Le PMU de la Justice

Les documents les plus anciens que nous ayons pu consulter font mention tout au bout de la rue de Lannoy, à la limite de Lys, d’un estaminet associé à un bureau d’octroi. Cet estaminet est tenu dès 1884 par Fr. Vanangeval, alors qu’on prévoit l’installation d’une bascule charretière devant le bureau de l’octroi.

Document daté de 1888 – archives municipales

 Le Ravet-Anceau nous renseigne sur les différents cafetiers qui se succèdent au carrefour de la justice. A partir de 1894, c’est J. Gadenne qui tient l’estaminet. On y trouve H. Lefebvre en 1899, puis L. Dupont de 1903 à 1908. A partir de 1913, la numérotation atteint cette extrémité de Roubaix. A. Nolf préside désormais la destinée de ce commerce situé au numéro 630. Après la guerre, c’est son gendre, Théophile Van Wanbecke-Nolf qui tient commerce à cette adresse.

En Juillet 1925, ce cafetier demande l’autorisation d’effectuer des travaux dans l’immeuble qu’il possède. On apprend dans son courrier qu’il est également propriétaire du bureau d’octroi. Les travaux consistent à échanger les emplacements de l’octroi, initialement placé côté rue verte et de l’estaminet, placé côté rue de Lannoy. On va également supprimer deux fenêtres sur la rue verte pour les remplacer par une baie vitrée plus large.

Document archives municipales

 C’est ainsi que le Ravet-Anceau place en 1930 l’octroi au 628, et l’estaminet, dénommé désormais « café de l’Octroi » au 630. On change la numérotation en 1935, et le café et l’octroi passent au numéro 694. Le propriétaire est toujours monsieur Van Wanbecke. En 1939 l’octroi est au 694. Le café, au 696, est tenu par G.Marquant et figure sur une carte postale prise depuis Lys dans la deuxième partie des années 20. On y voit au premier plan les rails de tramway, et, au fond à droite le terrain ce qui deviendra bientôt le parc des sports. On y remarque également un gabelou de faction à la porte du bureau de l’octroi.

Document collection particulière

 Après la guerre, on retrouve Mme Van Wanbecke qui tient maintenant commerce d’alimentation générale au 692, et, de 1953 à 1964 H. Merckx, comme tenancier du café. Celui-ci passera dans les mains de monsieur A Bouscarle, cafetier PMU de 1968 à 1973.

Document Nord Matin

En 1975 une publicité paraît dans la presse, informant le public de la réouverture du café, cette fois-ci sous l’égide de M . Vandenberghe-Madou et de son épouse. A partir de 1978 le Ravet-Anceau ne fait plus mention du nom du tenancier. On le désigne simplement sous le nom où on le connaît aujourd’hui : le « Pmu de la Justice ».

Document collection particulière

 

 

 

 

Histoire du Lido

Quand les Halles centrales roubaisiennes furent démolies en août 1956, personne ne se doutait que l’emplacement servirait à nouveau, à peine dix ans plus tard, comme surface commerciale. Pensé comme un centre de transit, intermédiaire entre la partie de la rue de Lannoy à démolir, et le futur centre commercial Roubaix 2000, le Lido existera quelques années avant de disparaître à son tour. L’endroit, aujourd’hui occupé par la poste et la Médiathèque, connaîtra là ses dernières heures commerciales. Nous allons raconter son histoire.

La place des Halles en aire de stationnement Photo AmRx

Avant qu’on n’envisage l’emplacement des Halles pour la cité de transit, le maire Victor Provo soutiendra l’option de l’appropriation de l’usine Huet comme centre transitoire, s’il y a assez de candidats. Cette usine se trouvait autrefois entre la caserne des pompiers (aujourd’hui la CAF) et l’entrée de la rue de Lannoy, c’est-à-dire juste à côté du périmètre à démolir et à reconstruire. Le chausseur Papillon se déclare favorable au projet  Huet. Le quincaillier Gamin suggère qu’on installe les baraquements dans le tronçon du boulevard Leclerc, à partir de la poste.

