Fêtes quinquennales au Nouveau Roubaix

Les majorettes de Breda défilent au Nouveau Roubaix Photo NE

Septembre 1966. C’est sous un soleil éclatant que se sont déroulées les fêtes quinquennales du Nouveau Roubaix, sous la forme d’un défilé carnavalesque et d’un spectacle nocturne sur la Place du Travail. Les gracieuses majorettes parasol de Breda (Hollande) ouvrent la marche, accompagnées par un groupe musical, les « Laurens drummers ». Viennent ensuite quelques grosses têtes cartonnées dont les porteurs suent à grosses gouttes. Chaque tête fait prés de vingt kilos et sous cette chaleur ! La Fanfare Delattre, la Prolétarienne d’Hénin Liétard en tenue de mineur et la commune libre de Saint Quentin, spectacle vivant de la belle époque, constituent la suite du cortège. Puis les cadets de la Royal Navy défilent sous les applaudissements et les Gilles de Jemappes viennent terminer ce brillant cortège carnavalesque. Le soir, se déroule le spectacle sur la Place du Travail. L’orchestre de Rudy Alban assure les parties musicales d’une fête de cirque en plein air, avec des acrobates, une dresseuse de caniches, des ballons magiques, un jongleur ultrarapide et pour finir les clowns Franck et Tico. Nul doute que ces fêtes avaient du succès, car à l’époque, la petite lucarne n’hypnotisait pas encore les gens au point qu’ils restaient cloîtrés dans leurs logis. Combien de temps durèrent ces fêtes quinquennales ? Comment étaient-elles organisées ? Nous sommes preneurs de toute information…

Henri Delecroix

C’est dans l’annuaire de 1893 que le nombre de brasseries à Hem passe de 3 à 5 avec la brasserie d’Henri Delecroix. Né en 1861, de parents cultivateurs, et de santé fragile il passe son enfance sur la côte où il fait ses études. Rentré à Hem il y crée en 1888 une brasserie dotée d’un outillage moderne qui prend rapidement de l’extension dans les environs. Installée rue du Rivage, l’entreprise prend le nom de brasserie du Rivage.

CPA de la brasserie du Rivage (Documents collection privée)
Facture de 1893 (Document Historihem)

Comme la plupart des brasseurs de l’époque Henri Delecroix est propriétaire de plusieurs estaminets sur la commune. Ainsi on peut citer le café brasserie du Rivage situé au coin de la rue du même nom, le Franc Bouleux au 244 rue de Lannoy (actuelle rue Jules Guesde), la Halte au Petit Lannoy, l’Hermitage rue Poivrée (actuelle rue du Général Leclerc), la Paix (au bout de la rue du Cimetière), le Pinson (au coin de la rue de la Vallée et de la rue de Lannoy…

Quelques estaminets appartenant à Henri Delecroix : le Rivage, le Franc-Bouleux, la Paix et le Pinson (Documents collection privée)

Entré au conseil municipal dès 1896, Henri Delecroix est élu maire de la ville (d’Union Républicaine) en mai 1900 et reste à la tête de la commune jusqu’en 1925. Les journaux de l’époque le décrivent comme bienveillant : « il n’est vraiment heureux que lorsqu’il peut donner satisfaction…sincèrement démocrate il accorde toute sollicitude aux humbles, aux travailleurs ». Les caricatures le représentent assez petit mais râblé, cheveux en brosse, belle moustache et barbe en pointe.

Caricature représentant Henri Delecroix et photo des membres du Conseil Municipal (Documents Historihem)

C’est l’époque où est votée la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de Mr Waldeck-Rousseau. Mr Delecroix est de la même tendance républicaine de gauche et répercute donc son programme au plan local, si bien que ses rapports avec les catholiques se durcissent, notamment lorsqu’il réclame la clef de l’église au curé : Edmond Pollet.

Rapports tendus avec le clergé (Document Au Temps d’Hem)

La gestion de l’équipe Delecroix marque la vie municipale d’une très large empreinte sociale (assurance accidents des employés communaux, consultations pour nourrissons, fourniture de livres aux indigents…) Il fait aussi établir avant la 1ère guerre un projet de distribution d’eau potable « sur évier » par la société des Eaux du Nord et met en place un service d’ébouage.

