Un collège innovant

En 1980, le CES Pellart, devenu entre-temps le collège Anne Franck, change de principal. Mme Perron est remplacée par Serge Psaume, qui, s’appuyant sur une équipe d’enseignants jeunes et dynamiques va impulser un certain nombre d’innovations.

Le collège au début des années 80 – document archives municipales
Le collège au début des années 80 – document archives municipales

L’établissement est classé en Zone d’Education Prioritaire. Son projet, élaboré au cours de nombreuses concertations, prévoit d’abord la mise en place de groupes de niveau dans les matières d’enseignement général (en particulier, Anglais, Français et Maths). Les élèves sont évalués régulièrement et passent périodiquement d’un groupe de niveau à l’autre selon le résultat des évaluations.

On met également en place l’aide au travail pour les élèves. Deux salles sont ouvertes chaque jour après la fin des cours au collège, mais aussi dans les quartiers. Les enseignants concernés apprennent aux élèves à s’organiser dans leur travail, leurs apportent un soutien en reprenant ce qu’ils n’ont pas compris, et les aident à faire leurs devoirs. Ce soutien individuel a très vite un grand succès et les jeunes prennent l’habitude de ce dispositif.

Tout ceci fonctionne grâce à l’esprit de coopération qui s’installe entre les enseignants qui prennent l’habitude de se « serrer les coudes » face aux difficultés, et de travailler ensemble, pour unifier le contenu de leur enseignement à l’intérieur les différents groupes de même niveau, certains faisant même leurs préparations de cours en commun.

A droite le réfectoire, suivi de la salle de dessin et de celle de musique – Cliché Jpm
A droite le réfectoire, suivi de la salle de dessin et de celle de musique – Cliché Jpm

Dans le même temps, le collège développe, sous l’impulsion de deux enseignants, un projet informatique ambitieux. Il réussit à faire partie des 83 collèges expérimentaux choisis au niveau national, et reçoit à ce titre une dotation de 10 ordinateurs de type Micral 8022, magnifiques machines graphiques.

Document Excelvision
Document Excelvision

L’équipe s’étoffe et s’étend à plusieurs matières, les professeurs développant des exercices complémentaires utilisés soit en cours, soit lors de séances de soutien placées le soir. On s’aperçoit en effet que les élèves, n’éprouvent pas de blocage vis-à-vis de l’ordinateur n’hésitent pas à effectuer les exercices, heureux quand ils les réussissent, et sans éprouver de culpabilité en cas d’échec. On réussit à leur faire intégrer des notions qu’on arrive pas à faire passer en cours traditionnel.

La Voix du Nord de Janvier 1984
La Voix du Nord de Janvier 1984

Dans un deuxième temps, et dans le cadre des plans Fabius « Informatique pour Tous » et « Télématique pour tous », l’équipe reçoit une deuxième dotation composée de TO7 de chez Thomson, bientôt remplacés par un nano-réseau de MO5 du même constructeur. Le nombre d’enseignants concernés continue à croître. 30% des enseignants suivent des formations spécialisées en informatique. Avec le concours du Cueep, on développe au collège des programmes en Basic et en Logo et de nombreux exercices d’ Enseignement Assisté par Ordinateur. Une bonne partie des élèves « passent sur ordinateur » à un moment ou à un autre et profitent des bienfaits de cette technologie.

Photo La Voix du Nord 1984
Photo La Voix du Nord 1984

Le collège est également doté d’un serveur télématique Leanord, et des exercices sur minitel sont également développés. Par ailleurs, il reçoit un équipement vidéo sous forme d’une régie noir et blanc qui sera utilisée avec les élèves. Cet équipement est bientôt remplacé par des équipements VHS.

Toutes ces actions débouchent sur des résultats, et le pourcentage des non-lecteurs qui était précédemment au collège de 10 % à l’entrée en sixième, diminuent considérablement : au bout de deux ans d’expérimentation, on ne compte plus que 6 non-lecteurs sur l’ensemble des élèves qui l’ont suivie.

Par ailleurs, on organise pendant les vacances des ateliers informatiques les initiant à la programmation. Ceux-ci sont suivis avec enthousiasme par les jeunes.

Photo La Voix du Nord Ete 1984
Photo La Voix du Nord Ete 1984
La Voix du Nord 1984 – A droite M. Psaume
La Voix du Nord 1984 – A droite M. Psaume

Les documents joints proviennent des archives municipales.

Les lotissements de 1950

La CIL se lance, à la fin des années 40, dans un programme de lotissement, qui va se développer sur plusieurs communes. Après le programme 1947-48 comprenant le Galon d’eau et 150 logements aux trois Baudets, préfiguration des autres constructions qui vont suivre, le programme 48-49 prévoit des logements notamment à Tourcoing et à la Lionderie à Hem. Mais on prépare déjà la suite : en effet, au Nouveau Roubaix, de vastes terrains sont alors occupés par des jardins ouvriers. Ces terrains, achetés pour la plupart par la ville à la Société Lemaire et Lefebvre dans la première partie du siècle, sont disponibles pour un vaste plan de lotissement en maisons individuelles mis en œuvre par le CIL.

