Julie ch’est mi

Francine Willem naît en 1926, à Roubaix. Elle est la fille de Maurice et Lucie Willem, commerçants en rideaux au 12 14 contour Saint Martin. Toute petite, Francine écrit sur papier des histoires, griffonne des poèmes car elle aime particulièrement le bruit du stylo sur son cahier.

Au début des années 1950, Francine se passionne pour l’animation. Elle devient présentatrice d’une émission : « Les Matinées Enfantines » à la radio, en invitant des enfants ( les Friquets et les Friquettes ) à chanter, conter et jouer la comédie. C’est une des grandes émissions radiophoniques de Léon Plouviet, plus connu sous le nom de « Grand Papa Léon », sur « Radio-Lille » qui émet également des musiques de jazz et des sketchs en patois.

Radio Lille ( document famille Willem )
Léon Plouviet surnommé : « Grand Papa Léon » ( document famille Willem )
document famille Willem

Le patois n’a pas vraiment droit de cité dans la famille Willem, mais Francine s’intéresse à cette forme de langage, surtout quand la vieille cousine Julie vient à la maison pour l’initier aux accents picards et au patois savoureux. Elle découvre d’ailleurs sur une thèse d’un étudiant en lettres, qu’il y a plusieurs patois roubaisiens différents, et commence à rédiger des textes et des sketchs joués par des comédiens. Un jour, elle monte sur scène pour remplacer Jos, un acteur absent, et grâce à son talent, elle fait un triomphe monumental. Elle choisit un nom de scène et devient Francine Guillaumes, nom d’un charmant village des Alpes Maritimes qu’elle apprécie énormément.

Elle se marie en 1948, avec Michel Surin, le fils de M et Mme Surin Baudet, qui tiennent une bonneterie au 107 rue de l’Alma à Roubaix. Ils habitent tous deux, rue du Marquisat à Roubaix. Trois enfants plus tard ( Monique, Brigitte et Martine ), ils habitent au 39 rue Gustave Delory à Croix. Michel Surin est musicien, il manie les notes comme elle joue avec les mots. Il va mettre de la musique sur ses poèmes qui deviennent des chansons. Francine se lance alors dans des pièces pour enfants et à la mort de « Grand Papa Léon », elle reprend le flambeau de son émission en 1967 et fonde le fameux Club des Juniors.

Francine Guillaumes à la bibliothèque de Roubaix ( document Nord Matin )

Le 31 Octobre 1967, sur la scène du Casino de Roubaix, se joue la pièce que Francine et Michel ont créée : « La Nuit du Gardian ».

La nuit du Gardian ( document famille Willem )

Francine écrit des chansons, des sketches, des saynètes et des feuilletons et produit des émissions poétiques ; elle est également critique lyrique au théâtre de Tourcoing. Mais elle a toujours en tête une idée bien précise : monter sur les planches pour s’exprimer et présenter ses histoires en patois. A la fin des années 1960 elle peaufine son dialecte picard et pense bien sûr à sa vielle cousine Julie qui l’a initiée au patois ; elle se fait alors connaître en tant que « Julie ch’est mi ». Pendant 5 années, à partir de 1975, tous les dimanches, elle fait paraître sur le quotidien Nord Eclair une chronique en patois, un regard bien à elle sur les événements de ce monde, et sur la vie de tous les jours.

document Nord Eclair 1977

En 1979, c’est la première à Croix, de son spectacle « Faut t’cheusir ». Depuis des milliers de personnes se sont entassés autour des scènes régionales, séduits par la drôlerie et l’invention verbale de ce personnage en passe de rejoindre Fons et Zulma au Panthéon de nos gloires régionales. Le succès appelle le succès. Une maison de disques lui propose de chanter sur un microsillon. Puis elle passe du disque à la scène. Elle sort de son placard un chapeau noir bordé de cerises, une robe à fleurs, des chaussettes montantes et un parapluie baptisé Isidore. Le personnage « Julie ch’est mi » est créé.

document famille Willem

Pendant plus de dix ans, elle fait vivre la Cave aux Poètes à Roubaix et présente ses spectacles sur toutes les scènes de la région. En 1980, elle se produit sur cette scène roubaisienne pour enregistrer son deuxième spectacle : « De l’aut’côté du rucheu ». Elle fait aussi de la radio sur Fréquence-Nord avec ses chroniques et sur France 3 en présentant la météo, tous les lundi de 12h15 à 12h30, en patois bien sûr.

documents BNR

En 1982, Francine ( ou Julie, c’est comme vous voulez ) travaille son troisième spectacle. Elle a de la répartie et de l’entregent, sait écouter et est capable de partager ses idées. Elle est sur scène comme dans la vie, lance des pataquès mais déteste la vulgarité et les plaisanteries en dessous de la ceinture. A la fin des années 1980, Francine gère un magasin de disques au 92 rue du Fresnoy.

documents INA

En 1993, Francine a 65 ans, toujours petite et menue, elle habite désormais dans la Somme et continue ses spectacles, là où on la demande.

document Nord Eclair 1993
document Nord Eclair 1993

Francine décède le 19 Janvier 1998 à l’âge de 72 ans, paisiblement, dans son sommeil. Sous son curieux feutre à cerises, sa silhouette menue a toujours communiqué un patois bien de chez nous, pendant de nombreuses années. Elle a promené son regard pétillant et à la fois naïf sur toutes les scènes de la région avec son accent bien à elle et ses vérités qu’elle jugeait toujours bonnes à dire.

document Nord Eclair 1998

Avant son décès, elle fait passer le message ci-dessous dans la presse locale : « Julie a toujours fait rire les gens par sa fausse naïveté, les spectateurs se retrouvent dans le personnage de Julie, parce qu’en fait, ils rient d’eux-mêmes. Le patois : il y a encore beaucoup de gens qui disent que le patois est mal porté, mais c’est faux, parce qu’il y a 200 ans, les bourgeois parlaient patois ! ».

Près de 30 années après son décès, Julie continue d’exister, et à coup sûr de faire rire. Ce sera toujours le temps des cerises, des merles moqueurs et des gais rossignols.

Photo P Cheuva

Remerciements à la famille Willem ainsi qu’aux archives municipales.

