La toiture du cinéma Lacroix

Le cinéma Lacroix se trouve au 66-68 dans la rue du même nom, à l’angle de la rue Montaigne. L’établissement existe depuis de très nombreuses années. A. Leleu était le gérant dans les années 1910, sous l’enseigne Royal Leleu, puis ce fut R. Feys avec l’enseigne Royal Lacroix.

Façade du cinéma rue Lacroix ( document archives municipales )

Dans les années 1970, le cinéma de la rue Lacroix est toujours présent. Pendant toutes ces années, de nombreuses transformations ont été nécessaires pour le rénover.

Mais, en Juin 1972, la toiture du cinéma s’effondre, deux heures avant la séance de 20h30 du samedi, au cours de laquelle on devait passer le film : « Le temps des vautours ». Fort heureusement, personne ne se trouvait à l’intérieur de la salle !

document Nord Eclair

Les riverains ont entendu un grondement de tonnerre, et, en sortant de chez eux, ont constaté un énorme nuage de poussière. Les pompiers arrivés sur place font tomber les briques, les restes de charpente et les tuiles qui menacent encore de chuter. La police boucle le quartier et ferme la rue Lacroix, le temps que la communauté urbaine déblaye les gravats.

La façade de la rue Montaigne ( document Nord Eclair )

La toiture était certes vétuste ; le directeur Georges Feys avait déjà entrepris certains travaux de réparation, mais les habitants du quartier estiment que le passage incessant des camions, dans la rue Lacroix est à l’origine des vibrations ressenties dans toutes le vieilles bâtisses du quartier, et en particulier les camions de démolition de l’église du Sacré-Coeur toute proche.

Quoi qu’il en soit, le cinéma est désormais fermé.

Le 4 Août 1972, l’architecte Pierre Charlet dépose un permis de construire, pour la rénovation de la partie de la toiture qui s’est effondrée.

Les travaux démarrent rapidement en Août. La toiture est réparée fin Septembre, et le cinéma peut ré-ouvrir au début du mois d’Octobre.

document collection privée

Malheureusement, comme de nombreux cinémas de quartier, le Royal Lacroix subit une baisse importante de fréquentation et ferme définitivement ses portes quelques années plus tard.

le bâtiment en 1987 ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales.

S.R.A.D.E

Au début des années 1950, M Morel crée la SRADE : Société Roubaisienne d’Articles de Droguerie : grossiste en produits de droguerie. Il installe son entreprise au 76 78 rue d’Italie.

Document collection privée

Au début des années 1960, les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante, et le manque de place se fait cruellement sentir. Pour pouvoir faire face à son développement, M Morel loue un entrepôt de 1000 m2, de l’autre côté de la rue, au 81 rue d’Italie. Mme Rangotte, la propriétaire, exploitait auparavant une activité de grossiste en vins : l’entrepôt des Flandres.

Document collection privée

En 1968, la SRADE approvisionne 69 détaillants ( petits commerçants en droguerie ) à Roubaix. A cela il faut ajouter les clients de Tourcoing et des petites villes avoisinantes. Ce gros potentiel permet de développer fortement l’activité. Le personnel de l’entreprise est composé de 4 personnes ( préparateurs de commande et livreurs ).

Document collection privée
La toiture de la SRADE ( document P. Van Hove )

Le lundi 1 Mars 1971 à 14h, une violente explosion secoue le quartier. Les habitants sortent de chez eux, et s’aperçoivent que l’entrepôt de la SRADE est en flammes. Les pompiers, alertés, arrivent rapidement sur place. Ils découvrent un véritable brasier.

Document Nord Eclair 1971

La présence de nombreux produis inflammables ( white spirit, solvant, essence de térébenthine . . . ) inquiète fortement les pompiers. L’accès est difficile, car l’entrepôt est encastré dans un îlot de maisons. Les dirigeants de l’entreprise de transports Van Hove, située au 84 rue de Rome, proposent aux pompiers de passer par leur entrepôt pour accéder au brasier et éteindre plus rapidement l’incendie.