Photo usine Huet Boulevard Gambetta Collection Particulière

On avance sur le projet Huet, mais de manière peu convaincante : la  façade serait abattue puis remplacée par une baie vitrée, le cloisonnement en cellules reviendrait trop cher, et que penser du travail en commun pour des commerces habitués à leur individualité ? La question du logement piétine également : on relogerait des commerçants dans la première barre construite avec les sapeurs pompiers rue Bernard. Un questionnaire est prévu sur l’utilisation de l’usine Huet, et sur l’organisation du futur centre ; il est clair qu’il y a un effort d’adaptation pour les commerçants auquel ils ne s’attendent pas, comparable toutes proportions gardées, au choc des habitants de la rue Edouard Anseele relogés dans le quartier des Hauts Champs. Il y a là un problème humain.

Mars 1964 Plan du centre commercial de transit Place des Halles Publié par Nord Éclair

Une proposition du centre de transit sur la place des halles est finalement avancée par M. Jacques Motte président de la chambre de commerce dès janvier 64. Puis les premiers travaux d’appropriation sont lancés, qui créent quelques bouleversements, notamment pour la circulation autour de la place des halles. La rue Jeanne d’arc devient piétonnière, la rue de la halle sera élargie et la circulation se fera dans les deux sens. Le futur centre commercial de transit sera piétonnier. Il se présentera sous la forme d’un assemblage d’éléments préfabriqués en aluminium et en glace. Les parquets intérieurs sont en chêne et chaque commerçant pourra personnaliser son magasin, d’autant que l’aménagement de l’intérieur et les enseignes lumineuses seront à leur charge. Un précédent cependant : l’auvent qui surplombe chaque magasin reçoit l’éclairage public. Le tout doit être mis à la disposition des commerçants dans le courant du mois de juillet. L’ouverture officielle aurait lieu courant septembre ou après la braderie…

à suivre

Concessions automobiles

Sur les photos aériennes, apparaît en 1971 à la limite de l’usine Motte-Bossut velours un bâtiment construit sur une zone jusque là consacrée à des jardins ouvriers. Ce bâtiment, construit perpendiculairement à l’avenue Motte, abrite une concession Renault. Le terrain situé à l’angle de l’avenue et de la rue Jean-Jacques Rousseau doit servir d’aire de stockage pour les véhicules, mais n’est pas encore aménagé.

Photo IGN 1971

 Le garage s’installe et, dès l’année suivante Renault Roubaix insère dans Nord Matin une publicité détaillant ses implantations sur la ville. Y figure la concession située 230 avenue Motte sous la dénomination du garage du Nouveau Roubaix.

Documents Nord Matin 1972

 Daniel Meyfroodt préside alors aux destinées de la concession. Les activités du garage s’étendent, puisqu’en 1975 la mairie est saisie d’une demande de permis de construire pour un bâtiment supplémentaire au nom de la S.A.R.L « Garage et carrosserie du Nouveau Roubaix ». Le permis est accordé, mais une photo aérienne de 1976 montre que le bâtiment est n’est pas encore érigé au mois d’avril :

Le garage Renault en activité. Photo IGN 1976

Cette situation perdure quelques années, puis M. Meyfroodt devient concessionnaire Volkswagen en 1978. Il cède finalement son affaire en 83 à M. Leclercq ; celui-ci continue à commercialiser la gamme Volkswagen-Audi.

Document La Voix du Nord 1983

 D’après un employé du garage, celui-ci, tout en conservant son enseigne, change une nouvelle fois de mains, et c’est maintenant M. Mandron qui le reprend sous la raison sociale MBBM.

Le garage Volkswagen avenue Motte. Document La Voix du Nord

 M. Mandron quitte ensuite Roubaix, pour reprendre la concession Volkswagen-Audi de Villeneuve d’ascq. Il est remplacé avenue Motte par M. Rogier revend le garage à l’Usine qui cherche à s’étendre et qui s’installe avenue Roger Salengro sous la dénomination du garage Valauto Volkswagen-Audi.

Valauto avenue Roger Salengro – Document collection personnelle

 Il est curieux de constater que le terrain, qui faisait partie à l’origine de l’usine Motte-Bossut, revient finalement en possession de l’usine après un intermède automobile qui aura duré une trentaine d’années !

