L’embranchement des mines d’Anzin

L’approvisionnement en charbon de la cité nécessite de multiples dépôts de combustible. Ceux-ci sont naturellement situés soit près du canal, soit près des voies ferrées pour faciliter les opérations de déchargement. Les compagnies minières cherchant à assurer un débouché pour leur production installent leurs annexes dans les villes importantes. C’est pour cette raison que s’établit le dépôt des mines d’Anzin dans la première moitié des années 1880 près de la gare de Roubaix. Le bâtiment correspondant apparaît sur le plan cadastral de 1884, alors que le dépôt figure au Ravet-Anceau rue de l’Alma après 1886.

Plan cadastral 1884 – document archives municipales
Plan cadastral 1884 – document archives municipales

L’embranchement se situe au coin de la rue de l’Alma et de la rue du Grand-chemin le long des voies de la compagnie des chemins de fer du Nord. Il rassemble un certain nombre de silos destinés à recevoir le charbon par gravité en profitant de la déclivité due au remblai du chemin de fer. Les installations comprennent également un bâtiment administratif et un escalier, situé près du pont, permettant d’établir la communication entre le niveau des voies et celui de la rue.

Document médiathèque de Roubaix A droite l'embranchement
Document médiathèque de Roubaix A droite l’embranchement

Le pont d’origine est étroit. Il n’offre la place que pour les deux voies principales. L’embranchement est donc en impasse, desservi depuis une aiguille venant du bâtiment des douanes par deux rebroussements successifs. Ce schéma est identique pour l’embranchement Macquart, placé de l’autre côté du pont.

Plan 1906 – document archives municipales
Plan 1906 – document archives municipales

En 1918, les allemands détruisent le pont, ainsi que que de nombreuses autres installations ferroviaires. Il est à reconstruire d’urgence et complètement.

Photo 1918 - collection Lucien Delvarre
Photo 1918 – collection Lucien Delvarre

Le nouveau pont est plus large ; il permet d’installer 4 voies dont une va desservir les deux embranchements de part et d’autre du pont. Le branchement côté gare est le même qu’à l’origine (double rebroussement), mais il se prolonge cette fois au delà du pont. On voit les modifications apportées au tracé des voies sur une photo aérienne de 1962.

Photo IGN 1962 – document archives municipales
Photo IGN 1962 – document archives municipales

 En 1920, les bureaux sont toujours situés au coin de la rue du grand chemin, alors que le représentant de la compagnie est M. J.Dernoncourt. Pourtant, peut-être pour gagner de l’espace pour le stockage du charbon, les bureaux déménagent et s’installent plus loin dans la rue de l’Alma, sur le même trottoir après la cour de la gare et l’estaminet Lecomte. C’est chose faite en 1925 , le nouveau représentant est P.Gourdin, remplacé pour 1930 au 1bis, par A.Courtinat.

Les bureaux disparaissent, et on n’en trouve plus trace dans le Ravet-Anceau de 1939. Pourtant, le dépôt reste en place : on le retrouve sur les photos aériennes jusqu’en 1964. A quelle époque a-t-il finalement disparu ?

 

Le dépôt du laboureur

Lors de la construction des premières lignes de tramway à Roubaix et Tourcoing, il fallut nécessairement prévoir l’implantation d’une remise pour le matériel roulant, et celle d’une écurie pour abriter et soigner les chevaux servant à la traction. Le cahier des charges, établi par la ville en 1878 lors de la rétrocession du réseau à la compagnie des Tramways de Roubaix-Tourcoing, prévoit que les chevaux doivent être logés dans la limite de l’octroi, sans doute pour engranger les taxes relatives à la nourriture des chevaux.

C’est à la limite de Wattrelos, le long de la ligne 2 (encore tracée dans notre actuelle rue d’Avelghem) que la compagnie trouve des terrains libres pour y établir son dépôt. Les plans prévoient depuis la rue un accès au dépôt non loin du pont du laboureur. Mais la prolongation en ligne droite de la grand rue intervient entre temps, et on décide de faire suivre la nouvelle voie aux trams. L’accès au dépôt est modifié en conséquence : On parviendra directement au installations depuis les deux directions grâce à un branchement en triangle. On voit sur le plan, en haut le tracé final, et en bas, tracé en gris, l’accès antérieurement projeté depuis la rue d’Avelghem, et, en bleu, le nouveau tracé par la grand rue.

