En septembre 1960, la deuxième tranche des travaux de construction du lycée est terminée. Plusieurs nouveaux bâtiments : l’un pour les classes spécialisées, dans mon souvenir des années soixante, pour les sciences naturelles et la physique chimie, appelé bâtiment E. J’y ai le souvenir pénible des dissections de batraciens. Dans une autre salle réservée aux cours de dessins, au bout du bâtiment, nous avons découvert la peinture avec Monsieur Huguenin, c’était sans doute plus agréable.
La salle de physique chimie Photo NE
Un autre bâtiment a été construit pour les classes du second cycle, il s’agit pour moi du bâtiment F, le dernier avant qu’on arrive aux équipements sportifs. C’est là qu’on suivait les cours de musique de M. North (orthographe non garantie). Après avoir souffert sur les exercices de solfège, nous avions droit à une récompense, du moins c’est ainsi que je le ressentais. Notre professeur se mettait au piano et il interprétait des œuvres dont je n’ai conservé que le plaisir de les entendre. Je dois sûrement à ces deux professeurs, dessin et musique, mon goût pour les arts.
Le bâtiment F photo NE
On trouve ensuite un gymnase/salle des fêtes -selon la presse de l’époque-, qui abrite en son sous sol une piscine miniature. Il est vrai qu’elle n’était pas bien grande, cette piscine, à tel point qu’on pouvait rien qu’en plongeant atteindre l’autre bord sans avoir esquissé le moindre mouvement de natation. Le retour exigeait quand même qu’on s’agite un peu.
La piscine miniature au sous sol du gymnaseL’entrée du gymnase
A côté du gymnase, un bâtiment de logements pour le personnel. Je me souviens qu’un correspondant anglais y a logé pendant quelque temps, et qu’il y reposait ses oreilles écorchées par notre pratique de sa langue natale pendant nos répétitions de groupe rock.
Il y a aussi l’internat, un immeuble de trois étages, et son dortoir, avec des chambres de trois à cinq lits, rideaux et descentes de lit en cretonne imprimée, pour une capacité d’accueil de 240 internes.
L’internat, ses lavabos et ses tissus en cretonne imprimée
Avec l’achèvement de ces travaux, c’est une centaine de classes qui est mise à la disposition des enfants, un véritable stade scolaire, muni d’équipements et d’installations modernes.
Vue IGN de 1964 avec la répartition des tranches de travaux
Quinze cents élèves peuvent être ainsi accueillis, dans un établissement moderne et aéré, pour un cursus scolaire intégrant les classes primaires jusqu’au baccalauréat.
L’architecte Pierre Neveu conçoit dès l’origine le groupe scolaire avec une salle des fêtes. Cette caractéristique des groupes scolaires des années trente se retrouve également dans les écoles Jean Macé et Ernest Renan, qui lui sont contemporaines. Cette construction comporte une grande salle, une scène, ainsi que des loges et une cour particulière. Son entrée est située dans l’alignement du couloir desservant les cantines. Un autre accès donne directement sur la rue Jean Macé. Cette salle est prévue pour l’usage scolaire, mais s’ouvre également aux animations d’un quartier en pleine expansion : on y construit les habitations à bon marché, et une nouvelle salle de réunion et de spectacle complète parfaitement les lieux de convivialité pour une population qui grandit en nombre et en âge.
La salle des fêtes aujourd’hui vue scène et opposée Photos PhW
On retrouve régulièrement dans la presse des échos d’événements qui s’y déroulent. A l’occasion de l’inauguration du groupe scolaire Jules Guesde, le dimanche 3 septembre 1933, un grand bal est organisé dans la toute nouvelle salle, accompagné d’un orchestre de premier ordre. Dans l’après midi du lundi 4 septembre, un brillant concert artistique y est organisé, qui regroupe les grands premiers prix, et les meilleurs lauréats des concours de chant du 14 juillet.
Cette salle des fêtes sert de salle des sports pour les scolaires. On peut encore y voir quelques barres de gymnastique au mur, on y pratiquait la danse, et on y jouait d’après les témoins, au volley ball, au ping pong.
