Boléro et Tropic

André Silvain naît à Toul, en Lorraine, en 1906. Il vient à Roubaix pour faire ses études à l’ITR : Institut Technique Roubaisien, au 37 rue du collège. Il passe avec succès son diplôme d’ingénieur.

( Document coll. priv. )

André représente l’entreprise de son père, B.H.S : Benoit Henri Silvain à Toul. Il crée à Roubaix la MRC Manufacture Roubaisienne de Corsets et, ensuite, la société des supports médicaux esthétiques. Il fabrique des corsets et des gaines; le corset est composé de tissu et de baleines; il est plutôt inconfortable si bien qu’il laisse la place rapidement à la gaine fabriquée à partir de tricot élastique et de fil élastique. Les corsets et gaines, conçus de façon artisanale par des couturières, sont désormais fabriqués industriellement avec la même qualité.

( Document IGN )
( Document JdeR )

L’entreprise est implantée au 3 rue Nadaud, dans ce qui reste des usines Allart Rousseau. C’est un bâtiment, construit sur 3 niveaux, qui réunit les 3 Sociétés d’André Silvain : au rez de chaussée FEN : Fils Élastiques du Nord, au 1° étage Serolatex : machines à tricoter et au 2° étage la fabrication des gaines et les bureaux.

La MRC, Manufacture Roubaisienne de Corsets, se trouve au 43 rue de Saint Amand, l’entreprise possède également une petite unité de production à Leforest près de Douai.

( Document ANMT )

En 1946, André Silvain créé les marques « Boléro » pour la lingerie et, un peu plus tard, « Tropic » pour les maillots de bain.

( Document coll. priv. )

André Silvain ouvre des magasins à enseigne SILVA à Roubaix, au 27 Grande-Rue, mais également à Lille et Tourcoing. Il profite de ses magasins de proximité pour tester de nouveaux produits et connaître les réactions des clientes.

( Document ANMT )

Le succès de l’entreprise est immédiat; les femmes apprécient le confort exceptionnel et la qualité irréprochable de cette nouvelle lingerie Boléro. Tropic connaît aussi une forte expansion grâce aux maillots de bain en tissu élastique, (fabriqués par Serolatex ) comme le Lycra, qui remplace le tricot jersey prenant l’eau.

( Document ANMT et NE )

En 1955, André Silvain recrute deux personnes à la Direction Commerciale : Patrick Roussel pour la marque Boléro et Albert Lepers pour Tropic.

  • Ils développent fortement l’entreprise grâce à un énorme budget publicitaire.

  • Ils font paraître des encarts dans la presse : Jours de France, L’Express, les magazines de mode : Marie-Claire, Elle, Marie-France ainsi que des hebdos pour les jeunes adolescentes tels que Melle Age Tendre.

  • Ils font de la publicité d’affichage sur les bus et les abribus.

  • Ils créent des campagnes de publicité à la radio pour les lancements de nouveaux produits.

  • Ils sont présents sur de nombreux salons de lingerie en France et en Allemagne : Francfort et Dusseldorf.

  • Ils diffusent un catalogue édité à 150.000 exemplaires, envoyé à la demande des clientes.

  • Ils proposent à leur clientèle du matériel de présentation spécifique, comme le cintre spécial maillot, qui est adopté très rapidement par les grands magasins.

  • Ils font installer des stands de vente dans les grands magasins : Nouvelles Galeries, Printemps, Galeries Lafayette.

  • Ils ont une équipe de vente importante, sur le réseau national, mais également à l’étranger : Belgique, Suisse, Allemagne, Espagne, Canada . . .

  • Ils organisent des concours dans les points de vente, où un client peut gagner, au cours d’une tombola annuelle, une superbe Ondine (Dauphine Renault).

( Document A. Lepers )

A la fin des années 1960, la progression de l’entreprise est extraordinaire et l’usine de la rue Nadaud devient trop petite. André déménage et part dans des locaux plus vastes au 20 rue Claude Lorrain, qui devient le nouveau siège de « l’Entreprise André Silvain ». La société Serolatex est implantée au 18 rue Molière.

