Alfred Derly – la 357 Roubaisienne ( suite )

Après le décès d’Alfred Derly, un membre du club de tir, Didier Masquelier, reprend l’armurerie du 197 rue de Lannoy à Roubaix, continue l’activité et accède à la présidence du club de tir « la 357 Roubaisienne » .

Didier Masquelier aime les challenges. Il décide en début d’année 1987, de tenter de faire battre le record du monde de tir, par son club « La 357 Roubaisienne ». Le précédent record date de 1984, détenu par l’équipe de Somain dont Didier Masquelier figurait d’ailleurs parmi les compétiteurs.

Après de longues semaines de préparation, Didier est enfin prêt. Il choisit donc la date des 5 et 6 Septembre 1987 pour le déroulement de l’épreuve.

document TV FR3 régionale

Ce record du monde consiste à faire le maximum de points, en 24h non stop, avec un revolver 38 Spécial, en position « bras franc ouvert », c’est à dire bras tendu sans support. C’est donc particulièrement épuisant pour les trois hommes qui participent à cette tentative : Dominique Constant 31 ans, Patrice Fristot 33 ans et Michel Leclercq 27 ans.

André Diligent donne le coup d’envoi ( document Nord Eclair )

Didier Masquelier est un homme de communication et il invite André Diligent pour donner le coup d’envoi le samedi 5 Septembre à 11h. Par ailleurs, il fait venir la presse locale ( NE et VDN ) et même la télévision ( FR3 régionale ) pour relater cet événement exceptionnel. Les passants peuvent voir le déroulement des épreuves, sur des écrans vidéo installés dans le magasin.

document Nord Eclair

Le 6 Septembre à 11h, le record du monde est pulvérisé : 78.480 points alors que la performance précédente était de 66.150 points ! Près de 10.000 cartouches ont été tirées, à 25 mètres de distance, dans un cercle de 12 cm de diamètre.

document Nord Eclair

C’est l’explosion de joie, pour les 3 compétiteurs, mais également pour l’ensemble des 250 membres du club, sur fond de « Marseillaise » dans la rue de Lannoy.

Les 3 champions du monde devant l’armurerie ( document TV FR3 régionale )

Au début des années 1990, des problèmes financiers entraînent Didier Masquelier à fermer malheureusement son armurerie. Le local commercial reste vide. La 357 Roubaisienne, quant à elle, continue son activité de club sportif, mais avec quelques difficultés : Mme veuve Derly, propriétaire des locaux décide de vendre son immeuble du 197 rue de Lannoy en 2010 à un investisseur local qui demande bien sûr un loyer conséquent. Des présidents se succèdent alors, à la tête du club sportif dans les années 2000, avec des problèmes de gestion. Le nombre d’adhérents chute à 80 personnes en 2013. Le club est à deux doigts de la fermeture.

document D. Houte

En 2014, le vice-président Dominique Houte devient président de la 357 Roubaisienne. C’est également un communiquant : il crée une ambiance sympathique parmi les adhérents, redresse la barre de façon importante et fait construire dans la cour, un stand de tir supplémentaire de 10m pour la compétition mais également pour l’école de tir ( adolescents et jeunes adultes ).

le nouveau stand de tir à 10 mètres ( Photo BT )

De nos jours, la 357 Roubaisienne fonctionne de façon très satisfaisante : 400 personnes sont licenciées dans ce club de tir roubaisien qui devient le 4° de la région en nombre d’adhérents. Le bilan financier devient positif ; le club arrive même à financer l’acquisition de ses locaux en 2020.

la salle de détente ( document D. Houte )

A l’entrée du club, une plaque commémorative est apposée en mémoire d’Alfred Derly, fondateur et président de « La 357 Roubaisienne ».

Remerciements à Dominique Houte, ainsi qu’aux archives municipales.

.

La Place Chaptal

La place Chaptal se situe dans la Grande rue à Roubaix, après le canal et avant la rue d’Avelghem. Les roubaisiens connaissent bien cette petite place, car c’est à cet endroit que se trouve l’entrée principale du cimetière.

plan cadastral 1974 ( document archives municipales )

La place Chaptal est triangulaire. A gauche, côte pair, il n’y a qu’un seul numéro : le N° 2, occupé par l’entreprise Duquesne et cie, commerce de fleurs et de monuments funéraires depuis le début des années 1950.

Ets Duquesne ( documents collection privée )

A droite, on trouve une rangée de maisons du N° 1 au N° 21. Oscar Fournier occupe les N° 1 et 3 avec son entreprise de monuments funéraires, caveaux, plaques de marbre et fleurs artificielles à l’enseigne : « A l’Ange Gardien »

Oscar Fournier ( documents collection privée )

Au N° 7 et 9 on trouve René Hoste, un horticulteur, au N° 19 le bijoutier horloger J. Waeles et au N° 21 le café de G. Beyaert. Ensuite, l’entrée de la courée Lezy se trouve au 21 bis.

