C’est en septembre 1992 que démarre l’expérimentation de la première classe passerelle à Roubaix, dans les locaux de l’école maternelle Jean Macé rue d’Anzin. De quoi s’agit-il ? La classe passerelle peut être considérée comme le chaînon manquant entre la crèche, la halte garderie et la maternelle. Les tout petits peuvent ainsi découvrir progressivement l’école, et qui plus est accompagnés par leurs parents ! Une institutrice, une éducatrice de jeunes enfants (EJE) et un agent territorial spécialisé des écoles maternelles (ATSEM) travaillent ensemble avant la rentrée, au moment délicat de la rentrée, tout au long de l’année, et après dans l’accompagnement vers leur nouvelle classe de maternelle…Au-delà de cette équipe, le centre social des trois ponts, la halte garderie, la PMI qui s’y trouvent, et encore bien d’autres relais se mettent au service des enfants et de leurs parents pour favoriser la réussite de cette première rentrée scolaire. Au-delà de l’enfant, le projet passerelle favorise l’accueil et l’accompagnement de groupe familial. Comment cette première expérience s’est-elle déroulée ? Quels enseignements en a-t-on tiré ? Le dispositif s’est depuis étendu à un grand nombre d’écoles maternelles roubaisiennes…Comment le transfert s’est-il effectué ? L’atelier mémoire recueille les témoignages, n’hésitez pas à contribuer…
Les 30 ans du Centre Social des 3 Ponts
Novembre 1971, un collectif d’une quinzaine de dames du Pont Rouge, déplorant l’absence de locaux d’animation dans leur quartier, sollicite la Ville de Roubaix pour organiser des activités de loisirs enfants dans les « mètres carrés sociaux » des Trois Ponts. Depuis les années soixante, la législation prévoit que des surfaces généralement situées au rez-de-chaussée des immeubles nouvellement construits, soient prévues pour accueillir la vie associative des résidents. Ces « mètres carrés sociaux » seront bientôt appelés les locaux collectifs résidentiels (LCR). La demande du collectif est donc orientée vers l‘Office HLM propriétaire des locaux, lequel déclare qu’il ne peut confier de tels locaux qu’à une association ou à un centre social. Une démarche est faite en direction du Centre Familial Carpeaux qui était à l’époque le centre social le plus proche du secteur.
Après mûre réflexion, le Conseil d’Administration du Centre Familial accepte de tenter l’expérience, et les premières activités s’ouvrent au printemps 1972 à la Tour E, avec l’encadrement de monitrices de loisirs partiellement détachées de Carpeaux. En Septembre une activité couture adultes est ouverte à la Tour D.
La demande s’amplifie tant de la part des adultes que du coté des enfants. L’antenne des Trois Ponts se développe rapidement : une équipe professionnelle autonome est constituée en 1974, un directeur est nommé en fin d’année, des activités complémentaires sont mises en place (enseignement ménager, loisirs maternels, accueil jeunes), de nouveaux locaux sont ouverts Tours F (1975) et B (1976).
Pendant la même période, la dynamique des usagers s’organise avec la création d’un Comité d’Usagers, et la participation de ses représentants au Conseil d’Administration du Centre Familial Carpeaux.
La construction du centre social des Trois Ponts, avenue Kennedy, commence en début 1977. Quelques mois plus tard la Ville annonce que le futur équipement sera municipal, la gestion en étant confiée au Centre Communal d’Action Sociale. C’est la surprise et la consternation pour l’antenne des Trois Ponts qui espérait une gestion associative. Les usagers ne se découragent pas pour autant et engagent des négociations serrées avec la Ville pour défendre leurs valeurs et faire prendre en considération leur volonté de participation active à la gestion de leur structure. Ils sont fortement soutenus dans leur action par les centres sociaux de Roubaix et la Caisse d’Allocations Familiales. Pour conforter leur démarche, ils constituent en fin d’année 1977 l’Association des Usagers du Centre Social des Trois Ponts.
