Cinq nouvelles locomotives !

Début 1989, l’arrivée d’Intermarché est annoncée pour venir à la rescousse du centre commercial Roubaix 2000. On prévoit un investissement de 37 millions, dont plus de 28 millions pour Intermarché. La stratégie commerciale évolue : plus de locomotive unique de type Lemaire, Auchan ou AS ECO, mais cinq moyennes surfaces, cinq Mousquetaires de la même firme. Il y aura Intermarché (alimentaire) Bricomarché (Bricolage) Vestimarché (Vêtements) Restaumarché (restaurant avec terrasse sur le toit de Roubaix 2000) et Logimarché (confort ménager). On peut se demander quelle fut la réaction des commerçants indépendants du centre commercial, dont l’activité se trouvait ainsi concurrencée…

Sans doute pensaient-ils bénéficier de la restructuration de la galerie marchande, du réaménagement de l’accès aux parkings souterrains. La présence sur place du restaurant universitaire n’est pas remise en cause. Modification importante, la suppression de l’accès aux parkings du côté de la place de la Liberté, du fait de l’implantation de la future bouche de métro Motte-Bossut. Enfin pour couronner le tout, Roubaix 2000 changerait de nom ?

C’est le coup de la dernière chance, comme le laissent entendre les propos critiques tenus par Jacques Catrice, adjoint au commerce : Roubaix 2000, ce bouchon posé dans le bas de la rue de Lannoy, une erreur de conception dont nous avons hérité sans l’avoir demandé !

A cette occasion, la ville de Roubaix n’a pas hésité à céder pour le franc symbolique les 2300 m² de surface commerciale dont elle avait encore la propriété. Elle fait autant pour les indépendants que pour Intermarché. La gestion des cellules coûte cher, et ce n’est pas la vocation de la ville de gérer un centre commercial. Il est donc procédé à la cession de 1800 m² à Intermarché et 460 m² aux commerçants indépendants.

instantaneL’annonce de l’arrivée d’Inter marché Photo Nord Éclair

L’ouverture de la nouvelle configuration est prévue le 20 mai 1989. On en sait plus sur la localisation des moyennes surfaces : Vêtimarché à la place du Colisée 2, Restaumarché restera installé au 1er étage, du coté boulevard Leclerc, Logimarché prend la place de la Macif relocalisée et Intermarché reprend AS ECO et on y entrera désormais par l’avant et non plus le côté. Beaucoup de cellules sont réaménagées, refondues et le débat autour du nom Roubaix 2000 continue. La propriété du centre commercial a donc évolué : Intermarché et ses cinq enseignes en possèdent 56%, les  indépendants 38,5%, et la ville 5,5%, du fait de la surface du restaurant universitaire. Les investissements pour les travaux d’aménagement se répartissent de la manière suivante : l’accès aux parkings est à la charge de la ville. Les frais d’aménagement intérieurs incombant à la co propriété sont financés par un emprunt de 8,7 millions remboursables en 8 ans à un taux inférieur à 10%. En plus de sa participation, Intermarché garantit le prêt par une caution solidaire d’un million, et la mairie est caution à hauteur de la surface possédée (5,5%).

travauxLes travaux commencent Photo Nord Eclair

La suppression des accès au parking en front de boulevard, due à la construction prochaine de la station de métro, entraîne la réalisation d’un parking d’appel de 80 places devant la nouvelle entrée sur le côté, rue Henri Dunant. Ce parking est prévu sur la pelouse qui longe la rue Watteeuw. Un second accès latéral doit être réalisé le long de la rue de Lannoy par la rue de la tuilerie. Intermarché ne reprend pas la gestion des parkings souterrains, à la différence d’AS ECO. On recherche un repreneur, et on parle bientôt de la Sogeparc.

 

 

Le quartier ECHO

Le quartier ECHO est un regroupement contemporain de lieux dits et de rues. La lettre E pour entrepont, correspond aux habitations et aux rues se trouvant entre les deux ponts, celui du canal et celui du Laboureur à l’orée de Wattrelos. La lettre C reprend l’initiale de la rue de Cartigny.  La lettre H est l’initiale d’un très ancien lieudit le Hutin. La lettre O est l’initiale d’une rue importante, la rue d’Oran. Le regroupement opéré donne un quartier situé au nord est et à l’est de la ville, délimité par le parcours du canal à l’ouest, le cours de l’Espierre au nord, la voie de chemin de fer à l’est et à nouveau le canal au sud.