Ecole Sainte Geneviève

En 1974, dans le nouveau quartier d’Hem la vallée, deux nouvelles écoles voient le jour pendant les vacances ; l’école publique Delattre de Tassigny (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site) et une école maternelle privée l’école Sainte Geneviève. Les travaux de construction de celle-ci sont les premiers à débuter à proximité d’un champs de pommes de terres sur lequel s’étend la cour de récréation.

Photo aérienne en 1962, avant l’arrivée des 2 écoles (Document IGN)

Pourtant la rentrée doit être reportée, l’entreprise chargée de les effectuer au début n’ayant pu respecter les délais fixés par l’administration des écoles privées. Si le personnel chargé d’encadrer les futurs 150 à 200 élèves est désigné, l’aménagement intérieur n’est pas achevé et les sanitaires restent à installer dans la petite école sise 229 rue de la Vallée.

La rentrée de 1974 est retardée (Document Nord-Eclair)

Mme Lemaître, la directrice, propose deux solutions de remplacement aux parents, dans l’attente de la rentrée, différée d’une semaine, dans ce nouvel établissement qui comprend 4 classes, 2 salles de repos, une de matériel et une de sports, à savoir patienter et garder leurs enfants à la maison ou leur faire effectuer leur rentrée à l’école Notre Dame de Lourdes rue Coubronne (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Après la rentrée un appel paraît dans la presse locale car il reste des places disponibles.

Places disponibles pour inscription à la nouvelle maternelle (Document Nord-Eclair)
Photo aérienne en 1976, après la construction des 2 écoles (Document IGN)

Comme dans toute école, chaque année les petits élèves posent pour la photo de classe devant leur établissement. En 1978 et 1979, la presse locale se fait l’écho des voyage de classe des enfants de l’école, sous le soleil, à Verlinghem pour voir des animaux en quasi liberté puis, l’année suivante, l’école d’agriculture et d’horticulture de Genech, des activités scolaires axées sur le respect de la nature, le travail des hommes et l’éveil à la beauté.

Une photo de classe en 1977 (Document copains d’avant)
Sorties à Verlinghem en 1978 et Genech en 1979 (Documents Nord-Eclair)

Outre les sorties éducatives les petits fêtent, comme les plus grands, le carnaval, comme en 1986 avec Marie-Hélène Lebrun, la directrice. Pour l’occasion les chapeaux de fée sont posés sur les passe- montagne en raison du froid très vif qui règne à l’extérieur. Les 65 enfants mettent leurs nez rouges pour faire une promenade d’une demi-heure à l’extérieur sous la surveillance d’un groupe de 4 policiers pour prévenir tout risque d’accident.

Le carnaval en 1986 (Document Nord-Eclair)

L’année suivante, un grand spectacle est organisé, sur le thème du cirque pour l’occasion. Les enfants ont tout préparé, depuis les décors et les costumes, jusqu’aux numéros présentés : clowns, jongleurs, acrobates mais aussi ours, lions et éléphants…Puis parents et enfants refont le plein d’énergie en dégustant crêpes gaufres et pâtisseries vendues sur place en vue de financer le prochain voyage scolaire.

Le cirque à Sainte Geneviève (Document Nord-Eclair)

Au cours de cette même année 1987, les 65 enfants de l’école sont mis à contribution pour s’attaquer à la rénovation de leur cantine. Pendant 6 semaines, aidés par leurs 3 enseignantes et approvisionnés en pinceaux et en couleurs par le comité de gestion de l’école, les enfants imaginent et réalisent fresque murale, nappes, mobiles et vases de fleurs en ateliers. L’inauguration leur permet de profiter de la venue d’un magicien puis d’un goûter qui se termine par des danses.

Dessine moi une cantine (Document Nord-Eclair)

Bien sûr, à Sainte Geneviève comme dans toutes les autres école l’incontournable reste la traditionnelle fête de fin d’année. Ainsi, en 1988, après la remise des prix aux 70 élèves de l’établissement, différents stands permettent à tous de s’essayer à la roue, la main-courante, le chamboule-tout… Puis un repas réunit une cinquantaine de parents le midi avant de consacrer l’après-midi à la danse, du far-west à la Yougoslavie, en passant par l’Europe du Nord. Enfin la fête se termine par une grande tombola et plusieurs familles repartent chargés de cadeaux.

La fête de fin d’année en 1988 (Document Nord-Eclair)

La fin de la décennie 1980 et les années 1990 ne dérogent pas à la règle du carnaval. La traditionnelle dégustation de crêpes est suivie en 1989 d’un spectacle de marionnettes du théâtre de la Guignotte avant de laisser la place aux chansons et aux danses. L’année suivante ce sont 80 enfants qui se déguisent, car les effectifs sont en hausse, et profitent d’un spectacle de magie.

Carnaval en 1987, 1989, en 1990 (Documents Nord-Eclair)

Le spectacle de fin d’année en 1993 est particulièrement grandiose. La fête se déroule à la salle des fêtes : l’APEL se charge de l’intendance (friterie, buffet froid) mais aussi des jeux ; 300 personnes assistent au spectacle. En 1ère partie un groupe régale l’assistance de chansons des années 1970, puis les enfants interprètent la grande aventure de Gigi l’Hirondelle. Et en 95, ce sont 95 enfants qui font la fête, pour le carnaval, dans la salle Dunant prêtée par la mairie, devant un public de près de 400 personnes.

Spectacle de fin d’année en 1993 et carnaval en 1995 (Documents Nord-Eclair)

Durant ces 2 décennies l’école n’a pas subi de modification notable en dépit de variations d’effectifs. La presse, en 1974 parlait de 150 à 200 élèves qui pouvaient y être accueillis mais le nombre d’élèves n’a en fin de compte jamais atteint la centaine, variant entre 65 à ses débuts, avec 3 enseignantes, et 95 élèves à la fin du 20ème siècle.

Photos aériennes de 1981 et 1992 (Documents IGN)

En 1999, l’école qui compte 3 classes de maternelle et accueille 87 enfants, se voit affecter une toute nouvelle équipe : Mme Vanhoutte, la nouvelle directrice, et Mme Férez, la nouvelle enseignante, se joignent à Muriel Grimbele pour les encadrer. Cette dernière s’occupe des petits et Mme Ferez des moyens tandis que la directrice prend les grands en charge.

