 371, Louis Lemaire, est propriétaire en 1907. Il fait imprimer des cartes postales pour faire de la publicité. Le commerce est un débit de boissons, doublé d’une distillerie. Après la deuxième guerre Le commerce change plusieurs fois : cycles, puis un lavoir, et finalement le Crédit Mutuel qu’on retrouve encore de nos jours.
Sur la place même, peu de commerces. On peut pourtant évoquer une pharmacie. En effet, M. Donzalas, habitant le numéro 6 sur la place demande en 1914 l’autorisation de construire une pharmacie au 2, à l’angle de la rue de Lannoy, où elle portera le numéro 416, et de la place. Monsieur Dupont y est pharmacien dans les années 20 et 30, alors qu’en 1939, c’est un dénommé J. Torck, qui n’est que locataire des lieux. Il restera à ce poste jusqu’au milieu des années 70, remplacé par M. Grave.
Du côté opposé de la place, au coin de l’avenue Linne dans laquelle il porte le numéro 2, se trouve un immeuble qui date de 1909. C’est d’abord une maison d’habitation, puis un estaminet. tenu en 1922 et en 1930 par G.Duchatelet. Dans les années 50,60 et 70, c’est une Droguerie. Depuis les années 80 et encore aujourd’hui, on y trouve un coiffeur.
Peu de commerces, donc, autour de la place, mais nous verrons dans un prochain article que cette place est surtout intéressante par certaines belles maisons d’habitation qui la bordent.
Les documents présentés proviennent des archives mun icipales et de la médiathèque de Roubaix.
Depuis le début du vingtième siècle, l’avenue Julien Lagache abrite l’Hôpital de la Fraternité et, parmi ses pavillons, une maternité de 22 lits, accueillant « pour y faire leurs couches, toute femme ou fille, sans distinction de nationalité ou de religion » : la Maternité Ternynck (construite grâce aux dons d’Henry Ternynck, industriel roubaisien, et de ses fils : Henry, Edmond et Felix).
De nombreux roubaisiens voient le jour dans ses locaux mais, à la fin des années 1960, un constat s’impose : l’évolution des soins et le nombre des accouchées impose la construction d’une nouvelle maternité pourvue d’un équipement moderne. La construction de celle-ci a lieu presqu’en face de l’Hôpital de la Fraternité sur un terrain vierge de construction jusqu’alors.
Fin 1970, la construction commence (sur ce sujet voir un précédent article publié sur notre site sous le titre : Une nouvelle maternité aux trois ponts). La nouvelle maternité devrait fonctionner d’ici 18 mois grâce à une équipe de praticiens compétents sous la direction du Professeur Gellé.
Né à Armentières en 1904, Paul Gellé, après de brillantes études à la Faculté de Médecine de Lille, est nommé Chef de Clinique à la fin des années 1930 puis Professeur Agrégé d’Obstétrique à la fin des années 1940. Dès 1935, il est accoucheur à l’Hôpital de Roubaix, avant d’y devenir chef du service de gynécologie-obstétrique.
Après guerre, c’est lui qui a doté la maternité d’un service d’hospitalisation en chambres individuelles, d’un bloc chirurgical, d’un secteur de prématurés puis d’un service de gynécologie de 20 lits à orientation à la fois médicale, endocrinienne et chirurgicale en liaison avec la maternité. Il est ainsi à l’origine d’un authentique service de gynécologie-obstétrique qui sera longtemps le seul de la région.
La première pierre du nouveau pavillon de gynécologie-obstétrique est posée le 12 décembre 1970 par Victor Provo, maire de Roubaix et Président du Conseil Général du Nord et de la Commission Administrative du Centre Hospitalier, descendu en compagnie de nombreuses personnalités dans les fondations du futur bâtiment. Là après avoir scellé le cylindre de plomb contenant le traditionnel parchemin, avant de placer le tube dans la pierre symbolique, il la dépose et la cimente ensuite dans un angle de la construction.
La nouvelle maternité voit son rez-de-chaussée achevé en 1971 et le premier étage en cours, sachant que son ouverture est programmée pour novembre 1972. Deux étages doivent être réservés aux accouchées et le 3ème étage à la gynécologie. Les jeunes mères ainsi que les femmes admises en gynécologie disposeront de chambres à un ou deux lits, avec lavabos et WC particuliers. Il y aura même une salle d’attente pour les papas anxieux.