Photos d’Henri Delecroix (Documents Historihem)

Le progrès technique facilite également la vie de tous les jours et un avis favorable est donné par le conseil municipal suite à l’enquête sur la création d’une ligne de tramways électriques à travers Hem. C’est la ligne Roubaix Hem qui entre en service la 1ère suivie de la ligne de Lille à Leers.

La ligne de tramways (Document Au Temps d’Hem)
Document de 1914 (Document Historihem)

En Octobre 1914, avec le début de l’occupation allemande, comme tous les autres maires, Henri Delecroix reçoit un ordre d’évacuation du préfet pour tous les hommes mobilisables encore dans leurs foyers sauf les fonctionnaires qui restent à leur poste. Les vexations journalières commencent et la ville est soumise à un pillage filtré et méthodique qui fait le vide partout.

Des ouvriers hémois sont incorporés de force dans des bataillons civils et expédiés dans les Ardennes pour du travail obligatoire pour les occupants. L’autorité allemande ajoute à la déportation des hommes celle des femmes, expédiées dans les villages désertés des Ardennes ou réquisitionnées pour la moisson.

 Jeunes hommes déportés et jeunes filles d’Hempempont réquisitionnées pour la moisson (Documents Hem d’hier et d’aujourd’hui)

La commune doit quant à elle subvenir au logement, au bien-être et à la nourriture de l’ennemi. La population est réquisitionnée à tout moment pour travailler suivant le bon vouloir des allemands et ne peut pas quitter la ville comme elle le veut. La commune fournit chaque jour du bois à brûler aux troupes allemandes. En revanche, les écoles et les églises ne peuvent pas être chauffées.

Avertissement et appel à la population (Documents Hem d’hier et d’aujourd’hui)

4 ans plus tard les troupes allemandes évacuent et en décembre 1918, Henri Delecroix peut réunir son conseil municipal. Le conseil a la possibilité d’ ouvrir à nouveau les dossiers laissés pour compte pendant la guerre et de prévoir un budget spécial pour faire face à toutes les dépenses concernant les dommages de guerre avec une aide préfectorale.

Au début des années 1920, le projet relatif à l’établissement de la distribution d’eau potable dans toute la commune est relancé et en 1926 les canalisations sont implantées et 22 bornes fontaines installées. Puis c’est l’éclairage public de la commune qui est soumis au vote du conseil municipal et l’installation du réseau d’électricité pour tous usages dans la commune est réalisée par la société Tricoit de Lannoy.

Borne fontaine (Document Hem mille ans d’histoire et document au temps d’Hem)

Puis, en 1925, Henri Delecroix perd son mandat de maire au profit de Julien Lallart. Il décède en 1933 d’une longue maladie à son domicile, 11 place Verte (actuelle place de la République).

Domicile de Henri Delecroix sur la place d’Hem (Document Historihem) et photo aérienne de la demeure en 2020 (Document Google Maps)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Le Pont Emile Duhamel

le pont Emile Duhamel ( document N. Duhamel )

Tous les roubaisiens connaissent ce pont de la Grand rue sous le nom de pont du Galon d’ Eau ou Entrepont. En revanche, peu de personnes savent que ce pont s’appelle, en réalité, Emile Duhamel, depuis 2010.

Mais qui était donc ce Monsieur ?

Plaque ( photo BT )

Emile Duhamel naît à Wattrelos en 1923. Il commence par être ouvrier tisserand, puis devient militant du Parti Communiste et syndicaliste CGT. Il est adjoint au maire de Roubaix, conseiller municipal, vice-président de la CUDL, membre du conseil d’administration du CCAS de Roubaix, de la CPAM, ainsi que de l’office D’HLM, conseiller régional , président des Amis du Parc de Barbieux, etc.

