André Camion et Jacquy Delaporte

André Camion est né en 1922 dans les Ardennes. Sur le recensement de 1954 à Roubaix, il figure en tant que directeur commercial au 23 boulevard Beaurepaire à Roubaix, adresse correspondant sur le Ravet-Anceau de l’époque à l’entreprise A. Camion, marchand de bois.

Bien qu’ayant suivi des études universitaires scientifiques, André Camion est un passionné d’art et de lettres. Président de la société des artistes roubaisiens, laquelle existe depuis le début du vingtième siècle, pendant de nombreuses années il est à l’origine d’expositions artistiques collectives ou individuelles.

Photo d’André Camion ( Document Nord-Eclair)

Un salon est ainsi organisé par cette société chaque année et de nombreux artistes, français mais aussi internationaux, y exposent leurs œuvres. Pendant des années le salon se tient à la galerie Dujardin, 14 bd de Paris à Roubaix puis dans la rue du Vieil Abreuvoir (Voir sur notre site l’article consacré à la Galerie Dujardin) avant d’être transféré à l’Hôtel de Ville.

Photo de la galerie Dujardin 14 boulevard de Paris à Roubaix en 1928 et extrait d’une carte de visite (Document collection privée)

Par ailleurs, un temps secrétaire de la SER (Société d’Emulation de Roubaix), la plus ancienne société de la ville créée au dix neuvième siècle, qui publie au fil du temps de nombreux travaux sur l’histoire de Roubaix, André Camion se signale à l’attention des érudits par ses travaux sur l’histoire locale ancienne. Habitant à Hem, il écrit ainsi en 1974 l’histoire hémoise de « l’explosion de La Marquise 30 ans plus tôt » lors de la libération de la ville.

Puis il rédige « à 4 mains » avec Jacquy Delaporte l’ouvrage « Hem d’hier et d’aujourd’hui », se consacrant pour sa part à la partie consacrée aux origines de la ville, quand Hem n’était qu’un hameau de huttes de terres et de roseaux au bord d’un immense marais, et jusqu’à la première guerre mondiale durant laquelle la ville est occupée par les forces allemandes qui imposent à la population leur loi et leur discipline.

L’ouvrage d’André et Jacquy est un véritable travail d’historien bien qu’il ne s’agisse pas d’une œuvre de chercheur. Leur but est en effet de s’adresser à tous les habitants de Hem et à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la commune. André Camion est alors retraité de son ancien commerce de bois et a consacré les 5 années précédentes à réunir avec son co-auteur d’innombrables documents pour réaliser l’ouvrage.

Photo d’André Camion puis d’André Camion et Jacquy Delaporte en 1982 (Documents Hem d’hier et d’aujourd’hui et Nord-Eclair)

Nord-Eclair se fait l’écho de la sortie du livre et de sa future présentation en décembre 1982 par les 2 auteurs et l’éditeur : les Editions du Beffroi à l’occasion d’une réception à la salle des fêtes, présidée par Jean-Claude Provo, maire de Hem. L’ouvrage est présenté par le journaliste comme passionnant, bourré d’anecdotes et de renseignements inédits mais aussi brillamment illustré de cartes postales, photographies, plans et croquis.

Couverture de leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui (Document collection privée)

Dès le jour de la parution du livre, 600 personnes se pressent pour l’acheter à la salle des fêtes de Hem et pour voir l’exposition de documents anciens réunis à cette occasion dans la galerie qui entoure la salle : affiches, cartes postales, photos, tracts et journaux. Malheureusement cette manifestation et la séance de dédicace qui s’ensuit a lieu en l’absence d’André Camion décédé subitement à son domicile.

Avis de décès d’André Camion dans le journal du 15 décembre 1982 (Document Nord-Eclair)
Vente du livre et exposition à la salle des fêtes (Documents Voix du Nord)

Jacquy Delaporte, quant à lui a d’abord été auxiliaire d’enseignement avant de passer le concours de commis de mairie et de l’obtenir en 1964 puis de devenir secrétaire de mairie 3 ans plus tard. En 1974, un poste se libère en mairie d’Hem où il va faire le reste de sa carrière sous 4 maires successifs : Jean Leplat, Jean-Claude Provo, Marie-Marguerite Massart et Francis Vercamer, en qualité de secrétaire général.