Extrait Plan début du XXème siècle Médiathèque de Roubaix

En partant du nord, le Hutin était le nom d’une cense et d’un hameau au début du XIXème siècle. C’était la pleine campagne; et le Hutin divisé en « Bas-Hutin » et « Haut-Hutin » par le sentier du Mont à Leux, englobait tout le secteur situé entre la Grande Vigne et le territoire de Wattrelos.

La ferme Brasserie Salembier Photo PhW

Plus au sud,  la rue d’Oran traverse le lieudit la Grande Vigne. Ouverte en 1887, elle part de la ferme brasserie Salembier, et se dirige en ligne droite vers le passage à niveau du chemin de fer. En 1894 démarre la construction de l’école publique, futur groupe scolaire Paul Bert Edgar Quinet. De 1910 à 1939, la rue sera presque entièrement urbanisée. L’industrie y était fortement présente avec La Lainière de Roubaix  créée en 1911. C’est là que naîtront les laines du  Pingouin, les chaussettes Stemm, les tricots Korrigan, les créations  Intexa, et Rodier. La Lainière a cessé ses activités à la fin de l’année 1999.

Collection particulière

Plus bas encore se trouvait le chemin de Cartigny qui menait au hameau du Crétinier à Wattrelos. La rue de Cartigny se développe à partir de 1895. On y relève la présence du cimetière communal de Roubaix qui fut établi de 1848 à 1920. Rue de fleuristes et de marbriers, elle a connu très tôt un fort trafic surtout avec la desserte du Peignage Amédée Prouvost et de la Lainière.  Les matches du stade Amédée Prouvost amenaient beaucoup de monde.  Les nouvelles rues de la fin du dix neuvième siècle portent les noms de villes d’Algérie: Constantine, Oran, Philippeville, Biskra, Blida, Mascara, Mazagran, Bône. C’est dans la rue d’Alger que se trouvaient en 1895  la filature de coton Etienne Motte et Cie au n°30, la Société Anonyme des Peignages de Roubaix au n°176, le tissage Henri Bonnet au n°232, et le tissage Dubar Delespaul au n°292.

La rue d’Avelghem autrefois CP Médiathèque de Roubaix

La Grand Rue traverse l’actuel quartier de l’Entrepont, lieu d’habitation et d’industrie. Ainsi la société de filature et de retorderie Etienne Motte constituée en 1887 s’étendait sur cinq hectares. De même la rue d’Avelghem sépare les habitations des industries dont le nombre s’est fortement restreint à la fin du siècle dernier. Sur les terrains situés entre cette rue et le canal, Alfred Motte (frère de Louis Motte-Bossut) avait fait construire dès 1878 un peignage important s’étendant sur 14 hectares. 

Présentation du Cul de four

Le quartier du Cul de four se constitue progressivement dans la seconde partie du dix neuvième siècle. On se rendait autrefois à Tourcoing par un chemin qui démarrait à la Place de la Fosse aux Chênes et serpentait par la campagne. Cette première voie constituera plus tard le tracé des rues Saint Joseph, Turgot et Cadeau, avant que la rue de Tourcoing ne soit ouverte entre 1835 et 1836. Cette ouverture va favoriser l’industrialisation du quartier le long de son tracé : les noms des rues Duflot et Jacquard en attestent, la première du nom d’un industriel qui fut installé là, la seconde du nom de l’inventeur du métier à tisser.

Église St François des Récollets Coll Part

En octobre 1857, les Frères Récollets arrivent à Roubaix, venant de Gand, pour exercer leur ministère auprès de leurs compatriotes flamands, que l’expansion de l’industrie textile a attirés à Roubaix. Le 21 novembre 1857, est posée la première pierre du Couvent Saint Joseph, et le 15 mai 1859 démarre la construction de la Chapelle du Couvent, future église Saint François d’Assise, conçue par l’architecte Dewarlez. L’église est bénie le 23 juin 1860. Entre-temps, c’est un quartier tout entier qui se bâtit, auquel on donnera le nom de Saint Joseph. Il est à l’époque entouré au nord par le sentier de la basse masure, à l’est par le sentier de l’Ommelet à la Basse Masure, au sud par le chemin des Sept Ponts, et à l’ouest par l’ancien chemin de Tourcoing, autrefois nommé rue du Cul de Four (aujourd’hui rue Turgot et deuxième partie de la rue St Joseph). On prévoit d’ouvrir des rues, dont la rue de Flandre et la rue St Joseph, ouvertes en 1857. Puis on réalise la rue Daubenton qui sera réalisée en trois étapes de 1860 à 1875 jusqu’à sa jonction avec la rue de Constantine.

