Joanny Dufour Marsy est un industriel. Le siège de l’entreprise Dufour est basé chez lui, au 30 rue du Château. La société fabrique des courroies en cuir pour machines-outils, dans son usine de Charenton, dans la région parisienne. Les affaires sont florissantes, au début des années 1900, grâce à l’industrie textile roubaisienne. Il fait l’acquisition d’un terrain, avenue des Villas (aujourd’hui, le 45 avenue Gustave Delory), en 1910, pour y construire une maison individuelle. Il s’agit d’une grande avenue où les industriels commencent à faire bâtir de somptueuses villas. J. Dufour préfère une habitation plus modeste que les hôtels particuliers de l’avenue ; il fait appel à l’architecte Albert Bouvy, pour créer une maison à colombages : un chalet coquet et plein de charme.
L’habitation est confortable : au rez de chaussée, on trouve un vestibule, une cuisine, une petite salle et un grand séjour de 38m2 qui donne sur une terrasse extérieure. Au 1er étage, il y a 4 chambres, le second étage est composé de 2 chambres et un grenier.
Le terrain est immense, en forme de L sur 3387 m2. J. Dufour est passionné d’horticulture et y fait donc planter des arbres, des arbustes et surtout des rosiers. Sa demeure devient « La Roseraie ».
A la fin des années 1920, Marcel Delvas, négociant en laines, son épouse Thérèse et leurs deux filles : Colette et Jacqueline habitent les lieux.
Au milieu des années 1930, le nouveau propriétaire est Robert Delcourt. Il dirige un négoce de vins et spiritueux : L’Économie, rue Jules Guesde. Robert est marié avec Monique Pollet : la fille de Charles Pollet, un des frères fondateurs de La Redoute. Avec leurs enfants, ils vont habiter La Roseraie pendant de longues années.
Robert aménage un garage pour deux voitures dans le fond du jardin et construit un puits décoratif devant la maison. La famille apprécie les charmes de ce pavillon dans un parc verdoyant et magnifique.
Robert décède en 1988. Son épouse Monique a bien du mal à gérer seule cette grande propriété. Avec les années, la Roseraie s’est dégradée : pannes de chaudière, fuites à la toiture, humidité dans les murs, décoration à refaire. En 1989, les travaux de rénovation deviennent trop importants ; Monique et ses enfants décident de céder la propriété à un promoteur immobilier, la société Palm Promotion. Cette filiale du groupe Rabot Dutilleul, confie le dossier à l’architecte Jacques Lapchin et propose d’édifier sur le terrain un lotissement de maisons et d’appartements, en locatif, à caractère social. Ce choix entraîne inévitablement l’abattage de très nombreux arbres centenaires.
Les riverains réagissent ; une quarantaine de familles se mobilisent pour défendre l’environnement et leur cadre de vie. Une association : Delory–Lafargue-Anatole France, est créée ; des pétitions sont signées et adressées à M. le Maire.
André Diligent et ses adjoints, Jacques Lamaire et René Vandierendonck, apportent quelques légères modifications au projet de Palm Promotion, mais le permis de construire est signé.
Il n’est pas toujours facile de trouver un accord entre nature, écologie, esthétique et une nécessaire mixité sociale.
En Octobre 1964, un couple de touristes visite Roubaix. Après avoir contemplé le majestueux hôtel de ville, ils traversent la Grande Place, pour admirer l’église Saint Martin. Soudain, leur regard est attiré par un animal sur le toit ! Un singe se promène tout en haut du vénérable édifice. Il suffit que quelqu’un lève les yeux vers le ciel, pour qu’aussitôt, nombre de badauds en fassent autant. Le petit groupe de curieux se met à grossir ; une centaine de personnes se trouve maintenant sur la place et le contour de l’église.
Le sacristain, M. Fichelle, mécontent que l’on vienne squatter le toit de son église, décide de faire sonner les cloches du carillon, pour tenter de chasser le petit animal ; en vain car le primate continue sa promenade, nullement intimidé.
Mais que fait donc ce singe sur les toits de l’église ? s’interroge le journaliste de Nord Eclair. Après enquête, il s’agit d’une petite guenon appelée « Nénette », qui s’est sauvée du commerce Truffaut de la Grande rue, et qui a bien l’intention de profiter de sa liberté quelques temps.
Nénette devient, au bout de 3 jours, le chouchou des roubaisiens. On jette, sur le toit peu élevé, des bananes, des pommes, des cacahuètes, et même des frites pour la nourrir. Nénette se plaît ainsi dans sa nouvelle retraite. Les enfants sont ravis de la voir escalader le clocher, en imaginant King Kong en haut de l’Empire State Building !
Comment faire pour récupérer le primate ? On installe une cage piégée : peine perdue car Nénette l’évite avec une aisance déconcertante et invraisemblable. Ne dit-on pas »malin comme un singe » ! On dépose des fruits farcis de somnifère : en vain, car cela est également inefficace ; son instinct lui fait rejeter les produits contaminés. Un roubaisien, M. Steux, propose d’amener son singe mâle, qui pourrait séduire Nénette, et la faire sortir de sa réserve. Peine perdue, Nénette grogne et s’enfuit rapidement.
Cela fait maintenant une semaine que Nénette apprécie sa liberté, et continue son escapade. Elle devient une véritable vedette, et pourtant il est impossible de l’approcher, et très difficile de la photographier ou de la filmer. Les caméras de télévision se déplacent, devant l’église, dans le dessein de filmer le petit animal, sans résultat probant. Notre guenon doit être hostile aux médias !
