L’entreprise Rossel, du teinturier au pressing

La famille Rossel arrive de Belgique et s’installe rue des Bouchers à Lille, en 1867, pour créer une entreprise artisanale de nettoyage-dégraissage de vêtements.

Henri, un des frères Rossel ouvre un magasin de nettoyage à Roubaix rue Saint Georges (aujourd’hui rue du Général Sarrail) en 1881. C’est un simple dépôt de linge, car les vêtements sont nettoyés à Lille. Le succès est immédiat. Un autre frère, Édouard Rossel, crée un atelier de teinturier dégraisseur « Rossel-Motte » au 118 rue d’Isly en 1882.

L’entreprise propose le nettoyage de tous les vêtements, quelle qu’en soit la matière : coton, laine, soie, velours, fourrure, popeline et même les tissus d’ameublement, tapis et rideaux

Papier en tête Rossel 1898 ( document P. Lambaere )

En 1912, Édouard Rossel cède l’entreprise à sa sœur Marie, mariée à Constantin Petitprez. Marie Petitprez-Rossel reprend l’affaire familiale pour une raison bien précise : assurer l’avenir de deux de ses enfants : Maurice Petitprez son fils et Albert Lambaere son gendre.

Albert Lambaere ( document P. Lambaere )

En 1919, l’entreprise devient la S.A.R.L « Petitprez Lambaere ». Elle est dirigée par Maurice Petitprez et Albert Lambaere. Le nom Rossel est bien évidemment gardé comme marque commerciale, car l’enseigne possède déjà une très forte notoriété.

( document P. Lambaere )
Usine Rossel Motte rue d’Isly ( document P. Lambaere )

Dans les années 1920, l’entreprise se développe de façon très importante, par l’absorption de concurrents comme la teinturerie Maincent à Roubaix, en 1928, et par la création et la reprise de plusieurs magasins dans le Nord.

La direction décide alors de créer un service transport pour la livraison de tous ses points de vente en fourgonnette. L’effectif passe ainsi de 10 salariés en 1919 à 60 salariés en 1939.

L’activité de l’entreprise continue pendant l’occupation allemande : la population roubaisienne est en manque de vêtements neufs, et continue d’entretenir les tenues vestimentaires usagées.

fourgonnette de livraison 1951 ( document P. Lambaere )

Après la seconde guerre mondiale, les affaires reprennent fortement. Au début des années 1950, on dénombre 21 points de vente et 200 dépôts dans les départements 59 et 62. Plusieurs tonnes de vêtements sont nettoyées chaque jour. L’activité teinture est malheureusement en régression, mais compensée par de nouveaux services : remaillage, glaçage, blanchissage, imperméabilisation, stoppage, vente de détachants etc

André Lambaere ( document P. Lambaere )

La nouvelle génération arrive : les deux frères Jean et Pierre Petitprez et André Lambaere décident de changer le nom commercial de l’entreprise ; Rossel-Motte devient Rossel.

Véhicules 1955 ( documents P. Lambaere et collection privée )
Le point de vente de Roubaix au 18 rue du général Sarrail en 1954 ( collection privée )

Dans les années 1960, 50 magasins et 300 dépôts sont désormais implantés dans le Nord Pas de Calais. 5000 pièces sont nettoyées quotidiennement à l’usine de la rue d’Isly.

la flotte en 1959 ( document P. Lambaere )

En 1962, l’entreprise démarre une campagne de publicité « Express Pressing Rossel » pour son nouveau service de nettoyage, plus rapide et moins cher ( service à domicile ).

Publicité ( document Nord Eclair )

La même année, Rossel expérimente un premier pressing dans un point de vente à Armentiéres, grâce à la miniaturisation du matériel. C’est une révolution dans le domaine du nettoyage. Désormais il est possible de nettoyer les vêtements sur place, dans le magasin. Peu de matériel est nécessaire : une mini chaudière, une presse, un mannequin, un fer à repasser, une planche et bien sûr la machine de nettoyage à sec.