Les plans définitifs. Document archives municipales.
Les plans définitifs. Document archives municipales.

Le dépôt est d’abord seul à abriter chevaux et matériel roulant pour l’ensemble des lignes de la compagnie ; il suffit à assurer le fonctionnement d’un réseau qui ne comprend que peu de lignes. Une carte postale nous le montre, abritant d’ancien tramways à chevaux convertis en remorques pour l’été.

Document Médiathèque de Roubaix

En 1894 a lieu l’électrification du réseau et l’abandon de la traction hippomobile. Il faut désormais une usine électrique pour fournir le courant de traction pour les motrices. Par ailleurs, les bâtiments réservés à l’écurie se libèrent. Les équipements de production d’énergie y seront donc installés.

Document ELRT in « Au fil des Trams »

Cette organisation perdure quelques années. Une photo parue dans le Journal de Roubaix en 1906, à l’occasion de l’essai de nouveaux équipements de frein, nous montre la motrice, objet du test, au moment de sa sortie du dépôt :

Document archives municipales.
Document archives municipales.

A ce moment, un autre dépôt est déjà installé à Tourcoing, d’abord rue Cadeau, qui sera transféré après la première guerre rue de l’Union.  On construit également un autre dépôt rue de Mascara, et un autre encore à Leers en 1908. Le Laboureur n’a plus l’exclusivité du garage des motrices ; il perdra d’ailleurs complètement ce rôle de remisage après la reprise du réseau par l’ELRT en 1924. Les motrices seront remisées ailleurs, et les locaux ainsi libérés serviront désormais d’atelier centralisant les opérations de réparations et de maintenance pour le réseau de Roubaix-Tourcoing. On voit sur la photo au premier plan le pont roulant desservant les voies de maintenance.

L'atelier document ELRT in « Au fil des Trams »
L’atelier document ELRT in « Au fil des Trams »

Le site du Laboureur perdra sa raison d’être avec la disparition des tramways au début des années 50. Les installations seront démolies dans la première moitié des années 70. Les photos aériennes nous les montre intactes en 1971, et elles ont disparu sur celles de 1975. Sur leur emplacement s’érigeront l’extrémité des ateliers du Lycée Jean Rostand, ainsi que, plus tard, le long de la grand rue, une salle de sports…

 

Face au parc de Barbieux

Dans les années 1890, alors que le boulevard de Paris connaît relativement peu de constructions, l’industriel Georges Charles Masurel-Leclercq fait construire un hôtel particulier sur un terrain allant de la rue Vauban au boulevard de Cambrai. L’hôtel a sans doute connu les bâtiments de la ferme Lepers qui se trouvait jusque vers 1893 de l’autre côté du boulevard. Ceux-ci seront expropriés et démolis peu après.

Le château face à la ferme
Le château face à la ferme

Georges Charles Masurel-Leclercq, né à Tourcoing en 1858, est marié avec Élise Adèle Leclercq. Il a repris l’usine Cordonnier rue de Mouvaux. Il va habiter la propriété avec ses cinq enfants, ce qui va contribuer à remplir ce grand bâtiment.

Celui-ci est bâti à l’angle d’un vaste parc . Un autre bâtiment bas fait partie de l’ensemble ; il fait l’angle de la rue Vauban et du boulevard de Paris et son architecture est identique à celle du Château principal avec ses lucarnes de combles. Il est dévolu aux communs et à la conciergerie. Ce bâtiment existe encore aujourd’hui.

La propriété du temps de sa splendeur – document Médiathèque de Roubaix
La propriété du temps de sa splendeur – document Médiathèque de Roubaix

La famille habite la propriété jusqu’avant la dernière guerre : Le Ravet-Anceau de 1939 n’indique plus d’habitants au 114. C’est une opportunité pour les allemands qui l’occupent et y entreposent des munitions. Il est incendié en Août 44 au départ des occupants et complètement détruit. Seul est épargné le bâtiment de la conciergerie. L’endroit reste en friches plusieurs années, et une photo aérienne de 1950 montre le site à l’abandon :

 

Document IGN
Document IGN

Mais un tel emplacement ne restera pas inexploité très longtemps : on y construit en 1951 un immeuble sur les plans de l’architecte Porte, habitant avenue Jean Lebas. C’est un ensemble de standing, construit en briques, qui forme un quart de cercle face au parc Barbieux.

