Les vêtements Selliez, rue Heilmann

Avec la société des vêtements Georges Selliez, nous allons évoquer une des plus importantes entreprises de confection de France, dont l’une des usines se trouvait au n°26 de la rue Heilmann. Georges Selliez (1869-1934) fils d’un négociant originaire d’Haspres, est né à Roubaix. Le jeune employé de commerce ne tarde pas à se lancer dans l’aventure textile : en 1898, il crée la première manufacture de draps pour hommes à Roubaix, rue Heilmann. C’est sa propre femme, Elise Desmarchelier qui va former les premières mains féminines de cette nouvelle industrie. Puis Georges Selliez va étudier, à Leeds et Manchester, l’organisation et les méthodes des grands ateliers collectifs anglais et les introduit en France avec des outillages inconnus jusqu’alors. En 1908, le Ministre du Commerce et de l’Industrie Jean Cruppi lui confie une mission aux U.S.A. Il part y étudier les méthodes du taylorisme pour les adapter dans l’industrie de la confection. Le rapport qu’il rédige à ce sujet fait quelque bruit.

Georges Selliez Photo Monde illustré 23

En 1912, Georges Selliez confie aux architectes Vandekerchove et Loof de Roubaix la réalisation de ses ateliers de confection. Ces messieurs sont les concessionnaires des bétons armés Hennebique et ils vont donner à l’usine de la rue Heilmann l’allure qu’elle aura longtemps, faite de grandes vitres et de supports en béton. Elle occupe un important espace entre la rue Heilmann, la rue de l’épeule et la rue de Turenne.

L’usine Selliez, Photo Monde illustré 1923

Pendant la première guerre mondiale, l’usine est réquisitionnée par les allemands pour fabriquer des sacs pour les tranchées, ce qui provoque une émeute et la répression allemande sous forme de rançonnement en argent ou de déportation d’otages. La fabrication n’aura qu’un temps, la matière venant bientôt à manquer. L’usine est alors transformée en caserne. Puis à leur départ, les allemands procédent à un nettoyage par le vide, comme partout ailleurs.

Intérieur de l’usine Selliez Photo Monde illustré 1923

En mars 1919, Georges Selliez aidé par deux jeunes associés, Paul et Eugène Prouvost Crépy, qui furent de glorieux aviateurs pendant la grande guerre, remet l’usine en route avec un personnel d’élite et expérimente de nouvelles machines. Dans des salles baignées de lumière, on coud des boutons, on monte des paires de manches. Des machines à points invisibles, à faufiler, à rabattre remplacent le travail à la main.

Intérieur de l’usine Selliez Monde illustré 1923

En 1923, la Société Anonyme des Vêtements Georges Selliez à Roubaix produit 1500 complets par jour et, de leur côté, ses usines de Tourcoing, Carvin, Paris, Vienne, totalisent 7500 pièces par jour, réalisant ainsi la plus forte production sur le continent.

En tête Selliez Coll Méd Rx

Esprit ouvert, homme tourné vers l’avenir, Georges Selliez s’investit aussi dans l’enseignement : il sera officier de l’Instruction Publique en 1928, membre du Conseil Supérieur de l’École Nationale des Arts et Industries Textiles, membre du Conseil Général de la Ligue Française de l’Enseignement et par ailleurs conseiller municipal de Roubaix, Vice-Président du Parti Radical Socialiste. Il sera également président de la FAL de Roubaix. Il décède en 1934. Ses associés Prouvost Crépy prennent la suite et gardent la marque. La société Flipo Manutention est propriétaire des locaux en 1980 et en sera vraisemblablement le dernier occupant avant que cette usine soit démolie. Un article de presse évoque le nouveau parking Flipo en janvier 1999. L’espace ainsi libéré forme ainsi une place qui accueille aujourd’hui le marché et à laquelle on a donné le nom d’un épeulois célèbre, Victor Vandermeiren.

Roussel rue Watt

Fronton du 48 rue Watt vue Google Maps

Le fronton de l’entrée de l’usine du 48 rue Watt affiche fièrement 1887. C’est la deuxième implantation d’Émile Roussel, après le 144 de la rue de l’épeule. Mais il s’agit de la société Roussel Desrousseaux, du nom de la deuxième épouse d’Émile, Célina Desrousseaux, qu’il a épousé le 25 février 1884, à Roubaix. Émile Roussel a-t-il voulu anticiper la transmission de ses usines aux enfants de ses deux lits ?

En tête Roussel Desrousseaux doc AmRx

En 1929, l’entreprise figure au Ravet-Anceau comme suit : S.A.R.L Émile Roussel et fils (Rayon E Roussel Desrousseaux et fils) teinturier apprêteur. La famille (ou la société) est également propriétaire de deux courées donnant dans la rue de l’épeule, au bout de son parcours, dont l’une s’appelle la cour Desrousseaux. Le 30 mai 1950, la société Émile Roussel et fils demande la possibilité d’approprier en logements le n°51 de la rue Watt. À partir de 1970, le site de la rue Watt ne cesse de s’agrandir, est-ce une stratégie pour rapatrier les éléments du 144 rue de l’épeule et regrouper les deux sociétés ?

Le premier agrandissement vers la rue de l’épeule doc AmRx

Le 6 juillet 1970, la société Émile Roussel Desrousseaux obtient l’autorisation d’agrandissement de l’atelier de teinturerie, les travaux sont rondement menés, terminés le 20 novembre 1970, et déclarés conformes le 4 février 1971. Au préalable, il a fallu démolir les n°243 et 245 de la rue de l’épeule. C’est un premier agrandissement de l’entreprise vers la rue de l’épeule où elle dispose à présent d’un bâtiment en front de rue, voire d’un accès. Quelques jours plus tard, le 12 février 1971, une nouvelle demande d’agrandissement d’atelier entraîne la disparition des n° 249 et 251 de la rue de l’épeule. Le dossier est bouclé et les travaux sont terminés le 24 janvier 1972.