 

Le ventre de Roubaix

 L’implantation d’un marché couvert est envisagée dès 1852 à Roubaix. L’abattoir[1] eut la priorité, qui sera construit en 1860. Le Minck, sorte de halle au poisson, où l’on vendait à la criée, est édifié en 1863, sur la place du Trichon.

C’est l’époque de la construction des grandes halles métalliques en France. A Paris, les Halles Centrales sont dessinées par Baltard et construites par Pierre Joly à partir de 1854.  Ses successeurs, César Jolly, Delafoy et Théophile Joly terminent les halles Baltard en 1866[2]. Ils construiront ensuite les Halles centrales de Lille, rue Solferino en 1878, ainsi que le Palais du Trocadéro. Entre-temps, la ville de Tourcoing a fait construire les siennes en 1877.

Le marché de la Grand-Place autrefois Collection Médiathèque de Roubaix

Les deux grands marchés de Roubaix se situent à l’époque sur la Grand Place et sur la Place de la Liberté, également appelée Place du marché aux charbons, du nom de son ancienne fonction, quand le canal arrivait jusque là. Une enquête du 29 mars 1879 menée par le préposé en chef, directeur de l’octroi roubaisien, rapporte que le marché de la Grand Place accueille une cinquantaine de marchands de légumes et de fleurs, une douzaine de marchands de fruits, une dizaine de volaillers, plus d’une trentaine pour le beurre, les œufs et le fromage. Quant au marché de la Place de la Liberté qui se tient le mardi, il s’y trouve ordinairement vingt trois bouchers, six charcutiers, trois tripiers, deux bouchers chevalins.

Pour l’emplacement des futures halles centrales, le choix se porte sur un terrain bordé par les rues Pierre Motte, Saint Martin et de la Sagesse. La proximité de la Grand Place, à moins de dix mètres, est un argument déterminant pour le choix définitif de l’emplacement. Il faut néanmoins prévoir quelques travaux : une quatrième rue devra compléter le rectangle formé par les rues Pierre Motte, Saint Martin qui deviendra la rue de la Halle, la rue de la Sagesse, ce sera la rue Jeanne d’Arc. Le coût total des travaux, démolitions, nivellement et construction, s’élève à 785.000 francs.

Les Halles centrales avant 1928 Collection Médiathèque de Roubaix

 Le 15 octobre 1879, le conseil municipal décide officiellement la création d’un marché couvert composé de deux pavillons carrés séparés par une rue couverte. Il est fait appel aux constructeurs qui doivent déposer leurs projets dans les deux mois. Le 7 février 1880, les différents projets sont tenus à la disposition des conseillers pour consultation pendant huit jours. Parmi les propositions, se trouve celle de la maison Jolly, Delafoy et Théophile Joly d’Argenteuil, qui respecte les contraintes de prix et envisage même d’effectuer les travaux de maçonnerie qui n’étaient pas inclus dans le projet de superstructure.       

On en sait plus sur la Halle : elle fera près de quatre-vingt mètres de long sur trente de large, sur une surface de près de 2.500 m². Sa façade longitudinale comprend treize travées de six mètres, et la travée du milieu permet un passage pour voitures qui s’élargit à l’intérieur, formant une rue couverte. Les espaces entre les travées sont de deux mètres, afin de faciliter la circulation de la clientèle. La façade transversale comporte cinq travées de six mètres.

Les boutiques se présentent sous la forme de 36 groupes à quatre emplacements, dont la surface est de 4 m² et qui occupent la surface principale de la halle. Il y a également une trentaine de groupes à deux emplacements situés le long des murs de la halle. L’aménagement intérieur comprend des bureaux et des cabinets d’aisance. Le marché couvert est ouvert au public le 22 janvier 1882, alors que tous les étaux ne sont pas encore occupés, mais la halle centrale est cependant noire de monde. La réception des travaux de voirie, dernière étape du grand chantier de la halle centrale intervient en août 1882. Dès lors, on peut accéder par la porte monumentale sous l’horloge à un premier ensemble de soixante douze petites boutiques occupées par des marchands de fruits et légumes. Les boutiques jumelles et latérales sont tenues par des bouchers. Au milieu de la halle centrale, on traverse l’allée couverte, après avoir dépassé la tribune de la criée, on atteint le domaine des bouchers, de la triperie et des volaillers, qui occupent la droite de l’emplacement, les crémiers et les épiciers se tenant sur la gauche. Telle était la disposition des marchands en 1882.

