Café de l’Etoile

A la fin des années 1930, Léon Riquier et son épouse reprennent un café : Le Palais de la bière, situé au 27 de la Grand Place à Roubaix, et ce jusqu’au début des années 1950.

Raymonde à 20 ans à la devanture du Palais de la bière au 27 Grand Place ( document D. Duponcelle )

Leur fille Raymonde Riquier, mariée à Emile Duponcelle, décide à son tour de gérer un café juste après guerre. En 1946, elle reprend le café de l’Etoile situé également Grand Place mais au N° 19, un peu plus loin.

Le café de l’Etoile ( document archives municipales )

Le café est petit, étroit en largeur, et ne peut donc pas accueillir beaucoup de clients à la fois, mais il est idéalement situé, sur la Grand Place de Roubaix.

Le café se nomme « l’Etoile » car le vitrail coloré au dessus de la façade reproduit des étoiles. Les deux vitres latérales se lèvent manuellement, ce qui permet en été de profiter du soleil à l’intérieur du commerce. A droite, se trouve la porte d’entrée pour accéder directement à l’étage.

Raymonde supprime le restaurant qui se trouvait au premier, pour y aménager son séjour et la cuisine, Au deuxième se situent les chambres, et au troisième, le grenier aménagé en salle de jeux, pour son fils Daniel qui y passe de nombreuses heures.

Raymonde exploite seule son café, car son mari travaille à l’extérieur. Elle a le sens du commerce et des affaires, est accueillante envers les clients : les affaires fonctionnent très correctement.

L’intérieur du café en 1948 ( document D. Duponcelle )

Sur la photo ci-dessus, Raymonde se trouve derrière le bar en chêne massif, à sa droite une amie, son fils Daniel 3 ans, et à sa gauche André Castelain son ami, très élégant en costume noir. Devant le bar, des clients, cadres dans des entreprises textiles roubaisiennes, viennent se désaltérer.

Raymonde et une amie en terrasse. Juste derrière la séparation, on distingue le café du Commerce au N° 20 de la Grand Place. ( document D. Duponcelle )

Dans les années 1950, Raymonde investit dans des pompes à bière, pour proposer à ses clients des bières à la pression de marque Koenigsbeer et Schutz.

document D. Duponcelle

Lors du cinquantenaire de course automobile au parc de Barbieux, en 1952 Raymonde arrive à négocier avec l’organisation de la course, un emplacement pour tenir la buvette située près de la Laiterie.

A la fin des années 1950 Raymonde bénéficie des fêtes locales sur la Grand Place, comme les carnavals, les feux d’artifice du 14 Juillet, les départs des étapes du Tour de France, et même les ventes publiques de laines à la chambre de commerce.

Malheureusement, en 1965, Raymonde est expropriée de son commerce, car toute une partie de la Grand Place est appelée à disparaitre en 1968 ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : Une partie de la Grand Place disparaît ).

Raymonde reprend alors un magasin de mercerie et bonneterie, situé Place Charcot à Croix dans le prolongement de la rue de la Duquenière, et ce pendant quelques années, avant de prendre sa retraite.

Remerciements à Daniel Duponcelle et aux archives municipales.

Ecole Sainte Bernadette

Après la seconde guerre mondiale, le baby boom nécessite la création de logements. Un nouveau quartier est alors créé : « Le Nouveau Roubaix »; Il est également essentiel de construire des écoles pour l’éducation de ces enfants nés après guerre.

La maison des sœurs du Sauveur ( document école Ste Bernadette )
Les sœurs du Sauveur ( document école Ste Bernadette )

La congrégation des sœurs du Sauveur, installée le 28 Août 1951, dans la maison du 275 avenue Gustave Delory, fait appel à l’architecte Delplanque pour construire une école privée accolée à la maison.

façade de l’école 1951 ( document école Ste Bernadette )

L’inauguration de l’école Sainte Bernadette a lieu le 5 Octobre 1951, en présence du cardinal Liénart. Sur la photo ci-dessous, on reconnaît, de gauche à droite, Mr Lestienne président des écoles libres de Roubaix, le cardinal Liénart et son vicaire, Mr l’abbé Olivier, curé de la paroisse Sainte Bernadette avenue Alfred Motte, et Maître Moulin président du Comité Familial de l’école, debout pour son discours.

inauguration le 5 Octobre 1951 ( document école Ste Bernadette )

En 1951, l’école comprend une garderie et un jardin d’enfants. Une religieuse et une laïque s’occupent des 75 enfants. Les effectifs de l’école augmentent considérablement et, dès 1952, on compte désormais 175 élèves. L’école devient trop petite, on construit alors une annexe de 4 classes sur un terrain vierge, juste en face au 282 de l’avenue Gustave Delory.

inauguration de l’annexe en 1954 ( document Nord Eclair )

Deux ans plus tard, en 1956, l’école compte 478 élèves dont 244 au jardin d’enfants ( école maternelle au 275 de l’avenue ) et 234 en élémentaire au 282. L’école passe sous contrat simple en 1961, puis sous contrat d’association en 1970. Les enseignantes sont ainsi rémunérées par l’Etat. Les sœurs enseignantes disparaissent peu à peu. En 1958, deux classes supplémentaires sont créées, portant à 7 le nombre de classes élémentaires.

document archives municipales de 1958

Le développement de l’école ralentit dans les années 1970. Le nombre d’élèves passe de 650 à 500 en 1973 et diminue dangereusement encore durant la décennie suivante. La décision de fermer l’école parait inévitable. Sainte Bernadette est donc désaffectée pendant deux années scolaires complètes.

le renouveau ( document école Ste Bernadette )

Fort heureusement, dans le cadre d’une réorganisation de l’enseignement privé dans le secteur, et à la demande pressante des familles du quartier, l’école Sainte Bernadette rouvre à la rentrée de Septembre 1983. En effet, l’école Saint Paul qui se trouve dans la rue de Roubaix à Hem ( la rue parallèle juste derrière ) devient le collège Saint Paul. L’école Sainte Bernadette accueille ainsi les anciens écoliers de l’école Saint Paul.