Deuxième agrandissement doc AmRx

Vingt ans plus tard, une demande d’extension va entraîner en Janvier 1991 la démolition totale des numéros 237 239 241 de la rue de l’épeule. En Février 1991 l’extension est demandée et les travaux commencent. À ce moment, l’entreprise Roussel Desrousseaux occupe 9405 m² entre la rue Watt, le boulevard Montesquieu et la rue de l’épeule.

L’emprise de l’implantation en 1990 doc AmRx

Mais la teinturerie Roussel-Desrousseaux, devenue filiale du groupe Chargeurs, est bientôt mise en vente, en mai 2003. Depuis septembre 2002, l’entreprise enregistrait en effet une baisse des commandes, et son principal fournisseur, Les Tissages de Linselles, a été mis en liquidation judiciaire. Dans une interview du 19 mai 2003 donnée au magasine Investir, Eduardo Malone, le président du groupe Chargeurs déclarait : « il faut payer ce qu’il faut pour enterrer les sociétés qui ne sont pas rentables ». L’entreprise est en cessation d’activité, d’après Bernard Brossard, le secrétaire du comité d’entreprise, le 4 juillet 2003. Même si les commandes des derniers clients seront bel et bien honorées, soixante quinze salariés, soit la totalité du personnel, sont menacés de licenciement. Suite à diverses manifestations (enterrement symbolique de l’entreprise avec brûlage du cercueil) le plan social est ouvert le 2 juillet 2003 avec comme revendication de la part des employés une indemnité pour préjudice moral. Située entre la rue Watt, la rue de l’épeule et le Boulevard Montesquieu, la teinturerie Roussel-Desrousseaux, cette ancienne entreprise textile familiale récemment intégrée au groupe Chargeurs, était spécialisée dans le secteur d’activité de l’ennoblissement textile, elle a fermé ses portes en 2003.

La mosquée Bilal photo site Mosquée Bilal

Depuis 1979, l’association musulmane de la mosquée Bilal offrait un lieu de culte pour les musulmans vivant dans le quartier de l’épeule et les autres quartiers avoisinants et aussi de donner la possibilité d’apprendre la langue arabe. Elle se situait rue de Wasquehal avec une salle de prières de 50 m² !

En 2005, grâce aux dons de ses fidèles, l’association a acquis un local d’une superficie 1500 m² du site Roussel rue de l’épeule. Les travaux de la mosquée Bilal ont débuté en début de l’année 2010. Elle est inaugurée en août 2012 avec son grand dôme et sa salle de prière. En septembre 2014, l’association a fait édifier un minaret qui surplombe la mosquée Bilal de ses dix huit mètres de haut.

 

 

Roussel rue des Arts

Les n°139 à 143 de la rue des Arts sont encore connus aujourd’hui comme le site Roussel. C’est une longue histoire que celle de la famille Roussel, l’une des familles, devrait-on dire, puisque les différents sites notamment ceux de la rue de l’épeule et de la rue Watt appartiennent à une autre des nombreuses familles Roussel de la région.

En tête de lettre des années 1870 Coll Part

La branche Roussel qui va occuper le 139 de la rue des Arts est l’une des plus anciennes familles de Roubaix. Au plus loin que la généalogie permette de remonter, c’est à dire au milieu du quinzième siècle, on trouve déjà à Roubaix des représentants de cette famille, c’est à dire à l’époque de la fondation du bourg de Roubaix par Jean et Pierre de Roubaix. Aussi trouve-t-on des baillis, des lieutenants, des échevins, d’importants censiers, qui sont associés au fil des années à la gouvernance de Roubaix sous l’égide des Marquis des grandes familles. Leurs activités vont bientôt évoluer de l’exploitation de la terre vers la brasserie avec Arthus au début du dix septième siècle mais aussi et surtout vers la manufacture textile, au sein de laquelle des membres de la famille Roussel sont reconnus maîtres, ce qui signifie qu’ils font partie de l’organisation mise en place dans la ville depuis sa reconnaissance comme ville drapière par Charles Quint. Après la Révolution Française, on trouve un Gabriel Roussel fabricant et filateur, dont les enfants poursuivront l’œuvre de fabricant tout en étant dans les grandes instances commerciales qui se créent à Roubaix : chambre consultative des arts puis chambre de commerce en 1872. François Roussel y siège lui qui est alors référencé au n°32 rue des Arts pour un tissage mécanique. Cette adresse restera longtemps le siège de l’entreprise, dans cette rue Nain qui fut une importante artère négociante de Roubaix avant que l’on ouvre la rue de la Gare, aujourd’hui l’avenue Jean Baptiste Lebas.

L’usine Roussel avant réhabilitation Coll Part

Cependant l’entreprise Roussel cherche à se développer et finit par s’intéresser à un établissement abritant une filature de laine peignée datant de 1863 et tenue par les frères Carré. Elle est reprise en 1887 par les Établissements François Roussel père et fils. Au moment de la première guerre mondiale, la société anonyme des établissements François Roussel et fils occupe plus de mille ouvriers et comprend une filature de fantaisies, tissage et apprêt. Les efforts persévérants des directeurs de cette maison ont été officiellement proclamés par quatre croix de la Légion d’Honneur, quatre grand prix, onze médailles d’or et cinq médailles d’argent.