Le 11° jour, Nénette n’apparaît pas. La LPA s’inquiète. Elle est peut-être malade. Tous les roubaisiens se mobilisent. Il faut absolument capturer en douceur la guenon, saine et sauve et en parfaite santé.
Le 13° jour, Nénette apparaît de nouveau. On installe une nouvelle cage piégée, et cette fois-ci, Nénette cède à la tentation des oranges fraîches, et clac ! elle se fait prendre dans la cage. Le piège s’est refermé. C’en est fini, de la liberté. La petite guenon est examinée par un vétérinaire qui la trouve en pleine forme ; elle est ensuite rendue à son propriétaire mais celui-ci n’a pas la possibilité d’en assurer la garde, ce qui l’avait amené, d’ailleurs, à vendre l’animal par l’entremise d’un commerçant roubaisien. Quelques jours après, la LPA décide donc de vendre Nénette aux enchères.
A la salle des ventes de la rue du Collège, une foule immense se presse, pour voir notre Nénette qui est adjugée pour la somme incroyable de 1800 F. La guenon partira au zoo de Bagatelle, de M et Mme Parent, à Merlimont. Nénette va revenir à Roubaix, pour quelques jours mi-Décembre, car elle est prêtée au magasin Bossu Cuvelier de la Grande rue, pour les fêtes de Noël. Confortablement installée au rayon jouets, elle accueille tous les enfants sages. Elle repartira ensuite au zoo de Bagatelle, privée de liberté, certes, mais elle pourra profiter d’une fin de vie plus sereine.
Remerciements aux Archives Municipales et à Daniel Labbé. Tous les documents proviennent des quotidiens de la presse locale d’Octobre et Novembre 1964.
Dans les années 1930, le commissariat principal se trouve dans les locaux de la Mairie. Le commissaire divisionnaire, M. Mulot, dirige tout le personnel; il est également responsable des 5 postes de Police de quartiers. Après la libération, le commissariat principal déménage au 36 rue Pellart, ( aujourd’hui le 301 avenue des Nations Unies ).
C’est un hôtel particulier, construit vers 1868, pour Amédée Prouvost, gros industriel dans le domaine du textile, fondateur du Peignage Amédée, dont les descendants créeront la Lainière de Roubaix. En 1902, le bâtiment est repris par A. Lepoutre, également industriel dans le textile. Son usine est située juste en face, de l’autre côté de la rue. En 1940, l’hôtel, vide, est loué aux sergents de ville, et devient en 1945 : « le Commissariat Central de Police ». Honoré Dieu en est le commissaire divisionnaire et le restera jusqu’à la fin des années 1950.
Cet hôtel particulier a été construit entre cour et jardin. Depuis la rue, on ne voit que la conciergerie et la porte cochère, qui permet d’accéder à la cour intérieure. La façade extérieure ne laisse pas deviner le prestige du bâtiment principal, dans la cour centrale.
Au rez de chaussée, le grand hall crée une séparation entre toutes les pièces donnant sur la cour et sur le jardin. On y trouve le bureau du commissaire, qui était la salle de réception de la famille Lepoutre. Le secrétariat est disposé dans la pièce voisine, qui était la salle à manger.
L’escalier principal en marbre est magnifique; il mène à l’étage où se trouvent les bureaux des officiers et des inspecteurs. Autrefois, ces pièces étaient les chambres à coucher; le couloir ressemble à celui du rez de chaussée, mais plus sobre, car l’étage n’était pas destiné à accueillir des convives. Au sous sol, des cellules de détention sont aménagées ( une grande salle et 5 cellules individuelles ).Le 2° étage, surnommé »Le Pigeonnier », abrite les archives et le service des « stups ».
A la conciergerie, un planton, chef de poste, est à l’entrée et filtre les arrivées. Au rez de chaussée, Jules est responsable du « foyer ». C’est un endroit convivial, un lieu d’échange réservé aux policiers, pour leur pause. Un distributeur de café est à leur disposition. Tous les bénéfices du foyer sont destinés aux œuvres sociales de la police. Trois bureaux de la sûreté sont à l’étage. Les véhicules de police sont garés dans la cour pavée intérieure.
A la fin des années 1960, le commissaire divisionnaire est André Dierickx. Il est également responsable des 5 postes de police de quartiers qui se situent :
– rue St Vincent de Paul ( à deux pas de la rue de l’Alma )
– 8 rue des Fossés ( Place de l’église Ste Elisabeth )
– 14 place du Travail
– 297 Grande rue ( Place Chaptal )
– 37 rue du Général Sarrail
Dans les années 1960, le développement de la population, dû au baby-boom, nécessite bien évidemment des policiers supplémentaires. Ils sont environ 200 au Commissariat Central, dont 70 en permanence ( au bureau et sur le terrain ), car le commissariat est ouvert non stop 24h/24.
Le commissariat se développe encore dans les années 1970. Les commerçants de la rue Pellart et de la rue Pauvrée commencent à se plaindre des stationnements des véhicules de police, et également des véhicules du personnel : cela empêche les roubaisiens de se garer, pour effectuer leurs achats. La toiture du bâtiment principal fuit ; le service des « stups » déménage au poste de police de la rue Saint Vincent, où 9 bureaux sont disponibles. Un manque de place évident se fait sentir. Le commissaire trouve un accord avec le voisin, au 34 rue Pellart, pour y aménager des locaux d’accueil du public, plus sécurisés, ainsi que le service des policiers en tenue et le chef de la sûreté générale. En 1980, le Commissaire principal Lucien Ripoll envisage une réfection de façade du 34. Il est temps de songer à trouver des locaux mieux adaptés.