La salle des fêtes vue de la cour de l’école Photo PhW
Au hasard des consultations, on découvre que l’amicale Jules Guesde l’utilise en 1935 pour un spectacle d’opérette, pour une soirée dansante en 1950, pour des assemblées générales dans les années 60. La société d’agriculture et des jardins populaires y tient ses conférences. C’est aussi dans cette salle qu’ont lieu régulièrement les bals de Sainte Catherine, Saint Eloi et Saint Nicolas.
En 1963, M. Torion, Président de l’amicale Jules Guesde inaugure là le nouveau foyer des jeunes, pour lequel on prévoit de créer un stand de tir, un ciné club, un club d’aéromodélisme et de philatélie.
Dans les années 70, on trouve trace de nombreux spectacles de cirque, de variétés et de cabaret : en particulier, Mathé Altéry et Lucien Lupi s’y produisent en 1977. En 1975, elle est le cadre du premier spectacle d’animation des quartiers, en accueillant Marcel Ledun et son spectacle de marionnettes.
La messe dans la salle des fêtes Photo Lucien Delvarre
A partir de 1980, le lutteur-club du nouveau Roubaix utilise la salle pour ses entraînements et son assemblée générale. En 1990, après la démolition de l’église Ste Bernadette, et en attendant la construction de la nouvelle église, les offices religieux se déroulent dans la salle des fêtes, qui servira également lors de la cérémonie d’inauguration de la nouvelle église.
Faisant appel à leurs souvenirs, les membres de l’atelier mémoire évoquent les représentations théâtrales, les séances de cinéma, les manifestations gymniques, les animations diverses qui ont eu lieu dans la salle des fêtes du groupe scolaire.et des bals. On se souvient particulièrement des séances de cinéma scolaire, des activités de l’amicale, le dimanche matin, des jeux de carte (belote).
Les restos du cœur occupent à présent cette vieille salle des fêtes, qu’il faudrait sans doute remettre aux normes afin qu’elle retrouve ses activités.
Le dimanche 30 septembre 1956, c’est le Président du Conseil en personne, Guy Mollet, qui vient inaugurer le nouveau lycée, qui est ouvert depuis l’automne 1955. L’achèvement de la première tranche des travaux a permis d’accueillir 450 élèves à la rentrée d’octobre 1955. Le lycée n’est donc encore à cette date qu’un collège classique et moderne, car il reçoit les élèves du premier cycle et des classes élémentaires.
Le bâtiment B du lycée en 1956 Photo Nord Éclair
La seconde tranche de travaux lui permettra de devenir un lycée, où seront groupées les classes du premier et second cycle, c’est-à-dire de la sixième aux classes terminales. Bâti sur un vaste terrain, composé de bâtiments reliés par une galerie qui fait fonction de préau, le nouvel établissement possède également une cour d’honneur, une bibliothèque qui surplombe la cour d’honneur, à droite de laquelle se trouve la loge du concierge et les garages à vélo. Les bâtiments terminés sont les suivants : le bâtiment B celui des classes du premier cycle, quinze classes et sept études, le bâtiment C pour les classes élémentaires, onze classes et un préau couvert. Il y a aussi le bâtiment des cuisines, du réfectoire, qui peut recevoir 650 demi-pensionnaires et 180 internes. Il y a également une infirmerie qui peut héberger douze malades. Voilà ce que découvrira Guy Mollet.
