Fraignac, l’opticien de la Grand Place

Elie Fraignac est né dans le Cantal en 1877. Il se marie en 1908 avec Louise Denneulin née à Lille en 1885. Elie et Louise décident de reprendre un commerce. Ils portent leur choix sur un commerce d’optique au 20 bis de la Grand Place à Roubaix, car le père de Louise, François Denneulin était opticien.

Elie et Louise Fraignac ( document JM Fraignac )

C’est un commerce idéalement bien placé au début des années 1900. Cette partie de la Grand Place est dans le prolongement de la rue Pierre Motte, entre la rue du Château et la rue Jeanne d’Arc, à deux pas des Halles. C’est une bâtisse imposante, construite sur 4 niveaux . Au rez de chaussée se trouvent le commerce et l’atelier et l’habitation dans les étages. Leurs proches voisins sont également occupés par des commerces : le tailleur Devlaminck et les tissus Aubanton.

document archives municipales

A l’époque, on parle davantage de lunetier que d’opticien, qui conseille sur l’achat de binocles destinés à corriger les défauts et déficiences de la vue. Louise s’occupe du commerce et de la vente. Elle conçoit dans son atelier, la fabrication des lunettes à partir de verres minéraux qu’elle axe, découpe, taille à la meuleuse et insère dans la monture.

binocles ( document JM Fraignac )

Quant à Elie, il s’occupe de l’administratif du commerce mais est également employé de Mairie car il délivre les reçus de loyers des logements de la loi Louis Loucheur.

Les affaires fonctionnent très correctement, car au début des années 1910, on ne recense que 6 opticiens ( dont Fraignac-Denneulin ) à Roubaix ! Elie développe l’activité du commerce, en ajoutant des gammes complémentaires : baromètres, jumelles, boussoles, règles à calcul, balances mais également des produits beaucoup plus techniques comme des tubes éprouvettes, des ballons en verre, destinés aux laboratoires des usines textiles et aux collèges techniques. Le commerce se spécialise alors, en optique médicale, scientifique et industrielle. Toujours vêtu de sa grosse blouse de travail grise, ( la tenue traditionnelle des Auvergnats ) Elie s’occupe de la réception des fournisseurs, répare les baromètres, jumelles, etc .

Elie et Louise ont trois enfants, Marie-Thérèse née en 1912, Jean en 1914 et Jacques en 1922. A la fin des années 1930, Jean et Jacques apprennent le métier d’opticien avec leurs parents. Quant à Marie-Thérèse, elle préfère s’orienter vers d’autres domaines.

la façade ( document JM Fraignac )

Sur la photo ci-dessus, on distingue sur la façade du magasin à droite de la porte d’entrée le thermomètre vertical qui indique la température aux roubaisiens. Jean Fraignac qui se trouve sur le pas de la porte, installe souvent en vitrine, de superbes objets : des lunettes astronomiques, des jumelles, et même un magnifique baromètre-étalon accroché en permanence dans la vitrine de gauche.

jumelles de théâtre en nacre et son étui brodé ( document JM Fraignac )
baromètre ( document JM Fraignac )
buvard années 1950 ( document collection privée )

Elie décède en 1952, et son épouse Louise en 1954. Leurs deux fils Jean et Jacques s’associent alors en 1955, pour créer « Fraignac-Frères », et continuer l’activité. En 1966, la municipalité décide d’agrandir la Grand Place. Les maisons situées entre la rue du Château et la rue Jeanne d’Arc seront détruites ( voir sur notre site, un précédent article édité et intitulé « Une partie de la Grand Place disparaît » ). Jean et Jacques Fraignac sont alors expropriés. Fort heureusement, le local du commerce de tissus de Marcel Loucheur au 26 de la Grand Place se libère.

le commerce de tissus de Marcel Loucheur en 1966 ( document archives municipales )

Les deux frères achètent le commerce et déposent un permis de construire pour modification de la façade. Ils font appel à l’architecte Marcel Spender pour la direction technique des travaux, qui leur propose de déplacer latéralement une des deux vitrines et de poser une porte de service extérieure, pour pouvoir accéder directement aux étages. Après les travaux, l’optique Fraignac déménage donc au 26 de la Grand Place, en 1967.

le projet de l’architecte ( document archives municipales )
publicité 1967 ( document Nord Eclair )
la nouvelle façade ( document JM Fraignac )

Dans les années 1960-1970, Jean et Jacques Fraignac développent encore leur commerce, bien que la concurrence arrive rapidement sur Roubaix. En effet, les détaillants opticiens implantés à Roubaix sont désormais une quinzaine. Dans les années 1980, les frères Fraignac réagissent et deviennent opticiens dépositaires de la marque Atol.

Publicité ( document JM Fraignac )
Publicité ( document JM Fraignac )

Jean Fraignac décède en 1989. Son frère Jacques, à 67 ans, ne souhaite pas continuer seul l’activité et prend donc sa retraite. L’affaire est cédée et après quelques travaux d’aménagement, en 1990, Olivia Boyenval et Bertrand Fiévez ouvrent leur commerce « Best Optique » au 26 Grand Place.

Best optique ( document archives municipales )

Aujourd’hui, le commerce est occupé par Master Naan un restaurant snack qui propose des spécialités indiennes.

Master Naan ( photo BT )

Remerciements à Jean-Marie Fraignac et aux archives municipales.

Les Orgues de Roubaix

Martin Lehmann a 37 ans ; il est marié et père de 4 enfants. C’est un ancien chanteur d’opéra. Parisien d’origine, il est fou de musique mécanique. L’idée lui vient un jour d’ouvrir un salon de thé où l’ambiance serait confiée à un instrument polyphonique.

Martin Lehmann ( document Nord Eclair )

Arrivé en 1999 à Roubaix, il tombe immédiatement amoureux de la ville. Martin découvre, depuis la Grand Place, l’immeuble du N° 4 de la rue du maréchal Foch. Cet immense bâtiment a longtemps été occupé par la prestigieuse compagnie d’assurances Antwerpia qui a quitté les lieux en 1990, et qui a abrité à la rentrée de cette même année, l’école « Sup de Cré » : école supérieure de créatifs en communication.

document collection privée

Martin Lehmann a un coup de foudre pour cet immeuble, et reste persuadé que cela va donner à son projet initial une dimension qu’il n’imaginait même pas !

Martin fait en effet l’acquisition d’un orgue « Mortier » de 1912 : une pièce rarissime ! Un orgue immense de 8,20 m de haut et 5,20 m de large avec 744 tuyaux et 24 registres ce qui correspond à une harmonie de 70 musiciens

l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )
l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )

Il décide donc d’ouvrir un cabaret-musique-dancing, unique au monde, dans notre ville, au 4 de la rue du maréchal Foch. Martin Lehmann rencontre M. Boudailliez adjoint à la culture à la mairie pour lui présenter son projet. Ce dernier est séduit par son idée, d’autant que le Musée de l’Art et de l’Industrie « La Piscine » va ouvrir ses portes dans peu de temps. C’est un formidable tremplin pour la ville.

Martin va ainsi réaliser son rêve et se lancer dans un projet très ambitieux : « Les Orgues de Roubaix » en ce début d’année 2000.

la verrière ( document Nord Eclair )

L’orgue Mortier est installé sous l’élégante et lumineuse verrière du 4 rue du maréchal Foch, dans une vaste pièce aux dimensions parfaites. C’est la grande vedette de ce  »musée-cabaret-dancing ». Mais il y a d’autres stars, tels un orgue de barbarie de 32 notes et le fameux jazz-bandophone à 45 touches.

Pour Martin, ce n’est pas qu’un musée, c’est un véritable lieu de vie, de fête et de convivialité.