Document France Cadastre

Les pots de peinture et les produits de droguerie dégagent une fumée noire et âcre ; les bombes de laque explosent. Ce feu d’artifice ajoute une note encore plus terrifiante au sinistre. Le panache de fumée est visible à plusieurs kilomètres à la ronde.

Document Nord Eclair 1971

Le feu est éteint après quelques heures d’intervention. Le local est entièrement détruit et la charpente s’est effondrée ; tout le stock de peintures et de droguerie a brûlé. Aucune victime, ni blessé, n’est à déplorer et, grâce à l’action des pompiers, le feu ne s’est pas propagé aux maisons voisines.

Après l’incendie, M Morel est bien décidé à continuer son activité de grossiste en droguerie. Il trouve un local en location, dans le quartier : l’ancien entrepôt de pommes de terres de R. Coussemacker, au 62 et 64 rue de Naples.

L’activité continue jusqu’au milieu des années 1980. Malheureusement, la situation se dégrade car les détaillants subissent la concurrence des grandes surfaces, ferment leur commerce et entraînent avec eux les grossistes.

Mme Rangotte, la propriétaire de l’entrepôt détruit au 81 rue d’Italie, décide, en 1973, de faire construire 31 garages en location.

Document archives municipales

Remerciements aux archives municipales et à Patrick Van Hove

La boucherie de la rue Pierre Motte

Henri Neyrinck-Robins ouvre, en 1920, une boucherie au 45 rue Pierre Motte, à l’enseigne :  » Boucherie Idéale  » qui devient  » Idéal Boucherie  » peu de temps après, vers 1925.

La boucherie en 1920 ( document D. Labbé BNR )
Facture 1926 ( document collection privée )

Au milieu des années 1930, le commerce est cédé à Guy Depuydt qui continue l’activité de boucher charcutier. Le commerce se développe fortement dans les années 1940-1950 toujours avec la même enseigne : Idéal Boucherie.

Publicité 1960 ( document collection privée )

L’Idéal Boucherie devient un commerce incontournable non seulement pour les roubaisiens, mais également pour les collectivités : écoles et entreprises, grâce aux livraisons à domicile. La fraîcheur des produits et les prix bas sont toujours une priorité pour Guy Depuydt.

Ré-ouverture 1962 ( document Nord Eclair )

Très dynamique, Guy décide de transformer la façade du magasin en 1962. M Pinchon décorateur, rue Saint Jean, est choisi. Il propose un nouvel agencement intérieur moderne. La vitrine toute en verre est réalisée par l’entreprise Trousson, pour un montant de 34700 Frs.

Pour cette journée de ré-ouverture, Guy Depuydt invite Mrs Robyn, directeur des abattoirs de Roubaix, Deffrennes inspecteur des denrées, et Arthur Neyrinck le propriétaire des murs de la boucherie.

Publicité 1965 ( document collection privée )

Michel Bruffaerts est boucher. Son commerce  » Boucherie Michel » se situe à Hem, au 12 avenue Lyautey, à la limite de Roubaix, en face de l’avenue Gustave Delory. Michel Bruffaerts reprend en outre le commerce Idéal Boucherie à Guy Depuydt en 1965.

Michel et son épouse Denise, décident de continuer avec la même stratégie de qualité des produits et de prix bas pour le consommateur. Il souhaite apporter un peu plus de modernité à ses deux commerces et change d’enseigne :  » l’Idéal Boucherie  » devient  » Le Comptoir de la Viande  ».

En plus de la viande et de la charcuterie, Michel propose également des volailles à la clientèle, et toujours la possibilité de livraisons à domicile.

