La triperie André

André Vaurs est boucher-tripier. Il est installé aux Halles Centrales de Roubaix. A la fin des années 1940, il y occupe l’emplacement N° 86.87. Les affaires commencent à retrouver un rythme normal, en cette période d’après guerre.

Publicité Décembre 1952 ( document collection privée )

En 1955, les affaires d’André Vaurs sont florissantes. En plus de ses deux emplacements 86.87, il développe son affaire en reprenant les parcelles voisines : les N° 84 85 15 19 et 20.

En 1956, les Halles Centrales sont démolies pour cause de vétusté. Tous les commerçants sont priés de quitter les lieux. André Vaurs a l’opportunité de reprendre un local situé au 13 rue Pierre Motte ( juste en face des anciennes Halles ). C’est le commerce de la boucherie-chevaline de M. Hellin Sellier.

( document collection privée )

La surface de 83m2 au sol est très petite et la porte cochère voisine ne lui appartient pas, car il s’agit de l’accès à la réserve du Monoprix voisin ; mais il bénéficie de tout le dynamisme de cette rue très commerçante.

Publicité 1957 ( document Nord Eclair )

André est boucher et spécialisé dans le commerce des abats ; il souhaite donc apposer son enseigne : « Triperie André » sur sa façade. Il développe alors, une gamme de produits très complète : rognons de porc, tripes, foies de génisse, cervelle d’agneau, ris de veau, langue de bœuf, tête de veau, joue de bœuf, parfaitement présentés dans la vitrine réfrigérée.

La nouvelle façade 1962 ( document archives municipales )

Au début des années 1960, les affaires fonctionnent correctement, André Vaurs décide donc d’investir en transformant sa façade en 1962. Après avoir eu l’accord de son propriétaire Jacques Heim installé au 7 rue Pierre Motte, il confie le dossier à Guy Delhaye décorateur à Bully-les-Mines pour mener à bien le projet. André profite de l’occasion de sa réouverture pour communiquer sur les promotions, dans la presse locale.

Publicité 1963 ( document Nord Eclair )

A la fin des années 1960, son fils Jean-Pierre, après ses études de boucher, vient l’aider à la tenue du commerce. En 1975, André prend sa retraite à 65 ans. Il cède son magasin à son voisin Michel Bruffaerts exploitant le Comptoir de la Viande au 45 de la même rue.

Publicité 1976 ( document Nord Eclair )

Michel Bruffaerts ne garde pas longtemps ce point de vente, puisqu’il le céde ensuite à la boucherie chevaline Hippo Nord en 1977.

Publicité 1977 ( document Nord Eclair )

La sévère concurrence des grandes surfaces amène la boucherie chevaline à fermer ses portes à la fin des années 1970. A partir de cette année-là, le commerce ne sera plus jamais, à vocation alimentaire.

Dans les années 1980, s’implantent les sociétés Rainbow Color (Photo) AAAB (Sécurité) et VAK ( sécurité ). En 1989, Fabien Hamès, jeune diplômé en optique, reprend le pas-de-porte du 13 rue Pierre Motte, y fait effectuer les travaux d’aménagement, et ouvre son premier commerce d’optique à l’enseigne Krys.

documents archives municipales et Nord Eclair

Les affaires de Fabien Hamès, aidé par son épouse Nathalie, fonctionnent de façon très satisfaisante. En 1999, le manque cruel de place les incite à changer d’emplacement pour le N° 9 de la même rue ( voir un précédent article sur notre site, intitulé : 9 rue Pierre Motte ).

Vont alors se succéder diverses entreprises au n° 13 : entre autres : en 2008 l’assureur Warhol du groupe GAN, puis en 2010 Humanis.

documents Google Maps

De nos jours le 13 rue Pierre Motte est occupé par un commerce de cigarettes électroniques : Neo Vapo.

Photo BT

Remerciements aux archives municipales

Blanchisserie du Nord (Suite)

La Blanchisserie Teinturerie du Nord est répertoriée dans l’annuaire téléphonique jusqu’à la moitié des années 1970. Elle exerce son activité sur laines peignées et filées ainsi que sur des fibres artificielles et synthétiques. La vue aérienne de l’entreprise en 1971 est donc l’une des dernières à la représenter en activité.

Publicités de la Blanchisserie des années 1970 (Documents Historihem et collection privée)
Vue aérienne de 1971 (Document IGN)

En 1976, soit après presque 50 ans d’existence, l’entreprise, victime de la crise économique, ferme ses portes. Grâce à la volonté d’une quinzaine d’artisans et de l’ancien propriétaire, d’une agence et de la municipalité, le site voit s’implanter une zone artisanale qui est la première à Hem.

L’ensemble est accompagné d’une supérette au n°346, au coin de la rue Jules Guesde et de la rue des Vosges, qui a pour objectif de desservir le quartier de la Vallée qui commence dans cette rue (perpendiculaire à la rue Jules Guesde), et s’étire jusqu’à la rue de la Vallée.

Dès 1979, un Intermarché est construit au 346, sur une surface de vente de 950 mètres carrés, comprenant alimentation, produits frais, bazar mais aussi un rayon photo. Un parking de 60 places complète l’offre du magasin par ailleurs d’une hauteur modeste et entouré d’un îlot de verdure pour ne pas gâcher l’environnement. Cette implantation doit entraîner la création de 20 emplois.