Le sous-sol accueillera : biberonnerie, chaufferie, groupe éléctrogène, archives, bibliothèque, vestiaires et sanitaires du personnel. Au rez-de-chaussée on trouvera : six salles de travail, trois salles de réanimation, trois salles de garde, sept salles d’examen, quatre salles de repos, trois salles d’admission, une salle d’attente pour les pères, une salle d’analyse, une salle radio, le cabinet du dentiste, une salle pour voitures d’enfants, une garderie, le bureau du chef de service, le secrétariat médical et les bureaux des assistants. On y trouve également le secteur opératoire : deux salles d’opération, deux salles d’anesthésie, salle de réveil et salle de stérilisation.
Les 1er et 2ème étage, dédiés à l’obstétrique, comprennent chacun huit chambres à 2 lits, quatorze chambres à 1 lit, cinq nurseries, 2 salles de jour, une cuisine, 2 tisaneries, 2 pièces pour le linge, un local pour les fleurs et une salle de bains. Quant au 3ème étage, consacré à la gynécologie, il comprend 18 chambres à 1 lit, onze chambres à 2 lits, une salle de soins, une salle d’examen, 2 salles de jour, une salle de préparation de soins, une salle de change, une cuisine, une tisanerie, une salle de bains, une salle pour les visiteurs, 2 bureaux pour les externes et un bureau pour les infirmières.
Un souterrain construit sous l’avenue Julien Lagache permet au personnel de rejoindre les nouveaux locaux depuis l’Hôpital de la Fraternité. La desserte du nouvel immeuble est quant à elle assurée par 3 monte-charges qui permettent de faire accéder les malades, sur les lits, aux différents niveaux. La mise en service et le transfert des patients peut avoir lieu. La Maternité, baptisée Pierre de Roubaix, ouvre ses portes en 1973.
Quatre ans plus tard, en 1977, le professeur Gellé, à l’âge de la retraite et un an avant son décès, se voit enfin accorder la filiation du Pavillon Pierre de Roubaix. Au cours d’une manifestation officielle devant la façade de l’établissement, Victor Provo évoque les mérites du professeur Gellé « pontife de la médecine dans la métropole » et le félicite d’avoir choisi le professeur Crépin comme successeur à la tête de la maternité. C’est ensuite le professeur Gellé lui-même qui vient au secours de Victor Provo, à l’aide de sa canne, pour retirer le voile qui couvre le nouveau nom du Pavillon : « Paul Gellé ».
Dans les années 20, l’abbé Chavatte, vicaire à l’église Notre Dame et directeur du cercle St Michel, est désigné par Monseigneur Delamaire, archevêque de Cambrai (l’archevêché de Lille n’est créé qu’en 1933), pour fonder une nouvelle paroisse dans le quartier du Pont rouge-Fraternité-Chemin neuf. Il déploie tous ses efforts de persuasion pour mener à bien l’édification d’une église dans cette zone populeuse. Il lance une souscription pour le financement du projet et réussit, à force d’obstination, à obtenir la concession d’un vaste terrain au coin de l’avenue Linné et de la rue Jouffroy, terrain qui se poursuit jusqu’à l’avenue Cordonnier. Cette église sera consacrée à Saint Michel.
Malheureusement, l’état de santé de l’abbé l’oblige à demander à l’archevêché d’être déchargé de ce projet en bonne voie de réalisation. C’est l’abbé Bethléem, également vicaire à Notre Dame, qui est amené à reprendre le projet et le mener à son terme.
En avril 1911 est mise en chantier une église provisoire dont l’abbé Bethléem doit être le futur curé.
L’abbé Chavatte, lui, décède début août, après 25 ans de sacerdoce à Roubaix, au moment même où son projet aboutit. En effet, l’église est inaugurée fin juillet de cette même année.
Un cortège, partant du boulevard de Mulhouse parcourt les rues pavoisées du quartier pour aboutir à la nouvelle église. La cérémonie, à laquelle participera la fanfare catholique « La Liberté » sera présidée par le curé de Sainte Elisabeth, l’abbé Coqueriaux. Le bâtiment est de forme simple et construit parallèlement à l’avenue Linné.