Martin, en maître des lieux se constitue une formidable collection de musique en faisant refaire à l’orgue Mortier, des symphonies, des opérettes mais également des musiques populaires.

la façade ( document Nord Eclair )

L’établissement « Les Orgues de Roubaix » ouvre le 23 Septembre 2000. Martin Lehmann organise le matin, des visites réservées aux scolaires ou aux groupes, puis le midi, sert des repas simples à prix modérés dans un cadre unique. Ensuite il enchaîne avec des thés-dansant dans l’après-midi et termine le soir par des dîners-spectacles de style Moulin Rouge avec French Cancan et chansons populaires. Le prix de l’entrée est de 250 Frs pour passer une soirée inoubliable.

Ambitieux, Martin contacte des Tours Opérators pour faire venir des touristes étrangers à Roubaix, ainsi que le Grand Hôtel Mercure de Roubaix et les hôtels de toute la métropole en vue de communiquer sur les Orgues de Roubaix.

Instantané de mémoire : « Je veux que cet endroit soit un lieu de mémoire dédié en partie à Roubaix à la formidable aventure collective de cette ville et à sa renaissance. Le bonheur de se réaliser dépasse l’angoisse de se rater. »

Menu du réveillon du 31.12.2000 ( document collection privée )

Pour dynamiser davantage son entreprise, Martin Lehmann prépare la soirée du réveillon du 31.12.2000.

L’équipe devant l’orgue Mortier ( document archives municipales )

En début d’année 2001, l’ ARIC Association des Retraités Indépendants et Cadres y organise un repas spectacle de plus de 200 personnes. Tous les retraités sont ravis d’avoir passé un super moment convivial.

soirée ARIC ( document Nord Eclair )

Malheureusement, Martin Lehmann n’a pas gagné son pari. C’est un échec et les Orgues de Roubaix ferment leurs portes en 2001. Il y croyait pourtant, enthousiaste et passionné. Il a investi beaucoup d’argent pour la rénovation de son orgue, pour les travaux de ré-aménagement du lieu, pour ses fabuleux spectacles de French Cancan . . .

Il y a bien eu, certes, des soirées mémorables, mais la mayonnaise n’a jamais vraiment pris. Martin s’est retrouvé bien seul face aux premières difficultés de sa formule, et il en a gros sur le cœur : « c’est un énorme gâchis ». L’orgue est désormais démonté et remballé.

document Nord Eclair

En Janvier 2003, Thierry May commissaire priseur, s’installe dans cet immeuble de la rue du maréchal Foch, pour y créer la société de vente aux enchères de Roubaix.

L’immeuble en 2022 ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales

Nord-Eclair (Suite)

Dans les années 1960, l’imprimerie évolue et se modernise. Elle compte 5200 salariés dans le Nord dont 1500 à Roubaix-Tourcoing, dans la presse et l’édition. De la typographie, ou l’art de disposer les caractères mobiles de façon équilibrée, lisible et harmonieuse, on passe à l’ « offset »,  un procédé d’impression qui est l’amélioration de la lithographie, et l’électronique apporte ses perfectionnements.

Les nouvelles machines de l’imprimerie (Documents Nord-Eclair)

Dans cette optique un permis de démolir est déposé par la société des journaux réunis pour la démolition des 25-27 rue du Collège menaçant ruine, ce qui leur permet d’avoir une entrée par la rue du Collège. Puis un permis de construire est déposé pour un bâtiment à usage d’atelier de linotypes au 71 Grande-Rue en 1962, à ériger dans la cour de l’immeuble devant les ateliers déjà existants.

Plan du nouveau bâtiment pour abriter l’atelier de linotypes (Document archives municipales)

L’année suivante c’est un permis pour la construction d’un bâtiment d’un étage, à usage de bureaux au n°63 Grande-Rue, à la place du bâtiment démoli qui était adossé à l’immeuble de l’Union, qui est déposé. A droite de l’entrée sont alignés en façade sur la rue 7 bureaux et enfin un local vestiaire. A l’étage la disposition et la même avec au bout à droite le service des sports et l’édition belge.

Plan du nouveau bâtiment à usage de bureaux (Documents archives municipales)

Trente ans après la création de Nord-Eclair, une crise profonde touche la presse écrite et surtout les quotidiens régionaux. Quand certains titres s’affaiblissent, se restructurent, voire disparaissent les uns après les autres et face à la nécessité de procéder à de lourds investissements, le titre est absorbé par le groupe Hersant en 1975, groupe fondé par Robert Hersant surnommé le « Papivore » à cause de son appétit insatiable pour l’achat de journaux, de périodiques et de radios FM . Nord-Matin ayant lui-même été racheté par le même groupe en 1967, les 2 titres fusionnent et sortent dès lors de la même imprimerie.

Photo de Robert Hersant (Document Getty)

Jules Clauwaert contribue alors avec la rédaction à la création de 2 sociétés, l’une, industrielle et commerciale, l’autre éditoriale indépendante, liées par contrat pour exploiter et faire vivre Nord-Eclair. Lors de la transformation des structures juridiques de l’entreprise, Jean Catrice prend la présidence du conseil d’administration de la société Nord-Eclair Edition, responsable du contenu du journal. Sa présence symbolise les liens qui rattachent Nord-Eclair à ses origines. Il décède en 1979 des suites d’une longue maladie et ses funérailles sont célébrées en l’église du Saint-Sépulcre.

Jean Catrice en 1977 (Document Nord-Eclair)

Jules Clauwaert quant à lui devient directeur général puis président du Conseil Permanent de Nord-Eclair Edition. Egalement devenu président de l’école supérieure de journalisme de 1965 à 1978, il en demeure ensuite président d’honneur. Chevalier de la légion d’honneur, engagé pour la ville de Roubaix, il décèdera en 2014 à l’âge de 90 ans, salué par le Club de la Presse dont il était l’un des premiers adhérents et dont il avait soutenu la création.

Les locaux 71 Grand Rue dans les années 1970 (Document archives municipales)

En 1978, Nord-Eclair se porte acquéreur de l’usine Lestienne Rue du Caire à Roubaix. Après un passage en photocomposition le quotidien va en effet être imprimé en Offset et sa qualité d’impression et de présentation sera dès lors notablement améliorée. La reconversion technique entamée sera terminée faisant de Nord-Eclair l’une des entreprises de presse les plus modernes de France voire d’Europe.

Ces bâtiments récents et leur infrastructure correspondent aux besoins du quotidien soucieux de pouvoir installer ses nouvelles rotatives afin de moderniser l’ensemble du journal, tout en maintenant l’emploi dans une agglomération déjà durement touchée par la crise.

Annonce de l’achat des locaux de la rue du Caire (Document Nord-Eclair)
Locaux rue du Caire (Documents GraphiLine et collection privée)

A l’invitation de Nord-Eclair, Pierre Prouvost, maire de Roubaix, son épouse, plusieurs de ses adjoints, des conseillers municipaux et des chefs de service de la mairie visitent les nouveaux locaux avec André Defrance, directeur général de Nord-Eclair et Nord Print, et Jules Clauwaert, directeur de Nord-Eclair Edition, entourés de nombreux collaborateurs. Les discours sont l’occasion de saluer le pluralisme de la presse dans notre région mais aussi une opération visant au maintien de l’emploi sur Roubaix.

Le conseil municipal reçu dans les nouveaux locaux en janvier 1979 (Documents Nord-Eclair)

Le permis de construire déposé en mairie de Roubaix pour procéder à une extension de l’usine sur le n°15 de la rue du Caire permet de se rendre compte de l’importance de la surface totale qui couvre les numéros 15 à 21 de la rue. La répartition des services est bien démontrée dans les plans de l’intérieur sur lesquels apparaissent notamment les salles de mise en page et celle des rotatives et de l’expédition.