Emile Duhamel ( document YouTube )

Mais c’est surtout parce que Émile est un fervent défenseur du canal de Roubaix, que ce pont a été rebaptisé « Pont Emile Duhamel » en Octobre 2010

Dans les années 1970, Émile Duhamel, conseiller régional, milite pour la ré-industrialisation de la zone de l’union, à partir du canal, quand Jacques Coru adjoint au maire de Tourcoing fait réhabiliter le canal sur sa ville.

Emile Duhamel devant le canal ( document YouTube )

Plus tard à la fin des années 80 on doit encore à la mobilisation initiée par Émile Duhamel au service des pêcheurs, que le canal n’ait  pas été détruit à Roubaix à l’occasion de la construction de la voie rapide allant du quai de Gravelines au quai d’Anvers.

En 1990, une grande opération de nettoyage a lieu sur le canal de Roubaix et des centaines de mètres cubes de déchets sont ainsi récupérés.

Et enfin en 1992, c’est la remise en navigation du canal qui intervient et le rétablissement de la liaison Deule-Escaut, en partenariat avec des homologues belges.

Émile Duhamel a donc beaucoup défendu le canal de Roubaix. Il a lutté pendant plus de 20 ans et a réussi à obtenir que le canal ne soit pas fermé pour favoriser la voix rapide.

( document YouTube )

Émile Duhamel obtient la décoration de chevalier de la Légion d’Honneur, remise par Georges Séguy en 1998, lors d’une cérémonie à l’Hôtel de ville.

document N. Duhamel

Slimane Tir, conseiller municipal a beaucoup insisté, pour que l’entrepont prenne le nom d’Émile Duhamel. C’est en effet un bel hommage à lui rendre, que de donner son nom au pont de la Grand-Rue, entre Roubaix et Wattrelos, face au café « A l’As de cœur » et face à la maison où se trouve le syndicat des pêcheurs.

document Nord Eclair et document N. Duhamel

Une cérémonie émouvante se déroule en Octobre 2010, en présence de son épouse Denise et de sa fille Nicole, René Vandierendonck maire de Roubaix, Slimane Tir conseiller municipal, Dominique Baert maire de Wattrelos, Jean-Jacques Fertelle président du syndicat des pêcheurs, Jean-Marie Duriez secrétaire de la section du PC, et Manou Masquellier patoisante roubaisienne.

documents N. Duhamel

Emile Duhamel, le communiste au grand cœur est un grand homme par la taille, par l’esprit et par le cœur. Il a marqué la vie politique roubaisienne de ses coups de gueule et de ses combats, défenseur infatigable des pêcheurs de Roubaix et du retour à la navigation du canal.

document N. Duhamel

Émile Duhamel, homme exceptionnel, nous a quitté le 22 décembre 2006

« Quelle belle vie, j’ai eue  » disait-il . . .

Une vie entière consacrée à aider les autres et au bonheur de sa famille .

Pour d’autres aspects de la personnalité d’Émile Duhamel :

http://emile-duhamel.over-blog.com

Remerciements à Nicole Duhamel

Le déplacement du monument aux Morts

Au début des années 1960, la circulation automobile se développe et pose de sérieux problèmes pour les automobilistes dans toute la ville de Roubaix. Il est donc nécessaire d’améliorer les rues, avenues et boulevards et en particulier le carrefour du monument aux Morts très fréquenté et embouteillé aux heures de pointe. Ce carrefour est situé sur le boulevard Leclerc à l’angle des rues du Maréchal Foch, du Moulin et du boulevard de Paris.

document Nord Eclair

En 1964, la municipalité décide donc une refonte complète de ce carrefour. Les grandes innovations préconisées par les ingénieurs des Ponts et Chaussées sont la mise en œuvre :

– d’un sens unique de circulation dans la rue du Maréchal Foch

– de l’abattage des platanes du Boulevard de Paris (entre la rue du Moulin et la rue Chanzy )

– de l’élargissement de ce boulevard de Paris à 27m de largeur

– de l’installation de nombreux feux tricolores, et surtout . . .