( document archives municipales )
( document collection privée )
documents collection privée

Après le N° 21 de la place Chaptal, on se trouve dans la Grande rue : au N° 293 le café Librecht, au N° 295 l’ancien commissariat de police du V° arrondissement et au N° 297 l’entrée de la courée Masurel

la cour Masurel ( document archives municipales )

Oscar Fournier prend sa retraite et cesse son activité au tout début des années 1980. Le bâtiment « A l’Ange Gardien » est muré quelques temps après.

document archives municipales

En 1982, derrière la rangée de maisons du côte Impair, se trouve un terrain vague immense d’environ 50 ares. Le comité de quartier de l’Entrepont propose à la mairie d’aménager ce terrain vierge en aire de jeux pour les enfants du quartier, mais ce projet n’aboutit pas, car l’office public d’ HLM envoie des courriers aux riverains de la place Chaptal et aux habitants de la cour Lezy, les informant que des projets de construction sont programmés sur ce terrain vierge, et qu’il se pourrait bien qu’ils reçoivent d’ici peu, des mesures d’expropriation. Seraient également concernés les 293 295 de la Grande rue et la courée Masurel.

document Nord Eclair

Le vœu de la Mairie est bel et bien de débarrasser la Grande rue des courées dont celles de Lezy et Masurel. Plusieurs maisons sont déjà inoccupées et murées : une opération de curetage s’impose. D’ailleurs, un permis de démolir est accordé en 1983 pour l’ensemble des maisons de la courée Masurel aux N° 297 299 de la Grande rue –

à droite , la cour Masurel ( document archives municipales )

L’année suivante en 1984 un autre permis de démolir est accordé pour les N° 293 et 295 de la Grande rue, à savoir l’emplacement du café et de l’ancien commissariat.

le café et l’ancien commissariat ( document archives municipales )

C’est cinq ans plus tard, en 1989, que la démolition de l’immeuble « A l’Ange Gardien » d’Oscar Fournier, du N° 1, 3 de la Place Chaptal a lieu. Et ce n’est qu’en 2006 que les maisons N° 7 et 9 seront rasées.

les N° 7 et 9 place Chaptal ( document archives municipales )

En 2013, le permis de démolir est délivré pour le reste des habitations du N° 11 à 21

Photo 2008 ( document Google Maps )
Photo 2014 ( document Google Maps )
Photo 2016 ( document Google Maps )

Plus de 30 années ont donc été nécessaires pour démolir la rangée des habitations du côté impair, de la place Chaptal ( de 1983 à 2016 ). Il ne reste plus aujourd’hui que le N° 2, occupé autrefois par l’entreprise Duquesne et qui vient de fermer à la fin des années 2010 pour cause de retraite, transformée en maison d’habitation.

Remerciements aux archives municipales.

Alfred Derly – la 357 Roubaisienne

Alfred Derly est artisan électricien. En 1947, il installe sa petite entreprise au 334 rue de Lannoy à Roubaix, à deux pas du boulevard de Reims. Alfred est locataire ; son entreprise d’électricité générale s’appelle « Au Grand Cheval Blanc » du nom de la courée voisine qui se situe au N° 332.

document collection privée

En 1951, Alfred Derly effectue quelques travaux de rénovation ( maçonnerie menuiserie et peinture ). Les affaires fonctionnent correctement et dans les années 1960, Alfred n’hésite pas à communiquer régulièrement par de la publicité dans la presse locale.

Publicité Nord Eclair

Au début des années 1970, son fils qui porte le même prénom, Alfred, vient l’aider dans l’entreprise qui devient alors, Alfred Derly et fils.

Progressivement, Alfred étend l’activité en proposant une gamme d’appareils d’électro-ménager et du matériel de vidéo surveillance.

documents collection privée
Alfred Derly en 1972 ( document Nord Eclair )

Les affaires deviennent plus difficiles à la fin des années 1970, car la concurrence des grandes surfaces en appareils électro-ménagers, lustrerie et alarmes, devient féroce. Et puis, Alfred, passionné par les armes depuis son enfance, a une idée bien précise en tête, c’est d’ouvrir une armurerie à Roubaix.