Les plans de 1978 (Documents archives municipales)

Instantané de mémoire : « Mon père avait commencé sa carrière à la Croix du Nord à Lille avant d’intégrer l’imprimerie du journal Nord-Eclair en tant que linotypiste ( personne qui travaille sur une linotype, machine à composer et à fondre les caractères d’imprimerie par lignes ). A cette époque il avait dû se former pour pouvoir travailler sur les nouvelles machines Offset. L’évolution était nécessaire pour pouvoir poursuivre sa carrière dans la presse écrite ».

André Defrance, déclare à tous ceux qui oeuvrent à la sortie du journal, photograveurs, rotativistes, service d’expédition, etc sa vive satisfaction devant la promptitude avec laquelle toute l’équipe technique s’est adaptée au nouveau matériel moderne. Il trinque avec son personnel avant que les rotatives offset fassent jaillir le journal du jour. Nord Print est l’imprimerie du journal Nord-Eclair et imprime alors une dizaine de titres dont, pour la plupart, des journaux nationaux mais aussi des publications étrangères comme « El Pais ».

Fête dans les nouveaux locaux (Document Nord-Eclair)
Publicités de 1979, 1986 et 1995 (Documents Nord-Eclair)
Les locaux dans la rue du Caire lors de l’installation (Documents archives municipales)

A suivre…

Article dédié à André Delmée, salarié de Nord-Eclair pendant la quasi totalité de sa carrière.

Remerciements aux Archives Municipales de Roubaix

Une partie de la Grand Place disparaît

Dans les années 1960, le développement de l’automobile rend la circulation de plus en plus difficile à Roubaix et en particulier, dans le centre ville.

Déjà en 1958, on a démoli le magasin de vêtements d’Albert Devianne, qui se trouvait à l’angle de la rue Jeanne d’Arc, pour dégager le carrefour des Halles. De cette façon les automobilistes venant de la Grand Place peuvent avoir un accès plus aisé sur le boulevard Leclerc via la Grand Poste.

La façade du magasin d’Albert Devianne ( document M. Devianne )
Document Nord Eclair 1958

En cette fin d’année 1967, pour améliorer le trafic, le conseil municipal décide donc de démolir une partie du quartier du centre ville : quelques maisons au N° 1, 3 et 9 de la rue du Château, jusqu’à l’allée du Lido, et cinq maisons sur la Grand Place du N° 18 au 20 ter, ce qui permettra de donner plus d’espace au centre commercial du Lido situé juste derrière, et un meilleur accès au parking via la rue de l’hôtel de ville.

Ces travaux d’élargissement et de rénovation vont coûter 115 millions d’anciens francs, somme importante mais nécessaire pour avoir un centre ville digne de ce nom. Ces démolitions permettront en 1968 une meilleure circulation entre la rue de l’Hötel de Ville et la rue Pierre Motte.

Plan du quartier ( documents Nord Eclair )

Sur la photo ci-dessous, à droite se trouvent : le café du Commerce au N° 20, puis l’opticien Fraignac au 20 bis et les draperies Aubanton-Gigieux au 20 ter. De l’autre côté de la place, au N° 21 le commerce Michou : boucherie-volailles-crémerie se trouve sous l’Hôtel du Centre, dont l’entrée se situe 1 rue Pierre Motte.

Photo 1967 ( document collection privée )

Sur la Grand Place, au N° 18, à l’angle de la rue du Château, se trouve le magasin du Tailleur Devlaminck, depuis les années 1920, où plusieurs générations se sont succédé. C’est une immense bâtisse sur 4 niveaux. Daniel Devlaminck, exproprié, s’installera ensuite au 4 rue du Maréchal Foch.

Pub Devlaminck 1967 ( document Nord Eclair )
Façade du 18 ( document archives municipales )
Façade du 4 rue Foch ( document Nord Eclair )

Au N° 19 se situe le café de l’Etoile reconnaissable à son superbe vitrail au dessus de la porte d’entrée.

La façade du 19 ( document archives municipales )

Puis au N° 20 se trouve le café du Commerce. L’immeuble est bâti sur deux niveaux. Au dessus du 1er étage figure un immense panneau publicitaire pour la marque de chocolat et confiserie de Delespaul-Havez.

la façade du 20 ( document archives municipales )

L’opticien Fraignac est implanté au 20 bis depuis les années 1910. Il partira ensuite au 26 de la Grand Place.

Le 20 ter est occupé, également depuis les années 1910, par Aubanton-Gigieux commerçant en draperies. Ce négociant qui fournit les maîtres tailleurs, partira ensuite au 29 rue Mimerel.

Façade du 20 bis et 20 ter ( document archives municipales )
Publicité Fraignac-Denneulin 1967 ( document Nord Eclair )

A la veille des grandes fêtes de la Charte, programmées en 1969, il est primordial que le centre ville soit rénové. La Grande place sera en effet un emplacement stratégique pour le déroulement des diverses manifestations, avec un Hôtel de Ville à la façade ravalée d’une blancheur de pierre et une église Saint Martin immaculée.

Photo 1985 ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales

Nord-Eclair

Suite de deux articles précédemment édités et intitulés Journal de Roubaix :

Jean Catrice, né le 26 août 1903, est le fils d’Edouard Catrice, industriel du textile, installé à Lys-lez-Lannoy en association avec Jean Deffrennes-Canet depuis 1890. A la fin de ses études, il entre donc comme ses frères dans l’entreprise paternelle.

Usine d’Edouard Catrice (Document Tissage Art de Lys)

Son premier engagement c’est à l’ACJF (Association Catholique de la Jeunesse Française) où il crée des liens durables avec de nombreux jeunes de toutes conditions sociales.

Il épouse Claire en 1928 et le couple aura 7 enfants. Dès 1933, il adhère au Parti Démocrate Populaire dont il devient vice-président en 1936. En 1939, il est mobilisé en tant que lieutenant et chargé de la sécurité de la gare de Lille. Après avoir mis sa famille en sécurité dans la Sarthe il regagne Roubaix avec son frère cadet Pierre pour rejoindre l’usine familiale.

En 1940, avec la grande offensive allemande dans les Ardennes, l’exode commence mais leur famille reste à Berck où elle s’est installée au retour de la Sarthe pendant que Jean et Pierre cherchent à gagner l’Angleterre pour se réengager mais sans succès. C’est donc le retour à Roubaix pour les 2 frères et leurs familles et l’entrée dans la résistance.

Photo de Jean Catrice (Document site Assemblée Nationale)

Deux périodes se succèdent alors pour Jean : la résistance active en 1941-42 puis la participation à l’organisation centralisée de la résistance dans le Nord et à la fondation du comité départemental de la libération en 1943. Deux autres tâches l’attendent ensuite : la recherche des futurs nouveaux préfets du Nord-Pas-de-Calais et la suppression de la presse ayant collaboré avec l’ennemi au profit de l’installation d’une nouvelle presse.

Suivant les instructions générales venues d’Alger, Jean Catrice devient délégué régional à l’information, titre confirmé à la libération. Les anciens journaux locaux sont répartis entre les différents partis politiques et le Journal de Roubaix revient aux démocrates chrétiens.

Jean nommé délégué régional à l’information (Document Nord-Eclair)

Pendant ce temps, depuis 1943, rue de Paris, à Lille, dans un ancien couvent, paraît Nord Matin, journal de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière). L’homme fort de Nord Matin, grand résistant sera Augustin Laurent, président du Comité départemental de Libération (avant Jules Houcke) et futur maire de Lille.

En 1944, c’est Jean Catrice qui annonce la libération à Radio-Lille. Dès 1944, il devient vice-président du MRP (Mouvement Républicain Populaire). Elu député de 1946 à 1955, en tant que représentant du MRP, il n’est pas réélu à la législature suivante et décide alors de se consacrer à sa famille et à Nord-Eclair, le journal qui a pris la place du Journal de Roubaix.