– du déplacement du Monument aux Morts, 75 mètres plus loin à hauteur de la rue Dupleix.

document Nord Eclair

Il faut rappeler que ce monument aux Morts a été érigé, installé et inauguré en 1925, époque où la circulation automobile était quasi inexistante. Dans les années 1930, on pouvait encore envisager de bloquer le carrefour lors des commémorations !

Les travaux de déplacement débutent au printemps 1964, et ce n’est pas une mince affaire que de bouger un monument haut de 9 mètres, et pesant plusieurs tonnes ! Il faut bien se résoudre à morceler cette masse de pierre en plusieurs morceaux.

La noble dame qui porte dans ses bras robustes les fruits de la fécondité n’est pas une femme légère, car la tête et le buste pèsent 2 tonnes et le tronc 5 tonnes. A cela il convient d’ajouter l’hydre qui est scié en deux parties.

document Nord Éclair

Une équipe de spécialistes, véritables chirurgiens pour géants travaille sur le mémorial avec de très grandes précautions.

Toutes les pièces du monument sont déposées sur le sol et les techniciens peuvent alors remonter l’ensemble, tel un puzzle.

Les délais prévus sont respectés et la ville confirme que tout sera prêt pour les cérémonies du 11 novembre 1964.

document Nord Éclair

Le déplacement se fait sans trop de problèmes. La partie la plus délicate du travail de dissection, est de démonter les quatre bas-reliefs fixés sur le socle.

Les 4 bas reliefs de 1925 ( document Grand Hebdomadaire illustré 1925 )

Un geste malheureux d’un ouvrier fait perdre la tête d’un personnage de pierre.

Le bas relief endommagé ( document Nord Eclair )

C’est peut-être une des raisons pour laquelle 2 bas reliefs sur 4 n’ont pas été refixés au dos du monument ? Les armoiries de la ville, quant à elles, ont bien été reposées à leur emplacement initial.

document collection privée
L’arrière du monument dans les années 1930 et en 2022 ( documents collection privée )

Depuis 1964, le monument aux Morts est toujours au même endroit. Sur la photo ci-dessous qui date des années 1970, on distingue l’ancien garage Renault face à la semelle de verdure sur laquelle se dressait initialement le monument.

document collection privée

Remerciements aux archives municipales

L’inauguration du monument aux Morts

le Monument aux Morts ( document Grand hebdomadaire illustré 1925 )

Pour commémorer l’héroïsme des 3000 roubaisiens tombés pendant la grande guerre 1914-1918, la municipalité a décidé d’ériger un monument aux Morts.

Ce monument s’élève initialement au début du boulevard Gambetta, à l’emplacement de la  »Fontaine des Trois Grâces », au carrefour du boulevard de la rue Neuve, de la rue du Moulin et du boulevard de Paris.

Le monument représente la statue de la paix écrasant l’hydre de la guerre. La statue est belle et imposante. Un tertre de gazon, clôturé d’une grille, entoure le monument.

Quatre bas reliefs sur le socle représentent le Travail, la Famille, l’Attaque et l’Exode.

L’œuvre a été créée par le statuaire et sculpteur douaisien Alexandre Descatoire et par l’architecte J. Wielhorski.

Mrs Descatoire et Wielhorski ( document Grand hebdomadaire illustré 1925 )

L’inauguration a lieu le dimanche 18 Octobre 1925. La date n’a pas été choisie au hasard, car le 18 Octobre 1914 les allemands entraient à Roubaix, et le 18 Octobre 1918 ces mêmes allemands quittaient la ville.

Toute la population de Roubaix rend un hommage solennel à ses glorieux soldats morts pour la France, durant la grande guerre 1914-1918.

Document Journal de Roubaix

La veille, le samedi soir 17 Octobre, a lieu une veillée funèbre : de nombreuses harmonies encadrées par les gymnastes de la  »Roubaisienne » jouent des airs funèbres et ce, pendant toute la soirée. Un éclairage efficace a été mis en place, et en particulier depuis le toit du café des  »Arcades ».

Une messe solennelle est célébrée le dimanche à midi en l’église Saint Martin devant une foule nombreuse, à l’intention de tous les roubaisiens tombés au cours de la grande guerre.