Photo IGN 1947
Photo IGN 1947

En 1948, alors que les premiers habitants emménagent aux trois Baudets en bordure de l’avenue Motte, la ville demande à la SNCF de désaffecter la plate-forme de la gare de débord détruite pendant la guerre pour pouvoir y construire des logements. La voie-mère qui empruntait le terre-plein central de l’avenue Motte serait réaménagée en piste cyclable.

Le projet prend corps fin 1949 avec la cession de terrains appartenant à la ville à la société d’habitation populaire Le Toit Familial. La première zone concernée est limitée par les rues Mignard, Motte, Delory et Horace Vernet (à part un rectangle situé sur la ferme de la Haye où s’installera l’école Ste Bernadette. Elle représente 32500 m2) pour 227 maisons. On prolonge à cet effet la rue Horace Vernet jusqu’à l’avenue Delory.

Une deuxième zone située à l’extrémité du boulevard de Fourmies et limitée par l’avenue Motte et la rue Mignard. (8500 m2) sera lotie également, ainsi qu’une troisième située en bordure de l’avenue Motte à l’emplacement des anciens baraquements démolis pendant la guerre et l’emplacement de la gare de débord. Ceci représente 11 000 m2 de terrains pour 143 maisons

Document Nord Matin 1948
Document Nord Matin 1948

Les photos nous montrent la construction de la cité des 3 Baudets, dont le modèle sera repris pour le projet actuel. Les travaux démarrent et les premières maisons s’élèvent dès 1950. La photo aérienne montre les maisons implantée au milieu de jardins, comme le préconise le CIL.

Photo Archives municipales
Photo Archives municipales

Mais le CIL va entreprendre une autre tranche de travaux. Il envisage de bâtir de l’autre côté de l’avenue Delory, sur l’emplacement de la ferme de Gourguemez ce qui deviendra la cité du Maroc.

En attendant, 1951 voit le démarrage des travaux du groupe Carpeaux-Pigouche, entre les rues Regnault, Edouard Vaillant et l’avenue Delory. Le groupe Pigouche représente 45 logements, le groupe Carpeaux 54. Ces constructions sont réservées à l’accession à la propriété. Elles possèdent le Chauffage central. Certaines doivent être en briques rouges, les autres en briques blanches.

Document Nord Matin 1951
Document Nord Matin 1951

En parallèle à ces travaux, on aménage l’avenue Motte et son terre-plein central pour y créer une promenade bordée d’arbres le long de laquelle on installe des bancs publics.

Documents Nord Eclair 1955
Documents Nord Eclair 1955

Le quartier prend petit à petit l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui.

Document Collection particulière
Document Collection particulière

 

Le troisième pont

Le remplacement du pont Nickees devient urgent : celui-ci est incapable de faire face à l’accroissement du trafic des années 60, et l’idée des élus est d’ajouter une communication directe entre le boulevard Gambetta et Wattrelos pour désengorger la grand-rue et son pont, trop souvent levé au goût des automobilistes. La reconstruction des ponts de la Vigne et des Couteaux ayant eu la priorité, il est temps de d’envisager une construction nouvelle. Le dernier projet de 1959 porte donc sur un tablier de 30 mètres de large (autant que l’avenue Motte) situé relativement haut, qui se trouvera prolongé à chaque extrémité par des rampes d’accès. La rampe côté boulevard Gambetta sonnera le glas du jardin public installé lors du comblement de l’ancien canal, et déjà très amputé dans les années 50.

L'ancien jardin public. Au fond, le canal – document coll. particulière
L’ancien jardin public. Au fond, le canal – document coll. particulière

La rampe formant une courbe prononcée vers la gauche, va obliger à la démolition d’un groupe de maisons situées à l’angle du boulevard et du quai de Lorient.

Les maisons à démolir - Photo archives municipales - 1953
Les maisons à démolir – Photo archives municipales – 1953

De même, les travaux vont amener à la rectification du tracé de la rive droite du canal, qui présentait au débouché du boulevard un creux permettant aux péniches de faire demi-tour. Ce creux, perdant son utilité, va être comblé et servira d’appui aux piles du futur pont. Le pont doit comporter deux chaussées de 10m50 et un terre-plein central de 3 mètres. On prévoit deux ans de travaux qui incluront la création d’espaces verts. 1962 voit le début des travaux, qui doivent coûter, d’après Nord Matin, près d’un milliard d’anciens francs, financés en grande partie par le fonds d’investissement routier. On commence par démolir les anciennes maisons car, ne l’oublions pas, l’opération doit aussi permettre de résorber l’habitat insalubre.

Les travaux quai de Cherbourg et rue d'Avelghem – Photos La voix du Nord
Les travaux quai de Cherbourg et rue d’Avelghem – Photos La voix du Nord

En janvier 1963, les travaux sont stoppés par le froid, mais ils reprennent dès la fin des gelées à un rythme accéléré. On amorce les rampes d’accès, et on construit les culées et les piliers qui supporteront le tablier.

Photo la Voix du Nord
Photo la Voix du Nord

Puis on coule le tablier dans lequel sont tendus, dans des gaînes, des fils de renforcement. On prévoit quai du Sartel des déversoirs d’orage pour remplacer ceux qui amenaient le trop-plein des eaux de pluie dans l’ancien bassin de retournement des péniches. En 1964 les travaux sont en bonne voie ; le pont et les rampes d’accès prennent forme.

