Collège Saint-Paul (suite)

A l’aube du 21ème siècle le collège continue sur sa lancée avec son nouveau directeur Raphael Loridan, arrivé en 1998. 440 élèves, pour la plupart hémois, y suivent les cours, répartis en 16 classes. De grands projets sont en cours : une classe de neige pour les élèves de 5ème et un stage en entreprise pour ceux de 3ème et bien sûr les échanges avec le collège de Wiehl pour les 4èmes. 34 enseignants sont en charge des élèves ainsi que 13 personnes pour la documentation, les services, l’encadrement administratif et éducatif.

Au collège Saint-Paul on continue sur la lancée (Document Nord-Eclair)

Au début des années 2000, le laboratoire de sciences et la cour sont totalement rénovés. Les directeurs François Mangé et Jean Marchasson succèdent au précédent en 2002 et 2009. D’autres aménagements importants suivront: un restaurant scolaire, une salle d’étude, les sanitaires, le grand hall d’entréele bureau de vie scolaire.

La cour et le restaurant scolaire et le grand hall d’entrée (Documents site internet)
Le collège en 2008 (Documents Google Maps)
Panorama dans les années 2000 (Document IGN)

2013, c’est l’année des 30 ans du collège et certains professeurs se souviennent de leurs débuts dans l’équipe de 12 enseignants, dont la moyenne d’âge tournait autour de 25 ans, ayant accueilli les premiers élèves du collège en 1983. En l’espace de 30 ans, une centaine de professeurs sont passés par le collège, sans compter les stagiaires et remplaçants.

Après la fête, les projets humanitaires retrouvent toute leur place. Cette même année, le champion de boxe Daouda Sow, natif de Hem, vient participer à l’opération ELA et lit le texte de la dictée « Changer le monde » aux élèves de 6ème. Le texte lu par le sportif permet de sensibiliser les élèves au problème de la leucodystrophie contre lequel se bat l’association. Puis il se soumet à la traditionnelle séance de dédicace.

Daouda Sow en dédicace à Saint-Paul en 2013 (Document Voix du Nord)

2013 est également l’année où le collège demande un permis de construire pour son extension par l’ajout d’une salle d’évolution en rez- de-chaussée avec vestiaires, local matériel, bureau et sanitaires et de 2 salles de classe en étage. Les plans permettent de visualiser clairement les limites des terrains situés sur Hem d’une part et Roubaix d’autre part.

Le collège avant travaux du côté de la propriété voisine (Documents archives municipales)
La demande de permis de construire pour le nouveau bâtiment projeté situé sur le territoire de Roubaix juste avant le restaurant scolaire (Documents archives municipales)

En 2014, c’est une collecte alimentaire qui est organisée avec succès au profit des personnes en difficulté. 30 cartons sont remplis de denrées grâce à l’investissement des collégiens soutenus par leurs parents et le personnel de l’établissement. Les enseignes locales telles que Lys Restauration contribuent également au succès de l’opération.

Collecte de denrées en 2014 (Document Voix du Nord)

Durant cette même année, pour la dictée Ela c’est le groupe de rock Skip the Use, originaire de Ronchin qui est reçu au collège. Suite à cet événement un groupe de 40 élèves a l’honneur d’être invité à les rejoindre sur scène aux Zéniths de Paris puis de Lille pour interpréter leur chanson phare « Ghost ».

Les collègiens sur scène avec Skip the Use en 2014 (Documents collège Saint-Paul)

En 2015, Jean Marchasson quitte la direction du collège. Sous sa direction les élèves ont eu droit, outre aux séjours culturels et linguistiques, à une nouvelle salle d’étude, une salle informatique, un bureau de vie scolaire et même du double vitrage. Par ailleurs la salle des professeurs a été agrandie et un nouveau bâtiment a été construit avec une salle des sports en bas et, à l’étage, un laboratoire et un CDI, dont l’inauguration a lieu le jour de ses adieux. En présence de Francis Vercamer, maire de la ville, il passe donc le flambeau à son successeur : Gregory Verhaeghe.

L’agrandissement et le laboratoire de sciences, la salle d’informatique et le CDI (Documents site internet)
Passage de flambeau en 2015 (Document Voix du Nord)

L’année suivante les œuvres caritatives continuent avec la participation des 406 collégiens au cross annuel de l’établissement organisé au stade Hidalgo, en 2016, au profit des athlètes paralympiques partis à Rio, parrainé par le pongiste Lucas Créange. L’occasion de rappeler que le collège étant construit de plain-pied accueille les élèves en situation de handicap et que l’ensemble des élèves souhaite mettre en avant le handisport.

Au stade Hidalgo (Document Voix du Nord)

En 2017, les conditions climatiques étant particulièrement difficiles, le collège se mobilise contre le froid en organisant une collecte pour les sans-abri. Des dizaines de vêtements chauds : pulls, vestes et même oreillers sont collectés et remis au responsable de l’association l’île de solidarité qui se charge de les redistribuer aux personnes les plus démunies.

Collecte pour les sans-abri (Document Voix du Nord)

La même année les élèves se lancent dans la dictée du Rotary, lue par deux champions de boxe et organisée au profit de plusieurs associations : les Clowns de l ‘Espoir, Choisir l’Espoir et l’Essor. La dictée, plutôt difficile, se fait en duo avec un membre de la famille.

Dictée du Rotary lue par Maïdin el Garni (Document Voix du Nord)

En 2018, outre l’action en faveur de l’association ELA déjà évoquée, Gregory Verhaeghe organise une collecte de jouets au profit de l’association roubaisienne Ludopital qui les redistribue aux hôpitaux en vue de les offrir aux enfants hospitalisés. Cette action est associée à l’opération « pain pomme » ou repas partage.

La même opération Ludopital en 2023 (Document site internet)

Par ailleurs, les collégiens rendent hommage au colonel Arnaud Beltrame en association avec la gendarmerie de Villeneuve d’Ascq. Un bref rappel historique des missions des gendarmes est fait à l’ensemble des élèves avant que 2 d’entre eux déclament 2 poèmes du poète roubaisien Phil Anthrope. Enfin, un lâcher de ballons porteur de message de paix a lieu après le discours d’ hommage aux victimes par le directeur.

Le lâcher de ballons (Document Voix du Nord)

2020 voit arriver à la direction du collège Gregory Bal, auparavant à la tête du Lycée Professionnel catholique roubaisien Saint-François d’Assise. Un an plus tard c’est Olympe, finaliste de l’émission de télévision The Voice qui fait la lecture de la dictée choisie dans le cadre de la campagne pour l’association ELA.