L’installation d’une chambre d’allaitement avant la crèche Coll Part

Spécialisée dans les tissus pour l’habillement de la femme, en laine ou en coton, elle est en 1923, l’une des usines les plus importantes du nord de la France. En 1926, l’architecte René Dupire procède à l’agrandissement des locaux de la crèche de l’usine qui se trouve au n°143 rue des Arts. En 1928, l’architecte tourquennois Georges Forest intervient pour la réorganisation et l’agrandissement de l’usine : une cave pour la réception des matières premières, le rez-de chaussée pour les pièces finies, une retorderie au premier étage et au deuxième étage « les visites et piqurages ». En 1929, il est procédé au remplacement des planchers en bois par des planchers en béton, et à l’agrandissement des baies vitrées.

La façade et les bâtiments de 1928 Photo Part

En 1938, une fête est organisée pour célébrer quatre-vingts nouveaux médaillés du travail pour avoir contribué à la prospérité de la maison François Roussel et fils pendant 30, 40, 50 ou 60 ans. Un hommage est également rendu à la direction : sont cités Pierre François Roussel Destombes le bisaïeul (1819-1903), ses fils François (1851-?), Ernest Roussel-Masurel (1857-1890) et Édouard Roussel-Lecomte (1852-1911). Puis les fils du dernier nommé, François Edmond Roussel Motte (1888-1915) et Édouard Émile Joseph Roussel-Motte (1890-1965) et enfin François Édouard Ernest Joseph Roussel (né en 1914) neveu et fils des précédents. Peu de temps après, l’entreprise fait installer un « massif ensemble électrogène » dans l’usine sur les plans de l’architecte René Dupire.

Édouard Roussel Motte (1890-1965) Photo Sénat

La société est alors dirigée par Édouard Émile Joseph Roussel-Motte, Amand Dhellemes et Raymond Masurel, ce qui a permis au premier nommé d’entamer une carrière politique : candidat de concentration républicaine, aux élections cantonales de 1928, il enlève au socialiste Lebas le siège de conseiller général, et le 12 juin 1932, il bat le socialiste Brack pour la succession du sénateur Debièvre. Son père Édouard Roussel avait assuré l’intérim de la mairie de Roubaix au moment de la démission d’Henri Carrette en 1901.

En tête de la société en 1948 Coll Part

La société François Roussel poursuit ses activités jusqu’au milieu des années soixante. En 1965, on voit apparaître d’autres noms de sociétés dans l’espace des n°139 à 143. L’activité s’est-elle restreinte ? Il semble que des surfaces aient été louées à la société textile de l’Alma, retorderie de rayonne, et à la société Pronal. En 1972, aux n° 139 à 143 apparaît encore la SA François Roussel fabricant de tissus, mais elle est côtoyée désormais par la Sté Pronal (réservoirs souples), et les activités de moulinage et retorderie de Chavanoz. En 1977, les établissements Derville frères,fabricants de tissus ont remplacé le SA Roussel et d’autres colocataires sont apparus : la retorderie Luxor, les tissus Réquillart, le négociant Quesnoit, la SA Dubly (tissus). En 1981, c’est au tour de la société Créafil d’occuper les lieux.

Le site réhabilité après 1999 Crédit photos © Max Lerouge

Roubaix entre dans une période de réhabilitations d’envergure avec l’usine Motte-Bossut après sa fermeture en 1981. L’ancien site Roussel de la rue des Arts sera finalement réhabilité en 1999 en bureaux et studios de danse pour le Ballet du Nord (devenu aujourd’hui Centre Chorégraphique national Roubaix Nord Pas-de-Calais) par l’architecte Jean-Charles Huet. La façade arts déco monumentale de l’usine Roussel abrite désormais 4.000 m² de bureaux répartis sur les quatre étages du bâtiment principal appelé « La Tour » ainsi que 10.000 m² d’entrepôts.


Dans l’actualité récente, le Plateau Fertile a été ouvert en mai 2018 dans le site Roussel de la rue des Arts. Ce Tiers-Lieu est un espace inspiré et inspirant pour des professionnels créatifs, des entreprises, des porteurs de projets. Un lieu unique qui croise compétences créatives, entrepreneuriales et citoyennes. Un lieu engagé pour créer des projets à impact social sur le territoire.

 

 

 

Les pompes Hibon

Georges Hibon est né en 1884 à Marquain en Belgique. Il est ingénieur, constructeur mécanicien. Il habite avec son épouse Madeleine et ses deux fils, Henry et André, à Roubaix, au 5 rue de Remiremont. Il installe son petit atelier à proximité, au 2 rue des Vosges, à l’angle de la rue du Fresnoy, vers 1920.

Georges est passionné de mécanique ; il a l’esprit inventif et construit le premier moteur à combustion rotatif. Cet engin devient une pompe rotative pour eaux chargées et résiduaires, pour liquides visqueux, gras ou acides. La « pompe à purin » ( comme on l’appelle à l’époque ) est créée.

( Document coll. priv. )

Dans les années 1930, le catalogue offre un choix incomparable de pompes : à vide, à air, à eau, électriques ou à essence, de puissances différentes. Des pompes adaptées à tous types d’utilisation : électro-pompes centrifuges, pompes bronze, pompes rurales, etc…

( Document coll. priv. )

Les pompes Hibon connaissent alors un succès immédiat. De nombreux grossistes et dépositaires exigent la marque Hibon. En 1946, les deux fils aident Georges dans l’entreprise. Henry est ingénieur et s’occupe de la partie technique à l’atelier ; André est Directeur commercial .