La nouvelle équipe enseignante en 1999 (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Octobre 1905

Octobre 1905 le journal des sports

Pub parue dans le JdeRx

Cyclisme. Après plusieurs reports, le journal le Sportsman de Bruxelles et le vélodrome de Roubaix ont fixé la date du Paris Bruxelles au 1er octobre. Tous les grands cracks de la route seront là. Trousselier vainqueur du Tour de France, de Paris Roubaix et de Paris Valenciennes, Vanderstuyfdt le jeune coureur d’Ypres, vainqueur des douze heures de Roubaix, et du Bol d’Or, Pottier qui se classa second dans la plupart des grandes épreuves de l’année, Dortignacq le jeune coureur landais, Cornet, Ringeval, Chauvet, Passerieu, Beaugendre, Georget, Wattelier, Fourchotte, Decoup, Garrigou… Côté belge on aura aussi Samson, Sales, Huyskens, Leclercq, Wattripont, Zwarte Leeuw, Van Meerhaghe. Et tout le lot de nos régionaux : Catteau, Léturgie, Niedergang, Colsaet, D’hulst, Crupelandt, Prévot, Dartois…

Le départ sera donné à une heure de l’après midi place du Conseil à Cureghem-Bruxelles. Il n’y aura qu’un seul contrôle fixe, les coureurs ne devront descendre qu’une fois pour signer la feuille de contrôle à Toufflers bureau des douanes françaises. Un service automobile sera organisé pour la surveillance de la route. Le tracé de la course : Bruxelles, Hal, Enghien, Ath, Leuze, Tournai, Marquain, Hertain, Blandain, Templeuve, Toufflers, Lannoy, Hem, Vélodrome de Roubaix.

Louis Trousselier vainqueur de Bruxelles Roubaix JdeRx

Cyclisme. Le vainqueur de Bruxelles Roubaix est Louis Trousselier, au sprint devant Passerieu et Vanderstuyfdt. Après l’arrivée des premiers, le public envahit la pelouse du vélodrome, empêchant les autres coureurs de lutter régulièrement jusqu’au bout et gênant considérablement les opérations du jury. Un peloton de tête composé d’une vingtaine de coureurs s’est détaché pour traverser Hal à toute allure. À la sortie d’Ath une triple chute mais le peloton reste compact malgré de fréquentes attaques de Trousselier qui cherche à lâcher ses adversaires. À Tournai ils sont toujours vingt, parmi lesquels Léturgie, Crupelandt et Catteau. À 500 mètres du contrôle Trousselier a lâché les autres. Tout au long du parcours, il y a un monde fou. À Lannoy, le peloton des coureurs est arrivé en deux groupes, le premier emmené par Passerieu, le second par Samson. Après le passage de l’Hempenpont, les coureurs se sont succédé par groupes de deux ou trois. La pluie se met à tomber. Trousselier entre le premier au vélodrome suivi à 5 ou 6 mètres de Wancourt et Passerieu, Léturgie et Catteau. Vanderstuyfdt parvient à rejoindre Trousselier et Passerieu mais il commet une erreur. Il lâche son guidon à la fin du deuxième tour, croyant avoir gagné, alors qu’il y en a trois à effectuer. Prévenu par le public, il repart mais se fait battre au poteau par Trousselier et Passerieu. Crupelandt finit 4e, Catteau 5e, Proy 6e et Léturgie 7e. Beau résultat pour nos régionaux.

Pub dans le JdeRx

Football. L’UST bat le Club Athlétique de Paris XVIe par 6 buts à 1. Le match s’est joué par un temps superbe sur le magnifique terrain du boulevard Gambetta.

Aérostation. Dimanche a été donné aux jardins des Tuileries à Paris, devant vingt cinq mille personnes, le départ d’un grand concours de distance en ballon qui constitue le grand prix de l’aéro club de France. Il y avait une vingtaine de concurrents parmi lesquels un roubaisien M. E.V. Boulenger montant son ballon l’Éden (800 m³ ). Parti dimanche après-midi de Paris à 3 heures 14, M. Boulenger a très heureusement atterri lundi matin à 1 heure 40 près de Anneberg en Saxe. C’est une superbe performance. On attend le classement de l’épreuve.

Football. Les premiers matchs des championnats du Nord. Le RCR bat le SR par 10-0. L’UST bat le SCT par 7-2.

Cyclisme. Ce fut une réunion de clôture mouillée au vélodrome roubaisien. Malgré la mauvais temps, Marcelli le sympathique champion du Nord est sorti vainqueur de son match contre Jacquelin et Vandersrtuyfdt, gagnant aisément les trois manches devant ses adversaires sans doute gênées par la pluie. Course de lenteur sous la pluie, à la cloche Marcelli démarre et s’adjuge la première manche. La seconde manche, le jeune yprois dérape et dégringole mais se relève sans mal. Marcelli gagne avec dix longueurs d’avance sur Jacquelin. Troisième manche, même scénario.

Football. Championnats du Nord. Résultats : le SCT bat le SR par 3-2, match joué sur le terrain du Stade Roubaisien au Pont Rouge. Le RCT (Racing Club Tourquennois) bat l’ICR (Iris Club Roubaisien) par 6-1.

Imprimerie Choquet

Karl Choquet et son épouse Berthe, née Legrand, créent leur commerce d’imprimerie-papeterie, à Saint Amand les Eaux, en 1895. Karl décède malheureusement très rapidement, Berthe continue seule l’activité, et ce pendant plusieurs années. Gaston Choquet, leur fils apprend le métier et vient aider sa mère à la tenue de ce petit commerce. Avec son épouse Germaine, il développe fortement l’activité. Ambitieux il souhaite alors s’installer dans une grande ville, pour développer davantage son affaire. Il pense s’installer à Lille, mais sans succès et se décide de reprendre un commerce situé au 9 rue du Moulin à Roubaix, en 1957. Ce local a toujours été occupé par une librairie papeterie imprimerie ; dans les années 1900 par A. Chevalier, dans les années 1910 par Mme Verbaere, dans les années 1920 par Mme Leroy Deldique, dans les années 1930-40 par Alfred Hibon et dans les années 1950 par J Ferla.