Fermeture définitive de la Blanchisserie (Document BD Au temps d’Hem)
Vue aérienne du site en 1981 avec l’ Intermarché et son parking (Document IGN)
Doc 15.5 Photo de la construction en 1979 (Document Nord-Eclair) et publicités Intermarché (Document collection privée)

C’est ainsi que dans les vingt cinq années qui suivent la fermeture de l’entreprise, les habitants voient s’installer sur ce site des représentants de professions très diverses :

  • des entreprises de bâtiment telles que Guelton (chauffage central), Dourdin (électricité générale), Alutherm (menuiserie alu et plastique), Isotherm (isolation technique et phonique), Morival (maçonnerie)

  • des entreprises telles que Best (agencement de bureaux), Buisine (agencement de magasins), Discem (cuisiniste)

  • puis Labbé (électroménager), IBB (imprimerie), Jeanine (studio photo) ou même Laile et Lacuisse (volailler), Hem Modelisme…

Publicités de l’année 1982 pour la Zone Artisanale de la Blanchisserie du Nord (Document Office Municipal d’Information de Hem)
Diverses publicités et autocollant du 362 (Documents collection privée)
Vue des bâtiments en front à rue en 2008 à côté de la grille d’entrée dans le site et du château d’eau encore existant (Documents Google Maps)

Ce n’est que dans la fin des années 2000 qu’intervient la destruction complète de l’usine, hormis les bâtiments en front à rue, après le rachat du site par la ville. Une future zone commerciale et artisanale, actée par le nouveau POS (Plan d’Occupation des Sols) doit voir le jour sur cet emplacement tout à côté du magasin Lidl qui a remplacé l’ancien Intermarché.

Vues de l’usine en démolition en 2007 et 2008 (Documents Historihem)

Puis en 2009 intervient la démolition du château d’eau, dernier emblème de la Blanchisserie du Nord, devant le voisinage ébahi : « 3 secondes de Waouah ! après 2 mois de préparation » témoigne le Directeur des Services Techniques de la ville de Hem. Des gravats de l’ancienne usine ont été laissés pour amortir la chute et une pelle de 40 tonnes vient achever la tour.

Démolition du château d’eau en 2009 (Document Nord-Eclair)

Après le temps des démolitions, vient le temps des constructions : la rénovation du magasin Lidl, l’aménagement d’une zone artisanale et enfin, 10 ans après la destruction du château d’eau, la sortie de terre d’un nouveau centre commercial de six cellules commerciales pour une surface de 740 mètres carrés.

Ce nouveau centre, situé entre le nouveau Lidl et les reste des bâtiments en front à rue de la blanchisserie, qui accueille des professions médicales, paramédicales et des associations, doit comprendre une pharmacie, une agence bancaire, un magasin de cycles, une opticienne et un café-poussette (concept de petite restauration adapté aux enfants en bas âge).

Le nouveau Lidl, les anciens bâtiments en front à rue, la zone commerciale en chantier en 2019 et la zone artisanale avec une publicité d’établissement (Documents Google Maps,Voix du Nord, collection privée)

Près d’un siècle plus tard il ne reste donc plus de la Blanchisserie du Nord qu’un bâtiment en front à rue et la vue aérienne de la zone en 1998, soit 20 ans après sa fermeture définitive, en comparaison avec celle qui peut être observée de nos jours n’a plus rien à voir. Il n’en reste pas moins que ce lieu est resté une zone artisanale et commerciale et donc une zone d’emplois pour la ville.

Vision comparative des vues aériennes de la zone en 1998 et 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem et à la ville de Hem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Café Vandamme

Le café Vandamme à Leers est une véritable institution. L’activité débute en 1933 par Jules Vandamme et Jeanne Messian, dont leurs familles possèdent déjà un café : Caroline Vandamme, la sœur de Jules tient à Linselles, le café « Au Coq Chantant », car à l’étage de l’établissement, se trouve un parc destiné aux combats de coqs encore fréquents à l’époque. La réputation de ce café, 50 ans après le décès de Caroline est telle que l’arrêt de bus porte aujourd’hui, le nom de Vandamme. Cet arrêt est situé à l’angle de la rue de Castelnau et de la rue de Lille à Linselles.

le café « Au Coq Chantant » ( document Ch Duhamel )
Caroline Vandamme jouant à la belote avec ses fidèles clients. ( document Ch Duhamel )
Photo de l’endroit de nos jours ( document Ch Duhamel )

Jules Messian et son épouse Clémence Vandenbergh, les parents de Jeanne, gèrent l’estaminet de la Poste à Leers, 14 place Sadi Carnot. • Au décès de Jules en 1910, à l’âge de 41 ans, son épouse continue seule l’activité.

l’estaminet de la poste 14 place Sadi Carnot en 1925 : A partir de la gauche Georges (2e ),Clémence (3e ) et Jeanne (5e ) ( document Ch Duhamel )

La famille n’est pas épargnée par les malheurs, leur fils Albert est assassiné par les Allemands à Longwy en 1917, quant à leur fille Marguerite, elle décède en 1920 à l’âge de 15 ans, conséquence d’une peur atroce causée par la charge d’un taureau présent dans la pâture de la ferme de Bretagne.

En 1933, leur dernier fils Georges succède à sa maman et poursuit l’activité sous le nom du café de la poste Messian-Lannoo jusqu’en 1973.

L’immeuble de nos jours est un cabinet médical ( Photo BT )

En 1928, Jeanne Messian se marie avec Jules Vandamme. Ce dernier est électricien sur les lignes de haute tension. Quant à Jeanne, elle quitte le domicile familial et reprend le café de la Coopérative au 10 rue des Patriotes, aujourd’hui le café «  Liberty », jusqu’en 1933.

le 10 rue des Patriotes en 1933, Jules Vandamme tient par la main sa fille Marguerite (document Ch Duhamel )

Jeanne et Jules souhaitent ouvrir un commerce plus grand. L’opportunité se présente en 1933, en effet l’ancien relais de diligences de M. Delcroix, situé juste en face, est en vente, à côté du bâtiment Pluquet qui empiète sur la rue.