Le fait de créer un Centre de Nettoyage Pressing sur le point de vente permet de réaliser des économies importantes de transport avec l’usine de Roubaix, de réduire les délais, le prix de revient et donc de diminuer le prix de vente. Rossel crée le nettoyage discount avec une nouvelle enseigne « 5 SEC Pressing » marque déposée pour les deux départements de la région, en 1965.

Buvard 5 SEC ( document P. Lambaere )

5 SEC Pressing : CINQ car cinq prix seulement sont proposés à la clientèle et SEC comme nettoyage à sec : 1 Franc pour nettoyer un pull, 2 Francs pour une jupe, 3 pour un pantalon, 4 pour une veste et 5 pour un manteau.

Le succès est immédiat ; le concept se développe rapidement dans de nombreux magasins de l’entreprise après transformation, surtout dans les centres commerciaux, car le consommateur est heureux de pouvoir déposer ses vêtements à l’entrée du magasin et de les récupérer après avoir fait ses courses en 1 heure.

À suivre . . .

Remerciements à Philippe Lambaere ainsi qu’aux archives municipales

Alfred Derly – la 357 Roubaisienne

Alfred Derly est artisan électricien. En 1947, il installe sa petite entreprise au 334 rue de Lannoy à Roubaix, à deux pas du boulevard de Reims. Alfred est locataire ; son entreprise d’électricité générale s’appelle « Au Grand Cheval Blanc » du nom de la courée voisine qui se situe au N° 332.

document collection privée

En 1951, Alfred Derly effectue quelques travaux de rénovation ( maçonnerie menuiserie et peinture ). Les affaires fonctionnent correctement et dans les années 1960, Alfred n’hésite pas à communiquer régulièrement par de la publicité dans la presse locale.

Publicité Nord Eclair

Au début des années 1970, son fils qui porte le même prénom, Alfred, vient l’aider dans l’entreprise qui devient alors, Alfred Derly et fils.

Progressivement, Alfred étend l’activité en proposant une gamme d’appareils d’électro-ménager et du matériel de vidéo surveillance.

documents collection privée
Alfred Derly en 1972 ( document Nord Eclair )

Les affaires deviennent plus difficiles à la fin des années 1970, car la concurrence des grandes surfaces en appareils électro-ménagers, lustrerie et alarmes, devient féroce. Et puis, Alfred, passionné par les armes depuis son enfance, a une idée bien précise en tête, c’est d’ouvrir une armurerie à Roubaix.

L’occasion se présente en 1978, lorsqu’il achète à Lucien Lagache un local, au 197 de la rue de Lannoy, d’une surface de plus de 600 m2. Ce terrain était autrefois occupé par l’entreprise Divol, grossiste en fruits et légumes. Sa façade a été transformée par son propriétaire, Lucien Lagache, en 1973 ; une large vitrine remplace désormais les deux petites fenêtres, afin de donner à ce bâtiment un aspect plus commercial.

document archives municipales

Alfred Derly effectue ensuite quelques travaux, en 1981 à savoir : repousser la grille d’entrée située sous le porche, aménager l’intérieur de son magasin et surtout installer des systèmes de sécurité efficaces et indispensables pour une armurerie.

document archives municipales

Au fond du terrain, il aménage un stand de tir de 17m de long au sous sol, et crée le club de tir : La 357 roubaisienne.

document archives municipales

L’objectif d’Alfred est, bien sûr, de vendre des armes de tir à ses clients, mais également de leur proposer de les stocker dans ses coffres forts, en attente de leur autorisation de détention. Très bonne stratégie pour démarrer son activité, car le succès est au rendez vous. La 357 Roubaisienne est un club sportif privé, un stand de tir fédéral affilié à la FFT Fédération Française de Tir.