Le Ministère de l’Intérieur décide la construction du nouveau commissariat sur un terrain vierge, au 72 Boulevard de Belfort, à côté de la Bourse du Travail. Le déménagement a lieu, au début des années 1990, dans des locaux neufs, plus vastes, plus modernes et plus fonctionnels.
De 1990 à 1993, le 36 rue Pellart est utilisé comme annexe du Lycée Saint Martin ( actuellement rue de Lille ). A partir de 1993, des associations s’y installent : Radio Boomerang, puis l’ARA ( Autour des Rythmes Actuels ) qui est toujours présent aujourd’hui.
En 2003, l’édifice est menacé de démolition, avec le projet du Géant Casino. Fort heureusement, le bâtiment a été classé Monument Historique. La rénovation est faite de 2002 à 2005 ; les locaux sont réhabilités pour répondre aux besoins des activités musicales de l’ARA ( insonorisation des salles, création d’un studio d’enregistrement, mini salle de concert … ).
Remerciements aux Archives Municipales, à l’ARA, ainsi qu’à Eric Eudes, Franck Bauwens et Luc Watteau
André Lauras est né en 1897. Dans les années 1920, il est conducteur de travaux dans une entreprise de bâtiment. Pour arrondir des fins de mois difficiles, il met en vente, à son domicile rue de l’Alouette, des boites de poudre de maquillage de chez Coryse Salomé. Cela fonctionne plutôt bien et il passe des commandes régulières à son fournisseur. Maurice Blanchet, le directeur de Coryse, est informé de son action. Intrigué et curieux, il contacte André Lauras pour faire sa connaissance. Maurice apprécie ses qualités d’homme et lui propose de vendre les produits Coryse Salomé, non plus chez lui, mais dans un point de vente, dont l’emplacement est à trouver.
André accepte la proposition et trouve un local, au 17 rue Pierre Motte. C’est un estaminet tenu par L. Matisse. Très peu de temps après, il négocie la reprise du commerce voisin, au 19, un débitant de tabac, F. Lefebvre Lecomte. L’affaire est conclue. Il démarre les travaux d’aménagement des deux magasins et l’inauguration a lieu en 1932. Le 17 rue Pierre Motte devient la parfumerie Coryse Salomé et le 19 se transforme en commerce d’articles de bijouterie fantaisie.
André Lauras a un sens inné du commerce. Sur la photo ci-dessus, on remarque une grande pancarte publicitaire, à la fois sur les deux façades des magasins mais également sur la porte cochère d’à côté ; il est en effet de bon contact, fin négociateur et a réussi à convaincre son voisin de pouvoir placer son panneau en partie chez lui.
André est marié à Yvonne. Tous deux vont bénéficier d’une formation importante des produits, par leur fournisseur Coryse Salomé. Le concept est de proposer à la clientèle des produits en vrac : les eaux de Cologne et les parfums sont vendus dans des flacons consignés, ce qui permet de diminuer le prix de vente de façon significative. Les prix sont donc très compétitifs par rapport aux parfumeries traditionnelles ( 50 % de remise, en moyenne ). Cette formule de vente s’adresse à tous types de clients mais elle est particulièrement intéressante pour la clientèle ouvrière de la ville. Les gens se déplacent de très loin pour profiter des prix imbattables. André n’hésite pas à installer une table sur le trottoir, où une vendeuse est à disposition, pour les conseils et la vente des parfums et eaux de Cologne, quand les conditions météorologiques le permettent. Le succès est immédiat.
Pour la bonne conservation, les eaux de toilettes et parfums sont stockés dans des « Balarues », sorte de bocaux en verre, parfois très grands ( jusqu’à 50 cm de hauteur ) que l’on peut trouver également dans certaines herboristeries. La fermeture de ce récipient est particulièrement étanche et hermétique, ce qui permet de prolonger indéfiniment la durée de vie des parfums.
L’enseigne fabrique et distribue également des produits cosmétiques en vrac : poudre de maquillage, poudre de riz, crème de soins, rouge à lèvres, fard à paupière, brillantine, dentifrice, savon, ainsi que des accessoires : vaporisateur, houppette, houppe de cygne, etc
André et Yvonne ont eu 4 enfants. Trois d’entre eux, les aident au commerce :
– Roger poursuit ses études de bijouterie-joaillerie à Paris. Une fois, son diplôme obtenu, il revient à Roubaix. En 1945, André lui propose alors un coin du magasin, pour travailler sur des bijoux qu’il propose à façon, à la clientèle, c’est à dire qu’il crée des bijoux à la demande ; la bague ou le bracelet devient alors une pièce unique et exclusive. Le succès de cette activité de bijouterie-joaillerie est tel qu’André décide de lui consacrer entièrement le 19 de la rue Pierre Motte ; le commerce devient : la bijouterie Lauras.
– Jean reçoit une formation de bijoutier de son frère Roger, et prend la responsabilité d’un magasin identique au 34 rue St Jacques à Tourcoing.
– Denise aide à la vente à la parfumerie, à Roubaix.
La petite entreprise familiale se développe, car bientôt un nouveau magasin ouvre à Amiens, rue des Trois Cailloux.
