Zone Marcel Lecoeur à Hem – 3 – le 35 rue Colbert

La ZA Lecoeur , à l’origine composée de 6 bâtiments, s’agrandit dans les années 1990, avec la construction du garage Opel dans la pointe située entre les 2 bretelles d’accès et de sortie de la voie rapide. Sur les photos panoramiques de l’époque on constate clairement que le terrain est vierge en 1988 et construit en 1995.

Photos aériennes de 1988 et 1995 (Documents IGN)
Porte-clef publicitaire du garage avec n° de téléphone à 8 chiffres donc antérieur à 1996 (Document collection privée)

L’automobiliste qui prend la sortie Hem arrive donc face au garage à la fin de la voie rapide. Le distributeur Opel Automobile de Roubaix est un très grand garage à la fois concessionnaire Opel puis aussi Kia et Chevrolet mais aussi un service personnalisé aux particuliers et aux entreprises pour l’entretien des véhicules et les travaux de carrosserie toutes marques.

Photo aérienne en gros plan (Document collection privée) et rue Colbert en 2008 (Document Google Maps)
Photo de face à la sortie de la voie rapide (Documents collection privée)

Le garage a recours aux publicités classiques de la marque mais aussi à des formes publicitaires plus inhabituelles telles qu’un défilé dans les rues avec Francis Vercamer, maire de la ville, à bord du véhicule, lors d’une braderie.

Publicités classiques de la marque en 1995 et 2005 (Documents site internet)
Défilé rue Coubronne un jour de braderie (Document collection privée)

Mais en 2014 le garage Opel n’est plus qu’un souvenir et l’entreprise Automobile de Roubaix sera radiée du Registre du Commerce et des sociétés un peu plus tard. La vitrine de la Zone Marcel Lecoeur change de visage avec l’installation d’un Carrefour Drive dans la zone où se trouve déjà installé le Leclerc Drive.

Carrefour Drive en 2014 (Document Google Maps)

Le système est le même pour les 2 enseignes en ce qui concerne la récupération des commandes mais Carrefour, à l’inverse de Leclerc, bénéficie d’une surface intérieure plus grande où les produits peuvent être stockés.

Carrefour drive (Document site internet)

La concurrence est rude et Carrefour Drive rue Colbert ferme 2 ans plus tard. Ce n’est qu’en 2019 que Carrefour Drive Market prend le relais avenue du Général Leclerc à Hem. A cette occasion des photos de l’inauguration sont diffusées par la municipalité.

Carrefour Market Drive en 2019 (Document Ville de Hem)

Commence alors une longue période où le 35 rue Colbert reste vacant et derrière les grilles fermées sont entassés de grosses pierres pour empêcher le parking d’être squatté. Triste vitrine pour les automobilistes qui arrivent sur Hem ou en partent que cette friche de plus en plus taguée et dégradée au fil du temps…

(Les pierres entassées derrière les grilles rue Colbert en 2017 (Document Google Maps) (Document Google Maps)Vues de la friche des 2 côtés de l’avenue de l’Europe en 2020 (Document Google Maps)

Enfin en Mars 2021, des travaux de réhabilitation du bâtiment commencent. La chaîne de distribution Grand Frais a choisi le site hémois à l’abandon depuis des années pour y établir un nouvel établissement. Un bâtiment de 997 mètres carrés va abriter les 5 rayons alimentaires usuels de la marque: fruits et légumes, épicerie, poissonnerie, boucherie et fromagerie.

Le bâtiment en travaux en mars 2021 (Document Voix du Nord) avec une ouverture prévue en juin 2021 (Document Google Maps)

L’ouverture a en effet lieu début juin 2021 et une boulangerie Marie Blachère s’installe dans le bâtiment qui jouxte le nouveau Grand Frais faisant du 35 rue Colbert un centre alimentaire complet.

Les 2 bâtiments côte à côte et le Grand Frais en gros plan (Document collection privée)

Remerciements à la Ville de Hem

Zone artisanale Marcel Lecoeur à Hem – 2

Puis, dans les années 2000, le n°2 rue Colbert abrite, pendant 16 ans (entre 2002 et 2018), les Cafés Richard, torréfacteur-spécialiste au service des professionnels de la restauration, et fabricant-grossiste en machines à café.

Photo de l’entrée rue Colbert et du côté avenue de la Marne en 2008 (Documents Google Maps)
Publicité (Document publicitaire Tout’Hem)

Ensuite, des activités sportives se développent dans la ZA qui accueille notamment l’Orange Bleue au n° 27 de la rue Colbert. Ce club c’est : 700m² dédié au sport dans une ambiance conviviale et familiale. Il se compose d’un espace Cardio et Musculation avec plus de 50 postes de travail.

Photo du bâtiment abritant l’Orange bleue (Document Google Maps)

Des coachs diplômés d’état, sont à la disposition des adhérents pour les accompagner quel que soit leur objectif (perte de poids, remise en forme, préparation sportive, renforcement musculaire…). Et pour les détendre après les séance, un sauna est également mis a leur disposition.

Photos intérieures de l’Orange Bleue (Documents site internet)

Enfin dans les années 2010, arrive à Hem, au 37 rue Colbert, après ceux de Wattrelos et Neuville-en-Ferrain, le drive de la société Leclerc, sur le terrain que longe l’avenue de l’Europe.

L’enseigne y a repris un bâtiment déjà existant d’une centaine de mètres carrés dans lequel elle a installé une chambre froide et de congélation pour conserver au mieux les produits. Les livraisons se font, plusieurs fois par jour, depuis l’entrepôt central géré par le magasin de Wattrelos.

