Jean Duthoit

A la fin des années 1950, il ne reste pratiquement plus de terrains vierges constructibles sur le boulevard de Fourmies. Seules trois parcelles sont encore disponibles : les numéros 123, 125 et 127, à deux pas de la rue Carpeaux.

Le 127 boulevard de Fourmies. La construction des 123 et 125 vient de se terminer ( document IGN 1957 )

L’entreprise de sanitaire et chauffage H. Da Silva fait l’acquisition du 123, et le photographe R. Vandeputte s’installe au 125. Jean Duthoit est électricien et habite à Flers lez Lille. Il fait l’acquisition du terrain de 218 m2 au 127 du boulevard de Fourmies et demande un permis pour construire, en 1965, un immeuble à usage commercial et d’habitation sur deux étages. En effet, il souhaite s’implanter dans ce quartier du Nouveau Roubaix pour créer un magasin d’électro ménager. Il envisage également d’acquérir un terrain donnant sur la rue Rubens juste derrière, pour aménager son atelier.

Plan cadastral

Le magasin d’exposition se situe au rez-de-chaussée dans une débauche de lumière et de motifs décoratifs. On y trouve toute la gamme d’électro-ménager de la marque Philips : machines à laver, réfrigérateurs, téléviseurs, cuisinières et bien d’autres appareils ménagers.

projet de façade ( document archives municipales )

L’entreprise Duthoit est d’ailleurs bien connue dans la région et ce depuis des années. Spécialiste en électricité générale, elle bénéficie d’une excellente notoriété. L’ouverture a lieu en 1966.

Publicité d’ouverture ( document Nord Eclair )

Mr et Mme Duthoit pensent déjà à l’avenir, puisqu’ils envisagent de créer au premier étage, un magasin d’exposition de lustrerie, ainsi qu’un service d’installation de cuisines équipées. L’arrivée des premiers téléviseurs couleur en 1967 profite parfaitement à Jean Duthoit qui communique de plus en plus par de la publicité dans la presse locale.

document Nord Eclair

Jean Duthoit propose bien sûr, des crédits pour faciliter les achats de ses clients, un SAV (Service Après Vente) irréprochable avec un dépannage rapide, des travaux d’électricité et des poses d’antenne TV. Jean a le sens inné du commerce, il communique énormément pour continuer d’entretenir sa relation avec sa clientèle. Lors de la braderie du boulevard de Fourmies, il organise des concours pour offrir des cadeaux à ses fidèles clients.

document Nord Eclair

Jean propose des promotions sur toute une gamme de cuisinières, lors du changement de gaz arrivé sur la ville en 1969. En 1973 il termine l’installation de son atelier aux 6 et 8 rue Rubens, derrière son magasin. Il crée alors son « Dépannage Service » et recrute des techniciens professionnels et qualifiés pour assurer les dépannages rapides. Il profite de son agrandissement pour proposer des prix promotionnels sur toute la gamme de la marque Brandt.

Publicité agrandissement ( document Nord Eclair )

Jean Duthoit ouvre, en Novembre 1976, un deuxième magasin, au 136 rue de Lannoy, sur la place de l’église Sainte Elisabeth. C’était l’ancienne quincaillerie Henneuse qui existait depuis les années 1910. Jean décide de refaire complétement sa façade avant son ouverture

Façade du 136 rue de Lannoy ( documents archives municipales )

Pour cet événement, il investit encore dans la publicité et fait venir le célèbre Raoul de Godewarsvelde. La gamme de produits proposés est identique, mais il se spécialise avec un département cuisines équipées plus important.

document Nord Eclair
le département cuisines ( document Nord Eclair )

Dans les années 1980, Jean est présent sur de nombreux salons des arts ménagers et des foires commerciales dans différentes communes de la métropole.

document Nord Eclair

La concurrence de la grande distribution et des magasins spécialisés en électro ménager, devient de plus en plus vive. Jean Duthoit cesse son activité au début des années 1990. La BNP souhaitant développer son activité dans le quartier est séduite par cette surface de vente de plus de 200 m2 et s’y installe à la fin des années 1990.

document Nord Eclair
Photo BT

Sara Kladi s’installe à son tour, en 2021, sur l’emplacement du 127 boulevard de Fourmies, pour y créer un centre de bronzage à l’enseigne « My Sun »

My Sun ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales.

L’ Antenne Sud (suite)

Pourtant en 1985, l’antenne Sud est encore en plein chantier et, s’il est vrai qu’elle est amenée à désenclaver la zone industrielle de Roubaix-Est, elle entraînera dès lors le passage de convois de camions vers et depuis celle-ci. Elle déclenche donc toujours des réactions de rejet des habitants du voisinage dont le cadre de vie est remis en cause définitivement et en travaux pour encore au moins 2 ans.

Planquons-nous v’là l’antenne Sud (Document Nord-Eclair)

Les ingénieurs ont pensé aux arbres cependant et un ingénieur paysagiste a pris en charge « l’intégration naturelle » du projet. Des arbres et arbustes sont donc plantés en divers points le long de la voie pour faire écho à la végétation déjà implantée dans les environs ; vingt cinq essences en tout sont concernées : aulnes, bouleaux, saules, chênes…Un millier d’arbres va se greffer aux abords de l’antenne Sud rejoints par 235.000 taillis tantôt en massifs, tantôt en alignements.

Démarrage de l’antenne Sud entre le Recueil et Hempempont (Document Nord-Eclair)
Photo aérienne entre Hempempont et le Recueil en 1981 (Document IGN)

A la fin de l’année 1985, au QG des travaux de l’antenne Sud de la rue du Rivage, une importante délégation débarque sur le chantier, emmenée par Bernard Carton, vice-président du Conseil Général, comprenant des ingénieurs de la DDE, et les responsables des quelques huit entreprises avec lesquelles le Conseil Général a passé contrat, pour se rendre compte de l’avancement des travaux et s’assurer que la voie pourra bien être empruntée au 1er trimestre 1987, comme prévu.

C’est l’occasion de visiter les ouvrages d’art déjà établis : le pont en béton armé enjambant la Marque, la création d’un passage souterrain pour piétons et cyclistes dans le prolongement de la rue du Rivage, le pont de la rue du Vieux-Civron passant au-dessus de la nouvelle route, les ouvrages de la tranchée du Bon Poste qui commencent à se dessiner, sans oublier les six chemins de contournement à l’intention des exploitants agricoles des environs.

La délégation en visite et le pont enjambant la Marque (Document Nord-Eclair)

En 1986, les travaux d’implantation de la société Damart boulevard Clémenceau, débutent mais ce n’est qu’une fois l’agrandissement de l’entreprise terminé qu’en 2009 commence l’aménagement de la RD 6 et la construction de 2 giratoires. La première phase consiste en un 1er rond-point sud au niveau du carrefour dit « de la patte d’oie ». Quant à la 2ème phase, il s’agit de l’aménagement du barreau de liaison de la RD 6 entre les 2 carrefours et la création de l’accès à la zone d’activité Damart. Enfin la 3ème phase est la création du giratoire nord avec la RD 264 boulevard Clémenceau.

Le chantier de la RD 6 démarre (Document Nord-Eclair)
Vues aériennes du site en 1988 et 2011 (Documents IGN)

Enfin, le 26 Octobre 1987, l’Antenne Sud de Roubaix, attendue depuis dix ans, s’ouvre enfin entre le carrefour du Recueil à Villeneuve d’Ascq et le giratoire situé entre Lys-lez-Lannoy et la zone industrielle de Roubaix Est. Cette voie devrait être poursuivie jusqu’à Leers en 1988 et, trois ans plus tard, jusqu’à la frontière et le réseau autoroutier belge.

