Le Vert Pré

En 1975, on prévoit la construction d’un centre médical pour personnes âgées dans le quartier du Carihem, à Roubaix.

document Nord Eclair

Le terrain est d’une superficie de 2,5 ha dont 13.000 m2 sur Roubaix et 11.000 m2 sur Lys-lez-Lannoy. Il est délimité par l’avenue du Parc des Sports, la rue Pierre de Coubertin et l’Ecole nationale de Perfectionnement rue Gambetta à Lys (aujourd’hui Établissement Régional Enseignement Adapté Colette Magny).

Le terrain a été cédé par la municipalité, car le Centre Hospitalier de Roubaix ne possède pas de place, hormis l’immense parcelle du boulevard Lacordaire qui est réservé au projet du nouvel hôpital de Roubaix, de 600 lits, programmé pour la fin des années 1970, voire début des années 1980.

document Nord Eclair
document archives municipales

Ce nouveau bâtiment est un centre de soins et d’hospitalisation pour personnes âgées : une maison de santé ou de cure médicale destinée à l’accueil et aux soins de personnes âgées, qui ont perdu leur autonomie de vie, par suite de maladie ou d’accidents et dont l’état nécessite une hospitalisation de plus ou moins longue durée. Le nom choisi pour ce centre médical est : « Le Vert Pré », car il se situe dans un quartier à la campagne à l’extérieur du centre ville.

document archives municipales

Le nom de code choisi pour le permis de construire est  : V 360, car 360 lits au total sont prévus pour l’établissement. Une première tranche de 120 lits est attribuée en Juin 1975 par le premier ministre Jacques Chirac lors de sa venue dans le Nord. Ces 120 lits sont surtout destinés à libérer une partie de l’hospice Blanchemaille.

L’humanisation d’un hospice signifie la suppression des grandes salles communes, et quand on aménage des petites chambres, on perd de la place d’où la deuxième tranche de 240 lits, qui sera ensuite nécessaire.

Les travaux commencent en 1976. Le centre médical est construit dans un délai de 14 mois. Il est basé sur un modèle agréé par le Ministère de la Santé qui est d’ailleurs le maître d’oeuvre de la réalisation.

document archives municipales
document archives municipales

L’immeuble est construit sur 2, 3 ou 4 niveaux,en fonction des différentes ailes. Trois services de médecine générale à orientation gériatrie sont créés : la convalescence, le moyen séjour et le service chronique ( aujourd’hui les soins palliatifs ).

Les chambres sont confortables avec un ou deux lits ( 3 lits au maximum ).

Le parking pour le personnel de 126 places est placé à l’arrière et une deuxième aire de stationnement pour une vingtaine de véhicules se trouve à l’extérieur pour les visiteurs. Les espaces verts ne sont pas oubliés.

document archives municipales

En attendant l’ouverture programmée le 10 Novembre 1977, le Vert pré organise une opération Portes Ouvertes en Octobre de façon à présenter au grand public l’établissement. Les visiteurs peuvent ainsi voir fonctionner une unité de soins de quarante lits, ainsi qu’une partie des installations de rééducation fonctionnelle et d’examens, les cuisines, le restaurant et les salles de détente.

Opération portes ouvertes ( document Nord Eclair )
document collection privée

En 1978. Mr Watteau directeur du Vert-pré accueille Mrs Pierre Prouvost, maire de Roubaix, Jean-Claude Provo, maire de Hem, Gérard Vignoble, maire de Wasquehal, pour visiter l’établissement de 360 lits flambant neuf. C’est l’occasion de découvrir cet ensemble à caractère résidentiel favorable au repos physique et psychique des pensionnaires arrivés de Blanchemaille, en Novembre. Les visiteurs découvrent les 3 bâtiments du centre du Vert-Pré qui comprend 120 lits de convalescents et 240 lits pour invalides nécessitant une surveillance médicale.

document Nord Eclair

En Septembre 1997, le Vert-Pré fête son 20° anniversaire. Les familles des résidents sont invitées à prendre part aux festivités et à découvrir en même temps la nouvelle salle commune : Le Jardin d’hiver. Mr le maire René Vandierendonck est bien sûr présent et profite de la visite guidée des lieux faite par Mr Tubiana directeur du Centre Hospitalier.

Le jardin d’hiver d’une surface de 179 m2 est orienté plein sud. C’est la nouvelle salle de vie agrémentée de larges baies vitrées et de plantes vertes. Elle offre une ouverture sur l’extérieur et sur les espaces verts. Pour fêter l’événement, le personnel soignant a préparé un spectacle rétrospectif. Au programme, des sketches, des chansons, des comptines et des fables.

20 ans après, le Vert-Pré ponctue la vie des aînés, comme au premier jour, et la leur rend plus belle.

document Nord Eclair

En 2005, la direction décide de supprimer les chambres à 2 et 3 lits, pour les remplacer par des chambres individuelles. Une rénovation et une mise aux normes sont nécessaires en 2015, La façade est entièrement ravalée et repeinte, les 2 premiers étages du bâtiment A sont rénovés pour installer le service des SSR ( Soins de Suite et de Réadaptation ). Le chantier démarre en Octobre 2016, sous la responsabilité du maître d’ouvrage : Marie-Christine Paul, directrice.

document archives municipales

Aujourd’hui, le « Vert Pré » est rebaptisé désormais « les Jardins du Vélodrome ». Une nouvelle histoire commence.

Le centre médical est composé de :

– L’EHPAD ( Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes ) qui propose 144 places. Quelques chambres doubles sont disponibles pour les couples.

– Le SSR ( Soins de Suite et de Réadaptation ), composé de 48 chambres pour 52 patients

– Le Service de médecine physique ( kinésithérapeute, ergothérapeute, orthophoniste . . . )

Pour l’ensemble des 196 résidents, une permanence infirmière et une couverture médicale 24/24 sont disponibles. La résidence comprend : une salle polyvalente climatisée, un jardin extérieur dans un cadre verdoyant et reposant, un espace rééducation, un salon de coiffure, un estaminet géré par des bénévoles, une borne musicale. Elle est dotée d’un pôle d’activité et de soins adaptés ( PASA ) dans la journée.

document les Jardins du Vélodrome

A noter que deux associations ont leurs locaux dans l’établissement des Jardins du Vélodrome : Ludopital qui œuvre pour améliorer le séjour des enfants hospitalisés ( ludopital.fr ) et Méotis qui a un objectif de soins pour la maladie d’Alzheimer ( meotis.fr )

document collection privée

Remerciements à Marie Passavant, directrice, et Danièle Multari, bénévole, ainsi qu’aux archives municipales.