Photos du Drive Leclerc (Documents Google Maps)
Publicité (Document Tout Hem)

En 2012, une salle de réception s’installe également dans la ZA, au n° 41-43, à savoir : La Renommée, disponible pour les mariages, communions, baptêmes, anniversaires et réveillons, avec ou sans service traiteur. Elle ferme malheureusement ses portes quelques années plus tard.

Photo en 2012 (Document Google Maps) et Publicité (Document tout Hem)

Actuellement il s’agit donc plus d’une zone d’activités que d’une zone artisanale puisqu’elle abrite à la fois surtout des commerces et des activités sportives et culturelles.

Ainsi en lieu et place du magasin d’usine Kway se trouve, depuis 2013, le magasin Label Vie, enseigne engagée dans le développement durable depuis plus de 20 ans qui propose dans ses rayons de nombreux produits Bio : épicerie, fruits et légumes frais, crémerie, boissons, surgelés, compléments alimentaires et même produits pour bébés, ainsi qu’une boucherie et une boulangerie artisanales.

Photos en 2015 depuis la rue Colbert et depuis l’avenue de l’Europe (Document Google Maps)
Publicité (Document Tout Hem)

A ses côtés, l’entreprise Vélonline qui y propose depuis 2006 une large gamme de vélos généralistes : VTT, VTC, route, fitness, BMX, électriques et pliants. Des modèles plus originaux comme les tandems, tricycles et fat bike y sont également disponibles. En plus de son site e-commerce, Velonline dispose de deux magasins dans le nord de la France (à Hem et Marcq-en-Barœul).

Photo Velonline au 3 rue Colbert (Document Google Maps)

Depuis quelques années s’est installée au n° 27 la Pantoufle à Pépère qui propose des charentaises et des mules en feutrine. Avant cette aventure, Barbara travaillait dans le milieu de la formation et Arnaud était déjà dans l’univers du textile. Ce dernier possédait une boutique de vêtements, d’esprit marin, dans le quartier du Vieux-Lille.

Photos intérieures et logo La Pantoufle à Pépère (Document site internet)
Photos extérieur façade et arrière du bâtiment (Documents collection privée)

Enfin, l’école de danse fondée par Abda N’Diaye, Ndidance, installée au 41 rue Colbert à la place de La Renommée, compte plusieurs centaines d’élèves de 5 à 50 ans, une quinzaine de professeurs et des antennes à Hem et à Dakar.

Photos de Ndidance (Documents Google Maps et site internet)
Photo de Abda N’Diaye (Document La Voix du Nord))

A ce jour les automobilistes qui empruntent la voie rapide pour venir à Hem ou pour quitter la ville vers l’autoroute, longent donc, avenue de l’Europe, une zone d’activités toujours en mouvement 40 ans après sa construction et qui abrite, en plus des bâtiments initialement construits, un numéro 35 rue Colbert qui fera l’objet d’un prochain article.

Plan de la zone aujourd’hui (Document IGN)
Photo aérienne de la zone (Document Google Maps)

Remerciements à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à la Ville de Hem

La Bonnerie

Suite d’un précédent article intitulé « La Roseraie »

Dans les années 2000, le bâtiment en L que l’on voit sur toutes les photos aériennes est habité par une famille. Il n’a quasiment pas été modifié si l’on excepte le campanile qui figurait au sommet d’un toit et a disparu. En témoignent les photos comparatives ci-dessous.

CPA et photos comparatives prises en 2000 (Document collection privée)

En face de ces bâtiments, de l’autre côté de la rue de Croix un ensemble de bâtisses, possiblement des écuries ou étables à l’origine, que l’on aperçoit également sur les photos aériennes, existe toujours. Il s’agit à présent d’habitations. Enfin le château quant à lui abrite les établissements NordNet et n’a pas subi de modifications apparentes de l’extérieur.

CPA et photos prises en 2000 (Document collection privée)

NordNet est une entreprise de télécommunications implantée dans la métropole lilloise, à Hem depuis 1995. La société a domicilié son siège social à Hem dans l’ancien château de la Roseraie, dénommé dès lors Château de la Bonnerie.

Photo du Château de la Bonnerie côté rue en 2008 et côté jardin en 2017 (Document Google Maps et Historihem)

Son fondateur, Thierry Tarnus a choisi ce nom car il veut que sa société apporte internet aux gens du Nord ; de fait il est le premier fournisseur d’accès internet dans le Nord et rencontre un énorme succès qui le conduit à céder sa société au groupe France Telecom en 1998, soit 3 ans après sa création.

En 2000, Nord-Eclair rencontre le directeur technique de l’entreprise en pleine croissance. Dominique Uzun explique comment les « entreprises du coin » ont très vite manifesté leur intérêt pour une entreprise proche d’elles et pouvant leur apporter un service direct. Ainsi leur client historique s’avère être « Les 3 Suisses » situés à 1 km à vol d’oiseau de l’établissement de Hem.

Dominique Uzun directeur technique en 2000 (Document Nord-Eclair)

En 2016, NordNet a la réputation d’être le fournisseur d’accès internet qui a su se développer dans le domaine de la sécurité des données et de l’accès au réseau même depuis les lieux où le numérique ne va pas. C’est le leader de l’internet par satellite et l’entreprise se positionne également sur la fibre optique. Deux ans plus tard l’entreprise ferme son établissement de Hem et le siège social de l’entreprise est transféré à Villeneuve d’Ascq.

Photos du château après le départ de Nordnet côté rue et côté jardin (Documents Google Maps)
Photos aériennes des années 2000 et 2021 (Photos IGN et Google Maps)

Depuis un programme immobilier « Château de la Roseraie » y est en cours. Il va s’agir d’une résidence de standing, proposant des appartements du studio au T5 voire T6 ou plus…Le slogan : « Vivre la vie de château, dans le confort moderne avec le charme de l’ancien ».