Avant la guerre, le futur café Vandamme, inséré entre le presbytère et l’auberge Pluquet, dont l’un des descendants fut un résistant fusillé par les Allemands ( document Ch Duhamel )

A l’étage, au-dessus de l’ancienne entrée des diligences, se trouve un parc pour les amateurs de combats de coq. Avant-guerre, des tournois mémorables avaient lieu, avec bien entendu, les coqueleux Linsellois.

Jeanne Vandamme au comptoir en 1938, les portes de gauche permettent d’accéder chez le coiffeur. ( document Ch Duhamel )

Bien avant 5 heures du matin, le café est ouvert pour les ouvriers du Transvaal et de Motte-Bossut, et ferme bien tard le soir. Durant la guerre, Jules prend le maquis, Jeanne tient son commerce, une pièce est dédiée au coiffeur Pierre Willequet. Lors de la destruction de l’auberge Pluquet en 1953, un bâtiment sera construit pour le coiffeur. C’est aujourd’hui un cabinet médical.

Jules et Jeanne ( document Ch Duhamel )

Après-guerre, le café devient un lieu incontournable de la commune, Jules est considéré comme  » bon vivant » tandis que Jeanne est affable avec sa clientèle.

Dans les années 1950, les prix des consommations sont stables, ce qui permet de faire imprimer le tarif et de l’afficher pendant des années dans le café.

Tarif des consommations ( document Ch Duhamel )

Le café est agrandi, le coiffeur ayant quitté les lieux, La façade et l’intérieur sont métamorphosés. A l’arrière, l’ancienne remise des diligences est transformée en une grande salle de réception pour banquets, mariages, et réunion d’associations.

Jules, Flore Delespaul, et Jeanne devant la friture, pour la vente à emporter en 1953 ( document Ch Duhamel )
la salle de réception ( document Ch Duhamel )

Jeanne et Jules sont sensibles à l’évolution des goûts des jeunes de la ville. Ils remplacent le billard par l’un des premiers baby-foot « Stella » et un Juke-Box. Devant l’évolution du café, l’aide apportée par les cousins Bernard, Jean-Pierre et Jean-Marc Desmet est la bienvenue.

Jules et Jeanne devant le Juke Box en 1957 ( document Ch Duhamel )
Jeanne Vandamme et à sa gauche une personnalité de la ville, Edgar Deffrene ( Combattants Républicains ) en 1958 à l’arrière du café. ( document Ch Duhamel )

à suivre . . .

Remerciements à Christian Duhamel, le petit fils de Jules et Jeanne Vandamme

Lycée Professionnel Louis Loucheur ( suite )

Suite d’un article précédemment édité sur le Centre d’apprentissage.

Le Collège d’Enseignement Technique accueille plus de 400 élèves. Au milieu des années 1970, l’agrandissement des salles de formation devient indispensable. Un deuxième étage est ainsi construit pour créer quelques salles de cours supplémentaires.

Le Collège devient L.E.P Lycée d’enseignement professionnel, puis quelques temps après, Lycée Professionnel Louis Loucheur et dépend ainsi de la région Nord-Pas de Calais.

Le collège, avec son deuxième étage ( document archives municipales )

Au milieu des années 1980, le Lycée Louis Loucheur collabore à des entreprises théâtrales. Les élèves réalisent des décors de théâtre, des objets, des meubles et même des façades de maison pour des compagnies et en particulier pour l’Aventure à Hem ( Voir sur notre site un article précédemment édité et intitulé : Théâtre de l’Aventure). Ce « chantier-école » permet aux lycéens de mettre en pratique leur savoir faire à l’extérieur de l’établissement.

document Nord Eclair

En 1992, Le Conseil régional, demande un permis pour construire une plate-forme dans les locaux techniques, côté Edouard Vaillant. Cet agrandissement permettra de développer les métiers technologiques et scientifiques basés sur les énergies électriques et énergétiques.

Plan du Lycée

Le Lycée Louis Loucheur se développe encore. La région Nord Pas de Calais dépose en 2003, un permis de construire sur un terrain leur appartenant au 143 bis rue Jean Moulin, pour la construction d’un bloc supplémentaire de 3 salles de classes et de sanitaires.

Plan Cadastral

Après le proviseur Patrick Derancy, c’est Liliane Norrés qui arrive à la direction du lycée Loucheur au début des années 2010. Pleine d’enthousiasme et de pugnacité, elle décide qu’une rénovation de son établissement est nécessaire. Le Conseil Régional accepte de financer du nouveau matériel. La direction et les professeurs incitent les élèves à s’unir autour d’un projet fédérateur : la réfection des locaux. De quoi donner aux lycéens l’envie de s’approprier les lieux. L’heure du renouveau a sonné.

document Nord Eclair

Suite à cette rénovation, le Lycée Louis Loucheur reçoit, dans sa catégorie, le prix de l’éducation citoyenne en 2014. Une façon pour les jeunes lycéens de mettre la main à la pâte de manière très utile, et qui est ainsi récompensée.

document Nord Eclair

Autre récompense : en 2015, Guillaume Delbar, maire de Roubaix, en visite au lycée Louis Loucheur, remet le titre de meilleur apprenti de France à Jefferson Catteau dans la catégorie ; carreleur-mosaïste. Apprenti en « bac pro carrelage » au lycée, Jefferson a passé plus de 100 heures de travail, en dehors des cours, pour réaliser son œuvre. Ce qui en dit long sur sa motivation !

document Nord Eclair
document Lycée L Loucheur

En 2021, les élèves du Lycée décorent les plots en béton qui se trouvent sur le trottoir face à leur établissement, à la vue des nombreux piétons et automobilistes sur le boulevard de Lyon, pour démontrer les intérêts de la formation professionnelle.

document Lycée L Loucheur

L’année suivante en 2022, des lycéens en Bac professionnel « Gros Oeuvre » réalisent, grâce à l’imprimante 3D du lycée, un énorme logo en béton pour le festival de musique URBX de la Grand Place. Un QR code est installé au pied de la structure afin que les passants puissent connaître l’origine de l’ouvrage.

document Nord Eclair

De nos jours, après une période un peu difficile, le nombre de lycéens ayant quelque peu chuté, l’effectif repart à la hausse sous l’impulsion de Jean-François Caron, proviseur, en poste depuis quelques années. L’effectif du lycée est de 58 personnes pour encadrer les élèves : l’équipe enseignante (32) une équipe d’agents (11), et une équipe technique et administratif (15).