Images de la démolition des Halles centrales en août 1956 Photo Nord Éclair

 La halle centrale sera démolie en 1956, son emplacement restera quelque temps un parking puis on y construira en 1967 la cité de transit du lido, destinée à accueillir les commerçants de la rue de Lannoy. Aujourd’hui, l’endroit n’est plus un lieu d’activités commerciales, puisqu’il est occupé par la poste et la médiathèque de Roubaix.

 


[1] Aujourd’hui disparu, il se trouvait à l’emplacement du collège en face de la place Jean Baptiste Clément, ex place de l’abattoir.
[2] D’après l’article du site de la ville d’Argenteuil.

Le Garage des sports

Le garage vu de l’avenue Motte Photo Delbecq – Archives municipales

La multiplication des automobiles a eu très tôt pour corollaire celle des garages et stations services. C’est ainsi qu’au carrefour de l’avenue Motte et de la rue de Lannoy, deux importantes voies de communication, vient s’implanter un garage automobile. Dès 1934, Julien Lejeune, habitant 103 rue Ma Campagne, informe les services municipaux de son intention de faire construire Avenue Alfred Motte à Roubaix un immeuble à usage de garage d’Automobiles. Le bâtiment prévu se développe sur 25 mètres le long de l’avenue.

Le plan de façade du garage Document Archives municipales

 Julien Lejeune diffère sans doute son projet, puisque qu’on ne trouve aucune mention de ce garage automobile, dans le Ravet-Anceau de 1938. Celui-ci voit finalement le jour, car on le distingue sur une photo aérienne prise par l’Institut Géographique national en 1950. Le Ravet-Anceau fait par ailleurs mention en 1953 d’un Garage des sports, au nom de J. Lejeune, situé au 326. Le bâtiment du garage est rectangulaire, le faîte du toit est parallèle à l’avenue Motte. Il est prolongé jusqu’au coin de la rue de Lannoy par un bâtiment coiffé d’une toiture perpendiculaire à la précédente. Ce bâtiment présente un pan coupé dégageant l’angle des deux rues.

En 1962 des travaux modifient l’aspect du garage : une extension de près de 10 mètres est ajoutée, qui forme un angle droit au bout du bâtiment initial. Elle est construite sur un terrain libre, à côté de la propriété. D’autre part, le bâtiment faisant l’angle des deux rues est remodelé : il possède désormais un toit constitué de deux parties en angle droit laissant la place à une terrasse.

Entre 1965 et 1968, ce garage devient une station-service Antar et prend le nom de Relais des sports. Le gérant est alors R. Delporte. Un plan daté de 1966 nous en montre la disposition : la terrasse surplombe le bureau de la station et les pompes de distribution de carburant. Devant ces pompes, une piste permet aux voitures de venir se ravitailler. Les cuves contenant le carburant sont enterrées sous l’ancien garage, et la nouvelle extension abrite le pont élévateur et l’équipement de graissage.

Ce relais des sports perdure jusqu’après 1983, alors qu’en 1987 il est remplacé par l’entreprise Roubelec, protection contre le vol. A ce moment, un étage coiffé d’un toit à quatre pans vient s’ajouter au dessus d’une partie du garage initial.

Enfin s’installent dans le bâtiment les pompes funèbres Douillez, sans modifier son architecture extérieure.

 

 

 

Quand Darty vint à Roubaix

C’est au début du mois de juillet 1976 que l’on apprend la fermeture prochaine du magasin Monoprix rue Pierre Motte à Roubaix. Cette décision a été prise au cours d’une réunion avec le comité d’entreprise. Cette surface commerciale de 1300 m² avec son parking emploie alors une cinquantaine de personnes. La raison de la fermeture, c’est la baisse du chiffre d’affaires, due à l’ouverture récente d’un supermarché Auchan dans le centre commercial Roubaix 2000. Mais le Monoprix de la rue de Béthune à Lille fermera également avant la fin de l’année. L’arrivée de la société Darty sur les deux sites Monoprix, à Lille et à Roubaix, est annoncée par voie de presse en août 1976.