Des prestations de qualité sont vantées : façade en briques et pierres de taille, ferronnerie, couverture ardoise et zinc, jardins privatifs, ascenseur, hall d’entrée sécurisé, places de stationnement sécurisées…La mise à disposition des biens est prévue en 2023.

Plan provisoire, château côté jardin et une vue de l’intérieur (Documents le guide du neuf)
Photos intérieures du château à rénover (Documents Richou Investissements)

En Mai 2022, des panneaux annonçant les futurs travaux sont apposés de chaque côté de l’entrée de l’allée et le portail d’accès au château est clos. Celui-ci semble à l’abandon et ce domaine autrefois prestigieux dégage pour l’instant un parfum de désolation…

Photos de Mai 2022 (Documents collection privée)

Remerciements à l’association Historihem

Zone artisanale Marcel Lecoeur à Hem – 1

En 1976, à l’aboutissement de la bretelle de sortie de la voie rapide, les automobilistes arrivent directement boulevard Clémenceau. A leur droite des champs et à leur gauche également des champs hormis les deux rangées d’habitations qui bordent l’avenue de la Marne.

Photo aérienne de 1976 (Document IGN)

En 1979, la Communauté Urbaine de Lille, la Chambre des métiers du Nord et la ville montent un dossier en vue de l’implantation d’une Zone Artisanale à Hem, boulevard Clémenceau entre les bretelles d’accès à la voie express. La Communauté Urbaine achète les terrains, les viabilise et les revend à la Chambre des métiers.

La première tranche traitée compte environ 27.000 mètres carrés ; c’est la Zone Artisanale. Une zone d’emploi doit ensuite s’installer de l’autre côté de la bretelle, sur le boulevard Clémenceau où la société Damart projette de s’installer.

Zones d’activité en prévision en 1979 (Document Au Temps d’Hem)

La zone Artisanale Marcel Lecœur se situe donc au nord est de la ville, au cœur de l’avenue de l’Europe, du boulevard Clemenceau et de l’avenue de la Marne. La pose de la première pierre a lieu en avril 1982, en présence du ministre du commerce et de l’artisanat Mr Delelis, pour une fin de chantier espérée en fin d’année.

Assistent à l’événement Arthur Notebaert, président de la Communauté Urbaine, Gilbert Lalande, président de la chambre des métiers du Nord, et bien sûr Jean-Claude Provo, maire de Hem. La zone est composée de bâtiments de 500, 700 et 1000 mètres carrés qui doivent être divisés en ateliers d’une centaines de mètres carrés.

Six édifices, de dimensions variables, composent l’ensemble. A l’intérieur des bâtiments les cloisons sont disposées en fonction des besoins en surface estimés par les artisans et les box ainsi délimités sont de taille variable. L’implantation d’une vingtaine d’entreprises artisanales y est prévue.

Plan de la zone (Document Nord-Eclair)
Pose de la première pierre, Mrs Notebaert, Provo et Lalande en plein travail (Document Nord-Eclair)

C’est la Chambre des métiers du Nord, maître d’oeuvre, qui finance les travaux de construction des bâtiments. La voirie et les travaux d’assainissement sont pris en charge par la Communauté Urbaine et l’éclairage public par la municipalité. Un aménagement d’espaces verts et de plantations d’arbres est prévu afin de séparer le centre artisanal des habitations avoisinantes et d’en agrémenter les voies d’accès.

Photo aérienne en 1983 (Document IGN)

Le nom choisi pour cette zone honore Mr Marcel Lecoeur, ancien artisan serrurier parisien, ayant fondé en 1946 la « Fédération nationale de l’artisanat du bâtiment », devenue par la suite la « Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment »(CAPEB), qu’il a présidée pendant plus de 30 ans.

L’inauguration a lieu en 1983 en présence de nombreuses personnalités de la région. Le centre artisanal constitue en effet un atout de choix en matière de relance économique et d’emplois. Après avoir fait « le tour du propriétaire », l’ensemble des invités se réunit à la salle des fêtes pour célébrer la naissance de ce pôle économique de la commune d’Hem.

L’inauguration du centre artisanal en 1983 (Document Nord-Eclair)

L’entreprise Graphic Services, est le premier occupant de la zone dès l’année 1983. Cette entreprise de « pré-presse » : composition et photogravure, qui intervient entre l’agence de publicité qui réalise photos et maquettes et l’imprimerie qui va réaliser le produit fini, est en effet la première à emménager au n°4 rue Colbert et y garde son siège social pendant près de 40 ans.

Photo du bâtiment en 2008 (Document Google Maps)

La presse de l’époque a d’ailleurs qualifié cette société de pionnière dans la mesure où la zone était encore presque déserte quand Daniel Leroy y a installé sa petite entreprise de Photogravure, auparavant domiciliée à Roubaix depuis sa fondation en 1981. L’entreprise qui, en 1987, compte déjà une trentaine de salariés, travaille énormément pour le secteur de la Vente Par Correspondance (VPC), en pleine expansion à l’époque sur la métropole.

Daniel Leroy dans son bureau et un employé au scanner en 1987 (Documents Nord-Eclair)

En dehors de cette société, il est difficile de déterminer quels ont été les premiers occupants de la nouvelle zone artisanale. Quelques publicités donnent à penser qu’il s’agissait bien d’artisans comme cette publicité issue du journal Nord-Eclair dans les années 80.

Colbert 37 Publicité Ets Dewyndt (Document Nord-Eclair)

Par la suite toutefois, dans les années 1990, la zone prend un caractère plus commercial en accueillant notamment un magasin d’usine Kway, au numéro 1 de la rue Colbert, unique rue de la zone. Le point de vente, visible depuis le boulevard Clémenceau par l’arrière du bâtiment, est un peu la vitrine de celle-ci. Le « petit futé » ne manque d’ailleurs pas de le mettre à l’honneur.