Photo des ateliers de nos jours ( photos BT )

En relation étroite avec le tissu économique et industriel local, l’établissement forme aux métiers du bâtiment. Les formations préparent du CAP ( Certificat d’Aptitude Professionnel ) au Bac Pro ( Baccalauréat Professionnel ) dans 4 domaines : Génie Thermique et Sanitaire, Maçonnerie Gros Œuvre, Peinture Revêtement, et Carrelage. Les formations sont proposées sous statut scolaire et pour certaines d’entre elles sur le niveau terminal par apprentissage. Le lycée accueille également en son sein une classe de 3e Prépa-métiers.

document Lycée L Loucheur

Remerciements à Jean-François Caron, ainsi qu’aux archives municipales.

Teinturerie Gabert (Suite)

Après l’appel à la résistance du Général de Gaulle, une poignée de hémois et hémoises s’engage dans la résistance. Parmi eux se trouve un dénommé René Thomas, syndicaliste convaincu et ouvrier chez Gabert. Domicilié impasse Vandemeulebrouck (dans la rue Jules Guesde), il participe à la structuration d’un réseau et devient l’âme de la résistance avec le Dr Trinquet.

Les tâches du réseau sont multiples : compter les camions de ravitaillement, les camions d’essence, les avions, voir quel bâtiment vient d’être abandonné par étirement des troupes allemandes, reconnaître les barrages antichars, comme celui situé entre l’usine Duprez et le passage à niveau de la Briqueterie et fait de rails sortant de terre de 60 cm à 1,20 m.

René se dépense sans compter, à ses frais, pour les réfractaires d’Hem. Il se montre d’un dévouement et d’un courage sans faille en participant à des actes de résistance pure, tels que le sabotage de la voie ferrée Lille-Bruxelles, sur les territoires voisins de Hem et en diffusant des tracts par voie d’air.

Il est malheureusement arrêté sur dénonciation et subit de longues séances de torture par la Gestapo à La Madeleine. Pendant 90 jours il est au secret, enchaîné, blessé, laissé sans soins mais ne parle pas. Sa femme donne le jour à leur fille pendant son emprisonnement. Puis il est déporté en Allemagne en forteresse d’abord puis en camp de concentration. Il n’en reviendra pas…

Les ouvriers de chez Gabert avant1939 : à droite, tête nue, René Thomas (Document Historihem)

Après-guerre l’usine reprend son activité et de nombreuses femmes y sont employées en tant que préparatrices en écheveaux, ces assemblages de fils repliés et réunis par un fil de liage. Sur la photo ci-dessous au 1er plan c’est Mlle Decottignies qui restera la dernière ouvrière de l’usine à sa fermeture 40 ans plus tard.

Les préparatrices en écheveaux avec Mlle Decottignies au 1er plan et la même 40 ans plus tard (Document Hem 1000 ans d’histoire)

L’entreprise poursuit son activité sans problème apparent durant les 30 années qui suivent. Entre 1950 et 1960, elle emploie jusqu’à 300 personnes et connaît son apogée pendant cette décennie.

Le bulletin de paie d’un salarié en 1957 (Document collection privée)

En 1971, il devient nécessaire de recimenter, recercler et rejointoyer la cheminée haute de 40 mètres après plus d’un siècle d’existence. C’est une entreprise de la région parisienne qui se charge de cette œuvre de haute voltige pour laquelle il faut non seulement n’avoir pas le vertige mais également ne pas craindre la température des fumées de 150 à 180 degrés à la sortie de la cheminée.

Photo aérienne de l’entreprise et du château Gabert en 1971 (Document IGN)
La réparation de la cheminée en 1971 (Document Nord-Eclair)

En 1975, la société, alors dirigée par l’arrière petit fils du fondateur Philippe Gabert et son frère Jacques, fête le départ en retraite de 2 cadres qui y ont travaillé pendant 40 ans : Jean Hotot, responsable des ateliers de bobinage, et Jean Vanhamme, responsable de la teinturerie sur bobine. La société emploie alors encore 270 personnes. Philippe Gabert se félicite dans son discours du fait que le plein emploi a pu être assuré pendant toute la durée de l’année précédente.

2 départs en retraite de cadres de l’usine en 1975 (Document Nord-Eclair)

Malheureusement les années 1980 sonnent le glas de l’entreprise qui n’arrive plus à faire face économiquement après avoir dû déposer le bilan en 1977. Ainsi, alors qu’elle se trouve en concordat depuis, elle ne peut faire face à l’échéance concordataire de juin 1982.

C’est alors que le conseil municipal à l’unanimité décide le rachat des terrains et des bâtiments au moyen d’un emprunt. Le but est clair : l’entreprise devient locataire et peut relancer activité et investissements afin de sauvegarder l’emploi, tandis que la municipalité paye capitaux et intérêts de l’emprunt grâce au loyer versé.

L’entreprise Gabert se rapproche en parallèle du groupe Leblan par l’intermédiaire duquel elle devrait trouver des commandes. Pour atteindre le seuil de rentabilité il lui faut en effet assurer une charge de production de 100 tonnes par mois, résultat envisageable uniquement grâce à une modernisation de son outil de production et à la conquête d’une nouvelle clientèle. Pourtant la situation continue à empirer jusqu’à la fermeture.