Le commerce se développe : une vingtaine de personnes sont salariées de l’entreprise ( 14 à Roubaix et 6 à Hem ). En 1974, Michel et Denise décident d’agrandir leur magasin. Le laboratoire ( atelier de préparation et transformation de la viande ) est transféré au fond de l’allée, au 43 rue Pierre Motte. La surface de vente du commerce s’agrandit et passe à 258 m2.

cadastre
Ré-ouverture 1974 ( document Nord Eclair )

Dans les années 1980, Michel modifie son logo publicitaire. Quatre magasins à l’enseigne  » Comptoir de la viande  » sont désormais à disposition de la clientèle : Roubaix et Hem mais également Tourcoing, rue de la Cloche et Villeneuve d’Ascq, rue Jean Jaurès ( Flers Sart ). Trois autres magasins, sans enseigne, se situent à Roubaix : au 80 rue d’Alsace à deux pas du boulevard d’Armentières, au 110 rue Rubens à l’angle de la rue Raphaël, et au 13 rue Pierre Motte.

Publicité 1985 ( document collection privée )

Michel Bruffaerts décède en 1989. Son fils, Alain, reprend la succession et, au vu des difficultés rencontrées pour gérer l’ensemble des magasins, décide de ne garder que les magasins de Roubaix et de Hem.

Alain Bruffaerts transforme peu à peu ses commerces, en ajoutant des gammes de produits frais : fromage, fruits, légumes et quelques références d’épicerie, dans les années 1990. Les points de vente deviennent des supérettes.

Début des années 1990 ( document archives municipales )
Publicité 1996 ( document collection privée )

Malheureusement, Alain décède accidentellement en 2002. Noël Duquennoy, un ami, vient en aide à la famille, pour céder les deux points de vente. La boucherie de Hem, devient un commerce de fabrications de pizzas à emporter. Celle de Roubaix est vendu à Thierry Olivier, le boucher de Toufflers, puis quelques temps après, devient un bar à pâtes « Al Dente » qui ferme également très rapidement.

Le 45 rue Pierre Motte en 2010 ( Photo BT )

Remerciements à Michèle Bruffaerts et aux archives municipales.

La Pâtisserie Rouvillain-Spriet

Pierre Rouvillain naît en 1923, à Roubaix. Ses parents sont commerçants, et tiennent une pâtisserie, au 103 rue Lacroix, à l’angle de la rue Pellart, juste en face de l’église du Sacré Coeur.

document M. Rouvillain

Après son certificat d’études, Pierre devient apprenti en pâtisserie. En 1940, c’est l’exode et Pierre se retrouve à Royan. Il trouve un poste d’apprenti chez R Quantin, un très grand pâtissier de la ville reconnu pour son célèbre gâteau : « L’étoile de Royan ».

document M. Rouvillain

De retour à Roubaix, il se marie, en 1949, avec Noëlla Spriet, la fille de Jules Spriet, boulanger-pâtissier au 125 rue Jules Guesde, à l’angle de la rue du coq Français.

Forts, tous deux, de leur expérience en pâtisserie, Pierre et Noëlla décident de créer leur commerce. Ils reprennent le magasin de rideaux de M. Vandemeulebroucke, au 142/4 Grande rue, pour créer leur pâtisserie en 1949.

document P. Rouvillain

Pierre et Noëlla aménagent le magasin et installent l’atelier de pâtisserie dans l’arrière boutique. Ils habitent à l’étage. Les affaires démarrent doucement, car nous sommes au début des années 1950 : période d’après guerre. Mais leur savoir faire, leur ténacité, et leur sens du commerce vont permettre de développer leur affaire assez rapidement. Noëlla sert les clients, Pierre fabrique ses gâteaux et propose une gamme assez classique de tom-pouce, éclair, carré aux fruits, baba au rhum, saint-Honoré, tartine russe, galette Bruxelloise, sans oublier bien sûr, les fameuses pièces montées, destinées aux communions et aux mariages.

Pièce montée ( document MD. Balenghien )

Pierre se souvient de « L’étoile de Royan » qu’il fabriquait, il y a quelques années, et qui se vendait fortement. L’idée lui vient alors de créer « L’étoile de Roubaix ». Ce gâteau est composé de meringue aux noisettes et de crème pralinée. Pierre apporte une petite touche de décoration avec un peu de massepain de couleur verte et en forme d’étoile. Ce succulent dessert, qu’il fabrique en exclusivité, lui apporte une nouvelle clientèle.

