A Mac Mahon

A la fin du 19ème siècle, le numéro 29, au coin du boulevard de Paris et de la rue Chanzy est occupé par le Café Mac Mahon, ainsi nommé en hommage au Marechal Patrice de Mac Mahon, président république de 1873 à 1879. Ce débit de boissons est tenu par Em. Dendievel en 1885, puis J.Lienard. Dans les premières années du 20ème siècle, il est tenu successivement par un dénommé Henneuse, puis par F.Schelstraete et finalement F. Vermant en 1910.

Le propriétaire y fait établir en 1902 une grande vitrine en remplacement de quatre fenêtres étroites.

La vitrine de 1902

Le 30 mai 1914, Louis Etienne Delescluse, né 1888, épouse Léontine Peteaux née à Pottes, Belgique, en 1893. Louis habite 109 Grande rue avec sa mère ; il est électricien. Son père, Louis Joseph Delescluse est décédé, sa mère a pour nom Adèle Camberlyn. Léontine, la femme de Louis, était la demoiselle de magasin du 109 Grande rue. L’immeuble, après avoir abrité un estaminet en 1908, comportera en 1920 un magasin d’électricité.

Le 109 grand rue – photo Google

Adèle quittera, après le mariage de son fils, le magasin de la grand rue pour aller habiter 85 rue du Moulin où on la retrouve en 1920 lors du mariage de son deuxième fils Hector avec Adrienne Vancoppenolle.

Le 85 rue Jean Moulin au premier plan à droite

Hector est alors marchand de meubles car les deux frères ont ouvert un magasin de meubles à l’enseigne « Delecluse frères » au 27-29 boulevard de Paris. Il s’installera en 1922 au 179 rue de Lannoy avec son épouse Adrienne pour y exercer la profession de fripier, avant de revenir à son métier précédent et ouvrir lui aussi un magasin de meubles, les « meubles Hector Delescluse » qui deviendra ensuite les « meubles maman Louise », enseigne qui a fait l’objet d’un précédent article sur notre Blog.

Louis conserve le magasin boulevard de Paris. Dès lors, ce magasin prendra pour raison sociale « L. Delecluse, meubles » en 1925, puis « A Mac Mahon », reprenant le nom du café d’origine. Louis possède alors un atelier de fabrication à Croix.

Les affaires prospèrent et le commerce est rapidement doté d’une fabrique de meubles, installée au 20 rue Chanzy, à quelques pas du magasin. Le document suivant y montre un personnel nombreux.

C’est devenu aujourd’hui une habitation particulière.

Le 20 rue Chanzy – photo Google

Le commerce continue à s’étendre et Louis ouvre une succursale, située d’abord au 27 de la grand-place, non loin de l’entrée de la grand-rue.

Le 27 grand place

Pourtant, la succursale se déplacera ensuite d’une vingtaine de mètres pour prendre place dans la grande rue où on la retrouvera au numéro 3 en 1939. A cette dernière adresse, Mac Mahon succède à un magasin chaussures en 1908, remplacé par un marchand de pianos en 1920.

Ce déplacement est peut être dû à des soucis financiers consécutifs à la crise qui a sûrement incité la clientèle à hiérarchiser ses dépenses, ce qui entraîne la fermeture de l’usine de fabrication. Sur la publicité, on mentionne une maison à vendre, à usage de café. Il s’agit sans doute du 27 grand place, puisqu’à cette adresse sera situé le Palais de la Bière en 1939. On y parle également d’une usine à vendre, sans doute l’atelier de fabrication des meubles. Cette usine semble se situer à la Croix Blanche, au bout de la rue de Lille et correspondre à la fabrique de Croix dont il a été question plus haut.

Au 3 grande rue, Delescluse est toujours cité en 1939, mais on trouve une agence de voyages en 1953. La succursale est définitivement fermée. Par contre, en ce qui concerne le magasin principal boulevard de Paris, le bâtiment bas sur la gauche a été ajouté à l’ensemble et constitue désormais une annexe.