L’usine en1982 (Document Nord-Eclair)

Deux ans plus tard l’usine n’emploie plus qu’une dizaine de salariés même si elle fait encore travailler à façon le personnel d’autres entreprises. Le tribunal de commerce prononce alors la liquidation des biens de la société qui, dès lors, semble condamnée à fermer définitivement ses portes.

Et en avril 1987, c’est le dernier acte, et la mairie est forcée de constater la vétusté des lieux et de décider la démolition des bâtiments (sauf un atelier et des entrepôts) construits sur 22.000 mètres carrés, y compris la mythique cheminée. Il est alors question que Kiabi y installe ses services centraux mais c’est finalement rue du Calvaire, face à la briqueterie d’Hem que cette installation aura lieu.

L’agonie d’un géant ainsi que titre le journal Nord-Eclair : les ateliers et la cheminée lors de la destruction (Document Historihem)
La cheminée Gabert tombe en 1987 (Document Au temps d’Hem)

Photo aérienne de Meillasoux et Mulaton et du terrain de l’usine Gabert après démolition.

En 1990, le réaménagement du site Gabert est décidé avec l’implantation d’un lotissement abritant des petites et moyennes entreprises accueillies sur des terrains de 1200 à 3500 mètres carrés. Cette zone d’activité est financée par un gros investissement communal, par une subvention du FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) pour l’aménagement des friches industrielles et le solde par un emprunt qui devrait être remboursé au moyen des recettes fiscales apportées par les entreprises installées sur le site.

La friche Gabert en gros plan avec le château après la démolition puis 10 ans plus tard (Documents Historihem)
Entrepôts transformés en loft en 2008 (Document Historihem)

30 ans plus tard, soit plus d’un siècle et demi après la naissance de l’entreprise, le site Gabert a laissé place à la zone d’activités prévue et délimitée par une allée ayant reçu le nom de Gabert, au n°6 de laquelle on retrouve l’ancien château Gabert joliment restauré.

Photo aérienne de la zone en 2022 (Document Google Maps)
Le château en cours de restauration puis actuellement au milieu de la nouvelle zone d’activité (Document Historihem et Google Maps)

Remerciements à Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui et à ce dernier pour son ouvrage Hem 1000 ans d’histoire.

Blanchisserie du Nord

En 1928, au lieu-dit Le Monceau, plus précisément au 362 rue de Lannoy (actuelle rue Jules Guesde) à Hem, est édifiée une usine de blanchiment et teinturerie, dite « Blanchisserie du Nord », dont le fondateur propriétaire est Mr Charles Derly.

L’usine se compose au départ d’un atelier de fabrication en briques, avec un étage carré couvert d’un lanterneau. Le toit est à longs pans et la couverture en tuiles flamandes. Un autre atelier de fabrication en rez-de-chaussée est ajouté à l’ensemble en 1934. L’usine est surmontée d’une cheminée portant la date de construction et possède une cour et un château d’eau.

Vue aérienne de l’entreprise en 1933 (Document IGN)

La curiosité de la rue de Lannoy est à l’époque le passage à niveau qui se tient au coin de l’actuelle rue des 3 Fermes et qui permet le passage de la ligne de chemin de fer Roubaix-Somain, laquelle amène alors le charbon des mines aux usines textiles. Comme par ailleurs il existe un tramway Lille-Lannoy, une passerelle a été construite derrière l’usine grâce à laquelle la ligne de tramway contourne la blanchisserie pour « enjamber » la voie ferrée et rejoindre la rue de Lannoy à hauteur de la rue de la Léverie.

En-tête de papier à lettres de la blanchisserie (Document Historihem)

Le papier à lettres de la blanchisserie fait clairement apparaître le contournement de l’époque. La passerelle initiale détruite par les allemands lors de la première guerre en 1918 a été reconstruite et inaugurée en 1920, soit 8 ans avant la construction de la Blanchisserie du Nord. (Voir sur notre site un précédent article intitulé : la ligne Lille-Leers septième partie Hem la rue de Lannoy)

La passerelle et les motrices en 1920 (Document Journal de Roubaix)

Le procédé de blanchiment le plus anciennement connu, surtout pour les tissus de chanvre et de lin, consiste à soumettre les tissus à l’action réitérée de l’air, de l’eau, de la lumière et des lessivages alcalins, à l’aide de produits chimiques. Le travail est pénible et effectué majoritairement par du personnel féminin.

Le personnel de la Blanchisserie du Nord dans les années 1920-1930 (Documents collection privée)
Exemple d’atelier de blanchiment des textiles de l’époque (Documents Alamy Images)
Certificat de travail établi par la blanchisserie teinturerie du Nord en 1936 (Document collection privée)

Au début de la deuxième guerre mondiale, avec l’invasion de la Pologne, la France décrète la mobilisation générale, et la défense passive est mise en place dans la ville de Hem comme ailleurs, sur ordre préfectoral. La municipalité prévoit donc des mesures de sécurité et de protection particulières. Ainsi la commune est divisée en 7 secteurs dont le troisième prévoit un repli sur la Blanchisserie du Nord en cas d’alerte.

Chaque chef de secteur dispose de brancardiers, d’infirmières, de chefs d’abri et de chauffeurs auto. Les consignes sont données et, dès que l’aviation ennemie approche, l’alerte est donnée par coups de sirène continus et répétés. Les chefs d’abri se rendent sur place et veillent à ce que la descente aux abris se passe en ordre en donnant la priorité aux femmes, enfants et vieillards. Leur rôle, en fin d’alerte est également de faire ressortir les occupants de l’abri en ordre, pour éviter les accidents.