Visite d’une journée à « La Lainière »

document collection privée

En 1956, la direction de l’entreprise de « La Lainière de Roubaix » souhaite faire visiter son impressionnante usine à sa clientèle. Elle affrète alors plusieurs trains à plusieurs reprises, pour faire venir ses clients dépositaires des marques Pingouin et Stemm, directement sur les quais de l’usine au sein même de l’entreprise.

La  »gare » du Crétinier ( document collection privée )

Il faut préciser que la gare SNCF du Crétinier à Roubaix-Wattrelos n’existe pas ! En effet, ce n’est pas une gare SNCF : c’est la gare privée du peignage Amédée Prouvost.

La ligne de chemin de fer Menin-Somain passe entre les bâtiments de l’usine de la Lainière. Un embranchement particulier permet la réception des matières premières et l’expédition des produits finis. La direction a donc profité de cet embranchement pour en faire « la halte du Crétinier ».

document Nord Eclair 1956

A chaque fois, cinq à six cent visiteurs descendent des trains. Ils arrivent de toute la France, via Paris, et sont accueillis par les cadres de l’usine. Vingt groupes de 25 personnes sont alors formés et la visite peut commencer. Chaque groupe démarre une longue expédition de plus de 3 heures, à travers le dédale des ateliers.

document collection privée

Le peignage Amédée Prouvost, en cette année 1956, est une usine plus que centenaire. 4500 employés dont 3000 femmes y travaillent. L’usine a une superficie de 15 hectares.

20 millions de moutons sont tondus chaque année pour les laines du Pingouin. Les toisons laineuses proviennent d’Australie et de Nouvelle Zélande. La laine brute subit de multiples opérations de triage, lavage et cardage.

Le triage de la laine ( document collection privée )

Poursuivis de salle en salle par l’odeur spécifique du mouton, les visiteurs arrivent dans l’immense centrale électrique grande comme une église, où on leur communique des chiffres records annuels : 48.000 tonnes de charbon, 300 millions de litres d’eau chaude, 37 millions de Kwh etc

La production est également impressionnante  car l’entreprise possède 90.000 broches de filature. Parmi les 3000 ouvrières beaucoup viennent quotidiennement du Pas de Calais. La production se fait 6 jours sur 7 en 3 équipes donc 24h / 24h.

La filature ( document La Lainière )

Les clients continuent ensuite leur visite par la teinturerie en écheveaux, puis la salle des « pelotonneuses » qui produisent une pelote à la seconde et enfin la salle des « remailleuses » qui fabriquent les chaussettes Stemm.

Les dépositaires Pingouin et Stemm sont enchantés de leur venue. Ils sont surpris par ces couloirs interminables ( parfois de 400m de long ) mais également par la propreté des locaux y compris ceux de la teinturerie. Ils ont pu, lors de cette visite, comprendre parfaitement la transformation très complexe du ruban de laine en fil, et du fil en pelote.

document collection privée
document collection privée

La visite se termine, un apéritif est servi au Pavillon du stade Amédée Prouvost où débuta l’époque héroïque du C.O.R.T. ( Club Olympique de Roubaix-Tourcoing ). Un repas est ensuite servi au restaurant de l’usine dans un cadre plaisant et aéré. Jacques Prouvost, administrateur délégué, Philippe Bourguignon, directeur général et Jacques Thomassin, directeur de la publicité assistent bien évidemment au repas.

document collection privée

Les concessionnaires des laines du Pingouin peuvent à la fin de leur visite, expédier une carte postale datée du 18 Juin 1956.

document collection privée

L’objectif de ces visites très bien organisées est bien-sûr de créer un véritable esprit de famille entre le producteur et son client.

Au cours des années suivantes, ce sont 2 illustres visiteurs qui vont honorer l’entreprise de leur présence : en 1957, Elizabeth II d’Angleterre et en 1960, Nikita Kroutchtchev.

La Pouponnière

La maison située au 1 boulevard de Reims à Roubaix, à l’angle de la rue de Lannoy, a longtemps été occupée par des particuliers : H Verbauwhede dans les années 1940, puis E Jhys, représentant, dans les années 1950.

Plan cadastral

Au début des années 1960, Guy Duhin y installe son cabinet de masseur-kinésithérapeute. En plus de son activité, il propose également à sa clientèle un luxueux sauna scandinave avec douche mitigée, douche thérapeutique et salle de relaxation. Quelques temps plus tard, il investit dans du matériel pour le traitement de la cellulite. Son cabinet reste actif à cette adresse jusqu’en 1972.

documents collection privée 1967 et 1972

Jean-Marie Tirsel est commerçant-artisan en 1973. Il gère son entreprise «Technibois» au 155 rue Jouffroy. Avec son épouse, il reprend l’ancien cabinet du kinésithérapeute en 1973 et le transforme en commerce. La façade est complètement modifiée. De grandes vitrines remplacent les fenêtres pour la création d’un magasin d’articles pour enfants. C’est un endroit idéalement bien placé au carrefour de deux grandes artères importantes de la ville. La superficie du point de vente est de 131 m2.

documents archives municipales
documents archives municipales

A l’approche de la fin des travaux, une certaine effervescence se fait sentir dans le quartier. Les voisins se posent la question : mais qu’est-ce donc, ce magasin aux murs peints en rose bonbon comme une maison de poupées, avec l’enseigne « La pouponnière ».

Le commerce ouvre rapidement à l’automne 1973. On y découvre des landaus, meubles, layettes, du matériel de puériculture et des jouets premier âge.

document Nord Eclair 1973

M et Mme Tirsel accueillent chaleureusement et conseillent utilement. Ils font partie du Groupement « MamanBébé » qui garantit une haute qualité des articles proposés et qui ne peut laisser indifférents des acheteurs avertis, soucieux de préserver tout ce qui touche à l’enfance et à nos chères têtes blondes.