Photos Nord Eclair 1964 et IGN 1965
Photos Nord Eclair 1964 et IGN 1965

Enfin, le pont est inauguré en 1966. La musique de 43ème RI est de la fête, ainsi que le Préfet. Les personnalités parcourent le pont à pied, avant d’être reçues officiellement à la mairie.

Le cortège officiel – photo La Voix du Nord
Le cortège officiel – photo La Voix du Nord

Le terre-plein central reçoit de la végétation, des vasques fleuries y sont implantées. De petits squares avec de la végétation seront ensuite aménagés près des culées du pont. On a prévu des routes passant sur chaque rive pour relier les différents quais en passant par dessous le pont.

Photos archives municipales et Lucien Delvarre
Photos archives municipales et Lucien Delvarre

La construction de ce pont reliant directement les deux villes, consacre l’importance de l’axe formé par le boulevard Gambetta qui, avec l’implantation de Roubaix 2000, a l’ambition de déplacer le centre de Roubaix en l’attirant vers lui.

On construit le collège

Après les démolitions, les travaux marquent le pas. Le terrain n’étant pas constructible, sa libération nécessite plus de temps que prévu, et les élèves sont toujours pour partie au petit Lycée, pour partie à Turgot, le reste étant hébergé rue Notre Dame dans les locaux de l’école publique.

Cependant, en Juillet 1974, les travaux du CES sont en cours. Ils sont réalisés par une entreprise de Gironde, avec la participation de l’entreprise Planquart. Une photo de la Voix du Nord, prise de la rue Pellart montre les bâtiments de la SES. A droite les ateliers, puis les salles de technologie et, sur deux étages les salles de cours. Au dessus de ce dernier bâtiment se profilent ceux encore en place avant la construction de la salle de sports.

Photo la Voix du Nord - 1974
Photo la Voix du Nord – 1974

On envisage une ouverture prévue à la rentrée de Toussaint pour les 900 élèves prévus auxquels va s’ajouter une section d’éducation spécialisée (SES). La construction est de type « industrialisé léger avec une ossature en béton ». Si l’ossature béton est solide, on ne peut pas en dire autant panneaux légers qu’elle structure, et les utilisateurs du collège ont le souvenir des nombreuses plantes poussant entre les cloisons extérieures et la dalle au rez de chaussée des bâtiments : la nature s’installait dans les classes !

Une photo aérienne de l’époque nous montre à droite le bâtiment de la SES avec sa partie centrale plus basse, au centre le bâtiment des cours du collège, et, en haut à gauche, l’amorce de la cour de récréation. Notons que le parking, situé en bas à droite le long de la rue Pellart, est très étendu. Il se situe là où passera l’avenue des Nations Unies et héberge les voitures des enseignants du collège, mais aussi celles des policiers travaillant au commissariat situé de l’autre côté de la rue Pellart. En bas à droite, l’ancien pâté de maisons qui ne tardera pas à disparaître pour faire place à la salle de sports.

Document IGN - 1975
Document IGN – 1975

L’équipe administrative est déjà en place, derrière la directrice Mme Perron. Son adjoint est M. Lapierre, et le directeur de la SES Jean Marie Caudron, le poste du Conseiller Principal d’Education étant tenu par M. Faille. L’intendant est M. Andès (qui a également en charge le Lycée Turgot et le CET du boulevard de Lyon, et qui prendra très vite en charge le lycée Jean Rostand à sa construction. Son adjointe au collège est Mme Bernard, qui chapeaute l’équipe des personnels de service, une demi-pension étant prévue pour nourrir l’importante population scolaire.

Le bâtiment de la SES – photo Delbecq
Le bâtiment de la SES – photo Delbecq

Le collège comporte, à côté des classes allant de la 6ème à la troisième, des sections CPPN (Classes Préprofessionnelles de Niveau) et CPA (classes de Préparation à l’Apprentissage) dont une part importante de l’horaire est consacré à la technologie et à l’enseignement professionnel, ainsi que la section d’enseignement spécialisée qui offre la particularité, à côté de l’enseignement technique, de confier l’enseignement général à des instituteurs spécialisés : les élèves n’ont donc affaire qu’à deux enseignants : un pour l’enseignement général, et un autre pour le technique. L’implantation des bâtiments reflète sa structure pédagogique avec un bâtiment consacré à l’enseignement général, un autre aux enseignements spécialisés, et un troisième à la SES.

Photo IGN
Photo IGN

Le bâtiment d’enseignement général comporte deux étages. A chaque niveau un hall central donne accès aux classes. Au rez de chaussée, le bureau du Conseiller Principal d’Éducation et le Centre de Documentation et d’Information.

Le bâtiment le plus vaste, sans étage, regroupe les enseignements spécialisés. Le programme prévoit, pour les filles, l’enseignement ménager et la couture, pour les garçons les travaux du bois et du métal. Il intègre également les bureaux de l’intendance et de l’administration, ainsi que la salle des professeurs. Deux patios éclairent le centre du bâtiment et un ensemble de couloirs desservant l’ensemble permettent un parcours circulaire, le jeu pour les élèves étant d’en faire le tour en courant durant les récréations, et, pour l’équipe des surveillants, de les en empêcher !