 

Nord Matin -1951
Nord Matin -1951

Il abrite six appartements de 7 pièces, des garages, et offre aussi la possibilité de ranger vélos et voitures d’enfants. Innovation pour l’époque : l’immeuble comporte une installation de douches réservée au personnel domestique ! Il présente une hauteur de trois étages, le dernier disposant de terrasses en façade. Le bâtiment est clôturé d’un mur bas, coupé dans l’axe d’une grille donnant accès à une entrée relativement discrète. L’accès des voitures se fait côté boulevard de Cambrai.

Photos collection particulière
Photos collection particulière

L’ancien bâtiment de la conciergerie, lui, n’a été ni incendié, ni abattu ; il est toujours présent à côté de l’immeuble, la grille de l’ancien hôtel particulier ayant été remplacée par une large porte d’accès au garage. Il reste le seul témoin de l’existence passée de cet ancien hôtel particulier.

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Les photos proviennent d’une collection particulière, les autres documents des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

 

 

 

 

 

 

 

La rue du Gaz

Le 12 décembre 1866, la compagnie Desclée frères et compagnie, dite « compagnie du gaz », sise depuis 1834 le long de la rue du Cul de four, adresse une lettre à la ville de Roubaix, demandant la permission d’annexer une rue qui traverse les terrains de l’entreprise, la coupant en deux. Cette rue, située dans le prolongement de la rue de L’Alma, fait 7 mètres de large, et met depuis toujours en communication le hameau du Cul de four et le quartier du Fontenoy. La compagnie propose de la remplacer par une voie de 12 mètres, située à peu de distance, qu’elle paverait et viabiliserait à ses frais. Cette nouvelle voie de communication prolongerait la rue Jacquart dénommée alors la rue Paulus.

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Trait perfide au passage, la compagnie conteste la propriété de cette voie à la ville, puisqu’elle n’a jamais fait l’objet d’un classement, et n’a jamais été entretenue par la commune.

Après recherche dans les archives, la commission municipale établit en février 1867 qu’à l’origine cette voie était dénommée carrière Toussaint, dite petite rue du Gaz et, en tant que carrière, on lui avait attribué la largeur réglementaire à l’époque soit trois mètres. Elle souligne, par ailleurs, l’intérêt d’utiliser cette voie pour prolonger la rue de l’Alma qui pourrait alors relier ainsi en droite ligne la rue de Mouvaux au pont des Couteaux sur le canal en cours d’exécution. La commission des rues conclut que, dans l’intérêt général, il faut conserver cette rue à la commune.

L'usine à gaz – Document Médiathèque de Roubaix
L’usine à gaz – Document Médiathèque de Roubaix

Deux mois plus tard, -est-ce une coïncidence-, la compagnie projette d’augmenter le prix du gaz, arguant du renchérissement du charbon. Pour qu’on ne puisse contester sa propriété sur la ruelle, la ville fait paver la voie, mais sur toute sa largeur, empiétant donc sur le terrain de la compagnie, puisque la carrière n’est censée faire que trois mètres de large. La compagnie réplique par voie d’huissier, pour faire enlever les pavés nouvellement posés.

Parallèlement, la compagnie fait une proposition de conciliation : elle offre, en compensation de la perte de la ruelle, de construire une école de 4 à 500 places. Elle rappelle que la ruelle ne pourra jamais être élargie pour prolonger la rue de l’Alma sans une expropriation qui coûterait très cher aux finances publiques. La municipalité se rend à ces arguments et fait finalement machine arrière en accordant la cession du chemin à la compagnie du gaz. La préfecture ordonne une enquête préliminaire d’utilité publique, puis entérine le vote en mai 1868.

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Le terrain pour l’école se situe en face de l’usine, sur l’autre trottoir de la rue Turgot. L’école troquée contre une ruelle est alors construite. On la retrouve aujourd’hui, qui fait face au terrain de l’Edf.