 L’histoire de la société commence en 1957, lorsque trois frères, Nathan, Marcel et Bernard Darty, commerçants en textile, rachètent le bail d’un magasin d’électroménager voisin pour agrandir leur surface commerciale. Suite à la vente du stock de ce magasin, Bernard Darty et ses frères décident d’abandonner le textile pour se lancer dans la vente d’appareils électroménagers. Jusqu’en 1966, l’entreprise familiale se développe avec la création d’un entrepôt à Bagnolet et un autre magasin en région parisienne. En mai 1968, la première grande surface Darty voit le jour à Bondy. Le fameux « contrat de confiance » créé en 1973, qui inclut un service de garantie après vente, établit la renommée et le succès commercial de la chaîne de magasins. Dès 1976, Darty entre en bourse et développe son concept en région.

La dernière animation commerciale de Monoprix, sur son parking en avril 1976 Photo Nord Éclair

Darty en 1977, c’est 28 magasins en France. Après la région parisienne, et la région Rhône Alpes, c’est dans le Nord que la société n°1 de vente de téléviseurs, de radios, d’électroménager et de Hi Fi vient s’installer. En avril 1977, Darty ouvre simultanément trois magasins : à Lille, rue de Béthune dans le secteur piétonnier, à Englos dans le centre commercial et à Roubaix, 15 rue Pierre Motte, et ses horaires sont les suivants : du lundi au samedi de 9 h 30 à 20 heures 30 sans interruption. A l’époque, sur ce créneau, le magasin d’électroménager à Roubaix, c’est Scrépel Pollet, dans la Grand Rue.

Le magasin Darty de Roubaix à son ouverture Photo Nord Eclair

 La formule Darty : des prix bas toute l’année, une livraison gratuite des appareils et un dépannage rapide, 7 jours sur 7. Dans les années 2000, Darty représente plus de 200 magasins en France et au Luxembourg, plus de 10 000 salariés et plus de 400 camionnettes jaune et bleu qui sillonnent les routes. L’entreprise n’appartient plus à la famille, depuis 1993, la société Darty est entrée dans le groupe britannique King Fisher. Aujourd’hui, elle est présente sur différents créneaux : multimédia, téléphonie, image et son.

Darty en 2013 Photo PhW

 La presse vient d’annoncer la fermeture du Darty roubaisien au printemps 2013. Quelle sera la nouvelle enseigne du 15 rue Pierre Motte ?

Roubaix 2000 et les chantiers

La disparition programmée pour début 1983 de la centrale électrique de la rue Dunant aura pour effet de permettre de lancer un nouveau chantier de construction de cellules commerciales et de bureaux et de logements, sur la droite de l’entrée de Roubaix 2000. Le projet, c’est 4000 m² de bureaux et de commerces, et des logements. La centrale électrique ne laissant toujours pas la place début 1983, on oublie les logements, et on démarre le chantier sur la façade du boulevard Gambetta.

Dès septembre 1982, on a une idée de ce qui sera construit. Un magasin de vêtements pour clientèle populaire et moyenne (sic la presse de l’époque) viendra s’y installer. C’est l’enseigne C&A, fondée par les hollandais Clemens et August Brenninkmeijer (dont les initiales forment aujourd’hui le logo de la société).  En 1841, les deux frères ont créé la société commerciale C&A Brenninkmeijer, à Sneek dans la province de Frise, et c’est là que s’ouvre leur premier magasin C&A. Il s’agit d’offrir des vêtements prêt-à-porter de bonne qualité à des prix raisonnables et introduire des tailles standard ainsi qu’un service d’échange. Au début des années soixante, l’entreprise s’implante également en Belgique, en France et en Suisse. Le directeur des investissements de C&A explique que la marque est venue s’installer à Roubaix, parce qu’elle a été invitée à le faire. Ils avaient décliné l’offre dans le plan d’implantation intérieur de Roubaix 2000. Mais ce nouveau projet leur semble viable, et chose rare à l’époque, ils ont préféré le centre ville traditionnel de Roubaix, plutôt que le centre commercial de Villeneuve d’Ascq ! Après six mois de travaux, l’inauguration a lieu le 30 août 1983.

