A la fin des années 30, la situation internationale est tendue et chaotique. La guerre est proche. Non sans raison, on vit dans la hantise d’une brusque attaque aérienne de l’ennemi. Le Préfet prend des mesures destinées à protéger la population civile contre les bombardements ; c’est la Défense passive. La population est invitée à se réfugier dans des abris qui peuvent être des tranchées, des bunkers, des anciennes casemates, ou des protections individuelles comme des caves.
A Roubaix, on construit un abri anti-aérien dans la cour de la Mairie, rue de l’Hôtel de Ville, pour le personnel municipal, qui sert en même temps de P.C. pour la Défense passive. Il peut recevoir 30 à 40 personnes.
L’édifice est en béton armé, de 80 cms d’épaisseur et d’un volume de 90 m3, en forme d’ogive. L’abri n’a jamais été utilisé en tant que tel. Il a servi pendant des années aux services municipaux, et en particulier aux jardiniers qui pouvaient y stocker les outils nécessaires à l’entretien des parterres de fleurs du centre ville. Les roubaisiens s’habituent, malgré tout, à la présence de ce blockhaus, car il est recouvert de lierre et entouré de rosiers grimpants.
En 1978, M le Maire décide qu’un ravalement complet de la façade de l’Hôtel de ville, noircie par le temps et la pollution, est nécessaire. Gérer le patrimoine, c’est aussi l’entretenir. Il profite de l’occasion, pour faire raser ce blockhaus, qui n’a jamais servi depuis près de 40 ans.
On ne peut pas dynamiter un bunker en centre ville, comme ceux que l’on trouve parfois sur les plages de la région, car nous sommes à quelques mètres de la Mairie, et en face de la Caisse d’épargne. L’entreprise de démolition Sodenor de Wasquehal effectue un travail préparatoire, celui de transformer l’édifice en un véritable gruyère : 300 trous sont percés dans la masse, dans lesquels sont placées des charges d’explosifs, pour un total de 15 kgs de dynamite.
Le 25 Juillet 1978, de nombreuses précautions sont prises, pour la sécurité. Des énormes ballots de paille sont appliqués autour de l’édifice ; des toiles sont tendues sur les grilles de la Mairie, et la circulation des piétons et des voitures est interdite dans la rue.
A 14h 15, l’explosion fendille le blockhaus de toutes parts, sans faire de gros dégâts, à part quelques vitres brisées à la Mairie et en face, sur le bâtiment mitoyen de la Caisse d’épargne.
Le bunker est lézardé, il ne reste plus qu’à le casser avec un engin spécial appelé brise-béton. C’est un travail de longue haleine car le béton est rempli de ferrailles qu’il faut découper au chalumeau. Les gravats sont déblayés et, fin Août, il ne reste plus rien du blockhaus de la Mairie. Le vestige historique n’est plus qu’un souvenir.
Photo BT
A l’emplacement, on trouve aujourd’hui une quinzaine de places de parking pour le personnel communal.
Remerciements aux Archives Municipales. Toutes les photos proviennent des quotidiens Nord Éclair et La Voix du Nord de Juillet 1978.
Quand j’allais dans le bureau du secrétaire de mairie de l’époque (papa de mon amie d’enfance) je passais par derrière la marie: il faisait partie du décor et ne gênait personne et il était même tout fleuri.