Document Géoportail – IGN
Document Géoportail – IGN

Les autres documents proviennent des archives municipales de Roubaix

 

 

230 rue d’Alger

Les participants de l’atelier mémoire évoquent ensemble une entreprise qui occupa cette adresse pendant près d’un siècle, et qui a laissé de bons souvenirs dans le quartier. Nous racontons son histoire. La société des rubans Gallant s’est installée à Roubaix au n°230 de la rue d’Alger en 1922. Cette entreprise est originaire de Comines, ville réputée pour être la cité des rubans, où elle est née en 1796, fondée à l’époque par les frères Lauwick.

La société Lauwick Gallant Extrait de la Plaquette anniversaire
La société Lauwick Gallant Extrait de la Plaquette anniversaire

Cette fabrique de rubans tissés en lin et en coton changera de nom après qu’Henri Gallant ait développé la société avec des innovations techniques, qui lui vaudront d’être récompensé par la société des sciences, de l’agriculture et des arts.

La société Henri Gallant Extrait de la Plaquette anniversaire
La société Henri Gallant Extrait de la Plaquette anniversaire

Son fils, Albert Gallant, monte la capacité de production à sept cents métiers. Mais la première guerre mondiale réduit à néant l’usine de Comines. Cependant, pendant la guerre, la société Gallant a ouvert des ateliers en Normandie et à Saint Etienne, et elle a travaillé pour la défense nationale.

La société Gallant à Roubaix Collection Particulière
La société Gallant à Roubaix Collection Particulière

Après la guerre, la décision de venir s’installer à Roubaix est prise, et en 1922, l’usine du 230 rue d’Alger est construite. Albert Gallant n’est pas le premier cominois à venir s’installer à Roubaix. Soixante ans plus tôt, Pierre Catteau était venu y faire fortune, et son palais deviendra le Palais de Justice de Roubaix. Albert Gallant sait ce qu’il veut : il a dressé lui-même les plans de l’usine de Roubaix, et c’est une entreprise moderne que son fils, également prénommé Albert dirigera après la disparition prématurée du père.

L'usine au 230 rue d'Alger Extrait Plaquette anniversaire
L’usine au 230 rue d’Alger Extrait Plaquette anniversaire

Cette usine contient tout le process de fabrication : du bobinage au canetage, en passant par l’ourdissage et le rentrage, le tissage, la teinture, jusqu’à l’empaquetage.

Les produits de l’entreprise Gallant sont des rubans, mais on ne s’imagine pas tous les usages qui en sont faits : articles de mercerie, pour vêtements et confection (pantalons, chemiserie, ganterie, chapellerie), pour corsetterie, pour les chaussures (rubans à border, de renfort, tirants, pantoufles, plage, espadrilles), pour l’isolation en électricité, et pour des industries diverses (fermetures à glissières, carrossiers, sièges, articles de voyage).

Les rubans Gallant Extrait Plaquette Anniversaire
Les rubans Gallant Extrait Plaquette Anniversaire

L’entreprise Gallant crée d’autres sociétés : en 1953, la marque Nigal fabrique des pièces de tissu collantes pour réparer les vêtements, une société Couture et service patron, pour la couture et la confection à domicile, et la Société Magam, accessoires métalliques pour le funéraire.

Patrice Gallant prend la direction de l’entreprise de 1973 à 2004. En janvier 2006, la société RUBANS GALLANT décide de retourner à Comines. Cette magnifique entreprise produit désormais pour des clients aussi prestigieux et exigeants que l’automobile ou l’aéronautique (N.A.S.A).

Remerciements à Maria, ancienne de chez Gallant pour son témoignage et les documents (plaquette anniversaire de l’entreprise)

Une station éphémère

Le 57 de l’avenue Brame abritait entre les deux guerres, l’entreprise Vandecrux. Après sa fermeture, s’installe une station service, inaugurée en juin 1972. Celle-ci s’implante en front à rue, là où se trouvaient auparavant quelques bâtiments de peu d’importance, de part et d’autre d’une cour herbeuse, plantée d’un hêtre pourpre vieux de 70 ans.