L’ouverture est un succès, les majorettes du Sport Ouvrier Roubaisien sont présentes et assurent une parade américaine. L’intérieur du magasin est gai et pimpant. Un immense choix d’articles est proposé pour les futures mamans et les jeunes enfants.

Ce succès de l’ouverture conforte et motive le couple Tirsel. Ils ont bien l’intention de développer leur gamme de produits en y ajoutant une gamme complète de peluches : des centaines et des centaines de peluches adorables et, bien sûr, celles de Walt Disney.

document collection privée 1975

Mr et Mme Tirsel proposent régulièrement des animations pour dynamiser leur commerce : des portraits gratuits par un photographe, pour les enfants accompagnés, la semaine de Noël, des promotions sur les meubles, les vêtements pour futures mamans, la layette ou la puériculture tout au long de l’année.

documents collection privée 1976 et 1982

Au début des années 1990, M et Mme Tirsel prennent une retraite bien méritée. Le commerce est alors repris par Dominique Cholet qui transforme le magasin lequel devient « La Boutique des Loisirs » en 2000. L’établissement propose des loisirs créatifs, travaux manuels, beaux arts, arts graphiques, papeterie créative, broderies fils et taffetas, encadrement, livres, etc

Photo Google Maps 2008

Le magasin ferme en 2010. Il sera repris en 2014, et devient alors une boucherie-épicerie Zino en 2014, gérée par la famille Tellache qui décide que l’ouverture du magasin se fera par le 338 rue de Lannoy. La boucherie est encore présente de nos jours.

Photo BT 2020

Remerciements aux archives municipales

L’inauguration du monument Jean Lebas

Jean Lebas est né en 1878 à Roubaix. Socialiste membre du SFIO, il est élu maire de Roubaix en 1912. Il devient conseiller général, député du Nord, président du conseil général du Nord, ministre du travail, ministre des PTT. Héros et martyr de la résistance, il décède en déportation en 1944.

Jean Lebas ( document collection privée )

En début d’année 1949, la municipalité décide d’ériger un monument financé par souscription publique, à la mémoire de Jean Lebas. Le monument est situé sur le terre-plein central du boulevard Gambetta, avec d’un côté, la place de la Liberté et de l’autre, la rue de Lannoy. Ce mémorial frappe le regard de tous ceux qui entrent dans notre ville. Ceux-ci ne manquent pas de remarquer l’importance de cette colonne et se rendent compte immédiatement de l’hommage rendu à Jean Lebas par la ville et la France.

le monument boulevard Gambetta ( document collection privée )

L’auteur du monument est bien connu. Il s’agit de Mr Dejaegere, qui a obtenu le grand prix de Rome. C’est un mémorial imposant. Son symbolisme est éloquent : un pilier haut et lourd qui représente l’oeuvre écrasante du maire défunt. Le monument est à la fois important et léger d’aspect. Deux statues latérales flanquent la colonne et le buste de Jean Lebas.

document collection privée

A l’arrière, une troisième statue représente un ouvrier qui, muni de ses outils, symbolise véritablement le travail et la reconnaissance de la population à celui qui fut Ministre du Travail, ardent défenseur des travailleurs.

document collection privée

L’inauguration du monument Jean Lebas a lieu un dimanche, le 23 Octobre 1949, en présence d’une foule immense, de Mme Jean Lebas et sa fille Marcelle et de très nombreuses personnalités politiques. Victor Provo successeur et disciple du grand disparu décide de se recueillir le matin même, au monument des martyrs de la résistance et au monument aux morts avant d’assister à la cérémonie en début d’après midi.

L’inauguration ( document Nord Eclair et archives municipales )

La foule est immense, le boulevard Gambetta et la place de la Liberté se noircissent de monde. Environ 8000 personnes sont présentes. Les emblèmes d’une cinquantaine de sociétés locales entourent le monument.

Après l’impressionnante « sonnerie aux morts » de la clique dans un silence très respectueux, le voile symbolique tombe et on découvre le monument. Victor Provo s’avance alors, pour fleurir la stèle.

Victor Provo à la tribune devant Mrs Mayer, Pluquet, Sory, Laurent et Bondt ( document archives municipales )
Victor Provo ( document archives municipales )

A la fin de la cérémonie, trois personnes prennent la parole : Victor Provo maire, fortement ému, puis Augustin Laurent, président du Conseil Général du Nord, suivi de Mr Daniel Mayer, ministre du travail. Tous sont unanimes, ils saluent l’oeuvre et l’esprit du défunt, sa personnalité forte, robuste, courageuse et tenace. Une carrière qui atteignit les plus hauts sommets de l’héroïsme, de la gloire, du martyr.

( document collection privée )

En 1990, le métro arrive à Roubaix. L’interconnexion bus-mongy-métro doit être installée à l’emplacement précis du monument. Il va donc devoir être déplacé. (voir sur notre site, un précédent article édité et intitulé : le déplacement du monument )

Remerciements aux archives municipales

La boucherie Blootacker

Gaston Blootacker naît à Ypres en 1903. Il devient apprenti boucher-charcutier et apprend le métier dans différents commerces en Belgique et, en France, chez J. Rubben au 135 rue Daubenton à Roubaix. Il se marie en 1927, avec Yvonne, née Storme qui est couturière dans un atelier du boulevard de Paris. Gaston est ambitieux et bien décidé à ouvrir son propre commerce. L’occasion se présente en 1935, lorsque la boucherie située au 178 de la rue de l’Alma se libère, suite au décès de l’ancien gérant : F. Duquesnoy. Gaston Blootacker signe alors un bail avec Mme Vve Duquesnoy et peut enfin ouvrir son commerce.

rue de l’Alma ( document collection privée )

C’est une petite échoppe dans un quartier populaire. La façade se compose d’une porte d’entrée centrale et deux petites vitrines latérales. A l’intérieur, la boucherie se trouve sur le côté droit. Derrière le billot (plan de travail en bois) et le bloc de marbre, se trouve la chambre froide réfrigérée par des blocs de glace achetés à la « Glacière de Croix ». Quelques années plus tard, la chambre froide sera électrifiée : le technicien « Frigidaire » posera deux moteurs à l’emplacement des blocs de glace.