L’occasion se présente en 1978, lorsqu’il achète à Lucien Lagache un local, au 197 de la rue de Lannoy, d’une surface de plus de 600 m2. Ce terrain était autrefois occupé par l’entreprise Divol, grossiste en fruits et légumes. Sa façade a été transformée par son propriétaire, Lucien Lagache, en 1973 ; une large vitrine remplace désormais les deux petites fenêtres, afin de donner à ce bâtiment un aspect plus commercial.

document archives municipales

Alfred Derly effectue ensuite quelques travaux, en 1981 à savoir : repousser la grille d’entrée située sous le porche, aménager l’intérieur de son magasin et surtout installer des systèmes de sécurité efficaces et indispensables pour une armurerie.

document archives municipales

Au fond du terrain, il aménage un stand de tir de 17m de long au sous sol, et crée le club de tir : La 357 roubaisienne.

document archives municipales

L’objectif d’Alfred est, bien sûr, de vendre des armes de tir à ses clients, mais également de leur proposer de les stocker dans ses coffres forts, en attente de leur autorisation de détention. Très bonne stratégie pour démarrer son activité, car le succès est au rendez vous. La 357 Roubaisienne est un club sportif privé, un stand de tir fédéral affilié à la FFT Fédération Française de Tir.

document collection privée

Soudain, le 2 Mars 1984, c’est l’effroi : Alfred Derly est assassiné dans son magasin, par un inconnu, d’une balle de 22 LR dans la nuque.

document Nord Eclair

Dans le quartier, les voisins sont consternés, et viennent aux nouvelles devant la façade du magasin. La police procède aux premières investigations. Alfred Derly était honorablement connu et très estimé dans le quartier. Il était également vice président de l’union des commerçants de la rue de Lannoy.

document Nord Eclair

L’enquête piétine. La police judiciaire diffuse alors, dans la presse locale un portrait robot pour tenter de retrouver l’auteur de ce crime, mais sans succès. L’assassin ne sera jamais retrouvé.

document Nord Eclair

Quelques temps après, un membre du club de tir, Didier Masquelier reprend l’armurerie, succède à la présidence de « La 357 Roubaisienne » et continue l’activité.

à suivre . . .

Remerciements à Dominique Houte, ainsi qu’aux archives municipales

Shettle ( suite )

L’électronique arrive dans le domaine de la photo. Le Polaroid, très connu pour son procédé de photographie à développement instantané en couleur, fait un démarrage foudroyant, et commence à concurrencer Kodak. Jacques Shettle organise une journée démonstration des appareils Polaroid, avec remise d’une photo gratuite

Publicité presse 1967 ( document Nord Eclair )

Le métier s’organise. Jacques et des confrères de la métropole se regroupent pour ouvrir un laboratoire de développement photographique couleur, à Lille aux Ets Vermesse rue du Sec Arembault. Les débuts sont laborieux, car les réglages techniques des machines sont très complexes.

La façade en 1970 ( document J. Shettle )

Dans les années 1970, la circulation automobile ne cesse d’augmenter, et le stationnement devient de plus en plus difficile. Jacques et André négocient avec le gérant de la station Elf au 26 rue de Lille, 2 ou 3 places de parking réservées à la clientèle.

document collection privée

Jacky Shettle ouvre en 1970, une annexe du magasin au 13 rue du Vieil Abreuvoir sous l’enseigne Photo-shop.

Publicité Photo-shop ( document Nord Eclair )

André décède en 1972. Son frère, Jacques, se retrouve seul avec ses deux fils à gérer l’entreprise. Jacky devient directeur général adjoint. Alain l’aide dans sa tâche.

En 1975, les 2 places de parking négociées sur la station Elf, étant nettement insuffisantes, Jacques, son épouse Nelly, née Selosse, achètent le terrain de 1000 m2 au 14 boulevard de Paris pour y créer un parking de stationnement, avec une entrée au 15 rue des Loups. Ce terrain était occupé ( avant qu’il ne soit rasé ) par le magasin de sports Cabanon, et auparavant par la galerie d’art Dujardin.

Entrée du parking, rue des loups ( document archives municipales )

Jacques envisage de s’agrandir, il confie à l’entreprise Ferret Savinel une étude pour la construction d’un immeuble de 18 logements et de son magasin au rez de chaussée, à l’emplacement de son parking de stationnement, mais malheureusement le projet n’aboutit pas.

Dans les années 1970, Jacques et ses fils ont de bonnes relations avec leurs confrères photographes : Bourgeois, Charier, Vivier et bien d’autres. Ils négocient même des publicités communes avec Equinet, 24 Grande Place à Tourcoing, qui fait partie du même groupement Foci.

Publicité commune avec Equinet 1975 ( document Nord Eclair )

Ils entretiennent également de bonnes relations commerciales avec tous les commerçants roubaisiens. Ils sont ainsi présents sur le parking Devianne, boulevard Gambetta, lors d’une braderie.