Document La voix du Nord
Document La voix du Nord

Les quelques bâtiments situés le long de la rue sont rasés, l’ensemble est nivelé, mais on préserve le hêtre et on construit, adossés à l’ancien bâtiment industriel, des bâtiments modernes éclairés par des parois de verre : un abri pour la distribution du carburant, un local réservé à la vente en boutique, une aire de lavage à la brosse rotative, un autre pour le graissage. La station est ouverte par la société des pétroles Pursan, dont le directeur pour la région Nord est M. Dujardin. Les gérants de ce commerce sont M. et Mme Basly.

L'inauguration - Document La voix du Nord
L’inauguration – Document La voix du Nord

L’inauguration se fait en présence des délégués des directions régionale et nationale de Pursan et Total, mais également de personnalités plus locales : personnalités municipales, des mondes de l’automobile et de l’ industrie, ainsi que M. Desruelles, directeur de l’A.C.N.F

Le commerce attire les automobilistes du quartier, grâce à l’accueil du couple. Malheureusement, cette implantation coïncide avec l’ouverture d’Auchan Leers, qui offre des prix sans commune mesure avec ceux de notre station. Celle-ci fonde encore sa publicité sur la qualité de ses produits : super Total au chrome et huile GTS spéciale autoroute, et met en avant ses points de fidélité. Cette option n’est apparemment plus au goût du jour, et l’attrait du bon marché l’emporte. Une photo aérienne de 1981 nous la montre encore en activité, mais le Ravet-Anceau de 1983 n’en fait plus mention : elle a entre-temps disparu .

Document IGN 1981
Document IGN 1981

De nos jours, il ne reste plus trace de la station. L’ensemble des bâtiments, même le bâtiment industriel au deuxième plan, et surtout le hêtre pourpre, ont disparu. On trouve à la place des bâtiments très récents, construits au début des années 2000.

 

Document collection particulière.
Document collection particulière.

Une question se pose : qu’est donc devenu le hêtre pourpre, contemporain du tracé de l’avenue, et quand a t-il disparu ?

 

 

 

Roubaix 2000, démolition

Dès 1995, la ville négocie avec les propriétaires et locataires de la galerie le rachat de leurs surfaces commerciales. Les commerçants seront relocalisés, indemnisés. La ville a également voté le rachat des surfaces occupées par Intermarché. On discute déjà de la suite, en affirmant qu’il ne faudra pas se louper encore une fois !

Roubaix 2000, premier étage, 1995 Photo NE
Roubaix 2000, premier étage, 1995 Photo NE

Premier effacement : le parking de Roubaix 2000 change de nom en mai 1995, et devient le parking de l’Eurotéléport. Puis, en décembre 1995, c’est la braderie de l’art qui vient s’installer dans la galerie de Roubaix 2000. Mars 1996, l’étage est désert et commence à intéresser les vandales.

Le nouveau parking Photo NE
Le nouveau parking Photo NE

Octobre 1997, le sort de Roubaix 2000 est réglé. On va démolir ce qui fut la grande espérance des années soixante dix, le centre commercial des années modernes. Alors qu’on commence à démolir, un panneau publicitaire annonce : Roubaix 2000, 55 magasins à votre service. Ce sont les dernières traces. La première étape du chantier de démolition a été la pose d’une ceinture de grillage de 250 mètres de long sur 46 de large , pour ôter l’amiante notamment présente dans les faux plafonds du resto U. L’entreprise France Déflocage s’est chargé de ce nettoyage délicat. Puis l’entreprise ATD (entreprise spécialisée dans la démolition Normandie Petit Quevilly), à pied d’œuvre depuis septembre 1997, s’est chargée de la démolition de l’intérieur du bâtiment, cloisons, habillements, bois, façades intérieures, 11.500 m² de surface à nettoyer sur deux niveaux. D’octobre à fin janvier la structure est une dernière fois exposée aux courants d’air.

Démolition et accès au parking Photo Lucien Delvarre
Démolition et accès au parking Photo Lucien Delvarre

Le chantier de démolition a commencé du côté de la rue de Lannoy, sur le terre plein, car on veut éviter toute chute lourde (il y a les parkings en dessous) et on trie la ferraille. Puis les pelleteuses ont grignoté mètre par mètre les structures du centre commercial du côté du boulevard de Belfort.

