Du centre d’apprentissage au Lycée Loucheur

Un centre d’apprentissage est créé en 1941, au 112 rue des Arts à Roubaix, à l’initiative de la Chambre de Commerce. Le but de ce centre est de donner une formation adéquate aux jeunes de la région, afin de lutter contre le chômage. Initiateur du projet, Paul Degryse devient le directeur de cet établissement dont le bâtiment était auparavant occupé par J. Martel mécanicien constructeur.

document collection privée
Le 112 rue des Arts, de nos jours ( photo BT )

Le nombre de jeunes intéressés par cette formation est très important. Les locaux ne sont pas suffisamment grands pour accueillir tout le monde. Très rapidement, une annexe est créée au 168 rue de Lille. Mais le problème majeur reste toujours le nombre croissant de l’effectif, et les deux endroits dispersés sont insuffisants. Il est urgent de construire un centre d’apprentissage digne de ce nom.

En 1957, un permis de construire est accordé pour la construction d’un Centre d’apprentissage, au 8 Boulevard de Lyon, sur un terrain manifestement laissé à l’abandon. Un château en ruines, occupé autrefois par la famille Willot Screpel y sera prochainement rasé.

Le château de la famille Willot Screpel au centre du terrain ( photo aérienne 1953 )
Plan cadastral

Les crédits de 200 millions de francs pour la construction sont maintenant accordés et les travaux vont pouvoir démarrer.

Les 2 architectes, Mrs Bazelis et Deletang travaillent en étroite collaboration avec Paul Degryse qui apporte sa compétence et son expérience de technicien.

Le vaste terrain d’une superficie d’1 ha, permet l’implantation de grands bâtiments. Le projet comprend un immense bloc-atelier, un bâtiment central pour l’enseignement général, les services administratifs, une cuisine avec salle de restaurant, un amphithéâtre, un gymnase, une installation cinématographique, une infirmerie, des douches.

document Nord Eclair 1956

L’établissement sera le plus moderne de France, il pourra accueillir 400 élèves, et compte tenu des prévisions démographiques favorables des années 1960, on pourra même envisager un second étage aux bâtiments.

La première pierre de ce centre est posée en 1957. Paul Degryse devient naturellement directeur de ce centre d’enseignement des métiers du bâtiment : charpente, mécanique etc, pour garçons.

document Nord Eclair 1959

Le centre d’apprentissage du boulevard de Lyon ouvre en 1959. Paul Degryse y accueille les parents d’élèves, pour visiter les locaux flambant neufs.

Quelques années plus tard, à la fin des années 1960, le Centre d’apprentissage change de nom, et devient un C.E.T Collège d’Enseignement Technique. Il dépend ainsi du département.

document archives municipales

Dans les années 1960, Paul Degryse édite régulièrement un périodique scolaire « Vers l’Avenir » destiné aux élèves.

document P. Debuine

En 1970, le Collège compte 417 élèves dont 301 demi-pensionnaires et 116 externes. Il n’y a pas d’examen d’entrée au Collège. Les diplômes obtenus sont le CAP ou le BEP. En cette année 1970, une nouveauté vient compléter les différentes formations techniques : la cellule Gaz qui permet de former une nouvelle pépinière d’ouvriers qualifiés.

Le C.E.T reçoit tous les mardis une centaine d’apprentis coiffeurs qui viennent compléter leur formation et accueille également des sociétés sportives roubaisiennes qui viennent profiter du gymnase.

Le nouveau directeur, Mr Lefebvre, gère également le foyer socio- éducatif du collège ( cours de photo, modelage, ciné club, journal )

documents archives municipales

à suivre . . .

Remerciements à Jean-François Caron, proviseur, ainsi qu’aux archives municipales.

Fraignac, l’opticien de la Grand Place

Elie Fraignac est né dans le Cantal en 1877. Il se marie en 1908 avec Louise Denneulin née à Lille en 1885. Elie et Louise décident de reprendre un commerce. Ils portent leur choix sur un commerce d’optique au 20 bis de la Grand Place à Roubaix, car le père de Louise, François Denneulin était opticien.

Elie et Louise Fraignac ( document JM Fraignac )

C’est un commerce idéalement bien placé au début des années 1900. Cette partie de la Grand Place est dans le prolongement de la rue Pierre Motte, entre la rue du Château et la rue Jeanne d’Arc, à deux pas des Halles. C’est une bâtisse imposante, construite sur 4 niveaux . Au rez de chaussée se trouvent le commerce et l’atelier et l’habitation dans les étages. Leurs proches voisins sont également occupés par des commerces : le tailleur Devlaminck et les tissus Aubanton.

document archives municipales

A l’époque, on parle davantage de lunetier que d’opticien, qui conseille sur l’achat de binocles destinés à corriger les défauts et déficiences de la vue. Louise s’occupe du commerce et de la vente. Elle conçoit dans son atelier, la fabrication des lunettes à partir de verres minéraux qu’elle axe, découpe, taille à la meuleuse et insère dans la monture.

binocles ( document JM Fraignac )

Quant à Elie, il s’occupe de l’administratif du commerce mais est également employé de Mairie car il délivre les reçus de loyers des logements de la loi Louis Loucheur.

Les affaires fonctionnent très correctement, car au début des années 1910, on ne recense que 6 opticiens ( dont Fraignac-Denneulin ) à Roubaix ! Elie développe l’activité du commerce, en ajoutant des gammes complémentaires : baromètres, jumelles, boussoles, règles à calcul, balances mais également des produits beaucoup plus techniques comme des tubes éprouvettes, des ballons en verre, destinés aux laboratoires des usines textiles et aux collèges techniques. Le commerce se spécialise alors, en optique médicale, scientifique et industrielle. Toujours vêtu de sa grosse blouse de travail grise, ( la tenue traditionnelle des Auvergnats ) Elie s’occupe de la réception des fournisseurs, répare les baromètres, jumelles, etc .