Le magasin boulevard de Paris

En 1965, la publicité ne fait plus mention non plus de l’atelier de fabrication, ce qui semble indiquer qu’à la belle époque du formica, Louis s’est recentré sur la vente de meubles. Par contre, on voit que le point de vente offre quatre niveaux, ce qui semble inclure le sous-sol.

Le commerce de meubles est toujours attesté en 1973, alors qu’en 1988 on trouve à cette adresse un restaurant Mac Mahon, qui garde l’appellation originelle. Aujourd’hui c’est toujours un restaurant, mais la raison sociale est maintenant « la Palmeraie ».

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

Shettle

Georges Shettle, né en 1823, travaille en tant qu’assistant chez M. Fry, célèbre photographe à Londres. En 1840, M Fry découvre le négatif sur papier translucide. Cette découverte incite Georges Shettle à s’installer à son compte dans un studio photo à Forest Hill.

Georges Shettle a 3 fils : Arthur, William et Frédéric. Arthur Shettle franchit le Channel et s’installe dans un premier temps à Dunkerque, avant de rejoindre Roubaix en 1887, pour inaugurer son magasin au 4 boulevard de Paris. Il ouvre également un studio photo à Bruxelles et à Tourcoing, rue Motte. William quant à lui crée un studio à New York sur Madison avenue. Enfin, Frédéric s’installe à Bradford on Avon en 1896.

Arthur Shettle 1823 1919 ( document Nord Eclair )
document publicitaire commun des frères Shettle ( document collection privée )
publicité d’Arthur Shettle pour ses magasins de Roubaix et Tourcoing ( document collection privée )

En 1904, Arthur fait modifier la façade du 4 boulevard de Paris pour créer une nouvelle vitrine. Sur la photo ci-dessous, on distingue les voisins : à droite, au n° 2 la pâtisserie VanHaelst et à gauche, au n° 6 l’expert comptable Debuchy.

La façade du 4 boulevard de Paris ( document collection privée )

Les 3 fils d’Arthur : Georges junior, Frédéric et Lucien Shettle s’associent et reprennent la suite au magasin de Roubaix, en 1912. Georges décède en 1919. Lucien quitte la région pour Nantes où il installe un studio-photo. Frédéric reste seul à Roubaix.

document collection privée

En 1934, un gros projet immobilier résidentiel voit le jour, et nécessite la démolition de plusieurs maisons du n° 2 au n° 12 du boulevard de Paris. Pendant les travaux de construction de cet immeuble, Frédéric trouve un local pour son commerce, dans la rue de Crouy. Les travaux se terminent en 1936 et Frédéric peut alors s’installer dans le nouvel immeuble mais à l’arrière du bâtiment, au n° 1 rue de Lille. Frédéric habite à l’étage, avec son épouse Marie née Hannetel, et leurs 4 enfants, André, Jacques, Jean et Simone.

Il aménage également la partie au dessus du garage, en studio photo. Les parois vitrées permettent une meilleure luminosité pour les prises de vues, portraits, photos d’identités etc. De nombreux décors différents sont à disposition de la clientèle pour qu’ils puissent choisir l’arrière plan de la photo.

le magasin de la rue de Lille ( document Nord Eclair )

En 1936, la première démocratisation de la photo apparaît. Le laboratoire est modernisé : la lampe à arc est remplacée par une tireuse. Après la seconde guerre mondiale, les affaires reprennent de façon très satisfaisante. Frédéric décide alors de transformer et d’agrandir son magasin en 1952, par une nouvelle façade, un aménagement intérieur plus spacieux et le laboratoire photo Noir et Blanc installé au sous-sol.

la nouvelle façade en 1952 ( document archives municipales )
Frédéric Shettle ( document J. Shettle )

La cinquième génération Shettle prend la relève : Les deux fils de Frédéric : André et Jacques reprennent le magasin en 1957. Jean, quant à lui, ouvre un magasin à Paris rue de Clichy.