Document IGN
Document IGN

Le collège, dénommé à ses débuts « CES Pellart » va prendre rapidement son nom définitif de Collège Anne Franck et entamer le cours de son histoire, sur laquelle nous reviendrons.

La résidence Roger Salengro

Le samedi 6 mars 1965 a été inaugurée la résidence Salengro, au n°2 de l’avenue du même nom, un nouvel immeuble de cinq étages, en présence de M. Michel Petipré PDG de la société CPN (Construction Promotion du Nord) et du maire de Roubaix Victor Provo. Sur cet emplacement se trouvait auparavant, selon le Ravet Anceau, les chantiers de la société Waquier Frères et Cie, entreprise de terrassement et pavage. On annonce qu’une partie des appartements sera réservée à des propriétaires à partir de juillet. A ce moment, un seul immeuble est construit, un deuxième va suivre, d’ici quelques mois. La configuration de cette résidence est la suivante : cinq étages, 68 appartements, des studios spacieux aux logements à quatre pièces. On procède à la présentation d’un appartement témoin.

Vue aérienne Google Maps
Vue aérienne Google Maps

Après l’entrée, à gauche du hall, se trouve une salle de séjour de grand standing, avec aux fenêtres des rideaux de tergal et des tentures. Il y a de la moquette dans les deux chambres. Le mobilier est en teck. Un petit salon intime est réservé aux soirées télévisées,  la résidence dispose de chaînes collectives. Le couloir ou dégagement, présente un placard à grand volume de rangement. Viennent ensuite les commodités et la salle de bains avec une grande baignoire encastrée, et des lavabos. La porte de cette salle de bains est munie d’un verrou libre/occupé.

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La cuisine dispose des dernières innovations : un buffet comportant une table escamotable, un réfrigérateur Kelvinator près de la fenêtre, la gazinière près d’un évier en inox surmonté d’un robinet mélangeur à bec orientable. Sous l’évier, une armoire, et à côté une armoire sèche-linge électrique pouvant contenir cinq kilos de lessive. Sans oublier le vide-ordure automatique.

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L’installation électrique n’utilise que des canalisations sous tubes d’acier émaillés encastrés. Pour le chauffage, l’installation comporte trois chaudières à mazout, il fera 20° à l’intérieur quand il fera -9° à l’extérieur. Le chauffage fournit également l’eau chaude avec une réserve de 4000 litres pour les deux immeubles. La menuiserie est en bois d’Oukoumé. Les appartements sont livrés peints et tapissés, les garages sont équipés de portes flip, sonnerie et boite aux lettres sont également prévus.

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La situation de cette résidence est privilégiée, à la sortie de l’immeuble se trouve un arrêt d’autobus ELRT d’une ligne menant au centre-ville. La rue de Lannoy, l’une des plus commerçantes de Roubaix, est là toute proche. Un peu plus loin, à moins de 200 mètres, se trouve un supermarché, sans doute Auchan de l’avenue Motte. Le lycée de garçons est tout proche ainsi que le parc des sports.

La résidence vue de l'avenue Google Maps
La résidence vue de l’avenue Google Maps

Lors de l’inauguration, le maire de Roubaix félicita le promoteur et souligna les efforts de l’initiative privée qui viennent renforcer ceux de l’administration municipale en matière de construction.

Le promoteur Pub Nord Matin
Le promoteur Pub Nord Matin

 

Eglise Sainte Elisabeth

Dite église du Tilleul, l’église Sainte Elisabeth faillit s’appeler Saint Sépulcre, en commémoration de la Chapelle du même nom qui existait autrefois Place de la Liberté. Mais les édiles et les paroissiens préférèrent honorer Sainte Elisabeth en souvenir d’un autre lieu mémorable de Roubaix, l’hôpital Sainte Elisabeth, qui fut fondé par Isabeau de Roubaix. Cette église fut également dédiée à Sainte Elisabeth de Hongrie, canonisée en 1235.

L'église Sainte Élisabeth à la belle époque
L’église Sainte Élisabeth à la belle époque CP Méd Rx

C’est le 15 mars 1858 que Madame Veuve Delaoutre, née Decrême et ses enfants font la donation d’un terrain de 70 ares 93 centiares situé à l’angle du chemin vert reliant la rue du Moulin à la route de Lannoy et du récent Pavé de Lannoy. Le projet est d’y faire construire une église, un presbytère et des écoles. La construction de l’édifice religieux est décidée par délibération municipale du 16 mai et 28 septembre 1859, M. Tiers Bonte étant Maire. L’adjudication des travaux date du 19 mars 1860. Elle est l’œuvre de l’architecte de la ville Théodore Lepers qui la conçoit en style romano-byzantin. La pose de la première pierre eut lieu le 3 juin 1860 par une pluie battante. Les travaux vont durer trois ans. En 1863, elle est ouverte au culte, après avoir été érigée en paroisse pour desservir les quartiers du Pile, des Trois Ponts, du Tilleul et de la Potennerie. Son premier curé desservant sera l’abbé François Labaye qui obtiendra du Conseil Municipal les premiers crédits pour faire construire la chaire et les stalles. En 1867, après trois ans d’attente, une horloge est placée sur la tour de l’église qui a pour particularité d’avoir des cadrans lumineux. Mais la crainte de l’incendie de la flèche et le mauvais fonctionnement de l’appareil amèneront la suppression de l’éclairage.