Le projet initial publié dans Nord Éclair
La maquette C&A publiée dans Nord Éclair

De l’autre côté de l’esplanade de Roubaix 2000, l’usine Motte Bossut s’apprête à changer d’affectation. Dès 1978, l’usine est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Elle a cessé toute activité en 1981. La ville de Roubaix rachète les locaux et souhaite y aménager un centre international de la communication (futur Euro téléport). En 1983, le Gouvernement de Pierre Mauroy décide de créer des centres pour conserver les documents relatifs à la mémoire du travail en France. On envisage la création de cinq centres d’archives répartis dans toute la France. Un seul verra le jour. Ce sera celui de Roubaix, par une décision de décembre 1984. Pour abriter le premier Centre des archives du monde du travail, la ville de Roubaix fait don à l’Etat du corps de bâtiment principal. Les travaux débutent en 1989, pour un coût de 150 millions de Francs. L’inauguration interviendra le 11 octobre 1993.

L’usine Motte-Bossut Collection Privée

Le parvis de Roubaix 2000 prend donc pendant six ans une allure de chantier perpétuel, mais qui semble de bon augure pour les clients et pour l’emploi. Le centre commercial reçoit également de l’aide. Le concours Dynamicom est lancé en février 1987 par la ville et la chambre de commerce pour finir de remplir les cellules commerciales vides, au nombre d’une dizaine. L’année suivante, en avril, lors d’une opération Commerces 90, le ministre Camille Cabana remet un chèque de 25 millions de francs à Madame Maqueron, la Présidente du groupement d’intérêt économique de Roubaix 2000, au nom du ministère du commerce. Alors que toutes les cellules ne sont pas encore occupées, on parle d’animations dans les magasins et surtout d’équiper le centre commercial d’un réseau informatique.

Le concours et le gros chèque Photos Nord Éclair

L’année 1988 se termine cependant sur une mauvaise nouvelle. L’enseigne AS ECO ferme boutique en catimini, quelques jours avant Noël. Une solution de rechange est à l’étude, mais il faudra attendre l’année suivante, et une réorganisation importante des locaux pour l’arrivée d’Intermarché.

Photo Nord Éclair

Instantané 1973

La rue Jules Guesde forme avec la rue Jean Goujon un axe commercial  important du quartier de la Potennerie. Au-delà du carrefour avec la rue Jouffroy, et du Coq Français, elle remplit la même fonction jusqu’au quartier du Pile. Restons-en pour l’instant à cette première partie de la rue.

Le photographe Charier Photo Nord Eclair

Si nous suivons les numéros impairs, le photographe Charlier est au n°1, suivi de la mercerie de Mme Knoff n°3. La crémerie de Mme Delsalle au n°7, la boucherie Vandecasteele au n°9 et  les établissements Ledoux, également une crémerie, au n°11-13 forment la première partie de la rue. On traverse alors la rue de Bouvines pour passer devant la bonneterie Delmé au n°23, et devant le magasin d’électricité de M.Riysschaert au n°31. Au-delà de l’impasse St Louis, on trouve au n°33 la droguerie de Mme Vandesompèle, au n°61 l’enseigne Roubaix Camping jouets, de M. Deltête, et au n°63 le café Noyelle Meersman. Après la rue de Denain, le laboratoire d’analyses médicales Dhellemes occupe le n°65, la bimbeloterie Au Petit Bonheur de Mme Dubuisson est au n°67, alors qu’au n°67 bis Mme Chuine vend des articles de ménage, puis au n°69 il y a le boucher Goffette, suivi au n°71 de la droguerie Loens.

On passe la rue des Parvenus, et se succèdent alors au n°73 la pâtisserie Bouten, au n°75 le chemisier Jouniaux, au n°77 le libraire Chapelet, au n°81 la mercerie Aux Ciseaux d’Argent, et au n°83 la lingerie Yveline. Nous traversons la rue de Ma Campagne. Là se trouvent au n°85 l’horlogerie Pruvost, au n°97 le garagiste Desodt, au n°99 la bonneterie Hautekiet, au n°103 les jouets de Mme Moura Douglou.