Colbert 1 Photo du magasin d’usine en 2008 au 1 rue Colbert et en 2012 depuis le boulevard Clémenceau (Documents Google Maps)

extrait du « petit futé » et exemple de produits proposés par la marque (Documents sites du Petit Futé et Kway)

Pourtant, durant ces mêmes années 1990, la vocation initiale de la ZA persiste avec l’arrivée de la société PVC Express à Hem. Après 10 années passées rue de Lannoy à Roubaix, cette entreprise de menuiserie extérieure propose son expertise de la vente et de la pose de portes, fenêtres et volets roulants. Installée à l’époque au n° 36 rue Colbert elle y est toujours plus de 30 ans plus tard.

Photo de la société en 2008 et en 2019 (Documents Google Maps)

A suivre…

Remerciements à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à la Ville de Hem

La Roseraie

Ets Leclerq-Dupire à Wattrelos (Document ateliers-mémoire)

Louis Leclercq-Huet descend d’une famille d’industriels. Son père Louis Leclercq-Mulliez a en effet développé en 1865 les établissements Leclercq-Dupire à Roubaix-Wattrelos que son grand-père avait fondé. Louis épouse Jeanne Huet en 1885 et demeure dans un 1er temps à Roubaix , 74 boulevard de Paris avant de faire construire son château à Hem, au 111 rue de Croix, « La Roseraie »..

La Roseraie CPA et Photo (Document collection privée)
Photo de famille en 1923 dans le parc du Château (Document Historihem)

Louis, qui travaille avec son père élève une famille de 12 enfants dont 2 fils meurent: l’un à la guerre, l’autre accidentellement à l’armée. Quant à lui, pendant la 1ère guerre mondiale, en tant qu’industriel, il fait partie des otages emmenés en Allemagne au camp de Holzminden.

Les otages du Nord du camp de Holzminden (Document Historihem)

Membre de la chambre de commerce de Roubaix il conserve ses fonctions le plus longtemps possible aux Ets Leclercq-Dupire, jusqu’à ce que sa santé ne le lui permette plus et décède, en 1928, dans sa 66ème année, dans sa résidence de Hem. Son épouse le suit un an plus tard à l’âge de 63 ans.

Mortuaires des époux Leclercq-Huet (Documents Historihem)

Comme le montre une vue aérienne de 1932, La Roseraie, ce n’est pas qu’une grande demeure majestueuse. C’est également un énorme terrain qui comprend, outre la bâtisse principale : plusieurs dépendances puis une ferme, des jardins, des prés, un cours d’eau…

Photo aérienne de 1932 (Document IGN)
La famille sur le pont enjambant le cours d’eau (Documents collection privée)

Entre les années 1930 et 40, les jardins se structurent et le domaine est savamment entretenu comme en témoignent les séries de cartes postales qui lui sont consacrées. Un magnifique parc boisé et des jardins luxuriants font l’admiration des visiteurs. La demeure familiale est alors la propriété de Louis Leclercq-Motte et son épouse, fille d’Eugène Motte, qui ont 10 enfants. C’est Louis qui dirige les Ets Leclercq-Dupire à Roubaix et Wattrelos et fonde également, avec ses frères, les usines Leclercq-Dupire d’Ypres, Cysoing, Saint-Python….

La Roseraie série noire (Documents collection privée)

En 1936, le salut solennel et la cérémonie de clôture de la fête d’été en l’honneur de Notre Dame de Lourde, sous la présidence du cardinal Lienart, évêque de Lille, se déroulent à la Roseraie après une procession dans les rues de la ville et une grand messe solennelle chantée à l’église Saint-Corneille avec le concours de la chorale paroissiale.

La presse se fait écho du rassemblement de l’ensemble de la procession dans la propriété, et de la chorale d’hommes entonnant le Magnificat repris en choeur par la foule des fidèles. La cérémonie s’achève par la bénédiction du Saint-Sacrement sur la foule agenouillée.

Le programme de la fête d’été (Document Historihem)
Photos de la cérémonie à la Roseraie (Document Historihem)

Pendant la 2ème guerre mondiale, comme la plupart des châteaux et maisons de maître à l’époque, la propriété est occupée par les allemands comme le démontrent les 4 photos ci-dessous. Pourtant la demeure reste fort heureusement intacte si l’on se réfère à cette vue aérienne de 1947.

La Roseraie occupée (Documents collection privée)
Vue aérienne de 1947 (Document IGN)

En 1957, Louis Leclercq-Motte et son épouse célèbrent leurs noces d’or avec faste. La journée commence par une messe d’action de grâces à l’église Saint-Corneille, en présence de toutes les notabilités de la région. Puis une cordiale réception est offerte au domicile des jubilaires aux nombreux parents et amis où un grand repas familial rassemble ensuite une centaine de membres de la famille.

La famille pose sur l’escalier extérieur à l’arrière du château (Document Nord-Eclair)

La Roseraie reste ensuite la propriété des familles Leclercq-Motte et Motte-Watinne que l’on y retrouve domiciliées dans les Ravet-Anceau de 1958 à 72. Dans les années 60, un carton d’invitation est envoyé par Mme Jean Leclercq sous la forme suivante : « Gentilhomme et Gente Dame, soyez priés à danser, ce samedi trente et un mai en notre Cense de la Roseraie, où bal campagnard est donné pour fester de Sylvie et Christian les dix-huit et vingt-cinquième printemps » « Tenue de gente Dame ou Gentilhomme campagnard du siècle passé ».