Une cérémonie a lieu à l’hôtel de ville. Parmi les nombreuses personnalités, sont présentes Mr le maire Jean Lebas, Mr Leroy secrétaire général de la préfecture, le général Moisson et de nombreuses autres personnalités représentatives des sociétés roubaisiennes.

Hôtel de ville ( document Grand hebdomadaire illustré 1925 )

En début d’après midi, un cortège immense composé de 43 formations musicales part de la rue de la gare, puis défile Grand Place, place de la Liberté et se termine boulevard Gambetta devant une foule considérable car une multitude de roubaisiens est accourue de tous les quartiers de la ville. Des dizaines de milliers de personnes sont massées sur les trottoirs, malgré un temps maussade et pluvieux. Presque sur toutes les maisons, des drapeaux aux couleurs nationales et la bannière des Amis de Roubaix témoignent de l’empressement des roubaisiens à participer à cette manifestation.

Pour ce cortège, de très nombreuses auditions musicales sont programmées particulièrement importantes par le nombre d’exécutants et par les œuvres proposées, dont la Cantate aux Morts, spécialement composée pour la circonstance, par deux roubaisiens : Édouard Sonneville et A.S. Demarsay.

L’emplacement autour du Monument aux Morts est exigu, seuls sont admis, dans l’enceinte réservée, les personnalités officielles. Les familles des soldats morts pour la France ( veuves et orphelins ) sont installées devant le monument.

document Grand hebdomadaire illustré 1925
document collection privée

Le public quant à lui, trouve de la place dans les rues adjacentes : rue de Lille, rue Neuve et rue du Moulin. Quant à la circulation des automobiles et des tramways, elle est bien sûr interdite.

document collection privée

Durant toute la soirée de ce dimanche 18 Octobre 1925, la foule défile devant le Monument aux Morts magnifiquement illuminé par la maison Deny rue Decrême : une grandiose journée d’union sacrée.

document collection privée

Remerciements aux archives municipales.

Motte Porisse en feu

L’entreprise textile Motte Porisse est plus connue sous le nom des « Laines du Chat Botté ». Elle s’appelait autrefois la « Filature des Longues Haies ».

documents collection privée

Elle se situe sur un carré de maisons très vaste entre les rues : du Coq Français, Jean Moulin, Saint-Jean et Vincent Auriol, soit au total une superficie de 11.000 m2.

document collection privée

Vendredi 28 Juin 1985, à 5h45 du matin, de la fumée se dégage depuis le sous-sol, où sont stockées les matières premières, à savoir 200 tonnes de laine acrylique et matières synthétiques nécessaires à la production de l’usine.

L’alerte est donnée immédiatement ; les pompiers arrivent et évacuent les 60 ouvriers travaillant de nuit. Fort heureusement d’ailleurs, puisque quelques minutes plus tard, l’usine est la proie des flammes.

L’incendie qui s’est déclaré rue Vincent Auriol se propage très rapidement et gagne le bâtiment de la rue du Coq Français

document Nord Eclair
document archives municipales

Devant l’ampleur du sinistre, les sapeurs pompiers demandent du renfort auprès de tous les centres de secours de la métropole. Près de 200 pompiers sont désormais sur place pour lutter contre le feu. Trois grosses lances, trois canons à eau, des multitudes de petites lances déversent des tonnes d’eau sur les flammes, mais celles-ci ont trouvé des matériaux de choix, particulièrement inflammables.

document Nord Eclair

Daniel Motte, directeur commercial de l’entreprise, et André Motte, directeur technique, arrivent sur place. Ils sont atterrés par l’ampleur des dégâts et ne peuvent se prononcer sur la survie de leur société. André Diligent, sénateur-maire, se fait informer de la situation par le colonel Bronchart, chef de corps de la communauté urbaine.

André Diligent et le colonel Bronchart ( document Nord Eclair )

Le feu est enfin maîtrisé en début d’après midi. L’entreprise est entièrement détruite ; les métiers à tisser et toutes les machines de production, le stock des matières premières, ainsi que le stock de la collection d’hiver qui devait être livré en Août.