Gregory Bal quitte la tête de l’établissement roubaisien pour prendre la direction du collège Saint-Paul à Hem (Document Voix du Nord)
Olympe pour la célèbre dictée pour l’association ELA (Document Voix du Nord)

En 2023, 7 élèves de 3ème du collège sont primés au concours national de la Résistance et de la Déportation. Gregory Bal salue les travaux des lauréats, lesquels ont composé des lettres et réalisé un échange cohérent entre une jeune fille de 14 ans partie avec sa mère en zone libre et un jeune garçon de 13 ans fils de résistant resté sur place pendant la durée de l’occupation.

Les lauréats du concours national de la résistance et de la déportation (Document Voix du Nord)

Concernant les bâtiments composant le collège, la dernière construction en date consiste en un agrandissement latéral comprenant au rez-de chaussée une salle d’EPS-Multi activités avec vestiaires et sanitaires et à l’étage un laboratoire de sciences et une grande salle de classe.

Le collège en 2022 et les quatres salles initiales en 2024 (Documents Google Maps et photo BT)

Remerciements à l’association Historihem

Collège Saint-Paul

Dans les années 1950, un glissement de population est provoqué par la construction massive d’habitations en périphérie des villes et notamment à Roubaix et dans la ville voisine de Hem. L’Association roubaisienne d’éducation et d’enseignement prend alors des mesures pour faire face aux demandes massives d’inscriptions scolaires qui en découlent.

Par l’intermédiaire de la SICLL (Société Immobilière de Construction d’Ecoles Libres) de nouveaux établissements scolaires voient le jour. C’est dans ce cadre qu’ en 1955, à la lisière de Roubaix, plus exactement au n° 22 de la rue de Roubaix à Hem, la nouvelle école Saint-Paul accueille dans ses locaux une centaine de garçons.

Vue aérienne de la rue Charles Fourier avant la construction et après la construction (Documents archives municipales)
Une école libre de garçons sort de terre en juillet 1955 (Document Nord-Eclair)

Le chantier commence en juin et l’architecte Delplanque est aux commandes. Les entrepreneurs réussissent le tour de force de la livrer pour la rentrée scolaire. Il faut dire qu’elle ne comporte que 4 classes mais, comme elle est bâtie sur un terrain de 5.000 mètres carrés (ancienne propriété de Mr Pennel) des projets d’expansion pourront être effectués à l’avenir. Le bâtiment élève ses murs sur un vaste terrain situé à l’extrémité de la rue Charles Fourier à Roubaix, là où commence la rue de Roubaix à Hem. L’école est donc en quelque sorte située à cheval sur les 2 communes et possède une entrée sur Hem et une sur Roubaix, avenue Gustave Delory.

La nouvelle école à la lisière d’Hem et Roubaix dans les années 1950-60 (Document IGN)

L’école ouvre, non pour la rentrée des classes de 1955, le 30 septembre à 8h30, mais le 3 octobre. Elle est dirigée par Mr Deroo et l’enseignement y est assuré par des instituteurs civils. Pourtant les locaux sont bénis par Mr le chanoine Froidure, directeur diocésain de l’enseignement religieux, au cours d’une cérémonie réunissant de nombreux parents d’élèves.

Mr Marescaux, président du comité familial scolaire du nouvel établissement prononce son discours avant la bénédiction des locaux et photo des élèves après l’inauguration (Documents Nord-Eclair)

La fête champêtre du comité scolaire de l’école se déroule en mai 1957 et commence par un souper familial en musique le samedi soir avant de laisser la place dimanche midi à un apéritif concert avec le concours de Radio-Lille puis des stands accueillant la foule des visiteurs servis par de « gracieuses serveuses » et enfin un concours réservé aux enfants costumés sur le thème histoires et légendes de France clôturé par un diner au restaurant pour les nombreux amis de l’école.

Groupe des dames et organisateurs dévoués de la fête (Document Nord-Eclair)

En juillet 1957, à l’occasion de la distribution des prix, une belle fête familiale a lieu dans la cour de l’école. De nombreux parents viennent applaudir leurs enfants dans des chants et saynètes avant la distribution des prix et la lecture du palmarès. Puis l’abbé Callens, curé de la paroisse, rend hommage au dévouement et à la compétence du personnel enseignant libre. Le discours se termine sur le constat suivant : bien que créée depuis 2 ans seulement, l’école s’avère déjà trop petite avec ses 6 classes et ses 205 élèves et il va donc falloir recourir à la construction de 2 classes supplémentaires.

Fête familiale à l’école Saint-Paul en 1957 (Document Nord-Eclair)

Dans le courant des années 1960, la nouvelle école Saint-Paul continue à accueillir de plus en plus de jeunes garçons tandis que Sainte-Bernadette, de l’autre côté du pâté de maisons, mais sur le territoire de Roubaix, avenue Gustave Delory, fait bénéficier de l’enseignement élémentaire les jeunes filles, notamment celles des nouveaux lotissements et immeubles du quartier.

Photos d’école des années 1960 à Saint-Paul (Documents Copains d’avant et Historihem)

A titre d’information, en 1970, l’école Saint-Paul accueille un effectif de 210 élèves. Durant cette décennie, comme toutes les autres écoles, Saint- Paul organise annuellement sa kermesse. En 1975, une réunion a lieu avec les parents d’élèves pour évoquer la mixité instaurée avec succès dans les classes de 1ère année de cours élémentaire.

Les kermesses annuelles de l’école en 1971 et 1979 (Documents Nord-Eclair)

En juin 1980, la direction diocésaine de l’enseignement libre ferme Sainte-Bernadette à Roubaix, malgré une pétition de parents d’élèves convaincus de sa viabilité. Des problèmes d’effectifs insuffisants justifieraient cette décision qui implique pourtant la dispersion du personnel rattaché à l’établissement et l’inévitable dégradation des locaux laissés vides.

En septembre 1983, c’est le collège Saint-Paul qui ouvre ses portes dans les locaux de l’ancienne école Saint-Paul, laquelle est transférée, côté Roubaix, dans les anciens locaux de Sainte-Bernadette. Le collège accueille alors 110 élèves dans 4 classes, avant d’effectuer des travaux d’extension dès janvier 1984, avec la construction de 10 salles de classe supplémentaires à savoir celles du couloir en zig-zag, flambant neuves et éclairées par de larges baies vitrées, dans lesquelles 300 élèves sont formés par une équipe de 14 professeurs.

Agrandissement du collège en 1984 (Documents site internet)

Un an plus tard, les nouveaux locaux sont baptisés. L’abbé Jean-Noêl Delannoy, directeur diocésain de l’enseignement catholique, remet à chaque délégué de classe un crucifix béni par ses soins pour l’accrocher au tableau noir des différentes classes. Le directeur : Jacques Sockeel, se félicite de la création de ce premier collège de l’enseignement catholique à Hem, lequel compte 85 % de jeunes hémois sur les listes d’inscription.

