Une pharmacie des années 60

Nous rapportons le récit de Mme Clerc et Mme Doogbaud qui ont tenu la pharmacie pendant plus de 20 ans .

Mme Clerc a assisté Mr Lhuillier au début des années 60 , puis elle a arrêté de travailler et c’est Mme Doogbaud qui l’a remplacée en 1965 : il y a eu continuité. Mr Lhuillier est décédé en 1967 et Mme Doogbaud a assuré l’intérim. Puis la pharmacie a été mise en vente. MmeClerc et Mme Doogbaud ont formé une SARL pour reprendre la pharmacie en Juin 1968. Ensuite la pharmacie a pris le nom de « Pharmacie de l’Avenir » car la place Spriet s’appelait auparavant place de l’Avenir. .

Le quartier du Nouveau Roubaix s’est peuplé dans les années 20 et 30 , et la population n’a pas varié depuis , ce qui fait que la pharmacie est toujours restée au même endroit : en effet il y a un «  numerus clausus », pour les pharmacies, par tranches d’habitants dans les villes. Parfois , il y a des déplacements de pharmacies, lorsqu’elles sont concentrées en un endroit, et qu’il se construit des quartiers nouveaux. Par exemple, M. Delcroix , qui tenait une pharmacie rue de l’Epeule, où il y en avait déjà trois ou quatre, s’est déplacé pour satisfaire le besoin de création d’une pharmacie dans le premier centre commercial des Hauts Champs (Auchan), Avenue Motte.

1968-96dpiLa pharmacie en 1968

 Lors de la reprise en 1968 , des premiers travaux ont été faits ; il y avait des locataires dans les étages. Mme Lerouge était la propriétaire.

Cette photo montre comment était la pharmacie au moment de la cession. M. Lhuillier avait dû refaire la façade quelques temps avant car elle était moderne, déjà, pour l’époque… Il y avait une petite vitrine, une porte, suivie de deux petites fenêtres .

A côté , donnant sur le Boulevard de Fourmies , se trouvait la maison de M. Lhuillier. Des médecins sont venus s’ y installer plus tard.

Cette maison avait une cour qui correspondait avec l’arrière de la pharmacie. M. Lhuillier entrait dans la pharmacie par la réserve à l’arrière en passant à côté du bureau .

 Plan 1968-96dpiDans la réserve , les rayonnages étaient faits avec des caisses empilées , caisses dans lesquelles on livrait les boites de lait pour bébés pendant la guerre. Dans la pharmacie , trop exiguë, il fallait faire rapidement des travaux pour mieux recevoir la clientèle .

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La pharmacie avec le pèse-personnes et la même vue du couloir menant à la réserve

Les rayons ont l’air surchargés Il faut dire que le métier a évolué : Mme Clerc précise qu’au début de ses études de pharmacie, dans les années 50, il n’y avait pratiquement pas de spécialités ; c’étaient des préparations pour la majorité des prescriptions. Parmi les premières spécialités qui ont eu beaucoup de succès, il y a eu un tranquillisant, ce qui a révolutionné la médecine.La Parapharmacie s’étant développée, elle a fini par prendre beaucoup de place : il a fallu ré-agencer les locaux .

 Nous verrons ,dans un prochain sujet , les modifications et transformations effectuées par la suite …

On prolonge l’avenue Linné

Les travaux d’ouverture de l’avenue Linné se terminent en 1910. L’avenue est pavée dans sa partie centrale sur une largeur de quatre mètres, le reste de la largeur étant empierré. Elle se termine au niveau de la rue Ingres en laissant subsister une difficulté. En effet, l’avenue se raccorde à l’ancienne rue Linné par un « S » brutal, qui risque d’ entraver et de rendre dangereuse la circulation. C’est pourquoi on prévoit, en 1913, de redresser ce carrefour et de prolonger l’avenue en ligne droite. Mais l’ancienne rue Linné est bordée à cet endroit de constructions, certaines situées dans l’alignement de l’avenue, directement sur le tracé projeté.