André Shettle ( document J. Shettle )

En 1957, Jacques crée la société « Phocinor » avec d’autres photographes de la région dont : Equinet à Tourcoing, Gallois à Douai, Vermesse à Lille, Hochard à Valenciennes, Cuvelier à Lens . . . Ce groupement permet de négocier des conditions d’achat de matériel photographique. Le succès est tel que très rapidement, le groupement devient national en 1963 et s’appelle désormais Phocifrance. Deux marques sont créées pour les produits : « Foci » pour les appareils photographiques et « Phokina » pour les accessoires. 350 photographes sont désormais adhérents au groupement.

Foci ( document Nord Eclair )
Jacques Shettle ( document J. Shettle )

Dans les années 1960, l’entreprise comprend 5 salariés pour le développement et le tirage des photos papier. Les deux fils de Jacques, Jacky et Alain commencent à venir aider leur père au magasin. Sur la photo ci-dessous, à droite, le jeune Jacky Shettle conseille son client en 1964.

document J. Shettle

à suivre . . .

Remerciements à Jacky et Alain Shettle, ainsi qu’aux archives municipales.

Les Entrepôts du Nord

Dans les années 1890, l’entreprise Coulon-Cuvelier est un commerce de gros qui approvisionne en vins et spiritueux, les commerçants et les particuliers de la ville, sous l’enseigne « Les Entrepôts du Nord ». Elle est implantée au 6 8 10 et 12 Boulevard de Paris à Roubaix.

En-tête 1890 ( document collection privée )

Au début des années 1900 Auguste Grimonprez-Delcourt reprend l’affaire, et garde l’enseigne « Entrepôts du Nord ».

document collection privée

Dans les années 1920, Auguste Grimonprez Delcourt développe l’activité en ajoutant des gammes de produits : vins fins, bières anglaises. Il passe un accord d’exclusivité pour des vins de champagne Guy de Montprez pour toute la France et la Belgique.

document b.n.r

Mais surtout, Auguste négocie la vente exclusive de l’eau de la source Willems, produite localement à la source du Robigeux à Willems, ainsi que l’exclusivité de grands vins de porto pour la France et l’étranger.

document collection privée

En 1934, un gros projet immobilier résidentiel voit le jour, et nécessite la démolition de plusieurs maisons du n° 2 au n° 12 du boulevard de Paris. Sont concernés : le pâtissier Van Haelst au n° 2, le photographe Shettle au n° 4, le comptable Debuchy au n° 6 et les entrepôts du Nord aux n° 8 10 et 12

Les travaux de construction de l’immeuble en 1934 ( document collection privée )

Pendant les travaux de construction de cet immeuble, Auguste Grimonprez déménage son entreprise provisoirement au 19 rue Jean Moulin, dans une partie des locaux de la filature Motte et Marquette.

Adresse provisoire ( document Ravet Anceau 1934 )

En 1936, la construction est terminée, Auguste reprend son emplacement. La façade sur le boulevard est plus petite ( n° 10 et 12 ) mais la profondeur est plus importante, car il dispose d’un accès à l’arrière, rue des loups, pour les réception et les livraisons de marchandises.

documents collection privée 1936

En 1943, l’affaire Grimonprez Delcourt est reprise par Losfeld-Tanchou et Cie. Maurice et Robert Losfeld sont mariés avec deux des sœurs Tanchou. Les frères Losfeld gardent l’enseigne « Les Entrepôts du Nord »

Papier à en tête Losfeld Tanchou ( document Marc Losfeld )

Maurice et Robert Losfeld apportent quelques modifications dans les gammes de produits. Ils créent la marque « LOTA » (LO.sfeld TA.nchou) pour les vins et rhums, développent l’embouteillage de vins de qualité traditionnelle et distribuent les eaux de la Compagnie fermière de Vichy. C’est à la fois un négoce de produits,  »en gros et au détail ».