Le canal de Roubaix Quais d’Anvers et de Gand Photo Nord Eclair

Entre-temps la réalisation du nouveau tracé du canal dans les années 1870 renforcera l’activité du quartier par le nord : ainsi le quai de Gand dénommé en 1867 accueillera les magasins de stockage des charbonniers ou des entrepreneurs, et des transporteurs (voituriers-camionneurs.  De grandes structures métalliques apparaissent, grues mobiles, appareils électriques de déchargement pour le coke, appareils fixes de déchargement des charbons, portiques pour le déchargement des matériaux. Le quartier est ainsi délimité dans sa configuration actuelle depuis le début du vingtième siècle. De nouvelles rues apparaissent dans les années 1880, Iéna, Wagram, Marengo, Meyerbeer où s’installent des activités diverses : une brasserie, une école de natation, remplacée par une usine d’incinération, et aujourd’hui par une grande surface commerciale.

Brasserie de l’Union Roubaix Tourcoing rue Meyerbeer Photo Collection particulière

La rue Turgot et la rue de Flandre assuraient la circulation du nord vers le sud dans le quartier, mais il faut attendre les années 1890 à 1900 pour joindre la rue de Tourcoing au boulevard de Metz. La rue Voltaire et la rue Rollin, assureront cette jonction. La rue Olivier de Serres viabilisée en 1884 établit la jonction entre la rue Voltaire et la rue Daubenton, alors qu’une école s’y est installée depuis quelques années. La place du Progrès est créée en 1896, et c’est l’aboutissement de la structuration du quartier engagée depuis 1890 qui comprend l’appropriation de l’ancien fort Bayart en rue (1891) et la création des rues Grétry et Labruyère (1891).

École rue Olivier de Serres Photo PhW

Nombre de rues et d’activités ont depuis disparu de ce quartier autrefois très animé. Que s’est-il passé ? Quelles sont les traces de ce passé ? Comment se présente l’évolution du quartier ? C’est à partir des souvenirs de l’après seconde guerre mondiale que l’atelier mémoire du Cul de four se propose de restituer la mémoire du quartier, selon l’adage bien connu : c’est avec l’éclairage du passé que l’on comprend le présent et que l’on prépare l’avenir !

 

La rue de Maufait

Au dix neuvième siècle, le chemin de Lannoy traverse la partie sud de Roubaix sans suivre la ligne directe. Il serpente, en effet, entre les propriétés agricoles en faisant de nombreux coudes.

Le chemin de Lannoy après la révolution

 Cette situation dure jusqu’à la fin du siècle, au moment où on décide de redresser ce qui devient la rue de Lannoy entre la ferme de Courcelles et la Justice. Ce tracé laisse de côté la partie de l’ancien chemin situé entre la ferme de Courcelles et celle de Bury-Prinpont, placée sur le chemin d’Hempenpont aux Trois-Ponts, ou chemin n°9, qui porte à cet endroit le nom de rue du Pont Rouge. Cette partie délaissée, devenue la rue de Maufait, prend brusquement de l’importance au tournant du siècle, lorsque l’on songe à implanter un nouvel hôpital qui prendra le nom de la Fraternité. La rue de Maufait longe en effet le terrain choisi pour cette implantation.

Un rapport de M. Deneve au conseil municipal insiste sur le fait que rien n’a été fait pour ce chemin délaissé par la rectification de la rue de Lannoy, et qu’il n’est alors qu’un chemin de terre. Il faut, « pour des raisons de sécurité et d’hygiène » le mettre en état : il faut assécher le sol avant la construction de l’hôpital en installant un aqueduc, élargir, aligner et paver la rue et ses trottoirs. Cet alignement sera fatal aux derniers bâtiments de la ferme de Bury-Prinpont, condamnée de toute manière, car placée sur le terrain réservé à l’hôpital.

Le tracé de la rue, la ferme et ce qu’il en reste au moment du redressement.

 Il faut donc acquérir un certain nombre de terrains auprès des propriétaires pour procéder aux redressements des rues de Maufait, du Pont Rouge, de Charleroi, et du tracé de l’avenue de l’hôpital. On prévoit également, à la demande des riverains, de prolonger la rue jusqu’à la rue St Hubert, et vers la ferme de Maufait. Entre temps, la rue du Pont rouge est déclassée au delà de la rue de Maufait pour laisser la place à l’hôpital qu’il faut agrandir. Ses pavés, récupérés, seront réemployés au pavage du tronçon supplémentaire de la rue de Maufait. Rien ne se perd ! Les travaux se déroulent, et la réception définitive est faite en 1906.