Les négociations aboutissent finalement en Mars 1978 à une convention entre cette association et le CCAS, reconnaissant ainsi l’originalité de la démarche des usagers. Le centre social sera géré par le CCAS, mais l’ensemble des décisions concernant son fonctionnement seront prises par un Conseil de Maison au sein duquel les usagers sont majoritaires, la présidence en étant assurée par un usager. Les locaux du centre social sont inaugurés en Mars 1978, les activités démarrent effectivement en Mai 1978.
Le centre social des Trois Ponts fête donc son trentenaire, le vendredi 5 décembre 2008 à partir de 17 heures, en organisant une exposition, une rétrospective des activités à laquelle va contribuer l’atelier mémoire, et un spectacle hip hop.
Qui était Jules Brame ?
Jules Brame est né à Lille le 9 janvier 1808. Après des études de droit à Lille et à Pris, il est avocat en 1833, auditeur au Conseil d’Etat en 1836 et dès 1840 maître des requêtes. Entre-temps en 1837, il est devenu membre du conseil d’arrondissement de Lille. La Révolution de 1848 le relève de ses fonctions de maître des requêtes, mais il entre peu après au Conseil Général du Nord, pour les cantons de Tourcoing, Cysoing, Orchies. Il bat le roubaisien Théodore Descat aux élections législatives de 1857 et devient député du Nord.
Propriétaire foncier, châtelain de Beaumont à Hem, il est le fondateur d’un comité pour la défense du travail agricole. Il est décrit comme un orateur brillant aux gestes impétueux, mais fort peu diplomate. Protectionniste convaincu, il sera l’ami de Mimerel, perpétuant l’opposition au libre échangisme, à la défection du sénateur comte, au moment du traité de commerce avec l’Angleterre en 1860. Il parviendra notamment à faire porter à l’Empereur Napoléon III une pétition de la chambre consultative des arts et manufactures de Roubaix paraphée de 13.800 signatures, ce qui lui vaudra la reconnaissance de ses électeurs roubaisiens, sous la forme d’une médaille d’or et de trois réélections successives à la députation en 1863, 1868 et 1871.
En août 1870, il est délégué par cent députés auprès de l’Impératrice, l’Empereur étant à la guerre, pour demander le renvoi du premier ministre Ollivier, et son remplacement par le Général Trochu. Le 29 août 1870, il sera ministre de l’éducation nationale pendant 25 jours dans le ministère dit « de la débâcle ». En 1871, il siège à l’assemblée au centre droit, puis il mène une campagne victorieuse contre les compagnies privées de chemin de fer qui dévoraient le budget de l’Etat.
Conservateur, anti-républicain, bonapartiste de la dernière heure, il sera élu sénateur avec l’appui de la droite, au moment de la réorganisation de cette assemblée par la constitution de 1875, pendant la troisième république, et il y siégera jusqu’à sa mort, intervenue à Paris le 1er février 1877.
Jules Brame photos collection particulière et caricature par Humbert (BN.EST 62C19103)
Un marché aux Trois Ponts
En septembre 1976, un marché hebdomadaire s’installe sur le parking de la rue Léonie Vanhoutte. C’est un essai, pour un an, tous les jeudis, les habitants du quartier des Trois Ponts pourront ainsi s’approvisionner auprès des marchands forains. Le démarrage n’est pas un succès, car le beau temps n’est pas au rendez vous, contrairement aux marchands qui sont venus nombreux. Comment la population a-t-elle vécu cette expérience ? Le marché a-t-il été reconduit les années suivantes ? A vos souvenirs…
Des rues aux noms de villes belges
L’avenue de Verdun n’est pas encore tracée, les tours et les immeubles actuels n’existent encore que sur les plans des architectes…il y avait dans le quartier des Trois Ponts une série de rues au nom de villes belges. Les importantes rues de Charleroi et de Tournai, mais également les petites rues d’Ath, de Bruges, de Liège, d’Ostende et d’Ypres. Que trouvait-on dans ces rues, avant qu’elles ne disparaissent dans le chantier de la cité des Trois Ponts ?
Est-ce un Dodeigne ?
L’atelier mémoire des Trois Ponts souhaite obtenir des précisions sur la statue qui se trouve devant l’entrée de l’école Pierre de Ronsard, qui fut autrefois comprise dans l’enceinte de cette école, avant que l’on ne recule les grilles pour permettre un meilleur accueil des enfants et des parents. Qui est l’auteur de cette œuvre ? Quand a-t-elle été installée là ? A-t-elle fait l’objet d’une cérémonie d’inauguration ?