C’est alors qu’elle prend le nom de CD 700 pour entrer dans le répertoire des voies départementales, officiellement inauguré ce lundi matin en présence de plusieurs conseillers généraux s’agissant du plus important ouvrage routier réalisé par le département. Pour la ville d’Hem les automobilistes ne sont pas trop perturbés et le détour dû au rond-point est minime.

Le rond-point de Hem pour gagner Forest-sur-Marque ou Sailly-lez-Lannoy et Willems (Document Nord-Eclair)

En revanche, pour les cyclistes et piétons qui souhaitent rejoindre Hem depuis Forest, Sailly ou Willems, ce n’est pas la joie ainsi que titre la presse locale : il leur faut prendre l’impasse de la rue Delecroix, remonter 300 mètres le long de la voie rapide, s’engouffrer dans un passage souterrain peu engageant avec ses recoins, ses chicanes et son mauvais éclairage et encore marcher ou rouler plusieurs centaines de mètres en rase campagne avant de rejoindre le centre d’Hem.

Beaucoup sont donc tentés de « prendre des raccourcis dangereux » : soit par le rond-point qui leur est pourtant interdit, soit en traversant carrément la voie rapide à hauteur de la rue du Calvaire. Le projet de pont a été enterré car trop onéreux ! Pourtant quelques centaines de mètres plus loin le pont du Vieux Civron ne sert à rien puisqu’il mène exclusivement à six maisons le long d’une voie pavée prolongée par des chemins de terre…

Le passage souterrain, le passage rue du Calvaire et le pont du Vieux Civron (Documents Nord-Eclair)

Mais le « feuilleton Antenne Sud » n’est pas terminé pour autant car son doublement à hauteur de la ville de Hem est, en 2014, toujours prévu par le Conseil Général dont l’objectif est de désengorger l’axe reliant le quartier du Recueil de Villeneuve d’Ascq à Leers en passant par la zone industrielle de Roubaix Est et Auchan.

Il est aussi question en 2016 de remplacer l’actuel rond-point Kiabi par un « giratoire à lunettes » destiné à décongestionner le site.Le chantier est prévu pour 3 ans à compter de 2017 au moment où le transfert de la compétence voirie du département à la MEL (Métropole Européenne de Lille) se produit en janvier 2017.

Le giratoire à lunettes (Document Nord-Eclair)
Il faut attendre avant de faire sauter le bouchon (Document Nord-Eclair)

Dès lors le calendrier des travaux disparaît même si, en 2018, on connait les grandes lignes du nouveau projet : doubler la portion de la RD 700 (Antenne Sud) qui est toujours à 2 fois une voie entre le Recueil à Villeneuve d’Ascq et le rond-point « Kiabi » à Hem. Au niveau de celui-ci l’idée est d’aménager un giratoire surélevé avec la RD 700 en léger dénivelé dont le trafic ne serait donc plus ralenti par le rond-point. Les travaux pourraient commencer en 2022.

Le nouveau projet en 2018 (Document Nord-Eclair)

En revanche la liaison entre la rue Jules Guesde, l’avenue Pinay et la RD 700 avance, durant cette même année 2018. Le 1er tronçon avait été réalisé dans le cadre de la ZAC de la Blanchisserie et le terrassement et le traitement des terres sont à présent réalisés sur le prolongement de cette nouvelle voie nommée Aristide Briand.

Cette nouvelle liaison est attendue par les entreprises de la zone des Quatre Vents pour lesquelles la seule entrée est jusque là le fameux rond-point Kiabi au sud ce qui oblige les véhicules venant du nord à descendre la rue Jules Guesde pour y accéder et à la remonter pour en repartir, y occasionnant le passage de 15.000 véhicules par jour.

En réalisant un rond-point au nord de la ZAC des 4 Vents tout au bout de l’avenue Pinay et en faisant le lien entre ce rond-point et la rue Jules Guesde au moyen du prolongement de la rue Briand avec à l’autre bout une voie reliant la ZAC et la RD 700 ce flux pourrait être divisé par deux.

Le terrassement en cours en 2018 (Document Nord-Eclair)
La vue aérienne en 2023 (Document Google Maps)

En 50 ans, l’antenne Sud a donc considérablement modifié le paysage de la ville de Hem dans plusieurs de ses quartiers. Il a fallu composer, comme toujours en matière d’urbanisme, entre les exigences du trafic routier et les intérêts économiques d’une part et le cadre de vie et le bien-être des habitants d’autre part. Et ce n’est pas terminé, affaire à suivre…

Poissonnerie du boulevard de Fourmies

Dans les années 1930, le 161 du boulevard de Fourmies est occupé par un estaminet, appartenant à la brasserie Brabant-Desprets qui se situe à Hem, au 454 rue Jules Guesde. C’est un café « tenu » par la brasserie et géré par M Plaisant dans les années 1930 et Mr Caty dans les années 1940.

Plan cadastral

Pierre Victor est né en 1921 ; il est caviste à la brasserie Brabant-Desprets et entretient d’excellentes relations avec sa direction. Pierre a toujours souhaité créer son commerce, et lorsque le café du 161 boulevard de Fourmies se libère à la fin des années 1940, il négocie un accord avec son patron pour reprendre les murs et le pas de porte. Pierre crée alors son commerce de poissonnerie, car le métier lui plait et de nombreux membres de sa famille travaillent dans ce domaine. Il fait effectuer les modifications et l’aménagement et la poissonnerie ouvre alors en 1949.

Publicité Nord Eclair 1965

Le terrain a une superficie de 124 m2. la surface de vente est assez réduite puisque derrière, se trouvent la salle de séjour et la cuisine ; la chambre froide est au fond de la cour et les chambres sont à l’étage. Pierre se marie avec Gisèle, née Delplanque et le couple a une fille Annie, née en 1946. Les affaires démarrent très correctement. Pierre souhaite développer encore son activité. Avec son frère Maurice, poissonnier au Brun Pain à Tourcoing, il crée un entrepôt «Belle Moule» à Marcq en Baroeul, pour importer des moules de Hollande et les distribuer dans toutes les poissonneries de la métropole. Peu de temps après, il devient mareyeur à Boulogne sur mer. Sa petite entreprise, « Océan Marée » est l’intermédiaire entre les pêcheurs boulonnais et les détaillants poissonniers de la région. Gisèle tient le magasin et Pierre l’aide surtout le vendredi, parce qu’il gère ses activités de négoce, le reste de la semaine.

Publicité Nord Eclair 1966
document collection privée

En 1960, Pierre et Gisèle décident d’une transformation complète du magasin. Ils font installer une nouvelle chambre froide placée entre le magasin et l’habitation. L’intérieur du point de vente se modifie également : le comptoir en bois est remplacé par un comptoir réfrigéré, sur lequel est posé la nouvelle balance Berkel. Ils développent également leur gamme de produits : poissons, huitres et saurisserie.

document archives municipales

Au début des années 1970, à chaque période de fin d’année, Pierre et son épouse louent une immense barque, qu’ils déposent sur le trottoir pour vendre leurs produits de fête ( huitres, homards, langoustes etc ). Annie, leur fille, aide ses parents, entre autre, durant la période festive.

document collection privée

En fin d’année 1974, un camion de livraison se gare pendant trois jours de suite, devant la poissonnerie pour proposer 10 tonnes d’huitres fraîches en direct de l’île d’Oléron, de Bretagne et du bassin d’Arcachon à des prix très attractifs et séduisants.