Entre les deux guerres, on décide de prolonger la rue jusqu’à l’avenue Roger Salengro en passant en droite ligne derrière l’ancienne ferme de Maufait, désormais démolie.

La rue de Maufait en 1919

 Pourtant la rue ne sera viabilisée que dans les années 50, par la pose d’un aqueduc et la construction d’une chaussée définitive à travers des terrains achetés par le CIL qui va bientôt y construire les lotissements qu’on connaît aujourd’hui.

Les lotissements d’après-guerre – Photo Delbecq
 Tous les documents proviennent des archives municipales.

Appartements de la rue Greuze

 Construits de 1958 à 1960, les bâtiments des Hauts Champs ont donné leur nom aux rues qui les desservent, quand elles ont été viabilisées, plus de vingt ans après la réalisation des logements. L’immeuble n°7, dit pavillon Jean Baptiste Greuze est donc à l’origine de la rue du même nom. Thierry se souvient que les portraits des différents peintres étaient reproduits sur les pignons des bâtiments. Jean Baptiste Greuze, Edgar Degas, Jean Baptiste Chardin, Claude Monet, Maurice De Vlaminck furent ainsi présents dans le quartier, ainsi que le poète Charles Pranard. Le bâtiment Greuze qui nous occupe aujourd’hui, se situe entre la rue Michelet et la rue Chardin. Il est perpendiculaire à l’usine Motte Bossut, et aux deux bâtiments Chardin et Monet qui l’entourent.

 Deux anecdotes sur son environnement : la transformation de l’usine Motte Bossut en 1985 en magasin d’usines a posé très vite la question des parkings pour la clientèle. Il fut un temps question d’utiliser les espaces de part et d’autre du bâtiment Greuze, côté avenue Motte et côté bâtiment Monet, mais les résidents s’opposèrent à ce projet. L’espace entre la rue Michelet et la rue Claude Monet fut néanmoins approprié en places de stationnement. C’est sur cet emplacement que passera bientôt la ligne de bus à haut niveau de service, qui repose à terme la question du stationnement.

Plan des Hauts Champs 1962 Nord Éclair
Vue du bâtiment Greuze Extrait Google Maps

 Concernant le bâtiment Greuze, il a fait l’objet d’une réhabilitation : les entrées étaient autrefois des portes de bois avec un battant, elles sont aujourd’hui en PVC avec des serrures. De même, les boites aux lettres qui étaient à l’intérieur du hall d’entrée, sont aujourd’hui plus accessibles pour la distribution du courrier, car situées à côté des nouvelles portes. Le bâtiment a également reçu un revêtement de laine de verre sous les plaques de sa façade actuelle.

Studio Bâtiment Greuze Croquis Thierry Dony

 La description suivante des deux types de logement correspond à celle des autres bâtiments de la cité des Hauts Champs. Le logement type 2 (studio) se présente de la manière suivante : l’entrée (1) donne dans un petit couloir. Sur la gauche, la porte de la chambre (7), dans laquelle il y a un placard et des fenêtres individuelles. Dans l’entrée, la porte de droite donne accès à la salle de séjour (2), à partir de laquelle on peut aller dans la cuisine (3) équipée d’un évier et d’une gazinière,  dans la salle de bains (4) et dans les toilettes (5). Une petite pièce (6) séparée par une cloison amovible ou un rideau permet au choix, de faire un salon ou une pièce de rangement.  Cet appartement est bien pourvu en placards de rangement, ce qui évitait l’achat de meubles importants de type armoire ou penderie. Dans certains de ces placards toutefois, à chaque étage, se trouvaient les manettes de réglage de la tuyauterie du chauffage.

Logement de type 3 bâtiment Greuze Croquis Thierry Dony

 Le logement de type 3 (deux chambres) se présente comme suit : on entre par un couloir, dont les deux premières portes à gauche et à droite desservent la cuisine (5) et la première chambre (2), puis les toilettes (3) et la salle à manger (7). Une seconde chambre (6) est accessible par la salle à manger. On peut entrer dans la salle de bains (4) par les deux chambres. Une anecdote lors de la réhabilitation : la salle de bains était autrefois équipée d’une baignoire sabot. Après les travaux, la nouvelle baignoire dépassait sur la porte d’entrée de l’une des chambres. Il y a une porte entre la cuisine et la salle à manger, et des placards de rangement, il y avait de quoi ranger. Une baie vitrée (8) longe la cuisine et la salle à manger, avec une porte qui permet d’accéder au balcon. En 1970, nous dit notre témoin, on a posé des fenêtres pour isoler le balcon, ça nous faisait une pièce en plus.