Elie et Louise ont trois enfants, Marie-Thérèse née en 1912, Jean en 1914 et Jacques en 1922. A la fin des années 1930, Jean et Jacques apprennent le métier d’opticien avec leurs parents. Quant à Marie-Thérèse, elle préfère s’orienter vers d’autres domaines.

la façade ( document JM Fraignac )

Sur la photo ci-dessus, on distingue sur la façade du magasin à droite de la porte d’entrée le thermomètre vertical qui indique la température aux roubaisiens. Jean Fraignac qui se trouve sur le pas de la porte, installe souvent en vitrine, de superbes objets : des lunettes astronomiques, des jumelles, et même un magnifique baromètre-étalon accroché en permanence dans la vitrine de gauche.

jumelles de théâtre en nacre et son étui brodé ( document JM Fraignac )
baromètre ( document JM Fraignac )
buvard années 1950 ( document collection privée )

Elie décède en 1952, et son épouse Louise en 1954. Leurs deux fils Jean et Jacques s’associent alors en 1955, pour créer « Fraignac-Frères », et continuer l’activité. En 1966, la municipalité décide d’agrandir la Grand Place. Les maisons situées entre la rue du Château et la rue Jeanne d’Arc seront détruites ( voir sur notre site, un précédent article édité et intitulé « Une partie de la Grand Place disparaît » ). Jean et Jacques Fraignac sont alors expropriés. Fort heureusement, le local du commerce de tissus de Marcel Loucheur au 26 de la Grand Place se libère.

le commerce de tissus de Marcel Loucheur en 1966 ( document archives municipales )

Les deux frères achètent le commerce et déposent un permis de construire pour modification de la façade. Ils font appel à l’architecte Marcel Spender pour la direction technique des travaux, qui leur propose de déplacer latéralement une des deux vitrines et de poser une porte de service extérieure, pour pouvoir accéder directement aux étages. Après les travaux, l’optique Fraignac déménage donc au 26 de la Grand Place, en 1967.

le projet de l’architecte ( document archives municipales )
publicité 1967 ( document Nord Eclair )
la nouvelle façade ( document JM Fraignac )

Dans les années 1960-1970, Jean et Jacques Fraignac développent encore leur commerce, bien que la concurrence arrive rapidement sur Roubaix. En effet, les détaillants opticiens implantés à Roubaix sont désormais une quinzaine. Dans les années 1980, les frères Fraignac réagissent et deviennent opticiens dépositaires de la marque Atol.

Publicité ( document JM Fraignac )
Publicité ( document JM Fraignac )

Jean Fraignac décède en 1989. Son frère Jacques, à 67 ans, ne souhaite pas continuer seul l’activité et prend donc sa retraite. L’affaire est cédée et après quelques travaux d’aménagement, en 1990, Olivia Boyenval et Bertrand Fiévez ouvrent leur commerce « Best Optique » au 26 Grand Place.

Best optique ( document archives municipales )

Aujourd’hui, le commerce est occupé par Master Naan un restaurant snack qui propose des spécialités indiennes.

Master Naan ( photo BT )

Remerciements à Jean-Marie Fraignac et aux archives municipales.

Les Orgues de Roubaix

Martin Lehmann a 37 ans ; il est marié et père de 4 enfants. C’est un ancien chanteur d’opéra. Parisien d’origine, il est fou de musique mécanique. L’idée lui vient un jour d’ouvrir un salon de thé où l’ambiance serait confiée à un instrument polyphonique.

Martin Lehmann ( document Nord Eclair )

Arrivé en 1999 à Roubaix, il tombe immédiatement amoureux de la ville. Martin découvre, depuis la Grand Place, l’immeuble du N° 4 de la rue du maréchal Foch. Cet immense bâtiment a longtemps été occupé par la prestigieuse compagnie d’assurances Antwerpia qui a quitté les lieux en 1990, et qui a abrité à la rentrée de cette même année, l’école « Sup de Cré » : école supérieure de créatifs en communication.

document collection privée

Martin Lehmann a un coup de foudre pour cet immeuble, et reste persuadé que cela va donner à son projet initial une dimension qu’il n’imaginait même pas !

Martin fait en effet l’acquisition d’un orgue « Mortier » de 1912 : une pièce rarissime ! Un orgue immense de 8,20 m de haut et 5,20 m de large avec 744 tuyaux et 24 registres ce qui correspond à une harmonie de 70 musiciens

l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )
l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )

Il décide donc d’ouvrir un cabaret-musique-dancing, unique au monde, dans notre ville, au 4 de la rue du maréchal Foch. Martin Lehmann rencontre M. Boudailliez adjoint à la culture à la mairie pour lui présenter son projet. Ce dernier est séduit par son idée, d’autant que le Musée de l’Art et de l’Industrie « La Piscine » va ouvrir ses portes dans peu de temps. C’est un formidable tremplin pour la ville.

Martin va ainsi réaliser son rêve et se lancer dans un projet très ambitieux : « Les Orgues de Roubaix » en ce début d’année 2000.

la verrière ( document Nord Eclair )

L’orgue Mortier est installé sous l’élégante et lumineuse verrière du 4 rue du maréchal Foch, dans une vaste pièce aux dimensions parfaites. C’est la grande vedette de ce  »musée-cabaret-dancing ». Mais il y a d’autres stars, tels un orgue de barbarie de 32 notes et le fameux jazz-bandophone à 45 touches.

Pour Martin, ce n’est pas qu’un musée, c’est un véritable lieu de vie, de fête et de convivialité.

Martin, en maître des lieux se constitue une formidable collection de musique en faisant refaire à l’orgue Mortier, des symphonies, des opérettes mais également des musiques populaires.

la façade ( document Nord Eclair )

L’établissement « Les Orgues de Roubaix » ouvre le 23 Septembre 2000. Martin Lehmann organise le matin, des visites réservées aux scolaires ou aux groupes, puis le midi, sert des repas simples à prix modérés dans un cadre unique. Ensuite il enchaîne avec des thés-dansant dans l’après-midi et termine le soir par des dîners-spectacles de style Moulin Rouge avec French Cancan et chansons populaires. Le prix de l’entrée est de 250 Frs pour passer une soirée inoubliable.