Yvonne, l’épouse d’André, aide bien sûr son mari à la gestion des deux magasins et à la vente de détail à la parfumerie ainsi qu’à la bijouterie ; elle devient en effet spécialiste de la création et de la réparation de colliers de perles de culture.
André Lauras crée sa marque de bijouterie « SIGMA ». Passionné de communication, il diffuse, auprès de sa clientèle, la « Sigma Revue » : une lettre d’information et de conseils sur des articles de bijouterie (c’est une »newsletter » avant l’heure).
En 1950, André fait modifier la façade des 2 magasins, par un architecte parisien. Les travaux sont réalisés par l’entreprise Delfosse au 39 rue de Crouy. Il profite de ces travaux pour ouvrir une porte intérieure qui relie les deux magasins. Il communique par des publicités communes aux deux points de vente.
Au milieu des années 1950, Denise, après un stage de formation intense d’un mois, au siège Coryse Salomé, dans la région parisienne, devient esthéticienne. André modifie alors, en 1964, l’intérieur de la parfumerie et installe deux cabines de soins esthétiques pour développer ses ventes et son chiffre d’affaire. Denise habite désormais au premier étage.
Le commerce a une activité constante toute l’année, mais il y a bien sûr des périodes de forte affluence, comme la fête des mères, les fêtes de Noël et de fin d’année. Et puis, il y a le 1er Mai ! date particulièrement importante pour la parfumerie. En effet, l’ensemble du personnel ( 7 personnes) conditionne manuellement des petits flacons de parfum de muguet, avec un brin de muguet en tissu, fixé sur le dessus. Les quantités vendues sont impressionnantes, car de nombreux chefs d’entreprise viennent se fournir, pour offrir ce cadeau sympathique à leurs salariés, à l’occasion de la fête du travail. Denise ne compte pas ses heures de travail, pour la plus grande satisfaction de la clientèle.
Les affaires sont florissantes et, en 1972, Roger Lauras fait modifier la façade de la bijouterie. L’entreprise Decora de Lambersart est choisie pour les travaux.
Sylvie, la fille de Denise, part à Paris au siège de l’entreprise Coryse Salomé, pour un mois de formation. A son retour, elle aide à la tenue et à la gestion du commerce. Francis, le fils de Roger, reprend la bijouterie en 1985. Roger aide son fils à ses débuts, puis prend sa retraite à la fin des années 1980.
L’entreprise Coryse Salomé à Paris connaît quelques problèmes financiers au milieu des années 1990. Denise est inquiète car les commandes sont livrées incomplètes et elle n’arrive pas à satisfaire la clientèle. Elle décide donc de prendre sa retraite, et de fermer définitivement le magasin en 1997. Vont se succéder alors au 17 rue Pierre Motte : un commerce de développement rapide de photographie, puis deux sandwicheries, sans grand succès.
A la bijouterie, Francis et son épouse Catherine, prendront une retraite bien méritée l’année prochaine ; le commerce sera cédé fin 2020.
Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’aux membres de la famille : Denise, Sylvie et Francis, pour leur témoignage et leur documentation.
Robert Lecocq naît le 21 Avril 1932. Il apprend le métier de boucher charcutier traiteur, mais c’est surtout l’activité de traiteur qui le passionne : la création de plats, de mets succulents et de desserts pour le plaisir des clients.
A la fin des années 1960, il installe ses bureaux au 111 rue du Luxembourg à Roubaix et ouvre un magasin de traiteur, au 189 Boulevard Gambetta à Tourcoing. C’est une artère importante qui relie les deux villes, ce qui lui permet de faire venir les clients de Roubaix Tourcoing, mais également des petites villes voisines. Car les particuliers viennent de loin pour commander chez Robert Lecocq. Sa réputation et sa notoriété sont désormais acquises.
Robert Lecocq livre à domicile, que ce soit pour les particuliers ( noces, mariages et banquets ), ou pour les entreprises ( repas d’affaires ).
Il est ambitieux et son souhait le plus cher est de pouvoir mettre une salle de réception à disposition de sa clientèle. L’occasion se présente en 1979, lorsqu’il rencontre Mme Maes qui possède le 31 rue Paul Lafargue. C’est un hôtel particulier construit en 1928 par l’industriel André Carissimo. Cette maison de maître de 265 m2 de surface au sol (la façade fait 19m de long sur plus de 14m de large) possède deux étages. Le terrain de 3360 m2 donne sur l’avenue Gustave Delory et la demeure est inoccupée depuis 1976. Un bail de location est signé.
Robert Lecocq s’installe dans ces locaux et crée l’enseigne « Les Hauts de Barbieux ». Il installe la cuisine, le laboratoire et la chambre froide au sous sol et aménage deux salles de réception au rez de chaussée : La Chaudrée et la Fontaine. Il fait ouvrir le mur de clôture, avenue Gustave Delory, pour la création d’une porte cochère, afin de faciliter le passage des véhicules de livraison.
Il a donc désormais plusieurs activités : traiteur et livraison à domicile, salle de réception pour les week-end, et restaurant pour le reste de la semaine. Le succès est immédiat et le restaurant se trouve déjà à l’étroit. Au début des années 1980, Robert fait donc construire une véranda sur les 19m de façade, côté jardin : la salle principale est maintenant immense, magnifique et très lumineuse.
Robert Lecocq devient le spécialiste incontesté de la cuisine pour les plus fins gourmets et les plus grands gourmands. Les créations sont toujours uniques, délicates et savoureuses, car tous les plats sont faits maison à partir de produits frais. Robert est très exigeant, voire même intransigeant auprès de son personnel sur la qualité.
