La friche industrielle des anciens établissements Leclercq Dupire a été appropriée en un grand ensemble commercial et culturel inauguré au mois d’octobre, l’Espace Carnot. Toute la friche ? Non. La partie située de l’autre côté de la rue Stalingrad (ex rue de l’Industrie) a été entièrement équipée par la ville de Wattrelos, pour y accueillir diverses administrations et leurs services. Le projet wattrelosien a pu se réaliser grâce à la participation du Conseil Général.
Cela a permis de réaliser 2.000 m² de bureaux dans lesquels cohabitent des administrations aussi variées que le centre d’information et d’orientation scolaire au premier étage, l’inspection départementale de l’Éducation Nationale au second, ainsi que des permanences de conseillers municipaux, de la Caisse Régionale d’Assurance Maladie, de la CICAS, de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, du centre d’information sur l’habitat et de l’association des Mutilés du travail. Tous les locaux ne sont pas occupés, et des permanences d’autres associations pourraient s’y tenir.
Le rez-de-chaussée est réservé à des permanences d’ordre social : aide sanitaire et sociale, protection maternelle et infantile. Un parking de cent places permet d’accueillir les visiteurs. Une plaque en souvenir de cette inauguration qui s’est déroulée le 8 novembre 1988, est toujours visible sur le mur à gauche de l’entrée.
Ont participé à cette inauguration MM. Faugaret, maire de Wattrelos, Derosier, président du Conseil Général du Nord, Carton député du Nord, Helm, inspecteur départemental, entre autres personnalités. Présenté comme un exemple parfait de reconquête d’un site industriel, le Centre Stalingrad est appelé à devenir un des catalyseurs de la vie sociale wattrelosienne. Signe des temps, une Marianne républicaine a remplacé la statue patronale de la Sainte Vierge.
Le 19 octobre 1988, c’est l’inauguration du tout nouvel espace Carnot, dit centre commercial et de loisirs. Ou comment faire d’une importante friche industrielle un lien entre le centre de la ville et la quartier du Laboureur. La SEM (société d’économie mixte) est chargée de la commercialisation de l’ensemble.
Les onze bâtiments construits au fil de l’histoire des établissements Leclercq Dupire ont été démolis pour la plupart. L’architecte Lecroart et le cabinet Archi 4 ont gardé et réhabilité deux bâtiments possédant un réel cachet architectural. L’entreprise qui a mené les travaux est la SOPANOR avec une douzaine de sous traitants. L’aménagement intérieur propose un bâtiment plus clair et plus accueillant que l’usine d’autrefois. Un carrelage vitrifié reflète la lumière et la brique rouge se marie avec des éléments bleu vert.
La grande surface Champion couvre 1850 m², soit moins que le total de la trentaine de cellules de la galerie marchande, où on trouve des articles de mode, des services (coiffure, clef minute, photo) un salon de thé, une brasserie sur 300 m², des salles modulables.
Dès l’ouverture, c’est la ruée. Le dimanche 23 qui suit, c’est l’ouverture exceptionnelle du dimanche, un des arguments forts de l’Espace Carnot. On y découvre les enseignes installées : une imprimerie « l’espace s’imprime », Sylvie Cadeaux (cuivres faience, electroménager), un espace presse, Pym’s prêt à porter féminin, Centr’optique , la bijouterie Pyramid, le chausseur Flo et Chris, le salon de coiffure Jacques, un service minute (chaussures, clés), l’agence de voyages Jet Set, le Pressing 5 à Sec.
L’Espace Carnot aura permis la naissance d’une nouvelle société commerciale, le Forum Loisirs qui regroupe sept partenaires de Wattrelos et des environs. Cette société exploite un autre bâtiment se trouvant en retrait de l’Espace Carnot et se présente comme un centre de loisirs et de détente. On y trouve douze pistes de bowling homologuées par la Fédération française, douze billards snooker, deux courts de quash, une académie de billard, un espace junior avec flippers et mini-jeux, une boutique avec des accessoires de sports, un bar restaurant à l’enseigne « le forum ».
Pari audacieux que ce lieu de détente familiale, ciblant toutes les clientèles, intéressant la Belgique et les communes environnantes. le Forum Loisirs ouvrira en novembre.