Ambitieux, Martin contacte des Tours Opérators pour faire venir des touristes étrangers à Roubaix, ainsi que le Grand Hôtel Mercure de Roubaix et les hôtels de toute la métropole en vue de communiquer sur les Orgues de Roubaix.

Instantané de mémoire : « Je veux que cet endroit soit un lieu de mémoire dédié en partie à Roubaix à la formidable aventure collective de cette ville et à sa renaissance. Le bonheur de se réaliser dépasse l’angoisse de se rater. »

Menu du réveillon du 31.12.2000 ( document collection privée )

Pour dynamiser davantage son entreprise, Martin Lehmann prépare la soirée du réveillon du 31.12.2000.

L’équipe devant l’orgue Mortier ( document archives municipales )

En début d’année 2001, l’ ARIC Association des Retraités Indépendants et Cadres y organise un repas spectacle de plus de 200 personnes. Tous les retraités sont ravis d’avoir passé un super moment convivial.

soirée ARIC ( document Nord Eclair )

Malheureusement, Martin Lehmann n’a pas gagné son pari. C’est un échec et les Orgues de Roubaix ferment leurs portes en 2001. Il y croyait pourtant, enthousiaste et passionné. Il a investi beaucoup d’argent pour la rénovation de son orgue, pour les travaux de ré-aménagement du lieu, pour ses fabuleux spectacles de French Cancan . . .

Il y a bien eu, certes, des soirées mémorables, mais la mayonnaise n’a jamais vraiment pris. Martin s’est retrouvé bien seul face aux premières difficultés de sa formule, et il en a gros sur le cœur : « c’est un énorme gâchis ». L’orgue est désormais démonté et remballé.

document Nord Eclair

En Janvier 2003, Thierry May commissaire priseur, s’installe dans cet immeuble de la rue du maréchal Foch, pour y créer la société de vente aux enchères de Roubaix.

L’immeuble en 2022 ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales

Une partie de la Grand Place disparaît

Dans les années 1960, le développement de l’automobile rend la circulation de plus en plus difficile à Roubaix et en particulier, dans le centre ville.

Déjà en 1958, on a démoli le magasin de vêtements d’Albert Devianne, qui se trouvait à l’angle de la rue Jeanne d’Arc, pour dégager le carrefour des Halles. De cette façon les automobilistes venant de la Grand Place peuvent avoir un accès plus aisé sur le boulevard Leclerc via la Grand Poste.

La façade du magasin d’Albert Devianne ( document M. Devianne )
Document Nord Eclair 1958

En cette fin d’année 1967, pour améliorer le trafic, le conseil municipal décide donc de démolir une partie du quartier du centre ville : quelques maisons au N° 1, 3 et 9 de la rue du Château, jusqu’à l’allée du Lido, et cinq maisons sur la Grand Place du N° 18 au 20 ter, ce qui permettra de donner plus d’espace au centre commercial du Lido situé juste derrière, et un meilleur accès au parking via la rue de l’hôtel de ville.

Ces travaux d’élargissement et de rénovation vont coûter 115 millions d’anciens francs, somme importante mais nécessaire pour avoir un centre ville digne de ce nom. Ces démolitions permettront en 1968 une meilleure circulation entre la rue de l’Hötel de Ville et la rue Pierre Motte.

Plan du quartier ( documents Nord Eclair )

Sur la photo ci-dessous, à droite se trouvent : le café du Commerce au N° 20, puis l’opticien Fraignac au 20 bis et les draperies Aubanton-Gigieux au 20 ter. De l’autre côté de la place, au N° 21 le commerce Michou : boucherie-volailles-crémerie se trouve sous l’Hôtel du Centre, dont l’entrée se situe 1 rue Pierre Motte.

Photo 1967 ( document collection privée )

Sur la Grand Place, au N° 18, à l’angle de la rue du Château, se trouve le magasin du Tailleur Devlaminck, depuis les années 1920, où plusieurs générations se sont succédé. C’est une immense bâtisse sur 4 niveaux. Daniel Devlaminck, exproprié, s’installera ensuite au 4 rue du Maréchal Foch.

Pub Devlaminck 1967 ( document Nord Eclair )
Façade du 18 ( document archives municipales )
Façade du 4 rue Foch ( document Nord Eclair )

Au N° 19 se situe le café de l’Etoile reconnaissable à son superbe vitrail au dessus de la porte d’entrée.

La façade du 19 ( document archives municipales )

Puis au N° 20 se trouve le café du Commerce. L’immeuble est bâti sur deux niveaux. Au dessus du 1er étage figure un immense panneau publicitaire pour la marque de chocolat et confiserie de Delespaul-Havez.

la façade du 20 ( document archives municipales )

L’opticien Fraignac est implanté au 20 bis depuis les années 1910. Il partira ensuite au 26 de la Grand Place.

Le 20 ter est occupé, également depuis les années 1910, par Aubanton-Gigieux commerçant en draperies. Ce négociant qui fournit les maîtres tailleurs, partira ensuite au 29 rue Mimerel.

Façade du 20 bis et 20 ter ( document archives municipales )
Publicité Fraignac-Denneulin 1967 ( document Nord Eclair )

A la veille des grandes fêtes de la Charte, programmées en 1969, il est primordial que le centre ville soit rénové. La Grande place sera en effet un emplacement stratégique pour le déroulement des diverses manifestations, avec un Hôtel de Ville à la façade ravalée d’une blancheur de pierre et une église Saint Martin immaculée.

Photo 1985 ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales

Bardahl

En 1939, Ole Bardahl est ingénieur à Seattle aux Etats-Unis. Il met au point un lubrifiant révolutionnaire pour moteurs. Il fonde la « Bardahl Manufacturing Corporation » et optimise sa formule en la testant lors de compétitions automobiles . Le succès est immédiat. Le développement est extraordinaire : vingt ans suffiront pour que Bardahl devienne N° 1 des ventes aux USA.