La carte d’invitation à la fête (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Damart Hem partie 2

Damart Hem partie 2

Le centre d’expédition n’ouvre donc ses portes qu’en septembre 87 soit plus de 5 ans après la cession des terrains destinés à sa construction et son inauguration a lieu en Novembre en présence de nombreuses personnalités : parmi elles, Mr Longuet, ministre délégué chargé de la Poste et des Télécommunications, Mr Aurousseau, préfet de la région, Mr Diligent, sénateur-maire de Roubaix, et bien sûr Mme Massart maire de Hem.

Photos de l’inauguration (Documents Nord-Eclair)

C’est Paul-Georges Despature, président du directoire de la SA, qui accueille les prestigieux invités en compagnie des « pères fondateurs » de Damart : Joseph, Jules et Paul Despature, et de Xavier Ruyant, directeur du nouveau centre hémois. Sont également de la fête Nicolas Hulot, journaliste-aventurier, et Hubert de Chevigny, pilote d’ULM, ayant vaincu début 87 le pôle nord en ULM, équipés de sous-vêtements thermolactyl et sponsorisés par la Poste.

Lors de la visite Mr Longuet découvre la partie stockage cartons entièrement automatisée, la galerie de liaison où est coupé, à cette occasion, le traditionnel ruban, l’unité de prélèvement où le ministre s’entretient avec quelques ouvrières, l’unité d’emballage avec ses nouvelles machines automatiques, et enfin la zone d’expédition avec la toute nouvelle peseuse-affranchisseuse spécialement mise au point pour l’usine hémoise.

Le traditionnel ruban (Document Nord-Eclair)

Pour commémorer l’événement de l’inauguration d’un centre de vente par correspondance par le ministre de la Poste, un bureau de poste provisoire est installé où est apposé le cachet commémoratif de la manifestation, reprenant, comme il se doit, le désormais fameux slogan Damart « froid moi jamais ».

Cachet commémoratif (Document collection privée)

Au cours de son discours Mr Despature souligne la qualité des liens que son entreprise entretient avec la Poste « maillon vital, fournisseur indispensable et souvent unique pour la VPC (Vente Par Correspondance) » ajoutant que « pour que la Poste et la VPC restent compétitives il importe que l’évolution générale des tarifs s’oriente vers la stabilisation». Chez Damart en effet le budget annuel dédié à l’affranchissement dépasse l’investissement consenti pour la construction des bâtiments hémois soit quelques 100 millions de francs.

En réponse Mr Longuet s’engage donc, tant sur la fiabilité du service que sur la compétitivité des tarifs, avec en point de mire, l’horizon 92 et le marché unique européen, et se déclare désireux de rendre hommage par le biais de Damart à la VPC en général laquelle représente 10% du chiffre d’affaires de la Poste.

Photo aérienne du centre d’expédition en 1988 (Document IGN)

Ainsi que le souligne Mme Massart dans son discours ce bâtiment, très moderne, ne fait pas l’unanimité et représente la « cathédrale du thermolactyl » pour les uns et le « Beaubourg d’Hem » pour les autres, l’important étant que le dynamisme de Damart pourrait permettre aux hémois de bénéficier de nouveaux emplois.

Photo de Damart Hem (Document collection privée)

Quelques temps plus tard, un transporteur de la Somme perd le contrôle de son poids-lourd et , juste devant l’usine flambant neuve, finit sa course dans le fossé. Bilan de cet accident impressionnant: plus de peur que de mal pour le chauffeur, une circulation interrompue pendant 3 heures à hauteur de Damart en fin de voie rapide, et un pylône d’éclairage public renversé…

Photos de l’accident en 1987 (Document Nord-Eclair)

Soucieux de rassembler toute son activité logistique à Hem l’entreprise réalise en 2009 un agrandissement considérable du site inauguré en grande pompe 22 ans plus tôt. Deux bâtiments sont ajoutés : le premier, de 4.000 mètres carrés, doit permettre le stockage de catalogues et le routage des mailings. Le second, sur 10.000 mètres carrés, doit servir à la préparation des colis.

L’extension de 15.000 mètres carrés porte donc l’ensemble de l’usine à 50.000 mètres carrés. C’est désormais de Hem que partent toutes les commandes pour les clients de la VAD (Vente A Distance), les stocks pour les différents magasins et points de vente, ainsi que les 140 millions de catalogues envoyés chaque année en France et à l’étranger.

Un tel flux nécessitant de meilleures conditions d’accès aux axes routiers un aménagement de la voie rapide a été réalisé par le Département afin que le site hémois lui soit désormais directement raccordé.

Extension du site originel en 2009 (Document VDDT Architectes)

A l’occasion de l’inauguration du nouveau site c’est le premier ministre François Fillon en personne qui se rend sur place accompagné de deux de ses secrétaires d’état: Valérie Letard et Laurent Wauquier. Une salariée, parmi les 500 personnes (essentiellement des femmes) désormais employées sur la plate-forme, leur explique l’organisation mise en place pour éviter aux préparatrices de commandes de trop se déplacer. A l’issue de la cérémonie le 1er ministre rencontre les professionnels de la VAD en mairie de Hem puis prononce un discours à la salle des fêtes.

Inauguration de l’extension du site en Octobre 2009 (Document Alamy Banque d’Images)

Puis en 2015, dans l’optique de doper de 25 % ses performances opérationnelles et de diviser par deux ses délais de livraison, Damart annonce un investissement de 5 millions d’euros dans la modernisation de sa plate-forme logistique de Hem. Ce site doit en effet accompagner la croissance du réseau de magasins. De 85 points de vente en 2015, Damart devrait compter plus de 125 implantations en France d’ici huit ans.

De plus, les ventes sont très liées aux variations climatiques. Si chaque année 4 millions de Thermolactyl sont vendus, l’usine doit pouvoir faire face lors de grands froids à des pics atteignant 30.000 commandes par jour ! Le projet consiste donc en la mise en place d’un système de type « trieur à pochette ».