ancienne façade ( document archives municipales )
projet nouvelle façade ( document archives municipales )

En 2003, la façade de l’école élémentaire est refaite et les bâtiments sont rénovés. Les anciens bâtiments existants sur l’avenue Delory sont démolis et remplacés par une nouvelle construction, qui regroupe à la fois, un espace d’accueil, des bureaux d’administration, une salle de professeurs, des classes plus grandes et des toilettes pour les élèves directement accessibles de la cour.

la nouvelle façade de l’école élémentaire en 2003 ( document école Ste Bernadette )

La cantine commune à l’école Sainte Bernadette et au collège Saint Paul, est quant à elle rénovée en 2004 suite à de gros problèmes de sécurité, d’hygiène et d’exiguïté. L’école et le collège étant mitoyens, un restaurant scolaire indépendant est réalisé, situé entre les deux établissements afin de faciliter son exploitation commune.

Le projet du réfectoire ( document archives municipales )
Le réfectoire ( documents archives municipales et école Ste Bernadette )

Les deux écoles ( maternelle et élémentaire ) fusionnent en 2010. Le nouvel établissement comporte désormais 14 classes, du CP au CM2. Mme Claie en prend la direction. D’ importants travaux vont alors se succéder les années suivantes. Une salle informatique est créée en 2006, une salle polyvalente ainsi qu’une classe supplémentaire en 2008 et une salle de sports en 2010.

la salle informatique ( document école Ste Bernadette )
la salle polyvalente ( documents archives municipales et école Ste Bernadette )
l’ancienne salle de sports ( document archives municipales )
la nouvelle salle de sports ( document archives municipales )

Aujourd’hui les deux écoles Sainte Bernadette ( maternelle et élémentaire ) sont dirigées par Isabelle Peral.

photos BT

Remerciements à M. Hennion, à l’école Sainte Bernadette ainsi qu’aux archives municipales.

Crépy Pneus

Pierre Crépy est né en 1915. En 1937, il crée son entreprise au 102 rue du Port à Lille  : Crépy pneus, importateur exclusif des pneus Continental pour la France et la Belgique

Pneus Continental Lille ( document collection privée )

Deux ans après, la seconde guerre mondiale se déclare et l’activité s’arrête brutalement. A son retour de captivité, Pierre redémarre son affaire à Lille, puis s’installe rapidement à Roubaix, à la fin des années 1940, en créant un atelier de vulcanisation Crépy-Dujardin au 39 rue de l’Ouest ( ancien local des Ets Dujardin frères, négociants en charbons ). Pierre Crépy a son domicile personnel à deux pas, au 33 rue de l’Ouest.

Le 39 rue de l’Ouest en 1946 ( documents archives municipales )

L’entreprise Crépy-Dujardin vend des pneus neufs et d’occasion, répare et regomme les pneumatiques, fournit également du matériel pour les transports hippomobiles, et propose la vente de roues et d’accessoires.

Pierre aménage ensuite, en 1959, un entrepôt de stockage pour ses pneus Continental et son bureau au 15 rue du Fresnoy. Un de ses fils, Pierre-Léon né en 1939, vient aider son père à la gestion de l’entreprise en 1962.

Le 15 rue du Fresnoy ( document archives municipales )

En 1964, Pierre reprend l’entrepôt de Mr Wolf, au 29 rue de l’Ouest, pour y installer son atelier. Il y construit également son bureau et 2 appartements à l’étage. L’architecte choisi est Christian Verdonck, av Jean Lebas à Roubaix.

Pierre vend des pneumatiques neufs et d’occasion de toutes marques, répare les crevaisons, rechape les pneus usagés, propose l’équilibrage électronique et le cloutage des pneus hiver. Il développe son commerce en proposant des services annexes et complémentaires : amortisseurs, freinage etc

Publicité 1967 ( document Nord Eclair )

Pierre-Léon rachète en 1971, un bâtiment situé au 20 rue de Naples, à Michelin. C’est un dépôt dédié aux poids lourds, il y aménage son atelier et son entrepôt de stockage

documents archives municipales

En 1971, Pierre fonde, avec une cinquantaine de ses collègues vendeurs de pneumatiques, le GIE Publi Pneu lequel donne naissance en 1972 à l’enseigne « Point S ». Il en devient adhérent et actionnaire du groupement.

Publicités années 1970 ( documents Nord Eclair )

En 1975, fort de son expérience, Crépy pneus est chargé du montage des pneus de tous les véhicules de la ville de Roubaix. L’entreprise est très dynamique au niveau communication et surtout dans la publicité. En 1975, elle fait venir le célèbre ballon Good Year à Roubaix.

Le ballon dirigeable Good Year ( document Ets Crépy )

Alain Crépy, frère de Pierre-Léon ouvre quant à lui un centre à Armentières au 5 rue du Marechal Foch en 1976.

Publicité commune des deux frères Crépy ( document Nord Eclair )

Photo de l’établissement rue de l’Ouest et publicités des années 1980 ( documents collection privée )

Pierre décède en 1995 à l’âge de 81 ans. Le 6 Janvier 2002, un incendie se déclare dans la menuiserie voisine rue de Naples, un mur et une toiture s’effondrent sur un pompier, Mickael Dufermont, qui décède sur le coup ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : L’incendie de la rue de Naples )

Les dégâts suite à l’incendie ( document Nord Eclair et Ets Crépy )

Avec le décès du sapeur pompier, deux ans d’enquête sont nécessaires avant de pouvoir reconstruire le dépôt avec de nouvelles normes de sécurité obligatoires. L’entreprise Crépy Pneus subit alors deux années difficiles ! S’ajoutent également la concurrence des centres autos en zone commerciale, des concessionnaires autos qui mettent en place des services rapides, et surtout celle des garages clandestins.