Publicité Nord Eclair 1974

Annie se marie avec Michel Destoop. Ils habitent dans la rue voisine, au 3 rue Germain Pilon. Michel crée son entreprise de transports, avec l’aide de son beau-père. Il se spécialise dans le transport des produits de la mer depuis Boulogne sur mer, avec sa société : « Transports Le Bélier ».

Michel et son camion de transports « Le Bélier », rue Germain Pilon

Pierre Victor prend sa retraite en 1977 ; c’est l’occasion de fêter cet événement avec de nombreux commerçants regroupés au sein de l’association des commerçants du boulevard de Fourmies, à la salle de réception « La Huchette », rue Henri Regnault. Pierre décide alors de se consacrer à une activité de loisirs. Il reprend l’étang des Couartes à Saint Josse dans le Pas de Calais.

Pierre et Gisèle, lors de leur départ en retraite, entourés des membres de la famille, et des commerçants du boulevard de Fourmies ( document A. Destoop )
Pierre et Gisèle ( document A. Destoop 1980 )

La poissonnerie du boulevard de Fourmies est ensuite cédée à Raymond et Huguette Broutin. En Juin 1985, ils décident de transformer la façade du bâtiment, à l’étage en perçant une fausse fenêtre et en remplaçant les deux autres fenêtres.

documents archives municipales

La poissonnerie Broutin continue d’exister encore durant de nombreuses années et ferme définitivement ses portes en 2009. Depuis, le commerce reste toujours inoccupé à ce jour.

La profession de détaillant-poissonnier a complétement disparu de nos jours. D ‘après le Ravet Anceau de 1968, à l’époque 47 poissonneries étaient implantées à Roubaix. Il n’en reste plus une seule, aujourd’hui. La poissonnerie du boulevard était la dernière.

Photos BT

Remerciements à Annie Destoop ainsi qu’aux archives municipales.

Collège Saint-Paul (suite)

A l’aube du 21ème siècle le collège continue sur sa lancée avec son nouveau directeur Raphael Loridan, arrivé en 1998. 440 élèves, pour la plupart hémois, y suivent les cours, répartis en 16 classes. De grands projets sont en cours : une classe de neige pour les élèves de 5ème et un stage en entreprise pour ceux de 3ème et bien sûr les échanges avec le collège de Wiehl pour les 4èmes. 34 enseignants sont en charge des élèves ainsi que 13 personnes pour la documentation, les services, l’encadrement administratif et éducatif.

Au collège Saint-Paul on continue sur la lancée (Document Nord-Eclair)

Au début des années 2000, le laboratoire de sciences et la cour sont totalement rénovés. Les directeurs François Mangé et Jean Marchasson succèdent au précédent en 2002 et 2009. D’autres aménagements importants suivront: un restaurant scolaire, une salle d’étude, les sanitaires, le grand hall d’entréele bureau de vie scolaire.

La cour et le restaurant scolaire et le grand hall d’entrée (Documents site internet)
Le collège en 2008 (Documents Google Maps)
Panorama dans les années 2000 (Document IGN)

2013, c’est l’année des 30 ans du collège et certains professeurs se souviennent de leurs débuts dans l’équipe de 12 enseignants, dont la moyenne d’âge tournait autour de 25 ans, ayant accueilli les premiers élèves du collège en 1983. En l’espace de 30 ans, une centaine de professeurs sont passés par le collège, sans compter les stagiaires et remplaçants.

Après la fête, les projets humanitaires retrouvent toute leur place. Cette même année, le champion de boxe Daouda Sow, natif de Hem, vient participer à l’opération ELA et lit le texte de la dictée « Changer le monde » aux élèves de 6ème. Le texte lu par le sportif permet de sensibiliser les élèves au problème de la leucodystrophie contre lequel se bat l’association. Puis il se soumet à la traditionnelle séance de dédicace.

Daouda Sow en dédicace à Saint-Paul en 2013 (Document Voix du Nord)

2013 est également l’année où le collège demande un permis de construire pour son extension par l’ajout d’une salle d’évolution en rez- de-chaussée avec vestiaires, local matériel, bureau et sanitaires et de 2 salles de classe en étage. Les plans permettent de visualiser clairement les limites des terrains situés sur Hem d’une part et Roubaix d’autre part.

Le collège avant travaux du côté de la propriété voisine (Documents archives municipales)
La demande de permis de construire pour le nouveau bâtiment projeté situé sur le territoire de Roubaix juste avant le restaurant scolaire (Documents archives municipales)

En 2014, c’est une collecte alimentaire qui est organisée avec succès au profit des personnes en difficulté. 30 cartons sont remplis de denrées grâce à l’investissement des collégiens soutenus par leurs parents et le personnel de l’établissement. Les enseignes locales telles que Lys Restauration contribuent également au succès de l’opération.

Collecte de denrées en 2014 (Document Voix du Nord)

Durant cette même année, pour la dictée Ela c’est le groupe de rock Skip the Use, originaire de Ronchin qui est reçu au collège. Suite à cet événement un groupe de 40 élèves a l’honneur d’être invité à les rejoindre sur scène aux Zéniths de Paris puis de Lille pour interpréter leur chanson phare « Ghost ».

Les collègiens sur scène avec Skip the Use en 2014 (Documents collège Saint-Paul)

En 2015, Jean Marchasson quitte la direction du collège. Sous sa direction les élèves ont eu droit, outre aux séjours culturels et linguistiques, à une nouvelle salle d’étude, une salle informatique, un bureau de vie scolaire et même du double vitrage. Par ailleurs la salle des professeurs a été agrandie et un nouveau bâtiment a été construit avec une salle des sports en bas et, à l’étage, un laboratoire et un CDI, dont l’inauguration a lieu le jour de ses adieux. En présence de Francis Vercamer, maire de la ville, il passe donc le flambeau à son successeur : Gregory Verhaeghe.

L’agrandissement et le laboratoire de sciences, la salle d’informatique et le CDI (Documents site internet)
Passage de flambeau en 2015 (Document Voix du Nord)

L’année suivante les œuvres caritatives continuent avec la participation des 406 collégiens au cross annuel de l’établissement organisé au stade Hidalgo, en 2016, au profit des athlètes paralympiques partis à Rio, parrainé par le pongiste Lucas Créange. L’occasion de rappeler que le collège étant construit de plain-pied accueille les élèves en situation de handicap et que l’ensemble des élèves souhaite mettre en avant le handisport.

Au stade Hidalgo (Document Voix du Nord)

En 2017, les conditions climatiques étant particulièrement difficiles, le collège se mobilise contre le froid en organisant une collecte pour les sans-abri. Des dizaines de vêtements chauds : pulls, vestes et même oreillers sont collectés et remis au responsable de l’association l’île de solidarité qui se charge de les redistribuer aux personnes les plus démunies.

Collecte pour les sans-abri (Document Voix du Nord)

La même année les élèves se lancent dans la dictée du Rotary, lue par deux champions de boxe et organisée au profit de plusieurs associations : les Clowns de l ‘Espoir, Choisir l’Espoir et l’Essor. La dictée, plutôt difficile, se fait en duo avec un membre de la famille.

Dictée du Rotary lue par Maïdin el Garni (Document Voix du Nord)

En 2018, outre l’action en faveur de l’association ELA déjà évoquée, Gregory Verhaeghe organise une collecte de jouets au profit de l’association roubaisienne Ludopital qui les redistribue aux hôpitaux en vue de les offrir aux enfants hospitalisés. Cette action est associée à l’opération « pain pomme » ou repas partage.