La façade du 9 rue du Moulin ( document collection privée )
document collection privée
document collection privée

Gaston délaisse l’activité de libraire-papetier pour se consacrer à son métier d’imprimeur. C’est en effet l’époque où l’on imprime les cartes de visite, papiers à en tête, images de communions, faire-part de mariage etc. Les affaires de Gaston, en ce début des années 1960 sont exceptionnelles. La qualité de son travail est irréprochable, les clients sont nombreux, non seulement les gens du quartier, les grandes familles roubaisiennes du textile mais également le personnel de l’usine voisine Motte Porisse, où les salariées déposent les commandes le matin avant le travail et reprennent les travaux finis le soir avant de reprendre le car pour rentrer chez elles dans la région minière.

Publicité 1962 ( document Nord Eclair )

Rapidement les locaux du commerce du 9 rue du Moulin s’avèrent trop exigus. Gaston songe sérieusement à s’agrandir pour faire face au développement. L’occasion se présente lorsque le local du 16 ter boulevard de Paris se libère. C’était, dans les années 1950, l’agence immobilière Quéraud Ponteville. Gaston signe le bail, installe son imprimerie à cet endroit en 1966 mais garde le local de la rue Jean Moulin ( qui vient de changer de nom cette année ) pour son commerce de papeterie.

Plan cadastral
Publicité 1966 ( document Nord Eclair )

En 1970, Gaston et Germaine abandonnent le commerce de la rue Jean Moulin pour se consacrer exclusivement à l’imprimerie dans leur local du boulevard de Paris de 83 m2. Dans les années 1980, Christine et Eric, les deux enfants, viennent aider leurs parents à la gestion de l’entreprise.

Publicité 1982 ( document collection privée )
Publicité 1988 ( document collection privée )

Au milieu des années 1990, les premières difficultés apparaissent ; L’arrivée d’Internet dans les entreprises puis dans les foyers, perturbe complètement l’activité. L’imprimerie au début du siècle était indispensable, voire même de première nécessité, ce n’est alors plus le cas. Gaston doit réagir car l’imprimerie est passée en peu de temps du plomb au numérique. Les travaux de cartes de visite, de faire-part de naissance, de mariage diminuent de plus en plus. La situation de l’entreprise devient délicate.

document famille Choquet

En 2003, Emilie Choquet, le fille de Christine et donc la petite fille de Gaston arrive dans l’entreprise en situation très délicate pour tenter de la sauver. Avec beaucoup d’idées et de courage, Emilie Choquet prend les bonnes décisions, elle met fin aux ancestraux travaux d’imprimerie, écoute les demandes des clients et change complètement de méthode, entamant un revirement sans précédent pour rendre l’imprimerie attractive.

document famille Choquet

Le 16 Avril 2009 Emilie reprend l’affaire. Elle gère seule, le commerce.

« Ceux qui me sollicitent, accordent une importance toute particulière au contact humain et à la proximité que nous pouvons avoir, explique-t-elle dans la presse locale. C’est aussi important pour moi, de fournir un travail fait sur-mesure qui correspond pleinement aux attentes de chaque client. »

En 2020, quand l’entreprise doit fermer pour cause de confinement durant la crise sanitaire, Emilie en profite pour créer son site Internet afin de se diversifier et de drainer une nouvelle clientèle. Pour faire face à l’évolution de son commerce, Emilie décide d’effectuer des gros travaux de rénovation ( fenêtres, façade etc ) mais également de louer une partie de son local à une agence immobilière ainsi que deux autres locaux à l’arrière, rue des Loups.

En 2025 l’imprimerie Choquet fête son 130° anniversaire. L’entreprise a dû s’adapter à son époque et aux évolutions liées à Internet, notamment.

Emilie Choquet ( document Voix du Nord )
La façade en 2025 ( document Voix du Nord )

Aujourd’hui, l’imprimerie Choquet offre un service clientèle au top ( accueil, photocopies, tampons encreurs, cartes de visite, flyers, affiches, faire-part de mariage…). Elle continue aussi à imprimer en grande quantité mais ce n’est plus qu’une petite partie de l’activité. Conseils et rapidité, c’est encore le credo de cette maison ancestrale. Un exemple de petit commerce de proximité qui tient le coup, vaille que vaille.

document famille Choquet

Remerciements à Emilie et Christine Choquet ainsi qu’aux archives municipales.

Nord-Climatisation (suite)

En 1995, l’entreprise hémoise rachète la société Brillois, spécialisée dans la plomberie, le chauffage et la climatisation, ce qui lui permet d’entrer sur le marché de la climatisation industrielle. La société entre au GIE Les Climaticiens de France, un réseau de 22 entreprises de climatisation à travers l’ héxagone, ce qui lui permet de suivre des clients à la tête de chaînes multiples avec des magasins répartis sur tout le territoire. C’est également l’année de l’ouverture de son agence à Paris où se situe 40% du marché de la climatisation française.

Huit ans après son ouverture, en 2000, l’entreprise hémoise, dirigée par Emmanuel Bayart, PDG, et Etienne Denis, directeur, occupe 55 salariés et s’agrandit. Nord Clim qui réalise des études et installations de climatisation, chauffage, ventilation, extraction et filtration pour les entreprises et les particuliers installe de nouveaux bureaux dans les anciens magasins et construit de nouveaux locaux pour la partie stockage.

Des bureaux dans les anciens magasins en 2000 (Document Nord-Eclair)

La superficie des bâtiments passe à 2000 mètres carrés. Il faut dire que le marché de la climatisation est en plein essor et que la petite entreprise, vieille de plus de 30 ans, fait face à un développement important de son activité. Son chiffre d’affaire a explosé, passant de 44MF en 1998 à 65 MF en 1999.

Un nouveau local de stockage en 2000 (Document Nord-Eclair)

L’inauguration du « Divescope » a lieu au même moment avant son installation prochaine dans les fonds marins à Nouméa. Cet engin a pour vocation de permettre aux plongeurs de contempler tranquillement les coraux et bancs de poissons. C’est une vitrine du savoir faire de la région qui en a réalisé la chaudronnerie, les soudures, mais aussi la vérification, l’usinage ou l’armature. Quant à Nord Clim, elle en a réalisé le traitement de l’air et la climatisation.