Murielle et Bastien ( document Nord Eclair )

Pierre Léon prend sa retraite en 2002 à 63 ans. Murielle, son épouse, lui succède à la tête de Crépy Pneus, aidée par leur fils, Bastien. Ils continuent à se battre pour l’entreprise, mais malheureusement, en Novembre 2014, c’est le dépôt de bilan. Un plan de continuation et de redressement est établi et l’entreprise poursuit son activité. En 2016, Bastien décide du changement d’enseigne : Euromaster remplace PointS.

Euromaster ( document collection privée )

Le 20 Février 2017, la mise en liquidation judiciaire de l’entreprise est prononcée. L’ensemble du personnel est licencié. Dans le hangar, des centaines de pneus attendent le retour des beaux jours. Ce sont des gommes « été », que leurs propriétaires ont confiées à Crépy Pneus jusqu’à ce que l’hiver cesse de rendre les routes glissantes sans pneumatiques adaptés. Sur chacun, une étiquette avec un nom de propriétaire, un modèle de voiture… « Les clients récupéreront leurs pneus. J’y mets un point d’honneur. Ils nous ont fait confiance pendant des années… »

documents Nord Eclair

En Juin 2017, Julien Lepinois lance ProPneus sous l’enseigne Euromaster en lieu et place de Crépy Pneus. Julien est le gendre de Pierre-Léon et Murielle, salarié pendant 14 ans, de cette véritable institution roubaisienne. Il connait donc le métier et a toute l’expérience pour réussir le challenge.

Il loue les locaux à la famille Crépy, trouve le financement, signe le contrat de franchise avec Euromaster en tant que nouveau propriétaire et ouvre très rapidement pour garder la clientèle.

documents Nord Eclair

Julien travaille avec un ancien collègue, Yannick. Il investit dans du nouveau matériel, continue le service d’entretien courant des véhicules, du freinage, des vidanges et bien sûr reste spécialiste des pneumatiques pour la clientèle des PME et des particuliers.

Crépy Pneus a été créé en 1937, véritable institution roubaisienne qui a connu quelques soucis, il y a une dizaine d’années, mais qui a bien su redémarrer grâce à son savoir faire, son expérience, et sa forte notoriété. En 2024, 6 personnes travaillent dans l’entreprise.

Remerciements à Julien Lepinois ainsi qu’aux archives municipales.

P’tit Caillé

A compter des années 1930, le 128 boulevard de Fourmies à Roubaix a toujours été occupé par un commerce dédié aux métiers de bouche.

Sur le document ci-dessous, le 128 se trouve au centre des 3 commerces qui ont la même façade. ( Au loin sur la gauche, est implantée l’ancienne usine Dazin-Motte, aujourd’hui remplacée par la résidence Bernard Palissy ).

document collection privée
document collection privée

Léon Baelde y est boucher du milieu des années 1930 jusqu’au débit des années 1960. En 1966, Gérard Bacrot lui succède. Il décide de transformer complètement la façade du magasin et d’agrandir sa surface de vente, en déplacant le frigo de stockage.

Transformation de la façade ( documents archives municipales )
Transformation de l’intérieur ( documents archives municipales )

Gérard est un excellent commerçant très dynamique. Son épouse est d’ailleurs secrétaire de l’Union des Commerçants du boulevard de Fourmies. Gérard gère également une salle de réception rue Henri Regnault, et l’Hostellerie « La Huchette » à Mouvaux.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Dans les années 1970, la boucherie charcuterie est tenue par Jean Decock avant d’être reprise par J.C Lorio, un traiteur et commerçant en volailles et gibiers.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Claude Coffigniez crée dans ce commerce, sa fromagerie en Avril 1987. Il y vend un très grand choix de fromages de toutes régions, propose la confection de plateaux personnalisés de fromages pour repas de familles, un rayon épicerie fine, des paniers garnis et de nombreuses idées cadeaux.

la façade ( document archives municipales )
document Nord Eclair

Claude Coffigniez et son épouse, Marie-Claude, font partie de l’association : « Amis fromagers des Hauts de France » qui a pour objectif de faire découvrir en particulier, tous les fromages au lait cru. Marie-Claude a l’immense honneur d’être revêtue de la parure confrérique en gage de ses bons services.

Marie Claude Coffigniez derrière le comptoir ou est posé le panonceau d’argent : Amis fromagers des Hauts de France, décerné en 1993 ( document Nord Eclair )

Claude Coffigniez prend sa retraite en Juin 2010 et cède la fromagerie à Virginie Duhautois et Emmanuel Votte. qui souhaitent changer de voie professionnelle. L’acte de cession signé, ils peuvent alors démarrer d’importants travaux d’aménagement : La porte d’entrée du magasin se trouve maintenant à gauche. Le traditionnel comptoir de vente est supprimé. A droite, est installée une superbe vitrine réfrigérée où sont présentés les fromages. A gauche, une large et haute étagère reçoit des produits d’épicerie fine. Cette disposition originale permet un emplacement libre au centre du magasin pour un accueil plus chaleureux et convivial de la clientèle. Les travaux se terminent et le magasin baptisé « Le P’tit caillé » ouvre ses portes en Novembre 2010.

Virginie et Emmanuel ( document Nord Eclair )

Virginie et Emmanuel continuent de proposer les plateaux personnalisés de fromages, vendent également des produits de crémerie : yaourts, lait, œufs, et développent des produits de charcuterie indispensables pour le fromage à raclette. Le midi, la présence de nombreuses entreprises locales, leur permet de vendre des sandwichs divers aux salariés.

document P’tit Caillé

Les affaires fonctionnent correctement. En 2010, Virginie et Emmanuel gèrent la seule fromagerie roubaisienne ! Les clients viennent parfois de très loin, pour pouvoir acheter des fromages exceptionnels ; des classiques bien sûr (environ 120 différents), mais également des découvertes parmi les nouveautés.

Virginie s’occupe des achats. À force de fréquenter les salons spécialisés, elle a noué des liens avec certains fournisseurs. Elle aime travailler les produits locaux. Ses chèvres proviennent de Framecourt, les yaourts, le beurre, la crème ou le fromage blanc de la Ferme des Anneaux, à Avelin etc . . .