En 1986, Robert Lecocq prévoit l’extension et l’agrandissement de ses locaux techniques, avec l’accord de la propriétaire Mme Maes, mais en 1988, il renonce à effectuer les travaux, car il a d’autres projets : la création de salles de réception, dans des lieux historiques et prestigieux . . .
En 1989, Robert Lecocq signe un accord avec la ville de Mons en Baroeul, pour la location du Fort de Mons. C’est dans cet édifice du XIX° siècle, avec une architecture remarquable, niché dans la verdure, que Robert aménage des salles de réception et un restaurant dans de magnifiques salles voûtées.
Fin 1990, Robert tombe malade et arrête son activité professionnelle pour pouvoir se soigner. Son épouse Chantal et leurs trois fils François, Emmanuel et Alexandre reprennent le flambeau, continuent l’activité et développent l’entreprise de façon très importante et rapide, car ils fourmillent d’idées originales.
En 1991, la famille Lecocq décide d’aménager des cuisines et un laboratoire, dans un nouveau local rue Émile Moreau, car cet emplacement se trouve à proximité de l’église Notre Dame, futur nouvel espace de réception.
La mairie de Roubaix signe une concession, en 1992, pour la location de cette ancienne église qui date du XVIII° siècle, désacralisée en 1983. Les travaux de rénovation sont immenses, car cet ancien lieu de culte inoccupé depuis 10 ans, a servi de stockage pour la municipalité, et se trouve en mauvais état.
L’espace Gobelins est né. C’est un lieu magique, majestueux, étonnant avec ses larges colonnes et sa voûte à 20m de hauteur. La salle est immense, puisqu’elle peut recevoir 350 personnes pour un dîner ou 1500 personnes pour un cocktail. C’est un écrin idéal pour les réceptions ; la clientèle est ravie.
En 1997, la famille Lecocq reprend le restaurant « La Terrasse des Remparts » à Lille ( auparavant tenu par le chef étoilé Bardot ), qui se trouve dans l’enceinte même de la Porte de Gand : site historique classé, construit en 1620. La décoration est originale et marie audacieusement le moderne et l’ancien, avec succès. Le restaurant a une capacité de 110 couverts, et emploie 15 personnes.
En 2002, le groupe Lecocq ajoute un nouveau projet et, cette fois-ci, se lance dans la création, en ouvrant un restaurant à thème, sur un concept inspiré du voyage, des vacances et de la méditerranée, à l’enseigne « Villazur », à Wasquehal. Le bâtiment, la décoration et la carte sont un billet pour le soleil : un voyage méridional entre terre et mer.
En 2007, le groupe Lecocq déménage tous les équipements des cuisines, de la rue Emile Moreau, dans de nouveaux locaux, au 37 avenue Henri Delecroix à Hem. Malheureusement, la crise économique de 2007-2008 entraîne une baisse des commandes du service traiteur, une baisse de la fréquentation des restaurants. L’activité tourne au ralenti et les premières difficultés apparaissent. La situation ne s’améliore guère, et la liquidation judiciaire de l’entreprise est prononcée en 2011.
Le siège de la société, à Hem, est repris par Compass Group, qui fait partie de la chaîne « Traiteur de France ». L’activité continue, et la nouvelle direction décide, bien évidemment, de garder le nom Lecocq qui représente le prestige, la forte renommée, et plus de 50 ans d’expérience. Le nom de l’entreprise est désormais : « Lecocq traiteur »
Remerciements aux archives municipales, ainsi qu’à Matthieu Croquette, Didier Gaudenzi et Jean Jacques Young.
Jean Coquet naît en 1881 à Roubaix. Il apprend le métier de pâtissier. Il se marie avec Léa Stepman en 1909. Ils ont deux enfants : Julienne et Charles. Au début des années 1900, il crée son commerce de pâtisserie-confiserie, au 299 rue du Tilleul ( aujourd’hui rue Jules Guesde ).
Son épouse, Léa, gère le magasin. Jean s’occupe, bien sûr, de la fabrication des gâteaux dans son atelier, qui se trouve au fond de l’habitation.
La spécialité de Jean est le flan qui a un goût inimitable, si bien que les gens viennent de tout le quartier, de toute la ville et même parfois de très loin ( des Flandres ), pour pouvoir acheter et déguster ce fabuleux flan-maison. Il fait également du négoce puisqu’il garnit des boîtes de dragées pour baptêmes et communions.
Leur commerce est une toute petite boutique avec une porte centrale et deux vitrines latérales. A droite, une étroite porte cochère donne sur un long couloir, afin que les baladeuses puissent entrer et livrer les matières premières à l’atelier.
Dans les années 1930, les enfants du quartier apprécient le commerce de Jean et Léa Coquet, car les vitrines sont appétissantes : des gâteaux, des bonbons proposés dans des bocaux en verre et vendus au détail, des sucettes « Pierrot Gourmand », ainsi que des dragées bleues ou roses ( fournies par la maison Donat ), dans des boites blanches qui proviennent de Mme Top.
Charles, leur fils, est également pâtissier. Il vient aider son père à l’atelier de production de la maison familiale au début des années 30. En 1936, Charles se marie avec Anne Marie Desreumaux. Jean propose à Charles et son épouse, de venir habiter à l’étage du commerce de la rue Jules Guesde. Lui-même déménage alors, au 70 rue Alfred de Musset. Le père et le fils vont développer le commerce de façon importante, grâce à la qualité des produits et de leur sens commercial. Jean fait remplacer son four de pâtissier, en 1937, pour du matériel neuf et plus performant.