La même opération Ludopital en 2023 (Document site internet)

Par ailleurs, les collégiens rendent hommage au colonel Arnaud Beltrame en association avec la gendarmerie de Villeneuve d’Ascq. Un bref rappel historique des missions des gendarmes est fait à l’ensemble des élèves avant que 2 d’entre eux déclament 2 poèmes du poète roubaisien Phil Anthrope. Enfin, un lâcher de ballons porteur de message de paix a lieu après le discours d’ hommage aux victimes par le directeur.

Le lâcher de ballons (Document Voix du Nord)

2020 voit arriver à la direction du collège Gregory Bal, auparavant à la tête du Lycée Professionnel catholique roubaisien Saint-François d’Assise. Un an plus tard c’est Olympe, finaliste de l’émission de télévision The Voice qui fait la lecture de la dictée choisie dans le cadre de la campagne pour l’association ELA.

Gregory Bal quitte la tête de l’établissement roubaisien pour prendre la direction du collège Saint-Paul à Hem (Document Voix du Nord)
Olympe pour la célèbre dictée pour l’association ELA (Document Voix du Nord)

En 2023, 7 élèves de 3ème du collège sont primés au concours national de la Résistance et de la Déportation. Gregory Bal salue les travaux des lauréats, lesquels ont composé des lettres et réalisé un échange cohérent entre une jeune fille de 14 ans partie avec sa mère en zone libre et un jeune garçon de 13 ans fils de résistant resté sur place pendant la durée de l’occupation.

Les lauréats du concours national de la résistance et de la déportation (Document Voix du Nord)

Concernant les bâtiments composant le collège, la dernière construction en date consiste en un agrandissement latéral comprenant au rez-de chaussée une salle d’EPS-Multi activités avec vestiaires et sanitaires et à l’étage un laboratoire de sciences et une grande salle de classe.

Le collège en 2022 et les quatres salles initiales en 2024 (Documents Google Maps et photo BT)

Remerciements à l’association Historihem

Théâtre à Leers en 1939

Le moins qu’on puisse dire c’est qu’on aime le théâtre à Leers, comme le prouve le nombre de troupes et de spectacles organisés en ville, dont le Journal de Roubaix rend compte en cette année 1939.

Ainsi en janvier, le groupe lyrique de l’amicale des anciennes et anciens élèves présente son programme de mars : il s’agit d’un vaudeville militaire en un acte « Panouille a gagné le gros lot » suivi d’une opérette à grand succès, « la chanteuse inconnue » en trois actes et un tableau. La Symphonie Bernard accompagnera musicalement la séance et un bal aura lieu à l’issue de la représentation.

Un programme du groupe lyrique en 1941 Collection familiale

Entre-temps, la troupe Bodart-Timal vient jouer sur la scène du Cercle Saint Louis une opérette bruxelloise, « la petite millionnaire » dont la musique est d’Eddy Jura, le compositeur bien connu, complice de Charles Bodart-Timal. Cette représentation est donnée au profit des œuvres du Cercle saint Louis.

Les représentations du cercle dramatique « l’amitié franco-belge » se déroulent les dimanches en février dans le cadre du Salon Meurisse dans le quartier du Gibraltar. On y joue les deux œuvres suivantes : « le berceau » drame en trois actes de Brieux et « on purge bébé » amusante comédie de Georges Feydeau. Un concert musical sous la haute direction de M. de Tollenaere complète ce programme qui se termine par un bal de famille.

Le Cercle de l’amitié franco-belge en 1949 doc NE

Le Cercle Saint Louis accueille la troupe Lyris qui compte dans ses rangs des artistes réputés dont plusieurs de radio PTT Nord. Ils viennent interpréter la dernière opérette du compositeur roubaisien Jean Ernst : « Ginette ».

Le club artistique « les XIV » vient donner une représentation dans la salle du cinéma Léontini au profit de la caisse de secours du groupement. Le programme comprend une partie de music-hall et une revue par la troupe du club.

Le Cercle Saint Louis vue Google Maps

En mars, la JOC propose deux représentations de gala qui doivent servir à recueillir des fonds pour le pèlerinage jociste de Rome. Deux pièces sont au programme : « la nuit rouge » un drame émouvant en quatre actes de Botrel et une comédie en un acte de Leroy-Villars, « le moulin du chat qui fume ». Ces pièces seront jouées sur la scène du Cercle Saint Louis rue Jean Jaurès.

Les prochaines matinées artistiques du cercle dramatique « l’amitié franco-belge » sont programmées pour avril. La troupe interprète l’œuvre de MM. Crémieux et Decourcelle, « l’abbé Constantin » et reprend le vaudeville en un acte de Durafour « l’Automate ». Les organisateurs se sont également assuré le concours de M. Maurice Gil’Mey de Radio PTT, grand prix de la ville de Roubaix et de Fernand Gil’Mey chanteur fantaisiste premier prix des grands concours d’amateurs du 14 juillet. L’orchestre dirigé par M. Oscar de Tollenaere se fera entendre et un bal terminera chaque soirée.

L’inventaire s’interrompt en août car les évènements ne sont plus propices aux loisirs. En septembre la mobilisation générale est décrétée. Les séances théâtrales se feront désormais au profit des soldats mobilisés.

L’ Antenne Sud

A l’issue de la seconde guerre mondiale Hem est un gros village aux portes de Roubaix et ne compte que 6.105 âmes. Mais 30 ans plus tard, elle totalise plus de 42.400 habitants. Prévue au Plan d’Occupation des Sols dès 1972, la voie expresse de Roubaix, dite « Antenne Sud », doit désenclaver plusieurs communes dont Hem. C’est alors l’Etat qui est maître d’ouvrage.

En 1973, la ville compte donc bien profiter des travaux de construction de l’autoroute en provenance de Villeneuve d’Ascq vers Roubaix pour aménager l’avenue de la Marne de bout en bout. Elle prévoit ainsi que la traversée de la bretelle de l’autoroute se fera par un carrefour muni de feux tricolores.

Les travaux de 1973 au débouché de l’autoroute ; on aperçoit au fond « la Banane » (Document Nord-Eclair)
Le plan de circulation au débouché de l’autoroute (Document Nord-Eclair)

En principe, les travaux de la future pénétrante de Roubaix doivent être terminés à la fin de l’année 1973 : on y roulera bientôt sur une moderne voie rapide à deux fois deux chaussées. Les carrefours seront spécialement aménagés et équipés de feux tricolores.

A Hem, le chantier s’étend presque sans discontinuité du boulevard Clémenceau à ce qui deviendra l’échangeur de Babylone, au large du Tir à Loques. Il coupe la rue d’Hem à Croix et de Croix à Hem à proximité de la brasserie Leclercq et par deux fois le vieux CD6 à proximité du restaurant La Vieille Forge à Villeneuve d’Ascq.

La nouvelle pénétrante de Roubaix (Document Nord-Eclair)

Pourtant en 1974, c’est encore l’impasse : un litige ne parvient pas à être résolu entre les promoteurs et un propriétaire hémois qui refuse la cession de deux parcelles permettant la jonction définitive, retardant ainsi l’ouverture de la voie expresse. En outre la municipalité souhaite quelques changements : repousser les feux tricolores prévus rue de Beaumont à l’avenue de la Marne, et placer d’autres feux rue de Roubaix pour les élèves de Saint-Paul.

L’impasse pour la pénétrante de Roubaix (Document Nord-Eclair)

Quoi qu’il en soit le carrefour Delory-Regnault-Fourrier-Vernet à Roubaix est aménagé pour permettre une pénétration sans souci dans le futur boulevard de Roubaix avec installation d’îlots directionnels et de feux tricolores. Ainsi tout est prêt en vue de la future ouverture du boulevard dès que le « hiatus Hempempont » sera réglé. Quant au débouché du boulevard de Roubaix vers Hem, il se fera dans un boulevard Clémenceau à sens unique à Hem.