L’industriel roubaisien Leclercq Dupire crée la firme qui porte son nom, mais c’est son fils Louis Leclercq Mulliez qui fonde l’établissement wattrelosien en 1865. Dès 1870, 375 métiers mécaniques sont en activité. La filature de renvideurs fonctionne en 1877, le tissage de draperie en 1893. La teinture et l’apprêt suivront en 1895 jusqu’à l’établissement d’une retorderie en 1910. En 1911, l’entreprise Leclercq Dupire représente 30.000 broches de filature et 1500 métiers à tisser. : articles de doublure, d’alpagas, de robes et de draperie. L’Elephant, marque de Leclercq Dupire est connu mondialement. Cet ensemble industriel de près de 90.000 m² se trouvait rue de Stalingrad (ex rue de l’Industrie) et s’étendait de l’actuelle avenue Mendès-France jusqu’à la rue Carnot.
En 1923, Leclercq-Dupire s’agrandit et comprend deux nouveaux sites, l’un à Cysoing pour le piquage, l’autre à Saint-Python dans le Cambrésis pour le tissage. Puis, s’y ajoutent une usine de peignage, construite en 1934, ainsi qu’une usine de tissage à Aubenton dans l’Aisne à partir de 1950. En 1913, la société comptait 2 300 employés et 2 000 en 1932.
En 1968, intervient la fusion dans le groupe DMC, le mariage de la laine et du coton puis les activités se répartissent et évoluent entre Soparlaine et Intissel Cursel par le développement de l’activité des non-tissés ou étoffes nappées. En 1974, l’entreprise, alors contrôlée par Dollfuss-Mieg et Compagnie, est absorbée au sein de la société Texunion. Le site Intissel rue du docteur Leplat ferme ses portes en 1975.
Que va-t-on faire de cette grande friche industrielle ? En effet, la relocalisation de la firme Intissel sur le site de la Martinoire laisse 26.000 m² inoccupés et difficilement réutilisables pour des activités industrielles. La question est débattue en Conseil Municipal. Un projet d’aménagement est présenté par la SEM, qui consiste à implanter sur le site un centre commercial, un ensemble de services et de loisirs. On suggère que les surfaces commerciales soient proposées en premier lieu aux Wattrelosiens, on réclame un cinéma, une patinoire, des expositions permanentes et on espère que l’Espace Carnot, tel est le nom de l’opération, ne sera pas un autre Roubaix 2000.
Il est hors de question de rafistoler la vieille usine. On ne retiendra que les éléments sains et ceux qui ont un intérêt architectural. Les quatre cinquièmes des bâtiments existants vont disparaître. On ne gardera que le bâtiment du côté de la rue de Stalingrad, à gauche du porche, le bâtiment parallélépipédique que l’on voit de la rue Carnot, délesté de quelques dépendances, afin de réaliser un parvis ouvert sur la rue Carnot. On reconstruira en neuf sur 8000 m² environ et il y aura un parking de 260 places. L’architecte roubaisien Lecroart, Bernard Vignoble et le cabinet Archin de Suresnes ont réfléchi au projet. Quelques problèmes à résoudre : la dénivellation de 2,50 mètres entre la rue Carnot et la rue de Stalingrad crée deux niveaux différents, la voie de chemin de fer désaffectée.
Voici ce qui est prévu : en 1, un parking de 56 places, utilisable quand le grand parking sera fermé. En 2, une moyenne surface commerciale (1630 m²) au niveau supérieur. Au niveau inférieur, un bowling huit pistes, une brasserie restaurant. En 3, une galerie commerciale. En 4, un supermarché sur 4000 m², bâtiment neuf. En 5, un centre artisanal sur deux niveaux, une vingtaine de cellules modulables. En 6, un centre sportif de 3600 m², courts de tennis couverts, squash, salle de tennis de table, gymnase, vestiaires, sanitaires, bureaux administratifs et bar. Enfin en 7, un parking de 254 places fermé le soir et le dimanche.
On estime que les travaux devraient durer quatorze mois, l’Espace Carnot devrait être opérationnel en septembre 1988.
On en parlait depuis 1972 au moins ! On avait fait mieux, puisqu’un architecte avait été sollicité pour un avant projet immédiatement transmis à l’autorité supérieure. Le Conseil Municipal a réservé les terrains situés à l’angle des rues Saint-Joseph et Florimond Lecomte pour son implantation future. Là se trouvaient les bâtiments de l’ancienne école de filles du Centre, qui abritèrent autrefois les services de la mairie.