Pendant la seconde guerre mondiale, Charles est fait prisonnier en Allemagne. Le commerce de la rue Jules Guesde reste ouvert. Il est géré par Jean, Léa et leur belle fille Anne-Marie au magasin. Un ami, Maurice Desrousseaux vient aider à la fabrication des gâteaux à l’atelier. A la libération Charles revient à Roubaix. Il fourmille de projets pour développer l’affaire familiale. En 1948, il fait transformer l’intérieur de l’habitation : modification de la salle principale et création d’une salle de bains. En 1951, il fait transformer et élargir la façade du magasin, en supprimant la porte cochère. Les plans sont dessinés par M Pinchon, rue Saint Jean ; les travaux sont réalisés par le voisin : M Carlier au 295 rue J Guesde.
Charles et Anne Marie continuent de développer l’activité de leur commerce dans les années 1950 et 1960. Charles distribue des biscuits secs qu’il vend en vrac, à petit prix : 3,50 F le kg. Il élabore des crèmes glacées et les vend dans des cornets qu’il confectionne lui-même.
Charles est pâtissier mais pas boulanger. Pour satisfaire la demande de ses clients, il crée un dépôt de pain frais livré quotidiennement. Charles n’hésite pas à investir d’ailleurs, en achetant une des premières machines électrique à couper le pain en tranches.
Charles continue de produire le célèbre flan maison, bien sûr, avec la recette, jalousement gardée, que son père Jean lui a transmise. Il développe également toute une gamme de gâteaux et l’on trouve dans la vitrine du magasin, une farandole de desserts appétissants tels que : la religieuse au chocolat, le baba au rhum, le tom-pouce, le carré aux fruits, le merveilleux, la tartelette aux fraises, le palet de dame, et autres gâteaux à la frangipane.
Et puis il y a les productions saisonnières qui occasionnent énormément de travail supplémentaire en journée non stop, comme à Noël avec les bûches et les coquilles livrées dans les écoles, à Saint Nicolas avec les sujets en chocolat, à la Pentecôte avec les pièces montées pour les communions, à Pâques avec les œufs et les poules en chocolat, et toute l’année avec les gâteaux pour les mariages et les repas d’anniversaire. A l’époque, il n’y a pas encore de congélateur ; tous les produits sont vendus dans un état de fraîcheur remarquable.
Le jour de fermeture du magasin est le mardi, et c’est un jour de repos bien mérité car la pâtisserie est ouverte tout le reste de la semaine, y compris le dimanche après midi. En effet le « Cinéma Studio 47 » qui se trouve en face, au 262 rue Jules Guesde ( à l’angle de la rue Copernic ), fait salle comble chaque dimanche et les clients sortent à l’entracte pour acheter des confiseries, des gâteaux ou des glaces. En semaine, la pâtisserie est ouverte à l’heure du repas, ce qui permet aux salariées de l’usine Boléro rue de Saint Amand, de venir faire quelques achats pendant la pause du midi.
Charles et Anne Marie ont 6 enfants : Marie-Madeleine, Bernadette, Jean, Thérèse, Bernard et Étienne. Les deux filles plus âgées restent à la maison, s’occupent des plus jeunes, et aident les parents dans différentes tâches :
– la vente des gâteaux ou des dragées en magasin,
– la vente des crèmes glacées sur le trottoir, quand le beau temps le permet,
– l’approvisionnement de l’atelier en lait frais, en bidons de 10 litres, qu’ils vont chercher à vélo à la ferme Lebrun aux Trois Ponts,
– la livraison des pâtisseries aux clients, le dimanche après midi, dans un porte-en-ville ( caissette en métal fixée sur le porte-bagages de la bicyclette ), de façon à ce que les gâteaux soient livrés à domicile.
En 1974, Charles et son épouse prennent leur retraite, et partent se reposer dans une maison à Toufflers. Aucun des 6 enfants ne souhaite reprendre le commerce des parents qui est alors cédé à A. Leroy. Il continue l’activité jusqu’au milieu des années 1980. Se succèdent alors de multiples petits commerces de boulangerie pâtisserie qui cessent rapidement leur activité.
Aujourd’hui le magasin est inoccupé . Il risque d’ailleurs d’être rasé prochainement, tout comme les maisons voisines : la maison Derryx au 301, et le café du Cercle Artistique Roubaisien au 303, suite à l’important programme de rénovation du quartier du Pile.
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Remerciements aux Archives Municipales, à Bernadette De Ruyver et à l’abbé Jean Coquet
M. Journel fait l’acquisition, en 1895, d’un terrain rue Saint Georges ( aujourd’hui rue du Général Sarrail ). Il dépose une demande à la Mairie, pour la construction de deux maisons au 51 et 53. Ce sont deux maisons jumelles, car les 2 étages sont parfaitement symétriques.
M. Journel est charcutier. Il installe son commerce au 51 et décide de louer la maison voisine du 53 à un commerce de vannerie tenu par les sœurs David. M. Journel est également chef cuisinier, spécialisé en volailles. Son enseigne « Au Faisan » est déjà très connue au début des années 1900. Il cuisine des plats sur commande ; c’est le début de ce que on appelle aujourd’hui l’activité traiteur.
La façade de son magasin est de taille modeste, mais le bâtiment est très profond, ce qui lui permet d’installer son atelier de charcutier-traiteur, et également d’aménager une salle pour noces et banquets.