Le bilan est lourd : des dizaines de millions de francs de dégâts, trois pompiers intoxiqués par les fumées et 400 salariés qui vont se retrouver sans emploi.

L’entreprise, plus que centenaire, se portait pourtant très bien. Elle réalisait 160 millions de Frs de CA, dont 46 % à l’exportation. L’entreprise tournait 24h sur 24. C’était le dernier fleuron de l’industrie textile roubaisienne.

document Nord Eclair

L’usine Motte Porisse ne sera pas reconstruite ; elle sera complètement rasée quelques temps après. Pour savoir ce qu’est devenu cet immense terrain, vous pouvez consulter, sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : « La diagonale des Paraboles ».

Emplacement de l’usine – photo prise de la tour du théâtre ( document Nord Eclair )

Remerciements aux archives municipales.

Alfred Derly – la 357 Roubaisienne ( suite )

Après le décès d’Alfred Derly, un membre du club de tir, Didier Masquelier, reprend l’armurerie du 197 rue de Lannoy à Roubaix, continue l’activité et accède à la présidence du club de tir « la 357 Roubaisienne » .

Didier Masquelier aime les challenges. Il décide en début d’année 1987, de tenter de faire battre le record du monde de tir, par son club « La 357 Roubaisienne ». Le précédent record date de 1984, détenu par l’équipe de Somain dont Didier Masquelier figurait d’ailleurs parmi les compétiteurs.

Après de longues semaines de préparation, Didier est enfin prêt. Il choisit donc la date des 5 et 6 Septembre 1987 pour le déroulement de l’épreuve.

document TV FR3 régionale

Ce record du monde consiste à faire le maximum de points, en 24h non stop, avec un revolver 38 Spécial, en position « bras franc ouvert », c’est à dire bras tendu sans support. C’est donc particulièrement épuisant pour les trois hommes qui participent à cette tentative : Dominique Constant 31 ans, Patrice Fristot 33 ans et Michel Leclercq 27 ans.

André Diligent donne le coup d’envoi ( document Nord Eclair )

Didier Masquelier est un homme de communication et il invite André Diligent pour donner le coup d’envoi le samedi 5 Septembre à 11h. Par ailleurs, il fait venir la presse locale ( NE et VDN ) et même la télévision ( FR3 régionale ) pour relater cet événement exceptionnel. Les passants peuvent voir le déroulement des épreuves, sur des écrans vidéo installés dans le magasin.

document Nord Eclair

Le 6 Septembre à 11h, le record du monde est pulvérisé : 78.480 points alors que la performance précédente était de 66.150 points ! Près de 10.000 cartouches ont été tirées, à 25 mètres de distance, dans un cercle de 12 cm de diamètre.

document Nord Eclair

C’est l’explosion de joie, pour les 3 compétiteurs, mais également pour l’ensemble des 250 membres du club, sur fond de « Marseillaise » dans la rue de Lannoy.

Les 3 champions du monde devant l’armurerie ( document TV FR3 régionale )

Au début des années 1990, des problèmes financiers entraînent Didier Masquelier à fermer malheureusement son armurerie. Le local commercial reste vide. La 357 Roubaisienne, quant à elle, continue son activité de club sportif, mais avec quelques difficultés : Mme veuve Derly, propriétaire des locaux décide de vendre son immeuble du 197 rue de Lannoy en 2010 à un investisseur local qui demande bien sûr un loyer conséquent. Des présidents se succèdent alors, à la tête du club sportif dans les années 2000, avec des problèmes de gestion. Le nombre d’adhérents chute à 80 personnes en 2013. Le club est à deux doigts de la fermeture.

document D. Houte

En 2014, le vice-président Dominique Houte devient président de la 357 Roubaisienne. C’est également un communiquant : il crée une ambiance sympathique parmi les adhérents, redresse la barre de façon importante et fait construire dans la cour, un stand de tir supplémentaire de 10m pour la compétition mais également pour l’école de tir ( adolescents et jeunes adultes ).

le nouveau stand de tir à 10 mètres ( Photo BT )

De nos jours, la 357 Roubaisienne fonctionne de façon très satisfaisante : 400 personnes sont licenciées dans ce club de tir roubaisien qui devient le 4° de la région en nombre d’adhérents. Le bilan financier devient positif ; le club arrive même à financer l’acquisition de ses locaux en 2020.

la salle de détente ( document D. Houte )

A l’entrée du club, une plaque commémorative est apposée en mémoire d’Alfred Derly, fondateur et président de « La 357 Roubaisienne ».