Le carrefour en « S » et le projet de tracé – document archives municipales

 Le terrain convoité par la municipalité appartient à la veuve Herchuez et comporte deux alignements de bâtiments formant un angle ouvert. Au total 14 maisons dont cinq en front à rue, l’une abritant un estaminet, il faudra en démolir huit. Le café, dont le tenancier est M. Catteau, comprend une bourloire. Ce terrain est encadré par des propriétés de la société Lemaire frères et Lefebvre. Au débouché de la future avenue sur la place de l’Avenir, le terrain appartient à Narcisse Jaune. Ces terrains seront acquis par voie d’échange avec leurs propriétaires en 1913.

Le débouché de l’avenue sur la place – Document Archives municipales

 La guerre suspend l’exécution du projet, qui reprend en 1925 avec l’approbation du tracé par le conseil municipal, suivi de négociations pour l’achat des maisons Herchuez. C’est chose faite en 1926, mais les locataires ne se pressent pas de libérer les lieux (un seul départ dans les six ans qui suivent). Il faut indemniser les occupants pour récupérer les maisons ; la municipalité leur offre mille francs à chacun. M. Catteau, le tenancier du café, sera indemnisé de la perte de son commerce par le don d’un terrain en bordure de la nouvelle avenue en 1932. Il faut maintenant démolir les maisons. On mène activement les travaux dans le cadre des mesures de lutte contre le chômage et, en 1934, les bâtiments gênants sont abattus, l’avenue est tracée, et on lance l’adjudication pour le revêtement de la chaussée en tarmacadam jusqu’à la place. Celle-ci a maintenant pris le nom de Spriet, alors qu’on vient de procéder au revêtement définitif par le même procédé du reste de l’avenue jusqu’à la place de la Fraternité. Les travaux prolongement de l’aqueduc sont réceptionnés l’année suivante.

La ville met en vente le terrain qui lui est inutile pour y construire un lotissement entre les rues Ingres et Rubens.

Le lotissement – document archives municipales

 Les travaux se terminent par la plantation d’arbres le long de la nouvelle avenue. Il ne reste plus qu’à rétrocéder le terrain entre l’ancien tracé de la rue Linné et celui de l’avenue, selon l’engagement pris lors de l’acquisition des terrains par la ville. Le triangle allant de la nouvelle voie aux maisons anciennes désormais en retrait est donc vendu aux ayants-droits de la société Lemaire frères et Lefebvre moyennant un prix de 5 francs le m². Cette rangée de maisons, jadis en front à rue, est désormais en retrait de l’avenue. Elle témoigne encore aujourd’hui de l’ancien tracé de la rue.

L’avenue a pris l’aspect que nous lui connaissons de nos jours. Les seuls travaux qu’elle a connu depuis ne relèvent que de l’entretien.

La Voix du Nord – 1959

Visite au square des platanes

La société anonyme Roubaisienne d’habitations ouvrières, dont le siège est situé 1bis rue du Pays, désire construire une cité jardin avenue Linné. Elle adresse en 1923, par la voix de son secrétaire M. Hache, une demande portant sur 26 maisons doubles.

Document archives municipales

 L’autorisation est donnée en janvier 1924, mais les constructions sont différées. En 1925, la société réitère sa demande, mais pour 32 maisons. M Hache demande l’autorisation de construire la 32ème sur un terrain lui appartenant à l’est du lotissement sur le même plan que les autres. Au total, le lotissement comprend 65 logements. Ces maisons sont réparties en deux types distincts architecturalement, les unes revêtues de briques sont situées le long de l’avenue Linné. Les autres aux murs cimentés sont situées en retrait et constituent le square des platanes proprement dit.

Le lotissement lors de la construction – document archives municipales

 Nous avons eu l’occasion de visiter l’une de ces maisons, habitée jusqu’à aujourd’hui par la même famille et restée pratiquement dans son état d’origine. Laissons à Carole le soin de nous présenter cette maison sortie tout droit des années 30.