A la libération de Roubaix, les forces françaises libres décrochent le drapeau de la Kommandantur à l’Hôtel de Ville (Photo Voix du Nord)
Jean Catrice avec le général De Gaulle et avec ses amis résistants Mrs Teitgen et Defaux en 1944 (Documents Nord-Eclair)

C’est Jean Catrice qui est logiquement nommé gérant du nouveau journal : Nord-Eclair, qui prend possession de l’imprimerie et de la salle de rédaction du Journal de Roubaix. Dans le premier numéro, Nord-Eclair, sous-titré organe de la Libération Française, règle ses comptes avec les journaux du Nord qui ont poursuivi leur activité pendant les 4 années de guerre : « A Nord-Eclair, il n’y a que des résistants de la première heure ce qui lui donne le droit d’acclamer la victoire et de travailler demain à l’avenir du pays ».

Le journal affiche de suite son inspiration chrétienne, préparé dans la clandestinité par deux professeurs de l’université catholique de Lille : René Thery, responsable régional de Témoignage Chrétien et Louis Blanckaert, membre du comité directeur du mouvement de résistance La Voix du Nord. La nouvelle équipe se met en place autour de Léon Robichez, rédacteur en chef et Jules Clauwaert, éditorialiste.

Nord-Eclair du 05 septembre 1944 et Nord-Matin annonçant la libération (Documents Wikipedia et Remembrance 14-45)

En 1942, Léon Robichez était employé au service du contentieux du Journal de Roubaix. Il était chargé en fait de préparer clandestinement la parution d’un nouveau journal pour la Libération, en vertu d’un accord passé entre Jacques Demey, directeur du quotidien paraissant alors sous contrôle allemand, et les chefs du RIC : le Rassemblement démocratique des résistants d’inspiration chrétienne dont Jean Catrice est l’un des fondateurs. Il devient directeur politique de Nord-Éclair au départ des occupants en septembre 1944 et quittera le journalisme en 1951.

Photo de Léon Robichez (Document dictionnaire biographique Le Maitron)

En 1944, Jules Clauwaert, est diplômé de l’école supérieure de journalisme de Lille, issu de la résistance, et entre comme éditorialiste à Nord-Eclair. Il en deviendra rédacteur en chef par la suite. C’est un homme de conviction, démocrate chrétien, attaché à la liberté et au pluralisme de la presse qui incarne ce quotidien démocrate et social d’inspiration chrétienne.

Photo de Jules Clauwaert (Document Club de la Presse)

C’est en 1946 qu’a lieu le procès du Journal de Roubaix. Son directeur est condamné à 2 ans de prison et l’éditorialiste à 5 ans. Les autres journalistes sont acquittés. La société des Journaux Réunis est dissoute et un quart de ses biens sont confisqués au profit de l’état. D’anciens adjoints du directeurs du Journal de Roubaix se retrouvent de fait dans la direction du nouveau journal.

L’audience de Nord-Eclair s’étend bien vite à toute la région et toute une équipe remarquable de journalistes se constitue autour de Léon Robichez et Jules Clauwaert. Léon Robichez est l’élément de liaison entre le journal et le MRP, lequel, parti de rien, devient rapidement l’un des plus puissants partis de France.

Le journal, tout comme le mouvement politique, se font ardents défenseurs de la cellule de base qu’est la famille et de la liberté de l’enseignement. Leurs préoccupations sociales apparaissent évidentes dans un après-guerre période de graves difficultés économiques.

Dès 1956, des travaux doivent être entrepris en deux temps dans les locaux de la Grande-Rue. Dans un premier temps un permis de démolir est déposé pour abattre l’ancien hôtel particulier racheté 50 ans plus tôt à Jean Lefebvre-Soyer par la société des journaux réunis. Le demande est édifiante : vaste et important immeuble inoccupé, autrefois entièrement à usage d’habitation, irréparable et inhabitable par suite du manque d’entretien prolongé des couvertures, toitures et chéneaux.

L’ancien hôtel particulier dans la cour (Document collection privée)

Le rapport d’enquête relate que l’immeuble concerné comporte plusieurs caves en sous-sol, au rez-de-chaussée : 10 pièces de grandes dimensions, 2 vestibules, WC, cour, jardin et 2 escaliers vers les étages, sachant que ceux-ci ne peuvent être visités en détail par les services de la mairie par suite de leur délabrement et afin d’éviter tout risque inutile. Le local menaçant ruine et constituant un danger le permis de démolir est accordé.

Dans un 2ème temps un permis de transformation des bureaux est sollicité. La partie droite dans laquelle se situaient les anciens jardins va ainsi être investie par l’installation d’une nouvelle surface dévolue à des bureaux supplémentaires.

Plan des bureaux actuels (Document archives municipales)
Plan des bureaux transformés (Document archives municipales)

A suivre…

Article dédié à André Delmée, salarié de Nord-Eclair pendant la quasi totalité de sa carrière.

Remerciements aux Archives Municipales de Roubaix

Bardahl

En 1939, Ole Bardahl est ingénieur à Seattle aux Etats-Unis. Il met au point un lubrifiant révolutionnaire pour moteurs. Il fonde la « Bardahl Manufacturing Corporation » et optimise sa formule en la testant lors de compétitions automobiles . Le succès est immédiat. Le développement est extraordinaire : vingt ans suffiront pour que Bardahl devienne N° 1 des ventes aux USA.

Ole Bardahl ( document Sadaps Bardahl )
document collection privée

En 1953, Jean Leplat est directeur technique dans l’entreprise textile de son beau-père René Vandendriessche à Roubaix. Il propose à la société américaine de devenir le distributeur exclusif des produits Bardahl pour la France. Il crée la SADAPS Société Anonyme Des Additifs et des Produits Spécialisés et s’installe au 35 rue du Chemin de Fer. C’est une maison de particulier, mais qui comprend à l’arrière un grand local. L’ensemble s’étend sur 589 m2

le 35 rue du chemin de fer ( photo BT )
Plan cadastral

Jean Leplat est un homme de communication. En 1960 Bardahl participe au tour de France avec des moyens publicitaires ; un Tube H Citroên, une motocyclette et une 2 CV fourgonnette

document collection privée

En 1962, Jean Leplat crée le Bardahl-club des Flandres au café du Bardahl-club. Son but est de réunir les utilisateurs des deux roues pour leur proposer des conseils techniques, des réductions aux assurances, des abonnements gratuits à la revue Bardahl-miroir etc Ce club regroupe rapidement des personnalités roubaisiennes tels que Mrs Pachy, Herkenrath, Picavet et bien d’autres encore. Le Bardahl-club sponsorise le tour de France cyclotouriste en 1963. Jean Leplat communique également lors de manifestations locales sur la commune

Le bardahl club ( document Nord Eclair 1962 )
document collection privée

Dans ces années 1960, Jean Leplat commence à fabriquer les produits Bardahl à Roubaix à partir de produits concentrés importés des Etats-Unis. ( les additifs en futs de 215 litres sont déchargés manuellement des camions ). Le succès est immédiat. En 1970, le fils de Jean, Dominique Leplat reprend l’entreprise. Les locaux deviennent trop petits, Dominique décide donc de déménager l’entreprise au 27 Boulevard Leclerc.

vue aérienne de Bardahl 27 boulevard Leclerc ( document archives municipales )
plan cadastral

En 1979, Dominique Leplat sponsorise 3 motos Honda qui participent au 2° Paris Dakar, en leur fournissant tous les lubrifiants pour leur motos, pour cette course très difficile pour les pilotes, mais aussi pour les mécaniques.

document Nord Eclair 1979

En 1990 Un déplacement de l ‘entreprise devient nécessaire et indispensable, vu le développement et la progression de la société, ainsi que les problèmes de circulation au centre ville de Roubaix mais également les problèmes de stationnement pour les 40 membres du personnel.