Carrefour Delory-Regnault-Fourrier-Vernet et débouché du boulevard dans les 2 sens (Document Nord-Eclair)

En 1975, l’affaire fait les gros titres en première page de la presse locale : « l’autoroute de Roubaix ne mène toujours nulle part, un scandale qui a trop duré ». Le propriétaire du terrain, un chevilleur souhaitant conserver ses arpents de pâture, ne l’ayant toujours pas cédé, Roubaix ne peut être rattaché au réseau autoroutier et les voies jusqu’alors tracées ne mènent toujours nulle part.

Photo aérienne de 1975 (Document Nord-Eclair)

Concrètement la voie rapide est construite à Hem, entre le boulevard Clémenceau et la rue de Croix, deux kilomètres de chaussée bien goudronnée, des panneaux de signalisation indiquant la direction de Paris installés, des glissières de sécurité en place, un nouveau carrefour construit avec feux tricolores avenue Gustave Delory à Roubaix.

Pourtant la route ne sert à rien…Des barrières ont dû être installées pour en interdire l’accès afin d’éviter que motards et automobilistes ne l’utilisent comme un circuit de course ! Un hiatus de quelques centaines de mètres subsiste en effet à Hempempont empêchant la continuité entre les deux tronçons terminés de la route. Malgré une décision d’expropriation prise par les tribunaux la procédure est toujours bloquée.

Photo aérienne de 1976 du début de la voie avenue Gustave Delory à Roubaix et Boulevard Clémenceau à Hem puis à hauteur de la rue de Croix et jusqu’à Hempempont (Documents IGN)

En outre l’administration responsable des travaux a changé : l’Etablissement Public de la Ville Est (EPALE) a été déchargé des problèmes d’aménagements routiers, à présent repris en compte par la Direction Départementale de l’Equipement (DDE). Le transfert des dossiers d’un service à l’autre n’est donc pas fait pour arranger les choses !

Le Docteur Marcel Guislain, ancien sénateur de Roubaix, ayant écrit au président de la communauté urbaine pour s’émouvoir de cette situation apparemment sans issue, reçoit une réponse du directeur de la DDE précisant que l’état d’avancement actuel de la procédure permet raisonnablement de penser que le dénouement est proche…

Plan du blocage de la situation en 1975 (Document Nord-Eclair)

Le quartier du Civron est particulièrement impacté par le projet dans la mesure où plusieurs exploitations agricoles se trouveront littéralement coupées en deux par la nouvelle route obligeant les ingénieurs à prévoir la construction d’un pont pour que certains agriculteurs puissent accéder à leurs champs situés de l’autre côté de la nouvelle voie.

Ainsi est-ce le cas de deux des 3 fermes situées dans le S que forme la rue de Sailly avant d’arriver à la rue du Vieux Civron dont l’une, située à gauche de la rue très en retrait, la ferme Carette, devra cesser son exploitation en 1983, totalement expropriée pour le projet de l’Antenne Sud. Les deux autres, situées à droite et à gauche au bord de la rue, les fermes Bouche (ou ferme du Petit Sailly) et Bonvarlet (anciennement Dekeyser) continueront quant elles à exister en tant qu’exploitations.

Photo aérienne des trois fermes de la rue de Sailly dans les années 1950-1960 et dans les années 2000 et plan actuel (Documents IGN)

En 1978, on reparle de l’antenne Sud à Hem au cours d’une réunion des élus dans le quartier Hem Place et le maire Jean-Claude Provo tente de rassurer les habitants : il n’y aura pas de casse comme au Civron, l’échangeur se trouvera en face des dominos de l’avenue Delecroix puis l’antenne rejoindra le Civron en passant derrière la Briqueterie et des murs phoniques ont été promis par la Communauté Urbaine et le Département.

Réunion des élus dans le quartier Hem Place (Document Nord-Eclair)

En 1979, après défection de l’Etat, le Conseil Général reprend la maîtrise de l’ouvrage dont le financement sera pour 60% à charge du département et 40% à charge de la communauté urbaine. On parle à présent de voie rapide à caractéristiques autoroutières à vocation départementale et l’Equipement propose de lui conférer le caractère de voie expresse, à savoir avec accès réservé aux véhicules automobiles immatriculés.

En 1980, après une mise en sommeil du projet, celui-ci refait donc surface: la route doit assurer, à partir du Recueil à Villeneuve d’Ascq, une desserte directe de la zone industrielle de Roubaix- Est (Lys-Leers) et s’intégrer dans une grande boucle, sorte de super périphérique de l’agglomération roubaisienne, pour donner directement accès aux autoroutes belges, notamment celle de Tournai-Mouscron-Courtrai. Pourtant il ne s’agira plus d’une « deux fois deux voies » mais d’une double voie de 7 mètres de large avec une seule voie par sens de circulation sur pratiquement toute sa longueur.

Réunion houleuse en mairie de Hem (Document Nord-Eclair)

En février, une réunion du Conseil Municipal accueille les habitants concernés par le tracé de la voie, en présence des techniciens de la DDE. La réunion devient houleuse, les futurs riverains et agriculteurs contestant le bien fondé de cette nouvelle liaison et soulignant les nuisances qui en découleront.

Le représentant de la DDE rappelle qu’il a été procédé à une étude d’impact : recensement de l’état actuel du site, analyse des impacts positifs et négatifs de la réalisation et description des aménagements prévus pour atténuer les effets des nuisances à savoir la protection des nappes aquifères, traversées franches prévues pour les exploitations agricoles et étude acoustique pour ramener la nuisance sonore au dessus du seuil de gêne.

Un mois plus tard le Conseil municipal déclare le projet d’utilité publique et donne son accord pour le classement en voie expresse sous certaines réserves. Le Comité de Défense des riverains Antenne Sud se constitue, rassemblant les agriculteurs des communes touchées par le projet qui dégrade plus de 20 ha de terres cultivées. Tracts et pétitions s’ensuivent de même que des manifestations.

Manifestations contre le projet (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Manifestations contre le projet (Document Au temps d’Hem)

La DDE revoit son projet et il en sort 2 points très positifs : alors que le tout premier projet avec passage en remblai au Bon Poste supposait 67 expropriations dont 47 sur Hem, le projet définitif entraine 27 expropriations dont 6 sur Hem. L’antenne Sud est en bonne voie avec une réalisation effective prévue en 1983 et une estimation du trafic futur qui donne 13.000 véhicules par jour dans les 2 sens dès 1985 et environ 20.000 en l’an 2000.

A suivre…

Georges Lehoucq ( suite )

En 1924, Georges fils, le fils de Georges entre dans les affaires, pour aider son père à gérer l’entreprise. Malheureusement Georges Lehoucq père décède brutalement en Octobre 1930 d’une congestion cérébrale.

Georges en 1928 ( document A. Camion )
Décès de Georges, Octobre 1930 ( document Journal de Roubaix )

Georges fils, surnommé Geo, prend alors la direction de l’entreprise à l’âge de 29 ans, et continue l’activité.

Georges fils ( document A. Camion )

Quelques années plus tard, Jeanne, la veuve de Georges Lehoucq, quitte la maison d’habitation du 168 rue de Lille, pour une habitation plus modeste au 50 de la même rue. L’immeuble du 168 de la rue de Lille sera rasé en 1961 pour faire place à une résidence d’appartements ( voir sur notre site un article précédemment édité et intitulé : Résidence Colbert )

la maison du 168 rue de Lille ( document Nord Eclair 1960 )

Dans les années 1930, l’entreprise Lehoucq qui emploie plus de 130 personnes, connaît quelques mouvements sociaux, comme dans la plupart des entreprises roubaisiennes, qui se traduisent par des grèves.