Merci à Thierry Dony pour les croquis et les précisions

Le PMU de la Justice

Les documents les plus anciens que nous ayons pu consulter font mention tout au bout de la rue de Lannoy, à la limite de Lys, d’un estaminet associé à un bureau d’octroi. Cet estaminet est tenu dès 1884 par Fr. Vanangeval, alors qu’on prévoit l’installation d’une bascule charretière devant le bureau de l’octroi.

Document daté de 1888 – archives municipales

 Le Ravet-Anceau nous renseigne sur les différents cafetiers qui se succèdent au carrefour de la justice. A partir de 1894, c’est J. Gadenne qui tient l’estaminet. On y trouve H. Lefebvre en 1899, puis L. Dupont de 1903 à 1908. A partir de 1913, la numérotation atteint cette extrémité de Roubaix. A. Nolf préside désormais la destinée de ce commerce situé au numéro 630. Après la guerre, c’est son gendre, Théophile Van Wanbecke-Nolf qui tient commerce à cette adresse.

En Juillet 1925, ce cafetier demande l’autorisation d’effectuer des travaux dans l’immeuble qu’il possède. On apprend dans son courrier qu’il est également propriétaire du bureau d’octroi. Les travaux consistent à échanger les emplacements de l’octroi, initialement placé côté rue verte et de l’estaminet, placé côté rue de Lannoy. On va également supprimer deux fenêtres sur la rue verte pour les remplacer par une baie vitrée plus large.

Document archives municipales

 C’est ainsi que le Ravet-Anceau place en 1930 l’octroi au 628, et l’estaminet, dénommé désormais « café de l’Octroi » au 630. On change la numérotation en 1935, et le café et l’octroi passent au numéro 694. Le propriétaire est toujours monsieur Van Wanbecke. En 1939 l’octroi est au 694. Le café, au 696, est tenu par G.Marquant et figure sur une carte postale prise depuis Lys dans la deuxième partie des années 20. On y voit au premier plan les rails de tramway, et, au fond à droite le terrain ce qui deviendra bientôt le parc des sports. On y remarque également un gabelou de faction à la porte du bureau de l’octroi.

Document collection particulière

 Après la guerre, on retrouve Mme Van Wanbecke qui tient maintenant commerce d’alimentation générale au 692, et, de 1953 à 1964 H. Merckx, comme tenancier du café. Celui-ci passera dans les mains de monsieur A Bouscarle, cafetier PMU de 1968 à 1973.

Document Nord Matin

En 1975 une publicité paraît dans la presse, informant le public de la réouverture du café, cette fois-ci sous l’égide de M . Vandenberghe-Madou et de son épouse. A partir de 1978 le Ravet-Anceau ne fait plus mention du nom du tenancier. On le désigne simplement sous le nom où on le connaît aujourd’hui : le « Pmu de la Justice ».

Document collection particulière

 

 

 

 

Le premier comité de quartier

Le quartier du Fresnoy-Mackellerie peut se targuer d’être le premier comité de quartier qui ait été créé à Roubaix. Comment cela s’est-il passé ? Il faut rappeler que lors de la campagne pour les municipales de 1977, le socialiste Pierre Prouvost avait préconisé la mise en place de comités de quartier librement constitués, de commissions extra-municipales et de commissions ad hoc sur des problèmes spécifiques. (Nord Eclair 19 février 1977).

Après les élections, on procède donc à la mise en place de ces comités. Début Juillet 1977, une visite du quartier du Fresnoy-Mackellerie est effectuée par le maire Pierre Prouvost accompagné de ses adjoints, MM. Duhamel, Vandewynckèle, Pétrieux et de nombreux conseillers municipaux.  Une liste de 22 problèmes à résoudre est établie à l’issue de cette visite. A la suite de quoi, se déroule une réunion des forces vives pour la constitution d’un comité de quartier, dans la salle de la rue de Rome. M. Vandewynckèle, adjoint au maire et MM Mosnier et Wyndels, conseillers y participent, avec les responsables de diverses associations du quartier : il y a là le comité des fêtes, le Label, la CSCV, le CA et la direction du centre social de la rue du Luxembourg, le foyer logement de la rue de Mouvaux, l’Union des commerçants et le GAR (groupe pour l’avenir de Roubaix, opposition municipale). Six commissions sont créées : cadre de vie, urbanisme et environnement, éducation et formation, culture, famille sports et loisirs, relations dans le quartier et emploi.