document collection privée

Soudain, le 2 Mars 1984, c’est l’effroi : Alfred Derly est assassiné dans son magasin, par un inconnu, d’une balle de 22 LR dans la nuque.

document Nord Eclair

Dans le quartier, les voisins sont consternés, et viennent aux nouvelles devant la façade du magasin. La police procède aux premières investigations. Alfred Derly était honorablement connu et très estimé dans le quartier. Il était également vice président de l’union des commerçants de la rue de Lannoy.

document Nord Eclair

L’enquête piétine. La police judiciaire diffuse alors, dans la presse locale un portrait robot pour tenter de retrouver l’auteur de ce crime, mais sans succès. L’assassin ne sera jamais retrouvé.

document Nord Eclair

Quelques temps après, un membre du club de tir, Didier Masquelier reprend l’armurerie, succède à la présidence de « La 357 Roubaisienne » et continue l’activité.

à suivre . . .

Remerciements à Dominique Houte, ainsi qu’aux archives municipales

De Leclercq Dupire à l’Espace Carnot

L’industriel roubaisien Leclercq Dupire crée la firme qui porte son nom, mais c’est son fils Louis Leclercq Mulliez qui fonde l’établissement wattrelosien en 1865. Dès 1870, 375 métiers mécaniques sont en activité. La filature de renvideurs fonctionne en 1877, le tissage de draperie en 1893. La teinture et l’apprêt suivront en 1895 jusqu’à l’établissement d’une retorderie en 1910. En 1911, l’entreprise Leclercq Dupire représente 30.000 broches de filature et 1500 métiers à tisser. : articles de doublure, d’alpagas, de robes et de draperie. L’Elephant, marque de Leclercq Dupire est connu mondialement. Cet ensemble industriel de près de 90.000 m² se trouvait rue de Stalingrad (ex rue de l’Industrie) et s’étendait de l’actuelle avenue Mendès-France jusqu’à la rue Carnot.

Les établissements Leclercq Dupire à Wattrelos doc coll particulière

En 1923, Leclercq-Dupire s’agrandit et comprend deux nouveaux sites, l’un à Cysoing pour le piquage, l’autre à Saint-Python dans le Cambrésis pour le tissage. Puis, s’y ajoutent une usine de peignage, construite en 1934, ainsi qu’une usine de tissage à Aubenton dans l’Aisne à partir de 1950. En 1913, la société comptait 2 300 employés et 2 000 en 1932.

Dernière image de l’entrée d’Intissel doc NE

En 1968, intervient la fusion dans le groupe DMC, le mariage de la laine et du coton puis les activités se répartissent et évoluent entre Soparlaine et Intissel Cursel par le développement de l’activité des non-tissés ou étoffes nappées. En 1974, l’entreprise, alors contrôlée par Dollfuss-Mieg et Compagnie, est absorbée au sein de la société Texunion. Le site Intissel rue du docteur Leplat ferme ses portes en 1975.

Le site avant démolition doc NE

Que va-t-on faire de cette grande friche industrielle ? En effet, la relocalisation de la firme Intissel sur le site de la Martinoire laisse 26.000 m² inoccupés et difficilement réutilisables pour des activités industrielles. La question est débattue en Conseil Municipal. Un projet d’aménagement est présenté par la SEM, qui consiste à implanter sur le site un centre commercial, un ensemble de services et de loisirs. On suggère que les surfaces commerciales soient proposées en premier lieu aux Wattrelosiens, on réclame un cinéma, une patinoire, des expositions permanentes et on espère que l’Espace Carnot, tel est le nom de l’opération, ne sera pas un autre Roubaix 2000.