Très attaché à cette ville qu’il ne connaissait pas il se passionne pour son histoire au point donc de co-écrire l’ouvrage cité ci-dessus avec André Camion, ouvrage tiré à 2000 exemplaires vite épuisés et non réédité. Il en rédige la 2ème partie consacrée à l’entre deux guerres jusqu’à nos jours. Au total, il effectue sa carrière en mairie d’Hem

Photo de Jacquy Delaporte (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Exposition Hem d’hier et d’aujourd’hui (Documents Historihem)

En 1989, c’est en solo qu’il célèbre le bicentenaire de la révolution en écrivant

un livre tiré des cahiers manuscrits d’un jeune bourgeois né en 1769, révolutionnaire de la première heure qui a vécu sous la Révolution et l’Empire : Augustin Lenglet.

A partir des écrits inédits du jeune homme, riches d’anecdotes et d’extraits de gazette de l’époque, des écrits et illustrations qu’il a pu trouver au fil de ses recherches, Jacquy Delaporte fait un livre racontant la révolution telle que l’a vécue Augustin en nous faisant voyager aux quatre coins du département : J’avais vingt ans à la révolution.

Jacquy Delaporte à la sortie de son livre en 1989 (Documents Nord-Eclair)

Puis en 1990, au cours d’une exposition organisée par l’association Historihem, dont le président est alors Mr Massart, sous la mandature de Mme Massart, intitulée Hem d’hier et d’aujourd’hui, son ouvrage co-écrit avec André Camion est à nouveau mis à l’honneur en même temps que son nouvel ouvrage.

Parallèlement à sa carrière il complète en effet l’histoire de Hem en 1990 par un nouveau livre intitulé Hem images d’hier à partir d’un fonds de cartes postales collectionnées par André Camion et Bernard Thiebaut. Il se base également sur des photos de Mme Motte et sur les documents d’Historihem. C’est une promenade commentée dans la ville.

Couverture de Hem images d’hier (Document collection privée)
Photo de Jacquy Delaporte en mairie à son bureau en 2000 (Document Nord-Eclair)

En 2000, pour son départ en retraite, ses collègues lui réservent une surprise. Une belle voiture encadrée par la police municipale vient le chercher à son domicile de Forest-sur-Marque pour l’emmener à la salle des fêtes de Hem où il est accueilli par une haie d’honneur de policiers municipaux et par le maire Francis Vercamer.

Sur scène des élus l’attendent avec Patrick Salmon, directeur de la Cantoria et tout ce petit monde, maire en tête, entonne une chanson en son hommage. Puis c’est autour du personnel de mairie de lui dédier une chanson avant de laisser la place aux discours retraçant sa longue carrière de 26 ans en mairie d’Hem.

Après que la médaille de la ville lui ait été remise c’est à Jacquy Delporte de prononcer un discours plein de remerciements mais aussi de l’histoire des secrétaires de mairie à travers les âges. Il insiste ainsi sur le caractère passionnant du métier de secrétaire de mairie. Enfin alors que la cérémonie touche à sa fin il reçoit le cadeau de l’ensemble de ses collègue : un char à voiles.

Photos du départ en retraite en 2000 (Documents Nord-Eclair)

Puis il termine ses écrits sur l’histoire de Hem par un dernier livre publié en 2003 sous le titre Hem 1000 ans d’histoire. Dans cet ouvrage il reprend l’histoire écrite avec André Camion tout en l’enrichissant d’autres illustrations et d’une suite sur 20 ans. Il participe également en 2012 à la bande dessinée Au temps d’Hem, dans laquelle le dessinateur Christian Guillaume (connu sous le nom d’artiste Teel) assisté par la coloriste Chantal Guillaume retrace l’histoire de la ville de Hem écrite par le tandem Camion Delaporte 30 ans plus tôt.

Couvertures d’Hem 1000 ans d’histoire et de Au temps d’Hem et photo de Christian Teel et Jacquy Delaporte (Documents collection privée)

André Camion et Jacquy Delaporte apportent dans leurs écrits la preuve que l’histoire , en tout cas locale, n’est pas que l’affaire des historiens. Elle est avant tout celle de passionnés, curieux de transmettre la mémoire d’une ville chère à leur cœur en images et en récits afin que chaque nouvel habitant de la localité concernée puisse en reconstituer l’histoire.

Remerciements à ces 2 personnalités hémoises pour leurs écrits ainsi qu’à l’association Historihem et la Ville de Hem

Leers, de la mairie à l’hôtel de ville.