Le tableau de Jean Joseph Weerts
Le tableau de Jean Joseph Weerts Photo PhW

L’église Sainte Élisabeth accueillera d’excellentes copies de tableaux de grands maîtres, à la demande du Comte Mimerel en 1867, et du Député Maire Constantin Descat en 1874. Mais on peut également y trouver les œuvres d’artistes roubaisiens, comme une des premières œuvres remarquées de JJ Weerts, Saint François d’Assise étant prêt de rendre l’esprit se fait transporter à Sainte Marguerite des Anges, ou encore le Concert des Anges sur la route d’Egypte d’Henri Meurisse, sans oublier le tableau représentant Jésus au milieu des Docteurs réalisé par Constantin Mils.

Les orgues de Ste Elisabeth
Les orgues de Sainte Élisabeth Photo PhW

L’abbé Tilmant installé curé le 6 juillet 1884 va se charger du grand orgue de Saint Élisabeth. Il lance un appel à ses paroissiens pour remplacer l’orgue initial insuffisant pour une si grande église et de plus en mauvais état. La commande est passée à la maison Schyven et Compagnie de Bruxelles. Le grand orgue sera construit et posé en 1885, il aura coûté plus de 30.000 francs de l’époque. Le jeudi 26 novembre 1885, la cérémonie d’inauguration sera conduite par le Chanoine Berteaux doyen de Saint Martin, avant la messe du Saint Sacrement. Le même jour, Alphonse Mailly, premier organiste de sa Majesté le Roi des Belges donnera la première audition de l’instrument. Quelques temps après, ce sera le tour de M. Koszul organiste de Notre Dame de Roubaix, et de M. Meyer organiste de Saint Martin. Le titulaire du grand orgue de Sainte Élisabeth pour 25 ans sera un bruxellois M. Seutin, auquel succédera M. Edouard Peers.

Le Maître Autel en marbre blanc
Le Maître Autel en marbre blanc Photo PhW

L’abbé Tilmant s’occupera également de doter l’église d’un autel digne d’elle. Ce sera chose faite en 1897 : l’ancien autel en bois de chêne est remplacé par un Maître Autel monumental de style roman en marbre blanc, dont le dessin est l’œuvre de l’architecte Patteyn d’Hazebrouck. Le 21 novembre 1897, le Chanoine Berteaux procédera à la bénédiction et l’inauguration de cette œuvre incomparable. En 1892, Madame Alfred Motte offre un banc de communion en marbre blanc devant l’autel, suite à un incident lors des obsèques de son mari, quelques années plus tôt. Il y eut tant de monde à cette cérémonie que le banc de communion qui était en bois se brisa. Le banc actuel porte l’inscription en lettres d’or l’inscription suivante : à la mémoire de Monsieur Alfred Motte-Grimonprez. L’abbé Tilmant remédiera enfin au manque de lumière de cette église en faisant agrandir trois des neuf fenêtres du chœur, et par la pose de vitraux plus clairs que les initiaux de 1895 à 1901. Les péripéties entraînées par la loi de séparation des églises et de l’Etat et la première guerre mondiale retarderont la consécration solennelle de l’église, qui interviendra le 29 juin 1933 et dont la cérémonie sera conduite par Monseigneur Jansoone.

Vues contemporaines
Vues contemporaines Photos Méd Rx

L’église Sainte Élisabeth est née sans flèche à son clocher. Le conseil municipal votera un crédit en 1877 pour la pose de la croix du clocher et du coq, lequel fut remplacé en 1898 par un nouveau coq en cuivre faisant fonction de girouette. Il s’envolera au cours d’une tempête en 1929.  Plus récemment, en 1972, la démolition de la flèche de l’église sera décidée, en raison de l’envol régulier de ses ardoises, du danger que cela représentait pour les passants et des menaces de son effondrement par grand vent.

Sources :

Notice sur l’église Sainte Élisabeth in Bulletin SER n°40

Abbé Schapman, Vie abrégée de Sainte Élisabeth de Hongrie, suivie d’une notice sur l’église Sainte Élisabeth à Roubaix Editions SILIC 1934

Fêtes quinquennales 1967

Les fêtes quinquennales de l’année 1967 se déroulent dans le quartier du Fresnoy-Mackellerie. Elles sont organisées par le comité officiel des fêtes du quartier, qui a six ans d’existence. Le président d’honneur est Monsieur René Vanhove, directeur de la société des transports de la rue de Rome,  le président actif est Monsieur Charles Farvacques, cafetier et marchand de vélos rue Cuvier, assisté de Monsieur Albert Stuer, débitant de tabacs, le secrétaire M. Henri Isebaert, de chez Guilbert, assisté de M. Roger Bouy, entrepreneur en électricité,  le trésorier Monsieur Jean Hébert, coiffeur, assisté de M. Jean Claude De Brigode, boucher chevalin.