André Camion ( document A. Camion )

Durant la Seconde Guerre Mondiale l’entreprise ne fonctionnera plus qu’au ralenti. En 1946 le petit-fils de Georges Lehoucq, André Camion né en 1922, fils de son aînée Jeanne et de Roger Camion, vient seconder son oncle Geo à la direction. André Camion occupe un logement de fonction au 23 du boulevard de Beaurepaire. Il est nommé Directeur Général adjoint de l’entreprise Georges Lehoucq.

Les années d’après-guerre sont difficiles, mais les affaires reprennent. Après le décès de Geo en 1956, André Camion fait démolir et reconstruire de nombreux hangars vétustes, par l’entreprise Planquart située 220 Grande rue, dans les années 1960. En 1965, le personnel est constitué de 65 personnes dont 60 hommes.

Dans les années 1970, le fils d’André, Pierre Camion vient aider son père dans la gestion de l’entreprise et en 1983, il décide de créer un magasin de vente d’une surface de 580 m2.

Documents archives municipales

Cette nouvelle surface s’adresse surtout aux particuliers. La vente de bois, de panneaux, de menuiseries préfabriquées, d’outillage, etc … permet de maintenir un certain volume de chiffre d’affaires qui vient bien à point, dans une période difficile.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

En 1985 et en 1986, Pierre Camion fait démolir des locaux de stockage sur 620 m2 et 382 m2 pour raisons de sécurité, car la construction de ces bâtiments date de l’époque de Georges Lehoucq, d’avant 1930.

document archives municipales

Les affaires deviennent de plus en plus difficiles, dans les années 1980. Pierre se sépare d’une partie de l’immense terrain, une parcelle de 2.446 m2. En 1988, Francis Desmazières et Marcel D’halluin, demeurant à Tourcoing, demandent un permis de construire pour la création d’un garage, sur la partie droite du terrain.

Documents archives municipales
Documents archives municipales

Pierre Camion cède l’entreprise en Aout 1990 à Alain Michel qui continue l’activité. Alain Michel garde bien évidemment l’enseigne Lehoucq car elle a encore une superbe notoriété auprès de la clientèle.

Publicité Nord Eclair 1995

En 1995, Alain Michel le PDG de la « SA des Anciens Etablissements Georges Lehoucq » entreprend la démolition de nombreux bâtiments et hangars de stockage sur le terrain.

Documents archives municipales
Documents archives municipales

En 2000, Christian Perney le nouveau directeur des Ets Lehoucq, décide d’une restructuration de l’entreprise, du déplacement d’un auvent de stockage et de la construction d’un nouveau bâtiment.

Documents archives municipales

L’entreprise Lehoucq est radiée du registre du commerce en 2005. Vincent Dujardin reprend le bâtiment principal pour le transformer en logements en 2007.

Document archives municipales

Après avoir porté l’enseigne « Réseau Pro » pendant quelques années, le magasin est devenu en 2022 : « Chausson matériaux ».

document Google Maps 2008
Photo BT

L’entreprise que Georges Lehoucq a créée en 1890 n’existe certes plus en tant que telle, mais la structure et le commerce de matériaux continuent encore à fonctionner 134 ans plus tard !

Remerciements à Arlette Camion, Marc Lehoucq ainsi qu’aux archives municipales

Rue Briet

La rue Briet à Hem existait déjà sur un plan cadastral de 1890 mais sans nom et n’apparaît sous ce nom que sur un plan de 1947. Elle tient son appellation d’une briqueterie à feu continu, qui y était installée tout au bout, bien qu’ayant son adresse postale rue du Bas Voisinage (actuelle rue Louis Loucheur) au début du 20ème siècle. Il s’agit de l’entreprise d’Oscar Briet, lequel a obtenu l’autorisation préfectorale nécessaire à son installation en 1900.

Le travail en briqueterie est très pénible : les ouvriers doivent enlever l’argile au louchet et la charger dans des brouettes en bois qu’ils font avancer sur des plaques de roulage en métal installées préalablement. L’argile est ensuite mélangée avec de l’eau puis les briques sont moulées à la main avant d’être séchées et passées au four.

A la fin des années 1940 la briqueterie fonctionne toujours et le Ravet-Anceau de 1948 fait état de la briqueterie A. Briet dans la rue du Bas Voisinage à Hem. La vue aérienne de l’époque la montre isolée au milieu des champs. En revanche dans les années 1950 la briqueterie disparaît et la rue Briet prend l’aspect qui est toujours le sien aujourd’hui.

Vue aérienne de la briqueterie aux Trois-Baudets en 1947, vue générale et gros plan (Document IGN) et le personnel de celle-ci en 1919 (Documents Historihem)

Ce n’est pourtant qu’en 1957 que les travaux de mise en état de viabilité sont éxécutés dans la rue Briet. Jean Leplat, le maire, fait convoquer les représentants du CIL et des ponts et chaussée afin d’aller sur place avec l’adjoint aux travaux pour faire un état des lieux d’une rue qui ressemble alors à un véritable bourbier et faire entreprendre les travaux nécessaires dans les plus brefs délais.

La rue en septembre 1957 avant travaux (Document Nord-Eclair)

Le premier commerce répertorié dans cette rue par un annuaire professionnel est celui de S.Schattens. Il tient une cordonnerie au n°40 au début des années 1960 et ce pendant une dizaine d’années. Il n’existe plus de n°40 dans la rue Briet dans les années 2000.

Puis Anne-Marie Cauty s’y installe, en tant que pharmacienne, au milieu des années 1960, au n°54, selon le Ravet-Anceau de l’époque. On la retrouve à cette adresse dans l’annuaire jusqu’en 1986 mais de nos jours le n°54 n’existe plus dans cette rue. Puis elle transfère sa pharmacie au n°1 de la rue où elle continue à exercer jusqu’à ce qu’elle cède son officine. A l’heure actuelle le bâtiment agrandi est toujours une pharmacie mais gérée par Véronique Vercamer depuis les années 2000.

Photo Pharmacie Cauty au n°1 de la rue (Document collection privée)

Publicités Cauty (Documents Historihem)

Photo pharmacie Vercamer en 2020 (Document Google Maps)
Publicité Vercamer en 2020 (Document site internet)

Puis Jean et Marie-Paule André installent leur commerce de droguerie au n°25 de la rue Briet. Auparavant cette maison était le domicile de E. Delaby, confiserie, depuis sa construction dans les années 1960. La rue Briet est en effet essentiellement une rue résidentielle.

Le couple vend pêle-mêle des bouteilles de gaz (dans l’avancée), des papiers peints, de la peinture et des pinceaux, des toiles cirées, du balatum, un peu de quincaillerie… C’est Marie-Paule qui tient le magasin pendant que Jean, artisan peintre et vitrier se déplace chez ses clients.

Les publicités de la fin des années 1960 et du début des années 1970 (Documents Nord-Eclair)

Jean André propose des devis gratuits en peintures, papier peint, vitrerie et revêtements de sol. Non seulement il vend un grand choix de papiers peints, couvre sols qu’il peut installer mais il propose également des peintures Thelex et Insulatex (peintures pour bois innovantes) aussi bien en magasin qu’en livraison à domicile.

Etant à la fois artisan et commerçant le couple adapte donc ses publicités et c’est ainsi que dans le Mémento Public de Hem de 1970 ( CIT : Commerce Industrie Tourisme), figurent 2 publicités sur la même page : l’une pour l’artisan peintre vitrier, Jean André, l’autre pour le commerce, la droguerie André.