Après la rue de Tunis, le n°109 est inoccupé, mais pas pour longtemps, car le magasin d’articles de ménage Soetens Duyck, déjà installé aux n°111 113 va encore s’agrandir. Au n°115, un boucher hippophagique après lequel il y a au n°117 le magasin d’articles de ménage Delattre, au n°119 les chaussures Spriet, au n°121 la Société Coopérative de l’Union Roubaix Wattrelos, grossiste en vins, au n°123 le libraire Ducourant, et pour finir au n°125 le boulanger Spriet Raepzaedt.

Les numéros pairs commencent par des établissements scolaires. C’est au n°6 qu’on trouve le magasin de poissons exotiques de Mme Minne, au n°12 le coiffeur pour dames Hache, au n°14 le commerce d’alimentation Ogier. Après la rue de la Potennerie, on passe devant le café A Versailles au n°16, le coiffeur Wanin au n°18, l’épicier Van Moer au n°20, le plombier zingueur Delahaye au n°24. Toujours sur le même trottoir, au n°26 Peersmann, confection pour enfants, au n°32 la boulangerie Hottebart, au n°34 le teinturier dégraisseur Anett dont la gérante est Mme Dieussaert, au n°38 l’enseigne Vins fins au détail, dont la gérante est Mme Hespel, au n°42 Bambi, le magasin de confection pour enfants de Mme Blot. Il y a encore au n°44 la bonneterie Vanhoorde Honoré, aux n°48-50 l’horticulteur Deleusière, au n°52 le commerce de beurre et œufs de M. Deleu, au n°54 Winants et Sevin, fabricants de sacs en jute, et Mme Thiry épicier, au n°56 bis le boucher Prinsie, et au n°60-62 les établissements Le Danois, électricité. On traverse la rue de Maubeuge et voici la caisse d’épargne, bureau de la Potennerie au n°62bis, l’électricité générale Nys aux n°66 68, et pour terminer ce tronçon, le boucher Depuydt au n° 72.

 

Il s’agit d’un relevé instantané de l’année 1973, car beaucoup de ces commerces se sont transformés ou ont disparu. Constatons qu’il y a encore une moyenne d’un commerce pour trois maisons d’habitation, et qu’il y en a encore de toutes les sortes : alimentation, confection, habillement, coiffure, articles de ménage…

 

 

Ah, l’Hippodrome Théâtre !

Le 5 novembre 1882, un nouveau théâtre, d’initiative privée, est inauguré, il s’agit de l’Hippodrome Théâtre. Il se trouvait non loin de l’emplacement occupé par l’actuelle tour du Théâtre, à côté de l’Usine Motte Bossut et des bureaux de cette société.

L’Hippodrome Théâtre Collection Médiathèque de Roubaix

Cette salle de spectacle contenait de 1500 à 1800 personnes, avec une scène d’une longueur de 25 mètres. En prolongement de la scène et séparé de cette dernière par un rideau métallique, se trouvait un grand foyer d’artistes utilisable dans les pièces à grand spectacle et au besoin comme salle de concert. Dans la partie des bâtiments affectés à l’Administration, il y avait des magasins de meubles, les bureaux de la Direction et la bibliothèque, les cabinets de coiffure, tailleurs, médecins, machinistes, foyer d’artistes, de choristes, de comparses et les loges d’artistes. Le magasin des décors comprenait un atelier de peinture, situé en dehors du théâtre et relié avec la scène par une galerie. Selon un témoin, la salle possédait sept sorties : trois en façade, deux sur les côtés, et deux à l’arrière qui donnaient dans l’ancienne rue des Longues Haies. La façade, construite quelques années après l’inauguration, était digne de celle de la Scala de Milan : colonnes en onyx du Maroc, statues représentant une danseuse et une jongleuse.