Le « Porte en ville » utilisé pour la livraison de pâtisseries au domicile des clients ( document M. Rouvillain )

Pierre est également confiseur et glacier. Il produit lui même ses glaces à la vanille, fraise, chocolat, etc mais également sa célèbre glace Dijonnaise. Ils proposent à la clientèle des boulots et des baguettes, car ils font office de dépôt de pain pour la boulangerie Dujardin à Roubaix. Ils fabriquent aussi des croûtes de vol-au-vent, car les bouchers-charcutiers de l’abattoir, juste en face, leur passent des commandes pour la fabrication de bouchées à la reine.

document P. Rouvillain

Pierre et Noëlla ne comptent pas leurs heures. Le magasin est ouvert 6 jours sur 7. Ils ferment le soir très tardivement car ils bénéficient de la clientèle des ouvriéres de l’usine Allart qui terminent leur journée à 20h et qui font quelques achats très régulièrement. Noëlla fait entière confiance à cette clientèle fidèle et n’hésite pas à noter leurs dépenses, sur un carnet, pour un règlement toutes les 2 semaines. Le dimanche après midi est bien souvent consacré à l’administratif. Une vendeuse est embauchée à mi-temps, surtout pour les samedi et dimanche matin. Un apprenti pâtissier aide Pierre à l’atelier.Les affaires fonctionnent correctement.

Le magasin et l’habitation ( document archives municipales )

Pierre et Noêlla ont quatre enfants : Patrick, Michel, Bernard et Bruno. Leur habitation à l’étage devient petite. L’occasion d’être moins à l’étroit se présente en 1968, quand la maison voisine se libère. Ils en font l’acquisition.

En 1970, la municipalité modifie la numérotation de cette partie de la Grande rue. Le magasin au 142/4 devient le 144 bis.

Le calendrier 1984 offert à la clientèle, comme chaque année ( document collection privée )

Pierre fait partie de la Confédération des artisans pâtissiers du département du Nord. Il en est le responsable pour les villes de Roubaix et Tourcoing. Des réunions régulières de travail permettent de créer un climat fort sympathique entre les artisans ; ils n’hésitent pas à échanger entre eux, des conseils, des recettes . . .

Pierre Rouvillain à l’atelier ( document P. Rouvillain )
Noëlla Rouvillain au magasin ( document P. Rouvillain )

Pierre et son épouse décident de prendre leur retraite en 1987. Sur la photo ci-dessus, le panneau d’information mural, précise :

Le 20 Octobre 1949, nous ouvrions notre maison avec comme devise « SERVIR » ayant le seul souci de ne jamais décevoir. Le 20 Septembre 1987, nous cesserons notre activité après avoir servi pendant 38 années. Nous vous remercions pour la confiance et l’amitié que vous nous avez accordées.

Ils restent sur place, dans leur habitation. En 1993, ils cèdent le magasin, qui devient : Asiafrica Distribution.

document archives municipales

Remerciements à Patrick et Michel Rouvillain ainsi qu’aux archives municipales.

De Ruyck

Pierre De Ruyck naît à Roubaix en 1879. Il est passionné de musique ; il fait ses études au conservatoire de la rue de Soubise et obtient un 2° prix de saxhorn, en 1890, puis un 1er prix avec médaille, l’année suivante. Vers 1900, il est nommé directeur de la fanfare l’Espérance de Roubaix et, en 1904, il devient directeur de la fanfare cycliste du Nord Touriste.

Document P. Balenghien
Document Gallica

En 1898, Pierre De Ruyck ouvre un commerce au 128 de la Grande Rue, avec deux activités : un estaminet et un magasin d’instruments de musique. Vu le succès rapide des ventes de pianos, de phonographes et de disques 78 tours, il abandonne le débit de boissons pour se consacrer exclusivement à la musique.

Pierre De Ruyck en costume, au centre ( Document P. Balenghien )
Document collection privée

Pierre De Ruyck met au point la « Méthode Epinette ». L’épinette est un instrument de musique à cordes pincées.