Dominique Leplat, avec l’aide de la SIAR, ( Syndicat Intercommunal de l’Agglomération Roubaisienne ) déménage son entreprise à la Zone Industrielle de Roubaix Est ( à Leers, rue de la Papinerie ). L’entreprise était occupée auparavant par Gestetner. Les locaux ont dix ans d’existence et sont donc en bon état. Dominique fait construire un entrepôt de stockage sur place, juste à côté des bureaux.

Bardahl à Z.I. Roubaix Est ( document Nord Eclair 1990 )
Bardahl à Z.I. Roubaix Est ( document Nord Eclair 1990 )

Les produits Bardahl arrivent en citerne et sont stockés dans d’énormes cuves pour être ensuite conditionnés sur place : mise en bouteille, étiquetage, empaquetage. L’entreprise investit d’ailleurs sur une nouvelle machine de conditionnement des produits, qui va permettre de doubler la production.

L’année suivante, en 1991, Dominique Leplat et Evelyne Bardahl ( la fille d’Ole ) s’associent. La SADAPS Bardahl devient le producteur des produits pour toute l’Europe. Avec 60 commerciaux dont 5 en Allemagne et 5 en Belgique, Bardahl France exporte dans une grande partie des pays européens.

document Nord Eclair 1995

En 1995, Bardahl est certifié ISO 9001. Cette norme européenne de qualité accordée est encore un challenge pour Bardahl, spécialisé en lubrifiants et additifs pour carburants. C’est une grande satisfaction pour l’entreprise, annonce Dominique Leplat. Tout le personnel s’est impliqué pour obtenir ce label de qualité qui est un gage de sécurité pour nos clients mais également auprès de nos fournisseurs.

Certification ISO ( document Nord Eclair 1995 )
Intérieur entrepôt Z.I. Roubaix Est ( document Nord Eclair 1995 )

La marque Bardahl reste toujours le marque de référence pour les particuliers, les professionnels de l’automobile et les sportifs de haut niveau.

document Nord Eclair 1995

Le 1 Aout 2003,faute de place et de possibilités d’expansion l’usine Bardahl de la Zone Industrielle de Roubaix-Est déménage. L’usine de production est transférée à Tournai en Belgique. Ce site industriel mondial est le centre névralgique de la relance durable et inclusive de la marque, qui veut sans cesse progresser grâce à son implication dans l’innovation et la transition écologique.

En 2016 Bardahl devient partenaire officiel de l’écurie Sébastien Loeb Racing

Sébastien Loeb ( document Sadaps Bardahl )

Dominique Leplat décède en 2018. Sa fille Sonia Callens-Leplat reprend sa succession dans l’entreprise Sadaps Bardahl.

Témoignage de Sonia Callens-Leplat : Nous sommes aujourd’hui une source de production et de distribution pour plus de 40 pays. Nous développons et produisons nos propres formules. Nous sommes aussi un des seuls pôles qui détient une activité à la fois dans l’automobile, la moto et le vélo, le bricolage, le jardin, le nautisme et l’industrie. Nous fournissons les plus grands constructeurs automobiles Citroën, Renault, Volkswagen, Peugeot etc 

document L’Argus

De nos jours, SADAPS Bardahl Additives and lubricants , l’usine de production est toujours implantée à Tournai. Les bureaux de la maison mère Sadaps-Bardahl CORPORATION sont implantés à Marcq en Baroeul .

L’entreprise Bardahl France, créée en 1953 rue du chemin de fer est restée roubaisienne pendant 50 années.

document Sadaps Bardahl

Remerciements à Sonia Callens-Leplat ainsi qu’aux archives municipales.

IT Room (Information Technology Room)

En 1998, Alexis Lepoutre, issu d’une famille de l’industrie textile roubaisienne, sort diplômé de l’ENIC (Ecole nouvelle d’ingénieurs en communication), actuellement IMT Nord Europe (école nationale supérieure des Mines-Télécom) et part sur Paris où il travaille pendant 18 mois en tant que développeur.

Photo Alexis (Document internet)

Un an plus tard son frère Timothée obtient également son diplôme de la même école et, tous deux animés par la passion de l’informatique, du développement et des nouvelles technologies, décident de créer leur entreprise. C’est ainsi que nait l’entreprise IT Room à Roubaix. En effet Alexis a effectué un stage en Angleterre dans une école où il s’occupait de la salle multimédia (salle où il y avait les ordinateurs) et cette salle s’appelait l’ITRoom.

Sigle (Document site internet)

Dans un premier temps et pendant 1 an, d’avril 2000 à juin 2001, les deux frères travaillent dans un bureau (ancienne chambre) de 9 mètres carrés située dans une vieille maison de la rue du Vieil Abreuvoir. Alexis y réalise de la prestation de service en messagerie pour de grands groupes de la Vente par Correspondance pendant que son frère travaille en « développement open source ».

Photo actuelle du 21 bd Leclerc à Roubaix (Document Google Maps)

Puis l’entreprise déménage pour un local en entresol situé rue de l’Espérance en face du musée de la Piscine pour la période de juin 2001 à mai 2005. C’est là qu’un stagiaire les rejoint suivi par un puis 2 salariés. Ensuite la société part dans des bureaux situés au 21 boulevard du Général Leclerc de mai 2005 à janvier 2008.

A cette époque la société prend une dimension plus importante en achetant 2 appartements au 2ème et 3ème étage pour en faire des bureaux, au 49 boulevard Leclerc, au dessus du magasin Damart, pour la période allant de janvier 2008 à mars 2016. IT Room compte alors une vingtaine de salariés. C’est pendant cette période que la société compte un 3ème associé en la personne de Gauthier Leleu de la société IT Référencement.

Etablissement roubaisien à l’étage du magasin Damart extérieur et intérieur (Documents google maps et Alexis Lepoutre)

C’est en 2015 qu’une opportunité se présente d’acheter un terrain sur l’ancienne friche Gabert à Hem (voir sur notre site l’article précédemment édité et intitulé Teinturerie Gabert). Les deux frères gèrent le projet de A à Z et dessinent eux-mêmes les plans du futur immeuble avant de les faire valider par le constructeur.

Construction à Hem en 2015 et livraison en 2016 (Documents Alexis Lepoutre)

Ce nouvel établissement, sis 5 allée Gabert, face à l’ancien château de Jean Gabert, présente des avantages certains au niveau pratique : un intérieur adapté, un parking mais aussi un extérieur permettant l’installation d’une terrasse avec un barbecue ainsi que d’un terrain de pétanque. Le nouveau concept permet le développement d’un état d’esprit cher à Alexis : la proximité avec les collaborateurs.

Etablissement de Hem (Documents google maps)
Les équipes au travail et les bureaux (Documents site internet et famille Fontenay)

En effet même si certains d’entre eux travaillent chez des clients en prestation à plein temps le but est de maintenir une cohésion de l’ensemble. C’est ainsi que même pour ces derniers l’organisation fait qu’ils forment également une équipe chez un client déterminé. Ils sont toujours suivis et reçoivent régulièrement la visite de leurs dirigeants.

Il existe actuellement 3 entités sur place, ce qui représente une soixantaine de salariés au total : IT Room (développement technique informatique), IT Référencement (accompagnement pour la visibilité d’un site internet ou e-marketing) et IT BLM (administration système et réseaux).