La visite du quartier par la municipalité Photo Nord Éclair

 A la veille de la constitution du comité de quartier, en octobre 1977, une liste de neuf chantiers a été établie par les habitants du quartier : nouveaux locaux pour le centre social, établissement d’un square à l’angle des rues d’Italie et du Fresnoy, aire de repos derrière le foyer logement de la rue de Mouvaux, utilisation du court de tennis de l’office HLM, aménagement du pont du chemin de fer, utilisation des terrains disponibles dans le quartier, pose de feux tricolores au carrefour de la rue du Fresnoy et du boulevard d’Armentières, implantation de deux cabines téléphoniques, réparation des voies et trottoirs.

La création du premier comité de quartier le 4 novembre 1977 Photo La Voix du Nord

 Le 4 novembre 1977, intervient la création du comité de quartier du Fresnoy-Mackellerie ! Il commencera réellement à fonctionner le 22 novembre. A cette date, il sera logé, on évoque la transformation de la salle de la rue de Remiremont en maison de quartier, et il sera officiellement institué en association type loi 1901. Les commissions de travail sont déjà réparties : MM. Renaud, Voeten et Thenis font partie de la commission cadre de vie et environnement, Mmes Croes (CSCV) et Ballois constituent la commission vie familiale et étudient la possibilité d’une information sur la contraception. La commission éducation et formation est prise en charge par Mme Trenchs, et MM. Hatt, Vermeersch. La culture et les loisirs feront l’objet des attentions de Mme Parent, et de MM. Isbaert et Laplace. La commission sports est composée de MM. Frebourg (Volley Club de Roubaix), Doutreligne et Milliez. Enfin la commission emploi comprend Melle Jonasz (centre social) et Fautrez (LCR rue de Mouvaux). Il reste encore quelques sièges à pourvoir pour le comité où l’on espère voir des enseignants, des membres du club du 3me âge de la rue de Mouvaux, du club des marcheurs, de la JOC et de l’Union des commerçants.  

Histoire du Lido

Quand les Halles centrales roubaisiennes furent démolies en août 1956, personne ne se doutait que l’emplacement servirait à nouveau, à peine dix ans plus tard, comme surface commerciale. Pensé comme un centre de transit, intermédiaire entre la partie de la rue de Lannoy à démolir, et le futur centre commercial Roubaix 2000, le Lido existera quelques années avant de disparaître à son tour. L’endroit, aujourd’hui occupé par la poste et la Médiathèque, connaîtra là ses dernières heures commerciales. Nous allons raconter son histoire.

La place des Halles en aire de stationnement Photo AmRx

Avant qu’on n’envisage l’emplacement des Halles pour la cité de transit, le maire Victor Provo soutiendra l’option de l’appropriation de l’usine Huet comme centre transitoire, s’il y a assez de candidats. Cette usine se trouvait autrefois entre la caserne des pompiers (aujourd’hui la CAF) et l’entrée de la rue de Lannoy, c’est-à-dire juste à côté du périmètre à démolir et à reconstruire. Le chausseur Papillon se déclare favorable au projet  Huet. Le quincaillier Gamin suggère qu’on installe les baraquements dans le tronçon du boulevard Leclerc, à partir de la poste.

Photo usine Huet Boulevard Gambetta Collection Particulière

On avance sur le projet Huet, mais de manière peu convaincante : la  façade serait abattue puis remplacée par une baie vitrée, le cloisonnement en cellules reviendrait trop cher, et que penser du travail en commun pour des commerces habitués à leur individualité ? La question du logement piétine également : on relogerait des commerçants dans la première barre construite avec les sapeurs pompiers rue Bernard. Un questionnaire est prévu sur l’utilisation de l’usine Huet, et sur l’organisation du futur centre ; il est clair qu’il y a un effort d’adaptation pour les commerçants auquel ils ne s’attendent pas, comparable toutes proportions gardées, au choc des habitants de la rue Edouard Anseele relogés dans le quartier des Hauts Champs. Il y a là un problème humain.