A gauche c’est le côté charcuterie, les jambons, saucisses et pâtés sont présentés sur des plaques de marbre, on y trouve également la trancheuse à jambon. Plusieurs machines de production sont dans l’atelier de fabrication : les cuves pour cuisson, le hachoir à courroie, le poussoir pour saucisses, et le four électrique. Le fumoir est alimenté par de la sciure de bois provenant de Mr Plouvier ébéniste rue de France. La cuisine se situe à gauche du magasin et les chambres sont à l’étage.

Plan du magasin ( document J. Lepers )

Grâce au savoir faire de Gaston, les affaires démarrent correctement. C’est un quartier d’ouvriers qui logent dans de petites maisons situées dans les courées Thomas-Leclercq, Delporte-Rousseau, Saint-Emile et le fort Frasez situé juste en face.

Dans les années 1930, les gens vivent modestement et Yvonne doit bien souvent accorder des délais de paiement à ses clients. C’est la condition impérative pour que les habitants puissent consommer de la viande et pour que les commerçants puissent faire fonctionner leur commerce. Gaston est d’origine belge, et c’est pour cette raison qu’il indique sur sa vitrine extérieure HIER SPREECKT MEN VLAAMSCH ce qui veut dire : Ici, on parle Flamand.

A la fin des années 1940, Gaston et Yvonne achétent la maison voisine au 176, car le manque de place est évident. Ils ont 5 enfants ; Nicole, Chantal, Joëlle, Jean-Claude et Annie. Gaston achète également un garage dans la rue Archimède pour pouvoir garer sa Renault Celta 4 de couleur bleue et bleu ciel.

Gaston au volant de sa Celta 4 ( document J. Lepers )

Comme toutes les grandes artères de la ville, la rue de l’Alma est célèbre pour sa braderie annuelle, le dernier lundi de Juillet. Cette manifestation est très importante car elle permet, d’une part pour les « bradeux » de passer une journée en plein été et de profiter de prix promotionnels, et d’autre part pour les commerçants de pouvoir faire de bonnes affaires. La famille Blootacker attend toujours ce grand évènement avec impatience. Tous les membres de la famille sont bien sûr présents.

Cette année là, sur la photo ci-dessous, une tombola est proposée à tous les acheteurs, pour gagner, par un tirage au sort le lundi soir à 20h30, une superbe tête de veau. Et à droite Gaston a posé un panneau où il est indiqué : « T’chi qui n’a nin, sin p’tit bout de saucisson à 20 sous ».

Braderie de la rue de l’Alma ( document J. Lepers )

Gaston et Yvonne ne comptent pas leurs heures. La boucherie ouvre à 6h et ferme vers 21h30 car ils attendent les ouvrières du textile qui font leurs achats au retour du travail. Le commerce ouvre 6,5 jours sur 7 et de plus, bien souvent, le dimanche après midi est consacré au nettoyage du magasin. Les sorties et loisirs sont donc rares !

Deux des enfants, Joëlle et Annie aident les parents à la gestion du commerce, le soir après leur travail ou le weekend. Leurs tâches sont assez variées : vendre les produits à la clientèle, préparer la charcuterie à l’atelier, livrer à domicile, ou accompagner les parents à l’abattoir pour les achats. Gaston se fait aider également par des garçons bouchers et des apprentis.

Gaston et Yvonne Blootacker ( document J. Lepers )

Gaston décède en 1970 à l’âge de 67 ans. Son épouse Yvonne continue seule l’activité jusqu’en 1976 où elle sera expulsée par son propriétaire . En effet, la famille Duquesnoy qui possède une grande partie de la rue et des courées voisines a décidé de céder l’ensemble de ses biens à La Redoute qui souhaite construire et agrandir. Le projet de développement de cette entreprise n’aboutit cependant pas, car peu de temps après, le quartier se transforme et devient, au début des années 1980, le quartier Alma-Gare Fontenoy, que nous connaissons encore aujourd’hui.

Les façades actuelles de la rangée de maisons ( photo BT )

Remerciements à Joëlle Lepers-Blootacker

Hutchinson

Suite à un voyage d’études en Allemagne, Emile Degrave décide de travailler le caoutchouc. Il crée son entreprise en 1871 : La Manufacture Générale de Caoutchouc Souple et Durci. Appelée également usine du Coq Français, elle se situe au 173 rue du Tilleul à Roubaix ( aujourd’hui, rue Jules Guesde ).

En tête de lettre 1906 ( documents collection privée )

Il commence à fabriquer des joints, des plaques à base de fibres d’amiante, des courroies transporteuses pour les houillères, avant de créer sa propre marque de pneumatiques : « Amazone ».

Publicité pneumatique Amazone ( document collection privée )

Au début des années 1910, Emile Degrave s’associe avec Mr Prouvost. L’entreprise devient « Degrave et Prouvost ». Elle met au point des techniques nouvelles de production et crée la marque Fibrelite, qui obtient une médaille d’or, diplôme d’honneur, à l’exposition internationale de Roubaix en 1911.

Publicité Fibrelite ( documents collection privée )

En 1920, les premiers accords de coopération commerciale avec Hutchinson, fabricant de pneus, sont signés, et le rapprochement des deux entreprises ne fait que commencer.

Publicité pneus Hutchinson ( document collection privée )
En tête de lettre 1941 ( document collection privée )

A partir de 1952, l’entreprise commence à produire des cylindres pour la sidérurgie.

Publicité 1955 ( document collection privée )

En 1976, l’entreprise est reprise par Hutchinson. L’usine de Roubaix acquiert alors ses lettres de noblesse dans le « caoutchouc d’usure » c’est à dire dans une gamme de produits faisant appel à la souplesse, à l’élasticité mais aussi à la résistance du caoutchouc, qualités que l’on ne retrouve ni dans le plastique, ni dans le métal.