étiquettes de vin et rhum ( documents Marc Losfeld )

Instantané de mémoire : Souvent, le jeudi après-midi, je vais rejoindre mon père Maurice, pour découvrir l’entreprise « Les Entrepôts du Nord ». On entre par le n° 12 car la porte du n° 10 est réservée aux bureaux. C’est la salle d’accueil pour la clientèle. Les différents produits proposés sont exposés en vitrine et sur une étagère derrière le comptoir. Les bières en bouteilles sont vendues au détail. Derrière l’accueil, se trouve la salle d’embouteillage. Une petite grue permet de descendre et de remonter les fûts du chais ( caves en sous sol ) couvrant une grande partie de la société. On y accède par un escalier situé dans la salle d’embouteillage. Derrière se trouve le quai de chargement pour la camionnette de livraison « Chenard et Walker », la cour pour réceptionner les fournisseurs, ainsi qu’un emplacement pour le lavage des bouteilles consignées. A chaque fois que j’y allais, les 3 membres du personnel ( les cavistes Oscar et Robert ainsi qu’une vendeuse ) étaient heureux de m’accueillir.

Plan de l’entreprise ( document Marc Losfeld )

Robert Losfeld décède en 1945, Maurice continue seul, l’activité. Au début des années 1950, la situation financière de l’entreprise se dégrade car la vente de vin en tonneaux chute considérablement. L’entreprise ferme définitivement ses portes en 1953.

Au début des années 1960, le n° 10 est repris par M. Verschaeve commerçant en fruits et légumes, et le n° 12 par l’épicerie-alimentation de M. Bombeck. Puis de nombreux commerces et/ou professions libérales s’y succèdent. A ce jour le n°10 est occupé par un commerce de vapotage et le 12 par l’entreprise de serrurerie Porquet.

Photo BT

Remerciements à Marc Losfeld et aux archives municipales.

75 rue Charles Fourier

A la fin des années 1950, se construit un petit immeuble, au 75 rue Charles Fourier à Roubaix, composé de 9 appartements sur 3 étages. Le rez de chaussée est réservé à des cellules commerciales, dont une partie au 75 77 rue Charles Fourier et une partie au 134 136 rue Horace Vernet.

Sur cette vue aérienne de 1962, on distingue parfaitement l’immeuble. La grande partie vierge sera occupée plus tard, par l’hôtel des impôts. ( document IGN )

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Le 40 avenue Gustave Delory

Dans les années 1950, au 40 avenue Gustave Delory, se trouve une grande maison de maître sur un immense terrain de 12.900 m2.

La propriété a appartenu à R. Wattine Rasson et, depuis les années 1940, à Jean Ternynck Kieffer.

document archives municipales

C’est une immense bâtisse. Au rez de chaussée, se trouvent 4 pièces très vastes : un hall d’entrée, plusieurs vestibules menant aux pièces de service ( bâtiment marteau ) et un escalier très large. Au 1er étage, 4 très grandes chambres, et une pièce de service. Au second étage, 5 pièces mansardées dont 4 chambres et une remise.

Le terrain est en forme de L. Au fond de la propriété, se trouve le parc Masurel. A gauche, la parcelle aboutit sur la rue Edouard Vaillant.

En 1962, Jean Ternynck demande au cabinet d’architecture de Constant Verdonck, situé avenue Jean Lebas, de faire agrandir son garage et de clôturer entièrement son terrain.

document archives municipales
document archives municipales

En 1963, il décide de faire construire sur sa propriété une maison individuelle de 158 m2 au sol, avec garage, sur une parcelle de 1000 m2. Ce pavillon se situe juste à côté de son habitation et sera donc numéroté au 42 de l’avenue Gustave Delory. Les plans de la maison sont établis par l’architecte C. Verdonck.