Il est hors de question de rafistoler la vieille usine. On ne retiendra que les éléments sains et ceux qui ont un intérêt architectural. Les quatre cinquièmes des bâtiments existants vont disparaître. On ne gardera que le bâtiment du côté de la rue de Stalingrad, à gauche du porche, le bâtiment parallélépipédique que l’on voit de la rue Carnot, délesté de quelques dépendances, afin de réaliser un parvis ouvert sur la rue Carnot. On reconstruira en neuf sur 8000 m² environ et il y aura un parking de 260 places. L’architecte roubaisien Lecroart, Bernard Vignoble et le cabinet Archin de Suresnes ont réfléchi au projet. Quelques problèmes à résoudre : la dénivellation de 2,50 mètres entre la rue Carnot et la rue de Stalingrad crée deux niveaux différents, la voie de chemin de fer désaffectée.

Les projets sur le site doc NE

Voici ce qui est prévu : en 1, un parking de 56 places, utilisable quand le grand parking sera fermé. En 2, une moyenne surface commerciale (1630 m²) au niveau supérieur. Au niveau inférieur, un bowling huit pistes, une brasserie restaurant. En 3, une galerie commerciale. En 4, un supermarché sur 4000 m², bâtiment neuf. En 5, un centre artisanal sur deux niveaux, une vingtaine de cellules modulables. En 6, un centre sportif de 3600 m², courts de tennis couverts, squash, salle de tennis de table, gymnase, vestiaires, sanitaires, bureaux administratifs et bar. Enfin en 7, un parking de 254 places fermé le soir et le dimanche.

On estime que les travaux devraient durer quatorze mois, l’Espace Carnot devrait être opérationnel en septembre 1988.

à suivre

Shettle ( suite )

L’électronique arrive dans le domaine de la photo. Le Polaroid, très connu pour son procédé de photographie à développement instantané en couleur, fait un démarrage foudroyant, et commence à concurrencer Kodak. Jacques Shettle organise une journée démonstration des appareils Polaroid, avec remise d’une photo gratuite

Publicité presse 1967 ( document Nord Eclair )

Le métier s’organise. Jacques et des confrères de la métropole se regroupent pour ouvrir un laboratoire de développement photographique couleur, à Lille aux Ets Vermesse rue du Sec Arembault. Les débuts sont laborieux, car les réglages techniques des machines sont très complexes.

La façade en 1970 ( document J. Shettle )

Dans les années 1970, la circulation automobile ne cesse d’augmenter, et le stationnement devient de plus en plus difficile. Jacques et André négocient avec le gérant de la station Elf au 26 rue de Lille, 2 ou 3 places de parking réservées à la clientèle.

document collection privée

Jacky Shettle ouvre en 1970, une annexe du magasin au 13 rue du Vieil Abreuvoir sous l’enseigne Photo-shop.

Publicité Photo-shop ( document Nord Eclair )

André décède en 1972. Son frère, Jacques, se retrouve seul avec ses deux fils à gérer l’entreprise. Jacky devient directeur général adjoint. Alain l’aide dans sa tâche.

En 1975, les 2 places de parking négociées sur la station Elf, étant nettement insuffisantes, Jacques, son épouse Nelly, née Selosse, achètent le terrain de 1000 m2 au 14 boulevard de Paris pour y créer un parking de stationnement, avec une entrée au 15 rue des Loups. Ce terrain était occupé ( avant qu’il ne soit rasé ) par le magasin de sports Cabanon, et auparavant par la galerie d’art Dujardin.

Entrée du parking, rue des loups ( document archives municipales )

Jacques envisage de s’agrandir, il confie à l’entreprise Ferret Savinel une étude pour la construction d’un immeuble de 18 logements et de son magasin au rez de chaussée, à l’emplacement de son parking de stationnement, mais malheureusement le projet n’aboutit pas.

Dans les années 1970, Jacques et ses fils ont de bonnes relations avec leurs confrères photographes : Bourgeois, Charier, Vivier et bien d’autres. Ils négocient même des publicités communes avec Equinet, 24 Grande Place à Tourcoing, qui fait partie du même groupement Foci.