Remerciements à Dominique Houte, ainsi qu’aux archives municipales.

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L’exposition franco-américaine de la maternité et de l’enfance

Il y a un siècle, dans l’immédiat après-guerre, s’ouvre à Roubaix, le dimanche 24 avril 1921, et jusqu’au 30 avril, l’exposition franco-américaine de la maternité et de l’enfance avec le concours de la croix-rouge américaine, et à sa tête Mme Florence Holzman.

Document Journal de Roubaix

Après la lutte commune pour la liberté durant la guerre, la collaboration franco-américaine se poursuit naturellement dans la bataille qui se livre pour la femme et l’enfant.

Document collection privée

L’exposition a lieu à la salle des fêtes de la rue de l’Hospice (aujourd’hui dénommée salle Watremez). Elle a pour but de montrer les résultats déjà obtenus par les sociétés de bienfaisance de la région et de stimuler l’initiative et les progrès afin de faire diminuer dans Roubaix et ses environs la mortalité infantile. Une réception officielle par la municipalité roubaisienne se déroule dans la grande salle des fêtes de la mairie.

Durant l’après-midi sont distribuées des primes de 100 francs aux familles nombreuses. Le président de la société de protection de l’enfance et de la Goutte de Lait remet vingt cinq layettes, à titre de récompense, aux familles ayant assisté le plus assidûment aux consultations de nourrissons. Une démonstration est faite de la façon la plus hygiénique de procéder au bain, à l’habillage et au déshabillage des enfants par une nurse américaine.

Exceptionnellement des consultations de nourrissons et de dentistes ont lieu à la salle des fêtes.

Document collection privée

Un concours de bébés est réservé aux enfants roubaisiens de moins de 2 ans, les inscriptions ayant dépassé les prévisions et n’ayant pas permis de l’ouvrir à d’autres classes d’âge ou aux habitants des villes voisines. Des jumeaux se voient remettre le 1er prix.

Document collection privée

« Il faut que partout où les enfants peuvent naître, les parents aient l’assurance qu’ils vivront », tels sont les premiers mots du discours inaugural. En effet plus de 10% des bébés qui naissent succombent chaque année à l’époque, triste pourcentage ramené à 3% pour les bébés dont l’existence est mise sous la sauvegarde des Oeuvres de l’Enfance.

Dans l’immense et somptueux cadre de la salle des fêtes munie d’une artistique décoration harmonieuse sont installés une trentaine de pavillons où sont exposés toutes les œuvres roubaisiennes qui se rattachent à l’enfant et tout l’enseignement de la puériculture.

Document collection privée

Des groupes d’écoliers, sous la conduite de leurs maîtres, visitent l’exposition et assistent à des séances de Guignol ou de Cinéma.

Au jardin d’enfants, sous la surveillances de dévouées américaines, les tout-petits s’amusent à confectionner des maisons à l’aide de blocs de bois tandis que les plus grands se livrent à des jeux plus sportifs sur la place Chevreul transformée en terrain de jeux.

Document collection privée
Document collection privée

Pour clore cette semaine enrichissante le syndicat médical reçoit les représentants de la Croix-Rouge américaine et, se félicitant du succès de l’exposition, insiste sur le caractère indispensable de l’entente médicale franco-américaine au succès de toute œuvre se rapportant à l’hygiène et à la puériculture.

Ce n ‘est pourtant qu’à l’issue de la seconde guerre mondiale que la PMI (Protection Maternelle et Infantile) sera instituée pour permettre la protection généralisée de toute une population : femmes enceintes, jeunes mères venant d’accoucher, jeunes enfants, et instaurer les visites pré et postnatales, la surveillance des enfants et l’éducation des mères.