Saint-Paul, une école qui a tellement crû (Document Nord-Eclair)

Dès 1985, le collège se distingue en organisant le premier jumelage entre un collège français et une école islandaise. La première démarche consiste à instaurer un système de correspondance entre les élèves des 2 établissements, puis à créer une association « Amitié-Jeunesse franco-islandaise » laquelle pourrait obtenir d’éventuelles subventions permettant des échanges de séjours de 10 à 15 jours dans chaque pays.

Jumelage franco-islandais (Document Nord-Eclair)

A la rentrée de 1986, dix divisions fonctionnent et en 1987, le chiffre se monte à 14 divisions dans lesquelles 400 élèves sont accueillis. Les effectifs ont donc quadruplé en 4 ans. 1987 est également l’année où 66 élèves du collège effectuent un voyage en Islande dans le cadre de leur jumelage avec le collège Holtaskoli de Keflavik.

Mr François Scheefer, secrétaire auprès de la direction de Saint-Paul et Terence Beal ambassadeur des élèves de Saint-Paul en Islande, un glacier islandais et la pêche à la baleine (Documents Nord-Eclair)

L’opération est rééditée l’année suivante avec le voyage d’une vingtaine d’élèves du collège Saint-Paul qui logent sur place chez leurs correspondants . Le programme d’excursion est chargé : geysers, perspectives glaciaires, champs de lave, bassins d’eau chaude, navires baleiniers…

Navires baleiniers, chauffage par le sol, neige en avril, glaciers, volcans et champs de lave (Documents Nord-Eclair)

Les vacances d’été de l’année 1989 permettent la construction de trois salles supplémentaires (devenues aujourd’hui salles d’art plastique et de technologie). Le fond de la cour du collège a alors l’aspect d’un joli jardin avec pelouses, arbres et fleurs.

Le deuxième agrandissement en 1989 et le jardin arboré et fleuri au fond de la cour (Documents site internet)

Durant les années suivantes le jumelage franco-islandais prend sa vitesse de croisière et les voyages des collégiens sur place se succèdent. Et en 1990, on assiste à la naissance de 2 associations :

  • l’association française des amis de l’Islande dont le président est Mr Scheefer, conseiller d’éducation et initiateur du jumelage
  • l’association des « jeunes islandophiles » dont le président est Mr Antoin surveillant au collège assisté de Mrs Sockeel (le directeur) et Scheefer et dont le siège est situé au collège, dont le but est de regrouper les jeunes français qui se sont déjà rendus en Islande et ont gardé des contacts sur place afin de pouvoir poursuivre plus facilement les futurs échanges.

Le groupe de 28 élèves et ses accompagnateurs et réception chez la présidente de la République en 1989 (Documents Nord-Eclair)
Les représentants de l’association des « jeunes islandophiles » devant le collège en 1990 (Document Nord-Eclair)

Ce jumelage désormais avec le collège Langholtsskoli de Reykjavik, toujours en Islande n’empêche en rien les liens avec d’autres pays et, en 1992, dans le cadre du jumelage des villes de Hem et Wiehl, une délégation de jeunes allemands est reçue au collège durant quelques jours. Ce deuxième jumelage persistera dans les années 2000 quand le premier prendra fin.

Une délégation de jeunes allemands devant le collège en 1992 (Document Nord-Eclair)

Durant cette même année scolaire 1992-93, une annexe du collège est ouverte rue Jules Watteuw, dans le quartier des Hauts-Champs, permettant de porter à 16 le nombre de divisions de l’établissement.

Annexe rue Jules Watteuw (Document site internet)

Cinq ans plus tard, en 1997, sous la direction de Jean-Luc Verduyn , la fermeture de l’annexe (aujourd’hui démolie) et la construction de nouveaux locaux permettent le regrouper l’ensemble des élèves sur le site historique de la rue de Roubaix, qui y compte dès lors le même nombre de divisions à savoir 4 classes pour chaque niveau avec un CDI en plus.

Photo de Jean-Luc Verduyn en 2012 et l’agrandissement de 1997, le temps où la salle d’étude sert aussi de cantine (Documents site internet)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Gabrielle Macron, directrice d’école

Une première école de filles est créée en 1852 rue de la Mairie, il est fait appel aux Dames de la Sainte Union pour la faire fonctionner. Mais en 1888, l’application de la loi portant sur l’organisation de l’enseignement primaire du 30 octobre 1886, dite loi Goblet qui prolonge les lois Ferry, confie à un personnel exclusivement laïque l’enseignement dans les écoles publiques. Elle remplace les instituteurs religieux des congrégations enseignantes. Les religieuses sont « congédiées » de l’école communale.

L’abbé Bordoduc résolut alors de transformer le patronage de la ruelle des vicaires en trois classes, puis une quatrième et une maison d’habitation pour les religieuses. L’école confessionnelle Saint Henri s’ouvre le 20 novembre 1888, ainsi dénommée car son mentor n’est autre qu’Henri Salembier, à cette époque Maire de Leers et fermier de la cense de Quevaucamps. Une cinquième classe s’ouvre bientôt.

Mais le 15 juillet 1902, les Dames de la sainte Union se voient contraintes de fermer leur école, sous prétexte qu’elles n’avaient pas demandé l’autorisation requise sur les associations religieuses de 1901. Elles partent le 19 juillet. Au mois d’octobre 1902, on ré-ouvre l’école sous la direction de Melle Cécile Boeykens qui n’a accepté cette mission que pour quelques mois, afin de permettre l’ouverture de cette école au 1er octobre dernier.

Gabrielle Macron Photo JdeRx

C’est là qu’intervient Gabrielle Macron. Née d’un père comptable à Flers lez Lille en 1875, Gabrielle Macron se destine à la carrière d’institutrice. Elle est directrice adjointe au Blanc Seau quand elle vient à Leers en 1903 pour prendre la direction de l’école de filles Saint Henri. Excellemment douée sous tous les rapports, la dévouée directrice a su acquérir la pleine confiance des familles. L’école compte alors 210 élèves réparties en trois classes et une garderie. Gabrielle Macron est donc directrice de l’école, assistée de sa sœur Lucie Macron et de Marthe Béghin, ses deux adjointes, ainsi que d’une gardienne Melle Hélène Delgrange.

En avril 1929, elle reçoit la croix du Mérite diocésain des mains de Monseigneur Jansoone, évêque de Lille, pour son dévouement de 26 années à l’enseignement catholique. En 1938, alors que l’école Saint Henri fête ses cinquante années d’existence, Gabrielle Macron célèbre sa 35eme année de professorat à Leers, elle aura ainsi formé deux générations de population féminine.