Dans les années 1950, la Blanchisserie et Teinturerie du Nord poursuit son activité. La vue aérienne de 1951 permet de constater que la voie ferrée ainsi que celle du tramway ont disparu. En 1959, le fondateur Charles Derly, décède à l’âge de 78 ans. Pourtant l’entreprise continue son activité comme en attestent les annuaires Ravet-Anceau de l’époque.

Vue aérienne de 1951 (Document IGN)
Enveloppe personnalisée postée en 1954 (Document collection privée)
Faire-part de décès de Charles Derly (Document Historihem)

Blanchir et teindre des vêtements et textiles est une activité très polluante et il faut en moyenne entre 100 et 150 litres d’eau par litre de tissu teint soit une quantité énorme d’eau. C’est sans doute la raison pour laquelle en 1964, l’entreprise fait réaliser un sondage pour recherche d’eau par la société auxiliaire des distributions d’eau.

En-tête sondage pour recherche d’eau en 1964 (Document Historihem)
Publicité et offre d’emploi des années 1960 (Documents Nord-Eclair)

En 1965, un grave incendie dévaste un bâtiment de l’entreprise abritant la forge, la menuiserie, les vestiaires des ouvriers et un stock d’entretien (matériel électrique et outillage), détruisant tout le matériel entreposé et occasionnant pour 300.000 francs de dégâts. Toutefois aucun chômage n’est à prévoir pour les 150 salariés.

Fort heureusement, en effet, le bâtiment est isolé du reste de l’usine par une clôture en ciment ayant fait office de coupe-feu et empêché la propagation de l’incendie aux autres bâtiments. La cause du sinistre, survenu de nuit, est inconnu et ce sont des riverains, ouvriers de l’usine, qui, ayant observé l’épaisse fumée s’échappant du bâtiment, ont prévenu le concierge lequel a fait intervenir les pompiers de Hem.

Cliché pris par le toit montrant les moteurs de machines détruits (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem et à la ville de Hem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Le fronton Blanchemaille

Rue de Blanchemaille à Roubaix, l’hôpital Napoléon a été construit et inauguré en 1867. Il deviendra par la suite, l’Hôtel Dieu puis l’hospice Blanchemaille.

Plus d’un siècle plus tard, en 1981, l’hospice Blanchemaille est rasé pour cause de salubrité et surtout parce qu’il se situe près de l’emplacement du percement de l’avenue des Nations Unies. Voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : « Nations Unies, dernières démolitions, côté Nord ».

document collection privée

Sur la façade de l’hospice Blanchemaille, se trouve le fronton d’Isabeau de Roubaix, fille de Pierre de Roubaix. Une œuvre magnifique de 1867 du sculpteur Charles Iguel ( 1827-1897 ) qui a su rendre, par son œuvre, à Isabeau de Roubaix, une figure féminine douce et sereine.

Le fronton représente Isabeau de Roubaix, entourée de ses pauvres et des déshérités. Elle a fondé l’hôpital Sainte Elisabeth en posant la première pierre en 1488. Isabeau est représentée en train de donner aux malades la charte de l’hôpital.

document Nord Eclair

Le fronton est l’un des éléments les plus caractéristiques et les plus artistiques de cette façade. En 1981, on étudie donc la possibilité de sauver cette partie du bâtiment de la démolition. Cet élément pourrait ainsi être descellé et installé ailleurs, comme par exemple, posé sur un porche aménagé sur le mail planté de l’église Notre Dame. Une étude financière et technique est lancée.

La démolition de l’hospice Blanchemaille ( document Nord Eclair )

Une association regroupant notables, industriels et entreprises roubaisiennes est créée pour qu’Isabeau puisse être sauvée, avant que l’oeuvre ne termine à la décharge. L’association présidée par Francine Mulliez réunit la coquette somme de 225.000 F pour sauvegarder ce patrimoine roubaisien. Le fronton Blanchemaille est sauvé !

Le triangle de pierre de plusieurs tonnes est démonté, gardé dans un local municipal en attendant de trouver l’endroit idéal. Pendant plusieurs mois, il est stocké dans une sombre pièce municipale, pendant que Didier Schulmann conservateur du musée de Roubaix essaie de le replacer dans la commune, mais en vain.

Les jardins des nouveaux bâtiments de la CAF (Caisse d’Allocations Familiales), qui remplacent les anciens locaux du 7 de la Grande rue, construits boulevard Gambetta à l’ancien emplacement de la caserne des pompiers, lui offrent une occasion rêvée.

document Nord Eclair

Les services municipaux commencent alors l’entretien du fronton. Il est nettoyé, rafraîchi et remonté. On crée une toiture en zinc qui est posée sur toute la partie supérieure du triangle, de façon à le protéger des intempéries.

Un haut relief est prévu récapitulant les 41 souscripteurs qui ont financé les travaux.

document archives municipales
document archives municipales

Le fronton trône désormais sur une poutre en béton posée sur 4 piliers habillés en pierre bleue de Soignies, plantés sur un coin de pelouse de ce terrain qui appartient à la C.A.F.

L’inauguration du fronton a lieu le 23 Septembre 1987 à 15h, sur place, dans

les jardins de la nouvelle caisse boulevard Gambetta, en présence d’ André Diligent sénateur-maire, de Francine Mulliez présidente du comité de souscription et de Louis Vancapernolle président de la C.A.F. de Roubaix.

documents Nord Eclair

André Diligent sénateur maire prend la parole. Il fait appel au mécénat et à la fibre roubaisienne pour sauver le patrimoine culturel de la ville.

Francine Mulliez remercie les donateurs et enlève le voile du fronton en présence d’une nombreuse assistance.

Pierre Boisard, président national de la CAF coupe le cordon d’inauguration.

Le fronton veille désormais à travers les vitres fumées de la CAF sur les guichets informatisés.