Au début des années 1930, le commerce est repris par Léon Blot. Né dans la région parisienne, Léon Blot habite au 5 rue du Trichon. Il continue bien sûr, l’activité de son prédécesseur et se spécialise en charcuterie fine, volailles, gibier, foie gras, jambons, hors-d’œuvre, etc. Il livre tous ses produits à domicile, aux particuliers pour les mariages, et aux entreprises pour les banquets et réunions. Après guerre, Léon développe fortement son commerce et devient une figure incontournable du métier de charcutier-traiteur.
Au début des années 1960, Michel Duplouy reprend le commerce et garde l’enseigne Blot car elle bénéficie d’une très bonne renommée. En 1965, d’importants travaux de voirie détériorent la façade du commerce, qui nécessite des travaux de réfection, en 1966.
Dans les années 1970, le commerce est repris par Alain Verbrugghe. Il continue l’activité de traiteur charcutier et garde, bien évidemment, l’enseigne Blot. En 1981, le gérant de la SARL Blot, décide de moderniser sa façade. Les travaux sont confiés à Michel Lerouge de Villeneuve d’Ascq.
Le commerce ferme dans les années 1990. Depuis, le bâtiment est à l’abandon au n° 51, squatté, et entretenu au n° 53. Les pompiers sont intervenus dernièrement, pour éteindre un incendie, derrière le bâtiment qui donne sur le parking Sarrail.
Au début des années 1900, Auguste Derryx crée son commerce, au 301 rue du Tilleul ( aujourd’hui rue Jules Guesde ), à l’enseigne : « La grande maison blanche ».
C’est le supermarché avant l’heure ; on y trouve presque tout : articles de chauffage, cuisinières, meubles, vêtements, chaussures, draps, lingerie, machines à coudre, vélos, etc. Chacun se pose toujours la même question : comment vendre autant de produits différents dans si peu de place, car l’échoppe est petite. Auguste a le sens du commerce ; il est très disponible, le magasin est ouvert de 8h à 20h sans interruption et même le dimanche matin jusque midi.
Il accorde des facilités de paiement à tous les clients ( 10% à la commande et le reste en 10 mensualités avec un taux d’intérêt très faible ), ce qui permet à son commerce de connaître un succès grandissant ; la clientèle de ce quartier populaire et ouvrier, n’a pas toujours les moyens d’acheter au comptant. En 1938, Louis Derryx, le fils d’Auguste, reprend l’affaire. Il abandonne progressivement les meubles, vêtements et autres produits, pour distribuer principalement les 2 roues, car il est passionné de vélo et moto.
Après guerre, en 1945, Louis Derryx fait modifier sa façade, et ne vend plus que des bicyclettes, cyclomoteurs et motocyclettes. Il distribue les marques Aiglon et Vespa, et, dans les années 60, les cycles Peugeot. Il assure l’entretien, les réparations, et vend des pièces détachées.
Tous les ans, Louis organise « le petit tour du Pile à vélo » avec ses fameuses courses à étapes et ses animations radiophoniques. Louis a été bien formé par son père et sa devise reste la même : le service avant tout.. Il installe une cabine téléphonique, pour que les clients puissent appeler ; il sert de scribe, rédige des courriers et monte des dossiers administratifs ; il emmène des malades à l’hôpital de la Fraternité. Il est très près de ses clients : un grand cœur ouvert aux autres.
Au début des années 1970, Louis Derryx cède son commerce de cycles à A Debenne qui continue l’activité, avant de fermer le magasin au milieu des années 1980.
Récemment, le 301 rue Jules Guesde et les maisons voisines ont été rasées, dans le cadre d’un important programme de rénovation du quartier du Pile
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Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Serge Leroy et Raymond Plateau
En 1882, le conseil municipal décide de percer une grande avenue pour relier la Grande Place à la future gare de Roubaix. La rue de la Gare est née. Des constructions s’y élèvent dès 1885 et, très rapidement, l’avenue, large de 25 mètres, est bordée d’immeubles majestueux, à l’architecture remarquable de style Haussmanien. Des entreprises textiles implantent leurs prestigieux bureaux ; on y trouve également des banques, des hôtels et, bien sûr, des cafés-restaurants.
Le Grand Café ouvre ses portes, en 1885, au rez de chaussée du N° 4 de la rue de la Gare. Un restaurant s’implante au 1° étage et les étages supérieurs sont aménagés en appartements. Le Grand Café porte bien son nom car la surface est importante : 134 m2 pour le café du rez de chaussée, avec une sortie de l’autre côté, au 5 de la rue du Vieil Abreuvoir, et 116 m2 pour le restaurant du 1er étage. Un escalier privatif, rue de la Gare, à gauche de l’établissement, permet aux clients d’accéder au restaurant.
Sur la façade principale, rue de la Gare, une marquise abrite les consommateurs, à l’extérieur, sur la terrasse chauffée.
Le début des années 1900 est une époque très faste pour Roubaix ; les usines textiles sont performantes ; les affaires des commerces et des entreprises sont florissantes. C’est une période festive ; les carnavals et cavalcades se déroulent tous les ans, en ce début de siècle. Le Grand Café s’illumine tous les soirs, en 1908.
Le propriétaire du « Grand Café » est J. Louvion. La gérante du « Restaurant du Grand Café » est Mme Merlin. Ils bénéficient fortement de cette période aisée, en proposant au café, des consommations de haut de gamme et de 1° choix. Le restaurant se spécialise en fruits de mer, huîtres, coquillages, poissons et crustacés.