Braderie de commerçants sur le parking Devianne ( document J. Shettle )

En 1984, Jacques prend sa retraite bien méritée. Il passe le relais à son fils Alain qui devient gérant, et en 1990 c’est sa fille Fabienne qui prend le relais

Alain Shettle en 1986 ( document Nord Eclair )

Publicités années 1980 ( documents collection privée )

Au début des années 1990, c’est l’avènement du numérique. C’est un bouleversement considérable qui s’annonce dans le domaine de la photographie. Les nouveaux appareils numériques japonais remplacent la pellicule par un capteur qui enregistre l’image sur une carte mémoire. Inévitablement, ils font chuter les ventes de pellicules photos, mais également les développements et les tirages papier.

C’est le début des difficultés pour l’entreprise Shettle. Les grandes surfaces deviennent de rudes concurrents, en matière de prix de vente de ces nouveaux appareils numériques.

A cela s’ajoute le chantier des énormes travaux de la deuxième ligne du Métro VAL. En effet, la rue de Lille est fermée à la circulation pendant 30 mois, dans les années 1995 1996 1997.

Enfin, dans les années 2000, le téléphone portable remplace de plus en plus, l’appareil photo. On peut alors prendre des photos avec son smartphone : le selfie devient festif ou touristique : le photographe professionnel a de plus en plus de difficulté à se faire une place !

L’entreprise Shettle ferme donc définitivement ses portes en 2000, après 113 années de présence à Roubaix.

( document collection privée )

Remerciements à Jacky et Alain Shettle, ainsi qu’aux archives municipales.

Carré Saint Jean

Suite de l’article intitulé : Les Petites Soeurs des Pauvres,

Le couvent des « petites sœurs des pauvres » de Roubaix ferme définitivement ses portes en 1999. Le bâtiment reste inoccupé quelques temps. La ville se retrouve avec une friche immobilière de plus de 10.000 m2 qui semble bien difficile à réutiliser.

En 2007, l’imagination intarissable des architectes et promoteurs immobiliers voient là l’occasion de construire un programme mixte de logements à proximité du centre ville. Ce projet ambitieux est orchestré par le groupe « Pascal Boulanger Réalisations » à Lille. Le cabinet d’architecture Escudié-Fermaut à Tourcoing est choisi pour l’étude et la conception.

documents archives municipales

Le site est composé de plusieurs anciens bâtiments qui sont réhabilités. Un immeuble neuf vient compléter l’ensemble en reformant le front bâti de la rue Saint Jean.

80 logements réhabilités dans le bâtiment principal : Bat A ( Photo BT )

Les travaux s’étalent sur plusieurs années, par différentes étapes successives. Le chantier commence par le ravalement de toutes les façades : les briques sont nettoyées et rejointoyées avec un joint rouge. Les anciens châssis sont remplacés par des fenêtres bois de couleur noire. L’ensemble de la toiture est remplacé par des tuiles en terre cuite de couleur gris anthracite. 3 ascenseurs sont construits sur les façades arrières, et sont habillés d’un bardage en bois.

documents archives municipales et photo BT

Les anciennes écuries ( Bat D ) sont transformées en 9 petites maisonnettes fonctionnelles et coquettes.

documents archives municipales et photo BT

La chapelle invisible de la rue est conservée. Elle comporte deux lofts et un logement-atelier d’artiste ( Bat F ).

document Nord Eclair et photo BT

Un immeuble neuf complémentaire de 20 logements ( Bat E ) est construit en front à rue. Il s’agit d’appartements en location gérés par Logis Métropole (SA d’ HLM).

documents archives municipales

La large porte située rue du coq français est rénovée et la statue de Saint Joseph restaurée.

Photo BT

Les espaces verts ne sont pas oubliés. 3 parkings sont créés dont 1 sous- terrain. Ils sont bien séparés entre eux, de façon à limiter la surface dédiée aux voitures, pour libérer de véritables zones d’espaces verts piétonnes.

document Google Maps

L’objectif est atteint : conserver au mieux les anciens bâtiments en les adaptant aux nécessités des logements neufs. Cette superbe réalisation regroupe au total, plus d’une centaine de logements répartis en appartements, maisonnettes et lofts dans un environnement insolite, calme et paisible.

document Nord Eclair

Remerciements aux archives municipales

Shettle

Georges Shettle, né en 1823, travaille en tant qu’assistant chez M. Fry, célèbre photographe à Londres. En 1840, M Fry découvre le négatif sur papier translucide. Cette découverte incite Georges Shettle à s’installer à son compte dans un studio photo à Forest Hill.

Georges Shettle a 3 fils : Arthur, William et Frédéric. Arthur Shettle franchit le Channel et s’installe dans un premier temps à Dunkerque, avant de rejoindre Roubaix en 1887, pour inaugurer son magasin au 4 boulevard de Paris. Il ouvre également un studio photo à Bruxelles et à Tourcoing, rue Motte. William quant à lui crée un studio à New York sur Madison avenue. Enfin, Frédéric s’installe à Bradford on Avon en 1896.