Les bureaux de la Caisse sont d’ailleurs fermés ce jour pour cet événement. Un chahut est organisé par une cinquantaine de cégétistes qui décident d’ajouter leur gain de sel à la cérémonie et viennent troubler le moment.

Les 27 maires des communes desservies en prestations familiales de la CAF de Roubaix sont également présents. Les 27 municipalités représentent 83.000 allocataires.

Il y a à Roubaix, des gens capables de générosité pour sauver le patrimoine de la ville, une générosité qui permet de sauver ce fronton et de lui offrir au sein de la cité textile, la destinée pour laquelle il a été sculpté.

Cependant, il est dommage de constater que malheureusement aujourd’hui, le monument est en piteux état car il n’est plus du tout entretenu depuis quelques années . . .

Photos BT 2023

Remerciements aux archives municipales.

Du centre d’apprentissage au Lycée Loucheur

Un centre d’apprentissage est créé en 1941, au 112 rue des Arts à Roubaix, à l’initiative de la Chambre de Commerce. Le but de ce centre est de donner une formation adéquate aux jeunes de la région, afin de lutter contre le chômage. Initiateur du projet, Paul Degryse devient le directeur de cet établissement dont le bâtiment était auparavant occupé par J. Martel mécanicien constructeur.

document collection privée
Le 112 rue des Arts, de nos jours ( photo BT )

Le nombre de jeunes intéressés par cette formation est très important. Les locaux ne sont pas suffisamment grands pour accueillir tout le monde. Très rapidement, une annexe est créée au 168 rue de Lille. Mais le problème majeur reste toujours le nombre croissant de l’effectif, et les deux endroits dispersés sont insuffisants. Il est urgent de construire un centre d’apprentissage digne de ce nom.

En 1957, un permis de construire est accordé pour la construction d’un Centre d’apprentissage, au 8 Boulevard de Lyon, sur un terrain manifestement laissé à l’abandon. Un château en ruines, occupé autrefois par la famille Willot Screpel y sera prochainement rasé.

Le château de la famille Willot Screpel au centre du terrain ( photo aérienne 1953 )
Plan cadastral

Les crédits de 200 millions de francs pour la construction sont maintenant accordés et les travaux vont pouvoir démarrer.

Les 2 architectes, Mrs Bazelis et Deletang travaillent en étroite collaboration avec Paul Degryse qui apporte sa compétence et son expérience de technicien.

Le vaste terrain d’une superficie d’1 ha, permet l’implantation de grands bâtiments. Le projet comprend un immense bloc-atelier, un bâtiment central pour l’enseignement général, les services administratifs, une cuisine avec salle de restaurant, un amphithéâtre, un gymnase, une installation cinématographique, une infirmerie, des douches.

document Nord Eclair 1956

L’établissement sera le plus moderne de France, il pourra accueillir 400 élèves, et compte tenu des prévisions démographiques favorables des années 1960, on pourra même envisager un second étage aux bâtiments.

La première pierre de ce centre est posée en 1957. Paul Degryse devient naturellement directeur de ce centre d’enseignement des métiers du bâtiment : charpente, mécanique etc, pour garçons.

document Nord Eclair 1959

Le centre d’apprentissage du boulevard de Lyon ouvre en 1959. Paul Degryse y accueille les parents d’élèves, pour visiter les locaux flambant neufs.

Quelques années plus tard, à la fin des années 1960, le Centre d’apprentissage change de nom, et devient un C.E.T Collège d’Enseignement Technique. Il dépend ainsi du département.

document archives municipales

Dans les années 1960, Paul Degryse édite régulièrement un périodique scolaire « Vers l’Avenir » destiné aux élèves.

document P. Debuine

En 1970, le Collège compte 417 élèves dont 301 demi-pensionnaires et 116 externes. Il n’y a pas d’examen d’entrée au Collège. Les diplômes obtenus sont le CAP ou le BEP. En cette année 1970, une nouveauté vient compléter les différentes formations techniques : la cellule Gaz qui permet de former une nouvelle pépinière d’ouvriers qualifiés.

Le C.E.T reçoit tous les mardis une centaine d’apprentis coiffeurs qui viennent compléter leur formation et accueille également des sociétés sportives roubaisiennes qui viennent profiter du gymnase.

Le nouveau directeur, Mr Lefebvre, gère également le foyer socio- éducatif du collège ( cours de photo, modelage, ciné club, journal )

documents archives municipales

à suivre . . .

Remerciements à Jean-François Caron, proviseur, ainsi qu’aux archives municipales.

L’inauguration de la Maison de l’éducation permanente

La Maison de l’éducation permanente est constituée de plusieurs modules formant un ensemble architectural résolument moderne. L’entrée s’effectue par la rue Jean Castel et donne l’accès direct à un vaste hall autour duquel sont réparties les salles d’enseignement général, les salles de cours informatiques, le centre audio-visuel, la salle de documentation. Elle dispose également d’un coin lecture, d’un forum pour les débats et discussions, il est également prévu un logement de fonction. De l’autre côté de l’entrée principale, ce sont les salles réservées à l’administration, aux enseignements spécialisés comme le dessin d’art, les sciences naturelles, la physique chimie. Une salle pour les enseignants, une autre pour les formateurs sportifs y seront aménagées. Des salles de superficie plus restreintes seront dédiées à des équipements tels que labo photo ou technologie diverses. Par le hall d’entrée, il est possible de rejoindre les salles dans lesquelles seront aménagés des ateliers tels que ferronnerie, cuisine ou couture.

La Maison de l’éducation permanente de Wattrelos, aujourd’hui doc ville de Wattrelos

Placé plus en retrait, un autre bâtiment a été construit pour accueillir une salle polyvalente pouvant être utilisée pour des spectacles, d’une contenance de 300 personnes. Dans la partie située à proximité de la ferme pédagogique, sera aménagé le restaurant directement adjacent à une belle terrasse sur laquelle une cheminée barbecue a déjà été installée. Les cuisines seront spacieuses. Un service médical et un foyer seront installés à proximité du hall des sports, dont l’entrée pourra se faire par la rue Jean Castel, mais aussi par la voie d’accès à la salle des jeux traditionnels.