Le Président du Conseil Guy Mollet Photo Collection privée et Nord Éclair
Qui est donc le Président du Conseil que reçoit Roubaix ? Élu maire et conseiller général d’Arras en 1945, puis député du Pas-de-Calais en 1946, Guy Mollet devient la même année secrétaire général de la SFIO, jusqu’en 1969. Il est ministre d’État dans les gouvernements Blum (1946-1947) et Pleven (1950-1951) et vice-président du Conseil dans le cabinet Queuille (mars-juillet 1951). Fidèle soutien du gouvernement de Pierre Mendès France, il lui succède en 1956. Président du Conseil (1er février 1956-13 juin 1957) Entre octobre et novembre 1956, il gère la crise du canal de Suez. À propos de l’Algérie, la guerre est pour lui « imbécile et sans issue », l’indépendance est dictée par le bon sens. Il a accordé leur indépendance à la Tunisie et au Maroc, et fait voter la loi-cadre Deferre, qui accorde l’autonomie à l’Afrique noire et annonce l’indépendance. Son cabinet fait adopter une troisième semaine de congés payés, la vignette automobile pour financer l’aide aux personnes âgées sans ressources, des mesures d’aide au logement. En mars 1957, seront signés les traités instituant la Communauté économique européenne (CEE).
Voilà l’homme qu’accueille Roubaix, pour deux réceptions, trois inaugurations, et un banquet. Il arrive d’Arras en voiture à 9 h 30 sur la Grand Place de Roubaix salué comme il se doit par la Marseillaise. Il prononce un premier discours dans la salle du conseil municipal, procède à une remise de décorations, reçoit la plaquette d’honneur de la ville, puis signe le livre d’or. A 10 h00, il se rend en cortège au monument aux morts du boulevard Leclerc pour y déposer une gerbe, tandis que le 43e RI sonne l’appel aux morts. Puis Guy Mollet gagne le lycée en remontant le boulevard de paris, les avenues Jean Jaurès, Gustave Delory, Alfred Motte et Roger Salengro.
Maurice Lefévre, le second Proviseur du Lycée, accueil des officiels Photos Nord Éclair
C’est un nouveau proviseur qui l’accueille, M. Maurice Lefévre, qui vient tout juste de remplacer M. Agnès parti à Constance. Originaire de l’Aisne, il a fait toute sa carrière dans l’académie de Lille, et il vient du collège de Béthune où il était principal depuis 1946.
Le Président du Conseil procède à une visite éclair de la bibliothèque et des classes d’études du premier bâtiment, puis l’on se retrouve dans la grande salle du réfectoire, pour la réception et les discours. Le maire de Roubaix, Victor Provo, prend la parole, raconte la réalisation pratique de l’ouvrage, rend hommage aux constructeurs, vante le cadre et conclut en ces termes : Puisse ce lycée fournir les chercheurs, les savants, les techniciens dont l’Humanité a besoin.
M. Brunol, directeur de l’enseignement du second degré prend ensuite la parole au nom du ministre de l’éducation, et c’est au tour de Guy Mollet. Il dit que ces inaugurations d’établissements secondaires lui procurent les plus grandes joies, car il est de la maison de la grande famille universitaire. Ancien enseignant, il se décrit comme un pédago en politique, mais qui doute au sens noble du terme. Il définit l’éducation, cet ensemble de méthodes par lequel une génération se poursuit dans la suivante, en assurant la continuité d’une action. Il évoque la perspective positive du nouveau lycée : les élèves habitués à des locaux où règnent la clarté, le confort et l’hygiène, ne pourront plus jamais admettre la plaie sociale du taudis, dans leur vie d’homme. Il rend hommage au corps enseignant, parle des réformes en cours et dit l’importance de l’élément intellectuel dans la formation et la culture des jeunes. Il termine en rendant hommage à Roubaix qui fait tant pour la République, tandis que retentit la Marseillaise exécutée par la Grande Harmonie.
Il s’en va ensuite inaugurer le groupe scolaire de la Potennerie, puis c’est une visite à la salle Watremez où se tient le salon international du tourisme et de la fleur. Après avoir traversé la nouvelle cité de la Mousserie, Guy Mollet regagne le centre de Roubaix et va s’incliner devant le monument de Jean Lebas. Il préside enfin un grand banquet au Grand Hôtel où il prononce un discours de politique générale (crise de suez, l’Europe en chantier…). Il quitte Roubaix dans l’après midi pour se rendre à Lomme pour d’autres inaugurations.