Plan de l’Hippodrome Collection Privée

L’Hippodrome Théâtre, qui avait coûté un million deux cent mille francs de l’époque, était admirablement situé sur un grand boulevard récemment créé et très passant, à deux pas de la Grand Place et de la Place de la Liberté. En effet, en 1882, on vient tout juste de reboucher l’ancienne partie du canal, ce qui procure à la ville une grande voie pénétrante, à la suite du magnifique boulevard de Paris, et du parc de Barbieux en cours de réalisation. L’Hippodrome n’aura d’égal qu’à Paris. Son architecture est remarquable, la disposition de la salle est ingénieuse moitié cirque, moitié théâtre. Ses représentations seront diversifiées, entre opérette et opéra, théâtre dramatique et comédies, vaudevilles et grands drames. Le cirque franco-belge viendra y séjourner au moment de la grande foire. Des meetings politiques, conférences, débats électoraux, s’y dérouleront aussi, devant une salle comble : Marc Sangnier, Jules Guesde, Jean Jaurès, parmi tant d’autres, viendront y prendre la parole. Les roubaisiens étaient un public de mélomanes, et ils  étaient férus de bel canto et d’art lyrique. L’Hippodrome théâtre devint donc une scène d’audience nationale, qui recevait des artistes comme Sarah Bernhardt, Cécile Sorel, Sacha Guitry. De grands musiciens vinrent y conduire des concerts, comme Camille Saint-Saens, Charles Gounod.

Programme Collection Privée

Après la seconde guerre, on tenta de le moderniser, un écran de cinéma y fut installé et l’Hippodrome théâtre devint le Capitole. On y organisa même des combats de catch ! Un dimanche de mai 1957, le rideau du Capitole théâtre tomba définitivement sur les dernières notes des Mousquetaires au Couvent. Dernière représentation, dernier spectacle. L’évolution des mœurs, le tourisme, la télévision, le cinéma ont été cités comme responsables de cette fermeture. Après une carrière longue de 80 ans, était-il impossible de poursuivre, en aménageant ?

Le Capitole Collection Privée

La société Le Capitole est dissoute le 16 avril 1964. Une compagnie d’investissements immobiliers reprend les bâtiments ainsi que le café voisin et cette surface de 2700 m² servira à la construction d’un vaste immeuble, et d’une station service au rez-de-chaussée. Ainsi disparut à jamais un des grands lieux culturels et historiques de Roubaix.

Renault et le carrefour

A côté du café des Arcades s’installe après la première guerre un garage automobile. Il est constitué d’un bâtiment sans étage perpendiculaire au boulevard Gambetta et dont le pignon comporte une grand-porte encadrée de deux fenêtres. La construction se prolonge par un mur longeant le boulevard jusqu’à la propriété suivante. Ce garage a pour propriétaires MM. Dourlens en1922 et Lemaire en 1926. Cette même année les maisons jumelles de mesdames veuve Armand Masson et veuve Motte-Cordonnier voisinent avec le café des arcades du côté de la rue Neuve.

Le garage côté boulevard Gambetta, et les deux maisons jumelles côté rue Neuve-documents médiathèque de Roubaix

 Pourtant, ces deux belles maisons disparaissent en 1930 pour laisser place à la société des automobiles Renault. Cette même société, une fois implantée rue du Maréchal Foch, va faire en sorte de s’agrandir. Elle achète le garage et le terrain qui le jouxte pour s’installer sur le boulevard Gambetta en 1935. Le café des Arcades est maintenant enclavé dans dans l’emprise du garage Renault. Cette situation perdure jusqu’après la guerre (en 1939, on trouve au 55 monsieur Lemoine et le siège social du radio club du Nord de la France).

Le café en 1946-photo Nord Éclair

Mais cette situation ne aurait durer. En effet, en 53, Renault a pris possession du numéro 55 et possède maintenant un ensemble cohérent.. Le café est démoli et le constructeur automobile reconstruit sur l’angle un bâtiment cohérent avec le reste du garage.

Le garage en 1962. Photo Nord Éclair
L’extrémité du garage après 1963-Document collection particulière

La Régie ne s’en tient pas là, et décide de moderniser en 1980 l’aspect et l’organisation intérieure du bâtiment. Elle dépose une demande de permis de construire assorti d’un plan pour ce qui sera l’ultime avatar de la concession.

Le même garage à partir de 1980-document archives municipales

Cet état restera inchangé jusque dans les années 2000 alors que Renault, ayant entre-temps acquis un terrain rue Jean Moulin sur l’ancienne emprise de l’usine Motte, et construit sur une partie de cet espace un garage dédié à l’entretien des véhicules, investit finalement l’ensemble du terrain pour s’y implanter en totalité, quittant alors le coin du boulevard Gambetta. L’ancien bâtiment est alors partiellement démoli et transformé pour une autre utilisation.

Les travaux à la fin des années 2000-Document collection particulière