Edouard Philippe devant la façade de la crémerie du P’tit caillé ( document Nord Eclair )

Le 29 Aout 2019, Virginie et Emmanuel reçoivent la visite du premier ministre ! Edouard Philippe vient-il faire ses courses, boulevard de Fourmies ? Non ! Accompagné de la ministre d’État à la Transition écologique, Élisabeth Borne et de sa secrétaire d’État, Brune Poirson, il vient rencontrer dans notre ville, plusieurs acteurs engagés dans la lutte contre le gaspillage.

Edouard Philippe premier ministre, Guillaume Delbarre maire de Roubaix et Virginie ( document Nord Eclair )

Édouard Philippe veut montrer que l’écologie est une priorité pour le gouvernement et salue «  l’énergie, l’enthousiasme et l’inventivité » des roubaisiens, en ce qui concerne le zéro-déchet, comme les sacs plastiques du P’tit caillé, entièrement recyclables.

Virginie Votte ( document Nord Eclair )

Virginie est toujours fidèle au poste dans son magasin, pour recevoir et servir les clients. Emmanuel, quant à lui, dans son laboratoire à l’arrière, prépare les sandwichs le midi à la demande. De plus grâce à son esprit créatif, il transforme certains fromages, comme le brie farci au poivre, à la moutarde, aux raisins trempés et noix grillées. En charcuterie il se spécialise en pancetta maison, et produit même un dessert : le far maison breton.

Depuis près d’un siècle, le commerce du 128 boulevard de Fourmies a toujours été occupé par un commerce alimentaire. Aujourd’hui, la fromagerie P’tit Caillé est emblématique de cette grande avenue commerçante.

Remerciements à Virginie et Emmanuel Votte, ainsi qu’aux archives municipales.

Cinéma Noël

A l’origine, le 76 rue Jouffroy à Roubaix, est un estaminet doté d’une grande salle pour noces et banquets, une bourloire comme il en existe beaucoup dans la ville à la fin des années 1890. En 1907, le cabaretier Théodore Delbart est le premier à organiser des projections cinématographiques. Ce sont vraiment les premiers balbutiements du cinéma :

les sièges sont en bois et inconfortables, l’électricité est fournie par un moteur à gaz qui fait vibrer toute la salle. . . Son successeur Noël Deboever poursuit l’activité dans les années 1910 et donne son prénom « Noël » au cinéma.

Au début des années 1920, G. Leleu reprend l’établissement qui devient le « Modern Cinéma Noël ». Il gère déjà deux cinémas roubaisiens : celui de la rue de l’Alma et celui de la rue Lacroix. A son décés, dans les années 1930, sa veuve continue l’activité.

document collection privée

Après la seconde guerre mondiale, Julien Colleit devient directeur du cinéma. Une visite de la commission de sécurité l’autorise à poursuivre son exploitation à la condition qu’il fasse les travaux nécessaires et importants pour la mise en conformité. Julien Colleit, conscient que la sécurité passe avant tout, s’exécute et, de plus, profite de l’occasion pour agrandir son établissement. L’architecte Edouard Lardillier à Paris est chargé du dossier et dresse les plans.

Doc 3

documents archives municipales

En 1949, le cinéma est donc agrandi, élargi et refait à neuf. Toutes les normes de sécurité sont respectées conformément à la notification préfectorale. En 1950, après 3 mois de travaux, le cinéma ouvre à nouveau, et reprend le nom de cinéma Noël. C’est une salle familiale et conviviale.

Cinéma Noël ( document collection privée )

Le cinéma « Noël » est magnifique. C’est la plus intime des salles de spectacle de la ville, qui a comme préoccupation essentielle, d’offrir au juste prix, des spectacles suceptibles de satisfaire les plus difficiles et les plus exigeants.

973 fauteuils ( 790 sièges en orchestre et 183 au balcon ) sont disponibles pour les clients qui bénéficient de spectacles de haute qualité, d’une ambiance et d’un confort auquel la Direction a attaché beaucoup de soins.

La façade est très sobre et harmonieuse et attire de loin le regard. Les portes laquées blanc sont encadrées de colonnes en marbrite noire du plus gracieux effet décoratif.

la façade ( document collection privée )

Le hall d’entrée est coquet, spacieux et parfaitement aménagé. Une cabine vitrée de délivrance des billets se trouve au milieu du hall et permet un service accéléré et une attente réduite. A gauche, un large escalier méne au bar du sous-sol.

Le hall d’entrée ( document collection privée )

La salle de spectacle est magnifique, de couleur rouge et ocre. Une moquette épaisse et confortable, qui court tout le long des allées, étouffe le bruit des pas. Deux gigantesques appliques modernes posées sur les murs latéraux font rayonner une lumlière reposante. Les fauteuils très confortables sont garnis de velours rouge. Les rangées entre les sièges permettent aux spectateurs d’allonger les jambes. Des sorties de secours permettent d’évacuer rapidement la salle en cas d’urgence.

A l’étage, le balcon offre une vue d’ensemble, compléte et plongeante. Le confort des places de « la corbeille » est identique à celles de « l’orchestre ».

Vue de la scène ( document collection privée )
Vue de la corbeille ( document collection privée )

Au sous sol, le bar de forme elliptique propose des boissons fraîches, des crèmes glacées, des confiseries ainsi qu’une gamme variée de bonbons et chocolats. Des vitrines publicitaires entourent la salle.