Les Chroniques Wattrelosiennes se présentent sous la forme de petits articles traitant d’une période donnée de l’histoire et de la mémoire de la grande cité frontalière du Nord. Ces textes sont construits à partir du recoupement opéré par l’auteur dans ses recueils de témoignages, ses lectures de la presse de l’époque et ses recherches dans les archives. Pour le plus grand plaisir des lectrices et des lecteurs, voici reconstituée et racontée l’histoire de Wattrelos et des Wattrelosiens, à travers ses anecdotes et ses événements.
1901-1911 WATTRELOS A LA BELLE ÉPOQUE
La belle époque est sans aucun doute une période globalement marquée par les progrès sociaux, économiques, technologiques et politiques. Wattrelos n’y échappe pas, mais ce n’est pas la belle époque pour tout le monde, dans une commune qualifiée comme étant « la plus pauvre de France » par le Journal de Roubaix. Mais cette période va marquer l’évolution de Wattrelos vers une identité de grande ville. La voirie se complète et l’on va développer une stratégie d’hygiène publique avec la création d’égouts, d’aqueducs et un règlement sanitaire municipal très sérieux. Les tramways vont développer leurs réseaux sur la ville, la traversant de part en part. Le développement des quartiers s’accentue, Le Crétinier, le Laboureur, le Sapin-Vert ne sont plus des hameaux, sans oublier la place de Wattrelos qui va devenir une vraie Grand Place au sens républicain du terme.
La mutation du personnel politique se poursuit, avec une tendance à la démission pour le poste de maire. La marge de manœuvre de l’équipe municipale semble étroite et les grands projets prennent du temps à se réaliser, voire ne se réalisent pas du tout. L’industrie se développe avec l’arrivée d’une importante société chimique. Les tueries particulières vont bientôt laisser place à un abattoir public. Côté loisirs, on construit un superbe vélodrome au Laboureur, et les quartiers renforcent leurs ducasses avec des braderies de plus en plus courues. On va même construire un nouvel Hôtel de Ville !
Voici donc présentée l’évolution de Wattrelos, par petites touches, dans l’atmosphère de l’époque. Ce petit livre ne prétend pas être exhaustif, ni relater des vérités historiques. Il guidera le lecteur dans les événements du début du vingtième siècle, et lui donnera l’envie d’en savoir plus sur la vie et l’avenir d’une commune autrefois réputée pauvre en ressources mais si riche d’histoires.
Suite aux travaux de dérivation et de canalisation de l’Espierre des années soixante, on reparle de la station d’épuration au début des années soixante dix. Le problème du traitement des eaux de l’Espierre, collecteur « naturel » des eaux charriant les déchets des industries textiles de l’important centre de Roubaix Tourcoing Wattrelos est toujours d’actualité, et ce depuis plus d’un siècle ! Le 22 février 1887, un décret est pris pour la déclaration d’utilité publique des travaux nécessaires pour assurer l’épuration des eaux de l’Espierre avant leur sortie du territoire français. Et cela urgeait, la Belgique menaçait de construire un barrage à Leers-Nord !
En 1961, le conseil général se penche sur le problème de l’épuration des eaux de l’Espierre avant leur rejet dans l’Escaut et décide la construction de la station expérimentale du Grimonpont. En même temps se crée le syndicat intercommunal d’assainissement du bassin de l’Espierre et du basin de Tourcoing tributaire de la Lys, organisme plus important que le syndicat de l’Espierre. Immédiat projet pour Wattrelos, la construction d’un collecteur d’assainissement ayant son origine au Mont-à-Leux empruntant la rue de la Martinoire, le lit actuel de l’Espierre jusqu’à la gare de Wattrelos. Un collecteur de dérivation doit alors permettre l’évacuation des eaux en direction du Grimonpont, par les rues de l’abattoir, du Général de Gaulle, des Poilus, passer sous le cimetière pour aboutir à la station du Grimonpont. Cela doit permettre de décongestionner le riez dans le quartier du Sartel, à l’endroit où il se trouve grossi du Trichon. Les travaux sont menés rondement malgré les difficultés. Il fallut geler le terrain en 1964 et installer une véritable usine de froid pour permettre au collecteur de passer sous le cimetière. Le sol mouvant a obligé les techniciens à faire appel à une technologie de pointe. Au début de 1967, le collecteur de dérivation long de 2.300 mètres et situé à une profondeur de 9 à 14 mètres est réalisé. Les travaux se poursuivent le long du canal vers l’aval à partir du Grimonpont. Le cours est non seulement élargi approfondi et une gaine de béton offre peu de prise à la boue. Il sera plus facile de curer le riez. Continuer la lecture de « Wattrelos et l’Espierre (suite) »