Jusqu’à la fin des années 60, les terrains situés entre l’usine Motte-Bossut et la rue Jean-Jacques Rousseau étaient occupés par des jardins ouvriers. Une première parcelle, placée le long de l’avenue Motte, verra s’ériger un garage, tandis que le reste sera ensuite dévolu au collège Jean Jacques Rousseau.
Le futur emplacement du collège. Photo IGN
Les travaux de construction du collège débutent en 1975, et l’ouverture est prévue en Septembre. Pourtant, à cette date, les locaux ne sont pas terminés et, comme il y a de la place au Lycée Van Der Meersch, on y héberge provisoirement le collège jusqu’à la fin des travaux qui se fera attendre près de six mois. L’association de parents d’élèves se constitue dès la rentrée.
Le nouveau principal, venant du collège d’Avion, est nommé en Mai. Il est provisoirement logé au collège Samain, rue d’Alger et participe aux réunions de chantier dès son arrivée . Il noue de bonnes relations avec l’équipe de Ferret Savinel, constructeur de l’ouvrage. Même si l’essentiel était déjà fixé, ces réunions lui permettent de faire quelques remarques prises en compte sur des points de détail (par exemple, il n’était pas prévu de clôture extérieure à l’origine). Au mois de Juin, les travaux en sont au stade des fondations, et en Septembre, l’ossature est en place. Ensuite, le reste des bâtiments s’est monté assez vite.
Photo La Voix du Nord
Dès la fin des travaux, au printemps 76, près de 400 élèves intègrent les nouveaux locaux, mais les repas du midi continuent à être assurés au Lycée Van Der Meersch. Les effectifs de demi-pensionnaires n’étant pas très importants, il n’a pas paru intéressant de nommer du personnel, et les élèves font ainsi le trajet en rangs tous les midis accompagnés d’un surveillant. La salle polyvalente sert donc à d’autres usages que la restauration : animations, réunions, spectacles… Le collège est prévu pour 600 élèves avec une SES (Section d’éducation spécialisée incluant un enseignement professionnel). Pour les garçons, il devait y avoir deux sections, mais une seule ouvre finalement : la menuiserie. Pour les filles, c’est la section traditionnelle à l’époque : enseignement ménager. Le corps enseignant est très jeune. Son dynamisme fait que tout marche dès le début sans aucun problème.
A proximité se trouvaient le garage Renault, et l’usine Motte-Bossut qui fonctionnait encore à l’époque ; elle a fermé quelques années plus tard. Sa cheminée émettait des noirons un peu agressifs, qui avaient tendance à esquinter les carrosseries des voitures du garage, ainsi que celles des riverains de Hauts Champs. Les plaintes n’empêchèrent pourtant pas l’usine de fumer !
Les officiels visitent une classe le jour de l’inauguration – photo La Voix du Nord
C’est M. Desmullier, vice-président de la communauté urbaine accompagné du recteur d’Académie, M. Niveau qui a procédé, en novembre 1976, à l’inauguration du collège, en même temps que ceux de Hem et de Lys. Ce jour là, justement, il faisait un temps un peu couvert, et les émanations de la cheminée étaient particulièrement présentes. Aux officiels qui regardaient ces fumées derrière les vitres, le principal fit remarquer que l’environnement n’était pas excellent ! Les mesures de qualité de l’air, installées par la suite, n’auraient jamais indiqué grand chose. L’usine travaillait alors jour et nuit, et c’était par ailleurs assez bruyant la nuit.
Un beau jour, on a appris qu’ils déménageaient les machines, et ça a commencé à agiter les syndicats. Le déménagement a duré deux jours complets. Et là, il n’y a plus eu de fumées ! Ça faisait partie de l’évolution d’une ville et de la vie.
Photos collection particulière
Réalisé grâce au témoignage d’Henri que nous remercions bien chaleureusement.