La maison aujourd’hui – photo Jpm

 En 1924, mon grand-père était garde chasse, employé par le patron de la bonneterie Rousselle, au château des deux lions, et on lui a proposé un logement ici. Il ont emménagé au mois de juin. Les premiers locataires c’était eux ; les autres maisons sont plus récentes. Il y avait deux ménages dans la maison : Quand mes grands parents sont morts, mes parents, qui habitaient au premier, ont repris la location.

La grand-mère, la sœur et les parents de Carole ; le jardin- photos collection particulière

 Au début, mes parents avaient un petit jardin, puis après, on leur a donné un autre morceau, pris sur un chemin qui menait de l’avenue Linne à l’avenue Motte. Le garage a été construit par mes parents dans les années 50.

Le garage. Le jardin d’aujourd’hui a inclus l’ancien chemin menant vers l’avenue Motte (photo de droite)

 La maison comporte trois pièces principales au rez de chaussée comme à l’étage. La chambre 1, au dessus de la cuisine, a été utilisée très longtemps comme cuisine par les parents de Carole.

 

La pompe actuelle a remplacé l’ancienne, en fonte, mais elle puise toujours l’eau de la citerne située sous la maison, avec un regard dans le séjour. Pas d’eau chaude à l’évier, mais la cuisine était équipée à l’origine de placards. Une cave, souvent remplacée par une penderie dans les autres maisons n’était qu’un petit espace sous l’escalier : on y mettait le beurre, quand il n’y avait pas de frigo.

Tout est pratiquement resté d’origine dans la maison– photos jpm

 Trois belles chambres à l’étage. Il y avait un feu en bas, et un en haut, c’était suffisant : Les gens ne chauffaient pas comme maintenant.

Une chambre et son papier peint dans le style des années 30– photos jpm

 Le cagibi extérieur, construit avec des plaques de ciment, était équipé d’origine avec un clapier à lapins. Tout était prévu par les concepteurs !

Les parents de Carole– photo collection particulière

Un grand merci à Carole pour avoir partagé avec nous souvenirs et documents.

 

Origines de l’avenue Linné

A la fin du 19e siècle, la municipalité se préoccupe de structurer les quartiers situés au sud de la ville, ceux-ci étant alors constitués de grands domaines et de terres agricoles.  Il s’agit de tracer des voies de circulation mais aussi de mettre en place les infrastructures nécessaires à la vie des futurs habitants. C’est ainsi qu’on trace en 1894, le long de la rue de Lannoy, la place de la Justice, (notre place de la Fraternité actuelle), mais celle-ci n’est encore reliée à aucune autre voie.
A cette époque, le chemin n°2 de Roubaix à Hem, après avoir emprunté les rues du Moulin et de Hem, longe le domaine de la Potennerie, traverse le boulevard de Lyon, laisse à sa droite la ferme de la petite Vigne et prend un virage à 90 degrés vers la droite pour se diriger vers la ferme de la Haye et Hem en coupant l’extrémité du boulevard de Fourmies, qui se termine encore à cet endroit, et celle de la rue Henri Regnault, nouvellement ouverte.
Les élus voudraient prolonger ce chemin vers l’est en ouvrant une voie partant du coude qu’il forme et rejoignant la place de la Justice. Depuis cette place, il faudra traverser le domaine des prés que vient d’acheter Jules Dhalluin à Louis Cordonnier, passer près du château, et arriver au chemin n°2, dont la dernière partie va bientôt prendre le nom de rue Linné.


Cette rue longe un  groupe de maisons dont une partie sera démolie lors de la prolongation de l’avenue, mais dont certaines existent encore aujourd’hui, à peine modifiées :

Les maisons de l’ancienne rue Linné Photo Nord Eclair

On lance en 1899 la construction d’une voie en scorie dotée d’un aqueduc qui s’embranchera sur celui de la rue de Lannoy. Elle partira du coin de la place de la Justice, longera l’avenue Cordonnier, traversera la rue Jouffroy, côtoiera le château Cordonnier, et rejoindra en droite ligne le coude du chemin numéro 2. Les plans montrent également une avenue Bossut partant du boulevard de Reims et allant jusqu’au chemin numéro 9, mais n’est-ce pas seulement un tracé envisagé, qui ne prendra forme réelle que bien plus tard sous le nom de rue Braille ? Il semble bien, en tout cas que la partie vers le boulevard de Reims n’ait jamais été réalisée.