Mais, après la guerre, le besoin se fait sentir d’une église définitive plus vaste et plus belle, et, à l’initiative de l’abbé Boulanger, le curé de la paroisse, une souscription est ouverte pour cette réalisation. C’est ainsi qu’en 1924 Monseigneur Quillet, évêque de Lille bénit la pose de la première pierre. Les travaux d’édification commencent aussitôt.
L’église, œuvre de l’architecte Alfred Nazousky, est construite selon un procédé nouveau utilisant des pierres reconstituées en béton, qu’on maçonne comme des pierres ordinaires. La photo suivante nous montre la construction du chevet de l’église, la vue étant prise en direction de l’avenue Cordonnier dont on reconnaît la maison à double pignon du numéro 21.
L’église est consacrée fin 1927 ; elle reçoit la bénédiction solennelle de Monseigneur Jansoone, évêque auxiliaire de Lille. Un cortège de membres des œuvres paroissiales va chercher Monseigneur Jansoone au presbytère rue Jouffroy pour le conduire à l’église. Le chanoine Goguillon, doyen de St Elisabeth prononce ensuite l’allocution traditionnelle devant les paroissiens et un grand nombre de représentants du clergé. La chorale Saint Michel entonne un salut solennel.
Le journal de Roubaix ne manque pas de saluer la beauté du sanctuaire, « l’un des plus beaux de notre ville ».
Peu après, à partir de 1932, les vitraux de J.J. Vosch, maître verrier de Montreuil, sont posés. Ils font depuis la renommée de l’église.
Mais l’idée était à l’origine de lier la création de la paroisse à l’ouverture d’un lieu consacré à l’enseignement. Dès 1913, s’ouvre au 7 de l’avenue Linné l’école paroissiale Fénelon. En 1928, l’abbé Boulanger, curé de la paroisse, confie l’école à la congrégation des filles de Marie Auxiliatrice qui rebaptisent l’école du nom de leur congrégation. L’école intègre dans ses locaux l’ancienne église provisoire dont elle récupère le premier étage en 1949. Elle possède 7 classes en 1947 et ne cesse de s’étendre, intégrant un cours complémentaire.
En 1933, le curé demande aux frères maristes, congrégation vouée à l’enseignement, de créer pour les garçons l’école Saint Michel, qui ouvre avec trois classes, sur un terrain situé toujours de long de l’avenue Linné sur l’ancien domaine Cordonnier, de l’autre côté de la rue Jouffroy jusqu’à la rue Louis Braille. L’école s’étend en 1950 avec la création d’un cours complémentaire.
Dans les années 70, au moment de l’introduction de la mixité à l’école, tous les enfants du cours complémentaire sont réunis à Saint Michel qui devient un collège, alors que les enfants de primaire et de maternelle se regroupent à Marie Auxiliatrice.
Pourtant, au fil du temps, la fréquentation de l’église diminue et les participants aux cérémonies se font de plus en plus rares. L’église ayant été construite après 1905, les pouvoirs publics ne participent pas à son financement et le diocèse peine à trouver des ressources nécessaire à la chauffer et à l’entretenir. Si bien qu’on ne sait quoi faire de l’édifice. Finalement, la décision de fermeture est prise en 2014. Quelques particuliers fondent une association baptisée « les amis de l’église saint Michel » dont le but est la préservation de l’église et de ses vitraux.
En mai 2021 le diocèse prend la décision de louer l’édifice pour abriter le culte orthodoxe. C’est ainsi que naît l’église orthodoxe St Jean Baptiste, dépendant du patriarcat de Roumanie.
Les illustrations non légendées proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.
En 1950, 1952 et 1953 s’est déroulé le grand prix automobile de Roubaix dans le cadre du parc Barbieux. Cinquante ans plus tard, en 2003, une poignée de passionnés de voitures anciennes veut célébrer cet anniversaire par une manifestation de voitures de collection. Ils étaient trois, Damien Jouvenel, Jerry Leleu, Daniel De Geitere et faisaient partie du Nord American Cars Club réunissant les collectionneurs de voitures américaines des années passées.