Ole Bardahl ( document Sadaps Bardahl )
document collection privée

En 1953, Jean Leplat est directeur technique dans l’entreprise textile de son beau-père René Vandendriessche à Roubaix. Il propose à la société américaine de devenir le distributeur exclusif des produits Bardahl pour la France. Il crée la SADAPS Société Anonyme Des Additifs et des Produits Spécialisés et s’installe au 35 rue du Chemin de Fer. C’est une maison de particulier, mais qui comprend à l’arrière un grand local. L’ensemble s’étend sur 589 m2

le 35 rue du chemin de fer ( photo BT )
Plan cadastral

Jean Leplat est un homme de communication. En 1960 Bardahl participe au tour de France avec des moyens publicitaires ; un Tube H Citroên, une motocyclette et une 2 CV fourgonnette

document collection privée

En 1962, Jean Leplat crée le Bardahl-club des Flandres au café du Bardahl-club. Son but est de réunir les utilisateurs des deux roues pour leur proposer des conseils techniques, des réductions aux assurances, des abonnements gratuits à la revue Bardahl-miroir etc Ce club regroupe rapidement des personnalités roubaisiennes tels que Mrs Pachy, Herkenrath, Picavet et bien d’autres encore. Le Bardahl-club sponsorise le tour de France cyclotouriste en 1963. Jean Leplat communique également lors de manifestations locales sur la commune

Le bardahl club ( document Nord Eclair 1962 )
document collection privée

Dans ces années 1960, Jean Leplat commence à fabriquer les produits Bardahl à Roubaix à partir de produits concentrés importés des Etats-Unis. ( les additifs en futs de 215 litres sont déchargés manuellement des camions ). Le succès est immédiat. En 1970, le fils de Jean, Dominique Leplat reprend l’entreprise. Les locaux deviennent trop petits, Dominique décide donc de déménager l’entreprise au 27 Boulevard Leclerc.

vue aérienne de Bardahl 27 boulevard Leclerc ( document archives municipales )
plan cadastral

En 1979, Dominique Leplat sponsorise 3 motos Honda qui participent au 2° Paris Dakar, en leur fournissant tous les lubrifiants pour leur motos, pour cette course très difficile pour les pilotes, mais aussi pour les mécaniques.

document Nord Eclair 1979

En 1990 Un déplacement de l ‘entreprise devient nécessaire et indispensable, vu le développement et la progression de la société, ainsi que les problèmes de circulation au centre ville de Roubaix mais également les problèmes de stationnement pour les 40 membres du personnel.

Dominique Leplat, avec l’aide de la SIAR, ( Syndicat Intercommunal de l’Agglomération Roubaisienne ) déménage son entreprise à la Zone Industrielle de Roubaix Est ( à Leers, rue de la Papinerie ). L’entreprise était occupée auparavant par Gestetner. Les locaux ont dix ans d’existence et sont donc en bon état. Dominique fait construire un entrepôt de stockage sur place, juste à côté des bureaux.

Bardahl à Z.I. Roubaix Est ( document Nord Eclair 1990 )
Bardahl à Z.I. Roubaix Est ( document Nord Eclair 1990 )

Les produits Bardahl arrivent en citerne et sont stockés dans d’énormes cuves pour être ensuite conditionnés sur place : mise en bouteille, étiquetage, empaquetage. L’entreprise investit d’ailleurs sur une nouvelle machine de conditionnement des produits, qui va permettre de doubler la production.

L’année suivante, en 1991, Dominique Leplat et Evelyne Bardahl ( la fille d’Ole ) s’associent. La SADAPS Bardahl devient le producteur des produits pour toute l’Europe. Avec 60 commerciaux dont 5 en Allemagne et 5 en Belgique, Bardahl France exporte dans une grande partie des pays européens.

document Nord Eclair 1995

En 1995, Bardahl est certifié ISO 9001. Cette norme européenne de qualité accordée est encore un challenge pour Bardahl, spécialisé en lubrifiants et additifs pour carburants. C’est une grande satisfaction pour l’entreprise, annonce Dominique Leplat. Tout le personnel s’est impliqué pour obtenir ce label de qualité qui est un gage de sécurité pour nos clients mais également auprès de nos fournisseurs.

Certification ISO ( document Nord Eclair 1995 )
Intérieur entrepôt Z.I. Roubaix Est ( document Nord Eclair 1995 )

La marque Bardahl reste toujours le marque de référence pour les particuliers, les professionnels de l’automobile et les sportifs de haut niveau.

document Nord Eclair 1995

Le 1 Aout 2003,faute de place et de possibilités d’expansion l’usine Bardahl de la Zone Industrielle de Roubaix-Est déménage. L’usine de production est transférée à Tournai en Belgique. Ce site industriel mondial est le centre névralgique de la relance durable et inclusive de la marque, qui veut sans cesse progresser grâce à son implication dans l’innovation et la transition écologique.

En 2016 Bardahl devient partenaire officiel de l’écurie Sébastien Loeb Racing

Sébastien Loeb ( document Sadaps Bardahl )

Dominique Leplat décède en 2018. Sa fille Sonia Callens-Leplat reprend sa succession dans l’entreprise Sadaps Bardahl.

Témoignage de Sonia Callens-Leplat : Nous sommes aujourd’hui une source de production et de distribution pour plus de 40 pays. Nous développons et produisons nos propres formules. Nous sommes aussi un des seuls pôles qui détient une activité à la fois dans l’automobile, la moto et le vélo, le bricolage, le jardin, le nautisme et l’industrie. Nous fournissons les plus grands constructeurs automobiles Citroën, Renault, Volkswagen, Peugeot etc 

document L’Argus

De nos jours, SADAPS Bardahl Additives and lubricants , l’usine de production est toujours implantée à Tournai. Les bureaux de la maison mère Sadaps-Bardahl CORPORATION sont implantés à Marcq en Baroeul .