Ecole Sainte Bernadette

Après la seconde guerre mondiale, le baby boom nécessite la création de logements. Un nouveau quartier est alors créé : « Le Nouveau Roubaix »; Il est également essentiel de construire des écoles pour l’éducation de ces enfants nés après guerre.

La maison des sœurs du Sauveur ( document école Ste Bernadette )
Les sœurs du Sauveur ( document école Ste Bernadette )

La congrégation des sœurs du Sauveur, installée le 28 Août 1951, dans la maison du 275 avenue Gustave Delory, fait appel à l’architecte Delplanque pour construire une école privée accolée à la maison.

façade de l’école 1951 ( document école Ste Bernadette )

L’inauguration de l’école Sainte Bernadette a lieu le 5 Octobre 1951, en présence du cardinal Liénart. Sur la photo ci-dessous, on reconnaît, de gauche à droite, Mr Lestienne président des écoles libres de Roubaix, le cardinal Liénart et son vicaire, Mr l’abbé Olivier, curé de la paroisse Sainte Bernadette avenue Alfred Motte, et Maître Moulin président du Comité Familial de l’école, debout pour son discours.

inauguration le 5 Octobre 1951 ( document école Ste Bernadette )

En 1951, l’école comprend une garderie et un jardin d’enfants. Une religieuse et une laïque s’occupent des 75 enfants. Les effectifs de l’école augmentent considérablement et, dès 1952, on compte désormais 175 élèves. L’école devient trop petite, on construit alors une annexe de 4 classes sur un terrain vierge, juste en face au 282 de l’avenue Gustave Delory.

inauguration de l’annexe en 1954 ( document Nord Eclair )

Deux ans plus tard, en 1956, l’école compte 478 élèves dont 244 au jardin d’enfants ( école maternelle au 275 de l’avenue ) et 234 en élémentaire au 282. L’école passe sous contrat simple en 1961, puis sous contrat d’association en 1970. Les enseignantes sont ainsi rémunérées par l’Etat. Les sœurs enseignantes disparaissent peu à peu. En 1958, deux classes supplémentaires sont créées, portant à 7 le nombre de classes élémentaires.

document archives municipales de 1958

Le développement de l’école ralentit dans les années 1970. Le nombre d’élèves passe de 650 à 500 en 1973 et diminue dangereusement encore durant la décennie suivante. La décision de fermer l’école parait inévitable. Sainte Bernadette est donc désaffectée pendant deux années scolaires complètes.

le renouveau ( document école Ste Bernadette )

Fort heureusement, dans le cadre d’une réorganisation de l’enseignement privé dans le secteur, et à la demande pressante des familles du quartier, l’école Sainte Bernadette rouvre à la rentrée de Septembre 1983. En effet, l’école Saint Paul qui se trouve dans la rue de Roubaix à Hem ( la rue parallèle juste derrière ) devient le collège Saint Paul. L’école Sainte Bernadette accueille ainsi les anciens écoliers de l’école Saint Paul.

ancienne façade ( document archives municipales )
projet nouvelle façade ( document archives municipales )

En 2003, la façade de l’école élémentaire est refaite et les bâtiments sont rénovés. Les anciens bâtiments existants sur l’avenue Delory sont démolis et remplacés par une nouvelle construction, qui regroupe à la fois, un espace d’accueil, des bureaux d’administration, une salle de professeurs, des classes plus grandes et des toilettes pour les élèves directement accessibles de la cour.

la nouvelle façade de l’école élémentaire en 2003 ( document école Ste Bernadette )

La cantine commune à l’école Sainte Bernadette et au collège Saint Paul, est quant à elle rénovée en 2004 suite à de gros problèmes de sécurité, d’hygiène et d’exiguïté. L’école et le collège étant mitoyens, un restaurant scolaire indépendant est réalisé, situé entre les deux établissements afin de faciliter son exploitation commune.

Le projet du réfectoire ( document archives municipales )
Le réfectoire ( documents archives municipales et école Ste Bernadette )

Les deux écoles ( maternelle et élémentaire ) fusionnent en 2010. Le nouvel établissement comporte désormais 14 classes, du CP au CM2. Mme Claie en prend la direction. D’ importants travaux vont alors se succéder les années suivantes. Une salle informatique est créée en 2006, une salle polyvalente ainsi qu’une classe supplémentaire en 2008 et une salle de sports en 2010.

la salle informatique ( document école Ste Bernadette )
la salle polyvalente ( documents archives municipales et école Ste Bernadette )
l’ancienne salle de sports ( document archives municipales )
la nouvelle salle de sports ( document archives municipales )

Aujourd’hui les deux écoles Sainte Bernadette ( maternelle et élémentaire ) sont dirigées par Isabelle Peral.

photos BT

Remerciements à M. Hennion, à l’école Sainte Bernadette ainsi qu’aux archives municipales.

Le collège abandonné

Quand on emprunte la rue du Gauquier à Wattrelos et qu’on atteint le relais du vieux puits, on franchit la frontière et on se retrouve dans la rue de Moscou d’Estaimpuis. Une centaine de mètres plus loin, on aperçoit sur la droite un imposant bâtiment abandonné. Il s’agit du collège Jean-Baptiste de la salle d’Estaimpuis.

Vue du collège doc Google Maps

Cet établissement d’enseignement confessionnel fait partie de la nombreuse liste d’instituts s’étant installés le long de la frontière, côté belge, au moment de la loi du 7 juillet 1904 qui était relative à la suppression de l’enseignement congréganiste, dite « loi Combes », loi de la République française qui interdit l’enseignement en France à tous les congréganistes et les congrégations religieuses, même autorisées, et organise la liquidation de leurs biens.

Le pensionnat du temps de sa splendeur Coll Part

Des groupes de pères de famille (l’expression est celle du Journal de Roubaix) désireux de conserver à leurs enfants leurs maîtres et enseignements religieux s’étaient associés un peu partout pour créer et confier ces établissements aux Frères des écoles chrétiennes en Belgique. Ainsi trouve-t-on à Leers-Nord le pensionnat des sœurs de la Sagesse, ou le Pensionnat de la Sainte Union à Estaimpuis.

Vue aérienne du Collège Coll Part

Le collège Jean-Baptiste de la salle fut d’abord provisoirement installé à Kain les Tournai en 1904, avant d’être transféré en octobre 1908 sur son emplacement actuel, près de la gare d’Herseaux. La remise des prix de l’année 1907/1908 eut d’ailleurs lieu dans la toute nouvelle chapelle du collège, avant que la rentrée d’octobre n’accueille les nouveaux collégiens.