Inauguration du Divescope (Document Nord-Eclair)

L’entreprise, qui compte 135 salariés, alors qu’elle avait démarré avec 12 personnes, mise beaucoup sur la formation interne en ce début de vingt et unième siècle. 90% des opérateurs y sont formés directement grâce à une école de formation interne qui s’installe dans la zone de la Pilaterie à Marcq-en-Baroeul. En effet, ce secteur d’activité manque alors cruellement de professionnels compétents.

Chaque années 10 candidats en recherche d’emploi ou en reconversion professionnelle intègrent la formation pour une durée d’un an, répartie en quatre mois de cours théoriques et six mois de terrain, coachés par un employé qui devient alors tuteur de stage. Sept d’entre eux en moyenne sont ensuite embauchés.

L’entreprise sur une pente favorable et un salarié dans l’atelier (Document Voix du Nord)

Lorsqu’elle fête ses cinquante ans en grande pompe, en 2016, à la CCI Grand Lille, Emmanuel Bayart et Etienne Denis forment encore de nouveaux projets pour continuer à innover : développer une climatisation purificatrice qui dépolluerait l’air des pièces et développer son activité parisienne qui pour l’instant ne propose qu’un service de maintenance et devrait, à terme, s’agrandir pour proposer également des installations de climatisation.

Les 50 ans de l’entreprise à la CCI Grand Lille (Document La Gazette)
50 ans et plein de projets ; Emmanuel Bayart et Etienne Denis (Document Voix du Nord)
Le logo en 2016, une montgolfière publicitaire et les véhicules devant l’établissement du 7 allée Gabert à Hem (Documents site internet et Google Maps)

Actuellement l’effectif est composé de 185 salariés en équivalent temps plein dont 150 sont des salariés permanents. L’entreprise dispose d’un parc de plus de 120 véhicules et chaque technicien est équipé d’un outillage complet pour l’intervention sur les circuits frigorifiques.

Le logo, des techniciens et le parc de véhicule à compter de 2020 (Document facebook)

La politique de qualité de Nord Clim lui a permis d’obtenir dès le début des années 1990 une certification Iso 9003 « Assurance de la Qualité » et, en juin 2022, la certification Iso 9001 « Système de Management de la Qualité ». Elle dispose également de 4 qualifications Qualibat auprès de laquelle elle s’est engagée dès 1994 et d’une certification bronze Ecovadis obtenue en 2022.

Certification Iso 9001, qualifications Qualibat, certification bronze Ecovadis (Documents site internet)

Dans son rapport d’activités 2023, intitulé Perpectives, Nord Clim se décrit comme une entreprise à mission depuis 2022. Elle met en avant les valeurs incarnées par toute l’équipe à savoir : performance, engagement, responsabilité et respect. C’est l’une des entreprises incontournables de la zone d’activité du Rivage, sur l’ancien site Gabert (sur l’entreprise Gabert voir un précédent article édité sur notre site).

Extraits de Perpectives et vue aérienne de l’entreprise dans la zone du Rivage en 2023 (Documents site internet et Google Maps)

À la mémoire des résistants

Léon et Bernard Wolf doc NM

En ce mois d’août 1945, les leersois rendent hommage à la mémoire des résistants assassinés par les nazis. Une grande manifestation va être organisée par les Jeunesses Socialistes en hommage à Léon Wolf secrétaire de la section socialiste et Bernard Wolf secrétaire des Jeunesses Socialistes et de l’intercantonale de Roubaix, tous deux assassinés dans les bagnes nazis. Ils associent à cette manifestation Édouard Dubrunfaut des Jeunesses Socialistes de Leers dont on est encore à ce moment sans nouvelles. Ardent propagandiste du Parti Socialiste, résistant de la première heure, il fut arrêté par la Gestapo le 13 juillet 1943 en même temps que Pantigny, Wolf, Thiberghien (tous décédés depuis) Coquerel et Delabre. Il fut jeté en prison et odieusement torturé par les brutes nazies. Transféré dans divers camps, il a été vu la dernière fois en avril dernier à Buckenwald par Eugène Thomas. Des recherches entreprises par le Ministère des Déportés sont jusqu’alors demeurées vaines mais ses nombreux amis espèrent encore son retour.

Émile Dujardin résistant doc NM

Avant que cette manifestation du souvenir ait lieu, on apprend le décès d’Émile Dujardin. Depuis quelques semaines le bruit courait, mais nul n’osait y croire. Il n’y a plus de doute à présent. Un camarade de captivité vient de confirmer la triste nouvelle. Né le 26 août 1912, Émile Dujardin était dès son jeune âge membre du Parti Socialiste. Colporteur actif des idées socialistes, il fut mobilisé en septembre 1939 au 90e bataillon de chasseurs à pied. Fait prisonnier en juin 1940, il fut interné au Stalag IX A. Après 45 mois d’une dure et pénible captivité, il devait décéder le 20 mars 1945, victime d’un bombardement anglo-américain. Il sera associé à l’hommage de la manifestation souvenir du 19 août.

Augustin Laurent, Victor Provo et Léandre Dupré doc NM

Le dimanche 19 août, une émouvante manifestation se déroule à Leers où plus de 3000 personnes venues de toutes les communes environnantes se sont rassemblées en cortège derrière la clique Les Volontaires de Leers et la Fanfare La Paix de Roubaix. Les drapeaux d’une trentaine de sections flottent en tête du défilé. Parmi les personnalités, on reconnaît Augustin Laurent ancien ministre des PTT, A. Van Wolput, Just Evrard, Émilienne Moreau membres de l’assemblée consultative, Victor Provo maire de Roubaix, Marcel Guislain président de l’association des déportés, Camille Delabre et René Coquerel compagnons de captivité de Léon Wolf, A. Delebecque, secrétaire administratif de Nord Matin, le docteur Léandre Dupré, M. Dequenne maire de Flers, Lepoutre de Libé-Sud et le conseil d’administration de la caisse d’épargne sociale Le Travail.

Le cortège dans lequel a pris place la famille se rend au cimetière communal où une plaque et des fleurs ont été déposées au monument aux morts. Henri Sury de la fédération des Jeunesses socialistes et A. Van Gysel président du comité de Libération au nom de la section rendent un suprême hommage à ceux qui sont morts pour la France et le Socialisme.