En Juillet 1969, plus de cinq milliards ont déjà été engagés pour assainir le bassin de l’Espierre. Peu de rivières charrient une eau aussi nauséabonde et ont fait également couler autant d’encre. L’Espierre, c’est ce petit ruisseau transformé par la volonté des hommes en un collecteur serpentant parfois à ciel ouvert, plongeant à d’autres endroits de son parcours dans le sous-sol de l’agglomération. Le riez prend sa source sur les hauteurs de Mouvaux, mais son eau claire est bien vite polluée par les eaux résiduelles des teintureries et autres usines du Blanc Seau. Il coule ensuite dans le sous sol roubaisien avant d’arriver sur le territoire wattrelosien par un siphon passé sous le canal de Roubaix à hauteur du pont des Couteaux. L’Espierre poursuit alors son chemin vers le Nord puis vers l’est, pour aller enfin vers le sud et repartir vers l’est. Continuer la lecture de « Wattrelos et l’Espierre »
Le café de la Gare a été démoli en juillet 1972. Il se trouvait à l’angle de la rue de la Gare et de la rue Denis Pollet. Il n’aura pas eu la chance de la Gare laquelle a connu plusieurs reconversions avant de devenir le Conservatoire de Musique de Wattrelos. Continuer la lecture de « Wattrelos : le café de la Gare »
Entre la disparition du Général de Gaulle et l’ouverture du Auchan Leers, Wattrelos inaugure sa première foire exposition. Wattrelos est alors la sixième ville du département en 1970, avec 45.000 habitants. Elle doit son dynamisme à un équipement industriel important, à la réalisation de grands ensembles de logements, d’établissements d’enseignement, sportifs et socio-culturel. À ses habitants aussi et notamment les commerçants qui prennent leur part de ce développement.
À l’origine de cette foire, six artisans poêliers souhaitent organiser à l’approche de l’hiver une exposition d’appareils de chauffage : il y a là MM. André et Maurice Cardon, MM. Arthur et Servais Renard, M. René Holvoet, M. Raymond Vandaele. Ils sont accompagnés par M. Dheedenne, commerçant en alimentation, et M. Deroo négociant en meubles. Ils ont sollicité l’autorisation de la municipalité qui s’est montrée plus qu’intéressée puisqu’elle leur a proposé de monter une foire exposition, avec mise à disposition du centre socio-éducatif, les parkings de la rue des Basanos, la rue Gustave Delory. Les exposants se retrouvent rapidement au nombre de quarante quatre, et envisagent une publicité plus importante. Un petit avion d’air service annoncera dans le ciel la tenue de la foire exposition, et des baptèmes de l’air seront offerts aux visiteurs.
Le Samedi 14 novembre 1970 c’est la première foire exposition de Wattrelos, en plein centre de la ville. L’enthousiasme est si grand qu’il n’a fallu que quelques semaines pour mettre au point le détail de ces trois journées. Cinquante exposants, des stands très variés, des jeux, des attractions, des dégustations de toute sorte. À côté des stands des commerçants, on retrouve celui de la Musique Municipale, de l’Amicale des donneurs de sang, de l’union sportive et de la légion étrangère qui détaillent leurs activités pour le public.
On trouve de tout dans cette foire exposition : meubles, rideaux, revêtements de sol, sanitaires, électroménager, de la TV au lave-vaisselle en passant par l’aspirateur. Un stand de droguerie. Habillement, chaussures, vêtements, pulls, articles pour enfants. Concessionnaires automobiles sur le parking des Basanos. Des stands variés : banque, bijouterie, articles de sports, articles de jardin. De l’alimentation : vins, café, fromages et on peut déguster. Des jeux et lots offerts par les marques. La société Butagaz chauffe avec ses appareils les alentours du CSE.
Malgré le temps gris et maussade c’est un succès. Beaucoup de personnalités présentes autour du maire Delvainquière, les maires de Roubaix, Croix, Herseaux, Estaimpuis, se retrouvent pour un vin d’honneur au foyer bar du CSE, après l’inauguration. André Cardon promoteur et animateur est élu président du comté de la foire à l’unanimité. On sait déjà qu’on recommencera l’année prochaine.