Arthur Shettle 1823 1919 ( document Nord Eclair )
document publicitaire commun des frères Shettle ( document collection privée )
publicité d’Arthur Shettle pour ses magasins de Roubaix et Tourcoing ( document collection privée )

En 1904, Arthur fait modifier la façade du 4 boulevard de Paris pour créer une nouvelle vitrine. Sur la photo ci-dessous, on distingue les voisins : à droite, au n° 2 la pâtisserie VanHaelst et à gauche, au n° 6 l’expert comptable Debuchy.

La façade du 4 boulevard de Paris ( document collection privée )

Les 3 fils d’Arthur : Georges junior, Frédéric et Lucien Shettle s’associent et reprennent la suite au magasin de Roubaix, en 1912. Georges décède en 1919. Lucien quitte la région pour Nantes où il installe un studio-photo. Frédéric reste seul à Roubaix.

document collection privée

En 1934, un gros projet immobilier résidentiel voit le jour, et nécessite la démolition de plusieurs maisons du n° 2 au n° 12 du boulevard de Paris. Pendant les travaux de construction de cet immeuble, Frédéric trouve un local pour son commerce, dans la rue de Crouy. Les travaux se terminent en 1936 et Frédéric peut alors s’installer dans le nouvel immeuble mais à l’arrière du bâtiment, au n° 1 rue de Lille. Frédéric habite à l’étage, avec son épouse Marie née Hannetel, et leurs 4 enfants, André, Jacques, Jean et Simone.

Il aménage également la partie au dessus du garage, en studio photo. Les parois vitrées permettent une meilleure luminosité pour les prises de vues, portraits, photos d’identités etc. De nombreux décors différents sont à disposition de la clientèle pour qu’ils puissent choisir l’arrière plan de la photo.

le magasin de la rue de Lille ( document Nord Eclair )

En 1936, la première démocratisation de la photo apparaît. Le laboratoire est modernisé : la lampe à arc est remplacée par une tireuse. Après la seconde guerre mondiale, les affaires reprennent de façon très satisfaisante. Frédéric décide alors de transformer et d’agrandir son magasin en 1952, par une nouvelle façade, un aménagement intérieur plus spacieux et le laboratoire photo Noir et Blanc installé au sous-sol.

la nouvelle façade en 1952 ( document archives municipales )
Frédéric Shettle ( document J. Shettle )

La cinquième génération Shettle prend la relève : Les deux fils de Frédéric : André et Jacques reprennent le magasin en 1957. Jean, quant à lui, ouvre un magasin à Paris rue de Clichy.

André Shettle ( document J. Shettle )

En 1957, Jacques crée la société « Phocinor » avec d’autres photographes de la région dont : Equinet à Tourcoing, Gallois à Douai, Vermesse à Lille, Hochard à Valenciennes, Cuvelier à Lens . . . Ce groupement permet de négocier des conditions d’achat de matériel photographique. Le succès est tel que très rapidement, le groupement devient national en 1963 et s’appelle désormais Phocifrance. Deux marques sont créées pour les produits : « Foci » pour les appareils photographiques et « Phokina » pour les accessoires. 350 photographes sont désormais adhérents au groupement.

Foci ( document Nord Eclair )
Jacques Shettle ( document J. Shettle )

Dans les années 1960, l’entreprise comprend 5 salariés pour le développement et le tirage des photos papier. Les deux fils de Jacques, Jacky et Alain commencent à venir aider leur père au magasin. Sur la photo ci-dessous, à droite, le jeune Jacky Shettle conseille son client en 1964.

document J. Shettle

à suivre . . .

Remerciements à Jacky et Alain Shettle, ainsi qu’aux archives municipales.

Les petites sœurs des pauvres

Un asile de vieillard (comme on l’appelle à l’époque) est fondé provisoirement à Roubaix, en 1860, rue de l’Embranchement (aujourd’hui, la rue de Lille). L’abbé Masse, doyen de Saint Martin et plusieurs industriels y font venir « les petites soeurs des pauvres ». Il s’agit d’une congrégation religieuse qui a pour mission la fraternité dédiée aux soins des personnes âgées, pauvres et malades.

En 1862, les bienfaiteurs de l’œuvre achètent un terrain de 10.234 m2 au 52 rue Saint Jean pour y installer le bâtiment définitif et participent au financement de sa construction grâce à des dons et des souscriptions particulières.

La façade de la rue Saint Jean ( document archives municipales )

La construction se termine en 1864. Le bâtiment peut recevoir 150 personnes. Une grande chapelle dans l’axe central, et qui n’est pas visible de la rue, sépare les deux ailes : les hommes à gauche et les femmes à droite. A cette époque, les chambres sont des dortoirs, les lits sont séparés par un simple rideau.