Remerciements aux archives municipales

Le Maire de l’Epeule

Une place du quartier de l’Epeule porte désormais son nom, mais qui était donc Victor Vandermeiren ?

Victor Vandermeiren est né à Croix le 6 mars 1915 d’un père chauffeur et d’une mère soigneuse. De profession comptable, il aime à rendre service et son plaisir est de faire plaisir. Il habite 184 rue de l’industrie à Roubaix. Pendant toute sa vie, il mettra ses talents d’organisateur et de conseiller au service des gens de son quartier.

Très jeune il s’occupe de l’organisation des loisirs : en 1933, il est secrétaire de la section de basket de l’amicale des arts, il est aussi l’adjoint de son père, alors capitaine de route à la section cyclotouriste du Nord Touriste, pour l’organisation des itinéraires de randonnées.

Il était volontiers facétieux Photo NE

Il fait son service militaire en Moselle au 168e RI, après ses classes il est sergent et il participe à l’organisation du foyer du soldat. En 1939, au moment de la déclaration de guerre, il est affecté comme sergent chef comptable. Fait prisonnier, il connaît la captivité dans le camp du Limbourg où il se signale par l’organisation de tournois de football, de basket. Il fait ses débuts de speaker au stalag dans un spectacle de variétés monté avec des gars du nord.

Rentré de captivité, il devient commerçant dans le quartier de l’épeule. Il est sollicité par le directeur de l’école de la rue Brézin qu’il fréquenta pour remonter l’amicale des anciens élèves. Il organise bals, kermesses, excursions, arbres de Noël. Il favorise l’arrivée du cinéma à l’école et organisa le foyer Van Der Meersch inauguré en présence de Mme Van Der Meersch, mère de l’écrivain, également ancien de l’école.

Parallèlement il participe à l’UCEA (union commerciale de l’épeule alouette) dès sa remise en marche de 1947, il en sera le vice président de 1950 à 1959. Il participe à toutes les organisations des manifestations sportives et musicales du quartier. Il devient ensuite secrétaire du comité d’entraide des fêtes de l’épeule alouette trichon en 1952. Il est un des éléments fondateurs des 28 heures à la marche de Roubaix dont il deviendra le speaker attitré.

Il n’est plus commerçant en 1959 mais son activité d’organisateur se poursuit. Secrétaire du comité des fêtes et d’entraide de l’épeule alouette trichon, il participe à la création de réalisations qui obtiennent un grand succès, comme les six jours de trottinettes, le rallye automobile, le critérium cycliste en nocturne. Il est également secrétaire du Kart club roubaisien depuis sa fondation en 1959.

Médaillé de la jeunesse et des sports Photo NE

Secrétaire de la section du Nord Touriste depuis 1960, membre du comité directeur des festivités de la ville, membre du comité de la section épeuloise des anciens combattants, il est partout sur la brèche. Il est de bon conseil et ses avis sont appréciés. Commissaire aux comptes de l’OMS (office municipal des sports) depuis sa création en 1965, il est l’un des membres fondateurs du comité de jumelage de Roubaix Europe dont il est un administrateur et un conseiller technique.

Il appartient depuis 1963 à l’Harmonie des anciens et jeunes soldats musiciens français, dont il est le vice-président en 1965, et au populaire orchestre des Bleus Sarraus. Ardent propagateur de l’art musical, il sera fait chevalier des arts, sciences et lettres. Il est déjà commandeur du mérite philanthropique, croix du mérite humanitaire et croix du dévouement civique !

Photographié par Guy Sadet

Celui qu’on appelait affectueusement le maire de l’épeule était capable, selon son ami André Diligent, des pires coups de gueule (et puis) on redevenait amis comme si de rien n’était. Il avait une réputation de blagueur, de plaisantin, mais il aimait la fête et surtout l’organiser et l’animer. Il nous a quittés en septembre 1997.

Merci à Sylviane Catteau pour sa contribution