Document P. Balenghien

Mireille De Ruyck naît à Roubaix rue d’Isly, en 1911 ; elle est la fille d’Édouard De Ruyck, le frère de Pierre, et de Marthe Masquelin. Edouard est tué au début de la première guerre mondiale, en 1914, dans les Ardennes. Marthe, la mère de Mireille, se remarie et habite désormais à Tourcoing.

Mireille De Ruyck ( document B. Balenghien )

Mireille fait l’apprentissage des instruments de musique, et en particulier le piano. Elle est aidée par son oncle, Pierre De Ruyck. Elle est particulièrement douée malgré ses légers problèmes auditifs : elle obtient le 1er prix de solfège en 1927  et le 1er prix de piano du conservatoire de Lille en 1928.

Document P. Balenghien

Dans les années 1920, Pierre a l’opportunité d’ouvrir un deuxième point de vente au 44-46 de la rue Saint Georges ( aujourd’hui : rue du Général Sarrail )

Document b.n.r

Le magasin de la Grande Rue se spécialise en phonographes Pathé Gramophone, et en pick-up. Le magasin de la rue Saint Georges, géré par H. Groiselle, devient le point de vente de pianos.

Pierre doit malheureusement fermer le magasin de la rue Saint Georges au milieu des années 1930, car l’entreprise Leclercq-Dupire, de la rue de l’Hospice, a prévu de raser les 3 ou 4 points de vente nécessaires pour agrandir l’entreprise.

Document collection privée
Document B. Balenghien

En 1933, Pierre De Ruyck est présent au salon de la T.S.F à Roubaix pour exposer les plus grandes marques de radio de l’époque : Philips, Sonora, Pathé etc

Publicité 1933 ( Document Gallica )

Mireille se marie avec Georges Balenghien, en Mars 1936. Pierre De Ruyck, leur propose alors de leur céder le magasin de la Grande Rue. Ils reprennent le point de vente et gardent le nom de l’enseigne De Ruyck qui bénéficie d’une extraordinaire notoriété.

Document b.n.r

Mireille et Georges développent alors fortement l’entreprise dans tous les domaines. Mireille s’occupe de la vente de disques de musique classique en magasin. Georges s’occupe de l’administratif et de la clientèle professionnelle. Il prospecte une clientèle diverse :

– les écoles élémentaires, pour la vente de flûtes à bec de marque « Aulos »

– les églises pour les orgues électroniques à pédalier, pour remplacer les orgues détruits pendant la guerre

– les écoles de musique pour leur proposer des petits accordéons-école en location ( le coût servait d’apport en cas d’achat )

Document collection privée

Mireille et Georges font partie du Hot Club de Jazz de Roubaix. Ils ont l’occasion de rencontrer des musiciens célèbres, comme le clarinettiste Sydney Bechet, le trompettiste Louis Armstrong, le pianiste Claude Bolling, le chef d’orchestre Claude Luter ou le saxophoniste Coleman Hawkins. La photo ci-dessous a été prise, à l’intérieur du magasin de la Grande rue.

Mireille à droite, Coleman Hawkins au centre et Georges derrière lui à sa droite. (document P. Balenghien)

Au début des années 1950, le disque microsillon arrive sur le marché, et remplace le 78 tours. C’est une véritable innovation. Mireille et Georges développent alors fortement leurs ventes de disques en 45 et 33 tours et proposent un choix très important.

En Juillet 1962, Mireille et Georges créent la société « Flandres Disques » grossiste en disques vinyl, ce qui leur permet de développer leurs ventes chez les détaillants et leurs propres confrères de toute la métropole. Leur fils, Bernard, est chargé du développement de cette activité. Georges propose alors, à de nombreux chanteurs et musiciens, de venir au magasin de la Grande Rue pour signer leurs disques. Le public se presse alors pour recueillir un vinyl dédicacé de leur vedette favorite. C’est le cas de Georges Brassens, Gilbert Bécaud, Annie Cordy, Henri Salvador, Albert Raisner, et bien d’autres.