L’entreprise Bardahl France, créée en 1953 rue du chemin de fer est restée roubaisienne pendant 50 années.

document Sadaps Bardahl

Remerciements à Sonia Callens-Leplat ainsi qu’aux archives municipales.

ANTVERPIA ( suite )

Quand Emile Rosez décède prématurément en 1933 à l’âge de 70 ans, son épouse Julie et leur fils Elie restent dans l’immeuble de la rue Foch. Les bureaux restent au rez-de-chaussée et l’habitation est conservée aux étages supérieurs.

Le fils aîné, Octave, prend la Direction Générale de ANTVERPIA France Algérie, secondé par ses frères dans l’entreprise, prenant chacun des responsabilités dans les branches d’assurances : Abel s’occupe des contrats Incendie, André des contrats Assurance Vie et des rachats de contrats, ainsi que de l’accueil de la clientèle. Nestor gère l’administration et devient chef du personnel.

La plupart d’entre eux choisissent de résider dans des lieux différents, au 31, 31bis, 33 rue du Trichon, rue d’Inkerman et rue de l’Industrie, mais toujours à Roubaix.

document 1956 ( document collection privée )

En 1952, Julie Rosez décède dans ses appartements au siège rue Foch.. Octave Rosez souhaite alors transformer les étages supérieurs, et demande un permis de construire. L’architecte Leman 9 rue Daubenton est choisi pour réaliser les travaux. Au 1er étage on trouve le bureau du Directeur Octave et le service Incendie. Au 2ème étage l’appartement privé de Julie est transformé en bureaux et salles de réunion.

Bernard Fegueur entre dans l’entreprise en 1962 pour prendre la Direction France en prévision du remplacement prochain d’Octave Rosez prenant sa retraite.

buvard années 1960 ( document collection privée )

Chaque année, la direction organise une Assemblée Générale où tout le personnel est convié, et, en raison des résultats très satisfaisants, ANTVERPIA France est une des premières entreprises à proposer une participation aux bénéfices pour le personnel.

Témoignage de Charlyne, qui a débuté sa carrière à 16 ans, sous la bienveillance de André Rosez, comme assistante, puis secrétaire de Direction : « C’était une grande époque en effet, les patrons étaient très souvent proches de leurs employés, ils s’occupaient de la famille de ceux-ci en cas de difficultés passagères, et tout le monde oeuvrait pour la grandeur de l’entreprise. Il y avait de la reconnaissance en retour… »

le château Antverpia à Sint-Mariaburg à l’époque et de nos jours ( document T. Rosez et Google Maps )
Départ en bus pour Sint-Mariaburg en 1966 ( document T. Rosez )

Témoignage de Tanguy Rosez, arrière-petit-fils de Emile Rosez et petit-fils de André Rosez : « Je suis né et j’ai grandi avec Antverpia »

L’aventure familiale a duré 100 ans. En 1885, mon arrière grand-père Emile Rosez commence sa carrière dans les assurances Antverpia. En 1985 mon grand-père André Rosez à 82 ans, lâche définitivement prise, et Bernard Fegueur cesse son activité pour raisons de santé.

ANTVERPIA coule dans mes veines !

Je me souviens que petit, mon grand-père André Rosez me racontait souvent ses réunions, ses banquets lorsqu’il partait à Sint-Mariaburg, banlieue d’Anvers proche des quais portuaires, où s’érigeait le grand château, siège de la compagnie belge !

L’époque était fastueuse, le travail et le respect de chacun était mot d’ordre ! Mais on savait aussi gratifier les employés et les bons résultats comme il se devait ! … 

André Rosez décoré par son frère Octave Rosez ( document T. Rosez )

Avec le départ en retraite de Octave le fils aîné, chacun des frères Rosez va à son tour prendre la sienne entre 1965 et 1970.

André Rosez sera le dernier à partir en 1973 à l’âge de 70 ans et continuera à garder un œil bienveillant sur l’entreprise familiale, participant aux différentes réunions et banquets jusqu’au départ de son Directeur Bernard Fegeur. Il décède 20 ans plus tard, en 1993, à l’âge de 90 ans, alors dernier survivant de cette grande fratrie.

Publicité fin des années 1960 ( document collection privée )

Bernard Fegueur qui a pris la Direction vers 1965, devenu malade, démissionne en 1985.

C’est alors que repris par de jeunes affairistes au tempérament « moderne et ambitieux », ANTVERPIA France à Roubaix est métamorphosé en quelques années.

Document 1990 ( document collection privée )

Les nouveaux responsables d’Antverpia décident de céder l’immeuble du 4 rue Foch. Ils investissent alors dans différents immeubles et en particulier au 84 et au 2 boulevard Leclerc dont les « Paraboles »

Le 84 boulevard Leclerc ( document Google Maps )

S’ensuivent immédiatement et durant plusieurs années, investissements douteux, malversations et prises illégales d’intérêt de la part des nouveaux dirigeants… Les affaires partent aux tribunaux, et ANTVERPIA France s’éteint définitivement dans la douleur et le déshonneur, le 12 juin 2010.

La Compagnie d’Assurances ANTVERPIA France, fondée par le courage visionnaire d’un homme, Emile Rosez puis ses enfants, restera l’aventure d’un siècle prospère, et l’aventure d’une grande famille de Roubaix, unie et soudée, toujours proche de ses collaborateurs et de sa clientèle.

Tous les roubaisiens du vingtième siècle se souviennent des Assurances ANTVERPIA, de la famille Rosez, et de leur présence dans notre ville.

« L’assurance ne semble chère, que si l’on a la chance de ne point devoir y recourir un jour » Emile ROSEZ.

Remerciement à Tanguy Rosez et à Charlyne Dilullo, ainsi qu’aux archives municipales.

Les Derasse : tailleurs de père en fils.

Ferdinand Derasse est né en 1881.Il est propriétaire d’un magasin à Tournai : « La vierge Noire », célèbre commerce de vêtements, draperies, lainages et soieries.