Le collège aujourd’hui doc Google Maps

Ouvert en 1908, le collège fermera définitivement ses portes en 1984. Le somptueux bâtiment subit alors une lente dégradation, jusqu’à tomber en ruines. Un premier projet de réhabilitation en logements privés de luxe a été présenté en 2004, puis un autre en 2010. Il s’agissait de transformer l’établissement en 65 appartements, lofts et duplex, 3 200 m2 de bureaux et une piscine privée. Ce second projet a été mis en œuvre, mais n’a pas pu aller à son terme en raison d’incendies à répétition et de la fiabilité du promoteur. Depuis, le bâtiment est de nouveau à l’abandon.

Un meurtre à Jean XXIII

Jeudi 14 Juin 1984 vers 15h, la jeune secrétaire de l’institution Jean XXIII rue Notre Dame des Victoires à Roubaix, vient d’être assassinée.

document Nord Ecla

Françoise Petit, née Rinsveldt, âgée de 27 ans, demeurant à Bouvignies mais qui a longtemps habité rue Dupuy de Lomme à Roubaix, est tuée avec une sauvagerie inouïe. C’est un drame horrible. Une vingtaine de coups de poignards lui ont été portés, dont trois au thorax et au cou, qui ont été fatals, ce qui ne laisse guère de doutes sur les intentions de l’assassin.

Françoise Petit ( document Nord Eclair )

Les enquêteurs de la Sûreté ainsi que Mlle Poinsot, substitut du procureur de la République sont sur place. C’est la stupeur et la consternation pour la direction, les enseignants et les élèves de l’institution. Mr l’abbé Jaeger, directeur de l’établissement, est complètement abasourdi car Mme Petit est arrivée en 1976 et c’était une femme sans problèmes qui n’a jamais donné l’impression d’être menacée. C’était d’ailleurs une ancienne élève de l’école. Et pourtant le sang a coulé à Jean XXIII.

L’enquête commence. La fouille de tous les bâtiments et de toutes les classes ne donne rien. Il n’y a pas d’indices et beaucoup de questions restent en suspens :

Un élève serait il responsable de ce crime abominable ? Les policiers en doutent, car si un élève voulait se venger d’une réprimande, il réglerait ses comptes avec l’enseignant et non pas la secrétaire.

Le meurtrier serait il venu de l’extérieur ? Qui ? Dans quel but ?

Françoise Petit était à son poste et elle actionnait, au moyen d’une pédale, le système d’accès à l’établissement, mais n’avait certainement rien constaté de suspect.

document Nord Eclair

L’enquête commence ; un homme au comportement bizarre avait été aperçu à proximité du lycée, peu de temps avant le meurtre. Cet homme, connu des services de police pour alcoolisme et violence, est finalement libéré car les charges sont insuffisantes. Les policiers reprennent le dossier au départ et l’investigation continue. Les jours, les semaines, les mois passent, et l’enquête piétine.

Enfin 9 mois après, en Mars 1985, la presse locale annonce que Françoise aurait pu être assassinée par hasard ! L’un des deux auteurs présumés du crime est déjà en prison pour le meurtre de son beau frère. Il semble donc que l’assassinat soit en voie d’élucidation. Et pourtant les deux hommes de 24 et 26 ans sont mis hors de cause, et libérés à leur procès en cour d’assises en 1991.

document Nord Eclair

Dix ans après le meurtre, en 1995, la famille de la jeune femme, avec l’aide de leur avocat, Patrice Cottignies, s’en remet à la célèbre émission de télévision animée par Jacques Pradel « Témoin Numéro Un » pour tenter d’avoir enfin des réponses à ces questions : Qui a assassiné Françoise Petit-Rinsvelt ? Et pourquoi ? Un nouveau juge d’instruction s’occupe désormais du dossier et c’est la gendarmerie qui est chargée d’enquêter.

En mars 2015, un journaliste édite un article dans la presse locale : 30 ans après cet assassinat, cette affaire effroyable dans une institution réputée et respectable : Jean XXIII ( aujourd’hui Saint Rémi ), n’est toujours pas élucidée. On ne peut que constater et déplorer que le meurtrier court toujours !

Françoise Petit ( document Nord Eclair )

Remerciements aux archives municipales.

Ecole Pasteur (Suite)

Mais bientôt éclate la 2ème guerre mondiale avec ses restrictions. L’école du Centre reste donc à 3 classes. Les écoles bénéficient heureusement du charbon gratuit au prorata du nombre d’élèves : un grand poêle en tôle trône au milieu de la classe et une grosse buse la traverse pour rejoindre le conduit de cheminée au travers du mur du fond. Les élèves assis près du feu se plaignent parfois d’avoir trop chaud alors que les plus éloignés se réchauffent difficilement.

A la fin de la guerre c’est la libération mais l’explosion des dépôts de munitions situés au « Château de la marquise » endommage tout le quartier alentour et l’école Pasteur est sinistrée à 100% au point qu’il faut procéder à sa reconstruction. La directrice est logée rue Victor Hugo et à la rentrée scolaire suivante, au vu de l’effectif grandissant, une classe de l’école Pasteur est agrandie du volume de la pièce voisine par abattage du mur de séparation. Par ailleurs une femme de service est affectée dans chacune des classes enfantines.

Photos de classe de l’école après guerre en 1945 et 1948 (Document Historihem)

En 1950, une école maternelle est en projet dans la rue du Maréchal Foch. Dans l’attente de sa réalisation, et la population scolaire augmentant sans cesse, il s’avère indispensable de dédoubler la classe enfantine de l’école Pasteur. Par mesure d’économie celle-ci est installée dans une classe inutilisée de l’école Victor Hugo, place de la République, pour la rentrée de 1951.

Les photos de classe des années 1950 à l’école Pasteur permettent de voir encore toutes les élèves de l’école alignées avec un beau nœud dans les cheveux. En juillet 1952, l’école célèbre la fête nationale et les élèves font entendre leur répertoire de chants appris durant l’année scolaire avant de quitter l’école en chantant « Gai, gai l’écolier, c’est demain les vacances ».

Photos de classe de l’école en 1950 et 1952 (Documents Historihem)

Déjà juste après guerre, le conseil municipal a prévu la construction d’un groupe scolaire complet : école de garçons, école de filles, école maternelle, cantine scolaire, dans la propriété convoitée du Château de la Marquise qui s’étend entre la rue du Général Leclerc et la rue de Beaumont. Les projets étant finalement lancés en 1957, 10 ans plus tard l’école Pasteur est désaffectée tout comme l’école Victor Hugo.

L’Inspection académique envisageant l’ouverture à Hem d’une annexe mixte du Lycée de garçons de Roubaix, comprenant 2 classes de 6ème et 2 de 5ème, des visites des locaux désaffectés de ces 2 écoles sont organisées en 1959 pour y envisager une concrétisation du projet mais le proviseur décide finalement de surseoir à cette création.