( Document coll. priv. )

En 1949, l’entreprise agrandit les locaux de la rue des Vosges, en créant un magasin à l’étage. Les travaux sont confiés à A. Landrieux, rue Sainte Thérèse. Georges Hibon devient un spécialiste incontesté pour la fabrication des pompes. L’entreprise est la seule à fabriquer des soufflantes cryogéniques pour gaz liquide. En 1950, un stand d’exposition des pompes Hibon est installé à la Foire de Paris.

( Document Hibon )

L’entreprise commence à exporter dans le monde entier et les locaux deviennent trop étroits. En 1958, la société reprend l’ancienne filature Carissimo au 38 Boulevard de Reims. Des aménagements importants sont nécessaires ; ils sont confiés à l’architecte G. Baudry de Tournai (Belgique). Le montant des travaux est estimé à 3 millions de francs.

( Document coll. priv. )

Les pompes Hibon continuent d’évoluer. Nous sommes loin des petites pompes artisanales fabriquées dans les années 1930 ; c’est maintenant de l’industrie lourde.

( Document Hibon )

L’entreprise poursuit son expansion et, en 1966, prévoit des travaux d’agrandissement du bâtiment existant (1400 m2) et des travaux de terrassement. Le maître d’œuvre est le CITEC, Centre Interprofessionnel Technique Économique et Commercial, au 28 rue Pauvrée à Roubaix.

Travaux d’agrandissement 1966 ( Document Archives Municipales )

En 1974, l’exportation représente entre 50 et 70% du chiffre d’affaires. L’entreprise demande un permis de construire pour un entrepôt de stockage de 1000 m2, sur la droite du terrain, en bordure des Ets Carrez Bernard.

Les agrandissements de 1966 et 1974 ( Photo Google Maps )

Au début des années 80, Hibon rachète une entreprise canadienne et devient Hibon Inc.

( Document Archives Municipales )

En 1994, Roland Berroyer, président du directoire, décide d’agrandir le portail à l’entrée de l’entreprise.

( Document Hibon )

En 2006, l’entreprise part s’implanter à Wasquehal. Hibon est membre de «Ingersoll Rand». Les rayons d’activité technologique et commerciale se sont largement élargis. La compagnie « Ingersoll Rand Air Solutions Hibon » a réussi à imposer sa forte présence dans les domaines de l’alimentaire, de la chimie et de l’environnement.

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Remerciements aux Archives Municipales.

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Les gâteaux Poppe et Penez

Micheline Poppe est née en 1926. Elle est la fille de Léon Poppe et de Clémence Drouillon qui tiennent un commerce de pâtisserie, au 124 rue de Lille, à l’angle de la rue de l’Industrie. Gaston Penez est né en 1921 et habite au 218 rue du chemin neuf. Gaston est le beau frère de Micheline. C’est une famille dynamique qui a l’esprit créatif et entrepreneur. Clémence prend la décision de développer la pâtisserie familiale. Micheline Poppe et Gaston Penez s’associent et installent leur société de fabrication de biscuits au 46 rue d’Hem, sur un terrain de 2024 m2, en 1947.

( Document coll. priv. )

Leur concept est bien précis : créer une pâtisserie semi-industrielle qui respecte la qualité artisanale et irréprochable des produits. En 1950, ils font l’acquisition d’un four, de marque Rey, avec un brûleur mixte : mazout et gaz. C’est un four à chaîne, d’une longueur de plus de 13m. L’investissement est de 2.500.000 F. Les travaux sont confiés à Mr Lauwers, installateur, rue du Fontenoy.

( Document Archives Municipales )

Ils fabriquent des gâteaux et se spécialisent, en particulier, dans la production de mokas, bûches de Noël, galette des rois, nids de Pâques, friands…Des odeurs de cuisson très agréables se dégagent de l’atelier : les voisins apprécient ! Ils complètent ensuite leur gamme de produits en biscuiterie sèche : sablés, congolais, pains d’amandes et croquets.

( Document coll. priv. )

Dès que les gâteaux et biscuits sortent du four, ils sont refroidis et emballés immédiatement, pour des raisons d’hygiène, dans des paquets, des sachets ou des boîtes. En 1956, l’entreprise demande un permis de construire pour aménager une route à travers l’usine afin de construire un hangar au fond où garer les véhicules. Les dépenses s’élèvent à 700.000 F et ce sont les Ets Waquier, rue Roger Salengro, qui exécutent les travaux.

( Document Archives Municipales et Google Maps )

La même année, la société Poppe et Penez décide d’agrandir la porte cochère, pour faire face au développement du trafic des camions qui viennent livrer les matières premières et des camions de livraison de l’entreprise.

( Document coll. priv. )

La clientèle est composée essentiellement de grossistes en épicerie qui livrent des détaillants et quelques supérettes. L’entreprise est prospère; bientôt à l’étroit dans ses locaux, elle investit à nouveau dans la création de bureaux, à l’intérieur de l’atelier, pour un montant de 600.000 F.

( Document coll. priv. )

L’entreprise propose aux voisins du quartier, une fois par semaine ( le vendredi ), des ventes de gâteaux et biscuits, à des prix avantageux. C’est la « vente au guichet » : le début de la vente directe du producteur au consommateur. Micheline et Gaston décident de prendre leur retraite en 1983 et cèdent leur affaire à Mr Broly. L’entreprise ferme à la fin des années 80, suite à un incendie.

 

Remerciements aux Archives Municipales pour la documentation et à Sylvie Artéon Sarrade pour son témoignage.