Le chantier vue du boulevard de Belfort Photo Lucien Delvarre
Le chantier vue du boulevard de Belfort Photo Lucien Delvarre
Progression du chantier Photo Lucien Delvarre
Progression du chantier Photo Lucien Delvarre
La réapparition de la rue de Lannoy Photo Lucien Delvarre
La réapparition de la rue de Lannoy Photo Lucien Delvarre

Étrange retour de l’histoire, la réapparition de la rue de Lannoy est envisagée. Va-t-elle renouer avec la tradition des rues commerçantes de Roubaix ?

Remerciements spéciaux à Lucien Delvarre, photographe et passeur de mémoire

Sources NE

 

 

 

Activités du centre médico-social

Le centre médico-social du boulevard de Fourmies Photo NE
Le centre médico-social du boulevard de Fourmies Photo NE

La population du Nouveau Roubaix augmente après la construction des HLM de la rue  Fragonard. On commence à décentraliser les services. La décision de construction d’un centre médico social est actée en conseil municipal le 15 juillet 1956. Il y aura six centres sanitaires et sociaux à Roubaix : rue de Cassel, rue Decrême, rue Franklin, boulevard de Metz, rue Watt, et boulevard de Fourmies[1].

Le centre sanitaire et social du boulevard de Fourmies fut inauguré le 22 décembre 1962. A l’époque, il abritait le contrôle médical scolaire, la protection maternelle et infantile, un dispensaire de soins gratuits, des séances de consultations de nourrissons. Mme Tacquet-Delcourt fut la première directrice de l’établissement. Il faut ajouter qu’à côté du centre médico-social, il y avait une crèche modèle de 210 lits,  et un foyer pour le troisième âge dont l’appellation de l’époque était foyer de vieillards. La crèche et le foyer existent toujours.

La crèche photo NE
La crèche photo NE
Le foyer du vieillard Photo NE
Le foyer du vieillard Photo NE

Avec les années, ce centre médico-social accueillera les activités suivantes : permanence maternelle et infantile, service des vaccinations, visites prénatales, médecine sportive. Il y avait également une permanence de la CRAM (caisse régionale d’assurance maladie). La ville organisait des séances de vaccination obligatoire (diphtérie, tétanos, polio et BCG et tuberculose dans les écoles). Une fois par mois, il y avait  une séance de vaccination dans chaque centre. Le centre du boulevard de Fourmies travaillait entre autres médecins, avec le docteur Mercier qui était installé avenue Motte. On procédait à quatre injections, la seconde trois mois après la première, puis la troisième, trois mois après, avec un rappel  tous les 5 ans, pour un délai maximum de dix ans. Peu de gens sont à jour ! Le service des vaccinations roubaisien s’est arrêté en 1990, et les vaccinations sont à présent gérées par le Conseil Général.

La consultation des nourrissons en 1963 Photo NE
La consultation des nourrissons en 1963 Photo NE

En 1986, il y avait sept infirmières municipales, deux sur place et cinq qui allaient à domicile, c’était gratuit, du lundi ou samedi, avec un service de garde le dimanche. Ça s’est arrêté en 1990, et il a fallu reclasser ces personnes. Par ailleurs, il y avait deux permanences de la CPAM, et les agents payaient les prestations en liquide.  Ça s’est arrêté fin février 2000, faute de visiteurs. Le centre médico-social s’occupait aussi de  la médecine sportive : visites médicales gratuites, pour les différents clubs sportifs de football, basket, volley. Les docteurs Ghysel, Seguin, Prévost en étaient chargés. Enfin, une activité importante se trouvait à l’étage : le service de médecine scolaire.

Merci à Alain Géllé, et Gérard Vanspeybroeck pour leurs témoignages

Sources : Nord Eclair

 


[1] D’après le Ravet Anceau de 1973

Que reste-t-il de la rue des Longues haies ?

Il n’est pas rare qu’un visiteur demande à voir la fameuse rue des Longues Haies, qu’évoque Maxence Van Der Meersch dans son livre « Quand les sirènes se taisent ». Cette voie toute droite de plus d’un kilomètre de long évoque toujours dans la mémoire des anciens le passé d’un quartier populaire : de grandes usines, un labyrinthe de courées, la solidarité et les luttes ouvrières, des estaminets et des commerces, le Mont de Piété, les Bains Municipaux, le Gazomètre…Que reste-t-il de tout cela, que peut-on montrer au visiteur curieux de légendes ?