En 1882, la maison s’est encore agrandie de manière à pouvoir recevoir 235  »vieillards » et 22 petites sœurs, aidées par de nombreux bénévoles.

Plan ( document archives municipales )

A l’intérieur, les écuries se trouvent à gauche du bâtiment et l’entrée des chevaux se fait ainsi par la rue du coq Français. Au fond se trouve la buanderie. Une cour intérieure se trouve au centre du bâtiment principal, pour les jardins mais également pour la basse-cour où les animaux peuvent promener à leur aise en liberté : poules, coqs, canards et même moutons. Sur la droite, se trouve la salle des fêtes et le vestiaire. L’aumônerie quant à elle, se trouve juste à côté au 38 de la rue Saint Jean.

l’aumônerie au 38 qui existe toujours de nos jours ( photo BT )

De nombreux bénévoles reçoivent les dons des particuliers, des vêtements ainsi que des meubles pour remise en état en vue d’une future revente.

documents collection privée
document Nord Éclair

Les écuries deviennent des lieux d’expositions, en Novembre de chaque année. Les travaux manuels des pensionnaires y sont en effet mis en vente : vannerie, rotin, fer forgé, tricot, broderie, dentelle, tableaux, peluches. L’argent ainsi récolté est une aide pour les missions des « petites sœurs des pauvres » à l’étranger pour les pays en voie de développement sur les 5 continents.

document Nord Eclair

Au début des années 1960, la maison de retraite ( appelée autrefois : l’asile de vieillards ) change d’appellation et devient « Ma Maison ». La salle de restauration est refaite, l’accueil est plus sympathique et chaleureux, les jardins extérieurs sont soignés : tout est fait, pour que les personnes âgées se sentent chez eux, comme à la maison.

document collection privée

En 1962, on décide enfin d’élargir généreusement la porte cochère. En effet, l’étroite porte d’entrée ne permet plus aux camions de pouvoir accéder à la cour pour effectuer les livraisons.

document Nord Eclair et archives municipales

Un club du 3° âge est créé en 1973, pour les personnes âgées qui habitent le quartier. Leur local est aménagé dans les anciennes écuries, d’une façon remarquable : murs de briques nettoyées, cheminée rustique, meubles anciens restaurés par les pensionnaires ; l’atmosphère est chaude et sympathique.

Les personnes habitant le quartier peuvent venir au club, tous les jours de 14h à 18h, pour jouer aux cartes et à d’autres jeux de société.

document Nord Éclair

En 1999, le bâtiment a désormais 135 ans d’existence ! Des travaux très importants sont nécessaires : travaux d’aménagement et de modernisation car les locaux sont très vétustes, et travaux de sécurité, car le bâtiment est loin de répondre aux normes de sécurité obligatoires.

Compte tenu des sommes importantes que ces travaux représentent, les sœurs quittent les lieux. Elles vont se diriger vers d’autres centres des petites sœurs, et en particulier à La Madeleine. Le centre des « petites sœurs des pauvres » de Roubaix ferme donc définitivement ses portes, en cette même année 1999.

À suivre . . .

Remerciements aux Archives Municipales, à la SER, ainsi qu’à Manuela Screpel, Soeur Adelaïde et Monique Gheerolfs.

Les Entrepôts du Nord

Dans les années 1890, l’entreprise Coulon-Cuvelier est un commerce de gros qui approvisionne en vins et spiritueux, les commerçants et les particuliers de la ville, sous l’enseigne « Les Entrepôts du Nord ». Elle est implantée au 6 8 10 et 12 Boulevard de Paris à Roubaix.

En-tête 1890 ( document collection privée )

Au début des années 1900 Auguste Grimonprez-Delcourt reprend l’affaire, et garde l’enseigne « Entrepôts du Nord ».

document collection privée

Dans les années 1920, Auguste Grimonprez Delcourt développe l’activité en ajoutant des gammes de produits : vins fins, bières anglaises. Il passe un accord d’exclusivité pour des vins de champagne Guy de Montprez pour toute la France et la Belgique.

document b.n.r

Mais surtout, Auguste négocie la vente exclusive de l’eau de la source Willems, produite localement à la source du Robigeux à Willems, ainsi que l’exclusivité de grands vins de porto pour la France et l’étranger.

document collection privée

En 1934, un gros projet immobilier résidentiel voit le jour, et nécessite la démolition de plusieurs maisons du n° 2 au n° 12 du boulevard de Paris. Sont concernés : le pâtissier Van Haelst au n° 2, le photographe Shettle au n° 4, le comptable Debuchy au n° 6 et les entrepôts du Nord aux n° 8 10 et 12

Les travaux de construction de l’immeuble en 1934 ( document collection privée )

Pendant les travaux de construction de cet immeuble, Auguste Grimonprez déménage son entreprise provisoirement au 19 rue Jean Moulin, dans une partie des locaux de la filature Motte et Marquette.