Puis place Sadi Carnot a lieu un grand meeting. Augustin Laurent parle du rôle joué dans la clandestinité par ces héros de la Résistance dont on honore la mémoire. Pour leur rester fidèles, il faudra établir la France sur des bases solides qui ne peuvent être que socialistes. Roger Impens des Jeunesses Socialistes rappelle combien les socialistes et notamment les jeunes ont été nombreux dans les rangs de la Résistance et réclame pour ces combattants le droit à une vie normale et à l’éducation. Henri Massein secrétaire fédéral des J.S. de son côté salue la mémoire des camarades et réclame pour la jeunesse ouvrière l’échelle mobile des salaires et son droit au travail. Marcel Guislain parle ensuite de l’action menée dans la clandestinité par les Wolf, Dubrunfaut et bien d’autres. Leur tâche n’est pas terminée, déclare-t-il, il faut travailler pour instaurer la société socialiste qui nous débarrassera du capitalisme. C’est ainsi que nous resterons fidèles à l’idéal pour lequel nos camarades sont morts. Victor Provo associe à la mémoire des Wolf tous ceux qui ont fait le même sacrifice dans le combat pour la liberté. Le Parti fut dès le début au premier rang de la Résistance et peut réclamer sa place dans l’avenir du pays. Il termine en évoquant la grande figure de Jean Lebas, lui aussi victime du fascisme. Just Evrard qui fut le compagnon de Bernard Wolf dans la Résistance évoque le rôle joué à Lyon par ce héros. Devant le sacrifice de tels hommes, dit-il, nous ne pouvons désespérer des destinées de notre parti. Evrard insiste sur le sens de la prochaine consultation électorale qui assurera les idées de l’internationale socialiste. Il termine par ces mots : si le peuple ne vient pas au socialisme, tous nos morts seront tombés une fois de plus pour le capitalisme. Camille Delabre clôture cette cérémonie en demandant à tous de se mettre au travail pour le triomphe du socialisme. Et la foule se disperse en chantant l’Internationale.

Édouard Dubrunfaut résistant doc NM

Quelques jours après cette cérémonie du souvenir on apprend d’une camarade de captivité demeurant à Bruxelles la triste nouvelle du décès d’Édouard Dubrunfaut à la mi-avril 1943 en Tchécoslovaquie, des suites des privations et mauvais traitements de la barbarie nazie.

4 avenue Gustave Delory

Au 4 de l’avenue Gustave Delory à Roubaix, se trouve un terrain de 3100 m2. Il se situe au beau milieu de 3 rues : la rue Bossuet, l’avenue Le Notre et bien sûr, l’avenue Gustave Delory. Il est donc situé juste en face du parc de Barbieux.

Un immeuble y a été construit en 1900. Cette maison de maître comporte au rez de chaussée un hall d’entrée, 4 pièces, et plusieurs couloirs menant aux pièces de service ( bâtiment marteau ). Au 1° étage, se trouvent quatre chambres et au 2° étage cinq chambres mansardées . Un garage séparé se trouve à l’arrière sur la rue Bossuet voisine.

Photo aérienne 1953

La propriété appartient à V. Valentin-Decoster, industriel dans les années 1920, puis à René Valentin Leloup à partir de 1943. En 1973, René Valentin habite dans la résidence d’Armenonville, au 526 boulevard de Paris. Il souhaite démolir l’habitation et le garage de cette propriété de l’avenue Delory, En effet, cette maison principale est inoccupée depuis quelques temps déjà et en très mauvais état. La toiture et les chéneaux ne sont plus étanches, et ce, depuis des années. Des infiltrations d’eau ont endommagé les plafonds, les murs et les planchers. Le garage est également très endommagé. L’ensemble a manifestement souffert d’un manque d’entretien prolongé.

De plus, l’immeuble inoccupé a subi plusieurs cambriolages et dégradations. Les frais de remise en état et de mise aux normes sont trop importants et paraissent donc disproportionnés avec l’usage qui pourrait en être fait. Le permis de démolir est accordé en Février 1974. Dans le courant de cette même année, un permis de construire est déposé par la SCI Delory-Bossuet pour la construction d’un lotissement de maisons individuelles.

Plan cadastral
le lotissement en construction en 1975 ( document IGN )

Les 15 maisons sont identiques avec un étage. Les façades sont en briques, comme l’exige le cahier des charges de l’avenue. Les pièces principales et les 4 chambres sont réparties sur une surface habitable d’environ 95 m2. Les garages de 50 m2 chacun, sont en sous sol et accessibles par une entrée commune sur la rue Bossuet. Le jardin individuel de chaque maison est de taille très réduite, car les parcelles de terrain sont petites.

Façade principale ( document archives municipales )
Façade arrière ( document archives municipales )
Photo BT 2024

Remerciements aux archives municipales

Chantiers leersois 65-66

Février 1965, l’administration municipale leersoise a réussi à équilibrer son budget, alors qu’elle a mis en chantier pour 130 millions de travaux. André Kerkhove, le maire de Leers fait le point sur les différents chantiers avec la presse. Ce sont d’abord de nouvelles voies qui ont été créées. Dans le quartier du centre, une nouvelle artère va relier la Place Carnot à la Croix des Bergers (rue Léon Gambetta), il y a aussi la rue Roger Salengro qui relie la rue de Néchin à la rue Molière, et la rue Clémenceau.

Travaux rue de Wattrelos photo NE

Puis il y a les rues qui ont été refaites : la rue du Général de Gaulle, la rue Jean-Jaurès, la rue Joseph Leroy. Actuellement en cours de réfection, la rue de Wattrelos sur toute la longueur. Le re-profilage de la place Carnot a été achevé à la satisfaction générale. Un peu partout des élargissements de voies ont été réalisés. Le réseau d’électricité est désormais assuré par des câbles souterrains. La commune est à présent totalement électrifiée. Le problème de l’extension du réseau d’eau potable est résolu. Un important programme de travaux d’assainissements (pose d’aqueducs) commencé en 1965 sera terminé en 1966. La réfection des trottoirs suivra.