La vieille usine roubaisienne connaît des hauts et des bas. En 1983, quelques difficultés financières amènent l’entreprise à se séparer de 40 de ses salariés. Depuis, cette restructuration, l’entreprise se redresse très correctement. Elle fabrique des boules de loto, des soufflets de bus, des épaisses membranes pour les centrales nucléaires…

document Nord Eclair 1986 et document collection privée

Témoignage d’un cadre Hutchinson : On fait ici à Roubaix, tout ce que les autres ne veulent pas ou ne peuvent pas faire. Les moutons à cinq pattes, c’est pour nous. Nous sommes spécialisés dans des fabrications en petite série. Hutchinson à Roubaix, ce n’est pas Michelin à Clermont Ferrand ! Nous produisons des articles sur mesure dans des domaines très variés : le garnissage de cylindres et de rouleaux en caoutchouc, le moulage de pièces, la sous traitance automobile, etc

En 1988, les « Touche à tout » du caoutchouc entreprennent de moderniser leur image de marque, en investissant dans la réhabilitation de l’outil de travail. Les murs de la rue Jules Guesde sont sablés et rejointoyés et la brique retrouve sa belle couleur d’antan.

document Nord Eclair 1989

L’année suivante, en 1989, sous l’égide du SIAR (Syndicat Intercommunal de l’Agglomération Roubaisienne), l’entreprise qui avait acquis quelques maisons dans la rue de Bavay (perpendiculaire à la rue Jules Guesde) après démolition, construit une extension de 1000 m2 de ses ateliers de production. L’architecte Philippe Moreau a conçu une façade harmonieuse en matériaux modernes, tels que les pierres blanches et roses.

Photo BT

En 1990, en pleine nuit, le feu se déclare dans l’usine, du côté de la rue Jules Guesde. Les secours arrivent rapidement sur place et, vu l’ampleur du sinistre, les pompiers de Tourcoing, Marcq en Baroeul et Lille Bouvines sont appelés en renfort. Au total, 12 lances sont nécessaires pour venir à bout de l’incendie.

document Nord Eclair 1990

Fort heureusement, le nouvel entrepôt de 1000 m2 du côte de la rue de Bavay n’a pas été touché par l’incendie lequel a anéanti 600 m2 du côté de la rue Jules Guesde. La toiture et l’installation électrique sont détruites, par contre les machines bien qu’ayant fortement souffert sont encore utilisables.

L’incendie, spectaculaire, a causé un vif émoi chez les riverains. Le directeur Mr Lelièvre après avoir constaté les dégâts, assure qu’il n’y aura pas de chômage technique et pense qu’il y aura possibilité d’assurer le départ de la fabrications d’ici 2 à 3 jours.

L’entreprise redémarre rapidement son activité et continue à travailler et continue à travailler avec un matériel parfois ancien mais toujours efficace et rentable.

Une machine à l’intérieur de l’usine ( document Nord Eclair )

« Regardez cette machine, montre le directeur, pointant du doigt cette grosse machine très imposante, elle a plus de 50 ans et pourtant elle reste remarquable en terme de modernité ».

Aujourd’hui, l’entreprise rebaptisée « Le Joint Français » depuis quelques temps, fait toujours partie de la société Hutchinson, laquelle fait elle même partie du groupe Total Energie.

Installée depuis 1871, l’entreprise vit avec un héritage, une histoire sans se défaire des techniques de fabrication actuelles et indispensables.

Elle existe depuis plus de 150 ans à Roubaix : c’est certainement l’une des plus anciennes entreprises encore existante à ce jour dans la ville. Et c’est probablement pour cette raison que sur la façade de la rue Jules Guesde, une plaque a été posée à la mémoire de Maxence Van Der Meersch.

photos G. Vanspeybroeck et BT

 

Le Clos des Pronelles

Suite d’un article précédemment édité et intitulé : L’école de la rue du Moulin.

La crise économique, liée aux ravages de la mondialisation et à un phénomène de mode, a décimé presque entièrement la filière « encadrement » en France en l’espace de 5 ans et a entraîné la chute retentissante de la quasi-totalité des leaders du secteur. Les entreprises artisanales sont aussi presque toutes disparues.

La société Pictual a malgré tout réussi à tirer son épingle du jeu dans ce marasme ambiant en se repliant progressivement sur le seul atelier de Roubaix et en misant sur le très haut de gamme et la qualité. Sa clientèle est essentiellement constituée de collectivités locales, d’entreprises, d’espaces culturels, d’artistes peintres, et des grandes familles du Nord.

document archives municipales

Malheureusement, en Janvier 2009, deux conteneurs poubelles adossés à la façade prennent feu pendant la nuit. Les pompiers arrivent rapidement pour éteindre l’incendie qui ne s’est pas propagé à l’atelier proprement dit mais a déjà franchi la porte d’accès. L’eau et la suie ont provoqué d’importants dégâts : machines noyées, installation électrique hors d’usage et stock de moulures inutilisable ( près de 7 km dont des baguettes dorées à la feuille et d’autres moulures qualitatives ). La perte est inestimable car elle dépasse le préjudice purement financier. Dans un métier d’art, un stock se constitue en effet sur de nombreuses années, au fur et à mesure des opportunités. Il y avait donc des pièces anciennes probablement introuvables en 2010.

L’atelier reste fermé plusieurs mois, le temps pour les assurances d’établir les dossiers et d’effectuer les principales réparations en vue d’une réouverture.

Mais l’investissement, en termes financiers et d’énergie, pour reconstituer un aussi vaste choix de baguettes et de fournitures est énorme donc inenvisageable dans un marché en déclin. Les mois de fermeture ont par ailleurs perturbé la clientèle.

Alors que la demande de cadres continue lentement de s’effriter, la demande de logements pour les étudiants explose, Jean-Pierre et Marie-Anne ne cessent de refuser les demandes

Quelques mois après la réouverture, ils décident donc de jeter l’éponge. Ils ferment définitivement l’atelier et se séparent du matériel qui n’a pas été détruit lors de l’incendie ( une bonne partie de ce qui restait a été ferraillée et non vendue) . La société « Pictual » est dissoute à l’amiable en Février 2010. 

C’est alors que d’énormes travaux de rénovation de l’immeuble et d’agrandissement de la partie habitation débutent.