Enfin, cette mécanisation accrue doit permettre aux 450 salariés de la plate-forme de bénéficier de meilleures conditions de travail : réduction du nombre de tâches répétitives, diminution des ports de charges, simplification de l’organisation des ateliers…

Nouvelle machine à colis (Documents la Voix du Nord)

Comme le montre la photo aérienne de 2020 la physionomie du boulevard Clémenceau à hauteur de la sortie de la voie rapide a bien changé en presque 40 ans et les champs ont donc laissé la place à un énorme site industriel sur lequel plusieurs centaines de salariés travaillent.

Site Damart à Hem en 2020 (Documents Google Maps)

Damart Hem partie 1

Héritiers d’une usine de draperie et tissage fondée en 1850 à Roubaix, et face au déclin du secteur textile, trois frères, Joseph, Paul et Jules Despature, recherchent une idée de génie pour sauver leur entreprise. Elle leur est soufflée par leur vieille tante, qui, victime de rhumatismes, ne jure que par les vertus de la triboélectricité (phénomène créé par la mise en contact de deux matériaux de nature différente).

En 1953, ils ont donc l’idée de créer des sous-vêtements réchauffant à partir d’une fibre synthétique, la chlorofibre, très efficace contre le froid, l’humidité et les rhumatismes. Par une alchimie savante, les micro-frottements du tissu créent, au contact de la peau, une énergie qui génère une chaleur électrostatique. Ils appellent leur création : le Thermolactyl et, comme leur entreprise se situe rue Dammartin à Roubaix, choisissent comme nom pour leur marque : Damart.

les frères Despature (Document site Damart)

L‘entreprise a alors la bonne idée de faire contrôler son nouveau produit par le milieu médical avant son lancement, puis d’éditer un petit catalogue de vente par correspondance, afin de vendre ses produits en direct de l’usine. Et elle bénéficie de la grande vague de froid hivernal de l’hiver 1954.

La société s’installe au 25 rue de la Fosse-aux-Chênes à Roubaix et se spécialise dans la confection de vêtements, sous vêtements, corseterie pour les personnes de 50 ans et plus, ainsi que des chaussures, y compris pour enfants.

siège de la société de nos jours (Document Google Maps)

A la fin des années 50, la société Damart s’installe également au 160 boulevard de Fourmies à Roubaix, sur le site de l’ancienne usine Ternynck (usine aussi vieille que le quartier, construite en même temps que le Boulevard de Fourmies), et prolonge le bâtiment de la filature vers le Boulevard de Fourmies. Ce site abrite les services des expéditions, la majorité des ventes se faisant par correspondance, qui emploient à cette époque 200 personnes.

Damart au Nouveau-Roubaix (Document collection privée et Google Maps)

Damart soigne avec humour ses slogans publicitaires qui sont restés gravés dans les mémoires. Dès la deuxième moitié des années 1960, elle détourne, pour la radio, le célèbre tube de 1965 du chanteur français Henri Salvador, « Le travail c’est la santé », devenu « Le travail c’est la santé, Thermolactyl, c’est la conserver !« . Puis la marque invente, en 1971, pour la télévision, le célèbre « Froid, moi ? Jamais ! Je porte Thermolactyl de Damart !« .

Publicité 1965 et 1971 (Document site j’aime les mots.com)

En 1982, un nouveau projet d’implantation voit le jour : Damart projette de construire une nouvelle unité, sur un terrain de 53000 mètres carrés en bordure du boulevard Clémenceau, dans la commune voisine de Hem. Après deux ans de négociations l’acte administratif de cession du terrain est enfin signé même si le projet n’est encore qu’à l’état d’ébauche.

A cette époque, comme le montre la photo aérienne ci-dessous, le boulevard Clémenceau à Hem est encore bordé de champs du côté gauche en venant du centre ville juste au bord de la voie rapide. Or le problème de l’emploi y est le même que dans tout le versant nord-est de la métropole, à savoir un taux de chômage élevé qui touche plus de 10% de la population active.

Photo aérienne de Hem Clémenceau (Document IGN)

C’est la raison pour laquelle depuis 5 ans, le maire de la ville, souhaitant drainer des emplois sur Hem a créé la commission d’emploi, et la municipalité intervient ainsi dans des opérations destinées à favoriser l’implantation d’entreprises créatrices d’emplois pour la commune, le projet Damart représentant à cet égard une inestimable opportunité.

Quant à l’entreprise, à l’étroit dans ses locaux du boulevard de Fourmies à Roubaix, elle voit dans la construction de cette nouvelle unité beaucoup d’avantages :

  • d’une part la proximité des unités déjà existantes devrait permettre un déplacement des services sans trop de difficultés.

  • d’autre part, une bonne partie du personnel de Damart Roubaix est originaire de Hem et le transfert des activités représente un avantage certain pour ces employés.

    Finalement, ce n’est qu’en 1986 que tombe l’arrêté préfectoral créant la ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) et permettant aux travaux de débuter. En juillet 1986, camions et bulldozers font leur apparition entre le boulevard Clémenceau et la rue de Beaumont.

    Deux immenses bâtiments sont construits : l’un réservé au stockage, d’une surface de 5000 mètres carrés sur 20 m de haut, l’autre destiné à l’exploitation, composé de 2 niveaux d’une surface de 8000 mètres carrés chacun. Les deux sont reliés entre eux par une galerie de 64 mètres de long.

A suivre. . . 