Les logecoop de 1966 photo NE

La question du logement est l’un des principaux soucis de l’administration leersoise qui suit plusieurs projets actuellement en cours d’exécution. C’est ainsi que dans le quartier autour de la rue Pierre Catteau, trente deux logements seront habités au printemps prochain.

derrière l’église, le lotissement de 64 maisons et le collectif de 21 appartements Coll familiale

De son côté la Maison Roubaisienne fait construire derrière l’église au lieu dit le Village un groupe de soixante-quatre logements, en accession à la petite propriété. Au même endroit, on a prévu la construction d’un petit collectif de vingt appartements pour jeunes ménages. L’office HLM doit entreprendre en 1966 un programme de quatorze logements locatifs qui complètera le groupe d’habitations de la rue du Capitaine-Bauwens.

les dominos leersois aujourd’hui photo Google maps

Enfin, sur une initiative de M. André Kerkhove, l’administration a été amenée à se prononcer sur un projet de construction de logements pour personnes âgées (dits dominos) qui comprendra quarante cinq logements de plain-pied. Il y aura également une salle de réunions et une salle de soins incluses dans l’ensemble présenté par l’architecte M. Pucheaux. Ces logements seront construits par la Société anonyme d’HLM pour l’amélioration de l’habitat de la région du Nord à Roubaix. Les travaux débuteront dans un mois sur un terrain situé entre les rues Victor-Hugo et Franklin.

D’après NE

Les Hauts-Champs (suite 1)

Une association de locataires travaille à régler les problèmes rencontrés et édite même un bulletin d’information comprenant un compte rendu des actions entreprises, informations et conseils judicieux. Outre la question du chauffage sont ainsi cités l’implantation d’un poste téléphonique et la viabilisation des allées ; restent les points négatifs : le bruit à réguler surtout durant la nuit et la propreté à respecter pour le bien-être de tous.

L’association de locataires au travail (Document Nord-Eclair)

En 1962, deux champions sportifs vivent en tout cas dans la « cité d’avenir » à savoir Alain Mille et Roland Melerowicz. Le premier, du haut de ses 16 ans, est un ancien des Hauts-Champs puisqu’il réside Square des Moulins, avec sa famille, depuis plusieurs années. C’est un espoir régional en course à pied. Le second, arrivé dans le quartier depuis seulement un trimestre, à 32 ans, a déjà parcouru l’Europe pour participer à des compétitions de lancer de marteau, dans l’équipe de France d’athlétisme.

Alain Mille (Document Nord-Eclair)

Six ans plus tard, on construit toujours, par tranche, dans ce nouveau quartier des Hauts-Champs, au carrefour des 3 villes, des milliers de logements. Les possibilités d’accueil sont à présent de l’ordre de 4227 logements dont un tiers d’individuels. L’importance des familles qui y logent est en moyenne de 5 personnes et il semble qu’il n’y ait pas assez de logements destinés aux familles nombreuses et que pour chaque famille il manque une pièce par logement.

La grande muraille et le plan du quartier (Documents Nord-Eclair)

Les locataires ont été reçus par la municipalité de Hem pour faire part de leurs doléances parmi lesquelles : des détritus et ferrailles toujours déposés sur des terrains vagues de la cité et leur enlèvement nécessaire en urgence puis de manière régulière, la vaccination des enfants à organiser dans un lieu situé dans le quartier tel que le Centre Social, l’assainissement du bac à sable de la rue du Professeur Nobel, le renivellement de l’allée menant à l’école et, de manière plus générale, la réalisation de l’embellissement du quartier.

Les locataires reçus par la municipalité de Hem en 1967 (Document Nord-Eclair)

Au fils du temps, des commerces viennent s’installer dans le quartier et rompent son isolement, ainsi que l’obligation pour les familles de se rendre sur Roubaix ou d’avoir recours aux marchands ambulants, plus chers. Ainsi, rue Briet, s’installent une cordonnerie puis une droguerie et une pharmacie et rue Pasteur un studio photo puis une entreprise de décoration et un magasin de papeterie (sur ces sujets voir deux précédents articles édités sur notre site).

Mais c’est surtout l’implantation du supermarché SASI, avenue Laennec, en 1963 qui représente une révolution dans ce nouveau quartier. Dans ce magasin, 190 mètres carrés sont consacrés à la vente d’alimentation, produits frais et liquides, et 130 mètres carrés au non-alimentaire. Un stand boucherie de 35 mètres carrés est tenu en concession par Mr Prinsic et un stand de teinturerie, blanchisserie, nettoyage à sec est tenu par les Ets Duhamel. Une caisse d’épargne doit prochainement ouvrir dans ce qui constituera un petit centre commercial.

Le supermarché SASI et la caisse d’Epargne inaugurés en 1963 (Documents Nord-Eclair)

Par la suite, avenue Laennec on trouvera, au n° 227, un magasin qui vend presse, cadeaux, etc et qui a un magasin annexe rue des Ecoles à savoir le magasin Lobry (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site), avec la blanchisserie Duhamel et une agence de la Caisse d’Epargne. On y trouve également un maître tailleur, Angelo, au n°213 et une retoucheuse, Emilienne Baert, au n°70.

Photo du magasin Lobry dans les années 1960 et photo de l’avenue Laennec à cet endroit et du même emplacement au début des années 2000 (Documents collection privée) Publicités d’Angelo et Emilienne Baert (Documents Historihem)

Par la suite la moyenne surface sera remplacée par le supermarché Longchamp « chez Abdou » et la blanchisserie Duhamel deviendra un lavorama dans la seconde partie des années 1970. Celui-ci, ouvert de 7h à 20h, 365 jours par an, comportera des essoreuses et séchoirs individuels et sera géré par le couple Machtelinck, déjà propriétaire d’un établissement sur Roubaix.

Publicité du supermarché en 1980 et du lavorama en 1975 (Documents Nord-Eclair)

La rue Ambroise Paré ne compte aucun commerce et, à la fin des années 60, elle sert trop souvent de « parking sauvage » pour camions. La rue Beaujon quant à elle abrite une entreprise artisanale à savoir les Ets Maurice Locquinier : tous travaux de couverture, zinguerie, terrasse, etc. C’est dans la rue de la Justice, face à l’école des Hauts-Champs que l’on trouve la droguerie Valcke qui sert également de dépôt pour le Lavoir Mon Plaisir.