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La Caisse d’Epargne

La Caisse d’épargne de Roubaix, créée en 1842, est un établissement autonome, contrôlé par l’État, autorisé par une ordonnance royale. La caisse d’épargne se limite à la gestion de comptes d’épargne et de prêts simples pour les particuliers. Les bureaux, en 1847, sont d’abord installés dans la salle de Justice de Paix de l’hôtel de ville.

( Document coll. priv. )

Le siège social de la Caisse d’Épargne de Roubaix est construit, en 1890, au 5 de la rue du Château, avec une magnifique façade de style néogothique. A l’intérieur, les murs sont en pierre de taille, les guichets en chêne massif ; le personnel est protégé de toute agression par des vitres et des hygiaphones.

( Document coll. priv. )
( Document coll. priv. )

Pour les clients, le livret de Caisse d’Épargne permet de conserver la trace des versements et des intérêts perçus. La Caisse d’épargne ne rencontre pas un succès immédiat du fait de la faible capacité d’épargne des classes populaires mais aussi d’une confiance faible envers l’institution. Il faut attendre les années 1920 pour constater un développement conséquent.

( Document coll. priv. )

Dans les années 1930, la croissance se confirme et on trouve des agences de Caisse d’Épargne et de prévoyance dans les villes en périphérie : Croix, Wasquehal, Leers, Wattrelos, Hem et Lannoy.

( Document coll. priv. )

Pendant la deuxième guerre mondiale, le bâtiment se situe juste à côté de la Croix rouge ( au 3 bis ) qui y soigne les blessés. Dans les années 50, l’amélioration des conditions économiques relance l’épargne. Le célèbre Livret de Caisse d’Épargne est offert, avec une petite somme d’argent, à chaque enfant à la naissance. Nous sommes en pleine explosion démographique (le baby-boom d’après guerre) et le bâtiment de la rue du Château devient rapidement trop petit.

( Document IGN )

En 1958, Félix Watine, président de la Caisse d’Épargne, décide de construire un nouveau siège social sur le trottoir d’en face, à l’angle de la rue du château et de la rue de l’Hôtel de ville.

( Document coll. priv. )

C’est un projet ambitieux de 277 millions de Francs qui est confié à l’architecte Omer Lecroart, dont l’étude se trouve au 72 avenue Jean Lebas.

( Document Archives Municipales )

Au rez de chaussée on trouve un vaste hall de réception du public, la loge du concierge G Dutertre, les bureaux de la direction, la comptabilité. Au sous sol, on trouve la salle des coffres-forts, la chaufferie, les archives, les vestiaires et sanitaires pour le personnel. A chaque étage, des appartements immenses sont vendus à des particuliers ; au total 6 appartements de 7 pièces, et 3 appartements de 4 pièces. L’architecte Omer Lecroart fait d’ailleurs l’acquisition d’un appartement au dernier niveau. L’entrée des clients se fait par la rue de l’Hôtel de ville, l’entrée des résidents par la rue du Château.

( Document Nord Éclair )

Le 25 Septembre 1961, la nouvelle Caisse d’Épargne est inaugurée par M. Valéry Giscard d’Estaing, alors secrétaire d’état aux finances. M Henri Eecklan, vice président de la Caisse d’Épargne, remplace M Félix Watine souffrant. Il accueille les différentes personnalités : Mrs Hirsch, préfet, Lepargneur, chef de cabinet, Poniatowski, directeur de cabinet du ministre, Provo, maire de Roubaix . . .

( Document Nord Eclair )

M Giscard d’Estaing fait une brillante allocution. Nul doute que cette personnalité ambitieuse est promise à un bel avenir. Les discours se succèdent et, après la cérémonie, les 500 personnes sont invitées à un banquet à la salle Watremez qui vient d’être rénovée. Une superbe plaque commémorative en métal est offerte à chaque convive.

( Document coll. priv. )

En 1963, l’ancien bâtiment de la Caisse d’épargne, rue du château, est rasé pour construire, à la place, une partie du centre commercial : Le Lido.

( Document coll. priv. )

L’écureuil devient l’emblème des Caisses d’épargne. L’image de ce petit animal n’est pas anodine pour la banque ; il garde ses petites noisettes et les fait fructifier pour sa petite famille. En 2010, la Caisse d’Épargne quitte les locaux de la rue du Château, pour s’installer Grande Rue.

Aujourd’hui, les services municipaux occupent une très grosse partie du bâtiment. La façade est inchangée ; en revanche, à l’intérieur, le hall d’accueil a été complètement aménagé ; la salle des coffres a disparu ; les appartements à l’étage ont été transformés en bureaux.

( Photos BT )

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Remerciements aux Archives Municipales.

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Boléro et Tropic

André Silvain naît à Toul, en Lorraine, en 1906. Il vient à Roubaix pour faire ses études à l’ITR : Institut Technique Roubaisien, au 37 rue du collège. Il passe avec succès son diplôme d’ingénieur.

( Document coll. priv. )

André représente l’entreprise de son père, B.H.S : Benoit Henri Silvain à Toul. Il crée à Roubaix la MRC Manufacture Roubaisienne de Corsets et, ensuite, la société des supports médicaux esthétiques. Il fabrique des corsets et des gaines; le corset est composé de tissu et de baleines; il est plutôt inconfortable si bien qu’il laisse la place rapidement à la gaine fabriquée à partir de tricot élastique et de fil élastique. Les corsets et gaines, conçus de façon artisanale par des couturières, sont désormais fabriqués industriellement avec la même qualité.