Publicités pour l’artisan et le commerçant (Document Mémento public commerce industrie tourisme de Hem)

En 1973, Jean André installe pour les fêtes son nouveau rayon cadeaux : céramiques, vases, bibelots mais aussi parfums. En 1975, la maison André fait sa publicité pour la location de matériel à tapisser mais aussi pour la 1ère fois son nouveau rayon de bijouterie fantaisie. En fin d’année s’ajoute à tout cela un rayon spécial articles de Noël.

Nouveaux rayons en 1973 et 1975 (Documents Nord-Eclair)

A la fin des années 1970, une nouvelle activité de clé minute fait son apparition en plus de toutes les autres déjà citées. Parallèlement le commerce procède à la location de décolleuses de papiers peints et de shampouineuses pour tapis. La vannerie et les nappes font également partie des nouveaux produits en vente.

Publicités clés minute fin des années 1970 et début des années 1980 ( Documents Nord-Eclair et Office Municipal d’Information)

A l’heure actuelle le pignon de la maison n°25 rue Briet porte encore la trace de la publicité « maison » géante affichée à l’époque sur le mur afin de porter à la connaissance des passants l’existence de ce commerce dans une habitation. Pourtant l’immeuble est actuellement le siège de 4 entreprises : 2 sociétés civiles immobilières, une entreprise de production musicale et un traiteur.

Photos du 25 rue Briet en 2008 plan rapproché et 2020 plan large (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem.

Collège Saint-Paul

Dans les années 1950, un glissement de population est provoqué par la construction massive d’habitations en périphérie des villes et notamment à Roubaix et dans la ville voisine de Hem. L’Association roubaisienne d’éducation et d’enseignement prend alors des mesures pour faire face aux demandes massives d’inscriptions scolaires qui en découlent.

Par l’intermédiaire de la SICLL (Société Immobilière de Construction d’Ecoles Libres) de nouveaux établissements scolaires voient le jour. C’est dans ce cadre qu’ en 1955, à la lisière de Roubaix, plus exactement au n° 22 de la rue de Roubaix à Hem, la nouvelle école Saint-Paul accueille dans ses locaux une centaine de garçons.

Vue aérienne de la rue Charles Fourier avant la construction et après la construction (Documents archives municipales)
Une école libre de garçons sort de terre en juillet 1955 (Document Nord-Eclair)

Le chantier commence en juin et l’architecte Delplanque est aux commandes. Les entrepreneurs réussissent le tour de force de la livrer pour la rentrée scolaire. Il faut dire qu’elle ne comporte que 4 classes mais, comme elle est bâtie sur un terrain de 5.000 mètres carrés (ancienne propriété de Mr Pennel) des projets d’expansion pourront être effectués à l’avenir. Le bâtiment élève ses murs sur un vaste terrain situé à l’extrémité de la rue Charles Fourier à Roubaix, là où commence la rue de Roubaix à Hem. L’école est donc en quelque sorte située à cheval sur les 2 communes et possède une entrée sur Hem et une sur Roubaix, avenue Gustave Delory.

La nouvelle école à la lisière d’Hem et Roubaix dans les années 1950-60 (Document IGN)

L’école ouvre, non pour la rentrée des classes de 1955, le 30 septembre à 8h30, mais le 3 octobre. Elle est dirigée par Mr Deroo et l’enseignement y est assuré par des instituteurs civils. Pourtant les locaux sont bénis par Mr le chanoine Froidure, directeur diocésain de l’enseignement religieux, au cours d’une cérémonie réunissant de nombreux parents d’élèves.

Mr Marescaux, président du comité familial scolaire du nouvel établissement prononce son discours avant la bénédiction des locaux et photo des élèves après l’inauguration (Documents Nord-Eclair)

La fête champêtre du comité scolaire de l’école se déroule en mai 1957 et commence par un souper familial en musique le samedi soir avant de laisser la place dimanche midi à un apéritif concert avec le concours de Radio-Lille puis des stands accueillant la foule des visiteurs servis par de « gracieuses serveuses » et enfin un concours réservé aux enfants costumés sur le thème histoires et légendes de France clôturé par un diner au restaurant pour les nombreux amis de l’école.

Groupe des dames et organisateurs dévoués de la fête (Document Nord-Eclair)

En juillet 1957, à l’occasion de la distribution des prix, une belle fête familiale a lieu dans la cour de l’école. De nombreux parents viennent applaudir leurs enfants dans des chants et saynètes avant la distribution des prix et la lecture du palmarès. Puis l’abbé Callens, curé de la paroisse, rend hommage au dévouement et à la compétence du personnel enseignant libre. Le discours se termine sur le constat suivant : bien que créée depuis 2 ans seulement, l’école s’avère déjà trop petite avec ses 6 classes et ses 205 élèves et il va donc falloir recourir à la construction de 2 classes supplémentaires.

Fête familiale à l’école Saint-Paul en 1957 (Document Nord-Eclair)

Dans le courant des années 1960, la nouvelle école Saint-Paul continue à accueillir de plus en plus de jeunes garçons tandis que Sainte-Bernadette, de l’autre côté du pâté de maisons, mais sur le territoire de Roubaix, avenue Gustave Delory, fait bénéficier de l’enseignement élémentaire les jeunes filles, notamment celles des nouveaux lotissements et immeubles du quartier.

Photos d’école des années 1960 à Saint-Paul (Documents Copains d’avant et Historihem)

A titre d’information, en 1970, l’école Saint-Paul accueille un effectif de 210 élèves. Durant cette décennie, comme toutes les autres écoles, Saint- Paul organise annuellement sa kermesse. En 1975, une réunion a lieu avec les parents d’élèves pour évoquer la mixité instaurée avec succès dans les classes de 1ère année de cours élémentaire.

Les kermesses annuelles de l’école en 1971 et 1979 (Documents Nord-Eclair)

En juin 1980, la direction diocésaine de l’enseignement libre ferme Sainte-Bernadette à Roubaix, malgré une pétition de parents d’élèves convaincus de sa viabilité. Des problèmes d’effectifs insuffisants justifieraient cette décision qui implique pourtant la dispersion du personnel rattaché à l’établissement et l’inévitable dégradation des locaux laissés vides.

En septembre 1983, c’est le collège Saint-Paul qui ouvre ses portes dans les locaux de l’ancienne école Saint-Paul, laquelle est transférée, côté Roubaix, dans les anciens locaux de Sainte-Bernadette. Le collège accueille alors 110 élèves dans 4 classes, avant d’effectuer des travaux d’extension dès janvier 1984, avec la construction de 10 salles de classe supplémentaires à savoir celles du couloir en zig-zag, flambant neuves et éclairées par de larges baies vitrées, dans lesquelles 300 élèves sont formés par une équipe de 14 professeurs.

Agrandissement du collège en 1984 (Documents site internet)

Un an plus tard, les nouveaux locaux sont baptisés. L’abbé Jean-Noêl Delannoy, directeur diocésain de l’enseignement catholique, remet à chaque délégué de classe un crucifix béni par ses soins pour l’accrocher au tableau noir des différentes classes. Le directeur : Jacques Sockeel, se félicite de la création de ce premier collège de l’enseignement catholique à Hem, lequel compte 85 % de jeunes hémois sur les listes d’inscription.

Saint-Paul, une école qui a tellement crû (Document Nord-Eclair)

Dès 1985, le collège se distingue en organisant le premier jumelage entre un collège français et une école islandaise. La première démarche consiste à instaurer un système de correspondance entre les élèves des 2 établissements, puis à créer une association « Amitié-Jeunesse franco-islandaise » laquelle pourrait obtenir d’éventuelles subventions permettant des échanges de séjours de 10 à 15 jours dans chaque pays.