Le comité des fêtes Photo NE
Le comité des fêtes Photo NE

Le vendredi 2 juin, avant les fêtes et comme une belle introduction, se déroule le 5eme circuit cycliste du Fresnoy-Mackellerie, patronné par Nord Eclair. La course emprunte l’itinéraire suivant : boulevard d’Armentières, rues de Lorraine, Ouest, Fresnoy, Rome, Naples, Ouest, Luxembourg, Danemark, Mackellerie, Mouvaux, Rome, Solferino, Cuvier, boulevard d’Armentières à parcourir vingt-quatre fois. Le départ est donné entre les cafés « au cristal » et « au pélican d’or » à l’angle des rues Cuvier et du Fresnoy. Il y avait soixante-quatorze partants et seulement quatorze à l’arrivée de ce long parcours que la chaleur a rendu pénible. Jacques Bommart de l’ASPTT de Lille remporte la course détaché.

Le cinquième circuit Photo NE
Le cinquième circuit Photo NE

Le programme des fêtes quinquennales se répartit sur deux journées, le samedi 2 et le dimanche 3 juin. L’ouverture des festivités est annoncée par une grande caravane publicitaire à 10 heures 30. L’après-midi, le public peut assister à un concours sur vélo excentrique rue Boucher de Perthes et rue de Naples. En début de soirée, à 18 heures 30, a lieu une promenade flamande avec la participation de la fanfare scolaire de la Fédération des Amicales Laïques. A 20 heures 30, sur le terrain des sports de la rue de Rome, sous un chapiteau, un grand bal est donné animé par l’orchestre Ray Lombrette et sa grande formation. A 22 heures, on procède à l’élection de la reine et de ses demoiselles d’honneur ; les photos des candidates ont été publiées dans le journal, elles sont au nombre de seize, toutes aussi charmantes les unes que les autres. Des cadeaux sont offerts par la Confiserie Saint Jacques, La Redoute et Nord Eclair.

La Reine et ses dauphines Photo NE
La Reine et ses dauphines Photo NE

Le lendemain matin, réveil en fanfare par la FAL à 8 heures 30. Dès 9 heures 30, on peut assister à une démonstration de judo par le Club Saint Martin. Une heure plus tard, la musique reprend ses droits avec un concert donné par la Grande Fanfare de Roubaix. A midi, le comité des fêtes reçoit le maire de Roubaix Victor Provo au terrain des sports de la rue de Rome. Il est accompagné de Pierre Prouvost adjoint, et de François Winants président du comité directeur des fêtes, entre autres. A 15 heures, c’est le grand défilé musical et carnavalesque avec la participation des sociétés suivantes : clique scolaire et fanfare de la FAL, les lurons du Fresnoy, le char « le broc géant de l’apéritif », le groupe « les marins acrobates », le bataillon des majorettes de Méricourt, la fanfare des trompettes et cors avionnais, le groupe « les vrais O’gustes » de Gand, le char « les anciens », le groupe « Drumband D.O.K.A » de Gand, le bataillon des majorettes du stade-parc, la clique et musique « l’étoile du Marin », la société de gymnastique « l’Ancienne », le char aumônière, le char de la reine et de ses demoiselles d’honneur.

Les marins acrobates Photo NE
Les marins acrobates Photo NE

Ce défilé parcourt toutes les rues du quartier, et la présentation de chaque groupe est faite rue de Naples vers 17 heures 30 avant dislocation. A 20 heures, un grand bal termine les fêtes sous le chapiteau de la rue de Rome.

On imagine le travail que représentait l’organisation d’une telle fête, et l’animation extraordinaire qu’elle représentait pour les commerçants et les habitants du quartier. Ces fêtes quinquennales ont repris une longue tradition de festivités de quartier qui faisaient de Roubaix une ville de musique, de carnaval et de convivialité. Si quelqu’un avait encore en sa possession la plaquette de présentation des fêtes de 1967, nous serions heureux de pouvoir la consulter.

Une maison tirée au sort

Après la première guerre, de grandes opérations de souscription sont lancées au profit des mutilés. C’est ainsi que le  14 octobre 1923, une maison du boulevard de Fourmies est proposée comme don en présence de Me Gaillard, huissier et de cinq orphelines de guerre. Tout cela se déroule place du Travail. La maison est le premier « lot », mais il y en a d’autres : une cuisinière émaillée, une bicyclette, une garniture de cheminée, une coupe de fruits, un lit, une bicyclette pour enfants et d’autres choses encore. La distribution de ces objets est effectuée chez M. Roger, 42 rue Daguesseau.

Villa La Délivrance en 1923 Photo Journal de Roubaix
Villa La Délivrance en 1923 Photo Journal de Roubaix

C’est à l’occasion des fêtes de la Délivrance, qui se sont déroulées dans les quartiers du Moulin, du Raverdi, de la Potennerie et du Nouveau Roubaix. Le tirage a eu lieu un dimanche à 10 heures, sur un podium de la Place du Travail, pavoisée de drapeaux français et belges. La maison a été nommée «maison de la Délivrance ». M. Friant président du comité des fêtes officie, entouré des membres du comité des mutilés et Me Gaillard. Deux mille personnes entourent le podium sur lequel se trouvent cinq orphelines de guerre : Melles Marcelle Jouvenaux, Raymonde Meunier, Marie Mouray, Marie Pardoen, Léonie Blondel, en costumes d’alsacienne ou de lorraine. Chacune est placée devant une roue.