La première idée est de reconstituer un circuit dans la parc Barbieux, mais les difficultés soulevées leur font abandonner cette idée. On glisse progressivement vers une exposition de voitures de collection dans le cadre du parc des sports, considérant la possibilité de faire tourner ces véhicules sur l’anneau du vélodrome, et comptant sur le centre aéré, qui offre alors une salle relativement grande pour exposer les véhicules. On cherche un nom pour l’évènement : ce sera « Le festival des belles mécaniques », un nom qui fait rêver, et un thème, la célébration du cinquantenaire du grand prix de Roubaix.
La ville de Roubaix est sollicitée et donne son accord pour l’utilisation du centre aéré et l’anneau du vélodrome. Jean François Lavoine, du service animation de la mairie, lui-même amateur de voitures, propose de contacter son club, « Idéal DS », un club d’envergure nationale. Ce club, par l’intermédiaire de sa section Nord, présidée par Michel Loquet, accepte de s’investir dans le projet et monte la manifestation. A ce groupe s’associent Albert Ligny, Laurent Furnari, et d’autres, adhérents de différents clubs. Des partenaires amènent une participation financière indispensable à l’entreprise, les amateurs fournissent le gros des bénévoles nécessaires.
Grâce à tous ces concours, la première manifestation peut avoir lieu, provoquant un grand engouement dans le public. En particulier, l’attrait majeur reste, pour les membres des clubs participants, de pouvoir effectuer des tours du vélodrome avec leur voiture. Les visiteurs, eux, admirent les véhicules exposés et ceux qui tournent sur l’anneau du vélodrome. Une bourse d’échanges de pièces détachées réunissant des amateurs et des professionnels ajoute encore à l’attrait de la manifestation. Cette première année, on expose des voitures de types très différents et de toutes les époques.
La manifestation ayant été un succès, on décide de la répéter l’année suivante, à la même époque, et c’est ainsi que, pour fidéliser le public on choisit de marquer l’évènement sur la fin du mois de juin chaque année.
A partir de la deuxième manifestation, on sélectionne un thème, généralement une marque, et le choix des véhicules d’exposition se centre sur ce thème, ce qui n’empêche pas, à côté du thème de l’année, d’accepter tout type de véhicules. La troisième année, le Nord American club cesse ses activités, mais il est remplacé par le RAAAF (le Rassemblement des Amateurs d’Automobiles Anciennes des Flandres), basé à Marcq en Baroeul, qui prend désormais part à l’organisation, s’associant à Ideal DS pour la gestion administration de la manifestation. Les services techniques de la ville sont sollicités pour les détails de l’organisation et les élus en particulier René Vandierendonck et Henri Planckart agissent très activement et font tout pour faciliter les choses. L’exposition attire du monde de la région et des belges en grand nombre.
Dès la première année, on organise un concours d’élégance en costumes d’époque le dimanche après midi. Chaque année est marquée par un thème spécifique, voué à une marque particulière ou plus transversal. C’est ainsi que furent choisis la deuxième année les marques Citroën et Ford, la troisième année, les cinquante ans de la DS, et les cent ans de Delage. On a organisé également, une année Peugeot et les scooters, les anglaises et la restauration automobile, les cinquante ans de la Ford Vedette, les caravanes anciennes, les Simca, les Jaguars, les torpédos et cabriolets, les américaines d’avant guerre, les automobiles Voisin, les sportives françaises…
Pour chaque occasion, Thierry Dubois assure l’illustration de la plaque de l’année.
Pendant plusieurs années perdure le concours d’élégance, sans thème précis, les participants choisissant leurs costumes. Un jury composé de membres des clubs, d’un représentant de la mairie, et parfois d’une personnalité attribuent les récompenses. En effet, de nombreuses personnalités se déplaçaient pour les belles mécaniques, des membres de la famille Delage, Robert de Niro qui était venu par ailleurs visiter le musée de la Piscine,
Après la démolition du centre aéré, on tente d’exposer les voitures dans le nouveau vélodrome, mais cela ne dure qu’un an et les organisateurs rencontrent de nombreuses difficultés (les véhicules ont tendance à perdre de l’huile et sont salissants).