Marie France, la fille de Jean Ternynck, y réside peu de temps après la fin des travaux .

document IGN
document archives municipales

En 1974, Jean Ternynck réside désormais depuis quelques temps au 26 de l’avenue G Delory. Il souhaite faire démolir son ancienne habitation du 40 avenue Delory. Cette immense bâtisse construite à la fin des années 1890, est maintenant inoccupée depuis plusieurs mois, et mal entretenue. Des travaux très importants et coûteux seraient nécessaires, sans que l’immeuble soit pour autant conforme aux normes de sécurité. Le permis de démolir de cette maison de maître est accordé pour cause de vétusté.

document IGN

La terrain vierge de 11.892 m2 de Jean Ternynck ( au 40 de l’avenue G Delory ) est cédé au promoteur Promogim. A la fin des années 1970, un dossier est déposé en mairie, pour une demande de permis de construire de 4 bâtiments et 140 logements : « Les Jardins de Barbieux ».

document Promogim
document Promogim

Promogim propose différentes possibilités à la clientèle ; du studio au 4 pièces. Des logements T 3 et T 4, soit en appartement, soit en Duplex

Les prix sont attractifs : L’appartement T 2 de 49 m2 avec un box et une place de Parking est vendu 342.000 Frs en 1985

La fin des travaux ( document archives municipales )

Pour compléter et terminer l’ensemble ; Promogim construit un 5° bâtiment, en 1996 « Le Beaumont » au 152 rue Edouard Vaillant.

Document Google Maps 2020

Remerciements aux archives municipales et à P. Van Hove

Le parc Masurel

Le parc Masurel se trouve avenue Gustave Delory, derrière les villas et les appartements cossus. Le parc est donc invisible de l’avenue.

document Nord Eclair

L’entrée du parc se fait par une allée privée au N° 24. C’est aujourd’hui l’entrée de la prestigieuse école EDHEC.

Photo BT 2021

Ce terrain se termine rue Edouard Vaillant, à l’Est, et sur la ville de Croix, au Sud.

C’est un parc immense de 8 hectares. On y trouve des arbres magnifiques, dont certains sont centenaires : des bouleaux, chênes, marronniers, merisiers, peupliers.

On l’appelle Parc Masurel, car Ernest Masurel et son épouse Marcelle Huet sont propriétaires du terrain et de la demeure.

document collection privée
document IGN

M et Mme Masurel y résident. C’est en fait, un véritable château ! Ses dimensions sont de 27,50m de longueur sur 15m de largeur soit 400 m2 au sol.

Il y a 3 niveaux, soit un total de plus de 1200 m2 habitables.

La façade avant ( document archives municipales )

Au rez de chaussée on trouve un hall, une salle à manger, un salon, un bureau, une cuisine, un office et une salle à manger pour le personnel.

Au 1° étage : 8 chambres pour les membres de la famille et les invités, 2 WC et 2 salles de bains.

Au 3° étage : 9 chambres et 2 salles de rangement.

M et Mme Masurel ont trois enfants, et au vu du nombre de chambres, on peut imaginer qu’il devait y avoir beaucoup de personnel : femmes de chambre, cuisiniers, et jardiniers.

Il existe également sur le terrain, une maison de 100 m2 pour le gardien.

document archives municipales

M Masurel devenu veuf, décède en 1974. Les héritiers ne tiennent pas à reprendre la demeure, étant donné les frais d’entretien que cela représenterait. Ils décident donc de mettre la propriété en vente.

Toutes les richesses à l’intérieur du château sont vendues ( tableaux, œuvres d’art, boiseries, marbres etc ). La maison est cédée au promoteur Ferret Savinel et sera démolie. Le projet de construction d’un lotissement est signé par le P.D.G de l’entreprise Ferret Savinel, Jean Arnault en Juillet 1979.

Le château pendant la démolition ( document archives municipales )

à suivre . . .

Remerciements aux archives municipales.