Jean-Pierre commence par purger les locaux commerciaux de plusieurs centaines de m3 de stocks et de matériaux divers accumulés au fil des années par les occupants précédents…La plupart prennent le chemin de la déchetterie, puis il entreprend de démolir les quelques 200 m2 de ce rez-de-chaussée en laissant juste les murs porteurs.

la façade arrière ( avant après ) document NE et photo BT

Jean Pierre et Marie Anne Devulder consacrent ensuite leur énergie à rénover leur immeuble. En 2010, ils déposent un permis de construire, pour le changement d’affectation des locaux commerciaux en logements et un permis pour la modification de façade dans le but de la remettre dans son état historique d’avant 1947. Le dossier est confié au cabinet d’architecture Philippe Clemens situé rue Mimerel à Roubaix.

De nouveaux logements sont donc créés au rez-de-chaussée portant la capacité totale de la résidence à 22 places, avec notamment 2 logements plus grands destinés à la colocation.

Ils réalisent parallèlement d’importants travaux de restauration ou de transformation des logements existants dans le but de les mettre aux normes et au goût du jour. La plupart des logements sont désormais de véritables studios « tout équipés » et non plus de simples « chambres ».

Le prunus dans la cour intérieure ( document JP Devulder )

La résidence est rebaptisée : LE CLOS DES PRONELLES.

Témoignage de Jean-Pierre : Quand nous avons repris l’immeuble, se trouvait un prunus dans la cour intérieure carrée fermée. C’est un arbre fruitier qui donne des prunes, des prones comme on dit chez nous en patois. Les fruits sont très petits, on les appelle alors les pronelles, d’où le nom donné à la résidence.

L’échafaudage ( document JP Devulder )

En 2016, les propriétaires décident de s’attaquer à la façade. Un échafaudage de 420 m2 est installé sur la devanture pendant plusieurs mois. Des travaux importants sont alors entrepris : les grandes vitrines du rez de chaussée sont supprimées. Les trumeaux en maçonnerie, tels qu’ils existaient au 19ème siècle, sont reconstruits et de nouvelles fenêtres rejoignent leur emplacement d’origine. La symétrie de la façade originale est alors retrouvée. La porte d’entrée principale est également replacée dans l’encadrement qu’elle n’aurait jamais du quitter et redessinée dans le style d’époque.

documents NE
Avant et après ( documents archives municipales et photo BT )

Un remarquable travail de remise en état des sculptures en pierre calcaire est effectué, notamment celles du fronton central qui étaient très dégradées par le temps et la pollution ; on peut désormais y admirer à nouveau les armoiries de Roubaix encadrées par de merveilleuses corbeilles de fleurs. 

La façade a retrouvé sa belle couleur rouge et crème d’origine, selon les conseils des bâtiments de France.

photo BT

En 2017, le résultat des travaux terminés est magnifique, 150 ans après l’ouverture de l’école des frères. Il signe le début d’une nouvelle vie pour l’immeuble. Depuis 2008, Jean-Pierre et Marie-Anne Devulder s’attellent à redonner aux lieux son aspect d’origine.

photo BT

Remerciements à Jean-Pierre et Marie-Anne Devulder, ainsi qu’aux archives municipales.

Marius Aupoix

Marius Aupoix naît en 1925 à Dompierre les Ormes, dans le département de la Haute Saône. Il arrive à Roubaix au début des années 1950 et souhaite créer sa petite entreprise de plomberie zinguerie couverture. Il reprend le domicile de Jean Delobel industriel, situé au 321 de la rue Jules Guesde à Roubaix, à l’angle de la rue Monge pour s’y installer.

document collection privée

En 1955, il demande un permis de construire pour transformer son habitation dont il perce les murs extérieurs pour poser 3 fenêtres et une grande porte. Il assure les travaux lui même. Ses affaires démarrent fortement grâce à son savoir faire et à son expérience. Il commence alors à faire de la publicité dans la presse locale à partir des années 1960

documents archives municipales

et en 1966, transforme ses fenêtres extérieures en larges baies vitrées et supprime la porte cochère. Son objectif est de développer son affaire d’artisan plombier en créant un magasin pour accueillir sa clientèle.

Il commence à vendre des produits d’électro ménager et en particulier la célèbre marque Brandt.

Publicité 1967 ( document Nord Eclair )

La même année, Marius devient installateur agréé  »Gaz de France » et artisan qualifié ( certification OPQCB ) et devient ainsi entrepreneur spécialisé en chauffage central en gaz, charbon et mazout.

Publicités années 1970 ( documents collection privée )

Ses produits de chauffage sont exposés dans son point de vente. Son magasin lui permet également de développer le commerce de produits de quincaillerie, vaisselle, verrerie, articles cadeaux, petit électro ménager et petits meubles de cuisine. Dans les années 1970, il transforme son magasin en libre service.

Publicité 1975 ( document Nord Eclair )

En 1975 il continue son développement, en ajoutant un complément d’activité : il devient installateur de laveries automatiques, de salons-lavoirs en libre service, avec la marque LAVORAMA. Il installe aussi des buanderies pour collectivités et commercialise alors des lave-linges de 5 à 70 kgs, des essoreuses, des séchoirs, des repasseuses.

document collection privée

Marius arrête son activité à la fin des années 1980. Le magasin reste vide au début des années 1990.

document Nord Eclair 1996

En Juillet 1996, Bachir Moussa originaire de la région Valenciennoise, ouvre son magasin « Mitidja volailles halal » à l’emplacement du 321 rue Jules Guesde. Mais la boutique n’est que la partie visible, car derrière se trouve l’abattoir de volailles ultra moderne aménagé sous le contrôle des services d’hygiène et vétérinaire. Bachir Moussa travaille avec ses associés Mme Chao et Mr Elmohro.

Photo G. Vanspeybroeck 1997

Depuis le milieu des années 2000, « Le Monde de Toudra » magasin d’articles orientaux s’est implanté en lieu et place de la boucherie.

Le Monde de Toudra en 2008 ( document Google Maps )

Remerciements aux archives municipales.