En 1955, la direction investit à nouveau, pour que le cinéma Noël devienne un temple dédié au septième art. La salle est désormais équipée en Cinémascope. Un écran Walker de 70 m2 remplace le vieil écran panoramique. Cet écran est fait d’une seule pièce sans couture ni soudure. C’est un véritable tour de force technique. Quatre pistes sonores indispensables permettent de créer le son stéréophonique. Tous les derniers perfectionnements techniques sont installés : de quoi satisfaire complétement l’amateur de beaux spectacles.

document Nord Eclair

Peu de temps après, en 1958, Agnès Colleit Buht céde le cinéma à la société Gheldof et Ligeron du groupe du Casino de Roubaix. En 1960, le cinéma Noël devient « le Flandre ». En 1976, le cinéma se trouve sous la direction de Mme Raymonde Gheldof.

document Nord Eclair

Malheureusement, le 5 décembre 1979, le cinéma « le Flandre » ferme définitivement ses portes, comme de nombreux cinémas de quartier roubaisiens. Pendant toute la décennie des années 1980 et le début des années 1990, le cinéma va rester à l’abandon. Le site va devenir un dépotoire, un terrain de jeux pour les gosses du quartier. Le bâtiment va être squatté et les façades extérieures murées vont servir de panneaux d’affichage.

documents Nord Eclair

Le 25 Octobre 1996, la CUDL, Communauté Urbaine de Lille, demande le permis de démolir le cinéma pour raison de vétusté.

Le cinéma en 1996 à l’angle de la rue Jouffroy et de la rue Rocroi ( document archives municipales )
Le cinéma à l’angle de la rue Rocroi et de la rue de Maubeuge ( document archives municipales )

A la place de l’ancien cinéma Le Flandre, se construisent ensuite quelques logements sociaux : la résidence Maubeuge Rocroi. Il ne reste alors plus aucune trace de ce lieu de spectacle longtemps emblématique de Roubaix.

Photo BT

Remerciements à Philippe Waret et Alain Chopin ainsi qu’aux archives municipales

Biehler

Emile De Jumné crée son activité de ferrailleur en 1886, au 82 rue Descartes, à Roubaix. Avec son entreprise de démolition, il achète et vend des vieux métaux ( des machines à vapeur, des transmissions et des outillages ).

En tête 1928 ( document collection privée )

Emile de Jumné s’associe avec son gendre Joseph Biehler, dans les années 1920. Ils décident alors de développer leur affaire en créant une récupération de fers de réemploi. Ils reprennent même parfois des usines complètes. Les affaires se développent de façon très satisfaisante, leurs locaux deviennent rapidement trop exigus. Ils déménagent alors leur entreprise en Novembre 1932 au 61 et 63 boulevard Montesquieu.

document 1932 ( document collection privée )
document 1937 ( document collection privée )

Ce n’est qu’en 1947 que le département « Matériel Industriel d’Occasion » est créé. L’entreprise devient « Biehler et cie » et propose d’acheter et de vendre des machines outil, machines à bois, moteurs, matériel de chauffage de ventilation etc.

Publicité 1948 ( document collection privée )
document Ravet Anceau 1948
En tête 1957 ( document bnr )

Depuis 1970, le département Matériel Industriel d’Occasion est désormais l’unique activité de la maison. Dans les années1980, le PDG, Hervé Le Chevalier, petit fils du fondateur, dirige l’entreprise avec, à ses côtés, 17 salariés dont 3 vendeurs pour la partie commerciale et 4 techniciens très qualifiés pour la remise en état du matériel dans les ateliers.

Hervé Le Chevalier 1987 ( document Nord Eclair )
Hervé Le Chevalier 1987 ( document Nord Eclair )

L’activité essentielle de l’entreprise est de réviser et reconditionner le matériel d’occasion pour les industries chimiques, pharmaceutiques et agro-alimentaires. La société Biehler fait partie des plus grosses entreprises dans leur domaine. Elle est leader dans la région Nord où elle réalise 50 % de son chiffres d’affaires, mais est présente également dans toute la France et même à l’étranger ( 10 % du volume ) en particulier en Belgique, Pays-Bas, Angleterre et Maghreb.

Publicité 1989 ( document Nord Eclair )

De nombreuses entreprises contactent Hervé Le Chevalier, lorsque elles changent de matériel, cessent leur activité, se modernisent et remplacent leur matériel . Biehler rénove alors les machines en parfait état de fonctionnement, les repeint et les revend 20 à 30 % moins cher que le prix du neuf. Cela permet à l’entreprise de proposer aux PME un outil de production d’occasion bien moins cher, et aussi performant que du matériel neuf.

documents collection privée

L’entreprise se développe alors de façon considérable, fait l’acquisition de plusieurs parcelles voisines pour s’agrandir et pour stocker les 2.000 tonnes de matériel. La société s’étend désormais sur une surface totale de plus de 10.000 m2 sur le boulevard de Montesquieu bien sûr et la rue de Croix, mais également sur les rues adjacentes sur la ville de Croix : les rues Eugène Duthoit et de l’amiral Courbet.

le plan de l’entreprise ( document archives municipales )
la rue de Croix ( document archives municipales )

Pour prospecter une nouvelle clientèle, Bieher édite un catalogue très complet. L’entreprise propose également le dépôt vente, et la location de matériel comme par exemple des chariots élévateurs. Dans les années 2000 la société continue de se développer et rachète encore des parcelles de terrain. L’entreprise s’étale désormais sur 12.000 m2.

document collection privée

Au milieu des années 2010, le patron de l’entreprise, Benoit Coqueval, constate que la conjoncture économique se dégrade et que malheureusement le volume des affaires diminue. En 2015, c’est la cessation de paiement et, en Janvier 2016, Biehler est placé en redressement judiciaire. Le nombre de salariés passe alors de 18 à 15 personnes.