Louis Colin est choisi comme adjudicataire. Il réalise les travaux et la réception de la voie, tracée sur une largeur de 20 mètres, a lieu en 1902. Dès l’origine, deux prolongements semblent envisagés à partir du nouveau carrefour, l’un vers le sud-est (la future rue Léon Marlot), et l’autre vers le sud-ouest dans un tracé prolongeant en ligne droite la future voie. On a profité de l’occasion pour acheter, le long de ce tracé, des terrains, anciennement attachés à la seigneurie de la petite vigne, et connus comme « terre des pauvres », qui appartiennent au bureau de bienfaisance et sont alors cultivés par Jean-Baptiste Teneul. Ces terrains sont destinés à la construction d’un groupe scolaire « qui desservirait à la fois le quartier du Pont Rouge et celui de Beaumont ». La vente des terrains convoités est effective en 1902.

On remarque qu’au croisement de la future rue Ingres, le tracé projeté forme un « S » pour se raccorder à la rue Linné en se glissant entre les deux alignements de maisons. C’est ce tracé qui sera finalement choisi, et la municipalité rétrocède les terrains constituant l’ancien tracé de la rue Linné (en rose à gauche sur le plan). Les terrains placés le long de la nouvelle voie appartiennent pour la plus grande partie, au nord à la famille Bossut-Plichon et à la société Lemaire et Lefebvre, tandis qu’au sud, on trouve parmi les propriétaires Louis Cordonnier, Jules Dhalluin, ainsi que le bureau de bienfaisance.
Les travaux de prolongement jusqu’au niveau de la rue Ingres sont menés dans les années qui suivent : construction de l’avenue et des voies autour de l’école, des aqueducs correspondants et du groupe scolaire lui-même. La chaussée sera empierrée et bordée de fils d’eaux pavés. Les travaux de voirie sont terminés en 1910, et on plante des arbres le long de la nouvelle avenue.

Documents archives municipales

 

La Florentine

A peine le boulevard de Fourmies est-il ouvert, qu’est déposée en 1896 une demande de permis de construire pour un bâtiment à usage de commerce. Il s’agit d’un estaminet, au numéro 77, dont  le tenancier est M. Plankaert, de 1901 à 1926. Lui succèdent en 1927 MM. Delerue, et Sergheraert en 1929. A la suite de la renumérotation du boulevard, l’estaminet devient le 135 en 1934. M. Dourcin le reprend en 1939.

La demande de permis de construire – la porte est au centre de la vitrine -document archives municipales

Après guerre, le commerce devient une boulangerie,  alors qu’au même moment, s’installe juste en face une boulangerie concurrente, au 132, laquelle est tenue par le pâtissier Fassin, à l’emplacement d’un ancien magasin de lingerie. Une photo nous montre la future boulangerie avant sa conversion, sur laquelle on voit que la vitrine est toujours conforme au plan de 1896,  avec sa porte centrale.

Le magasin. Au fond l’usine Dazin-Motte et la place du Travail – Photo collection Bernard Thiebaut

On note que la boulangerie est tenue en 1953 par M. Routier, puis par M.Henou en1961. En 1977, Joseph Guesquière, le nouveau boulanger, demande un permis de construire pour aménager le magasin. On remarque sur le plan que l’état « avant travaux » est différent de celui de 1896 : la porte du magasin est maintenant placée à gauche de la vitrine. Les travaux projetés nous montrent l’état actuel de la boulangerie, avec la porte d’entrée élargie et replacée au centre.

Les états antérieur et projeté. Document archives municipales.