Publicité commune avec Equinet 1975 ( document Nord Eclair )

Ils entretiennent également de bonnes relations commerciales avec tous les commerçants roubaisiens. Ils sont ainsi présents sur le parking Devianne, boulevard Gambetta, lors d’une braderie.

Braderie de commerçants sur le parking Devianne ( document J. Shettle )

En 1984, Jacques prend sa retraite bien méritée. Il passe le relais à son fils Alain qui devient gérant, et en 1990 c’est sa fille Fabienne qui prend le relais

Alain Shettle en 1986 ( document Nord Eclair )

Publicités années 1980 ( documents collection privée )

Au début des années 1990, c’est l’avènement du numérique. C’est un bouleversement considérable qui s’annonce dans le domaine de la photographie. Les nouveaux appareils numériques japonais remplacent la pellicule par un capteur qui enregistre l’image sur une carte mémoire. Inévitablement, ils font chuter les ventes de pellicules photos, mais également les développements et les tirages papier.

C’est le début des difficultés pour l’entreprise Shettle. Les grandes surfaces deviennent de rudes concurrents, en matière de prix de vente de ces nouveaux appareils numériques.

A cela s’ajoute le chantier des énormes travaux de la deuxième ligne du Métro VAL. En effet, la rue de Lille est fermée à la circulation pendant 30 mois, dans les années 1995 1996 1997.

Enfin, dans les années 2000, le téléphone portable remplace de plus en plus, l’appareil photo. On peut alors prendre des photos avec son smartphone : le selfie devient festif ou touristique : le photographe professionnel a de plus en plus de difficulté à se faire une place !

L’entreprise Shettle ferme donc définitivement ses portes en 2000, après 113 années de présence à Roubaix.

( document collection privée )

Remerciements à Jacky et Alain Shettle, ainsi qu’aux archives municipales.

Shettle

Georges Shettle, né en 1823, travaille en tant qu’assistant chez M. Fry, célèbre photographe à Londres. En 1840, M Fry découvre le négatif sur papier translucide. Cette découverte incite Georges Shettle à s’installer à son compte dans un studio photo à Forest Hill.

Georges Shettle a 3 fils : Arthur, William et Frédéric. Arthur Shettle franchit le Channel et s’installe dans un premier temps à Dunkerque, avant de rejoindre Roubaix en 1887, pour inaugurer son magasin au 4 boulevard de Paris. Il ouvre également un studio photo à Bruxelles et à Tourcoing, rue Motte. William quant à lui crée un studio à New York sur Madison avenue. Enfin, Frédéric s’installe à Bradford on Avon en 1896.

Arthur Shettle 1823 1919 ( document Nord Eclair )
document publicitaire commun des frères Shettle ( document collection privée )
publicité d’Arthur Shettle pour ses magasins de Roubaix et Tourcoing ( document collection privée )

En 1904, Arthur fait modifier la façade du 4 boulevard de Paris pour créer une nouvelle vitrine. Sur la photo ci-dessous, on distingue les voisins : à droite, au n° 2 la pâtisserie VanHaelst et à gauche, au n° 6 l’expert comptable Debuchy.

La façade du 4 boulevard de Paris ( document collection privée )

Les 3 fils d’Arthur : Georges junior, Frédéric et Lucien Shettle s’associent et reprennent la suite au magasin de Roubaix, en 1912. Georges décède en 1919. Lucien quitte la région pour Nantes où il installe un studio-photo. Frédéric reste seul à Roubaix.

document collection privée

En 1934, un gros projet immobilier résidentiel voit le jour, et nécessite la démolition de plusieurs maisons du n° 2 au n° 12 du boulevard de Paris. Pendant les travaux de construction de cet immeuble, Frédéric trouve un local pour son commerce, dans la rue de Crouy. Les travaux se terminent en 1936 et Frédéric peut alors s’installer dans le nouvel immeuble mais à l’arrière du bâtiment, au n° 1 rue de Lille. Frédéric habite à l’étage, avec son épouse Marie née Hannetel, et leurs 4 enfants, André, Jacques, Jean et Simone.