La première mairie de Leers était l’ancienne maison du bailli, dont le premier niveau servait de prison, et le second de salle de réunion. Mais les démarches administratives se faisaient au domicile du maire, à l’époque Louis Courier, fermier de la cense du Pret ou Maison Blanche, située rue du Capitaine Picavet, dans le quartier de la Papinerie. La vétusté de la maison du bailli et l’éloignement du domicile du maire, font que les leersois cherchent une solution plus commode. La localité se trouvait alors en pleine expansion démographique. D’un millier d’habitants sous Napoléon, elle était passée à quatre mille.

Dessin première mairie, tel qu’il apparaît sur la couverture du livre sur Leers de l’abbé Monteuuis

Une opportunité survient avec le legs d’une maison qui appartenait à Mademoiselle Rosalie Delannoy, décédée à Leers le 4 mars 1892. Elle était la fille de Jean-Baptiste Séraphin Joseph Delannoy, boulanger et ancien maire de Leers (1779-1822) et de Jeanne Françoise Deleforterie (1779-1858) Lingère, Boulangère, Marchande épicière. Rosalie était restée célibataire et par testament, elle en avait fait don aux pauvres de la paroisse.

La deuxième mairie Collection familiale

C’était la maison qu’elle habitait, et elle en fit don à l’abbé Lepoutre, pour les pauvres, mais l’abbé refusa le legs. Le maire de Leers, Louis Courier, en sa qualité de président du bureau de bienfaisance le récupère, en tant que représentant légal des pauvres et vend ce bien à la commune, le 10 juin 1894. Les héritiers de Mlle Delannoy, qui n’étaient pas d’accord, pensant sans doute rendre le legs caduc après le refus de l’abbé Lepoutre, avaient intenté un procès à la commune. Ils furent déboutés, et le bâtiment devint hôtel de ville en 1896. La maison du bailli fut démolie en 1900. Cette nouvelle mairie permettait de centraliser le service communal.

La deuxième mairie aménagée rue du Général de Gaulle Collection familiale

En 1945, on l’aménagea mais ce fut insuffisant. Les locaux étaient désormais trop étroits pour une commune toujours en développement. Par décision du conseil municipal du 27 juin 1969, André Kerkove étant maire, on décida de construire un nouvel hôtel de ville, plus fonctionnel. C’est en 1971 que les services municipaux sont transférés à l’Hôtel de ville, rue de Lys. Quand le conseil municipal leersois s’installa le 28 mars dans sa nouvelle mairie, il eut à se prononcer sur l’opportunité de la création d’un nouveau poste d’adjoint, signe que la commune avait encore évolué au nombre de ses habitants. D’après les statistiques communales, entre 1968 et 1975, Leers compta deux mille habitants de plus !

Le nouvel hôtel de ville de Leers rue de Lys Collection familiale

L’ancienne mairie fut occupée par un centre de soins infirmiers et elle abrita une association d’éducation ménagère. Aujourd’hui, la maison est divisée entre l’association « Ordileers » et le restaurant scolaire de l’école Jeanne d’Arc.

Sources :

Histoire de Leers par l’abbé G. Monteuuis Collection Histoire Westhoek (rééditée par l’ALEHF)

Leers mon village édité par l’ALEHF (association leersoise d’études historiques et folkloriques)

Archives Départementales du Nord

La Cantoria – 1

Partie 1 L’école Victor Hugo et l’ancienne mairie de Hem

En 1841, une école pour garçons est construite sur la Place d’Hem, dénommée ensuite école Victor Hugo. Auparavant l’école était assurée dans une pièce de la maison du maître qui enseignait tout en faisant la cuisine et en soignant ses enfants. Pas question pour le moment d’une école pour les filles « qui n’ont pas besoin d’instruction pour tenir leur ménage », la municipalité n’ayant pas les moyens financiers suffisants pour ouvrir 2 écoles.

Pas d’école pour les filles ! (Document Au Temps d’Hem)

L’école de la place est fonctionnelle et dispose de latrines alors que la plupart des écoles en sont alors dépourvues. Dans un premier temps, elle ne compte qu’une seule pièce qui reçoit finalement les élèves des 2 sexes, séparés par une cloison, au milieu de laquelle se trouve le ponton (estrade) du maître d’où il peut surveiller garçons et filles. Dans le corridor il existe donc une porte d’entrée dans la classe pour chaque sexe.