M. Guesquière tiendra la boulangerie quelques années, jusqu’à l’arrivée de Patrick et Pascale Hermand, venus de l’Avesnois où ils exerçaient depuis 1962, et qui gèreront la Florentine de 1990 jusqu’en 2002. Ils lui donneront une grande expansion grâce à leur pâtisserie fine, renommée en particulier chez les amateurs de chocolat. Après leur départ pour Lille, où ils ouvrent des commerces dans le vieux Lille et dans le quartier de Wazemmes, on assiste en 2002 à l’arrivée  de Marlène et Eric Morin, venant de Villeneuve d’Ascq où ils exploitaient  une première affaire depuis 1995. Ils conservent à la Florentine sa tradition de qualité, appréciée de la clientèle. Leur établissement emploie vingt-cinq personnes, dont six apprentis. Ce commerce aura fait preuve depuis l’origine d’une belle stabilité : estaminet pendant plus de 50 ans puis boulangerie-pâtisserie pendant un temps au moins égal ; on peut assurer que rien ne laisse présager de sa fin !

Document Hermand

Notre Dame de Toute Bonté

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La statue de l’église St Jean Baptiste et celle de la place du Travail

Dans la nuit du 11 Juin 1940, un bombardement sur le quartier du Raverdi détruit 20 maisons rue Philibert-Delorme. Par bonheur, on n’a à déplorer aucune victime. La Voix du Nord ajoute « Quelques semaines plus tard, au cours du mois d’août, un incendie menaça d’anéantir un pâté de maisons. Devant ce danger, le curé du moment invoqua Notre-Dame de Toute-Bonté. On raconte que peu à peu le vent faiblit et tourna. Maisons et habitants furent épargnés. »

Les habitants, voyant là l’intervention divine de Notre-Dame de Toute-Bonté, décident, reconnaissants, de lui élever un monument. Après la guerre, le projet se réalise. M. Forest, architecte, est choisi. La statue est sculptée par Achille Vilquin sur le modèle de celle de l’église St Jean Baptiste, elle-même inspirée d’une Vierge à l’enfant en bois polychrome du 15ème siècle placée dans la chapelle Notre- Dame de Toute Bonté à Châteauponsac, en Haute Vienne.

La statue est placée sur une stèle dans un enclos situé à l’angle de la rue Henri Regnault et du boulevard de Fourmies. Une plaque au pied de la statue commémore l’événement.

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Un Pélerinage se déroule chaque année le jour du 15 Aout. Une Procession, partant de l’église St Jean Baptiste, se rend place du travail. Nord Matin précise en 1972 que c’est, à l’époque, « l’une des dernières processions de la région ».

Document Bernard Thiebaut

La ferme du Petit Beaumont

La ferme, vue depuis la place du Travail – Photo Coll. B. Thiebaut

Le tramway G, venant du Boulevard du Cateau, contournait la place par la droite pour emprunter la rue Henri Regnault en direction d’Hem.

Placée depuis le 18e siècle au carrefour de deux chemins devenus la rue de Beaumont et le boulevard du Cateau, là où a été tracée la place du Travail, cette ferme, appelée également ferme du petit Beaumont, dépendait du fief du Raverdi. Enfermée autour de sa cour par des murs épais, elle témoigne d’une époque où il fallait se barricader pour se défendre des attaques des bandes pillards, les Catulas, qui battaient la campagne.