Dès sa mise en service, la maison de l’éducation permanente poursuivra les activités déjà proposées aux stagiaires : cours d’électronique, informatique, anglais, allemand, préparation à l’examen d’entrée à l’université. Des projets sont en cours qui doivent permettre la création de stages de formation professionnelle (secrétariat, bureautique, électronique) en collaboration avec l’AFPA et des stages de gestion informatique en collaboration avec la chambre de commerce de Lille Roubaix Tourcoing. Les stages d’insertion de l’ancienne école Michelet y bénéficieront de salles de cours.

Cette maison est l’un des bâtiments les plus prestigieux en matière d’équipement éducatif et sportif pour Wattrelos et toute la métropole. Elle a un coût : 20 millions de francs. La ville de Wattrelos bénéficie d’une subvention du Conseil régional de 5 millions et 450,000 francs et peut ainsi déjà accueillir 600 stagiaires.

L’inauguration du 15 décembre 1984 doc NE

La maison de l’éducation permanente a été inaugurée le samedi 15 décembre 1984 par le député maire Alain Faugaret, en présence du président du Conseil régional Noël Josephe, de Michel Delebarre ministre du travail et de la formation professionnelle, de Madame Victor Provo et son fils Jean Claude, conseiller régional. Elle portera le nom de Victor Provo qui fut un grand maire, un grand député et un grand président du Conseil Général du Nord.

Site Motte-Bossut de Leers

Louis Motte-Bossut est le fondateur d’une filature qui, en 1843, représente, en importance, avec 18. 000 broches, dix filatures moyennes de l’époque. À peine achevée, cette usine est la proie des flammes (juillet 1845). Dix mois plus tard, elle est reconstruite sur des données plus vastes avec 44.000 broches, elle atteint presque l’effectif de toutes les filatures de Roubaix et de Tourcoing réunies. Quinze ans plus tard, une autre filature vient porter l’installation à 100.000 broches. La Filature monstre est à nouveau détruite par un incendie en 1865 et ne sera plus rétablie. Elle restera désormais de l’autre côté du canal. Peu de temps après, Louis Motte-Bossut aménage un important tissage de coton à Leers, puis une filature de laine à Roubaix, boulevard de Mulhouse (aujourd’hui disparue).

L’usine Motte Bosut à Leers doc VDN

En 1871, une importante usine de tissage de coton est construite sur la route de Roubaix par l’entreprise Motte-Bossut. La direction en est confiée à Léon et Louis, fils de Louis Motte et d’ Adèle Bossut. Avec le mariage de son aîné Léon, la raison sociale de l’entreprise change et devient « Motte-Bossut & fils ». Louis Motte-Bossut a donc créé un tissage de coton à Leers, qu’il confie à ses deux fils, Léon (1842-1903) et Louis (1845-1901). En 1895, intervient à Leers l’édification de la tour Motte-Bossut Fils (MBF), qui domine encore la commune.

Le site en 1965 Photo IGN

L’Usine a cessé ses activités en Juillet 1982. Elle occupait encore 170 salariés. En 1983, pour un essai de pré commercialisation avec le versant nord est, cinq entreprises de petite taille étaient intéressées. Le syndic de l’unité Motte-Bossut avait toutefois été saisi d’une offre plus rentable, émanant de la société Ferret Savinel qui voulait tout démolir et édifier des logements. Plusieurs projets allant jusqu’à 185 logements. Ferret Savinel avait même déposé deux permis de démolir et trois permis de construire pour 91 logements.

Mais la ville de Leers défend à l’époque un autre projet : pour 7000 m² achat et vente par lots côté avenue de Verdun, 9000 m² bâtis la ville les achète pour implantation d’activités à moyen terme. À court terme on y installerait des activités pour lesquelles on ne peut rien construire pour raisons financières, comme les ateliers municipaux, une salle polyvalente de sports. Dans la cour, près de la tour, 5 à 600 m² de bureaux pour l’école de musique. Sur les terrains, une partie en parkings et une douzaine de logements.

Le site en 1986 Photo IGN On distingue le lotissement des Tisserands

Rappelons que la fermeture de Motte-Bossut est un sinistre financier, perte de 8 % des recettes totales. La ville de Leers souhaite marquer une pause dans la politique d’urbanisation, en attente de son collège, dont le permis de construire est accordé, mais pas encore les financements et les crédits du conseil régional. Une partie du site est actuellement occupée par l’entreprise Sweetco, le reste des bâtiments par des associations sportives, un lotissement occupe aussi une partie des terrains de l’usine. Le verger de l’entreprise a également laissé place au lotissement nommé Les Tisserands.

L’espace sportif Motte-Bossut doc Ville de Leers

Depuis 1985, c’est l’entreprise Sweetco, aujourd’hui leader sur le marché du matelas et de la protection de literie pour bébés, qui  a installé ses bureaux et son site de production. En mars 2022, les salariés ont été informés du transfert de l’activité pour un regroupement sur le site logistique de l’entreprise, dans le parc d’activités de Roubaix Est.

Cette nouvelle situation permet à la ville d’envisager une autre destination pour ce site industriel, avec des logements notamment. La tour de l’ancienne usine emblématique dans la commune, devrait être conservée. Qu’adviendra-t-il du site Motte-Bossut ?

On lira avec intérêt le superbe travail de Bernard Moreau et Jean Pierre Desmet sur l’évolution du site Motte-Bossut de Leers dans Leers mon village, publié par l’Association Leersoise d’études Historiques et Folkloriques