Pendant des décennies, le Grand Café continue d’être le lieu symbolique de rencontre des roubaisiens. C’est un emplacement exceptionnel, un endroit chargé d’histoire, un lieu emblématique de la vie roubaisienne, car de nombreux événements s’y déroulent : banquets, mariages, réunions politiques, etc. Les propriétaires se succèdent : dans les années 30, Michel et Gardebois sont les tenanciers du café, et A. Gyselinck, le patron du restaurant.
En 1958, les responsables, Georges Derome et Jules Cotton, décident de transformer et moderniser leur établissement : démontage de la marquise et des menuiseries, démolition du soubassement, pose de vitrines en façade et d’un store, et, à l’intérieur, réfection des peintures et rénovation des sanitaires, le tout pour un montant total de 3 millions de francs.
En 1962, Jules Cotton procède au remplacement de la porte d’entrée privative du restaurant. En 1971, Stanis Kazimierczak, le nouveau tenancier du Grand Café, transforme les 2 façades ( av Jean Lebas et rue du Vieil Abreuvoir ) pour un montant total de 24.000 Frs. Au début des années 80, la situation économique de la ville se dégrade : les fermetures d’usines textiles se succèdent, mais le Grand Café tient bon.
En 1998, le propriétaire des lieux : la SCI du Centre, rue de Paris à Lille, gérée par Mme Motte, décide à nouveau une rénovation complète des deux façades. L’entreprise Dujardin, au 51 rue du Chemin de Fer à Roubaix, est chargée des travaux de brossage, révision d’enduit, ponçage et deux couches de peinture, pour une facture de 96.000 Frs TTC, laquelle sera allégée d’une subvention des services architecture de la ville, pour mise en valeur et amélioration de l’environnement du quartier. Le résultat est magnifique !
Au milieu des années 2000, un nouveau restaurant s’implante au rez de chaussée, à l’enseigne : « Envie de saison ». C’est un « café-resto » qui propose à la clientèle du café équitable, des jus de fruits frais, des plats chauds fabriqués sur place, pour préserver les saveurs.
En Février 2018, le bail arrive à terme, et n’est pas renouvelé. Le commerce Envie de saison ferme ses portes. Un investisseur privé, Philippe Crépelle, rachète l’immeuble à Mme Motte de la SCI du Centre, en Août 2018. L’intérieur est dans un état déplorable, suite à des dégâts des eaux, des débuts d’incendie, des fuites de la toiture, et des aménagements intérieurs de mauvais goût.
Philippe Crépelle a énormément de travaux à effectuer, pour redonner une bonne image du « Grand Café » d’antan. Son projet est de transformer le rez de chaussée et le premier étage en commerces, et d’aménager les 2° 3° et 4° niveaux en appartements meublés en location. La fin des travaux est envisagée fin 2019.
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Remerciements aux Archives Municipales et à Philippe Crépelle
Dans les années 60, la récession économique entraîne la réduction de la production textile roubaisienne. Les entreprises se restructurent, licencient et ferment les unes après les autres. Cette situation porte un coup fatal à l’activité du Conditionnement du Boulevard de Beaurepaire qui n’a plus lieu d’exister et ferme en 1972.
Le bâtiment est repris par A & G Valcke, entreprise de transports maritimes et aériens, qui utilise ces locaux pour le stockage et la logistique. Mais les 9200 m2 au total sont beaucoup trop importants. La direction de cette entreprise de transports propose donc à Fernand Coucke de lui louer une partie des locaux. Fernand Coucke est PDG de la Sté de diffusion européenne de meubles et possède 3 magasins : 2 à Lille et 1 à Tourcoing, avec l’enseigne « Mobilier de France ». Il lui manque Roubaix pour verrouiller la métropole.
Un bail de location est signé en 1975 pour 2200 m2 ( 1400 m2 de surface de vente et 800 m2 de stockage ) C’est une partie du rez de chaussée, comprise entre le Boulevard de Beaurepaire et la voie centrale intérieure. Le transporteur Valcke garde le côté rue Monge et la partie arrière de l’immense bâtiment.
Fernand Coucke décide, en 1976, de rénover complètement la façade, noircie par 70 ans de pollution. Les briques rouges et blanches décrassées redonnent à l’immeuble son magnifique éclat d’autrefois.
L’enseigne « Mobilier de France » est finalement choisie et remplace l’enseigne « Mobis » initialement programmée. Le magasin ouvre en 1978, avec une grosse campagne de publicité dans la presse locale.
On entre dans le magasin par une ouverture sur le Boulevard de Beaurepaire. Fernand Coucke décide de soigner ses clients, avec les mêmes services que dans les autres magasins, à savoir un accueil sympathique, une information complète des vendeurs, un choix important, des prix séduisants, une qualité irréprochable.
Malgré tout, le démarrage du magasin est difficile et laborieux. Le succès n’est pas vraiment au rendez vous. Le consommateur n’est pas habitué à entrer dans un magasin qui n’a pas de grande façade vitrée. Les meubles sont difficilement visibles de l’extérieur et cela n’attire pas le chaland. L’absence de places de stationnement pour les clients est également un handicap : « Pas de Parking, pas de business ! » C’est un échec ; le commerce ferme en 1985, après une période très courte d’activité.
Quelques temps plus tard, la municipalité décide de restaurer la Condition Publique et d’en faire le lieu culturel que nous connaissons aujourd’hui.