La municipalité propose alors d’utiliser des chapiteaux (trois la première année) qu’elle fournira, des plaques posées sur le sol pour déplacer et positionner les véhicules sans abîmer la pelouse. Ensuite deux chapiteaux, puis un seul grand. La mairie a joué le jeu durant plusieurs années. Elle fournit l’électricité, le chauffage et la sécurité (certaines voitures valent près d’un million d’euros, même si les « populaires » sont beaucoup plus abordables)…
Une année, il est question de retirer le droit d’utiliser le vélodrome parce que les voitures auraient fait bouger les plaques de béton. Un accord intervient finalement trois jours avant l’évènement, qui permet de tourner quelques heures. Heureusement, l’année suivante, il n’est plus question de rien. Sans l’anneau, l’intérêt eût été beaucoup moindre !
Des réunions régulières à la mairie permettent de coordonner les efforts. Quinze jours avant l’évènement, une conférence de presse, soit au vélodrome, soit à la mairie permet d’assurer un bon appui de la presse et organiser publicité et bonne visibilité nationale (le rassemblement-phare au national étant Rétromobile, mais il y a des manifestations locales). Le public est nombreux :5 600 la troisième année, jusqu’à 6500 entrées la meilleure année, puis les visites se régulent autour de 3 à 4 000.
Une année, on expose des voitures à Géant Casino pour faire connaître le festival, mais difficultés pour assurer la sécurité, et l’expérience n’est pas renouvelée.
Mais le festival connaît un arrêt brutal avec l’épidémie de Covid. Aujourd’hui les organisateurs ne savent pas s’ils vont faire renaître les belles mécaniques : les clubs ont de plus en plus de difficultés pour réunir des volontaires, et notamment l’âge des membres qui vieillissent et les décès qui diminuent les effectifs disponibles. Idéal Ds a fait la dernière année seul et l’enthousiasme n’est plus suffisant pour relancer un évènement qui nécessite tant de bonnes volontés. En particulier la recherche de véhicules intéressants demande tout au long de l’année une équipe de deux ou trois personnes qui font jouer toutes leurs relations parmi les propriétaires.
Il faut en fait que quelqu’un reprenne le flambeau.
Tous nos remerciements à André Delannoy pour son témoignage et ses documents.
Joseph Leconte, né en Belgique vers 1800, est l’époux d’Isabelle Baillon. Il est propriétaire de nombreux terrains à Roubaix, en particulier dans le quartier du Chemin neuf. Après sa mort en 1869, leurs héritiers demandent en 1885 l’autorisation d’ouvrir plusieurs rues sur leurs propriétés, autorisation qui leur est accordée. Parmi ces voies, celle qui prendra le nom de Leconte-Baillon.
C’est ainsi que leur fille Isabelle qui a épousé Constantin Descat, le maire de Roubaix est propriétaire, côté pair de cette rue, d’une bande de terrain le long du domaine des Prés, sur lequel se construiront les Stades Dubrulle et Maertens. Elle se désaisira de cette bande de terrain entre le Chemin neuf et l’avenue des Villas (aujourd’hui avenue Motte). On y construira une série de maisons le long de la rue, laquelle sera classée en 1903.
Sur le plan qui suit, elle n’a pas encore reçu son nom définitif, mais porte celui de la rue qu’elle prolonge.
Quelques années plus tard, le terrain qui nous occupe, situé non loin du croisement avec le Chemin Neuf, est la propriété François Moulard, venu de Belgique, pâtissier de profession, qui y habite en 1928 avec son épouse Lucie et une servante. Le terrain fait 41m55 de façade pour une surface de 1274 m2. Ce même Francois Moulard a demandé en 1923, alors qu’il habitair au 7 rue St Georges, l’autorisation de construire deux pilastres et une porte dans la clôture de sa propriété. De chaque côté sont construites en 1923 et 1924 deux maisons qui existent encore aujourd’hui.
La maison est construite contre le mur du stade Dubrulle, et comprend au rez de chaussée une cuisine, quatre pièces et un débarras. Au premier étage, quatre chambres et une salle de bains, ainsi qu’un débarras. Un grenier occupe tout le deuxième étage. Curieusement, la construction n’est pas rectangulaire, le mur du fond suit le mur du stade et celui de devant suit l’alignement de la rue. Une vaste cave voûtée est creusée sous la maison. La propriété comprend, en outre, un garage, puisque, en 1935, Monsieur Moulard demande à le faire agrandir. Celui-ci est toujours propriétaire en 1939.