Mars 1964 Plan du centre commercial de transit Place des Halles Publié par Nord Éclair

Une proposition du centre de transit sur la place des halles est finalement avancée par M. Jacques Motte président de la chambre de commerce dès janvier 64. Puis les premiers travaux d’appropriation sont lancés, qui créent quelques bouleversements, notamment pour la circulation autour de la place des halles. La rue Jeanne d’arc devient piétonnière, la rue de la halle sera élargie et la circulation se fera dans les deux sens. Le futur centre commercial de transit sera piétonnier. Il se présentera sous la forme d’un assemblage d’éléments préfabriqués en aluminium et en glace. Les parquets intérieurs sont en chêne et chaque commerçant pourra personnaliser son magasin, d’autant que l’aménagement de l’intérieur et les enseignes lumineuses seront à leur charge. Un précédent cependant : l’auvent qui surplombe chaque magasin reçoit l’éclairage public. Le tout doit être mis à la disposition des commerçants dans le courant du mois de juillet. L’ouverture officielle aurait lieu courant septembre ou après la braderie…

à suivre

La Rue de Leers : une naissance difficile

Les Trois Ponts et le Carihem en 1845

 Une loi accordant aux communes une subvention pour faciliter l’achèvement des chemins vicinaux, est promulguée le10 Juillet 1868. Les municipalités songent aussitôt à profiter de ces subsides.

En janvier 1869 la commune de Leers se préoccupe de l’établissement d’un chemin vicinal reliant Leers à Roubaix qu’elle juge « d’une utilité incontestable, tant sous le rapport industriel qu’agricole ». Ce chemin, d’une largeur de 10 mètres, doit aboutir au pont Caudron, à la limite de Roubaix, et se raccorder au chemin n°15 qui conduit au hameau des Trois Ponts. On décide de l’exécution de ce chemin, à condition que les terrains concernés soient abandonnés gratuitement par leurs propriétaires, dont les biens devraient en contrepartie bénéficier d’une plus-value.

De son côté, la ville de Roubaix s’intéresse également à l’amélioration des communications entre les deux communes, « tant au point de vue des intérêts commerciaux, que de ceux de l’alimentation de nos marchés ». Une commission est chargée de cette importante question. Elle insiste sur le fait que le chemin reliant les deux communes est resté dans l’état où il se trouvait il y a deux siècles, à une époque où « Roubaix suffisait lui-même à tous ses besoins ». Elle ajoute : « ce chemin tortueux n’est plus à la hauteur de notre époque ». On projette donc de déclasser ce chemin étroit, passant par les fermes Lebrun et Fremaux, qui a ensuite donné naissance aux rues des Trois Ponts, de Tournai, de Cohem et de Carihem. On pense le remplacer par un chemin direct. Cette proposition est envoyée au conseil général, qui l’accepte. Le vieux chemin est déclassé, et le conseil général vote des crédits pour le nouveau. Mais on s’aperçoit qu’une confusion s’est produite, et que le nouveau chemin classé est celui proposé par la commune de Leers sur son propre territoire, et non celui envisagé par la municipalité roubaisienne sur le sien ! Le conseil municipal réitère donc sa demande de classement pour le nouveau chemin comme branche principale, renonce au déclassement du chemin actuel, et décide, lors des travaux d’établissement de la nouvelle branche, de paver également l’ancienne voie sur trois mètres de largeur et de la classer en deuxième catégorie. Le nouveau chemin partira de l’extrémité du nouveau boulevard Beaurepaire, et traversera en ligne droite les terres de la ferme de Bury-Courcelles et rejoindra Leers au niveau du bas voisinage.

Le tracé prévu pour le nouveau chemin

 Mais d’autres difficultés surgissent : la municipalité de Leers veut modifier le tracé initial sur son territoire, sur lequel se trouvent plusieurs constructions. La ville de Roubaix s’en tient au tracé prévu, pour lequel les riverains ont accepté de céder gratuitement la plus grosse partie du terrain nécessaire. La mésentente s’installe et les travaux ne sont toujours pas réalisés en 1876. A ce moment, Alfred Motte, propriétaire-riverain du boulevard Beaurepaire, offre son concours pour débloquer la situation, venant ainsi en aide à la caisse des chemins vicinaux. Il propose de participer au financement du pavage de la dernière partie du boulevard Beaurepaire, attendu depuis 1869, et de participer par moitié aux frais d’expropriation nécessaires pour le percement de la voie nouvelle. Par ailleurs, M. Simoens propose de démolir à ses frais un bâtiment situé à Leers sur le tracé de la future route. Le projet avance : on prévoit de construire en 1877 un aqueduc sur le ruisseau du pont Caudron en partageant les frais d’établissement entre les deux municipalités. On lance en 1879 une enquête d’utilité publique en vue du classement, qui aboutit l’année suivante.

Pourtant les expropriations traînent en longueur, si bien que M. Degraeve, adjudicataire des travaux de pavage le 24 mars 1880, dont le chantier est arrêté, demande une indemnité pour compenser les retards pris. Finalement, les travaux s’exécutent malgré toutes ces difficultés, et le nouveau chemin voit le jour.