La rue des longues haies autrefois CP Méd Rx
La rue des longues haies autrefois CP Méd Rx

On serait tenté de répondre : rien. La première disparition de la rue des longues haies intervient le 3 juillet 1938, quand la rue change de nom, à l’initiative du Conseil Municipal de Roubaix. Il s’agit de rendre hommage à Edouard Anseele, ce grand militant socialiste belge, décédé la même année, venu soutenir la classe ouvrière roubaisienne lors des grandes grèves de 1880. Mais bien qu’on ait  donné le nom d’Edouard Anseele à la rue, le nom du quartier des Longues Haies a longtemps  survécu. Cette rue était l’épine dorsale d’un quartier,  car derrière ses maisons en front à rue, ses cabarets, ses épiceries et entre les maisons, presque tous les dix mètres, il y avait des entrées de courées. Au début du vingtième siècle, il y avait une quarantaine de courées et plus de trois mille habitants. Un village dans la ville.

Démolitions 1959 Photo NE
Démolitions 1959 Photo NE

En 1957, le conseil municipal décide la rénovation du quartier, c’est-à-dire de raser les logements insalubres et de reconstruire. En 1959, au moment de la démolition, il restait encore 32 courées. On démolissait encore en 1963, quand le premier immeuble du bloc Anseele sortit de terre. Il se situait rue Bernard (aujourd’hui rue Jules Watteuw) et ses premiers locataires furent les pompiers de la caserne tout proche (démolie en 1984).La rue des longues haies s’étendait de la rue du Moulin (rue Jean Moulin) jusqu’au boulevard de Colmar. Après la disparition de la première partie de la rue de Lannoy, le tronçon de la rue du Moulin jusqu’à la rue des filatures prit le nom du Président Vincent Auriol en mars 1967. On peut donc encore voir le tracé du début de la rue, dans l’ombre de l’immeuble de la rue des Paraboles. Tout juste peut-on encore apercevoir l’arrière des maisons bourgeoises du boulevard Leclerc.

Entrée de la rue du Président Auriol Photo PhW
Entrée de la rue du Président Auriol Photo PhW

Son parcours est ensuite interrompu, puis elle reprend à partir de la rue Dupleix, et passe derrière la tour du théâtre, dont le nom seul porte le souvenir de l’hippodrome théâtre, haut lieu de la culture roubaisienne, démoli en 1964. La sortie des artistes donnait dans la rue des longues haies. Puis elle va rejoindre la rue Winston Churchill (ex rue des filatures), peu après l’IUP Infocom (ex usine Lemaire et Dillies reconvertie en site universitaire).

Suite de la rue Photo PhW
Suite de la rue Photo PhW

Ensuite, elle disparaît complètement, recouverte par le grand bâtiment du H13, autrement nommé l’Os à moelle, et par les cellules commerciales de Roubaix 2000, à présent remplacé par Mac Arthur Glenn, qui occupent ce qui constitua la première partie de la rue de Lannoy. Nous avons déjà raconté les péripéties de cette autre disparition.  Puis c’est le bloc Anseele, avec les trois tours des aviateurs, les immeubles entourant le groupe scolaire. On n’y trouvera plus l’âme des longues haies, cet endroit étant d’ailleurs nommé un bloc, privé de réelle vie commune, enserré dans le flot de la circulation des boulevards de Belfort et  Gambetta, et de la rue Pierre de Roubaix. Le parcours initial reprend, à partir de la rue Pierre de Roubaix jusqu’au boulevard de Colmar. Il porte encore le nom d’Édouard Anseele, mais ce n’est plus la rue des longues haies d’autrefois, même si quelques murs d’usine, des façades de commerces aujourd’hui fermés évoquent sa vie passée.

La rue Edouard Anseele vue du boulevard de Colmar Photo PhW
La rue Édouard Anseele vue du boulevard de Colmar Photo PhW

Le visiteur devra donc confronter son imaginaire avec le récit des anciens habitants que nous avons pu recueillir dans ces annales, et avec les quelques cartes postales anciennes de la Médiathèque de Roubaix.