Les bijouteries Jouvenel

Jules Jouvenel naît à Bruxelles en 1900. En 1914, suite à la déclaration de la guerre il part en exode à Londres en Anglerterre. Il trouve un travail à Wimbledon, sur le terrain d’aviation : il apprend sur le tas à réparer des tableaux de bord de navigation aérienne, des instruments à aiguilles. Il se passionne alors pour cette activité nouvelle. A son retour en 1919, Jules est bien décidé à créer son commerce. Il se perfectionne dans un atelier d’horlogerie à Roubaix. Il reprend en 1921, le commerce  »A la Gerbe d’Or » d’ Eugène Clauss horloger, bijoutier, opticien au 154 rue de l’Alma.

Jules se marie avec Mathilde. Ils ont deux enfants : Pierre né en 1927 et Jean-Claude né en 1933.

Jules, Mathilde et Pierre en 1927 devant le magasin au 154 rue de l’Alma ( document D. Jouvenel )

Dans les années 1930, Jules Jouvenel développe son commerce de façon importante. Son expérience est reconnue et appréciée de la clientèle. Il vend des marques célèbres, comme les carillons Westminster, mais également les réveils Jaz, les montres Lip et Oméga. Il commence à transformer des vieux bijoux en créations originales.

Publicité 1932 ( document collection privée )

Dans les années 1940, l’aîné des deux garçons, Pierre, devenu adolescent, commence à apprendre le métier. Jules délaisse peu à peu l’activité d’opticien, pour se consacrer à ses deux passions : l’horlogerie et la bijouterie.

la façade en 1950 ( document D. Jouvenel )

L’affaire de Jules et Mathilde se développe fortement, et le manque de place se fait cruellement sentir. L’occasion se présente en 1956, lorsque la maison voisine au 156 de la rue de l’Alma se libère. Jules en fait l’acquisition et transforme complètement le 154 et 156 en un seul point de vente. Les travaux sont confiés à Fernand Rotty 24 ter rue Stephenson. La nouvelle façade de couleur grise et rouge foncé est magnifique.

Le 154 156 rue de l’Alma en 1956 ( document D. Jouvenel )

En 1952, le fils aîné, Pierre, ouvre son magasin à Lys lez Lannoy au 112 rue Jules Guesde.

Tous les ans au mois de Juillet, se déroule la braderie de la rue de l’Alma ; c’est l’occasion de proposer l’ensemble des produits du magasin avec une baisse de prix.

Publicité braderie ( document collection privée )

Jean-Claude abandonne son poste d’employé comptable au tissage Emile Toulemonde, pour aider son père à l’atelier d’horlogerie et se consacrer à temps plein au commerce de ses parents.

Jean- Claude dans l’extension du magasin en 1956 ( document D. Jouvenel )

Jules prend sa retraite à la fin des années 1960. Jean-Claude et son épouse Christine reprennent le magasin de la rue de l’Alma en 1970, et font appel en 1977 à l’entreprise de Christian Dupont à Tourcoing pour un nouvel habillage de la façade du magasin, en couleur gris anthracite et acier.

La façade en 1978 ( document D. Jouvenel )

La 3° génération Jouvenel arrive !

Jean-Claude et Christine ont 5 enfants : 4 garçons et une fille.

Les 4 garçons sont apprentis et apprennent le métier, soit horloger, soit bijoutier et sont prêts à assurer la relève.

La relève en 1978, de gauche à droite : Damien, Christine, Anne-France, Mathilde, Stéphane, Jean-Claude ( document D. Jouvenel )

– Stéphane se spécialise en horlogerie, il passe son diplôme à l’école d’horlogerie de Morteau, il ouvre un magasin au 85 rue de Mouvaux puis part s’installer à Bergues en 1996.