L’école Victor Hugo vue de la place, la façade en gros plan et l’arrière de l’école et le mur d’enceinte de la cour de récréation vus de la rue du Cimetière (Documents collection privée)

Ce n’est qu’en 1852 qu’une école de filles est construite à Hem Bifur : l’école Pasteur. Dès la rentrée des classes de 1858, un second maître est adjoint à l’école des garçons. Bientôt, dans l’école 103 garçons occupent 41 mètres carrés dans la 1ère classe et 43 élèves se retrouvent dans 30 mètres carrés dans la seconde.

Dès 1875, l’idée d’une nouvelle mairie germe dans la tête de la municipalité, car le conseil municipal siège toujours dans la maison commune à l’Auberge du Coq et, bien qu’un cabinet des archives ait été installé dans une pièce chez l’instituteur 2 ans auparavant, cela ne suffit pas et il faut faire quelque chose.

Une maison est à vendre sur la place d’ Hem mais le projet de mairie n’est pas retenu de suite. Il faut attendre 1881 pour que la décision soit prise. Les travaux sont achevés en mai 1884 et une joyeuse inauguration met le village en fête sur la Grand Place devant la nouvelle façade, contiguë à l’école Victor Hugo.

La façade de la mairie en 1884 (Document Hem Images d’Hier), bâtiment contigu à l’école (Document Hem Mémoire en Images)
La Mairie d’ Hem en BD (Document Au Temps d’Hem)

La place d’ Hem (actuellement Place de la République) garde le même aspect pendant plusieurs décennies. Devant la façade de la mairie ont lieu de multiples fêtes et/ou commémorations au fil du temps. Ainsi les photos ci-dessous montrent une fête, occasion pour la fanfare de la commune de jouer des airs républicains, et une commémoration après la 1ère guerre mondiale avec hommage rendu aux anciens combattants.

Fête avec fanfare et commémoration de la victoire (Documents Hem Mémoire en Image)

En 1946, l’assemblée municipale décide l’acquisition de la propriété Catrice au 42 rue de Lille (actuellement rue du Général Leclerc). La maison de maître va être aménagée en Mairie et 2 écoles seront aménagées dans le parc : l’une pour remplacer l’école Victor Hugo, trop vétuste, et l’autre pour remplacer l’école Pasteur, endommagée lors de la guerre.

la mairie en 1934 ( Document Hem 1000 ans d’histoire) et la mairie annexe dans les années 70 ( Document Historihem).

Mais ce n’est finalement qu’en 1957 que le projet de l’école du Centre est lancé, et cette nouvelle école ( dite du Parc, ou de Beaumont puis Victor Hugo) scolarise enfin des enfants en 1959. L’ancienne école Victor Hugo laisse alors la place aux ateliers municipaux tandis que l’ancienne mairie continue à abriter des services municipaux et devient la mairie annexe.

vue panoramique de la Place en 1962 avec l’école et vue aérienne de 1989 avec les ateliers municipaux qui ont remplacé l’école Victor Hugo (documents IGN)
vue aérienne des années 1980 où on distingue les ateliers municipaux et la mairie annexe (Document Hem mille ans d’histoire)

A la fin des années 1970, c’est précisément un instituteur de la nouvelle école Victor Hugo qui se trouve être le premier professeur de « L’école de Musique » de Hem et, par la suite, grâce au soutien de la ville, celle-ci se développe autour d’un objectif principal : faire découvrir des instruments de musique, le solfège intervenant comme une nécessité pour la maîtrise desdits instruments.

L’initiation musicale mise en place peu à peu par la ville de Hem est alors le fait de professeurs rémunérés par la commune, qui ne disposent pas d’un lieu unique pour assurer leurs cours et vont de salle en salle au gré des disponibilités. Même si cela permet à une petite centaine d’enfants de prendre goût au solfège et à la pratique d’un instrument, très vite il leur faut s’orienter vers un conservatoire de la région…

Dès 1981, l’OCAH (Office culturel d’animation hémois) décide de la première rencontre musicale hémoise. Au programme du classique et de la variété. Puis en 1983, son 1er après-midi musical à la salle des fêtes est une réussite dont le journal Nord-Eclair se fait l’écho. La preuve est faite : les hémois sont demandeurs ; ils aiment la musique et en souhaitent le développement dans leur ville.