La situation en 1886
 Les documents proviennent des archives municipales

 

On aligne rue de Cohem

A l’origine, il s’agit d’un chemin vicinal conduisant du hameau des trois ponts à Leers en passant par le hameau du petit vinage, d’une largeur de trois mètres en 1838, et qui fait de nombreux coudes pour éviter les propriétés. Il est bordé de deux fossés. Sur cet ancien chemin seront tracées plus tard les rues de Tournai, d’Ypres, de Cohem et de Carihem.

 Le chemin des trois ponts à Leers en 1845

 A la fin du 19eme siècle, la création de la gare de Roubaix-Wattrelos, dite gare du Pile restructure le quartier. On trace la rue Brame qui longe les installations ferroviaires et vient se raccorder à la rue de Cohem. Celle-ci perd son nom pour devenir la rue d’Ypres entre l’extrémité de la rue de Tournai et cette nouvelle intersection. La rue, dont l’axe est pavé, est bordée de fossés, passe au milieu des pâtures longe la ferme Watteau et quelques maisons éparses.

La rue de Cohem à la fin du 19 eme siècle.

 Au débouché de la rue Brame, rectiligne et relativement large, notre rue reste étroite et tortueuse. Très vite, la municipalité cherche à la redresser et à l’élargir pour favoriser la circulation, alors que les riverains souhaitent améliorer le drainage de ces terrains situés à l’endroit le plus bas de Roubaix et facilement inondés.

C’est ainsi que, dès 1891 un riverain, M. Briet demande l’autorisation de construire un aqueduc en front à rue sur l’emplacement du fossé, face à la ferme Watteau, pour déverser les eaux pluviales dans le riez des trois ponts, et qu’en 1905 les riverains demandent la construction d’un aqueduc. En 1910 on prévoit la construction du boulevard industriel dont l’égout ne pourra pas traverser la ligne de chemin de fer. La rue de Cohem devra donc disposer d’un aqueduc pour récupérer ces eaux et les déverser dans celui de la rue Brame. On lance une adjudication remportée par l’entrepreneur Henri Duhem qui effectue les travaux dont la réception a lieu en 1911.

En 1908, le directeur de la voirie insiste sur le fait que « les alignements de la rue Brame se raccordent à ceux de la rue de Cohem d’une manière défectueuse… ». On fait donc des rectifications à de nombreuses reprises dans le but d’aligner la rue sur l’avenue Brame. Tous les riverains sont successivement amenés à céder du terrain pour l’incorporer à la voirie : M. Briet en 1909, La brasserie « la communauté » en 1912, alors qu’on réclame l’éclairage pour la rue de Cohem, qualifiée de « véritable casse-cou » en conseil municipal. M. Berly participe à l’alignement en 1925, M. Watteau et la société Bossu-Cuvelier en 1941, et divers riverains dans les années 50. A force de rogner à droite et à gauche, la rue se redresse et s’élargit progressivement.

Les divers plans d’alignement

 Parallèlement, le caractère campagnard de l’endroit disparaît progressivement durant ces années. Attirées par la proximité de la gare et du canal, les entreprises s’installent le long de la rue qui prend ainsi un caractère plus industriel. On remarque très tôt une brasserie, puis, au début des années 20, s’installe la société Bossu-Cuvelier et Camille Dubrulle qui implante là un entrepôt de métaux, la menuiserie industrielle Baet frères en 1929, la teinturerie Delescluse en 1928.

 Mai 1940 voit la destruction d’un baraquement des établissements Bossu-Cuvelier à la suite d’un bombardement, tandis que la teinturerie Delescluse s’agrandit à plusieurs reprises avant et après guerre. La rue prend l’aspect proche de celui qu’on lui connaît maintenant avec la suppression des ses pavés et leur remplacement par un revêtement de tarmacadam en 1961.

La rue en 1953

 La construction du pont du Carihem, puis la suppression des voies de service de la gare vont enfin influer sur l’environnement de notre rue. On trace la rue Léo Lagrange qui forme un nouveau carrefour avec elle, qui perd son nom au profit de l’avenue Brame jusqu’à ce point. Son débouché se fait maintenant sur un rond-point, on installe des terre-pleins centraux, la société Camaïeu s’installe partiellement sur l’emprise de Bossu-cuvelier et sur les anciens terrains SNCF…

Ainsi pourra-t-on dire de la rue de Cohem que, si, au cours de sa carrière, elle a plus que quintuplé sa largeur, elle aura , en contrepartie, perdu dans le même temps les deux tiers de sa longueur !

 Les documents proviennent des archives municipales.