L’école de la rue du Moulin

La façade vers 1910 ( document archives municipales )

Les anciens bâtiments de l’hôpital de Roubaix situés au 32 34 rue du Moulin ( rue Jean Moulin aujourd’hui ) à Roubaix depuis le XV° siècle, sont démolis en 1866.

Cette date est incertaine, car sur le plan de 1847 ci-dessous, on distingue des lits d’hôpital dans le bâtiment dont les plans sont très voisins de la structure actuelle de l’immeuble. Il est donc permis d’avoir un doute sur le fait que la façade pourrait être antérieure à l’école et avoir été construite en 1847.

Plan de 1847 ( document JP. Devulder )

A la place, sur ce terrain qui appartient toujours aux Hospices Civils de Roubaix, est alors construite une maison d’habitation pour les frères de la Doctrine Chrétienne.

C’est un immeuble imposant d’une façade de 25m de large et d’une profondeur de 10m. Les murs ont une épaisseur de 50 centimètres ! Les frères des écoles chrétiennes arrivent rue du Moulin en 1867 ; ils y créent la communauté du Vénérable de La Salle. Seize chambres sont à l’étage pour les vingt-deux frères qui logent dans le bâtiment visible de la rue. Ils instruisent dans les six classes situées sur 2 niveaux, 3 au rez de chaussée et 3 à l’étage, dans un bâtiment situé de l’autre côté de la cour intérieure et relié à l’immeuble principal par une coursive à droite, qui abrite la buanderie, la cuisine et l’arrière cuisine pour le stockage des denrées.

L’école vue de la cour intérieure ( document archives municipales )

En 1882, suite à la loi Jule Ferry, l’école des frères de la rue du Moulin devient une école communale de garçons ( puis par la suite, une école de filles ). La croix qui surplombe le fronton est alors décrochée.

Sur le toit, on distingue encore la croix ( document JP Devulder )

L’école, devenue communale, en 1883, compte 547 élèves pour 6 classes ! On ne peut pas en conclure qu’il y avait 91 élèves par classe car il y avait un roulement avec notamment les classes du midi pour les enfants-ouvriers, qui apprenaient à lire et écrire pendant leur pause-déjeuner. Ces classes sont séparées de l’immeuble de la rue du Moulin et deviennent l’école de la rue Chanzy, ( aujourd’hui école Edmond-Rostand ).

Au dessus de la porte d’entrée : école communale ( document JP Devulder )

Les frères quittent Roubaix, après une longue période de résistance rendue possible grâce au soutien conjoint de la population ouvrière et des instances patronales, pour ériger à Estaimpuis, les fondements de ce qui deviendra par la suite le collège Jean Baptiste de la Salle. Leurs logements rue du Moulin deviennent alors des logements urbains traditionnels pendant près d’un siècle.

Ensuite, il faut attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour que le bâtiment se transforme. En 1948, Roger Vanovermeir s’installe dans le bâtiment au N° 34 pour y vendre ses meubles.

documents collection privée

La façade du rez de chaussée de la rue Jean Moulin est alors complètement transformée et surtout dévastée ! Elle est percée pour laisser apparaître les larges vitrines du commerce de meubles. Les lettres « école communale » de 1882 disparaissent momentanément ( elles seront retrouvées au moment de la restauration en 2016 ). Roger Vanovermeir et sa famille occupent personnellement quelques pièces, situées à l’arrière du magasin . Roger Vanovermeir reste dans les locaux pour la vente de ses meubles, de 1947 à la fin des années 1970.

Au début des années 1960, au fond de la cour intérieure, un mur est construit à une distance de deux mètres, le long de l’école ( le bâtiment a été retravaillé avec l’ajout de couloirs couverts pour créer des circulations entre les classes ). Les 6 salles de classe continuent d’accueillir des élèves qui entrent dès lors à l’école Edmond Rostand par la rue Chanzy située juste derrière.

Le mur construit devant les 6 classes de l’école ( photo BT )

Pendant quelques années ( fin des années 70, début des années 80 ), l’immeuble connait une déshérence, provoquée par plusieurs facteurs : fermeture puis incendie de l’usine Motte Porisse, située juste en face, puis un véritable « tsunami » en matière d’urbanisme avec carrément la disparition d’une partie de la rue Jean Moulin pour la création de l’avenue André Diligent et de la ZAC Motte Porisse. L’immeuble se retrouve alors, pendant une décennie, assez isolé dans un environnement extrêmement difficile de friches ou de ruines. La défaillance financière des occupants de l’époque accentue cette déchéance ( défaut d’entretien manifeste, mauvais locataires…le terme de squat a été prononcé )

Au début des années 1980, le bijoutier Marc Vieille et son épouse Yvette, dont le commerce est situé juste à côté au 28 30 rue Jean Moulin, rachètent le bâtiment à la barre du tribunal. L’immeuble très bien construit reste solide mais est assez délabré. Marc entreprend de le rénover pour qu’il soit aux nouvelles normes et de le transformer en résidence étudiante. Le 1° étage est alors composé de 15 logements ( 7 studios avec commodités à l’intérieur et 8 chambres. Un très grand appartement compose le 2° étage.

C’est à cette époque que le locataire Roger Vanovermeir quitte les lieux. Ensuite, le commerce est occupé à plusieurs reprises par des commerçants locataires qui ne restent guère longtemps, jusqu’à ce que Robert Bedaghe signe un bail de location pour installer son atelier d’encadrements à l’enseigne « Arts Décors ». La partie arrière ( les pièces qu’occupait personnellement Roger Vanovermeir ) se transforme en réserve. L’ancienne cour de récréation devient un parking pour une dizaine de véhicules

document archives municipales

Robert Bedaghe souhaite prendre sa retraite en 2006, d’autant qu’il apprend que son bail ne sera pas renouvelé. Les propriétaires, Mr et Mme Vieille souhaitent, quant à eux, se séparer de cet immeuble.

Marie-Anne Devulder, gérante de la société d’encadrement « Pictual », possédant 4 magasins dans le Nord, se positionne pour reprendre le matériel et les stocks de la société Arts Décors, mais ni le fonds de commerce, ni l’entreprise.