Documents collection privée

Lors d’un concert à Bruxelles, en 1962, Ray Charles est venu à Roubaix avec Jacques Souplet, le bras droit d’Eddy Barclay, pour jouer un morceau de piano avec Mireille, dans le magasin, sous le regard ébahi des passants. Autre anecdote amusante ; un jour, à la fin des années 1960, Dick Rivers entre dans le magasin pour demander à Georges s’il peut lui prêter une sono, pour son concert le soir même, dans une salle de spectacle roubaisienne !

En 1966, Mireille et Georges décident de transformer complètement le point de vente. Ils font appel au cabinet d’agencement de magasins P. Sori à Lille. Pendant les travaux, la vente continue dans un local situé juste en face, au N° 137.

Le nouveau magasin est magnifique. L’immense vitrine permet une exposition idéale des instruments de musique. Sur un tapis rouge, des accordéons, guitares, harmonicas, trompettes, saxophones attendent des doigts agiles pour s’éveiller aux mélodies.

Document Nord Eclair 1967

Tout le rayon disques est exposé sur le mur de gauche. Un choix immense est proposé. Chacun sait que Mireille est musicienne et pianiste ; ses conseils pour le choix d’œuvres de musique classique sont particulièrement appréciés de la clientèle mélomane.

Document Nord Eclair 1967

Au milieu du magasin, trois postes d’écoute mono et stéréo sont installés afin que chaque client puisse écouter au casque et choisir les disques de variété. Au fond, un salon est équipé pour la présentation de chaînes hi-fi de grandes marques pour l’audition de musique stéréophonique.

Georges décède, en 1969, à l’âge de 59 ans. Mireille continue seule l’activité, avec l’aide de 2 de ses enfants. Dans les années 1970, la concurrence des grandes surfaces se fait de plus en plus dure, dans le domaine des disques 45 et 33 tours. En 1976, la société Flandres disques dépose le bilan.

En 1981, Mireille, à 70 ans, prend sa retraite. Le magasin ferme définitivement ses portes. Quelques temps après, le point de vente est cédé et devient une pâtisserie orientale.

Remerciements à Bernard et Patrick Balenghien ainsi qu’aux archives municipales

Roubaix : Une vannerie rue de l’Epeule

Micheline Hoys habite au 96 rue de Rome. Elle est vendeuse chez L. Huclier, pâtissier, situé au 87 rue de l’Epeule. Micheline est satisfaite de son travail, mais a un projet bien précis en tête : celui de s’installer à son compte.

L’occasion se présente au milieu des années 1950, lorsqu’elle s’aperçoit que le pas-de-porte situé en face de la pâtisserie, au 86 rue de l’Epeule, à l’angle de la rue du Marquisat, est à céder. C’était une teinturerie tenue par Mme Delobel. Micheline s’informe, prend contact avec le propriétaire de l’immeuble : la brasserie Salembier, car autrefois  il s’agissait d’un café, siège d’associations de « coulonneux ». Continuer la lecture de « Roubaix : Une vannerie rue de l’Epeule »

Le parc Masurel

Le parc Masurel se trouve avenue Gustave Delory, derrière les villas et les appartements cossus. Le parc est donc invisible de l’avenue.

document Nord Eclair

L’entrée du parc se fait par une allée privée au N° 24. C’est aujourd’hui l’entrée de la prestigieuse école EDHEC.

Photo BT 2021

Ce terrain se termine rue Edouard Vaillant, à l’Est, et sur la ville de Croix, au Sud.

C’est un parc immense de 8 hectares. On y trouve des arbres magnifiques, dont certains sont centenaires : des bouleaux, chênes, marronniers, merisiers, peupliers.

On l’appelle Parc Masurel, car Ernest Masurel et son épouse Marcelle Huet sont propriétaires du terrain et de la demeure.

document collection privée
document IGN

M et Mme Masurel y résident. C’est en fait, un véritable château ! Ses dimensions sont de 27,50m de longueur sur 15m de largeur soit 400 m2 au sol.