La rue Ambroise Paré en 1969, publicité Valcke de 1961 et publicité pour les Ets Locquinier en 1966 (Documents Nord-Eclair)

En 1970, un projet d’aménagement voit le jour concernant le vaste terrain toujours en friche situé à l’arrière de la grande barre, avenues Calmette à Hem et Joseph Dubar à Roubaix. Il est décidé d’en faire un terrain de sports, des jardins de repos pour enfants jusqu’à 6 ans et, pour les plus grands, une piste de patins à roulettes, des pistes de pétanque et un terrain de volley-ball. Pourtant ce projet prometteur ne sera pas mené à terme.

Projet d’aménagement du terrain vague situé derrière la grande barre en 1970 et photo panoramique de 1985 (Document Nord-Eclair)

Quant à l’avenue Calmette, les barres d’immeubles collectifs occupent la quasi totalité de sa longueur et elle ne compte alors aucun commerce. Ce n’est qu’au tout début des années 1970 qu’une maison médicale ouvre ses portes, tout au bout de l’avenue, sur le territoire de Roubaix. La maison Médicale Laennec, implantée sur un terrain de 1000 mètres carrés, rassemble quatre médecins associés, un dentiste et un kinésithérapeute, à l’angle de l’avenue du Président Coty.

Au rez-de-chaussée bas du bâtiment on trouve le sas d’entrée, le hall d’entrée, le cabinet du chirurgien-dentiste, les salles de gymnastique, de massage et de rééducation, la salle d’attente et les cabines de déshabillage. Au rez-de-chaussée haut sont rassemblés un hall d’entrée, un accueil et un secrétariat, une salle d’attente, deux bureaux de médecins, une salle de scopie et une salle de soins pour la petite chirurgie et les urgences. Enfin l’étage regroupe une salle d’attente, trois bureaux de médecins ou spécialistes, une salle de scopie et une salle de réunion. (voir sur ce sujet un article précédemment édité sur notre site).

Maison médicale Laennec en 1970 (Documents Nord-Eclair)

Dès 1975, la saleté repoussante des terrains vagues entre les immeubles fait craindre pour la santé et la sécurité des enfants du quartier qui y jouent. A la fin des années 1970, la presse locale titre : Hauts-Champs, des points noirs disparaissent. Il est question de toute une série de travaux destinée à assurer le mieux-être de la population : viabilisation de la chaussée rue Villemin avec quelques places de parking et quelques ilots de verdure, reconquête de terrains vagues, jonchés d’immondices, situés entre deux rues pour y construire des garages (110 entre les rues Beaujon et Larrey, 120 entre les rues Dunant et Nobel, 97 entre les rues Villemin et Beaujon) et des dépendances pour les riverains. Enfin les trop fameux nids de poule de l’avenue Laennec vont disparaître.

Projet pour les terrains vagues en 1975 et HC des points noirs disparaissent en 1978 (Documents Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements aux archives municipales de Roubaix et à la ville de Hem.

Les mini jupes

Au tout début des années 60, les femmes portaient des jupes au dessous du genou : robe Corolle avec bustier ajusté taille serrée, la corolle de la jupe est amplifiée par le jupon chez Christian Dior ; jupe crayon associée avec des chapeaux à larges bords et illustrée ici par Audrey Hepburn. Le comble de l’indécence était de laisser apparaître un genou.

Photos Marie Claire. A droite, Audrey Hepburn

Mais la jeunesse du « baby-boom », qui commence à représenter un pouvoir d’achat important pour l’industrie du vêtement, aspire à autre chose. Cette aspiration va se traduire dans la mode.

La première minijupe est imaginée par la styliste Marie Quant, qui la commercialise en 1962 dans sa boutique appelée Bazaar sur King’s Road dans le quartier de Chelsea à Londres. On dit qu’elle a été nommée ainsi par référence à la voiture anglaise. Elle voulait innover par rapport à la mode précédente :“Je voulais que ces vêtements soient en rupture totale avec ceux de nos mères” (Quant by Quant). Elle imagine de raccourcir les jupes ramenées à mi-cuisse. Les jeunes apprécient immédiatement la liberté de mouvements qu’elle permet.

Marie Quant à droite – photo Getty

Cette mode est liée au développement des collants importés des Etats-Unis en 1960, souvent associés à des bottes ou à des chaussettes longues. Elle sonne le glas des bas, tributaires de porte-jarretelles. En quelques années, on assiste à la quasi-disparition des bas nylons ; les collants conquièrent le marché pour les jeunes, puis, peu à peu, pour les moins jeunes. Dans ce domaine s’illustre la marque Dim, originalement « Bas Dimanche », fondée en 1953, dont les collants sont lancés 10 ans plus tard par les campagnes de Publicis, associées à une musique qui reste dans tous les esprits.

Photo Belle-en-collant.fr

En France, André Courrèges est le premier à amplifier le phénomène en faisant de la minijupe la pièce maîtresse de sa collection printemps-été 1965. Ceci provoque un scandale dans les esprits conservateurs : en 1964, Noële Noblecourt, présentatrice, est licenciée de la RTF pour avoir montré ses genoux à l’écran.

Document INA

Dans les années suivantes, le mouvement s’étend jusqu’à former une « mode mini » qui prône le raccourcissement des jupes et des robes, et qui les associent à des manteaux et imperméables. La chanson de Jacques Dutronc prend acte du phénomène.

Document Liberation.fr

Coco Chanel n‘a pas compris cette demande de la jeunesse ; elle déteste la minijupe : « Je me suis battue avec tous les couturiers pour ces robes courtes. C’est affreux de faire voir les genoux. Je trouve ça indécent ! (…) Je crois que quand on déballe tout comme ça, on n’a plus envie de rien ». Indépendamment de ce jugement, la mini jupe connaît un formidable essor dans la société et le mot « minijupe » fait son entrée dans les dictionnaires français dès 1966. Les femmes n’hésitent désormais plus à dévoiler leurs jambes, et on découvre qu’il n’y a pas d’âge pour porter la minijupe. Toutes les vedettes et idoles « yéyées » convaincues dès la première heure (sauf Sheila, qui commence sa carrière avec une robe écossaise longue), donnent l’exemple.

Stars en minijupes

La mini-jupe ne tarde pas à envahir nos rues…