Après la guerre, le propriétaire est, d’après le Ravet-Anceau, en 1946 la famille Robyn-
vangheleuve et, de 1953 à 1970 J.Prouvost, représentant.
En 1975, les choses évoluent avec la demande de démolition de la part du nouveau propriétaire, M. Léon Meurisse, désireux de faire construire une maison de plain-pied. Selon lui, l’ancienne maison a des pièces trop grandes, une hauteur sous plafond excessive, une installation électrique non conforme, et les planchers en mauvais état. En outre, la toiture fuit. Durant les travaux, il réside dans une caravane, installée sur le terrain. Le service d’hygiène approuvant la demande, les travaux commencent.
En septembre, l’ancienne construction a disparu, et une maison de plain-pied, construite sur 120 mètres carrés habitables à quelques mètres du mur de séparation avec le stade est en voie d’achèvement.
Au rez de chaussée, un vaste hall commande l’accès à une cuisine et à un séjour, ainsi qu’à un couloir qui dessert deux chambres, une salle de bains et une buanderie. L’espace sous toiture est dévolu à un un comble accessible par une trappe, et une cave est creusée sous la maison, le long de l’ancienne. Elle n’a pas été comblée, mais il n’y a pas de communication entre les deux. Elles sont séparées par un mur et la première cave va disparaître des mémoires des propriétaires successifs.
Deux ans plus tard, le propriétaire fait une demande pour une extension de 28 mètres carrés. Cette extension, dans l’alignement du mur du fond, comprend une salle de bains et une chambre. On voit l’extension sur la photo aérienne suivante.
Dans les années 80 une partie du terrain est vendu, et une petite maison s’élève bientôt sur cette parcelle. On l’y trouve encore aujourd’hui, qui porte le numéro 16.
Les propriétaires se succèdent dans la maison. Au fil du temps, un grand garage est installé dans l’angle de la propriété. Plus tard, ce garage est transformé en appartement, et les aménagements intérieurs de la maison évoluent : Une des chambres disparaît, récupérée pour d’autres usages.
Enfin, elle est vendue en 2022 et les nouveaux propriétaires veulent y apporter des transformations lourdes. Il s’agit de l’agrandir, et d’y ajouter un étage en surélevant le toit. Vue la durée prévisible des travaux, on commence par construire une pièce provisoire sous l’auvent qui prolongeait le garage pour loger les propriétaires en attendant qu’ils puissent emménager de façon définitive. Ci-dessous quelques vues de la démolition. A gauche une vue de la façade arrière, à droite en haut l’extension, en bas la façade avant sa disparition.
En fait, tout est pratiquement abattu, le toit et le mur de façade, qui sera reconstruit un peu plus vers la rue pour agrandir l’emprise de la future maison. Seuls demeurent le mur du fond et les deux pignons, sur lesquels on s’appuie pour construire le nouvel édifice qui ne tarde pas à s’élever.
Il comportera une toiture à la Mansart pour assurer de l’espace aux pièces du premier étage sans pour autant élever trop la façade. L’extension doit demeurer à peu près identique à ce qu’elle était.
Au cours des travaux, on redécouvre l’ancienne cave complètement oubliée de tous. On y pénètre en creusant une ouverture dans le mur pour découvrir une magnifique cave voûtée flanquée d’une citerne d’eau placées sous la terrasse derrière la maison. Les meubles en surnombre sont stockés à la cave, repeinte et équipée d’un carrelage neuf, en attendant que la maison soit terminée.
Un mystère demeure pourtant : En effet, il subsiste une porte basse mettant en communication les deux propriétés du 20 et du 26. Celle-ci est située plutôt au fond du terrain, sous un figuier. Elle n’a pas été ouverte depuis des décennies et menace aujourd’hui de ruine. Elle est difficile à distinguer, car noyée dans la végétation. Comment expliquer l’existence de cette communication ?
La première idée est que, dès l’origine, les deux propriétés appartenaient à des membres apparentés, mais il s’avère que l’étude des ascendants des Moulard-Smeets et les Dasprez-Martinot, les propriétaires respectifs des 20 et 26 dans les années 30, n’ont rien en commun. Peut-être étaient-ce simplement des amis proches ?
Nos remerciements aux archives municipales et à la médiathèque de Roubaix, à l’Institut Géographique National, et aux propriétaires actuels.