La vierge noire ( document famille Derasse )

Au début des années 1900, il se rend à Roubaix pour rejoindre son frère Amédée, arrivé en 1898. Il s’installe à son compte en tant que maître tailleur au 243 rue Decrême.

le 243 rue Decreme de nos jours ( photo BT )
Ferdinand Derasse ( document famille Derasse )
document famille Derasse

Ferdinand se marie et a trois enfants : Clémence née en 1913, Fernand né en 1914 et Albert né en 1927

Clémence se marie avec Jules Leclerc qui est tailleur sur la Grand Place de Reims. Albert se dirige vers une carrière en banque. Fernand travaille avec son père, devient apprenti et s’installe ensuite également à son compte, au 26 rue de Beaurewaert.

Au rez de chaussée de cette immense maison, se trouvent l’habitation et un salon de réception pour que les clients puissent essayer leur costume sur mesure. Les chambres sont à l’étage. L’atelier très vaste, se trouve au fond de la cour, dans lequel on trouve les tables de travail mais également 5 à 6 machines à coudre professionnelles. Fernand embauche trois ouvriers, et fait travailler des personnes à l’extérieur à domicile, pour des travaux de couture sur des pantalons.

Fernand Derasse est particulièrement doué pour la création de costumes pour hommes. Pendant la période d’après guerre, les usines textiles sont à l’arrêt, les tissus sont rares et les roubaisiens ont peu d’argent. Fernand est ingénieux : il est le premier tailleur à récupérer des costumes usagés pour les retourner sur l’envers et leur donner une seconde vie.

Comme son père, Fernand est passionné par son travail. Il crée des costumes, des modèles sur patrons. Sa quantité de travail ne l’empêche cependant pas de se distraire, en effet Fernand a la réputation d’être un bon vivant.

Publicité 1974 ( document Nord Eclair )

Dans les années 1960, une partie de la rue de Beaurewaert ( qui fait partie du quartier des Longues Haies ) est rasée. Fernand, exproprié, décide donc de s’installer un peu plus loin au 151 de la rue Jules Guesde à deux pas de la rue de Saint Amand.

le 151 rue Jules Guesde de nos jours ( photo BT )

Fernand a trois enfants : Francis, Michel et Bernard. Francis s’installe artisan-tailleur à Mouscron, Michel devient directeur chez Mr De Fursac et installe des unités de production. Bernard, quant à lui, devient comédien à la Comédie Française et effectue de nombreux voyages en particulier au Canada.

Fernand Derasse cesse son activité dans les années 1980 – Ci-dessus, photo des années 1990 ( document famille Derasse )

Malheureusement, comme de nombreuses professions, les tailleurs disparaissent peu à peu suite au développement des magasins de prêt-à-porter. D’après le Ravet Anceau, on dénombre 189 artisans-tailleur en 1928 à Roubaix. Ils ne sont plus que 54 en 1968, et ont pratiquement tous disparu à ce jour.

Remerciements à Bernard et Christine Derasse

ANTVERPIA

Emile Rosez naît à Langemarck en Belgique Flamande le 18 février 1862. Après de brillantes études, il devient d’abord courtier en assurances à Gand puis ses bons résultats l’amènent rapidement à devenir agent général pour les Assurances Vie & Incendie ANTVERPIA, grande compagnie d’assurance en Belgique fondée vers la fin du XVIII siècle à Anvers par Charles Jean Michel de Wolf (1747-1806), et longtemps dirigée au XIX siècle par le Baron Pierre Joseph de Caters (1769-1861) à Anvers.

Parfaitement bilingue, ambitieux et visionnaire, Emile Rosez désire soumettre en 1890 à la Direction de ANTVERPIA basée à Sint Mariaburg en banlieue d’Anvers, son projet de conquérir une ville francophone prospère et en pleine expansion économique grâce au textile, celle qui fût en 1900 la ville la plus riche de France, Roubaix !

Le projet accepté, validé et financé par la Direction Flamande de ANTVERPIA, il se mit en quête d’une jolie petite demeure Roubaisienne, proche du Centre-Ville et de la Mairie, en plein coeur du quartier abritant les plus grandes et illustres familles roubaisiennes afin de signer les plus beaux contrats d’assurances.
Ce sera le Trichon, avec ses fameuses rue et place du même nom, abritant les halles et son Marché aux poissons aujourd’hui disparu.

Publicité 1901 ( document Gallica )

C’est en fin d’année 1893 qu’il emménage à Roubaix, avec sa femme Julie née Cardoen, et leur petite fille Martha âgée d’à peine 6 mois, au 18 rue des Fleurs, aujourd’hui rebaptisée rue Rémy Cogghe.

Le 18 rue des fleurs en 1904 ( document collection privée )

Emile Rosez commence à prospecter les entreprises textiles de la région de Roubaix et Tourcoing, et signe rapidement de nombreux contrats pour la Compagnie d’Assurances ANTVERPIA.

Emile Rosez ( document T. Rosez )

Sa famille s’agrandit d’un premier fils Octave en 1895 et huit autres naissances suivront jusqu’en 1906 : sa famille devient nombreuse. Les affaires sont florissantes et il faut absolument embaucher du personnel supplémentaire. La Direction d’ ANTVERPIA Belgique lui donne carte blanche et il investit alors dans une vaste demeure pour y déménager sa famille et ses bureaux en 1907, au 31 rue du Trichon. Il est alors nommé Directeur Général pour la France.

Antverpia au 31 rue du Trichon en 1914 ( document collection privée )

Fort de sa notoriété, récompensé de ses efforts, et alors que ses agents et inspecteurs travaillent sur la région, il décide de s’attaquer à un autre marché : l’Algérie ! Etat sous gérance française, ce pays est alors investi par les entrepreneurs et industries de la France, pour y bâtir toutes les infrastructures modernes du XX siècle ! Réseaux routiers, gaz électricité, usines et bâtiments, il faut absolument que nos compatriotes, travailleurs et investisseurs français expatriés puissent y trouver des assurances !

Il s’y engage de toute sa volonté, crée un réseau au-delà de la Méditerranée, puis est nommé Directeur Général pour la France et l’Algérie.