Dans les années 1960, une petite cité est construite juste à côté de la place de la République et, pour en assurer l’accès à partir de la place, une nouvelle rue doit être ouverte face à l’église Saint-Corneille. Pour ce faire il faut détruire le bâtiment qui abrite le garage des sapeurs-pompiers. Les pompiers doivent provisoirement remiser leurs véhicules dans l’ancienne école de filles d’Hem Bifur, l’école Pasteur, dont les locaux sont réaménagés pour la circonstance. (Voir sur notre site un précédent article intitulé Les Pompiers de Hem).

Photos panoramiques des années 1962, 1971 et 1976 (Documents IGN)

En janvier 1969, la presse locale titre : la vieille école Pasteur est appelée à disparaître. Le matériel de lutte contre l’incendie ayant été cédé à la communauté urbaine et le corps de sapeurs-pompiers dissous, et un nouveau garage municipal ayant été construit aux abords de la place de la République, le bâtiment vétuste ne doit pas tarder à faire place à un square ou une nouvelle construction.

La vieille école est appelée à disparaître (Document Nord-Eclair)

La vieille école Pasteur qui apparaît encore sur les photos panoramiques du début des années 1970 n’est plus là sur celle d’avril 1976. Elle a donc été démolie au cours des 5 premières années de la décennie 1970 pour faire place à un parking sur lequel s’est installée pendant quelques temps la friterie DUDU, dans les années 1980-1990. Dans le mémento public de Hem en 1979, les écoles portant les noms de Pasteur et Victor Hugo sont intégrées au groupe scolaire du Centre rue de Beaumont, avec entrée par la mairie.

Friterie « Dudu » sur le parking et publicités de celle-ci (Documents collection privée)

Apparaissait encore dans les années 2000 une niche dans ce qui restait du mur d’enceinte côté parking, à l’entrée de la rue Jules Guesde, pouvant rappeler un endroit où se trouvait peut-être une statue religieuse du temps de l’école Pasteur, dernier vestige d’un bâtiment ayant abrité pendant plus d’un siècle une école de filles.

la niche dans le mur (Document collection privée)

A ce jour les photographies ne permettent plus de deviner qu’une école a un jour existé à Hem Bifur et la friterie des années 1990 a laissé place à un parking totalement libéré pour accueillir le plus de voitures possible.

L’ancien emplacement de l’école et la vue aérienne de 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui , et plus précisément à Jacquy Delaporte pour son ouvrage de 1981 : de la maison d’école aux 16 écoles publiques de la Ville de Hem

Ecole Pasteur

Après la construction au milieu du 19ème siècle de l’école communale dénommée Victor Hugo (Voir sur notre site un article précédent intitulé « Ecole Victor Hugo »), école prévue pour les garçons mais accueillant un public mixte, le comité local de la ville de Hem émet le vœu que l’éducation des filles soit confiée à des sœurs de la Providence.

Monsieur Boussemart, qui tient un estaminet au coin de la place de la République, accepte de louer une maison en bois, située sur la place face à l’église ( la boulangerie actuelle), avec une chambre à l’étage pour le logement des soeurs et une pièce au rez-de-chaussée pour y installer une salle de classe.

Après une visite de la Révérende Mère ladite maison est pourtant jugée insuffisante pour y loger 2 religieuses, une salle de classe et un dortoir pour les pensionnaires. Or l’adjonction d’un bâtiment à la maison existante risquerait d’être beaucoup trop coûteuse.

La maison sur la place proposée par Mr Boussemart au début du 20ème siècle et dans les années 1950 (Documents collection privée et Historihem)

Le maire propose alors l’achat d’un terrain de 8 ares et la construction d’une maison d’école, subventionnée au 1/3 par l’état, et à laquelle par ailleurs propose de contribuer une personne bien intentionnée. La mairie prendrait également à sa charge le mobilier scolaire et le trousseau de religieuse.

Certains conseillers sont contre et pensent que la commune devrait se contenter d’une institutrice laïque qui coûterait moins cher et garder l’école dans la maison Boussemart. D’autres affirment qu’il faut profiter de l’instant pour donner naissance au projet, les subventions de l’ Etat risquant de disparaître si la décision tarde trop.

Le vote est limpide et une majorité très nette se prononce pour la solution la moins onéreuse à savoir : une école laïque. De ce fait l’école des filles s’implante dans la maison Boussemart, mais elle est remise en cause quelques années plus tard. En effet l’institutrice laïque a été mal notée par les inspecteurs qui ont visité son école.

L’école Pasteur rue Jules Guesde (Documents collection privée)

Il apparaît donc nécessaire de confier l’éducation des filles aux religieuses. Pour y parvenir cette fois le vote est unanime pour un crédit permettant la construction d’une école ou l’achat d’une maison. Il faut pourtant attendre encore 2 ans pour que le conseil municipal vote l’acquisition d’une parcelle de terre où construire l’école.

Les subventions attendues ne sont cependant pas versées par l’Etat au motif que l’école construite à Hem Bifur, au coin de la rue de Lannoy et de la rue de Lille (actuelles rue Jules Guesde et rue du Général Leclerc), et nommée école Pasteur, est trop petite. Les 2 institutrices trouvent pourtant les conditions satisfaisantes, les classes pouvant accueillir un total de 170 élèves alors que l’effectif réel ne dépasse pas 80 élèves. C’est le cultivateur Dufermont qui souscrit donc le montant nécessaire, montrant ainsi l’attachement d’un hémois à sa communauté.

Le traitement des institutrices est doublé lors de l’arrivée parmi elles, au dernier trimestre de l’année scolaire, d’une religieuse de la Congrégation des Dames de la Sainte Union de Douai comme institutrice communale. La supérieure exige qu’un mur de clôture soit édifié pour remplacer la haie sur 53 mètres de long. Les institutrices demandent à la fin des années 1850 un plafond au grenier pour pouvoir en faire un dortoir. ( Ce sera chose faite en 1872 puisque l’école est alors rehaussée d’un étage).

L’école Pasteur en gros plan (Documents collection privée)

Puis une troisième sœur est nommée pour renforcer l’effectif enseignant mais une condition est imposée pour ce faire par la municipalité : l’institutrice est augmentée à condition de prendre à sa charge la troisième religieuse et que les petites filles soient admises à l’école dès l’âge de 3 ans ; cet essai de jardin d’enfants est tout à fait nouveau et remarquable pour la commune.

Dans les années 1870, la commune compte 3000 habitants et les élèves étant de de plus en plus nombreuses, une quatrième religieuse est recrutée pour que Soeur Marie Lechef, qui dirige l’établissement puisse mener à bien l’instruction des 250 élèves (98 payantes et 152 gratuites). Des nouvelles armoires sont achetées pour le réfectoire et la cuisine, ainsi que des jeux pour les jeunes filles et 2 volumes de l’histoire sainte. Au 1er certificat d’études primaires de 1880 3 filles de l’école des sœurs sont reçues.