– Xavier diplômé également en horlogerie, reprend le magasin, de son oncle Pierre, du 112 rue Jules Guesde, puis ouvre un magasin quelques années plus tard, à Lannoy au 6 rue des canonniers

le magasin de Lannoy ( Photo BT )

– Damien, après son apprentissage chez un maître joaillier à Lille, s’installe en 1982  »bijoutier en chambre » c’est à dire qu’il travaille en tant qu’artisan-bijoutier à son domicile personnel, rue Léon Marlot à Roubaix. Il crée des bijoux et assure le SAV des bijoutiers roubaisiens : Bousquet et Soyez : confrères et amis.

– Christophe fait des études commerciales, et aide son père Jean-Claude à gérer le magasin de la rue de l’Alma

Publicité commune aux magasins 1988 ( document collection privée )

Dans les années 1990, Jean-Claude et Christine refont complètement le magasin de la rue de l’Alma, intérieur et extérieur, pour un accueil encore plus chaleureux de leur clientèle.

Jean-Claude devient, en 1978, président de l’association des commerçants de la rue de l’Alma.

( documents D. Jouvenel )
( document D. Jouvenel )

En 2002, Jean-Claude et Christine Jouvenel prennent leur retraite. Christophe reprend le magasin de la rue de l’Alma.

La devise de Christophe, c’est : l’expérience au service de la clientèle. Il propose :

– un choix immense de montres avec des marques prestigieuses Festina, Lorus et Bayard

– des bijoux en or garanti 18 carats et non pas 9 carats comme beaucoup de concurrents

– des possibilités de création et de transformation de bijoux

– le rachat d’or au meilleur prix.

( document D. Jouvenel )
Christophe Jouvenel ( document D. Jouvenel )

Damien Jouvenel et son épouse Jocelyne, font l’acquisition en 2001, d’un terrain avenue Gustave Delory à l’angle de la rue Edouard Vaillant, pour y créer leur magasin et atelier. Damien et Jocelyne proposent leurs services de réparation, transformation et création de bijoux sur mesure.

( documents archives municipales et photo BT )
( document collection privée )

Guillaume, le fils de Damien Jouvenel, passe 4 années de formation en bijouterie à Namur en Belgique, puis 3 années à Saint-Amand-Montrond où il obtient le brevet de métier d’art en joaillerie. De retour à Roubaix, il prend le relais de son père qui prend sa retraite, en 2020.

La 4° génération Jouvenel arrive . . .

( document D. Jouvenel )

Jouvenel, c’est un nom, une tradition, un savoir faire, un métier de passion depuis 4 générations, depuis un siècle, puisque l’entreprise a été créée en 1921 à Roubaix.

Le savoir faire familial centenaire !

( document D. Jouvenel )

Remerciements à tous les membres de la famille Jouvenel ainsi qu’aux archives municipales,

Du château Ternynck à l’école Jeanne d’Arc (suite)

L’école des sœurs dominicaines se situe au 25 rue de Lille (bâtiment acheté à la famille Ternynck en 1919). Les locaux deviennent trop petits car l’école ne cesse de se développer. Il faut donc songer à s’installer ailleurs. Le président de l’école, Fernand Lepoutre, fait l’acquisition du château Ternynck le 1er Juin 1946. Le financement a pu être réalisé grâce à des emprunts, des dons de la congrégation et des familles, mais aussi par des ventes de charité et des séances théâtrales.

document Institution Jeanne d’Arc

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Du château Ternynck à l’école Jeanne d’Arc

Henri Ternynck est un industriel roubaisien, dans le domaine du textile. Il possède une usine de tissage et filature, située sur le Boulevard de Fourmies ( voir un précédent article sur notre site, intitulé : l’usine Ternynck ) ainsi qu’une entreprise rue de la Fosse aux Chênes. Ses immenses bureaux se situent au 50 rue de la gare ( à l’angle de la rue de l’hospice ). Henri Ternynck gère ses affaires avec ses enfants, et crée l’entreprise Henri Ternynck et fils. Tous les membres de la famille Ternynck habitent dans différents endroits à Roubaix.