Les orphelines Photo Journal de Roubaix
Les orphelines Photo Journal de Roubaix

Une symphonie sous la direction de M. Debeyne se fait alors entendre. Puis on procède au tirage, le n°5580 sort. Mais personne ne bouge, ni ne répond. On poursuit, la cuisinière est au n°38.985, à Melle Vandenbulck qui demeure rue Carpeaux. Près de 200 numéros sont ainsi tirés pour 90.000 billets au moins. Me Gaillard dresse le procès-verbal de circonstance. Mais qui est le gagnant de la Maison de la Délivrance ?

On fait des recherches et on trouve que l’heureux gagnant de la maison se nomme Théophile Declercq et qu’il habite rue de Naples cour Delacroix à Roubaix. Une auto est mise à la disposition des membres du comité qui se rendent chez le susnommé. Emotion, on ne veut pas croire au bonheur. M. Théophile Declercq est âgé de 67 ans et il travaille comme ouvrier tisserand chez Glorieux et Therpon rue du Favreuil, sa femme et lui originaires de Gand. Ils montrent une photographie de leur fils mort il y a deux ans des suites de ses blessures de guerre. Puis, on les emmène en auto à la Place du Travail où ils sont accueillis par la Marseillaise et la Brabançonne. Un Vin d’honneur est offert dans un café tout proche, les gagnants reçoivent les félicitations de M. Friant qui remercie également l’huissier et le Journal de Roubaix.

Villa La Délivrance aujourd'hui Vue Google maps
Villa La Délivrance aujourd’hui Vue Google maps

Il y eut de nombreux gagnants, et pour ceux qui n’ont gagné ni la maison, ni autre chose, l’horlogerie bijouterie Duhamel Lardé propose de rembourser un billet pour un achat de 20 francs en sa boutique. Le travail de mémoire n’est pas terminé, il faudrait pouvoir retrouver le nom de l’architecte qui a conçu la maison et celui de l’entrepreneur qui l’a bâtie.

Les Ponts Nyckees

Lorsque le 1er janvier 1877, on inaugure le nouveau canal contournant Roubaix par le Nord, on prévoit que les péniches pourront relier la Deûle et l’Escaut directement. Le premier pont du Galon d’eau (selon sa dénomination officielle du plan cadastral de 1884), ou pont Nyckees (d’après le nom du cabaretier-agent de douanes du quai de Wattrelos), situé au confluent de l’ancien et du nouveau canal, sera donc un pont mobile. Ce pont, nommé sur le plan cadastral, n’y est pourtant pas dessiné, pas plus que sur les autres plans de l’époque. On ne le voit figurer que sur un plan daté de 1906. A-t-il été prévu à l’origine, mais construit plus tard, puisque n’offrant pas la même importance que le pont de Wattrelos son voisin, implanté sur la grand rue et reliant les centres des deux villes ?

Journal du Roubaix du 04-01-1877 – document archives municipales
Journal du Roubaix du 04-01-1877 – document archives municipales

Néanmoins, ce pont assure un bon service,près de l’écluse du Galon d’eau, et reliant l’extrémité du boulevard Gambetta et le quai de Wattrelos, jusqu’en 1918. A cette date, il est démoli par les allemands en fuite. Il est remis en service après la guerre, en mars 1920, et le journal de Roubaix précise à cette occasion que son tablier est pavé.

Le pont sans doute photographié lors de sa reconstruction – document médiathèque de Roubaix
Le pont  photographié lors de sa reconstruction – document médiathèque de Roubaix

Le nouveau pont est fixe ; il ne permet pas aux bateaux de le franchir. Les péniches venant de Belgique ne pourront plus desservir que le quai du Sartel, et le reste du canal ne sera plus relié qu’à la Deûle.

Il faut avouer qu’il est peu pratique à l’usage : pour aller du boulevard Gambetta vers Wattrelos, il faut, après avoir traversé le pont, tourner à gauche et suivre le quai jusqu’au pont de Wattrelos, puis tourner à droite pour emprunter la grand-rue.

Photo La Voix du Nord – archives municipales
Photo La Voix du Nord – archives municipales

Ce parcours sinueux est dû au fait que le quai de Wattrelos est bordé de maisons, et que l’espace compris entre le pont et le confluent de la grand-rue et de la rue d’Avelghem est bâti, lui aussi. De même, une rangée de maisons bloque l’accès du côté de la rue d’Avelghem. Tout ceci empêche toute communication directe, et oblige à ce détour malcommode.

En 1952, on projette de remplacer ce pont par un autre, situé au même emplacement. Un peu plus tard, on modifie ce projet : le pont sera orienté non plus perpendiculairement au canal, mais dirigé vers le boulevard Gambetta. Sa chaussée doit faire 14m50 , et il doit offrir un tirant d’air de 4m10, permettant le passage des péniches. Ce pont doit être prolongé par une voie nouvelle qui le relierait directement à la rue d’Avelghem. Les plans suivants représentent les deux projets successifs.