André et Marcelle Silvain et toute l’équipe d’encadrement, rue Claude Lorrain ( Document A. Lepers )

Plus de 600 personnes travaillent désormais dans l’entreprise qui produit, chaque année, plus d’un million de pièces de lingerie Boléro et 250.000 maillots de bain. La marque Tropic devient la 3° marque nationale derrière Rasurel et Triumph.

( Document ANMT )

La marque Tropic a une activité de production saisonnière et, pour essayer de mieux planifier les ateliers de l’usine, André Silvain décide de créer une ligne de vêtements de sports d’hiver en 1967-68. L’expérience n’est pas renouvelée l’année suivante car l’entreprise souhaite développer d’autres familles de produits.

( Document ANMT )

En 1972, André Silvain crée deux nouvelles gammes de vêtements de sports et loisirs : Sportswear et Homewear. En 1980, c’est la marque Ta-Hit qui est lancée ; il s’agit de tenues de gymnastique, de danse et de maillots de bain de compétition. La progression trop rapide de la société d’André Silvain, des années 1950 à 1980, engendre des problèmes d’organisation interne qui freinent le développement. Une réorganisation s’impose en 1981. En 1985, Marcel Juan devient le nouveau directeur général et André Silvain reste le président. L’année suivante, André Silvain, qui n’a pas d’enfant, cède son affaire et prend une retraite bien méritée. Les deux marques Boléro et Tropic vont suivre alors deux chemins bien distincts.

Boléro est racheté par Valéro, puis par Damart, puis par Vanity Fair qui ferme l’usine. La production est délocalisée à l’étranger; c’est le déclin de la marque Boléro. Tropic est repris par Valero, puis par Damart qui cède la marque à des groupes internationaux. Après 40 années d’existence et de succès, et après avoir employé plus de 600 personnes, l’Entreprise André Silvain disparaît.

Photo d’André Silvain ( Document A. Lepers )

Le bâtiment de la rue Nadaud est rasé dans les années 1970. Un supermarché à enseigne « Frais Marché Gro » s’installe ; il prend ensuite l’enseigne « Match » puis ferme ses portes. Après quelques années de friche industrielle, on y trouve aujourd’hui des logements sociaux.

3 rue Nadaud ( Photo BT )

Le 18 rue Molière existe toujours ; il est transformé en lofts.

18 rue Molière ( Photo BT )

Le 20 rue Claude Lorrain est transformé et divisé en plusieurs petites entreprises.

20 rue Claude Lorrain ( Photo BT )

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Remerciements aux Archives Nationales du Monde du Travail (ANMT), et à Albert Lepers pour sa documentation et son précieux témoignage.

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7 réponses sur “Boléro et Tropic”

  1. Bonjour,
    Au 24 bis Grand-Rue en 1905, il y avait un magasin de ventes de gants à l’enseigne « Gant Perrin » tenue par « Vve Broux-Détroy ».
    J’ai en ma possession un dépliant publicitaire à 3 volets imprimé recto verso en couleurs, invitant à une « Grande vente spéciale » du lundi 4 au jeudi 7 décembre inclus.
    Comment puis-je vous faire parvenir un scan de cette publicité ?
    Cordialement

  2. Ma cousine travaillait rue Claude Lorrain et je crois me souvenir qu’il y avait des ventes d’usine que nous ne rations pour rien au monde!

  3. Monsieur Termeulen, j’ai lu votre article du 18 mai 2018 sur les établissements A Silvain (Bolero, Tropic).
    Voudriez vous me communiquer votre adresse mail afin que je puisse vous donner des correctifs et informations complémentaires car il semble que n’ayez que le point de vue de Mr Lepers (qui a travaillé pour le Directeur commercial Jean Flauto, mon père et beau-frère de A . Silvain).
    Merci de répondre à mon adresse mail « flautoflorence@neuf.fr »
    Michel Flauto

    1. Bonjour Michel Flauto. Je vous envoie mes coordonnées, sur votre boite mail. A bientôt. Bernard Termeulen

  4. j avais un copain andre choquart qui ete chronometreur pour madame sylvain.ca fait un bout de temps que je n ai plus de ses nouvelles.nous avons habiter au 80 boulevard de la republique.

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