L’entreprise fondée en 1886, véritable institution, n’a pas vocation à rester en centre ville, car l’espace est trop grand et le stock trop important. Biehler est locataire du terrain, et pourrait bien plier bagages. A la place, la ville de Croix qui est la plus concernée, pourrait envisager de faire construire des logements.

document Nord Eclair

En 2017, l’entreprise Biehler déménage à Neuville en Ferrain, sur le site de l’ancienne société PRS, et passe de 12.000 m2 à 5.000 m2 : moins d’espace mais mieux investi. Le nombre de références est réduit également et passe de 6.000 à 2.000 pièces. Une grosse partie du matériel est liquidé par les ventes aux enchères. Les machines restantes sont déménagées par 150 semi-remorques. Biehler ne compte plus que 10 salariés. Quelques temps après, l’entreprise Biehler rejoint le groupe Perry et devient « Perry Biehler »

document Pierry

Quant au terrain de l’ancienne entreprise Biehler, situé sur les communes de Roubaix et Croix, un projet voit le jour en 2022. Après la destruction des anciens bâtiments Biehler, quatre immeubles vont sortir de terre pour un total de 106 logements de type 2 3 et 4.

documents archives municipales et Nord Eclair

Deux immeubles seront commercialisés en accession classique, et deux en accession maîtrisée pour des primo-accédants avec plafond de ressources.

document Nord Eclair

L’entreprise créée en 1886 quitte donc Roubaix après plus de 130 années d’existence.

Remerciements aux archives municipales

Relais Masséna

En Aout 1965, un permis de démolir est accordé pour 4 maisons, rue de Lannoy à Roubaix ( les numéros 326 328 330 et 332 ) pour raisons de vétusté. Sur la photo ci-dessous, on distingue les 4 maisons du 326 au 332 de la rue de Lannoy. A droite, au 322 324 se trouve le siège des Ets Carrez Bernard, et à gauche au 334, l’électricien Alfred Derly.

les 4 maisons du 326 au 332 ( document archives municipales)

André Carrez, PDG des Ets Carrez Bernard, au 322 324 rue de Lannoy est grossiste en épicerie, torréfacteur de cafés et fabricant de savons mous ( voir sur notre site un article précédemment édité et intitulé Carrez Bernard ).

Publicité Carrez Bernard ( document collection privée )

En mai 1966, l’emplacement des 4 maisonnettes étant libre, André Carrez dépose une demande pour construire une station-service de distribution de carburants, sur ce terrain de 450 m2 lui appartenant.

plan de la station ( document archives municipales)

Le cabinet d’architectes J. Delrue à Lille, dresse les plans de la station essence avec un bâtiment de 142 m2 abritant : une piste pour le graissage des véhicules, une piste pour le lavage, le bureau d’accueil pour la clientèle, le dépôt du compresseur, l’atelier et une pièce vestiaire-toilettes pour le personnel.

publicité ouverture du Relais Masséna ( document Nord Eclair )

Les travaux se terminent, la station-essence ouvre alors en 1969 sous l’enseigne « Relais Masséna ». C’est une station ultra-moderne qui propose un matériel performant pour les vidanges, les réparations de pneus, l’équilibrage des roues, mais surtout le fleuron de la station, c’est le bloc-lavage qui permet à tout usager de faire laver son véhicule sans en sortir, dans un temps record de 2 minutes et pour la modique somme de 5 Francs. Trois pompes distribuent les carburants ; super, essence et gas-oil, et une pompe pour le 2 temps est à disposition des clients, en libre service. M Waquier et sa fille accueillent chaleureusement les clients. Leur sourire sympathique et leur compétence permettent de répondre aux plus grandes exigences de la clientèle.

En 1979 la direction décide de faire construire un auvent de 40 m2 ( de 6m sur 7m ) au dessus des 3 pompes, de façon à abriter la clientèle des intempéries surtout par temps pluvieux.

Auvent ( document archives municipales)

La station essence ferme au milieu des années 1980, et en 1991 l’entreprise de Pompes Funèbres Lemaitre qui se trouve juste en face au 271 rue de Lannoy, reprend le terrain et décide de construire un funérarium pour pouvoir agrandir et développer son activité.

L’architecte Jean Michel Vergne de Croix établit le projet : le bâtiment de l’ancienne station essence est conservé, les 3 pompes de distribution de carburants sont supprimées et remplacées par la construction du funérarium accolé à l’ancien bâtiment, avec deux salons funéraires.

( documents archives municipales)

photo BT et publicité Nord Eclair

En moins de 3 décennies, quatre maisons ont disparues, remplacées par une station essence, puis par un funérarium.

Document PF Lemaitre

Remerciements aux archives municipales.

Cinquantenaire du Minck

Le marché aux poissons, appelé le Minck, est créé en 1862, place du Trichon, dans un des plus vieux quartiers de Roubaix. Tous les roubaisiens amateurs de poissons frais viennent au Minck pour y acheter du poisson à la criée. Le succès de ce marché ne se dément pas et, au début du siècle dernier, on compte 38 tables de vente.

documents collection privée

En 1912, le Minck a 50 ans. Le Comité des fêtes du quartier décide de célébrer cet événement, avec l’aide financière de la municipalité. Le Cinquantenaire du Minck a lieu les 18 19 et 20 Mai 1912. Il faut beaucoup d’ingéniosité de la part du Comité organisateur pour préparer les festivités dès le mois de Mars. Leurs efforts persévérants doivent aboutir à un succès total de cette manifestation.

Sur le document ci-dessous, on reconnait, assis de gauche à droite, Mrs Catteau, Lefebvre, Tiers, Meyer, Kerkhove et Delcambre

Le Comité des fêtes du Trichon ( document Journal de Roubaix 1912 )

Samedi 18 Mai 1912, tout est prêt. C’est l’effervescence dans tout le centre ville. Les festivités vont durer trois jours sur la place du Trichon. Dans toutes les maisons du quartier, on s’apprête à pavoiser et à décorer. De nombreux chars sont préparés pour ces fêtes originales et importantes pour la population. Les couturières se sont mises à disposition pour confectionner la robe et le manteau de la Fée du Trichon ( représentée par Emilienne Mathon ), et de la Reine de l’Industrie ( représentée par Blanche Bombecke ). Ces deux demoiselles sont deux modestes ouvrières que tout le quartier applaudira le jour de leur royauté éphémère. Leurs luxueux vêtements confectionnés sont exposés dans la vitrine de M. Potage, peintre décorateur au 9 place du Trichon.