Extension en 2020-2021 (Documents site internet)

Afin de pouvoir accueillir cette nouvelle entité, située à Marcq-en-Baroeul, dans les locaux de Hem une extension du site hémois est entamée en 2020 et finalisée à l’été 2021. A cette occasion 2 nouveaux associés arrivent dans la société, tous deux issus de BLM, à savoir Jean-François Bocourt et Christophe Bricault. C’est également à cette époque qu’un autre associé intègre la société : Valery Broyon qui était de la même promotion qu’Alexis à l’ENIC.

Conférence, formation, forum d’entreprise à l’IMT Nord Europe (Documents site internet)

Chez IT Room on se forme continuellement, que ce soit par l’entraide entre collègues, par le biais de sessions de mentoring ou la mise en place de formations. Ainsi, lors de conférences ou de formations, des mises à niveaux sont assurées à tous les collaborateurs dans un métier où les nouvelles technologies évoluent à grande vitesse.

IT Room se fait également représenter lors des forums d’entreprises dans les grandes écoles. La participation à des causes nationales telles que la lutte contre les violences faites aux femmes ou la journée nationale de la trisomie 21 font également partie de la culture d’entreprise.

Lutte contre les violences, trisomie 21 (Documents site internet)

Afin d’assurer la cohésion de l’ensemble des collaborateurs des repas ou autres moments de convivialité rassemblent régulièrement les différentes équipes au siège à Hem, ainsi que des challenges ping-pong et/ou pétanque, des séances de karaoké mais il existe également des sorties notamment au bowling et au stade de foot. L’important est de veiller au bien-être au travail et pour se faire il est indispensable d’instaurer des moments sympathiques et conviviaux y compris sur les lieux habituellement dévolus au travail. Il existe ainsi un potager bien entretenu dans le jardin de l’entreprise.

Moments de convivialité (Documents site internet et famille Fontenay)
Challenge pétanque/ping-pong (Documents site internet et famille Fontenay)
Terrasse et potager (Documents site internet et Alexis Lepoutre)

En 20 ans une petite société, née d’une passion commune de deux frères, a donc pris son essor et connu une croissance impressionnante tant en terme de nombre d’associés que de salariés tout en réussissant le pari de rester une entreprise familiale et proche de ses collaborateurs.

Dédié à Romain Fontenay

Remerciements à Alexis Lepoutre

ANTVERPIA ( suite )

Quand Emile Rosez décède prématurément en 1933 à l’âge de 70 ans, son épouse Julie et leur fils Elie restent dans l’immeuble de la rue Foch. Les bureaux restent au rez-de-chaussée et l’habitation est conservée aux étages supérieurs.

Le fils aîné, Octave, prend la Direction Générale de ANTVERPIA France Algérie, secondé par ses frères dans l’entreprise, prenant chacun des responsabilités dans les branches d’assurances : Abel s’occupe des contrats Incendie, André des contrats Assurance Vie et des rachats de contrats, ainsi que de l’accueil de la clientèle. Nestor gère l’administration et devient chef du personnel.

La plupart d’entre eux choisissent de résider dans des lieux différents, au 31, 31bis, 33 rue du Trichon, rue d’Inkerman et rue de l’Industrie, mais toujours à Roubaix.

document 1956 ( document collection privée )

En 1952, Julie Rosez décède dans ses appartements au siège rue Foch.. Octave Rosez souhaite alors transformer les étages supérieurs, et demande un permis de construire. L’architecte Leman 9 rue Daubenton est choisi pour réaliser les travaux. Au 1er étage on trouve le bureau du Directeur Octave et le service Incendie. Au 2ème étage l’appartement privé de Julie est transformé en bureaux et salles de réunion.

Bernard Fegueur entre dans l’entreprise en 1962 pour prendre la Direction France en prévision du remplacement prochain d’Octave Rosez prenant sa retraite.

buvard années 1960 ( document collection privée )

Chaque année, la direction organise une Assemblée Générale où tout le personnel est convié, et, en raison des résultats très satisfaisants, ANTVERPIA France est une des premières entreprises à proposer une participation aux bénéfices pour le personnel.

Témoignage de Charlyne, qui a débuté sa carrière à 16 ans, sous la bienveillance de André Rosez, comme assistante, puis secrétaire de Direction : « C’était une grande époque en effet, les patrons étaient très souvent proches de leurs employés, ils s’occupaient de la famille de ceux-ci en cas de difficultés passagères, et tout le monde oeuvrait pour la grandeur de l’entreprise. Il y avait de la reconnaissance en retour… »

le château Antverpia à Sint-Mariaburg à l’époque et de nos jours ( document T. Rosez et Google Maps )
Départ en bus pour Sint-Mariaburg en 1966 ( document T. Rosez )

Témoignage de Tanguy Rosez, arrière-petit-fils de Emile Rosez et petit-fils de André Rosez : « Je suis né et j’ai grandi avec Antverpia »

L’aventure familiale a duré 100 ans. En 1885, mon arrière grand-père Emile Rosez commence sa carrière dans les assurances Antverpia. En 1985 mon grand-père André Rosez à 82 ans, lâche définitivement prise, et Bernard Fegueur cesse son activité pour raisons de santé.

ANTVERPIA coule dans mes veines !

Je me souviens que petit, mon grand-père André Rosez me racontait souvent ses réunions, ses banquets lorsqu’il partait à Sint-Mariaburg, banlieue d’Anvers proche des quais portuaires, où s’érigeait le grand château, siège de la compagnie belge !

L’époque était fastueuse, le travail et le respect de chacun était mot d’ordre ! Mais on savait aussi gratifier les employés et les bons résultats comme il se devait ! … 

André Rosez décoré par son frère Octave Rosez ( document T. Rosez )

Avec le départ en retraite de Octave le fils aîné, chacun des frères Rosez va à son tour prendre la sienne entre 1965 et 1970.

André Rosez sera le dernier à partir en 1973 à l’âge de 70 ans et continuera à garder un œil bienveillant sur l’entreprise familiale, participant aux différentes réunions et banquets jusqu’au départ de son Directeur Bernard Fegeur. Il décède 20 ans plus tard, en 1993, à l’âge de 90 ans, alors dernier survivant de cette grande fratrie.

Publicité fin des années 1960 ( document collection privée )

Bernard Fegueur qui a pris la Direction vers 1965, devenu malade, démissionne en 1985.

C’est alors que repris par de jeunes affairistes au tempérament « moderne et ambitieux », ANTVERPIA France à Roubaix est métamorphosé en quelques années.

Document 1990 ( document collection privée )

Les nouveaux responsables d’Antverpia décident de céder l’immeuble du 4 rue Foch. Ils investissent alors dans différents immeubles et en particulier au 84 et au 2 boulevard Leclerc dont les « Paraboles »

Le 84 boulevard Leclerc ( document Google Maps )

S’ensuivent immédiatement et durant plusieurs années, investissements douteux, malversations et prises illégales d’intérêt de la part des nouveaux dirigeants… Les affaires partent aux tribunaux, et ANTVERPIA France s’éteint définitivement dans la douleur et le déshonneur, le 12 juin 2010.

La Compagnie d’Assurances ANTVERPIA France, fondée par le courage visionnaire d’un homme, Emile Rosez puis ses enfants, restera l’aventure d’un siècle prospère, et l’aventure d’une grande famille de Roubaix, unie et soudée, toujours proche de ses collaborateurs et de sa clientèle.

Tous les roubaisiens du vingtième siècle se souviennent des Assurances ANTVERPIA, de la famille Rosez, et de leur présence dans notre ville.

« L’assurance ne semble chère, que si l’on a la chance de ne point devoir y recourir un jour » Emile ROSEZ.

Remerciement à Tanguy Rosez et à Charlyne Dilullo, ainsi qu’aux archives municipales.

