On prolonge l’avenue Linné

Les travaux d’ouverture de l’avenue Linné se terminent en 1910. L’avenue est pavée dans sa partie centrale sur une largeur de quatre mètres, le reste de la largeur étant empierré. Elle se termine au niveau de la rue Ingres en laissant subsister une difficulté. En effet, l’avenue se raccorde à l’ancienne rue Linné par un « S » brutal, qui risque d’ entraver et de rendre dangereuse la circulation. C’est pourquoi on prévoit, en 1913, de redresser ce carrefour et de prolonger l’avenue en ligne droite. Mais l’ancienne rue Linné est bordée à cet endroit de constructions, certaines situées dans l’alignement de l’avenue, directement sur le tracé projeté.

Le carrefour en « S » et le projet de tracé – document archives municipales

 Le terrain convoité par la municipalité appartient à la veuve Herchuez et comporte deux alignements de bâtiments formant un angle ouvert. Au total 14 maisons dont cinq en front à rue, l’une abritant un estaminet, il faudra en démolir huit. Le café, dont le tenancier est M. Catteau, comprend une bourloire. Ce terrain est encadré par des propriétés de la société Lemaire frères et Lefebvre. Au débouché de la future avenue sur la place de l’Avenir, le terrain appartient à Narcisse Jaune. Ces terrains seront acquis par voie d’échange avec leurs propriétaires en 1913.

Le débouché de l’avenue sur la place – Document Archives municipales

 La guerre suspend l’exécution du projet, qui reprend en 1925 avec l’approbation du tracé par le conseil municipal, suivi de négociations pour l’achat des maisons Herchuez. C’est chose faite en 1926, mais les locataires ne se pressent pas de libérer les lieux (un seul départ dans les six ans qui suivent). Il faut indemniser les occupants pour récupérer les maisons ; la municipalité leur offre mille francs à chacun. M. Catteau, le tenancier du café, sera indemnisé de la perte de son commerce par le don d’un terrain en bordure de la nouvelle avenue en 1932. Il faut maintenant démolir les maisons. On mène activement les travaux dans le cadre des mesures de lutte contre le chômage et, en 1934, les bâtiments gênants sont abattus, l’avenue est tracée, et on lance l’adjudication pour le revêtement de la chaussée en tarmacadam jusqu’à la place. Celle-ci a maintenant pris le nom de Spriet, alors qu’on vient de procéder au revêtement définitif par le même procédé du reste de l’avenue jusqu’à la place de la Fraternité. Les travaux prolongement de l’aqueduc sont réceptionnés l’année suivante.

La ville met en vente le terrain qui lui est inutile pour y construire un lotissement entre les rues Ingres et Rubens.

Le lotissement – document archives municipales

 Les travaux se terminent par la plantation d’arbres le long de la nouvelle avenue. Il ne reste plus qu’à rétrocéder le terrain entre l’ancien tracé de la rue Linné et celui de l’avenue, selon l’engagement pris lors de l’acquisition des terrains par la ville. Le triangle allant de la nouvelle voie aux maisons anciennes désormais en retrait est donc vendu aux ayants-droits de la société Lemaire frères et Lefebvre moyennant un prix de 5 francs le m². Cette rangée de maisons, jadis en front à rue, est désormais en retrait de l’avenue. Elle témoigne encore aujourd’hui de l’ancien tracé de la rue.

L’avenue a pris l’aspect que nous lui connaissons de nos jours. Les seuls travaux qu’elle a connu depuis ne relèvent que de l’entretien.

La Voix du Nord – 1959

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