Adresse provisoire ( document Ravet Anceau 1934 )

En 1936, la construction est terminée, Auguste reprend son emplacement. La façade sur le boulevard est plus petite ( n° 10 et 12 ) mais la profondeur est plus importante, car il dispose d’un accès à l’arrière, rue des loups, pour les réception et les livraisons de marchandises.

documents collection privée 1936

En 1943, l’affaire Grimonprez Delcourt est reprise par Losfeld-Tanchou et Cie. Maurice et Robert Losfeld sont mariés avec deux des sœurs Tanchou. Les frères Losfeld gardent l’enseigne « Les Entrepôts du Nord »

Papier à en tête Losfeld Tanchou ( document Marc Losfeld )

Maurice et Robert Losfeld apportent quelques modifications dans les gammes de produits. Ils créent la marque « LOTA » (LO.sfeld TA.nchou) pour les vins et rhums, développent l’embouteillage de vins de qualité traditionnelle et distribuent les eaux de la Compagnie fermière de Vichy. C’est à la fois un négoce de produits,  »en gros et au détail ».

étiquettes de vin et rhum ( documents Marc Losfeld )

Instantané de mémoire : Souvent, le jeudi après-midi, je vais rejoindre mon père Maurice, pour découvrir l’entreprise « Les Entrepôts du Nord ». On entre par le n° 12 car la porte du n° 10 est réservée aux bureaux. C’est la salle d’accueil pour la clientèle. Les différents produits proposés sont exposés en vitrine et sur une étagère derrière le comptoir. Les bières en bouteilles sont vendues au détail. Derrière l’accueil, se trouve la salle d’embouteillage. Une petite grue permet de descendre et de remonter les fûts du chais ( caves en sous sol ) couvrant une grande partie de la société. On y accède par un escalier situé dans la salle d’embouteillage. Derrière se trouve le quai de chargement pour la camionnette de livraison « Chenard et Walker », la cour pour réceptionner les fournisseurs, ainsi qu’un emplacement pour le lavage des bouteilles consignées. A chaque fois que j’y allais, les 3 membres du personnel ( les cavistes Oscar et Robert ainsi qu’une vendeuse ) étaient heureux de m’accueillir.

Plan de l’entreprise ( document Marc Losfeld )

Robert Losfeld décède en 1945, Maurice continue seul, l’activité. Au début des années 1950, la situation financière de l’entreprise se dégrade car la vente de vin en tonneaux chute considérablement. L’entreprise ferme définitivement ses portes en 1953.

Au début des années 1960, le n° 10 est repris par M. Verschaeve commerçant en fruits et légumes, et le n° 12 par l’épicerie-alimentation de M. Bombeck. Puis de nombreux commerces et/ou professions libérales s’y succèdent. A ce jour le n°10 est occupé par un commerce de vapotage et le 12 par l’entreprise de serrurerie Porquet.

Photo BT

Remerciements à Marc Losfeld et aux archives municipales.

Au Petit Cendrillon

Depuis plus d’un siècle, le 107 rue de l’Epeule à Roubaix, a toujours été occupé par un commerce de chaussures. Dans les années 1910, il s’agit du magasin de A. Hourez

Publicité 1910 ( document collection privée )

Le point de vente est ensuite tenu par Mlles Carette dans les années 1920, jusqu’en 1961. La photo ci-dessous représente la façade du magasin de chaussures des sœurs Carette vers 1950. A gauche on distingue une partie du commerce des cycles Vercoutère.

document MC Goossens

Fernand D’Halluin est cordonnier à Linselles. Il est ambitieux et souhaite, avec son épouse Geneviève, ouvrir un magasin de chaussures dans une grande ville proche. L’occasion se présente en 1961, quand les deux sœurs Carette décident de prendre leur retraite, et cèdent leur point de vente, aux époux D’Halluin.

Fernand et Geneviève gardent l’enseigne existante : « Au Petit Cendrillon » car elle possède une bonne notoriété dans le quartier de l’épeule. Fernand continue son activité de cordonnier, puisqu’il a installé son atelier dans la réserve, juste derrière le magasin.

Publicité 1961 ( document Nord Éclair )

Fernand et Geneviève développent leur affaire fortement pendant toute la période des années 60. Fernand vend des chaussures sur les marchés et Geneviève tient la boutique.