( Document IGN )
( Document JdeR )

L’entreprise est implantée au 3 rue Nadaud, dans ce qui reste des usines Allart Rousseau. C’est un bâtiment, construit sur 3 niveaux, qui réunit les 3 Sociétés d’André Silvain : au rez de chaussée FEN : Fils Élastiques du Nord, au 1° étage Serolatex : machines à tricoter et au 2° étage la fabrication des gaines et les bureaux.

La MRC, Manufacture Roubaisienne de Corsets, se trouve au 43 rue de Saint Amand, l’entreprise possède également une petite unité de production à Leforest près de Douai.

( Document ANMT )

En 1946, André Silvain créé les marques « Boléro » pour la lingerie et, un peu plus tard, « Tropic » pour les maillots de bain.

( Document coll. priv. )

André Silvain ouvre des magasins à enseigne SILVA à Roubaix, au 27 Grande-Rue, mais également à Lille et Tourcoing. Il profite de ses magasins de proximité pour tester de nouveaux produits et connaître les réactions des clientes.

( Document ANMT )

Le succès de l’entreprise est immédiat; les femmes apprécient le confort exceptionnel et la qualité irréprochable de cette nouvelle lingerie Boléro. Tropic connaît aussi une forte expansion grâce aux maillots de bain en tissu élastique, (fabriqués par Serolatex ) comme le Lycra, qui remplace le tricot jersey prenant l’eau.

( Document ANMT et NE )

En 1955, André Silvain recrute deux personnes à la Direction Commerciale : Patrick Roussel pour la marque Boléro et Albert Lepers pour Tropic.

  • Ils développent fortement l’entreprise grâce à un énorme budget publicitaire.

  • Ils font paraître des encarts dans la presse : Jours de France, L’Express, les magazines de mode : Marie-Claire, Elle, Marie-France ainsi que des hebdos pour les jeunes adolescentes tels que Melle Age Tendre.

  • Ils font de la publicité d’affichage sur les bus et les abribus.

  • Ils créent des campagnes de publicité à la radio pour les lancements de nouveaux produits.

  • Ils sont présents sur de nombreux salons de lingerie en France et en Allemagne : Francfort et Dusseldorf.

  • Ils diffusent un catalogue édité à 150.000 exemplaires, envoyé à la demande des clientes.

  • Ils proposent à leur clientèle du matériel de présentation spécifique, comme le cintre spécial maillot, qui est adopté très rapidement par les grands magasins.

  • Ils font installer des stands de vente dans les grands magasins : Nouvelles Galeries, Printemps, Galeries Lafayette.

  • Ils ont une équipe de vente importante, sur le réseau national, mais également à l’étranger : Belgique, Suisse, Allemagne, Espagne, Canada . . .

  • Ils organisent des concours dans les points de vente, où un client peut gagner, au cours d’une tombola annuelle, une superbe Ondine (Dauphine Renault).

( Document A. Lepers )

A la fin des années 1960, la progression de l’entreprise est extraordinaire et l’usine de la rue Nadaud devient trop petite. André déménage et part dans des locaux plus vastes au 20 rue Claude Lorrain, qui devient le nouveau siège de « l’Entreprise André Silvain ». La société Serolatex est implantée au 18 rue Molière.

André et Marcelle Silvain et toute l’équipe d’encadrement, rue Claude Lorrain ( Document A. Lepers )

Plus de 600 personnes travaillent désormais dans l’entreprise qui produit, chaque année, plus d’un million de pièces de lingerie Boléro et 250.000 maillots de bain. La marque Tropic devient la 3° marque nationale derrière Rasurel et Triumph.

( Document ANMT )

La marque Tropic a une activité de production saisonnière et, pour essayer de mieux planifier les ateliers de l’usine, André Silvain décide de créer une ligne de vêtements de sports d’hiver en 1967-68. L’expérience n’est pas renouvelée l’année suivante car l’entreprise souhaite développer d’autres familles de produits.

( Document ANMT )

En 1972, André Silvain crée deux nouvelles gammes de vêtements de sports et loisirs : Sportswear et Homewear. En 1980, c’est la marque Ta-Hit qui est lancée ; il s’agit de tenues de gymnastique, de danse et de maillots de bain de compétition. La progression trop rapide de la société d’André Silvain, des années 1950 à 1980, engendre des problèmes d’organisation interne qui freinent le développement. Une réorganisation s’impose en 1981. En 1985, Marcel Juan devient le nouveau directeur général et André Silvain reste le président. L’année suivante, André Silvain, qui n’a pas d’enfant, cède son affaire et prend une retraite bien méritée. Les deux marques Boléro et Tropic vont suivre alors deux chemins bien distincts.

Boléro est racheté par Valéro, puis par Damart, puis par Vanity Fair qui ferme l’usine. La production est délocalisée à l’étranger; c’est le déclin de la marque Boléro. Tropic est repris par Valero, puis par Damart qui cède la marque à des groupes internationaux. Après 40 années d’existence et de succès, et après avoir employé plus de 600 personnes, l’Entreprise André Silvain disparaît.

Photo d’André Silvain ( Document A. Lepers )

Le bâtiment de la rue Nadaud est rasé dans les années 1970. Un supermarché à enseigne « Frais Marché Gro » s’installe ; il prend ensuite l’enseigne « Match » puis ferme ses portes. Après quelques années de friche industrielle, on y trouve aujourd’hui des logements sociaux.

3 rue Nadaud ( Photo BT )

Le 18 rue Molière existe toujours ; il est transformé en lofts.

18 rue Molière ( Photo BT )

Le 20 rue Claude Lorrain est transformé et divisé en plusieurs petites entreprises.