C’est le 23 septembre 1953 que les choses démarrent avec les adjudications des travaux, qui portent sur un devis général de 400 millions de francs. Deux cents vingt cinq entreprises étaient soumissionnaires et on dut mobiliser la salle Pierre de Roubaix pour accueillir les entrepreneurs. Vingt et un lots sont ainsi attribués à cette date.
Le chantier du futur lycée, à l’emplacement des jardins ouvriers d’autrefois Photo Nord Eclair
La première tranche de travaux est immédiatement amorcée. Elle comporte cinq groupes de bâtiments : l’administration, les classes, une cuisine, un réfectoire…Le chantier commence à l’endroit où se trouvaient autrefois de nombreux jardins ouvriers. Le temps d’automne est favorable, et on procède déjà au coffrage de certains bâtiments. L’hiver rude de 1954 ne favorisa sans doute pas l’avancement des travaux.
Les premiers coffrages Photo Nord Eclair
C’est en juillet que la presse fait un nouveau point de chantier. Quatre bâtiments s’élèvent à présent destinés à l’administration générale, aux classes du premier cycle, aux classes élémentaires, aux cuisines et réfectoire. Des galeries de circulation sont prévues, ainsi que les cours de récréation et la cour d’honneur, où l’on attend l’arrivée d’un bas relief de M. Leleu, Grand Prix de Rome, symbolisant La Connaissance et la Recherche. Le bâtiment du premier cycle comporte quinze classes, huit salles d’études, deux salles de jeux. Le bâtiment de l’administration comprend quatre appartements destinés au proviseur, à l’intendant, au directeur pédagogique et au sous intendant.
Vue du chantier en juillet 1955 Photo Nord Eclair
En avril 1955, le gros œuvre est terminé, les travaux intérieurs sont bien avancés et l’on évoque la première rentrée pour octobre. On pense déjà à la seconde tranche de travaux qui comporte trois bâtiments, deux pour l‘enseignement et le troisième de six étages, pour l’internat. L’aménagement des terrains de sports, un gymnase, des plantations sont également prévus. C’est l’une des plus magnifiques cités scolaires de pays qui se construit à Roubaix !
En prévision de cette ouverture, dès le mois de juin, il est prévu de prolonger la ligne de bus n°15 qui part du quartier du Crétinier, passe par la Fosse aux Chênes, la gare, et dont le terminus est en haut du boulevard de Fourmies. L’autobus empruntera les avenues Motte et Salengro pour rejoindre le lycée. C’est la période de la disparition des tramways dans Roubaix, et il est question de la « motorisation » de la ligne C, qui relie Tourcoing à Toufflers via Roubaix, et qui sera remplacée par deux lignes d’autobus, le 19 et le 20. Il faudra toutefois attendre quelques années avant qu’il y ait un arrêt devant le lycée avec un abri aujourd’hui disparu.
Il fallait un proviseur au lycée roubaisien, le voici présenté par voie de presse en septembre. Il s’agit de M. Albert Agnes, un breton de 44 ans, licencié es lettre à la Sorbonne, titulaire de l’agrégation de grammaire. Professeur à Nantes jusqu’en 1952, il est nommé censeur au Lycée du Puy avant de devenir le premier proviseur du lycée de Roubaix.
Tout est prêt pour accueillir les premiers élèves lors de la rentrée du 1er octobre 1955.
Le Jeudi 26 février 1976, est créé le foyer d’éducation populaire des Hauts Champs, suite à la volonté des parents d’élèves de l’école Brossolette de voir l’action éducative prolongée au delà du temps scolaire. Quels sont les souhaits formulés ? La création d’un foyer du 3e âge, d’un club de basket, de cyclotourisme, de ping pong, de photographie, de musique et d’une section de défense du consommateur. On retrouve dans cette création la tradition des amicales laïques et les vœux émis font immédiatement penser à toutes celles qui ont été créées à la fin du dix neuvième siècle (Turgot, Archimède…), ou à celles des années trente (Jean Macé Pasteur, Jules Guesde).