Antverpia au 31 et 33 rue du Trichon ( document collection privée )

Les affaires et le nombres d’employés grandissant, le manque de place se faisant déjà cruellement sentir, il investit la maison voisine au 33 rue du Trichon peu de temps plus tard.

L’immeuble de la rue du Trichon de nos jours ( Photo BT )

Le développement s’accentue chaque année. Sa grande famille est forte de 9 enfants dont 5 garçons ( Martha, Octave, Nestor, Blanche, Abel, Elie, André, Agnès, Jenny ) nés entre 1895 et 1906, qui deviennent adolescents autour de l’année 1915. Les employés sont également de plus en plus nombreux, il est absolument nécessaire de trouver d’autres locaux beaucoup plus vastes et prestigieux, d’autant que l’image de ANTVERPIA, grâce à Emile Rosez, entretient une réputation internationale.

La façade du 4 rue du Maréchal Foch ( document collection privée )

L’occasion se présente en 1928, lorsque l’Hôtel Particulier du 4 rue Neuve (aujourd’hui rue du Maréchal Foch) qui abritait la Banque du Rhin se libère. Cette immense bâtisse de 290 M2 au sol et sur 4 étages, était autrefois la propriété de Mme Vve Masure-Wattine.

Une partie de la famille avec les enfants les plus jeunes, ainsi que les bureaux y déménagent définitivement après quelques travaux d’aménagement en 1931 : logement de la Direction aux étages, construction d’une salle d’archives, d’un garage automobile, d’une buanderie et transformation de la loge du concierge avec création d’un étage.

Emile Rosez dans son bureau et photo de la cheminée qui existe encore de nos jours ( document et photo T. Rosez )

Déjà majeurs ou en couple, d’autres enfants restent au 31 rue du Trichon, devenu 31 et 31 bis séparant l’habitation d’un bureau-domicile loué à Mr Robyn, pour quelques années, lequel est assureur indépendant pour le compte de la compagnie d’assurances ANTVERPIA France.

Les cinq garçons du couple fondateur : Octave, Nestor, André, Elie et Abel travaillent avec leur père Emile Rosez.

Octave, André, Elie et Abel travaillent au siège de la rue du Maréchal Foch. Nestor reste assureur au 33 rue du Trichon.

À suivre . . .

Remerciement à Tanguy Rosez, et à Charlyne Dilullo, ainsi qu’aux archives municipales.

La boucherie Dekimpe ( suite )

La boucherie Dekimpe produit une charcuterie d’excellente qualité, les jambons bien sûr, mais surtout le saucisson fumé à l’ail, haché finement, qui devient leur produit phare. De nombreux clients viennent de très loin ( et même de Belgique ) pour leur en acheter. Ils arrivent à exporter leurs spécialités sous vide, à l’étranger.

Alain et Jean-Pierre installent le nouveau laboratoire ( document famille Dekimpe )

Au milieu des années 1970, la famille Dekimpe investit à nouveau en remettant aux nouvelles normes le laboratoire et en installant un nouveau comptoir réfrigéré près de la chambre froide, ainsi que des meubles à surgelés Findus et un présentoir pour les conserves HAK.

Le nouveau comptoir réfrigéré ( document famille Dekimpe )

Tous les membres de la famille ne comptent pas leurs heures. Le commerce demande beaucoup de travail, pour découper les morceaux de viande, fabriquer les saucissons, les jambons etc. Ils se lèvent très tôt, car le magasin ouvre à 8 h et ferme bien souvent après 20 h. Le commerce est ouvert 6,5 jours par semaine.

Ainsi, différentes étapes sont nécessaires pour savourer un délicieux jambon Dekimpe : saler, fumer, désosser, ficeler, mettre en moule et cuire.

Le jambon ( document famille Dekimpe )

Toujours à l’affût d’idées publicitaires inédites, ils proposent des opérations originales, au fil des années. Dans les années 1970 à Pâques, ils offrent un poussin pour tout achat d’un gigot d’agneau, ce qui fait le bonheur des enfants.

Dans les années 1980, c’est l’époque des pin’s et des magnets. Dans les années 1990, avec les commerçants Leersois, ils proposent à leurs clients de tester leur chance avec le robot Télélot. Puis c’est une carte de fidélité qui est créée dans les années 2000, pour faire bénéficier les clients d’une remise de 5 € par tranche d’achat.

Objets publicitaires ( document famille Dekimpe )

En 1986, les Télécom proposent aux commerçants de remplacer leur numéro de téléphone par un numéro que les clients retiennent facilement. Ils proposent à Jean-Pierre Dekimpe le numéro 75.50.50 facile à retenir ! Et les ennuis commencent, car le 74.50.50 c’est le poste des renseignements SNCF ! Et chacun peut faire une erreur en tapant sur un clavier, si bien que notre ami Jean-Pierre sature rapidement. Enfin tout rentre dans l’ordre, il retrouve son ancien numéro, et cela lui permet de faire un peu de publicité en communiquant l’anecdote dans la presse locale.

La vendeuse Martine, Andrée et Jean-Pierre ( document Nord Eclair )

En 1992 la famille Dekimpe crée le friand en forme de moulin, afin de célébrer la restauration complète du Moulin de Leers.

le friand ( document famille Dekimpe )
la façade dans les années 1990
Publicité 1994 ( document Nord Eclair )

Les fabrications de fin d’année telles que la galantine, le cochon de lait, le boudin blanc deviennent également des incontournables de la maison Dekimpe.

Une préparation minutieuse est nécessaire pour produire un cochon de lait : désosser délicatement le cochon pour ne pas percer la peau, laisser la tête et les pattes, farcir et refermer, emmailloter dans un linge avec bandelettes, cuire toute une nuit et enfin glacer le cochon pour lui donner un aspect appétissant.