documents Journal de Roubaix 1912

A 20h, la retraite féérique comprenant des chars avec de nombreux motifs lumineux, parcourt tout le quartier, au départ de la salle des fêtes de la rue de l’Hospice, puis défile dans la rue St Georges, la Grand Place, les rues Neuve et Sébastopol, la place du Trichon, les rues des Fleurs, des Arts, d’Inkerman, du Bois, et enfin revient rue de l’Hospice à la salle des fêtes. Pour faire bon accueil aux visiteurs, tout le quartier est paré d’ornements décoratifs : des drapeaux tricolores à toutes les fenêtres, des mâts surmontés d’oriflammes, des banderoles multicolores, des fleurs, des guirlandes et le soir d’une féerie d’illuminations.

document collection privée

Le défilé se met en route à 20h30 : des enfants avec des lanternes vénitiennes commencent l’itinéraire suivis par la fanfare des Trompettes, le char du Roi des Mers, le char à transformation La Fée, des porteurs de torches et d’autres lanternes vénitiennes terminent le cortège. La retraite lumineuse obtient un franc succès. Le cortège est accueilli chaleureusement par de vifs applaudissements. Une foule très dense entoure le Minck brillamment illuminé, orné d’une cascade du plus bel effet. Les spectateurs enchantés par cette soirée se dispersent vers 22h.

document Journal de Roubaix

Dimanche 19 Mai 1912, une braderie est organisée le dimanche matin dans la rue du Bois et la rue des Fabricants. De nombreuses manifestations ont également lieu dans le quartier : 2 courses cyclistes, l’une de 1000 mètres et l’autre de 3000 mètres, des combats de coqs, un lâcher de pigeons voyageurs.

A 11h30, les membres du comité de la fête, reçoivent dans le palais communal de la rue de l’Hospice, le roi George V d’Angleterre et le remercient pour sa présence, nouvelle preuve de l’amitié franco-anglaise. Un succulent repas est ensuite servi à de nombreux convives. Sur le document ci-dessous, A noter un clin d’oeil sympathique : la caricature de Théophile Meyer, épicier rue Jacquard et président honoraire du Comité d’organisation.

Le menu du repas proposé aux invités le 20 Mai 1912 ( document collection privée )

Après le repas, vers 14h30, Mrs Tiers, président, et Kerkhove, vice-président reçoivent Jean Lebas, maire, ainsi que ses principaux adjoints. Dans l’après midi, au square Pierre Catteau, est organisée une grande et charmante « Fête enfantine » pour une soixantaine de couples de garçons et filles, vêtus de costumes les plus divers. Beaucoup de roubaisiens font le déplacement pour contempler les évolutions de ces enfants. Les réjouissances attirent une foule considérable. Pendant ces trois jours de festivités, un concours photographique est organisé. Les épreuves doivent être envoyées au secrétaire du Comité au 21 rue du Trichon.

Lundi 20 Mai 1912 à 15h, une fête aérostatique a lieu au square Pierre Catteau. Un grand concours de ballons-pilotes ( un concours de ballonnets ) est proposé pour les enfants ; chaque enfant attache sur un ballon, une carte qui porte son nom et son adresse. L’enfant lance le ballon depuis la pelouse du square. Les distances sont ensuite calculées et les ballonnets qui ont parcouru la plus longue distance font gagner aux enfants de superbes cadeaux.

document Journal de Roubaix

A 17h30 a lieu la cérémonie du baptême du ballon Madeleine de 1200 mètres-cube. L’aérostat tout enguirlandé de roses et de feuillages décolle ensuite à 18h pour sa première ascension officielle, piloté par son propriétaire Georges Delcambre. Cette fête aérostatique de clôture connaît un grand succès. C’est une véritable réunion de famille pour les roubaisiens. Ces trois jours de festivité dans le quartier du Trichon remportent donc un immense et légitime succès populaire pour le plus grand bonheur des habitants du quartier et de tous les roubaisiens.

Le Minck sera rasé en 1950 pour raisons de vétusté et de sécurité ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : la démolition du Minck )

Remerciements aux archives municipales.

Adieu Jacques Brel

Le dernier concert de Jacques Brel a lieu à Roubaix le Mardi 16 Mai 1967 dans la salle du Casino, place de la Liberté. Pour sa dernière tournée, Jacques Brel souhaite terminer par notre ville, car c’est dans le Nord qu’il a commencé sa carrière. Cela fait pourtant bien longtemps qu’il avait annoncé son intention de ne plus donner de galas sur scène. Mais Jacques a longuement envisagé avec calme et confiance, ce départ réfléchi et ce jour est arrivé à Roubaix.

Jacques Brel arrive au Casino de Roubaix par la Grand rue, avec son directeur de tournée Georges Olivier ( document Nord Eclair )

Pour ce dernier concert, 2000 billets sont mis en vente. Monsieur Maes, directeur du Casino n’en revient pas. C’est un véritable raz de marée. Les 2000 tickets sont vendus en 30 minutes ! De nombreuses personnalités du spectacle sont présentes pour assister à cet événement : Bruno Coquatrix a quitté son Olympia et Eddie Barclay est venu spécialement de Cannes.

Eddie Barclay de dos, Bruno Coquatrix au centre, et Jacques Brel ( document Nord Eclair )

La place de la Liberté est envahie par les voitures des radios périphériques (RTL, Europe 1…), des photographes de grands hebdomadaires parisiens. Le public est venu de toute la France : Marseille, Bordeaux, Nantes …et bien sûr de Belgique : des fans acharnés qui ne veulent absolument pas rater l’événement : la dernière de Jacques Brel. Tout le public espère que ce ne sera qu’un faux départ, qu’il va changer d’avis et remontera sur les planches prochainement.