Le bureau de l’association Photo NE
Roland Losfeld, alors directeur de l’école Brossolette, également secrétaire de la fédération des associations laïques, réunit une trentaine de personnes intéressées. Assistent à cette réunion le vice président de la FAL, M. Plouvier, le représentant de la FLASEN M. Geerarts, M. Hendoux, animateur permanent FAL, Mme Szediak, responsable du conseil de parents d’élèves Cornec. Le bureau est élu, M. Depoortère en est le président, M.Losfeld secrétaire et Mme Flipot la trésorière. Il faut noter que certaines des activités souhaitées sont déjà mises en œuvre chez des particuliers. Il ne reste plus qu’à trouver des locaux…
En attendant, les activités cyclotouristes démarrent rapidement : des élèves de CE2, CM1 et CM2 effectuent des sorties dont le but est pédagogique : la découverte de l’environnement, avec la visite de l’établissement qui produit l’eau minérale de Willems, ou un travail d’enquête sur la douane de Toufflers sont les objectifs assignés à ces sorties à vélo. Quatre accompagnateurs et deux voitures assurent la sécurité d’un parcours étudié au préalable pour éviter d’emprunter des routes trop importantes.
Enfants au centre aéré du Pont Rouge photo Nord Matin
Il y a quatre mille enfants au centre aéré du Pont Rouge en ce début du mois de juillet 1967 ! Vieille initiative socialiste, le centre aéré du Pont Rouge protège nos enfants des périls de la rue, titre Nord Matin. Les garçons et filles y reçoivent avec les distractions, une nourriture saine et ils peuvent s’ébattre sur les pelouses sous la surveillance de nombreux moniteurs et monitrices. Vers la fin juillet, les animations s’étoffent, car de grandes marques nationales et le journal Nord Matin offrent aux enfants un vrai spectacle de cirque, dans le cadre d’une tournée des camps de vacances. Quatre grands jeux, le tir à l’œuf, le football à l’aveuglette, les gonflements de ballons et la course de chaises à porteur. Puis une exhibition équestre des cinq cavaliers du club de Beuvry les Orchies, une grande tombola avec des lots et cadeaux, tels que les petites voitures Shell Berre et Renault, les choco bn de la biscuiterie nantaise, les caram’choc de la société Delespaul Havez, la dégustation gratuite de Coca Cola, les porte clé du café Grand-mère, des ballons, des gadgets…La tournée se poursuit à Douai et Anzin.
Les moineaux du Pont Rouge photo Nord Matin
En Août, c’est le grand tournoi de football inter-centres aérés, avec l’équipe des moineaux du Pont Rouge, qui ont remporté la première édition l’année précédente. L’équipe de cette année est bien préparée, ce ne sont pas des débutants : cinq sont du Racing stade, trois pratiquent dans les amicales, deux au Cort, un à l’union sportive de Wattrelos et un à l’Iris club de Croix.
Les autres équipes sont celles de Croix avec des gamins entre 12 et 14 ans, dont certains viennent de l’Iris club, leur mascotte est un petit poucet, et de Wasquehal avec un géant de 13 ans qui mesure 1,74 m, et quatre éléments qui évoluent à l’Entente Sportive et deux à l’Iris club. La compétition se déroule en matches aller et retour. Les moineaux du Pont Rouge conservent leur trophée qui leur sera solennellement remis par le maire Victor Provo, à l’issue du dernier match qu’ils remportent 5 à 1 devant Croix.
Épreuves du Junicode photo Nord Matin
Pendant ce temps, voici les épreuves du junicode : du 1er au 19 août, 1400 enfants passent les épreuves sur le code de la route : deux orales, une pratique. Une première série de questions sur le code de la route, et cinq questions tirées au sort sur 51 possibles. Puis c’est le parcours à voiturettes et bicyclettes. Un certificat de capacité et des prix sont remis à l’issue des épreuves, en présence des personnalités de l’Automobile Club du Nord de la France, de la municipalité et du brigadier Avez, chef de piste, du speaker Petitbon et des moniteurs Tissiné et Verhoye, tous trois appartenant à la Compagnie Républicaine de Sécurité.