Journal de Roubaix (Suite)

Les ateliers et le point de vente en 1910 (Documents collection privée)

Anne-Marie Reboux-Hottiaux, épouse d’Alfred, est journaliste au Journal de Roubaix dès 1889. Elle reprend la direction du quotidien à la mort de son mari en 1908. En 1911, à l’Exposition Internationale du Nord de la France, le Journal de Roubaix occupe un stand, hors concours, en qualité de membre du jury.

Stand à l’exposition de 1911 (Document collection privée)

Si, durant l’occupation, pendant la première guerre, Mme Reboux-Hottiaux doit cesser l’activité les ateliers ayant été vidés de leurs machines neuves par l’occupant, elle la reprend dès le départ des allemands avec des moyens de fortune : composition à la main et presse à bras.

Les bureaux et les ateliers en 1914 avec leur matériel neuf puis vidés de leurs rotatives par l’occupant (Document SER et collection privée)
Photo de Mme Veuve Reboux-Hottiaux (Document SER)

Après-guerre, le Journal de Roubaix décide de concurrencer Le Grand Hebdomadaire Illustré, en faisant paraître, avant sa réapparition, Le Dimanche de Roubaix-Tourcoing, son nouvel hebdomadaire illustré, dès le 5 janvier 1919. Ces journaux hebdomadaires, présents jusqu’à la seconde guerre mondiale constituent une source remarquable de documentation sur l’entre-deux-guerres.

En-tête du Dimanche de Roubaix-Tourcoing et d’une enveloppe de l’hebdomadaire (Documents BNR et collection privée)

Dès 1920, prenant en compte le fait que près de 100.000 ouvriers belges passent chaque jour la frontière pour travailler dans l’industrie textile de Lille-Roubaix-Tourcoing, Anne-Marie Reboux procède à l’extension du Journal de Roubaix outre Quiévrain. L’édition belge est créée à Mouscron.

Elle fait également partie du comité de 27 membres sous le patronage duquel se trouve placée la première section de journalisme, placée sous la double tutelle des facultés libres de droit et des lettres, qui ouvre ses portes à Lille en 1924. C’est l’Eglise qui a choisi Lille pour l’ouverture de la première école de journalisme de la presse catholique.

En 1925, Mme Reboux sollicite un permis de démolir les écuries, magasins et bureaux, situés aux n°69 et 69 bis et de modifier le n°67 afin de construire une extension de l’immeuble sis au n°71. Dès lors la façade du journal de Roubaix s’étend du 65 au 71 de la Grande-Rue et l’immeuble comporte un hall public, une galerie d’exposition et une nouvelle façade.

Plans des aménagements conçus en 1925 (Documents archives municipales)
Photo de la nouvelle façade dans la 2ème partie des années 1920 (Document collection privée)

L’intérieur abrite derrière le Hall Public le bureau de la publicité, à gauche du Hall la galerie d’attente et à l’arrière la galerie d’exposition et à sa droite le bureau de comptabilité. Il existe une salle de rédaction et des bureaux au rez-de-chaussée et une salle de rédaction à l’étage. L’imprimerie quant à elle se trouve dans un bâtiment à l’arrière n’ayant pas façade sur le Grande-Rue et l’atelier des linotypes est refait en 1930. Enfin en 1936, c’est la maison située au n°73 qui sera rachetée par la société des journaux réunis, démolie et remplacée par un mur qui prolonge celui du n°71.

Plan de l’intérieur du bâtiment ayant façade sur la Grande-Rue au rez-de-chaussée et à l’étage en 1925 (Document archives municipales)

Journaliste engagée, Anne Marie Reboux- Hottiaux participe par ailleurs à nombre d’oeuvres de bienfaisance. Elle est faite Chevalier de la Légion d’Honneur en 1923 et recevra de nombreuses autres distinctions jusqu’à sa mort en décembre 1934, date à laquelle elle était encore propriétaire et directrice du Quotidien lancé par son mari.

A la tête du journal elle ne s’est pas contentée de continuer l’oeuvre de celui-ci mais a donc contribué à son extension n’hésitant pas à démarcher les clients de ses concurrents comme on le constate dans un courrier de 1926 et multipliant les publicités pour son quotidien comme son hebdomadaire avec un calendrier édité en 1933.

Lettre de démarchage du client d’un concurrent en 1926 (Document collection privée)
Calendrier publicitaire de 1933 (Document collection privée)

Dans le Grand Almanach Illustré du Journal de Roubaix, sont également multipliées les publicités pour le quotidien au travers d’articles très divers contribuant à son évocation. On peut entre autres citer un article sur Adolphe Verdonck, aveugle de naissance, qui tient un kiosque sur la Grand Place de Wattrelos où il vend le Journal de Roubaix, la chienne qui fume qui allait livrer le quotidien pour son maître Jean Dirick, marchand de journaux, ou encore cinquante exemplaires du journal livrés aux abonnés de Casablanca par Robert Dumont, un jeune aviateur roubaisien.

Adolphe à son kiosque (Document Grand Almanach Illustré du Journal de Roubaix) La chienne qui fume (Document Grand Almanach Illustré du Journal de Roubaix) Livraison au Maroc par une jeune aviateur roubaisien (Document Grand Almanach Illustré du Journal de Roubaix)
Maurice Vanhove lisant le journal de Roubaix à Bizerte en Tunisie en 1929 pendant son service militaire (Document Patrick Vanhove)

En janvier 1928, Anne-Marie Reboux a la douleur, après avoir perdu sa fille, de perdre subitement son fils Jean, rédacteur en chef du journal qu’il l’aidait à diriger. Ses obsèques ont lieu en l’église Saint-Martin sur la Grand Place de Roubaix et font l’objet d’une première page dans le Dimanche de Roubaix-Tourcoing du même mois.

Le char funèbre portant les couronnes est entouré d’une foule, famille, personnel du Journal de Roubaix et diverses personnalités, venue rendre hommage au défunt et de multiples discours sont prononcés par des personnes publiques telles qu’Eugène Motte, ancien député maire de Roubaix.

Le char funèbre (Document Le Dimanche de Roubaix-Tourcoing)
Le personnel du journal, la famille, le discours d’Eugène Motte (Document Le Dimanche de Roubaix-Tourcoing)

Après la mort de Mme Veuve Reboux en 1934, c’est son petit-fils Jacques Demey, fils de sa défunte fille, qui reprend la direction du quotidien. Le journal de Roubaix est alors domicilié d’après le Ravet-Anceau de 1937 du n°63 au n° 71 de la Grand-rue.

Mais en 1940, après l’invasion de l’armée allemande les quotidiens de la région lilloise laissent la place mi-Mai à un organe unique de 4 pages intitulé La Croix- La Dépêche- Grand Echo- Le Réveil- Journal de Roubaix, imprimé sur les presses du Grand Echo.

Le quotidien de la famille Reboux ne ressuscite qu’en janvier 1941, après que son directeur Jacques Demey, de retour dans le Nord, obtient la caution morale du cardinal Liénart, soucieux de la présence d’un journal catholique pour la population du département. L’année suivante le Journal de Roubaix atteint un tirage de 90.000 exemplaires et sa direction travaille déjà à la préparation d’un nouveau quotidien.

Lettre de Jacques Demey à la société des journaux réunis en novembre 1943 (Document la Presse du Nord et du Pas de Calais au temps de l’Echo du Nord)

En 1944, la direction politique des quotidiens lillois, sur décision de l’occupant, est confiée à des journalistes débarqués de Paris. C’est M.Tulliez qui est affecté au Journal de Roubaix mais en fait, comme les autres directeurs en place, il est confiné à un simple rôle d’administrateur. Dès le mois d’août, les allemands écartent définitivement les 3 directeurs lillois et nomment leurs hommes liges commissaires à l’information.