Jacques Brel sur la scène du Casino ( document Nord Eclair )

Jacques Brel entre en scène devant un public très ému et les 20 chansons interprétées prennent, en cette occasion, un accent particulier. Les titres se succèdent à un rythme rapide, tandis qu’il essuie d’un revers de main, son front ruisselant ; « Les Vieux, Madeleine, Jef, Le plat pays, Ne me quitte pas ». Les titres se bousculent. Le public hurle, trépigne, exige, comme si, cette folle nuit ne devait jamais se terminer. Les photographes mitraillent prennent des milliers de photos, les éclairs de flash éblouissent toute la salle du Casino.

document Nord Eclair

Le spectacle se termine. Une vive émotion s’empare alors du public dans la salle, lorsque le rideau tombe. Tout le public se lève pour une « standing ovation » en criant « Encore Encore ! ». Malgré les rappels et les cris, Jacques ne revient pas sur scène. Personne ne réalise encore vraiment qu’il n’y remontera plus.

document Nord Eclair

L’émotion est encore plus vive derrière le rideau, lorsque tout le monde reprend en choeur : « Ce n’est qu’un au revoir ». Dans les salles de rédaction, personne n’y croit encore. Jacques Brel n’est pourtant pas un de ces farfelus qui nous ont habitué à de fausses sorties publicitaires.

« La dernière » est toujours un spectacle émouvant. Ce n’est plus le chanteur seul qui a le trac, mais ses amis, les musiciens, les ouvreuses, les journalistes, les spectateurs. Tous savent qu’ils emportent avec eux, la dernière image d’un très grand Monsieur, le dernier salut de Monsieur Brel.

document Nord Eclair

Cette fois, c’est bien fini. Bruno Coquatrix lui déclare alors : A 38 ans, on ne s’en va pas sur la pointe des pieds, avec le spectacle de ce soir, vous nous reviendrez encore, Monsieur Brel !

Mais non, Jacques a pris sa décision et c’est bien  »la der des der ». La salle se vide, les lumières s’éteignent une à une. C’est fini.

document Nord Eclair

Jacques Brel ne fera plus de concerts exténuants, mais ne prendra pas sa retraite pour autant. Il se tourne alors vers le théâtre où il crée la version francophone de « l’Homme de la Mancha », et surtout vers le cinéma où il enchaine les succès : « les Risques du Métier, mon Oncle Benjamin, l’Emmerdeur, l’Aventure c’est l’Aventure », et bien d’autres, jusqu’au début des années 1970.

Jacques Brel en 1973 sur le tournage de l’Emmerdeur ( document collection privée )

Après avoir passé son brevet de pilote, il achète un avion bimoteur et un voilier pour son propre plaisir et part habiter aux îles Marquises. Gros fumeur, il est atteint d’un cancer du poumon. Jacques s’éteint à Paris en Octobre 1978 et repose au cimetière des Iles Marquises.

Remerciements aux archives municipales.

Un meurtre à Jean XXIII

Jeudi 14 Juin 1984 vers 15h, la jeune secrétaire de l’institution Jean XXIII rue Notre Dame des Victoires à Roubaix, vient d’être assassinée.

document Nord Ecla

Françoise Petit, née Rinsveldt, âgée de 27 ans, demeurant à Bouvignies mais qui a longtemps habité rue Dupuy de Lomme à Roubaix, est tuée avec une sauvagerie inouïe. C’est un drame horrible. Une vingtaine de coups de poignards lui ont été portés, dont trois au thorax et au cou, qui ont été fatals, ce qui ne laisse guère de doutes sur les intentions de l’assassin.

Françoise Petit ( document Nord Eclair )

Les enquêteurs de la Sûreté ainsi que Mlle Poinsot, substitut du procureur de la République sont sur place. C’est la stupeur et la consternation pour la direction, les enseignants et les élèves de l’institution. Mr l’abbé Jaeger, directeur de l’établissement, est complètement abasourdi car Mme Petit est arrivée en 1976 et c’était une femme sans problèmes qui n’a jamais donné l’impression d’être menacée. C’était d’ailleurs une ancienne élève de l’école. Et pourtant le sang a coulé à Jean XXIII.

L’enquête commence. La fouille de tous les bâtiments et de toutes les classes ne donne rien. Il n’y a pas d’indices et beaucoup de questions restent en suspens :

Un élève serait il responsable de ce crime abominable ? Les policiers en doutent, car si un élève voulait se venger d’une réprimande, il réglerait ses comptes avec l’enseignant et non pas la secrétaire.

Le meurtrier serait il venu de l’extérieur ? Qui ? Dans quel but ?

Françoise Petit était à son poste et elle actionnait, au moyen d’une pédale, le système d’accès à l’établissement, mais n’avait certainement rien constaté de suspect.

document Nord Eclair

L’enquête commence ; un homme au comportement bizarre avait été aperçu à proximité du lycée, peu de temps avant le meurtre. Cet homme, connu des services de police pour alcoolisme et violence, est finalement libéré car les charges sont insuffisantes. Les policiers reprennent le dossier au départ et l’investigation continue. Les jours, les semaines, les mois passent, et l’enquête piétine.

Enfin 9 mois après, en Mars 1985, la presse locale annonce que Françoise aurait pu être assassinée par hasard ! L’un des deux auteurs présumés du crime est déjà en prison pour le meurtre de son beau frère. Il semble donc que l’assassinat soit en voie d’élucidation. Et pourtant les deux hommes de 24 et 26 ans sont mis hors de cause, et libérés à leur procès en cour d’assises en 1991.

document Nord Eclair

Dix ans après le meurtre, en 1995, la famille de la jeune femme, avec l’aide de leur avocat, Patrice Cottignies, s’en remet à la célèbre émission de télévision animée par Jacques Pradel « Témoin Numéro Un » pour tenter d’avoir enfin des réponses à ces questions : Qui a assassiné Françoise Petit-Rinsvelt ? Et pourquoi ? Un nouveau juge d’instruction s’occupe désormais du dossier et c’est la gendarmerie qui est chargée d’enquêter.

En mars 2015, un journaliste édite un article dans la presse locale : 30 ans après cet assassinat, cette affaire effroyable dans une institution réputée et respectable : Jean XXIII ( aujourd’hui Saint Rémi ), n’est toujours pas élucidée. On ne peut que constater et déplorer que le meurtrier court toujours !

Françoise Petit ( document Nord Eclair )

Remerciements aux archives municipales.