Jean-Pierre, Alain et Francis préparent le cochon de lait ( document famille Dekimpe )
Le cochon de lait « Je suis délicieux de la tête à la queue » ( document famille Dekimpe )

A la fin des années 1990, la famille Dekimpe investit une nouvelle fois dans un nouveau comptoir réfrigéré.

document famille Dekimpe

En 2000, la modernisation du laboratoire devient à nouveau obligatoire, pour respecter les nouvelles normes sanitaires.

Façade décorée pour le passage à l’an 2000 ( document famille Dekimpe )

Jean Pierre prend sa retraite le premier en 2003 puis Andrée, Alain et Francis quelques temps après. Aucun de leurs enfants ne souhaite prendre la relève. Le magasin ferme donc le 30 Septembre 2008. Le plus jeune fils Francis reprend la boucherie chevaline 8 rue Gambetta à Leers en 2014 et prend sa retraite en 2021. Pendant 55 années, les deux générations de la famille Dekimpe ont marqué remarquablement le commerce Leersois.

Noël 2007 ( document famille Dekimpe )
Noël 2007 ( document famille Dekimpe )

Le N° 1 de la rue Jean Jaurès est reprise par la pharmacie Dolicque en 2010 et le N° 3 devient une friterie à l’enseigne « La Patatine ».

photo BT 2020

Remerciements à tous les membres de la famille Dekimpe

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Droguerie Bernard Joseph

Armand Joseph et son épouse Palmyre née Vandystadt ouvrent, au début des années 1900, une épicerie-droguerie au 47 rue d’Antoing dans le quartier du Pile à Roubaix.

Armand est mobilisé en 1914. Il part sur le front, et ne reviendra malheureusement pas. Palmyre, sa veuve continue alors seule, l’activité et se spécialise exclusivement dans le commerce de droguerie. Elle développe fortement l’activité de sa petite boutique, les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante.

le 47 rue d’Antoing de nos jours ( document Google Maps )

Leur fils Victor Joseph, né en 1911, est artisan peintre. Il épouse Marie-Thérèse en 1946. Victor continue son activité d’artisan. Le couple habite sur place, rue d’Antoing.

Victor et Marie-Thérèse souhaitent ouvrir leur commerce. L’occasion se présente en 1956 : ils décident de reprendre le magasin de droguerie du 279 rue de Lannoy à l’angle du boulevard de Mulhouse. Ce commerce était autrefois une herboristerie créée par Louis Dours et transformée à son décès par son épouse en droguerie dans les années 1950.

plan cadastral
Palmyre et sa belle fille Marie-Thérèse dans le magasin de la rue de Lannoy ( document B. Joseph )
Marie-Thérèse Joseph ( document B. Joseph )

La surface importante de 102 m2 leur permet de développer leurs gammes de produits et en particulier de peintures. Victor et Marie-Thérèse deviennent les plus importants vendeurs de la ville grâce à leurs précieux conseils à la clientèle.

le magasin rue de Lannoy ( document archives municipales )
publicité Nord Eclair

Victor décède en 1961 à l’âge de 50 ans. Marie Thérèse continue seule l’activité.

Alain, le fils cadet, s’oriente plutôt vers la mécanique et reprend le garage de son ancien patron Mr Lemay, sur le boulevard Gambetta. Bernard, le fils aîné, né en 1947, après ses études de comptabilité et un premier emploi chez les assurances Verspieren, reprend la succession et continue de développer le commerce en 1972 avec son épouse Marie-Joële.

Bernard retape entièrement les deux étages supérieurs du bâtiment, pour pouvoir y loger avec son épouse et leurs deux enfants.

Il devient un des premiers dépositaire de la région, pour la fabrication de « peinture à la demande » avec l’installation de la machine à teinter, de la marque Valentine.

Bernard et Marie-Joële devant la machine à teinter ( document B. Joseph )

Bernard et Marie-Joële proposent à leur clientèle des marques réputées en peinture comme Avi, DeKeyn, Renaulac, Théodore Lefebvre, en droguerie comme la cire Starwax, en papier peints Décofrance, Vénilia, Leroy, et également en marques de revêtements de sol : Balatum, Gerflor

Intérieur du magasin ( document B. Joseph )

La concurrence est vive dans la ville, mais ils entretiennent d’excellentes relations cordiales avec leurs confrères roubaisiens : la droguerie Crombé et la droguerie Debril entre autres.

Dans les années 1980-1990 ils proposent différents services complémentaires : le service clé-minute avec un matériel professionnel de reproduction de clés, l’affûtage de couteaux et ciseaux, le dépannage en serrurerie, la vente de lampes berger etc

document collection privée

Bernard Joseph est commercialement très dynamique. Il communique énormément par de la publicité dans la presse locale, est régulièrement présent lors de salons des artisans commerçants, n’hésite pas à se transformer en père Noël pour offrir des bonbons aux enfants à l’entrée du magasin et organise des concours de dessin pour les enfants du quartier avec remises de cadeaux aux créateurs des plus belles œuvres.

Bernard Joseph au salon des commerçants ( document B. Joseph )
Le père Noël rue de Lannoy ( document B. Joseph )

Bernard continue sa formation professionnelle en assistant à de nombreux stages de perfectionnement organisés par leurs fournisseurs de droguerie. En 1989 Bernard est accepté à la confrérie Saint Luc de la droguerie, et en 1995, grâce à leur professionnalisme, les époux Joseph reçoivent un Mercure d’Or décerné par la chambre de commerce et l’union des commerçants de la rue de Lannoy.

document B. Joseph

Bernard prend sa retraite en 2009 à l’âge de 61 ans. Aucun des deux enfants ne souhaite reprendre le commerce. Le bâtiment est cédé à Eric Le Goff, infirmier libéral, qui le transforme, après quelques travaux de transformation en 2014, en cabinet paramédical composé de 4 infirmiers et de 2 orthophonistes.

Le magasin en 2008 ( document Google Maps )
Le magasin en 2023 ( photo BT )

Pendant près de 110 années, 3 générations Joseph se sont succédées dans le domaine de la droguerie roubaisienne.

Remerciements à Bernard Joseph ainsi qu’aux archives municipales.