Documents archives municipales
Documents archives municipales

L’année suivante on remplace ce dernier projet par un autre, beaucoup plus ambitieux : en février 1959, le conseil municipal décide de construire un pont de 30m de large placé dans le prolongement direct du boulevard Gambetta. Ce nouveau pont serait prolongé par des rampes d’accès empiétant d’un côté sur l’ancien jardin public terminant le boulevard Gambetta, et de l’autre sur les terrains situés au delà du quai de Wattrelos jusqu’à la rue d’Avelghem.

Le long de la rue d’Avelghem se trouve une rangée de maisons, déjà présente sur le plan cadastral de 1884, qui va devoir être démolie.

Photo Nord Matin 1958
Photo Nord Matin 1958

Les terrains à exproprier consistent principalement en une propriété de 1500 m2 appartenant à Mme Veuve Wallerand-Leconte et comprenant un café en bord de quai (celui d’Eugène Nyckees), et 28 maisons en cour, ce quon appelle la cité Wallerand, située sur le terrain d’une ancienne brasserie. On y trouve aussi une autre propriété de 1700 m2, comprenant un ancien négoce de bois, appartenant aux consorts Delesalle, ainsi que divers autres terrains. La photo suivante montre la zone en 1962, au début des travaux :

Photo IGN
Photo IGN

A suivre…

 

 

 

 

Un CES dans le centre

Dans les années 70, il est impératif de diminuer le nombre d’élèves à l’institut Turgot, très surchargé, et implanté sur un terrain trop petit pour lui. Les élèves de la sixième jusqu’à la troisième sont hébergés en majorité au petit Lycée, ouvrant sur la grand rue et le boulevard Gambetta, mais ce n’est qu’une solution provisoire et on songe à construire un CES neuf dans le centre. Un emplacement est sélectionné à peu de distance de la grand place, à l’angle des rues Pellart et du Pays, dans une zone qui doit être bouleversée par le passage prochain de la pénétrante. Cette partie de Roubaix, cœur de la ville, est très densément et très anciennement construite. On y trouve nombre d’entreprises, cohabitant avec des maisons particulières. On délimite la zone sur lequel sera implanté le CES, à coups d’expropriations.

La zone à exproprier – document IGN 1962
La zone à exproprier – document IGN 1962

L’îlot formant le coin des deux rues est laissé de côté dans le projet, mais il succombera dès 1977 lors de la construction de la salle des sports. Les bâtiments à démolir sont, pour la rue du Pays les numéros 14 à 24, et, pour la rue Pellart, les numéros 17 à 31.

On trouve notamment, en 1960, rue du Pays au 14 un négociant en laines, au 16 la Banque Régionale du Nord, au 18 une maison particulière, au 20 l’entreprise Ryo-Catteau, qui se prolonge jusqu’à la rue Pellart, aux 22 et 22bis, les Tissages du centre, Léon Monnier, et au 24 les établissements Derville Frères, négociants en tissus. Les locaux de la banque régionale du Nord seront finalement rachetés par la ville pour être aménagés en maison de jeunes.

Les bâtiments à démolir rue du Pays - Photo Nord Matin
Les bâtiments à démolir rue du Pays – Photo Nord Matin

On voit au premier plan le numéro 14, qui abrita la manufacture Dumortier-Guiot, puis le tissage Béaghe et compagnie. On aperçoit ensuite la façade monumentale de la banque du Nord, installée aux numéros 16 et 18 avant la première guerre. L’impressionnante grand porte qui suit est celle de l’entreprise Ryo-Catteau, qui fabrique des machines textiles depuis 1836. La façade qui suit, aux nombreuses fenêtres, est celle du tissage Léon Monnier située aux numéros 22 et 22bis, qui portait le nom de tissage Paul Prouvost à la fin du 19ème siècle. Le bâtiment suivant, au numéro 24, était en 1910 celui de Mme Boët, repris ensuite par MM. P. et Ch. Toulemonde, qui avait également son siège social au 9 de la même rue et des bureaux au 30.

Documents collection particulière
Documents collection particulière

La rue Pellart était également densément bâtie. On y trouvait en 1960 au17 Les laines à tricoter Bohnlaines, au 19 Caliqua, chauffage industriel, rien au 21, l’entreprise Ryo-Catteau aux 23 et25. Le numéro 27 abritait le Tiers-Ordre Franciscain, et le 31 la bonneterie M. et R. Masurel et Cie.

Les bâtiments de la rue Pellart qui vont disparaître – photo Nord Matin 1972.
Les bâtiments de la rue Pellart qui vont disparaître – photo Nord Matin 1972.

Dans ces bâtiments ont également prospéré au 17 le tissage Mulliez-Frères, au 19 le fabricant Petrosino Spriet et Cie, au 31 la société J et M Bossut.

Documents collection particulière
Documents collection particulière

1972 voit se concrétiser le projet de démolition pour faire place au le CES Pellart., Les gravats, nous précise Nord Matin, seront évacués par la grande porte des établissements Ryo-Catteau, les camions étant autorisés, pour l’occasion, à emprunter la rue Pellart à contre-sens. On prévoit que les travaux de démolition dureront jusqu’à la fin de l’année. Les choses se précisent : en novembre 1973, on assiste à la naissance de l’association des parents d’élèves, qui se réunit au 150 grande rue, dans les locaux du petit Lycée. La construction du collège ne va pas tarder ; nous la relaterons dans un prochain article…