L’éphémère champ d’aviation de Beaumont

A l’occasion de l’Exposition Internationale du Nord de la France, qui a lieu à Roubaix de Mai à Novembre 1911, regroupant 3429 exposants français et étrangers, un champ d’aviation de 10 hectares est construit à Hem, dans les plaines de Beaumont et sur les pâtures de la ferme Gorghemetz. Ce terrain s’étend de l’Avenue des Villas à Roubaix (aujourd’hui Avenue Gustave Delory) à la ferme de Beaumont à Hem.

croquis du champ d’aviation et photo aérienne de 1932 montrant en partie son ancien emplacement (Document archives Historihem)

Les installations se composent comme suit : le champ d’aviation, six hangars individuels, une grande tribune, des gradins et un hangar provisoire pour les grandes journées. On y accède par 2 entrées aménagées de part et d’autre du champ d’aviation.

photos des hangars et du public qui se presse pour assister aux exhibitions aériennes (Documents Roubaix 1911 centenaire de l’exposition)

Les organisateurs obtiennent la participation de nombreux aviateurs à de multiples exhibitions sur une période de 5 mois de juin à octobre. Ainsi Edouard Beaud et Florentin Champel animent le champ d’aviation en multipliant les exploits : survol de l’exposition, vols jusqu’à 800 mètres d’altitude, évolutions spectaculaires en virages courts.

Atterrissage d’ Edouard Beaud sur biplan Farman (Document archives Historihem)
L’émoi des habitants face aux avions qui virevoltent (Document Au Temps d’Hem)

Le terrain est aussi une étape du Circuit Européen qui se déroule du 18 juin au 7 juillet 1911. L’étape est remportée par Vedrines, devant Roland-Garros puis Beaumont.

Arrivée des concurrents au champ d’aviation (Document du journal illustré quotidien l’ Excelsior) (Document Au Temps d’Hem)

Les aviateurs sont ovationnés par le public et se voient offrir des gerbes de fleurs par des petites filles.

Vedrines se voit remettre une gerbe de fleurs (Document du journal illustré quotidien l’ Excelsior) (Document Roubaix 1911 centenaire de l’exposition) (Document Au Temps d’Hem)

Le général Lalorre entouré d’officiers aviateurs assiste à l’arrivée des pilotes.

Le général Lalorre et les officiers aviateurs (Document du journal illustré quotidien l’ Excelsior)

Un monoplan, Le Vautour, construit par deux roubaisiens Mrs Allard et Carbonnier, effectue également ses premiers vols lors des exhibitions du champ d’aviation, piloté par Mr Cordonnier lors du meeting du 14 juillet. Enfin, le 30 juillet évoluent dans les airs non seulement Vedrines mais aussi une aviatrice Jeanne Herveux qui fait un vol remarquable sur son biplan.

Vedrines et Jeanne Herveux (Documents archives Historihem et Roubaix 1911 centenaire de l’exposition)

Une fois l’Exposition terminée, les pâtures de la ferme Gorghemetz sont rendues aux placides vaches laitières noires et blanches. La ferme entourée d’eau jusqu’au milieu du vingtième siècle est alors exploitée par la famille Lefebvre et son adresse se trouve au 58 avenue Gustave Delory, bien que ses terres, hormis la maison elle-même se trouvent, pour la plupart, sur la commune de Hem.

Sur la photo aérienne de 1947, on voit clairement la ferme au bord de l’avenue Delory quelques temps avant qu’elle ne soit détruite en vue de la construction du quartier de Beaumont.

Photo aérienne de 1947 (Document IGN)

Dès 1948, le quartier change radicalement d’aspect avec les constructions de la cité des 3 baudets en bas du boulevard Clémenceau. Comme on le constate au fond de la photographie de 1948, au delà de l’avenue Mozart (percée en 1931), les champs et pâtures sont toujours présentes là où s’était dressé le champ d’aviation éphémère près de 40 ans plus tôt.

Début de construction de la cité CIL des 3 baudets (138 logements) en 1948 et la même cité en 2016 (Documents archives Historihem)

Puis dans les 10 années suivantes c’est au tour de la cité jardin Beaumont (381 logements), de voir le jour dans la plaine de Beaumont de l’autre côté de l’avenue Mozart. En mémoire de l’exposition universelle de 1911les rues de la cité portent des noms d’aviateurs célèbres : Vedrines, Roland Garros, Santos Dumont, Hélène Boucher…

Passage d’une ville à l’autre entre 2 maisons de la même rue et dénomination Logicil « Beaumont les aviateurs » (Document collection privée)

La particularité de ce quartier tient au fait qu’il est situé à la fois sur les communes de Hem et de Roubaix mais aussi au fait qu’il est isolé du reste de la ville de Hem, en particulier depuis la mise en service de la voie rapide Roubaix-Villeneuve d’Ascq en 1973.

Les photographies aériennes de 1962 et plus encore de 2021 démontrent comment ce quartier rural aux portes de Roubaix s’est développé au point de ne plus laisser penser qu’une ferme, des champs et un terrain d’aviation ont pu y exister un jour.

Photos aériennes du quartier en 1962 et 2021 (Documents IGN et Google Maps)

Remerciements à Philippe Waret, l’Association Historihem et la Ville de Hem

Le château et la ferme de Beaumont

Le fief de Beaumont à Hem remonte au 13ème siècle et appartient initialement à la Maison de Lannoy. La première représentation que l’on a du château remonte aux années 1640, par l’intermédiaire du chanoine Antoine Sanders, dit « Sanderus », théologien et érudit auteur de nombreux ouvrages au dix-septième siècle. Le domaine se situe au bout du chemin de Beaumont, sur un simple chemin rural.