Il y a 3 niveaux, soit un total de plus de 1200 m2 habitables.

La façade avant ( document archives municipales )

Au rez de chaussée on trouve un hall, une salle à manger, un salon, un bureau, une cuisine, un office et une salle à manger pour le personnel.

Au 1° étage : 8 chambres pour les membres de la famille et les invités, 2 WC et 2 salles de bains.

Au 3° étage : 9 chambres et 2 salles de rangement.

M et Mme Masurel ont trois enfants, et au vu du nombre de chambres, on peut imaginer qu’il devait y avoir beaucoup de personnel : femmes de chambre, cuisiniers, et jardiniers.

Il existe également sur le terrain, une maison de 100 m2 pour le gardien.

document archives municipales

M Masurel devenu veuf, décède en 1974. Les héritiers ne tiennent pas à reprendre la demeure, étant donné les frais d’entretien que cela représenterait. Ils décident donc de mettre la propriété en vente.

Toutes les richesses à l’intérieur du château sont vendues ( tableaux, œuvres d’art, boiseries, marbres etc ). La maison est cédée au promoteur Ferret Savinel et sera démolie. Le projet de construction d’un lotissement est signé par le P.D.G de l’entreprise Ferret Savinel, Jean Arnault en Juillet 1979.

Le château pendant la démolition ( document archives municipales )

à suivre . . .

Remerciements aux archives municipales.

Les bijouteries Jouvenel

Jules Jouvenel naît à Bruxelles en 1900. En 1914, suite à la déclaration de la guerre il part en exode à Londres en Anglerterre. Il trouve un travail à Wimbledon, sur le terrain d’aviation : il apprend sur le tas à réparer des tableaux de bord de navigation aérienne, des instruments à aiguilles. Il se passionne alors pour cette activité nouvelle. A son retour en 1919, Jules est bien décidé à créer son commerce. Il se perfectionne dans un atelier d’horlogerie à Roubaix. Il reprend en 1921, le commerce  »A la Gerbe d’Or » d’ Eugène Clauss horloger, bijoutier, opticien au 154 rue de l’Alma.

Jules se marie avec Mathilde. Ils ont deux enfants : Pierre né en 1927 et Jean-Claude né en 1933.

Jules, Mathilde et Pierre en 1927 devant le magasin au 154 rue de l’Alma ( document D. Jouvenel )

Dans les années 1930, Jules Jouvenel développe son commerce de façon importante. Son expérience est reconnue et appréciée de la clientèle. Il vend des marques célèbres, comme les carillons Westminster, mais également les réveils Jaz, les montres Lip et Oméga. Il commence à transformer des vieux bijoux en créations originales.

Publicité 1932 ( document collection privée )

Dans les années 1940, l’aîné des deux garçons, Pierre, devenu adolescent, commence à apprendre le métier. Jules délaisse peu à peu l’activité d’opticien, pour se consacrer à ses deux passions : l’horlogerie et la bijouterie.

la façade en 1950 ( document D. Jouvenel )

L’affaire de Jules et Mathilde se développe fortement, et le manque de place se fait cruellement sentir. L’occasion se présente en 1956, lorsque la maison voisine au 156 de la rue de l’Alma se libère. Jules en fait l’acquisition et transforme complètement le 154 et 156 en un seul point de vente. Les travaux sont confiés à Fernand Rotty 24 ter rue Stephenson. La nouvelle façade de couleur grise et rouge foncé est magnifique.

Le 154 156 rue de l’Alma en 1956 ( document D. Jouvenel )

En 1952, le fils aîné, Pierre, ouvre son magasin à Lys lez Lannoy au 112 rue Jules Guesde.

Tous les ans au mois de Juillet, se déroule la braderie de la rue de l’Alma ; c’est l’occasion de proposer l’ensemble des produits du magasin avec une baisse de prix.

Publicité braderie ( document collection privée )

Jean-Claude abandonne son poste d’employé comptable au tissage Emile Toulemonde, pour aider son père à l’atelier d’horlogerie et se consacrer à temps plein au commerce de ses parents.