A la fin du 19ème siècle après la mise au point de cours de couture, c’est le pavage des locaux de la cour de l’école des filles qui est réalisé ainsi que l’installation de l’éclairage au gaz dans toutes les salles de classe. L’école maternelle séparée n’existant pas c’est la 2ème adjointe de l’école des filles qui en est chargée dans le cadre de l’école Pasteur et une 3ème adjointe est demandée pour la rentrée.

En 1902, appliquant les directives ministérielles, le maire et son conseil chassent les religieuses de l’école des filles. La Congrégation de la Sainte Union introduit alors une demande dans le but de fonder une autre école dans Hem mais cette demande est rejetée. Une troisième institutrice laïque vient aider les 2 premières, installées depuis 1901.

Arrêt des cars puis des bus dans les années 1960 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Devant l’école Pasteur se trouve l’arrêt fixe des cars Lille-Leers-Hem-Roubaix, comme en atteste le panneau mural figurant sur le pignon de l’estaminet voisin appartenant à Mr Madoux. Ce sera encore le cas dans les années 1960 au cours desquels l’arrêt de bus se situera toujours au coin des rues Jules Guesde et du Général Leclerc, matérialisé par une aubette en dur.

Pendant la 1ère guerre de nombreux bâtiments communaux sont sérieusement endommagés dont les écoles et le mobilier scolaire est détruit ou brûlé. Il faut donc procéder aux réparations nécessaires et au renouvellement du mobilier. En 1920, un poste d’adjointe à l’école du Centre et mis en péril et supprimé en raison d’un nombre insuffisant d’élèves. Le conseil municipal adopte alors des mesures pour que les enfants en âge d’aller à l’école soient incités à fréquenter régulièrement celle-ci. L’obligation scolaire est donc rappelée par voie d’affichage pour les enfants de 6 à 13 ans. Dans les années 1930, une quatrième classe est prévue à l’école Pasteur ainsi que le nouveau poste de 3ème adjointe et l’école fait l’objet de travaux d’agrandissement.

Photos de classe de l’école Pasteur au début du siècle et dans les années 1920 (Documents Historihem)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui , et plus précisément à Jacquy Delaporte pour son ouvrage de 1981 : de la maison d’école aux 16 écoles publiques de la Ville de Hem

ENSAIT ( suite )

A partir de 1963, une partie des collections des œuvres d’art du musée est exposée dans les locaux de l’Hôtel de ville au musée Weerts jusqu’en 1980. Fort heureusement, le Musée d’Art et d’Industrie André Diligent « La Piscine », lors de son ouverture en 2001, regroupera alors toutes les œuvres d’art superbement restaurées.

La bibliothèque de l’ENSAIT cesse de fonctionner en tant que telle en 1975, date à laquelle elle est affectée par un incendie. Elle sera ensuite intégralement dédiée à l’accompagnement des élèves de l’ENSAIT.

En 1976, pour fêter le centenaire de la décision de créer l’ENSAIT, la direction décide d’organiser une journée portes ouvertes, car c’est toujours une chose surprenante et passionnante de voir fonctionner une école technique de l’intérieur. Cette manifestation est pour le profane, une sorte de salon du matériel de l’industrie textile. Parmi les nouveautés acquises par l’école, il faut mentionner le « space dyeing » qui permet de teindre un fil continu en plusieurs couleurs successives.

Document Nord Eclair
Document Nord Eclair

Les 400 étudiants de l’ENSAIT se mettent en grève en 1978. Leur mécontentement est fondé, car ils craignent de voir leur établissement partir au Lycée Maxence Van Der Meersch et même à Villeneuve d’Ascq ou à l’ITR rue du collège.

Document Nord Eclair

La municipalité se bat pour que l’ENSAIT reste place Chevreul, et en 1979, libérée de ce souci, l’école peut alors envisager des transformations nécessaires et une réorganisation des bâtiments. Les travaux vont bon train, et le 20 Juin 1980, c’est l’inauguration par Mr le préfet. L’ENSAIT fait peau neuve !

Au rez de chaussée, 600 m2 ont été rénovés pour recevoir les machines textiles de bonneterie qui se trouvaient rue du Pays. Au premier étage, est aménagé un laboratoire de physique-chimie et un laboratoire de métrologie textile. La vieille chaudière a été retapée. La scolarité des étudiants a été transformée : ils terminent leurs études au bout de 3 ans au lieu de 4. Un cours de confection a été créé. L’ENSAIT semble ainsi avoir misé sur une nouvelle conception de son enseignement : Formation des ingénieurs à la tête bien faite, pour surmonter les obstacles provoqués par la crise du textile.

Document Nord Eclair

En 1987, André Diligent visite une exposition sur la formation textile « Ayez la fibre textile » Dans la cour d’honneur, se retrouvent tous les représentants des structures économiques et sociales roubaisiennes, ayant trait au textile et à la formation professionnelle.

André Diligent en visite ( Document Nord Eclair )

La même année, Michel Delebarre vice président du Conseil Général, annonce la création d’un Lycée Textile et des Arts Appliqués, à proximité immédiate de l’ENSAIT qui pourra accueillir 900 élèves et deviendra l’ESAAT. Les travaux devraient démarrer en 1988.

Document Nord Eclair

En 1989, l’ENSAIT devient la plus grande et la plus cotée des écoles d’ingénieurs textiles. Cette année, 1572 candidats de toute la France, se sont proposés au concours d’entrée pour une promotion de 60 places !

« A l’heure où on licencie à tour de bras dans le textile et la laine à tricoter, l’école regorge de candidats », nous annonce le nouveau directeur, Christian Vasseur. « Et pourtant l’école a besoin d’un sacré coup de dépoussiérage. Il y a un travail fabuleux à entreprendre : redonner une image de marque à l’établissement, changer les mentalités, et surtout montrer que nous sommes capables d’accompagner les mutations techniques ».

Christian Vasseur ( Document Nord Eclair )

L’ENSAIT procède à son lifting. Une convention est signée avec l’Etat en 1990, laquelle permet d’améliorer la coordination avec l’école voisine l’ESAAT et de dresser des projets communs cohérents, et en particulier, la mise en commun des ateliers construits dans les locaux de l’ESAAT dont les nouveaux bâtiments sont en train de sortir de terre. Les ateliers et laboratoires de l’ENSAIT seront également mis en commun Tout ceci afin de constituer un véritable Centre de Ressources Textiles.