20 rue Claude Lorrain ( Photo BT )

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Remerciements aux Archives Nationales du Monde du Travail (ANMT), et à Albert Lepers pour sa documentation et son précieux témoignage.

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Les Ets Carrez-Bernard

Eugène Carrez est né à Merville en 1876. Il est commerçant et possède un magasin de chaussures-chemiserie-confection dans sa ville natale. Il se marie avec Albertine Bernard. Ils créent ensemble en 1898 l’entreprise Carrez Bernard au 322 324 rue de Lannoy à Roubaix. Eugène et Albertine ont un fils : André qui naît en 1902

( Document BNR et coll. priv. )

L’entreprise Carrez Bernard fabrique du savon mou ( savon noir d’entretien ). Il est fabriqué avec de l’huile végétale et de la potasse. De couleur noirâtre ou vert très foncé, on le trouve sous forme liquide ou semi-liquide. D’autres activités viennent en complément : le commerce en gros d’épicerie, la torréfaction de cafés, le négoce de pétrole, essence et huiles. Dans l’entreprise, c’est le palais des arômes ; d’un côté le sentiment de propreté ( le savon à l’huile d’olive ), et au fond du bâtiment, l’odeur de café (grâce au brûloir de torréfaction ).

Les attelages de livraison devant la façade du 324 rue de Lannoy ( Document ANMT )

Les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante ; si bien qu’en 1929 Eugène fait construire un 2° étage à la savonnerie. Les travaux sont réalisés par L Dugardin 67 Bld de Belfort et la charpente par Joseph Soudan 155 rue Jouffroy. Au début des années 1930, le fils d’Eugène : André aide son père à la gestion de l’entreprise. Adulte, il en devient le directeur commercial. Il habite au 48 avenue Jean Jaurès à Roubaix, dans une maison construite par l’architecte Jacques Barbotin.

Eugène Carrez en 1937 ( Document ANMT )

En 1937 Eugène achète un véhicule automobile : une Panhard, pour pouvoir effectuer les déplacements jusque Trungy, dans le Calvados, et séjourner dans la maison familiale. Hubert Carrez, le fils d’André naît en 1935 à Roubaix. il habitera sur place 324 rue de Lannoy.

( Document ANMT )

En 1940 la Mairie de Roubaix ordonne une réquisition de carburants ( essence et gas oil ) et également de produits d’épicerie sèche : biscuits, boites de lait sucré, et surtout conserves de poisson et de viande, pour subvenir aux besoins de la population.

Eugène Carrez décède en 1954. Après guerre, dans les années 50, l’importation de savon industriel, par de très grosses firmes américaines, vient concurrencer la production de Carrez Bernard. La fabrication du savon mou cesse en 1958. André Carrez continue de se spécialiser dans l’épicerie en gros et la production de cafés (torréfaction et ensachage ).

Sachets de cafés ( Document ANMT et coll. priv.)

1963 : L’entrepôt de 440 m2 étant trop petit, André Carrez fait une demande de permis de construire pour agrandir. Il fait appel à l’entreprise Jacquemart-Behal de Lens pour construire un hangar métallique de 442 m2 de stockage supplémentaire. En 1970 Hubert Carrez ( le fils d’André ) dépose une demande d’agrandissement pour son entrepôt ( hangar couvert ). André Carrez décède à son domicile du 48 avenue Jean Jaurès en 1972. Hubert Carrez qui habite au 324 rue de Lannoy continue seul à gérer l’entreprise

A la fin des années 1970, les premières difficultés se font sentir. L’arrivée des grandes surfaces fait énormément souffrir les commerces de détail, et par conséquent l’activité des grossistes alimentaires. Les salariés de l’entreprise reçoivent leur lettre de licenciement en rentrant de vacances en Août 1987. L’entreprise familiale s’arrête. Après le décès de Hubert Carrez à Roubaix en 2000, le bâtiment va rester inoccupé quelques années.

( Document Archives Municipales )

En 2006 Miguel Fernandes reprend une partie de l’entrepôt qui se trouve dans l’allée privée, pour le transformer en logement confortable

( Document Archives Municipales )

L’année suivante, la SCI Renaissance Immobilière propose de transformer la friche industrielle par l’architecte Gregory Boyaval de Roubaix, en 7 logements-loft et 2 cellules commerciales. Quant au bâtiment principal qui était le domicile de la famille Carrez, on trouve aujourd’hui un cabinet médical composé d’orthophonistes. Il ne reste plus que les deux initiales C B sur le fronton de la façade.

( Photo BT )

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Remerciements aux Archives Nationales du Monde du Travail ( ANMT ), aux Archives Municipales et à la BNR pour les documentations, ainsi qu’à Patrick Miette pour son témoignage.

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Cinquantenaire de la Brasserie Union de Rx Tg

En 1938,la brasserie « Union de Roubaix Tourcoing » de la rue Meyerbeer fête le cinquantième anniversaire de sa fondation. Fondée en 1888, cette brasserie coopérative est l’une des plus importantes de la ville.

( document coll. priv. )

Pour fêter cet événement mémorable, la Direction de l’établissement décide d’offrir à l’ensemble de ses salariés un banquet dans la salle Henri Watremez, rue de l’Hospice, car évidemment une immense salle est nécessaire pour accueillir tout ce monde, en date du 19 Juin 1938.

( document coll. priv. )

Quelques personnalités sont invitées au repas : Mr Sory adjoint au maire, Mrs Verbeurght et Vanherpe de la mairie, Mr Mandroux inspecteur du travail.