Edmond et Marie Ternynck ( document C. Baccarrere et A. Charpentier )

Un des fils d’Henri, Edmond Ternynck, se marie avec Marie Dormeuil, en 1878. Il décide de faire construire son hôtel particulier vers 1880. Il fait l’acquisition d’un terrain vierge de 13.519 m2, situé au 32 rue de Barbieux, pour y faire construire sa demeure. L’extrémité de cette immense parcelle se situe avenue Le Notre, en bordure du parc de Barbieux. Il confie le projet à l’architecte M. Dupire, qui s’inspire du château de Raray dans l’Oise, pour édifier les plans de la demeure.

L’hôtel particulier d’Edmond Ternynck 1880 ( document Archives Municipales  )
L’hôtel particulier d’Edmond Ternynck  ( document C. Baccarrere )

Le château du Huchon, comme on l’appelle à l’époque, est très imposant, Il est composé de très nombreuses pièces, sur trois niveaux. Au rez de chaussée, une galerie de 24m de long fait face à la rue, c’est une galerie de façade pour y exposer des tableaux et œuvres d’art. La décoration des salles est luxueuse : cheminée dans chaque pièce, moulures bois, portes intérieures monumentales. Au 2° étage, se situent les chambres pour le personnel : les femmes de chambre et les femmes de ménage sont en effet très nombreuses et nécessaires pour le service des châtelains.

Les pièces intérieures ( documents C. Baccarrere )

A l’extérieur, côté sud, est édifiée une terrasse couverte pour les beaux jours.

La terrasse couverte ( document C. Baccarrere )

De chaque côté du château, ( côté rue ) sont édifiés deux bâtiments séparés. Le premier est réservé aux écuries, car les déplacements à l’époque se font essentiellement en véhicules hippomobiles ( fiacres, calèches ). Le deuxième, appelé bâtiment des communs, est consacré aux nombreux jardiniers. On y trouve la resserre et un hangar pour stocker le matériel. Le long du mur de clôture, se trouvent un clapier et un poulailler.

Les extérieurs ( documents Archives Municipales et C. Baccarrere )

Dans les années 1920, de nombreuses nouvelles constructions sont érigées dans la rue de Barbieux. La municipalité décide alors d’une nouvelle numérotation des habitations. C’est ainsi que le 32 rue de Barbieux devient le 68.

Côté rue ( document C. Baccarrere )
Côté jardins ( document C. Baccarrere )

Edmond décède en 1914. Son épouse, Marie Ternynck, continue à gérer seule la demeure. La propriété est immense. Une partie du château ( la moitié du rez de chaussée et la moitié du sous sol, sur le côté sud ) est louée, en 1929, à Léon Tack et son épouse Gabrielle née Catry.

Léon Tack est grossiste et importateur en fruits, primeurs et légumes. Son entreprise est installée au 23-25 rue de la Halle, où la famille occupe le 1° étage. Le couple et leurs enfants apprécie alors ce nouveau logement spacieux, dans un cadre idyllique et verdoyant.

Publicité Léon Tack ( document collection privée )

Marie Ternynck décède en 1934. La famille Tack reste locataire de la demeure rue de Barbieux. En Mai 1940, Léon Tack, son épouse et leurs 7 enfants quittent Roubaix, et partent à Mélicourt dans l’Eure, pour quelques mois, puis descendent dans le sud de la France, et résident à Tarbes pendant quelques mois également. La famille Tack est de retour à Roubaix en 1941 ; les allemands occupent la moitié de la demeure. Léon Tack déménage à la fin de l’année 1942, et part s’installer au 52 rue Dammartin.

À suivre . . .

Remerciements à Carole Baccarrere, Annick Charpentier, Gabrielle et Dany Tack, Béatrice Martin, Florence Tellier, Virginie Samyn ainsi qu’aux Archives Municipales.