Document Nord Eclair

En 1992, le laboratoire de recherche textile : Gemtex est créé. En 2000, la formation d’ingénieurs par apprentissage voit le jour, en plus de la formation initiale traditionnelle,

Document ENSAIT

En 2016, Eric Devaux le directeur de l’Ensait souhaite transformer l’accueil de l’établissement à savoir ; création d’une salle d’attente pour les visiteurs, agrandissement de l’accueil sur l’arrière, rénovation du SAS d’entrée avec motorisation de la porte en bois

documents archives municipales

L’ENSAIT a derrière elle une histoire riche et vivante, et, depuis sa création en 1889, l’Ecole est devenue une figure de proue du patrimoine textile. L’ENSAIT est avant tout une école qui a toujours eu pour souci d’adapter sa formation à la demande du marché. Le textile est plus que jamais vivant, en constante mutation, il apparaît dans des domaines d’activités novateurs.

L’ENSAIT est une école ouverte sur le monde, en évolution constante, elle forme des ingénieurs dynamiques et polyvalents, au fait des techniques les plus innovantes, connaissant les secteurs de pointe, capables de conseiller au mieux les acteurs de l’industrie textile. Cette adaptation aux évolutions de celle-ci se retrouve au travers des différents pôles de l’école.

En 2023, L’ENSAIT c’est le plus grand centre de formation d’ingénieurs textiles d’Europe.²²

Document ENSAIT
Document Google Maps

Remerciements aux archives municipales.

ENSAIT

En 1876, la municipalité roubaisienne décide de réunir sous le même toit, les cours académiques de dessin et les cours de perfectionnement du textile dispensés par la ville de Roubaix. Ces deux enseignements, disséminés jusqu’alors en divers locaux, sont donc regroupés en un seul endroit et sous la même direction.

Le 5 Aout 1881, une nouvelle loi paraît au Journal Officiel, et le 28 Novembre 1882, une Convention est signée entre l’Etat et la ville de Roubaix pour la construction d’une école.

En 1882, le terrain choisi pour la construction, est le square Notre Dame qui se situe rue Nain dans le prolongement de la rue du Chemin de fer. C’est un terrain d’une superficie d’environ 1,5 ha. Aujourd’hui c’est la place des Martyrs de la Résistance, auparavant appelée place Chevreul.
Ce square était autrefois un cimetière qui a été ensuite déplacé le  »long du pavé de Wattrelos » en 1850, actuellement Grande Rue ( c’est le cimetière de Roubaix que nous connaissons aujourd’hui ).

Plan cadastral
Document Journal de Roubaix
la grille du square Notre Dame, démontée en 1885 et posée rue Mimerel au square Pierre Catteau ( document archives municipales )

L’architecte Fernand Dutert est choisi en 1884 pour l’étude. Fernand est célèbre pour ses créations en fer ( des verrières comme la galerie du Muséum d’histoire naturelle à Paris ).

Fernand Dutert étudie avec des industriels et des artisans roubaisiens, la façon de concevoir le bâtiment pour un mariage heureux de l’esthétique et du fonctionnel. Un immense hall, un musée, une bibliothèque modèle pour l’époque, des serres et une animalerie sont prévues. L’appui de l’architecte Dutert est décisif dans le choix de Roubaix pour la création d’une école textile dans le Nord. Les travaux peuvent commencer.

Document collection privée
Document collection privée

En 1889, s’ouvre l’ENAI : Ecole Nationale des Arts Industriels, que les roubaisiens vont appeler : « l’école des Beaux Arts ». Le premier directeur est Victor Champier, célèbre critique d’art, et fondateur de « la Revue des arts décoratifs ». Sa nomination marque à l’origine, une prédominance de l’art sur la technique, mais en 1921 l’école passe des Beaux Arts à l’enseignement technique.

En 1921, l’ENAI devient donc l’ENSAIT, Ecole Nationale des Arts et Industrie Textile. A partir de cette époque, tous les directeurs nommés auront une formation technique.

L’école comprend deux corps de bâtiment dédiés, l’un à l’enseignement des arts, l’autre à celui des techniques textiles, le tout entouré de vastes pelouses, de parterres de fleurs et d’arbres d’essence diverses.

Document collection privée

La façade principale sur laquelle s’ouvre les entrées des musées, de la bibliothèque et de la salle de conférence, est couronnée au centre, d’une sculpture : « l’Art Industriel », et aux extrémités, de deux frontons représentant, les Arts et les Sciences. L’ensemble constitue une œuvre architecturale du plus heureux effet. L’agencement des locaux répond aux minutieuses exigences des enseignements.

Motif central de la façade, porte de l’amphithéâtre et le grand escalier en bois ( Documents collection privée )
Document collection privée
Document collection privée

Pour répondre à la loi de 1882, l’organisation matérielle de l’école comprend : des ateliers de dessin, peinture et sculpture, des laboratoires de physique, chimie, d’électricité et de teinture, des ateliers de peignage, tissage, filature, teinture et impression, des salles de collections technologiques, de machines et d’appareils de démonstration, une magnifique bibliothèque de plus de 15.000 volumes, un musée d’art et un musée des tissus, une salle de conférence pouvant contenir 600 personnes.

La construction jumelée d’une bibliothèque municipale et d’un centre d’instruction est inhabituelle pour l’époque. Sa situation géographique au sein même de l’école est privilégiée car centrale et donc directement accessible au public. Elle est néanmoins éloignée des ateliers bruyants.

Pendant des décennies, l’ENSAIT va former des centaines d’ingénieurs.

ateliers de tissage, de peignage et de filature, métiers à tapis ( Documents collection privée )
Document collection privée
Document collection privée

L’ENSAIT présente, chaque année, dès les années 1940, les travaux des élèves, lors d’une exposition dans le hall d’honneur qui regroupe et met en valeur toutes les connaissances nécessaires aux élèves, pour arriver au stade définitif de leur travail. L’exposition fait honneur à l’école, à son directeur, ses professeurs, aussi dévoués que compétents, qui continuent ensemble la tâche entreprise par leurs prédécesseurs.

Document collection privée

Comme tous les musées nationaux, le musée de Roubaix ferme pendant la seconde guerre mondiale. A la libération, le Musée National de Roubaix ne rouvrira pas, car les collections sont considérées comme démodées. Il est alors déclassé par l’Etat et les collections sont abandonnées dans l’Ensait. Quant à la Bibliothèque de l’ENSAIT elle s’établit rue du château.

En 1955, Fernand Florquin, président de l’association des anciens élèves de l’ENSAIT, est nommé officier de la légion d’honneur. Il a succédé au maître J.J. Weerts en 1927 et a consacré, pendant plus d’un demi-siècle, tous ses loisirs au développement et au renom de cette fabuleuse institution, avec une compétence remarquable.

document Nord Eclair

à suivre . . .

Remerciements aux archives municipales

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