Jean- Claude dans l’extension du magasin en 1956 ( document D. Jouvenel )

Jules prend sa retraite à la fin des années 1960. Jean-Claude et son épouse Christine reprennent le magasin de la rue de l’Alma en 1970, et font appel en 1977 à l’entreprise de Christian Dupont à Tourcoing pour un nouvel habillage de la façade du magasin, en couleur gris anthracite et acier.

La façade en 1978 ( document D. Jouvenel )

La 3° génération Jouvenel arrive !

Jean-Claude et Christine ont 5 enfants : 4 garçons et une fille.

Les 4 garçons sont apprentis et apprennent le métier, soit horloger, soit bijoutier et sont prêts à assurer la relève.

La relève en 1978, de gauche à droite : Damien, Christine, Anne-France, Mathilde, Stéphane, Jean-Claude ( document D. Jouvenel )

– Stéphane se spécialise en horlogerie, il passe son diplôme à l’école d’horlogerie de Morteau, il ouvre un magasin au 85 rue de Mouvaux puis part s’installer à Bergues en 1996.

– Xavier diplômé également en horlogerie, reprend le magasin, de son oncle Pierre, du 112 rue Jules Guesde, puis ouvre un magasin quelques années plus tard, à Lannoy au 6 rue des canonniers

le magasin de Lannoy ( Photo BT )

– Damien, après son apprentissage chez un maître joaillier à Lille, s’installe en 1982  »bijoutier en chambre » c’est à dire qu’il travaille en tant qu’artisan-bijoutier à son domicile personnel, rue Léon Marlot à Roubaix. Il crée des bijoux et assure le SAV des bijoutiers roubaisiens : Bousquet et Soyez : confrères et amis.

– Christophe fait des études commerciales, et aide son père Jean-Claude à gérer le magasin de la rue de l’Alma

Publicité commune aux magasins 1988 ( document collection privée )

Dans les années 1990, Jean-Claude et Christine refont complètement le magasin de la rue de l’Alma, intérieur et extérieur, pour un accueil encore plus chaleureux de leur clientèle.

Jean-Claude devient, en 1978, président de l’association des commerçants de la rue de l’Alma.

( documents D. Jouvenel )
( document D. Jouvenel )

En 2002, Jean-Claude et Christine Jouvenel prennent leur retraite. Christophe reprend le magasin de la rue de l’Alma.

La devise de Christophe, c’est : l’expérience au service de la clientèle. Il propose :

– un choix immense de montres avec des marques prestigieuses Festina, Lorus et Bayard

– des bijoux en or garanti 18 carats et non pas 9 carats comme beaucoup de concurrents

– des possibilités de création et de transformation de bijoux

– le rachat d’or au meilleur prix.

( document D. Jouvenel )
Christophe Jouvenel ( document D. Jouvenel )

Damien Jouvenel et son épouse Jocelyne, font l’acquisition en 2001, d’un terrain avenue Gustave Delory à l’angle de la rue Edouard Vaillant, pour y créer leur magasin et atelier. Damien et Jocelyne proposent leurs services de réparation, transformation et création de bijoux sur mesure.

( documents archives municipales et photo BT )
( document collection privée )

Guillaume, le fils de Damien Jouvenel, passe 4 années de formation en bijouterie à Namur en Belgique, puis 3 années à Saint-Amand-Montrond où il obtient le brevet de métier d’art en joaillerie. De retour à Roubaix, il prend le relais de son père qui prend sa retraite, en 2020.

La 4° génération Jouvenel arrive . . .

( document D. Jouvenel )

Jouvenel, c’est un nom, une tradition, un savoir faire, un métier de passion depuis 4 générations, depuis un siècle, puisque l’entreprise a été créée en 1921 à Roubaix.

Le savoir faire familial centenaire !

( document D. Jouvenel )

Remerciements à tous les membres de la famille Jouvenel ainsi qu’aux archives municipales,