La tour disparue

L’opération de résorption de l’habitat insalubre a démarré avec trois ans de retard au Cul de four. C’est  en novembre 1974, que la surface comprise dans le périmètre des rues Meyerbeer, Turgot, Rollin, Rossini et Wagram a été « dégagée». Cent trois maisons ont ainsi été détruites, et on a programmé une centaine de logements HLM à leur place, il s’agira d’un programme de logement à loyer réduit, mené par l’Office Municipal de HLM de Roubaix.

Une zone dégagée en 1974 Photo NE
Une zone dégagée en 1974 Photo NE

En Aout 1975, le projet Turgot Meyerbeer va démarrer, avec comme entrepreneur la société Ferret Savinel . Deux architectes MM André Dutilly de Roubaix et M Gérard Martin de Villeneuve d’Ascq se sont chargés du projet. La tour Marengo va être construite. Les premiers locataires s’y installeront dans le courant de l’année 1977.

Le projet de la tour Marengo Photo NE
Le projet de la tour Marengo Photo NE

En janvier 1984, des voitures sont incendiées sur le parking de l’immeuble. Les propriétaires de ces véhicules sont des locataires de la tour aux revenus bien modestes. Quelques jours plus tard, c’est au tour de la fourgonnette d’un brocanteur. Ce sont donc des incendies criminels. La tour Marengo est alors comparée aux fameuses Minguettes de la banlieue de Lyon.

Vue de la tour Marengo Coll Particulière
Vue de la tour Marengo Coll Particulière

De fait les locataires ne s’éternisent pas dans la tour et déménagent rapidement. Le concierge explique que le local à containers a été incendié 23 fois l’an dernier. Les portes sont continuellement cassées, les boîtes à lettres saccagées. Qu’est ce qui peut expliquer une telle violence ? La tour Marengo se vide progressivement. Un projet de réhabilitation est envisagé en 1987. Puis en 1988, il ne reste plus que 35 locataires sur les 120 logements. Alors que l’année précédente, des travaux ont été effectués (remise en peinture des couloirs et remplacement des revêtements de sol), l’office HLM envisage à présent une stratégie de relogement. La tour doit être vidée pour la fin du mois d’avril ! Le comité de quartier envoie une lettre recommandée à l’office HLM pour savoir ce qu’il va advenir des 35 familles de la tour Marengo. Finalement, l’office appelle à une réunion de concertation avec les locataires qui se tiendra dans la tour au n°101.

Vue de la tour Marengo Photo NE
Vue de la tour Marengo Photo NE

En octobre 1988, la tour Marengo est vide et officiellement murée. Transformée en terrain de jeux pour les gamins du quartier, elle est aussi devenue le paradis des récupérateurs. L’environnement n’est pas en reste. Une décharge sauvage s’est installée entre les pilotis de la tour Marengo, et les maisons des rues d’Iéna, Dombasle et Milton sont murées. Les constructions de l’îlot Voltaire et de la résidence de la rue Bayard ne se sont pas étendues au reste du quartier. Le sort de la tour Marengo n’est pas encore réglé. On hésite à la démolir. Il est vrai que l’office HLM rembourse encore les emprunts contractés pour sa construction. On envisage de la reconvertir en un immeuble tertiaire. Mais l‘insuccès rencontré par la tour Mercure, à deux pas de là, n’incite pas à un tel projet. On pense louer les appartements à de petits ateliers textiles, mais la proposition reste sans suite.

La tour Marengo en 1988 Photo NE
La tour Marengo en 1988 Photo NE

Pourtant tout un secteur du quartier dépend de l’avenir de cette tour inoccupée, la voie rapide sur berge va bientôt passer un peu plus haut, et cela va générer des terrains à vocation industrielle. La situation n’évolue pas. La Tour sert même de terrain d’entraînement pour les pompiers qui vont y éteindre un début d’incendie, en juin 1989.  Déjà en mars 1989, sa démolition avait été actée par une délibération municipale.

D’après les articles de Nord Éclair et les témoignages de l’atelier mémoire du Cul de Four