En juin 2006, Marc Vieille propose alors à Jean Pierre et Marie-Anne Devulder de leur céder l’immeuble. Dans un premier temps, ils déclinent l’offre, puis se ravisent et finalement font l’acquisition de l’immeuble en février 2007.

L’atelier de fabrication Pictual de Bondues trop petit, est donc transféré à Roubaix dans les locaux de l’ex société Arts Décors

Témoignage de Jean-Pierre : Ce qui nous intéressait, c’était d’abord l’atelier d’encadrement qui se trouvait au rez-de-chaussée. Nous avions trois magasins de cadres et un atelier-magasin au centre de Bondues. Ici, c’était beaucoup plus grand. Nous avons acheté, d’abord comme un simple investissement locatif. Et puis nous sommes tombés amoureux, devant la richesse inouïe de l’histoire des lieux

à suivre . . .

Remerciements à Jean-Pierre et Marie-Anne Devulder, ainsi qu’aux archives municipales.

Le café Leffe

Sur la Grand Place, à droite de l’église Saint Martin et à gauche de la Grand’rue, se trouvent 6 immeubles qui ont toujours été occupés par divers commerces.

Plan cadastral

Dans les années 1980-1990, à l’extrême droite, juste à côté du « Palais du Vêtement », on trouve 4 cafés-restaurants situés côte à côte : au N° 28 le restaurant « Au Lapin Blanc », ensuite au N° 29 le restaurant « Maurice », au N° 30 le restaurant « Au Grand Cerf » et au N° 31 le café-brasserie « Grand Saint Martin » rebaptisé ensuite « Le Central ». Puis viennent au N° 32 la mercerie Margaret et au N° 33 le magasin de vêtements FOUF.

document archives municipales
Restaurant « Maurice » ( document collection privée )

Restaurant du « Grand Cerf » ( documents collection privée )

Au début de l’année 2000, Monsieur Nolf dépose en Mairie, une demande de permis de démolir pour 3 des 6 immeubles. Sont concernés les numéros 29 30 et 31.

document archives municipales
document archives municipales
document archives municipales

Ce sont des maisons très anciennes, modestes et très abîmées. La mérule s’est installée dans les murs intérieurs, un pignon menace de s’effondrer, de l’amiante se trouve dans les plafonds. Il n’y a aucune autre solution possible que de tout raser.

documents Nord Eclair

Luc Daniel Nolf demande simultanément un permis pour la construction d’un immeuble à usage de logements, de commerces et de bureaux aux 29 30 et 31 par la SCI Philippe de Girard. L’immeuble projeté vise à s’insérer dans l’harmonie de la Grand Place. Il est édifié entre le 28 et le 32 sur la même configuration, à savoir sur deux étages.

Le projet de la façade ( document archives municipales )

L’association de défense et de préservation du patrimoine « Art-Action », présidée par François Descamps s’insurge contre ce projet. Comment peut-on imaginer détruire des maisons flamandes construites à la fin du 17° siècle, les plus vieilles du centre ville ?

document Nord Eclair

Après quelques semaines difficiles de polémique par voie de presse, entre Luc Daniel Nolf et l’association Art-Action, le projet est accepté par la Mairie, au grand désespoir de François Descamps qui déclare : « Mes pauvres arguments de conservation du patrimoine ne valent pas grand chose contre la froide détermination de modernité et de rentabilité. »

Luc Daniel Nolf devant les 3 maisons à démolir ( document Nord Eclair )

Les travaux de démolition commencent alors, au début de l’été 2000. En Juillet 2001, le chantier a pris un peu de retard, suite à des problèmes du sous-sol très humide.

document Nord Eclair
Les travaux en Juillet 2001 ( document Nord Eclair )

Le projet du promoteur, Luc Daniel Nolf, est ambitieux. Un café Leffe occupe l’emplacement des 30 et 31 à savoir le « Grand Cerf » et le café « Le Central », tandis qu’une boutique à l’enseigne L’Onglerie ouvre à la place de chez Maurice au N° 29.

document Nord Eclair

La superficie du café Leffe est très grande : 250 m2 au sol. L’établissement peut contenir 120 personnes, plus une centaine de clients en terrasses. La brasserie occupe tout le rez de chaussée. Les 2 étages sont occupés par des bureaux.

document Nord Eclair

Le café Leffe est inauguré en Février 2002, en présence de Mr le maire, qui a tenu à confirmer le soutien du conseil municipal à ce projet privé qui profitera pleinement au futur hypermarché Géant à quelques pas de là.

Luc Daniel Nolf et René Vandierendonck le jour de l’inauguration ( document Nord Eclair )

René Vandierendonck, un peu embarrassé de devoir faire l’éloge de la Leffe alors que la Terken locale connaît quelques difficultés, souligne néanmoins la magnifique décoration de l’établissement et l’ambiance sympathique. L’emplacement est idéal : entre l’église Saint Martin et la Grand’rue. L’investissement financier est conséquent : 12 emplois sont créés. L’objectif est simple : faire revivre et animer la Grand Place.

Pourtant, quelques années plus tard, en 2006, le café Leffe change d’enseigne et devient « Le Petrus »

Le Petrus en 2008 ( Photo BT et document Nord-Eclair )

En Juillet 2018, le Petrus appartenant à la brasserie flamande De Brabandere qui produit la bière Bavik et Petrus, ferme ses portes. Aucun des 4 gérants successifs n’a réussi à développer le commerce, malgré les nombreuses animations avec DJ, proposées à la clientèle pour éviter que les étudiants partent faire la fête à Lille.

Il Caldo en 2022 ( Photo BT )

Peu de temps après, les gérants de l’Hôtel de France, Bruno et Brigitte Mazzucato reprennent l’établissement en Avril 2019. Ils décident le changement complet du concept. L’enseigne choisie est « Il Caldo » ce qui signifie en italien : Le Chaleureux. C’est une pizzeria-trattoria comme on en trouve très souvent en Italie.

Ce changement nécessite la refonte complète de l’intérieur de l’établissement avec de nouvelles couleurs, le changement du mobilier etc. La restauration est bien sûr italienne : pâtes, pizzas et plats traditionnels. Le restaurant est ouvert le midi. Un système de livraison à domicile est mis en place

Remerciements aux archives municipales