Les cinq de chez Delescluse
Une cordiale réception est organisée le samedi 18 octobre 1958 à l’occasion de la remise de la médaille du travail à cinquante ouvriers des établissements Delescluse frères et Cie. Cette maison de teinture et d’apprêts s’est installée dans la rue de Cohem au n°44 juste après la première guerre mondiale, et on se souvient encore dans le quartier de la teinte rouge ou verte que prenaient de temps à autre les eaux du petit riez (de Cohem) qui passait derrière l’usine.
Autrefois adossée à une zone de champs, elle fait désormais l’angle du carrefour formé par les rues de Cohem, Léo Lagrange et avenue Brame. Avant que le quartier ne devienne l’actuelle cité, il y avait des jardins ouvriers derrière l’usine. L’entreprise disposant d’une parcelle de terrain contigüe à ses locaux a fondé en 1942 un groupe de jardins ouvriers, contribuant ainsi à sa manière au décor champêtre des Trois Ponts. Le groupe Delescluse fait l’objet des soins attentifs du gérant de la société Robert Maincent, du responsable « brigadier » Marcel Coquerelle et des jardiniers des Trois Ponts. Ce grand potager agrémenté d’allées fleuries sera régulièrement visité et primé par les sociétés des jardins populaires.
Mais la récompense du jour, c’est celle de la longévité au travail, celle de la fidélité à l’entreprise et aux services rendus par ses ouvriers. La salle d’apprêts de la rue de Cohem a été transformée en un salon de réception aux murs d’étoffe, agrémentés de guirlandes, ce qui contribue à l’ambiance familiale et solennelle de la remise des médailles. La direction de l’établissement est présente : la famille Maincent, avec ses trois générations de gérants, André le père, ses fils André et Robert, son petit fils Gérard, les directeurs, les contremaîtres et les chefs de place.
Cinquante employés sont mis à l’honneur en ce jour d’automne. André Maincent fils s’adresse aux impétrants, en rappelant les origines de l’entreprise à la prospérité de laquelle ils se sont associés par leur travail et leurs vertus. Il évoque la réputation internationale de l’établissement et célèbre la mémoire du premier ouvrier de l’usine, Théophile Bracq, ainsi que celle des disparus de la première heure. Après un hommage rendu au directeur de la teinture, M. Gaston Gilleman, il s’adresse particulièrement aux cinq frères Maguerre. En effet, cette famille de quatorze enfants, originaire du Pas de Calais, installée à Roubaix après la première guerre, a confié cinq de ses fils à la teinturerie. Fernand, Joseph, Pierre, Auguste et Hubert Maguerre se trouvent ainsi honorés parmi les cinquante médaillés du jour. Cette fratrie familiale et professionnelle leur vaut les félicitations de la direction, des cadres et du personnel de toute l’entreprise. Un cadeau leur est fait par leurs camarades de travail.
André Maincent fils remet alors les médailles avec un petit mot aimable pour chacun, avec cadeaux et enveloppes, et André Maincent père vient apporter son témoignage d’amitié et ses félicitations. La manifestation se poursuit par un vin d’honneur, puis les participants se retrouvent au café Bellevue pour un lunch.
Cette petite évocation des Trois Ponts d’autrefois met en valeur que le quartier n’était pas une campagne abandonnée. On y habitait, on y travaillait la terre, et on y travaillait aussi en usine, comme l’indique le caractère industriel des rues Brame et de Cohem. En bref, on y vivait.
Octobre 1966, l’école Jean Macé s’agrandit
Le quartier des Trois Ponts va se développer et l’on anticipe les besoins en établissements scolaires. Il est décidé en octobre 1966 de compléter l’école Jean Macé par la construction d’une école maternelle, d’une école de filles, d’un réfectoire et d’un gymnase. L’ouverture de l’école de filles est prévue pour la rentrée 1967. L’école de garçons Jean Macé fut construite en 1931 ouverte en 1932 et inaugurée en décembre 1933 par Jean Baptiste Lebas. Elle remplaçait l’école de la rue Delezenne devenue trop vétuste. Cette école est vite devenue le centre festif des quartiers du Pile et des Trois Ponts par la présence d’une salle des fêtes et d’une amicale laïque très active, laquelle a développé des activités sportives qui trouveront ainsi l’équipement approprié avec le nouveau gymnase. L’écriture de l’histoire de ce lieu chargé de mémoire ne fait que commencer…A vos souvenirs !