Les Rossignols du Pont Rouge photo Nord Matin
On prépare la fête de clôture. Une trentaine d’enfants, encadrés par Serge Renar, vont réciter Rimbaud, Aragon, Verlaine et Jean de la Fontaine, et vont chanter Sheila, Pétula Clark et des chansons italiennes. La section théâtrale présente des extraits de pièces de Molière, de l’Avare, et du Malade Imaginaire. Les Rossignols du Pont Rouge, une chorale de soixante enfants vont chanter devant Monsieur le Maire, ils se produisent pour la première fois.
En prélude à la grande fête de clôture, Victor Provo et le conseil municipal visitent les installations du centre aéré du pont rouge. C’est une coutume, la visite se termine dans la classe de chant et diction au moment de la finale d’un concours présidé par le docteur Savinel, adjoint aux arts. On va ensuite prendre un repas à la cantine du centre aéré.
Remise de la coupe Photo Nord Matin
La grande fête de clôture se déroule le 26 août, de 14 h30 à 18 h 30 : divertissements, stands, loteries, rencontres sportives, cinéma, le programme est conséquent. Cette année, un invité d’honneur, André Delelis, député maire de Lens. Les enfants profitent des stands de jeux, et de la séance cinématographique, dont le programme comporte un film d’aventures et un reportage sur le camp de vacances intitulé « reflets du pont rouge ». Il y a aussi la fête dans le réfectoire où les enfants se produisent à la grande joie des parents, avant un spectacle de music hall présenté par « Art et Jeunesse ». Le sport est de la fête : en lever de rideau finale du tournoi des écoles entre l’école Jean Macé et l’école Delespaul, la première gagne par 4 à 2. Puis les deux équipes du CORT et du Racing Club de Lens s’affrontent, Roubaix bat Lens 1 à 0.
Voilà le programme de l’été 67 à Roubaix, pour des enfants qui n’avaient pas l’opportunité de partir en vacances sous d’autres cieux, n’étaient-ce pas des journées de loisirs, de détente et de fêtes bien remplies ?
Mon premier contact avec l’École de Plein Air, c’est plutôt avec le camp de vacances du pont rouge. En 1946, les enfants des écoles publiques venaient des quatre coins de Roubaix, et il y avait même un ramassage avec les tramways à partir de la gare de Roubaix.
J’étais aide-monitrice et je faisais de la danse et de la gymnastique avec les enfants. M. Baudouin, un violoniste, jouait et nous faisions des mouvements d’ensemble sur le terrain du parc des sports. Il y avait le goûter avec des gobelets émaillés remplis d’eau et de grenadine, puis on revenait en tram, beaucoup venaient et repartaient à pied.
Quarante enfants par groupe, pour un moniteur et son aide monitrice. Il y avait aussi des activités de couture, la séance de cinéma, un théâtre de marionnettes, et beaucoup d’instituteurs venaient encadrer tout ce petit monde, dans une excellente ambiance. Les directeurs du « Pont Rouge » à cette époque étaient M. Noncle et Melle Finart.
J’ai fait le centre jusqu’à 1953 en tant qu’animatrice, j’ai fait de l’animation sportive, de la danse et les marionnettes à main, on les construisait et on écrivait les histoires…
Après la première guerre mondiale, les résultats des enquêtes médicales sont effroyables : plus de 80% des enfants examinés à Roubaix sont atteints de tuberculose, et la vie dans les habitations exigües et mal aérées des courées ne favorise pas leur santé. Le docteur Léandre Dupré, adjoint au maire de la ville de Roubaix, décide alors d’assurer aux enfants la subsistance quotidienne, et les bienfaits du soleil et du grand air.
Pendant l’été 1920, 3.400 garçons et filles seront gratuitement nourris, amusés et surveillés sur une dizaine d’hectares gazonnés et ensoleillés, le jeudi après midi et pendant la durée des grandes vacances. Cette colonie de vacances au grand air entraîne des résultats satisfaisants, mais doit être prolongée pour les plus chétifs, les tuberculeux et les lymphatiques. L’idée de l’école Permanente de plein air est née.