Il aménage également la partie au dessus du garage, en studio photo. Les parois vitrées permettent une meilleure luminosité pour les prises de vues, portraits, photos d’identités etc. De nombreux décors différents sont à disposition de la clientèle pour qu’ils puissent choisir l’arrière plan de la photo.

le magasin de la rue de Lille ( document Nord Eclair )

En 1936, la première démocratisation de la photo apparaît. Le laboratoire est modernisé : la lampe à arc est remplacée par une tireuse. Après la seconde guerre mondiale, les affaires reprennent de façon très satisfaisante. Frédéric décide alors de transformer et d’agrandir son magasin en 1952, par une nouvelle façade, un aménagement intérieur plus spacieux et le laboratoire photo Noir et Blanc installé au sous-sol.

la nouvelle façade en 1952 ( document archives municipales )
Frédéric Shettle ( document J. Shettle )

La cinquième génération Shettle prend la relève : Les deux fils de Frédéric : André et Jacques reprennent le magasin en 1957. Jean, quant à lui, ouvre un magasin à Paris rue de Clichy.

André Shettle ( document J. Shettle )

En 1957, Jacques crée la société « Phocinor » avec d’autres photographes de la région dont : Equinet à Tourcoing, Gallois à Douai, Vermesse à Lille, Hochard à Valenciennes, Cuvelier à Lens . . . Ce groupement permet de négocier des conditions d’achat de matériel photographique. Le succès est tel que très rapidement, le groupement devient national en 1963 et s’appelle désormais Phocifrance. Deux marques sont créées pour les produits : « Foci » pour les appareils photographiques et « Phokina » pour les accessoires. 350 photographes sont désormais adhérents au groupement.

Foci ( document Nord Eclair )
Jacques Shettle ( document J. Shettle )

Dans les années 1960, l’entreprise comprend 5 salariés pour le développement et le tirage des photos papier. Les deux fils de Jacques, Jacky et Alain commencent à venir aider leur père au magasin. Sur la photo ci-dessous, à droite, le jeune Jacky Shettle conseille son client en 1964.

document J. Shettle

à suivre . . .

Remerciements à Jacky et Alain Shettle, ainsi qu’aux archives municipales.

Les Entrepôts du Nord

Dans les années 1890, l’entreprise Coulon-Cuvelier est un commerce de gros qui approvisionne en vins et spiritueux, les commerçants et les particuliers de la ville, sous l’enseigne « Les Entrepôts du Nord ». Elle est implantée au 6 8 10 et 12 Boulevard de Paris à Roubaix.

En-tête 1890 ( document collection privée )

Au début des années 1900 Auguste Grimonprez-Delcourt reprend l’affaire, et garde l’enseigne « Entrepôts du Nord ».

document collection privée

Dans les années 1920, Auguste Grimonprez Delcourt développe l’activité en ajoutant des gammes de produits : vins fins, bières anglaises. Il passe un accord d’exclusivité pour des vins de champagne Guy de Montprez pour toute la France et la Belgique.

document b.n.r

Mais surtout, Auguste négocie la vente exclusive de l’eau de la source Willems, produite localement à la source du Robigeux à Willems, ainsi que l’exclusivité de grands vins de porto pour la France et l’étranger.

document collection privée

En 1934, un gros projet immobilier résidentiel voit le jour, et nécessite la démolition de plusieurs maisons du n° 2 au n° 12 du boulevard de Paris. Sont concernés : le pâtissier Van Haelst au n° 2, le photographe Shettle au n° 4, le comptable Debuchy au n° 6 et les entrepôts du Nord aux n° 8 10 et 12

Les travaux de construction de l’immeuble en 1934 ( document collection privée )

Pendant les travaux de construction de cet immeuble, Auguste Grimonprez déménage son entreprise provisoirement au 19 rue Jean Moulin, dans une partie des locaux de la filature Motte et Marquette.