Septembre 1957 : on l’appelait l’école des vaches
C’est au début de l’année 1956 que la ville de Roubaix lance un vaste plan de constructions scolaires. On bâtit des écoles dans les quartiers du Sartel, des Hauts Champs, de la Potennerie, et du Pont Rouge. Ce dernier quartier vient de connaître la construction de quatre cents logements dans l’espace compris entre l’avenue Salengro et l’hôpital de la Fraternité, traversé par la rue Robert Schumann. On commence la construction d’un groupe scolaire à deux pas de la ferme Lebrun, dans le prolongement de l’avenue Julien Lagache. L’architecte Pierre Neveux est le concepteur de ce nouvel établissement scolaire qui comportera seize classes. Comme il est situé à l’extrémité du quartier récemment bâti, il sera donc appelé Groupe scolaire du Pont Rouge, ce qui provoquera quelques confusions avec l’école de plein air du Pont Rouge située à quelques centaines de mètres de là.
L’inauguration du nouveau groupe scolaire aura lieu le 21 septembre 1957 et sa première directrice sera Madame Julienne Pruvot Lozé. Il comporte dix classes de filles, avec une section d’enseignement ménager, six classes maternelles, et une cantine.
Un autre nom lui sera bientôt attribué. L’avenue Julien Lagache s’arrêtant bien avant l’école, un bon chemin campagnard conduit parents et enfants à la grille d’entrée. Le groupe scolaire voisinait encore avec des pâturages avec de belles vaches. On parlera alors de l’école des vaches, qui se situait à l’orée du dernier coin de campagne de Roubaix.
Madame Jardez, directrice, et sa classe en 1980
L’école des vaches est peut être à la campagne mais elle est moderne : les dix classes disposées au rez-de-chaussée et à l’étage sont longées par un couloir orienté au nord, les larges fenêtres des classes accueillant la chaleur du soleil. L’établissement est équipé du chauffage central, de lavabos, de pupitres et de vestiaires. On prévoit déjà dans le prolongement du préau une salle de gymnastique et un terrain de sport au milieu d’une pelouse.
Cette école perdue au milieu de terrains encore embroussaillés et de pâtures ne restera pas longtemps isolée. On l’appelle déjà l’école publique des Trois Ponts, car elle accueille des enfants de la rue de Cohem et du Carihem, avec ceux de la Fraternité et du Pile. Elle verra la cité des Trois Ponts se construire, et d’autres enfants arriver, en 1969 de la rue Léonie Vanhoutte et de l’avenue Kennedy, en 1970 de la rue Léo Lagrange…A ce moment, on parle de construire une école de garçons de dix classes pour compléter le groupe scolaire existant, on y entrera par l’avenue de Verdun, une nouvelle voie qui rejoint désormais l’avenue Julien Lagache avant de filer vers le Pile. La première rentrée des garçons aura lieu en septembre 1971. Les pâtures et les broussailles ont disparu pour laisser place à la cité. Le groupe scolaire devient alors l’école Pierre de Ronsard. Sa partie la plus ancienne a célébré en 2007 le cinquantenaire de sa création, avec une grande fête pour l’occasion.
Le centre commercial des Trois Ponts
Février 1972, on annonce l’ouverture d’un centre commercial aux Trois Ponts pour septembre. Les travaux débutent alors que les trois quarts des logements construits dans la cité sont occupés, soit 1200 logements et qu’il reste encore 400 logements à terminer pour 1973.
Un centre commercial de 1300m² sera construit de février à mai, et la répartition des cellules est déjà connue : une supérette Coop occupera 712 m², il y aura une pharmacie, un café, une librairie journaux, une boulangerie, et un dernier commerce qui reste à déterminer. Quelle a été l’évolution de cette surface commerciale depuis cette époque, voilà notre nouveau thème de travail. A vos contributions !