L’école de plein air Photo Archives Municipales de Roubaix
A la rentrée d’octobre 1921, des baraques de bois provenant de l’intendance militaire ont remplacé les tentes, et accueillent 200 enfants. Ces baraques abritent les classes de garçons et de filles, le réfectoire et la cuisine, le cinéma et l’éducation physique pendant les jours de pluie. L’Ecole de Plein Air, dite également du Pont Rouge, du nom du lieu dit s’installe dans des locaux en dur, le 1er octobre 1927. La rentrée s’effectue dans de nouvelles écoles avec cours, préaux, jardins, terrains de jeux, sur une surface de quatre hectares. Les six salles de classe sont grandes parfaitement éclairées, et pourvues d’un système d’aération et de ventilation.
Pour chaque salle de classe, un lavabo-vestiaire avec des armoires individuelles et des casiers spéciaux pour la brosse à dents, la pâte dentifrice, et le gobelet émaillé.
Des bains douches ont été installés dans une grande salle avec quatre-vingt dix cabines de déshabillage, trente cabines de douche et trois salles de bains à l’usage des enfants qui demandent des soins spéciaux. Tout est prévu pour garantir des conditions d’hygiène permanentes et efficaces, du réfectoire aux cuisines, en passant par les blocs toilettes. Des salles d’attente, un cabinet de consultation, une infirmerie, et même une salle pour la projection des rayons ultra violets (UV).
L’école de plein air Photo Archives Municipales de Roubaix
Toutes ces installations sont entourées d’arbres, de pelouses, et de jardins fleuris et ombragés faisant de l’ensemble un endroit où il fait bon vivre et apprendre.
Dans le cadre de la promotion sociale municipale, l’A.F.P.S, l’Association pour la Formation et la Promotion Sociale, dispensait des cours du soir, notamment en Français et en Mathématiques. Il existait également un atelier libre-service informatique. C’était la ville qui gérait le fonctionnement de ces formations et payait directement les formateurs. Ses activités étaient hébergées dans l’ancienne école des garçons au 94 avenue Léon Marlot, l’école des filles étant devenue une école mixte.
Puis, suite à la demande d’instances extérieures, il devient nécessaire de confier l’organisation de ces cours à un organisme indépendant et non plus municipal. L’A.D.E.P, Association pour le Développement de l’Éducation Permanente, est donc créée. Sa déclaration figure au Journal Officiel de Juin 1998, mais son démarrage réel ne se fait qu’à la rentrée 98-99.
Le logo de l’association, réalisé par Sabine Despas
Le but de l’association est de gérer les actions de formation financées par la ville. Ces actions, à destination des adultes visent « à transmettre les savoirs de base fondamentaux nécessaires à une vie sociale professionnelle épanouie : savoir lire, écrire, compter, mais aussi utiliser un ordinateur et de nouveaux outils de communication... » (Roubaix Info, Juin 2000)
Document Roubaix Info
L’A.D.E.P reprend les locaux de l’A.F.P.S, qu’elle loue à la ville. Celle-ci lui octroie une subvention mais la Région finance également les cours. L’association a la charge de recruter et de payer les formateurs, le plus souvent choisis parmi les enseignants de l’Éducation Nationale. Au départ, elle n’a qu’un seul salarié.
Document La Voix du Nord – Janvier 1999
La première année sont assurés des cours en anglais et néerlandais, des modules d’alphabétisation et de remise à niveau en Français et Mathématiques, des cours de bureautique (Word et Excel) et une formation en communication et relations humaines. L’A.D.E.P propose également un libre service informatique, qui permet au public d’utiliser des ordinateurs, avec l’aide d’un animateur. Par ailleurs, sont organisés à l’E.S.A.A.T des cours d’arts plastiques : dessin, sculpture, modèle vivant, peinture et infographie. La Voix du Nord nous précise que 2000 stagiaires ont été accueillis en 1999.