A l’époque le fief de Beaumont se compose d’un château bâti sur motte avec donjon et chapelle, entouré de grands fossés et d’une cense contenant maison, étables, bergerie, grange, fournil, basse-cour, jardins, prés, pâtures, bois, champs entourés d’eau et terres de labour. (Source historique des « château et cense de beaumont » à Hem Nord publiée par Mr Volpi, basée sur les recherches de Max Barrois)

Croquis du 1er château de Beaumont (Document archives Historihem)

Le domaine se maintient dans son intégrité jusqu’à la révolution. Une vente réalisée en 1732 à la famille Libert (conseiller du roi de France) fait en effet mention :« d’un château seigneurial avec porte, avec une basse cour et plusieurs jardinages entourés d’eaux pour l’usage et la commodité du seigneur et attenant au château, un lieu manoir amassé de granges, étables, fournil et autres édifices à usance de cense, avec prés, pâtures, bois, chaingles (enceintes), eaux, rejets, flots, flégards (sentiers) et terres labourables en plusieurs pièces tenant ensemble et contenant 25 bonniers environ ». (Sources généalogiques et historique des provinces du Nord)

En 1773, le château, en mauvais état, est vendu par la famille Libert à Paul Joseph Dutoit, fermier de Beaumont, et Michel Joseph Letellier maçon à Hem. Ensuite en 1872, c’est Jules Brame Delemer qui devient propriétaire du domaine puis Max Barrois son descendant.

Le journal Nord-Eclair de 1941, dans sa rubrique : Regards sur le passé, publie une photographie du château de Beaumont au début du vingtième siècle. S’agit-il bien du château situé dans le fief de Beaumont comme le laisse supposer l’article du journaliste qui en reprend l’histoire, ou s’agit-il d’une autre propriété ? En effet, dans l’annuaire de 1923, le château de Beaumont est la propriété d’un industriel nommé Glorieux et c’est encore le cas en 1948 mais il s’agit d’une propriété sise au 209, boulevard Clémenceau et non de l’ancienne seigneurie.

Photo du Château au début du 20ème siècle Document Nord-Eclair)

Dans les années 1930, on retrouve l’impressionnante propriété de l’ancien fief de Beaumont sur une vue aérienne au niveau du 12 de l’actuelle rue Montaigne à Hem, à la limite de la ville de Croix.

Photo aérienne du Château de Beaumont en 1932 (Document IGN)

En 1931, la cense de Beaumont est toujours entourée de douves. Elle est gérée par Louis Lienart qui la laissera l’année suivante à son fils Pierre. La pièce d’eau cerne une île où se trouve un chalet. Le château est alors à l’opposé de l’entrée de la ferme.

Photos de la ferme en 1931 (Documents archives Historihem)

En 1944, les propriétaires sont Mrs Barrois et Detroyat (célèbre aviateur). En 1945, le château, loué à l’association : « les amitiés scoutes », devient un lieu de réunion des troupes scoutes et guides. Ainsi, à l’été 1957, les 2000 scouts et guides de France des districts de Roubaix-Tourcoing y organisent une agréable journée de rassemblement.

Le programme est le suivant : une messe en plein air célébrée par l’aumônier d’une fraternité scoute, un déjeuner au restaurant installé pour l’occasion ou un pique-nique sous les arbres du parc verdoyant, un kayak pour naviguer sur la rivière, une exposition de peintures, des manèges et de nombreux jeux, un junicode suivi des nombreuses démonstrations organisées par les scouts et guides qui, dans la soirée, procèdent au renouvellement des feux de la Saint-Jean.

La fête champêtre de 1957 (Documents Nord-Eclair)

Pourtant la même année la presse annonce la prochaine disparition du château et de la ferme pour permettre la création d’une magnifique cité résidentielle. Fort heureusement le site sera finalement épargné et la construction se fera autour permettant aux futures résidences de bénéficier d’un cadre exceptionnel et surtout assurant la préservation d’un patrimoine historique.

Prochaine disparition du château et de la ferme (Documents Nord-Eclair)

Les derniers gérants sont le couple Meyer jusqu’en 1961. La Cense est ensuite rachetée puis aménagée, en 1962, par Mr Remi Ange Silvio Volpi, industriel roubaisien dans la teinture à façon au 232 boulevard de Fourmies.

En 1947 et 1962, les vues aériennes montrent un domaine toujours aussi imposant sans autre demeure dans le voisinage immédiat.

Photos aériennes de 1947 et 1962 (Documents IGN)

Dans les années 1970, le domaine, fort bien entretenu, est toujours très champêtre. En revanche, dès 1976, les habitations se densifient et en 2021, l’ancienne cense de Beaumont est environnée de maisons.

Photos des années 1970 (Documents collection privée)

Photos aériennes de 1976 et 2021 (Documents IGN et Google Maps).

Vue de l’étendue du domaine sur le plan de la ville (Document Google Maps)

Pourtant la construction en elle-même n’a pas beaucoup changé et lorsque l’on observe de plus près la photographie de l’entrée du domaine côté ferme, en venant de la rue Boileau, on s’aperçoit que le porche crénelé déjà observé sur les photos de 1931 se retrouve à l’identique sur les photos actuelles.

Photo du porche actuel (Document archives Historihem)

Le 12 rue Montaigne est aujourd’hui le siège de l’entreprise de recherche-développement en autres sciences physiques et naturelles de Mr Luis Gonzales Alvarez. De nos jours, lorsque l’on passe dans la rue Montaigne on ne voit aucune trace de l’ancien domaine ; seul un petit portail blanc, à côté du numéro 6, donnant sur une allée marque l’entrée de l’ancien château. Dans la rue Boileau, le portail n’est pas plus grand mais une petite plaque indique la présence de la Cense de Beaumont. Au fond de l’allée on distingue le porche crénelé dont la photographie figure ci-dessus.

Photo du portail côté Boileau (Document Google Maps)

Remerciements à l’Association Historihem