Jumelage franco-islandais (Document Nord-Eclair)

A la rentrée de 1986, dix divisions fonctionnent et en 1987, le chiffre se monte à 14 divisions dans lesquelles 400 élèves sont accueillis. Les effectifs ont donc quadruplé en 4 ans. 1987 est également l’année où 66 élèves du collège effectuent un voyage en Islande dans le cadre de leur jumelage avec le collège Holtaskoli de Keflavik.

Mr François Scheefer, secrétaire auprès de la direction de Saint-Paul et Terence Beal ambassadeur des élèves de Saint-Paul en Islande, un glacier islandais et la pêche à la baleine (Documents Nord-Eclair)

L’opération est rééditée l’année suivante avec le voyage d’une vingtaine d’élèves du collège Saint-Paul qui logent sur place chez leurs correspondants . Le programme d’excursion est chargé : geysers, perspectives glaciaires, champs de lave, bassins d’eau chaude, navires baleiniers…

Navires baleiniers, chauffage par le sol, neige en avril, glaciers, volcans et champs de lave (Documents Nord-Eclair)

Les vacances d’été de l’année 1989 permettent la construction de trois salles supplémentaires (devenues aujourd’hui salles d’art plastique et de technologie). Le fond de la cour du collège a alors l’aspect d’un joli jardin avec pelouses, arbres et fleurs.

Le deuxième agrandissement en 1989 et le jardin arboré et fleuri au fond de la cour (Documents site internet)

Durant les années suivantes le jumelage franco-islandais prend sa vitesse de croisière et les voyages des collégiens sur place se succèdent. Et en 1990, on assiste à la naissance de 2 associations :

  • l’association française des amis de l’Islande dont le président est Mr Scheefer, conseiller d’éducation et initiateur du jumelage
  • l’association des « jeunes islandophiles » dont le président est Mr Antoin surveillant au collège assisté de Mrs Sockeel (le directeur) et Scheefer et dont le siège est situé au collège, dont le but est de regrouper les jeunes français qui se sont déjà rendus en Islande et ont gardé des contacts sur place afin de pouvoir poursuivre plus facilement les futurs échanges.

Le groupe de 28 élèves et ses accompagnateurs et réception chez la présidente de la République en 1989 (Documents Nord-Eclair)
Les représentants de l’association des « jeunes islandophiles » devant le collège en 1990 (Document Nord-Eclair)

Ce jumelage désormais avec le collège Langholtsskoli de Reykjavik, toujours en Islande n’empêche en rien les liens avec d’autres pays et, en 1992, dans le cadre du jumelage des villes de Hem et Wiehl, une délégation de jeunes allemands est reçue au collège durant quelques jours. Ce deuxième jumelage persistera dans les années 2000 quand le premier prendra fin.

Une délégation de jeunes allemands devant le collège en 1992 (Document Nord-Eclair)

Durant cette même année scolaire 1992-93, une annexe du collège est ouverte rue Jules Watteuw, dans le quartier des Hauts-Champs, permettant de porter à 16 le nombre de divisions de l’établissement.

Annexe rue Jules Watteuw (Document site internet)

Cinq ans plus tard, en 1997, sous la direction de Jean-Luc Verduyn , la fermeture de l’annexe (aujourd’hui démolie) et la construction de nouveaux locaux permettent le regrouper l’ensemble des élèves sur le site historique de la rue de Roubaix, qui y compte dès lors le même nombre de divisions à savoir 4 classes pour chaque niveau avec un CDI en plus.

Photo de Jean-Luc Verduyn en 2012 et l’agrandissement de 1997, le temps où la salle d’étude sert aussi de cantine (Documents site internet)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Fêtes du Gibraltar

La douane du quartier du Gibraltar CP collection familiale

En 1930, les fêtes du Gibraltar attirent une foule nombreuse avec un programme s’étalant sur trois jours. Le samedi, la traditionnelle retraite aux flambeaux avec le concours de l’harmonie « l’Amitié Franco-Belge ». Des gâteaux sont distribués aux enfants porteurs de lampes vénitiennes. Le Dimanche matin, vers 6 heures, des sonneries de clairon suivies de salves d’artillerie annoncent aux alentours que les fêtes vont commencer. Toute la matinée des jeux sont organisés chez les débitants qui attirent de nombreux amateurs. Vers 16 heurs 30, après la réception des sociétés participantes, un cortège défile dans les différentes rues du quartier. Trois sociétés musicales sont présentes : la Fanfare Municipale de Lys, sous la direction de M. Pierre Demey, sous chef ; l’harmonie royale « La Lyre » d’Estaimpuis, sous la direction de son chef M. Émile Broux ; et l’harmonie « l’Amitié franco-belge » sous la direction de son chef M. Édouard Parent. La société de gymnastique La Féminine de Leers exécute ensuite de gracieux mouvements rythmés et le grand ballet des Polichinelles. La journée se termine par une fête de nuit des plus réussies et par un grand bal dans la salle de l’Harmonie. Le Lundi, une grande braderie attire nombre de forains et d’acheteurs. À 10 heures, chez Henri Ladmirault, a lieu l’élection du maire, lequel est reçu dans l’après midi à la mairie du quartier. Un match de football a été disputé entre l’Union de Néchin et les Ballons Rouges du Gibraltar. Pour clôturer la fête, un grand concert est donné par la Fanfare communale d’Estaimbourg. Cette grande fête, répétée chaque année démontre ce que l’union des habitants d’un quartier est capable de faire. Le journaliste souhaite que l’exemple soit suivi et que bientôt les autres quartiers de Leers aient aussi leur fête propre.

L’harmonie « l’amitié franco-belge » a été fondée en 1923 à Gibraltar, populeux hameau formé par l’extrême frontière de Leers-France et celle de Néchin-Belgique. Ses débuts sont modestes : vingt exécutants de Leers et de Néchin et une commission civile formée de cinq membres. La société est ainsi dénommée pour commémorer les liens d’affection qui de tous temps ont uni nos deux pays et qui se sont encore considérablement resserrés pendant la grande tourmente de 14 18. M. Pierre Le Blan, industriel à Lille, a accepté d’en être le président d’honneur et il a offert un magnifique drapeau. D’un côté figure le drapeau français avec les armes de Leers, encadré d’une bande aux couleurs belges ; de l’autre côté le drapeau belge avec les armes de Néchin, encadré d’une bande aux couleurs françaises.

Les médaillés de l’amitié franco-belge Photo J de Rx

Le premier président actif est Georges Benoist, membre d’une honorable famille roubaisienne. Il est prématurément décédé le 10 mai 1926. La direction musicale est confiée pendant quatre années à un vétéran de la musique, M. Auguste Quique de Leers. Puis c’est M. Édouard Parent de Roubaix, clarinettiste de talent, donne une nouvelle impulsion à « l’amitié franco-belge ». La société compte à l’époque 54 exécutants inscrits et des cours sont donnés à 11 élèves musiciens. Son idéal est non seulement de marcher de progrès en progrès dans l’art musical, mais aussi d’entretenir et de développer parmi ses membres avec un véritable esprit de famille, une atmosphère de confiance réciproque. Quatre membres de l’Harmonie ont été honorés par la Médaille de la Fédération du Nord et du Pas de Calais pour leurs trente années passés au sein de cette fédération. Il s’agit de MM. Jules Blin, Albert Bataille, Jules Carrette et Désiré Ponthieu.

D’après le Journal de Roubaix