Adresse provisoire ( document Ravet Anceau 1934 )

En 1936, la construction est terminée, Auguste reprend son emplacement. La façade sur le boulevard est plus petite ( n° 10 et 12 ) mais la profondeur est plus importante, car il dispose d’un accès à l’arrière, rue des loups, pour les réception et les livraisons de marchandises.

documents collection privée 1936

En 1943, l’affaire Grimonprez Delcourt est reprise par Losfeld-Tanchou et Cie. Maurice et Robert Losfeld sont mariés avec deux des sœurs Tanchou. Les frères Losfeld gardent l’enseigne « Les Entrepôts du Nord »

Papier à en tête Losfeld Tanchou ( document Marc Losfeld )

Maurice et Robert Losfeld apportent quelques modifications dans les gammes de produits. Ils créent la marque « LOTA » (LO.sfeld TA.nchou) pour les vins et rhums, développent l’embouteillage de vins de qualité traditionnelle et distribuent les eaux de la Compagnie fermière de Vichy. C’est à la fois un négoce de produits,  »en gros et au détail ».

étiquettes de vin et rhum ( documents Marc Losfeld )

Instantané de mémoire : Souvent, le jeudi après-midi, je vais rejoindre mon père Maurice, pour découvrir l’entreprise « Les Entrepôts du Nord ». On entre par le n° 12 car la porte du n° 10 est réservée aux bureaux. C’est la salle d’accueil pour la clientèle. Les différents produits proposés sont exposés en vitrine et sur une étagère derrière le comptoir. Les bières en bouteilles sont vendues au détail. Derrière l’accueil, se trouve la salle d’embouteillage. Une petite grue permet de descendre et de remonter les fûts du chais ( caves en sous sol ) couvrant une grande partie de la société. On y accède par un escalier situé dans la salle d’embouteillage. Derrière se trouve le quai de chargement pour la camionnette de livraison « Chenard et Walker », la cour pour réceptionner les fournisseurs, ainsi qu’un emplacement pour le lavage des bouteilles consignées. A chaque fois que j’y allais, les 3 membres du personnel ( les cavistes Oscar et Robert ainsi qu’une vendeuse ) étaient heureux de m’accueillir.

Plan de l’entreprise ( document Marc Losfeld )

Robert Losfeld décède en 1945, Maurice continue seul, l’activité. Au début des années 1950, la situation financière de l’entreprise se dégrade car la vente de vin en tonneaux chute considérablement. L’entreprise ferme définitivement ses portes en 1953.

Au début des années 1960, le n° 10 est repris par M. Verschaeve commerçant en fruits et légumes, et le n° 12 par l’épicerie-alimentation de M. Bombeck. Puis de nombreux commerces et/ou professions libérales s’y succèdent. A ce jour le n°10 est occupé par un commerce de vapotage et le 12 par l’entreprise de serrurerie Porquet.

Photo BT

Remerciements à Marc Losfeld et aux archives municipales.

75 rue Charles Fourier

A la fin des années 1950, se construit un petit immeuble, au 75 rue Charles Fourier à Roubaix, composé de 9 appartements sur 3 étages. Le rez de chaussée est réservé à des cellules commerciales, dont une partie au 75 77 rue Charles Fourier et une partie au 134 136 rue Horace Vernet.

Sur cette vue aérienne de 1962, on distingue parfaitement l’immeuble. La grande partie vierge sera occupée plus tard, par l’hôtel des impôts. ( document IGN )

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Au Décor

document B. Gabreau

A la fin des années 1930, Jean Raquet reprend un magasin de tissus pour ameublement au 98 rue de Lannoy à Roubaix, à l’angle de la rue Saint Jean. En 1943, il demande à son architecte M Spender, place de la Gare, d’établir un projet de rénovation de son magasin à l’enseigne « Au Décor ». Continuer la lecture de « Au Décor »