1er après midi musical de l’OCAH

Dès 1990, c’est l’ADHIM ( Association hémoise pour la découverte et l’initiation à la musique) qui est créée, sur proposition de Mme Houdry, adjointe à la Culture, afin de permettre de structurer l’initiation musicale dans la ville. Le but dans un premier temps est de mieux structurer l’initiation musicale existante avant de penser à des projets plus ambitieux.

A suivre…

Remerciements à Historihem, la Ville de Hem, Jacquy Delaporte pour ses ouvrages Hem Images d’hier et Hem 1000 ans d’histoire et Bernard Thiebaut pour son ouvrage Hem Mémoire en images.

La crèche du centre

On en parlait depuis 1972 au moins ! On avait fait mieux, puisqu’un architecte avait été sollicité pour un avant projet immédiatement transmis à l’autorité supérieure. Le Conseil Municipal a réservé les terrains situés à l’angle des rues Saint-Joseph et Florimond Lecomte pour son implantation future. Là se trouvaient les bâtiments de l’ancienne école de filles du Centre, qui abritèrent autrefois les services de la mairie.

Le plan de la future crèche publié par NE

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Le Blockhaus de la Mairie

A la fin des années 30, la situation internationale est tendue et chaotique. La guerre est proche. Non sans raison, on vit dans la hantise d’une brusque attaque aérienne de l’ennemi. Le Préfet prend des mesures destinées à protéger la population civile contre les bombardements ; c’est la Défense passive. La population est invitée à se réfugier dans des abris qui peuvent être des tranchées, des bunkers, des anciennes casemates, ou des protections individuelles comme des caves.

A Roubaix, on construit un abri anti-aérien dans la cour de la Mairie, rue de l’Hôtel de Ville, pour le personnel municipal, qui sert en même temps de P.C. pour la Défense passive. Il peut recevoir 30 à 40 personnes.

 L’édifice est en béton armé, de 80 cms d’épaisseur et d’un volume de 90 m3, en forme d’ogive. L’abri n’a jamais été utilisé en tant que tel. Il a servi pendant des années aux services municipaux, et en particulier aux jardiniers qui pouvaient y stocker les outils nécessaires à l’entretien des parterres de fleurs du centre ville. Les roubaisiens s’habituent, malgré tout, à la présence de ce blockhaus, car il est recouvert de lierre et entouré de rosiers grimpants.

En 1978, M le Maire décide qu’un ravalement complet de la façade de l’Hôtel de ville, noircie par le temps et la pollution, est nécessaire. Gérer le patrimoine, c’est aussi l’entretenir. Il profite de l’occasion, pour faire raser ce blockhaus, qui n’a jamais servi depuis près de 40 ans.

On ne peut pas dynamiter un bunker en centre ville, comme ceux que l’on trouve parfois sur les plages de la région, car nous sommes à quelques mètres de la Mairie, et en face de la Caisse d’épargne. L’entreprise de démolition Sodenor de Wasquehal effectue un travail préparatoire, celui de transformer l’édifice en un véritable gruyère : 300 trous sont percés dans la masse, dans lesquels sont placées des charges d’explosifs, pour un total de 15 kgs de dynamite.

Le 25 Juillet 1978, de nombreuses précautions sont prises, pour la sécurité. Des énormes ballots de paille sont appliqués autour de l’édifice ; des toiles sont tendues sur les grilles de la Mairie, et la circulation des piétons et des voitures est interdite dans la rue.

A 14h 15, l’explosion fendille le blockhaus de toutes parts, sans faire de gros dégâts, à part quelques vitres brisées à la Mairie et en face, sur le bâtiment mitoyen de la Caisse d’épargne.

Le bunker est lézardé, il ne reste plus qu’à le casser avec un engin spécial appelé brise-béton. C’est un travail de longue haleine car le béton est rempli de ferrailles qu’il faut découper au chalumeau. Les gravats sont déblayés et, fin Août, il ne reste plus rien du blockhaus de la Mairie. Le vestige historique n’est plus qu’un souvenir.

 Photo BT

A l’emplacement, on trouve aujourd’hui une quinzaine de places de parking pour le personnel communal.

Remerciements aux Archives Municipales. Toutes les photos proviennent des quotidiens Nord Éclair et La Voix du Nord de Juillet 1978.