A la libération, ce sont les démocrates chrétiens qui récupèrent Le Journal de Roubaix en la personne de Jean Catrice. Un nouveau titre est recherché et l’accord se fait sur Nord-Eclair qui sera géré par la nouvelle équipe qui l’a préparé et ne risque donc pas d’être accusée de compromission avec l’ennemi, n’ayant rien publié sous l’occupation.

A suivre dans un prochain article intitulé « Nord-Eclair ».

Remerciements aux Archives Municipales de Roubaix

Journal de Roubaix

Au début du dix-neuvième siècle, la ville de Roubaix compte 16.000 habitants. C’est un pharmacien, Hippolyte Beghin qui, ayant obtenu son brevet d’imprimeur en 1829, lance le premier périodique imprimé à Roubaix, un bi-hebdomadaire nommé « La feuille de Roubaix », qu’il imprime sur une presse à bras installée dans la librairie de sa femme.

Le feuille de Roubaix Août 1829 (Document la Presse du Nord et du Pas de Calais au temps de l’Echo du Nord)

Un an plus tard, la feuille de Roubaix devient le « Narrateur Roubaisien ». Au décès d’Hippolyte en 1851, sa veuve Hyacinthe Defrenne reçoit son brevet en succession et continue son activité d’imprimeur parallèlement à son activité initiale de libraire spécialisée en livres de piété. L’activité de l’entreprise cesse en 1875.

Carte publicitaire de la librairie Béghin au milieu du 19ème siècle (Document collection privée)

Pendant ce temps à Lille, Jean-Baptiste Reboux Leroy a lancé en 1824 le Journal du département du Nord, journal royaliste légitimiste, vite concurrencé, avec succès, par l’Echo du Nord. En 1831, il lance donc la Boussole, journal royaliste également mais ce journal subit une lourde condamnation dès l’année suivante, Jean-Baptiste et Charles, son fils journaliste, subissant une peine d’emprisonnement pour délit politique. Leur journal ne s’en relève pas et disparaît dès 1833.

Dès lors il renonce à la politique, ce qui lui permet de conserver deux presses. Ses deux autres fils, Jean-Baptiste et Edouard, lui succèdent à la tête de son journal à son décès en 1843. Ils fondent ensuite le journal la Liberté, journal catholique, jusqu’à ce que le premier laisse l’imprimerie paternelle au second. Ce journal, en opposition au pouvoir impérial, subit également des condamnations avant de disparaître au profit de la Vérité qui paraitra jusqu’en 1857.

Jean Reboux (Document Nord-Eclair)

Entretemps Jean-Baptiste fils (qui se fait appeler Jean pour éviter la confusion avec son père) s’est installé à Roubaix en tant que lithographe, rue Saint Georges au 16 bis avant de reprendre la librairie de Gaspard Burlinchon au 1 rue du Vieil Abreuvoir après avoir obtenu son brevet de libraire. Puis il prend en 1846 la succession de son beau-frère Charles Hennion, imprimeur lithographe à Roubaix, époux de sa sœur Mathilde, « par suite d’arrangements de famille », ayant obtenu son brevet d’imprimeur, avec plus de difficultés le préfet rechignant à le lui délivrer afin de ne pas précipiter la ruine de l’imprimerie Béghin.

Cartes publicitaires de J Reboux rue Saint-Georges, de la librairie Burlinchon et de Charles Hennion (Documents collection privée et dictionnaire des imprimeurs et lithographes du 19ème siècle)

Enfin en 1856, après plusieurs années de démarches, Jean-Baptiste Reboux, obtient l’autorisation de publier un journal non politique : le Journal de Roubaix, moniteur industriel et commercial du département du Nord. Il installe d’abord son journal au n° 20 rue Neuve. Comme les premiers journaux roubaisiens il s’agit plutôt d’une feuille d’annonces qui s’adresse à une clientèle particulière d’industriels, de négociants, de commerçants et d’agriculteurs.

En-tête du 1er numéro du journal de Roubaix en 1856 (Document BNR)

D’abord bi-hebdomadaire, ce journal ne devient quotidien qu’en 1865, et il se situe alors au 56 Grande- Rue. Organe conservateur et catholique, il est poursuivi à plusieurs reprises par l’administration impériale, notamment en 1867 pour avoir imprimé, sans déclaration préalable des dépêches télégraphiques, donnant des nouvelles politiques, qui ont été affichées dans la vitrine de son magasin mais aussi vendues par colportage par des enfants dans des cafés et estaminets de la ville.

En-tête du quotidien en 1865 (Document BNR)

Le journal de Roubaix ne va réellement connaître un développement important qu’à l’arrivée à l’âge de 18 ans du fils de son fondateur, Alfred Reboux, comme journaliste, lequel succède à son père en 1872, trois ans avant l’installation du journal au n°1 rue Nain. Ce n’est qu’à la fin du siècle, en 1898, qu’Alfred Reboux installe son quotidien dans les locaux qui seront les siens jusqu’à la fin, au 71 de la Grande Rue à Roubaix. Quant au 56 Grande Rue, l’immeuble est dès lors occupé par le journal catholique lillois La Croix du Nord.

La Croix du Nord 56 Grande Rue (Document collection privée)

Alfred Reboux a racheté la propriété appartenant à Jean Lefebvre-Soyer composée d’une grande demeure, d’une maison de concierge, d’une écurie, d’une remise, d’une buanderie, de serres et de bureaux. Sur le cadastre la propriété couvre les parcelles 613 à 615 en 1884. Jean Lefebvre, grand officier de la légion d’honneur, époux d’Hermance Soyer, était l’associé d’Amédée Prouvost. La surface et la splendeur des nouveaux locaux en disent long sur la stature acquise par le quotidien sous la direction d’Alfred, propriété de la Société des Journaux Réunis.

Cadastre de 1884 (Document archives municipales)

Photo de Jean Lefebvre-Soyer (Document Thierry Prouvost la lignée des Lefebvre)

Tout en gardant un fort contenu économique : cotations en bourse, tarifications de la laine et du coton, le journal acquiert également un contenu de politique générale et internationale. La chronique locale y prend aussi de l’importance en instituant des correspondants dans toutes les communes aux alentours de Roubaix et jusqu’en Belgique. Au début du vingtième siècle, tout comme l’Echo du Nord Lillois, le Journal de Roubaix publie une série de 10 cartes postales présentant ses locaux.

Photo d’Alfred Reboux ( Document un siècle de presse roubaisienne de la médiathèque de Roubaix)
Hôtel du Journal de Roubaix (Documents collection privée)

Les différentes étapes de l’édition d’un journal à l’époque y apparaissent : l’alimentation du journal en informations au moyen du téléphone et du télégramme, la rédaction des articles et leur passage à la composition où les linotypes composent les textes, leur assemblage au marbre pour les disposer dans une forme constituant une page de journal, le passage à la clicherie puis la dernière opération : l’impression par les rotatives et la découpe en feuilles et enfin le départ par la salle des expéditions où après avoir été mis en paquets ils sont livrés aux vendeurs ou déposés à la gare, à l’aide de camions floqués à son enseigne.

Différents ateliers et salle de rédaction (Documents collection privée)
Le camion du journal de Roubaix (Documents collection privée)

Le journal, comme son propriétaire est catholique et défend les intérêts de l’église. Il lutte contre la laïcité et proteste contre la laïcisation de l’enseignement, l’expulsion des congrégations religieuses et la loi de séparation de l’église et de l’Etat. C’est un grand quotidien de province et un groupe de presse inventif et tourné vers les techniques innovantes.

Très rapidement le Journal de Roubaix entre dans la vie des habitants de Roubaix et environs : les vendeurs les livrent à l’aide de « carettes à quiens » (charettes à chiens), les enfants en font des déguisements, les pères et mères de familles et les soldats le lisent.

Les lecteurs du Journal de Roubaix (Documents collection privée)

A suivre…

Remerciements aux Archives Municipales de Roubaix