J.B. Destombes a été un des censiers de la ferme vers 1830. Il s’est opposé aux droits d’octroi taxant les produits des fermes des alentours à l’entrée de Roubaix bourg, au moment où la partie Sud de Roubaix, dénommée Roubaix Campagne demande son autonomie par rapport à la partie citadine et industrielle. Elle fait partie des 7 fermes encore vivantes après guerre, bien que la plupart de leurs terres aient été déjà livrées aux constructions. Pourtant, Nord Éclair nous assure en 1949 que ce sont encore « de véritables censes avec du fumier, des chevaux, une étable. Bref, de vraies fermes, avec des toits croulants, de vieux murs tapissés de lierre, des arbres vénérables, des haies vives et des fermières en sabots et tabliers bleus. »

Cruque1949-96dpi La ferme. Photo Nord-Éclair
Au fond à gauche, l’habitation. Au fond à droite la grange, devant étable, écurie, et laiterie

En 1885, la ferme appartient à la famille Loridant frères et sœurs. A partir de 1887, et jusqu’en 1922, le Ravet-Anceau nous indique JB Cruque. On y trouve en 1939 la veuve L.Cruque-Loridant. En1955 Jean Cruque l’habite encore, mais ne l’exploite plus.

Au début des années 50, on veut rectifier le tracé de la rue de Beaumont. La ferme est frappée d’alignement. Il faut démolir le bâtiment bas comprenant le porche d’entrée, ainsi que le pignon de la partie habitation. Cette partie disparaît fin 1952.

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Les parties frappées d’alignement. Photos Nord Matin
On remarque le coude que faisait la rue de Beaumont pour déboucher sur la place.

Mais les trois autres corps sont toujours là, l’habitation raccourcie d’une bonne part. Enfin, la municipalité décide de racheter l’ensemble des bâtiments restants pour y construire une école. C’est chose faite en 1957, et l’école s’élève sur la pâture qui se trouvait derrière la ferme, la dernière portion des terres qui constituaient la cense. Dans un deuxième temps, sur l’emplacement des bâtiments finalement démolis sera construite la cour de récréation.

N°3 boulevard de Fourmies

le Boulevard de Fourmies reste peu construit dans la première partie de son existence et, en particulier, dans la partie proche de la place du travail. La première numérotation en 1903 place les numéros 1 et 3 après la rue Messonnier, la première construction étant ensuite le numéro 23. A la suite de plusieurs renumérotations, ce numéro 23 semble avoir été érigé là où se trouve aujourd’hui une banque au numéro 63.

Aucune construction donc dans le haut du boulevard en 1922, alors que Fernand Devaleriola, habitant 29, rue des Fleurs, dépose une demande de permis de construire pour une maison, dont il joint le plan. La maison n’est apparemment pas bâtie immédiatement ; elle n’apparaît dans le Ravet-Anceau au numéro 3 qu’en 1929. Y habite alors un monsieur A Joëts.

3bdFourmiesLe plan de 1922, le plan du magasin (Archives Municipales Roubaix) la vue 2011 (photo JPM)

Le rez-de chaussée de cette maison d’habitation est ensuite convertie en magasin : Fernand Devaleriola demande en 1931 l’autorisation de cimenter la façade et d’y placer une vitrine. Il joint un plan de la future façade.

En 1932 et 1933, le Ravet-Anceau indique G.Depaepe au 3 bis, et A. Joëts, lingerie au 3 ter. En 1939, on trouve J.Claeys, et le magasin est maintenant une chemiserie. De1955 à 1961, on retrouve F. de Valeriola, et, cette fois, un magasin d’électricité. De 1965 à 1978 Mme Brame Jacqueline y tient un salon de coiffure pour dames. Le commerce disparaît peu après, puisqu’on n’en trouve plus trace à partir de 1983.

La photo actuelle montre bien le peu de modifications apportées à l’immeuble depuis 1931 : la vitrine est semblable, et la façade a peu évolué : les fenêtres ont été changées, et celle du second semble avoir été légèrement déplacée vers la droite.

Qui pourra donner quelques précisions sur cette maison et sur les commerces qu’elle a abrités ? A vos commentaires…

De Ternynck à Damart

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Photo Collection particulière

La société Damart s’installe sur le site de l’usine Ternynck à la fin des années 50, et prolonge le bâtiment de la filature vers le Boulevard de Fourmies. Le site abrite les services des expéditions, (la majorité des ventes se faisant par correspondance), qui emploient à cette époque 200 personnes. Le nom de Damart vient du fait que les Etablissements Despature étaient installés à l’angle de la rue Dammartin et du boulevard de Paris. Damart est, à l’époque, renommé pour ses sous-vêtements dont le succès est dû à la fibre « thermolactyl » utilisée.