En 1969, ils décident de rénover complètement leur commerce qui en a bien besoin. Ils font appel à Max Ecoeur, décorateur installé à Lomme, pour transformer la façade, et aménager complètement l’intérieur.

documents archives municipales et bnr Daniel Labbé

Le résultat est magnifique : la porte d’entrée se trouve un peu en retrait par rapport au trottoir, ce qui permet une très grande vitrine d’exposition de chaque côté. La porte est protégée la nuit, par un rideau de fer. Le carrelage de l’entrée est en marbre de couleur rose.
A l’intérieur, sur la droite, les chaussures sont exposées sur des meubles tout en hauteur, et à gauche, se trouvent plusieurs sièges afin que les clients(tes) puissent essayer différents modèles avant de choisir. Le comptoir en forme de demi-lune et de couleur orange est placé au fond du magasin, juste à côté de la porte de la réserve, qui donne elle-même sur l’habitation

Intérieur du magasin ( documents archives municipales et MC Goossens )

La gamme de produits est très large, de façon à ce que chacun puisse trouver ce qu’il recherche : du haut de gamme, bien sûr, comme les chaussures Clerget, mais les plus grosses ventes se font avec la marque Gepy de la maison Gep, un milieu de gamme qui convient parfaitement à la clientèle de ce quartier populaire.

Publicité 1976 ( document Nord Eclair )

Fernand et Geneviève ont 4 enfants : Guy, Philippe, Jean-Jacques et Marie-Chantal. En 1976, soucieux de leur avenir, les parents décident d’ouvrir des magasins de chaussures pour eux, ou plus précisément pour les 3 aînés :

– pour Guy le magasin de Wattrelos Sapin Vert, 7 rue de l’Union

– pour Philippe, celui de Wattrelos Laboureur, 266 rue Carnot

– pour Jean-Jacques, celui de Roubaix au 229 boulevard de Fourmies

Les trois garçons ont une parfaite connaissance de la chaussure, puisqu’ils ont aidé leur père Fernand sur les marchés.
Quant à la cadette, Marie-Chantal qui travaille dans le magasin de la rue de l’épeule, elle pourra dans un avenir proche, reprendre le commerce.

Fernand est très investi dans la vie de son quartier. Il est, pendant de très nombreuses années, président du comité des fêtes du quartier Epeule-Alouette-Trichon. Il organise la braderie de la rue de l’épeule, les fêtes quinquennales, le football humoristique, les courses en sac, le banquet des anciens, etc

Fernand et Geneviève D’Halluin ( documents MC Goossens )

En 1984, Fernand et Geneviève prennent leur retraite. Marie-Chantal reprend la boutique à son compte et embauche sa belle sœur Krysia pour continuer l’activité du commerce. Elle habite à l’arrière du magasin avec son mari Daniel Goossens et leurs 3 enfants.

Publicités 1984 1987 ( documents collection privée )

Comme ses parents, Marie-Chantal s’investit également dans l’animation de la rue de l’épeule ; elle est secrétaire de l’Union des Commerçants du quartier, dont la présidente est Nathalie Desfrennes de la droguerie voisine Debril. L’Union Commerciale organise en particulier les soirées des sosies, spectacle renommé et populaire dans le quartier, financé par l’association ; Commerces et Quartiers.

Lors des premières Cavalcades du centre-ville, Marie Chantal est présente pendant deux jours, place de la Liberté à son stand « Au Petit Cendrillon ». Sur la photo ci-dessous figurent Miss Roubaix métropole, Marie-Chantal et au fond, son mari Daniel.

Stand lors des Cavalcades ( document MC Goossens )

L’Union Commerciale diffuse également avec l’association Commerces et Quartiers, le calendrier annuel distribué par les commerçants de la ville.

En 1991, Daniel et Marie-Chantal Goossens-D’Halluin ont l’occasion d’acheter leur immeuble qu’ils louaient jusqu’à présent au propriétaire, Mr Debaere.

Marie-Chantal, en 2010, décide de rajeunir l’image de l’enseigne en modifiant le fronton, et de réaménager à nouveau l’intérieur, en changeant l’ensemble des étagères de présentation.

Enseigne de la façade en 2010 ( documents bnr D. Labbé et MC Goossens )
Intérieur ( document Daniel Helynck )

Vers 2015, les affaires sont de plus en plus difficiles car les sites de vente de chaussures sur Internet, sont des concurrents virulents. Marie-Chantal et Daniel envisagent d’arrêter leur activité. Ils annoncent en 2018 une liquidation totale des stocks avant fermeture pour cause de retraite. La réputation de leur commerce est telle que tout le stock de chaussures est vendu en très peu de temps. Le magasin ferme définitivement ses portes après 57 années d’activité.

document Nord Eclair 2018

L’ensemble immobilier et commercial est cédé en 2019 et le magasin devient un commerce de bouche : O Poulet Braisé en 2019, C.Pizz en 2020 et Gharnata en 2021.

documents Google Maps et BT

Remerciements à Marie-Chantal et Daniel Goossens-D’Halluin ainsi qu’aux archives municipales.