Mr Théo Tillie président du conseil d’administration de la brasserie prend la parole avant le repas ; il rend hommage au dévouement du personnel, remet des plaquettes-souvenirs à Mrs Rose et Desfontaine, et remet des médailles du travail à 29 salariés (ouvriers et employés).

( document coll. priv. )

Le banquet se déroule ensuite, animé par l’excellent orchestre de Mr Albert Duhamel.
Après le dessert, plusieurs discours sont prononcés, des hommages, des éloges sur la brasserie, devenue en 50 ans une grosse affaire de 150.000 hectos par an (les bières dont le célèbre Bock Meyerbeer, les vins et les liqueurs).

( document coll. priv. )

Un impressionnant cortège est organisé dans les principales artères de la ville. Tous les véhicules de la brasserie défilent : les véhicules hippomobiles mais aussi les nouveaux camions de livraison, avec les drapeaux tricolores qui flottent au vent.

( document coll. priv. )

Une foule immense assiste sur les trottoirs, à cette succession d’attelages et de camions. C’est manifestement une action publicitaire d’envergure, pour démontrer la force et l’importance de la brasserie Meyerbeer.

( document coll. priv. )

Le défilé rue de l’Alouette ( au N° 4 le studio photo de Mr H. Planque et au N° 2 la bonneterie de Mme Delattre ).

( document coll. priv. )

Le convoi publicitaire passe devant la pâtisserie de Mr Bogart au 97 rue du Grand Chemin.

( document coll. priv. )

Devant la cordonnerie de Mr Longuépé au 3 rue de l’Alouette.

( document coll. priv. )

Une foule immense pour l’arrivée sur la Grand Place.

A la fin des années 50 la Brasserie Meyerbeer sera reprise par la Brasserie Nord Lorraine, et ensuite par la Société Européenne de Brasserie ( Champigneulles ) en 1962.

La brasserie ferme ses portes en 1970, au grand désespoir de la Direction et du personnel, car Meyerbeer ne pourra donc pas fêter son centenaire en 1988.

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Jean Bart à Roubaix

Jean Bart à Roubaix, c’est bien entendu l’importante société de fabrication de cirage et de produits d’entretien basé au n°65 du boulevard de la République à Roubaix. Créée en 1898 par Monsieur Bernard Gayet, il semble que la société fut d’abord une manufacture de fabrication de cierges, souches et bougies.

La société Gayet Bériot Coll Particulière
La société Gayet Bériot Coll Particulière

En 1921 la crème Jean Bart « double la durée des chaussures ». La crème pour chaussures reste le produit phare de la maison Jean Bart qui affirme son image en faisant apparaître une représentation du célèbre corsaire sur ses boîtes.

Le cirage Jean Bart pub des années vingt ext JdeRx
Le cirage Jean Bart pub des années vingt ext JdeRx

Mais la société propose d’autres produits aux ménagères économes, dès 1923 : avec la crème Jean Bart, on trouve le Brianfix Jean Bart qui nettoie, polit rapidement et donne un « brillant fixe » à tous les métaux,d’où le nom du produit. La pâte à fourneaux dérouille et décrasse et remet vos fours et vos feux à neuf. Enfin, l’encaustique Gébé garantie à l’essence de térébenthine pure donne un lustre éclatant aux meubles, parquets, linoléums. Le développement de l’automobile ouvre la clientèle pour le Brianfix qui trouve à s’appliquer sur les cuivres autant que sur les chromes.

Les produits Jean Bart pubs JdeRx
Les produits Jean Bart pubs JdeRx

La société pense à perfectionner son système d’ouverture de boîte avec l’apparition d’un ouvre-boîte gratuit pour l’achat de trois boîtes. Puis ce sera la clé poussoir sur la boîte elle-même.

L'ouvre boîte Jean Bart pub JdeRx
L’ouvre boîte Jean Bart pub JdeRx

Après la seconde guerre, le cirage imperméable Jean Bart reprend du service, et tient même un stand à la foire de Lille en 1948. En 1949, la société fête son cinquantenaire. Cette maison dont la renommée des produits a largement dépassé le cadre régional, commence par fleurir la tombe de Bernard et Théodore Gayet (le père et le fils aîné) et une messe est dite en l’église Saint Antoine. Un vin d’honneur est servi dans une des salles de l’usine du boulevard de la République, des fleurs et des objets d’arts sont offerts à Mesdames Bernard et Théodore Gayet par le personnel.

Jean Bart et son cirage Pub JdeRx
Jean Bart et son cirage Pub JdeRx

Jean Gayet l’administrateur gérant remercie l’ensemble du personnel et retrace l’historique de la société. Après les photographies d’usage, tout le personnel monte en autocar et prend la direction de Dunkerque pour un banquet et une nouvelle photographie au pied du monument dédié à Jean Bart. Après une visite des installations du port de Dunkerque, le voyage se poursuit par Malo-les-bains, la frontière, La Panne et Ostende. Chacun se sépare devant l’usine à une heure tardive, enchanté de la journée.

En tête de lettre Jean Bart Coll Particulière
En tête de lettre Jean Bart Coll Particulière

Si l’usine a aujourd’hui disparu, les produits Jean Bart ont laissé des souvenirs chez les écoliers avec leurs publicités sur les buvards et les protège-cahier. Qu’est ce qui a poussé un cirier angevin d’origine et une commerçante lilloise à choisir comme marque le célèbre corsaire dunkerquois, cela reste une énigme familiale.

Les protège-cahiers Jean Bart Coll Particulière
Les protège-cahiers Jean Bart Coll Particulière

Les protège-cahiers Jean Bart Coll Particulière