En 1960, Nord Matin et La Voix du Nord relatent la remise du diplôme « Prestige de la France » à Damart-Thermolactyl, rue David Dangers. A ce moment, le directeur général de l’entreprise est Jules Despatures. Joseph et Paul Despatures dirigent également. Lors de la cérémonie, des médailles du travail sont remises à 22 employés, dont le plus ancien avait 51 ans de présence dans l’entreprise.

Une grande partie des personnalités qui participaient à cette cérémonie ont fait le trajet Orly-Lesquin dans une Caravelle spécialement affrétée par Damart. Des motards ouvraient la route aux voitures officielles entre Lesquin et Roubaix. Après le cocktail servi dans l’entreprise, les personnalités se rendirent au Grand Hôtel, où un déjeuner leur fut servi, avant de reprendre leur vol jusqu’à Paris.

Un appel à vos souvenirs : Damart commercialisait dans les années 60 sous le nom de « Buimassor », un appareil destiné au massage et garni de boules en buis :

Le Buimassor – Photo coll. Particulière

Quelqu’un a-t-il utilisé cet appareil ? Avez vous des souvenirs relatifs à ces évènements ou à cette entreprise ? À vos claviers !

L’usine Ternynck

Photo coll particulière
Photo coll particulière

Cette usine est aussi vieille que le quartier : elle est construite en même temps que le Boulevard de Fourmies qui, partant de la place du travail, s’arrête d’abord à la place de l’Avenir, aujourd’hui place Spriet. On n’y trouve dans le Ravet-Anceau de 1898 que la filature Carlos Masurel, l’estaminet Dubron, et l’usine Ternynck.

Son propriétaire est Henry Ternynck, domicilié 50, rue de la Gare. Il dépose en 1896 une demande de permis de construire. Son Architecte est d’abord M. Lietard, puis Marcel Forest à partir de 1912.Les plans déposés montrent que les bâtiments comprennent, une partie tissage (à gauche lorsqu’on regarde l’usine depuis le boulevard), et une partie filature sur quatre niveaux à droite. L’entrée du Tissage se fait depuis le boulevard, par une grand porte flanquée par la maison du concierge. Elle ouvre sur une cour centrale où se trouve un bâtiment plus petit qui abrite les bureaux.

L’entrée Bd de Fourmies. Doc. archives départementales

On entre dans la filature par la rue David Dangers ; là se trouve aussi une maison de concierge. Par derrière, le bâtiment de la chaudière. Celle-ci fournit l’énergie nécessaire à une machine à vapeur actionnant les métiers par l’intermédiaire d’arbres et de courroies de transmission. La chaudière est alimentée en eau par un réservoir qui se trouve dans la cour près du mur de la rue David Dangers.

Doc. archives départementales
Doc. archives départementales

En 1929 on ajoute d’un étage au bâtiment des bureaux (bâtiment central). Mais une demande d’extension jusqu’en bordure de la rue Linné est refusé pour cause de l’élargissement et du déplacement prévu du chemin qui deviendra ensuite la rue Charles Fourrier. Dans les années 1942-1943 on assiste à des travaux d’aménagements internes. Les compte-rendus des délibérations municipales de 1951 nous apprennent que la ville, pour aménager le carrefour formé par les rues Charles Fourrier, Horace Vernet, Henri Regnault, et avenue Gustave Delory, demandent à la société Ternynck la cession de 271 m2 de terrains lui appartenant. Sur ce terrain se trouvaient des jardins ouvriers.

Photo IGN 1950
Photo IGN 1950

La société Damart remplace peu après l’ancienne entreprise dans ses locaux. Comment ce transfert s’est-il déroulé ? Quelqu’un sait-il ce que sont devenus les employés de la filature et du tissage : ont-ils été embauchés par Damart ? A vos commentaires !