Football à la Carluyère

J’ai connu Wattrelos bien avant de m’y installer. C’est ainsi qu’en 1975 je me rappelle d’avoir joué au football sur une pâture de la Carluyère avec le FCRoubaix 1974, ainsi nommé car créé la même année. Le siège du club était au café Mouton place Jean Baptiste Clément à Roubaix et il n’y avait pas assez de terrains de football à l’époque sur Roubaix. Le club était récent et commençait à faire ses preuves mais ses demandes de pouvoir bénéficier d’un créneau pour un terrain restaient vaines. Aussi, pour pouvoir évoluer, le Football Club Roubaix 74 dut-il louer une pâture sur Wattrelos et ce fut à deux pas de la ferme de la Carluyère. C’était en 1976, d’après les photos ci-jointes.

Le terrain de la Carluyère au fond la ferme Malvache Photo RmR

Je me rappelle que nous nous sommes apprêtés une fois ou deux dans la bourloire du café en face de l’église, située à quelque distance du terrain. J’ai encore l’image d’un tableau à la gloire de l’équipe de bourleurs qui s’appelait les boxeurs de Beaulieu. Ce vestiaire improvisé n’a pas duré. On s’est ensuite préparé dans les voitures, je ne me souviens plus très bien. Je garde d’excellents souvenirs de cette période où nous consacrions nos dimanches matin à chausser les crampons. Une bonne ambiance régnait dans ce petit club, beaucoup d’entre nous se connaissaient par ailleurs, copains de lycée notamment.

Une autre vue du terrain Photo RmR

Les lieux ont beaucoup changé et certains points de repère ont disparu. On parvenait à notre terrain par la carrière Vanderzippe qui longeait la ferme Malvache qu’on voit sur la photo. Cette ferme a été démolie. La D700 n’avait pas encore été réalisée et cela donnait à l’endroit un parfait air de pleine cambrousse. Aujourd’hui elle a effacé les voies d’accès d’autrefois. Ainsi le souvenir de la bourloire qui se trouvait rue Leruste implique que nous récupérions le sentier de la Martelotte puis la carrière Vanderzippe avant d’arriver au terrain. C’était donc assez loin. On aperçoit sur les photos des voitures stationnées le long de la pelouse et certaines derrière le but !

Le terrain de la Carluyère autre vue Photo RmR

Le terrain était légèrement en pente et orienté plein est : les buts se situaient derrière la ferme Malvache au nord est et de l’autre côté à l’angle formé par la carrière Vanderippe et la rue de la Carluyère au sud est. La pelouse était ainsi entourée de chemin et de fossés. Il semble que cette situation n’ait pas duré au-delà de 1977, car le Président Jacques Plays répondant à une interview dans Nord éclair en février de cette année-là annonçait que le Football club Roubaix 74 jouait désormais au Carihem. Restait encore à conclure des accords pour les terrains d’entraînement. Le club à ce moment comprenait 150 adhérents, quatre équipes de seniors, et une équipe pour chaque tranche d’âge, pupilles, minimes, cadets et juniors. Sans oublier une section cyclotouriste !

Les marcheurs (prologue)

Les roubaisiens sont des marcheurs bien depuis longtemps. Non pas les hauts de forme qui se déplacent en fiacre ou en landau, mais bien les habitants des hameaux qui deviendront des quartiers et qui venant de l’Epeule ou bien du Pile, disaient aller à Roubaix quand ils se rendaient à la Grand Place de la ville. Les ouvriers marcheront beaucoup avant de pouvoir acheter une bicyclette pour aller travailler ici ou là et plus loin encore.

Le sport est né dans l’esprit des gens qui avaient des loisirs, c’est à dire la bourgeoisie ou la petite bourgeoisie du milieu du dix-neuvième siècle. Avant que la marche ne devienne un sport à part entière, elle fut d’abord identifiée à un exercice militaire. Au cours de siècles précédents, combien de fantassins ont constitué les bataillons d’infanterie de l’armée française ?

Après la débâcle de 1870, l’esprit revanchard et patriotique fit de la marche une activité sportive à part entière dans les sociétés agréées par le gouvernement telles que La Roubaisienne ou l’Ancienne. Leur but était de préparer la jeunesse à la guerre. C’étaient des sociétés de gymnastique, de tir et de préparation militaire, dont les imposants défilés mettaient en valeur l’art de marcher au pas, ce qui à n’en pas douter, avait nécessité de longues heures et quelques kilomètres de répétition.

Puis à peine vingt ans plus tard, le sport prit son indépendance, sous la houlette de ces gens qui avaient des loisirs mais voulaient les pratiquer à leur manière, c’est à dire en toute indépendance.

La marche athlétique apparut donc à partir de 1890. Les premières grandes épreuves restaient encore liées au patriotisme, puisqu’on marchait vers l’est. Ainsi Paris Belfort en 1892 et Paris Strasbourg un peu plus tard. Les distances parcourues étaient comparables aux épreuves cyclistes, qu’elles accompagnaient parfois. La presse de l’époque regroupait sous la rubrique sport pédestre marche et course à pied mais les distances parcourues par les marcheurs dépassaient largement le marathon des coureurs à pied, comme en attestaient les 500 kilomètres du Paris Belfort.

Un recensement rapide opéré en 1898 montre que la pratique de la marche à pied est déjà bien implantée et fort répandue. Voici quelques noms de sociétés relevés dans le Journal de Roubaix :

l’union pédestre roubaisienne, le club routier, l’Ancienne pédestre, l’espérance pédestre roubaisienne, l’étoile pédestre roubaisienne, le sport pédestre roubaisien, le club pédestre roubaisien et les trois étoiles de marche. Par recoupement des articles on peut dire que ces sociétés avaient leur siège dans des estaminets situés sur tout le territoire roubaisien, de l’Epeule au Pile, des Longues haies jusqu’à la Potennerie.

Le club pédestre roubaisien tampon doc AmRx

Le grand nombre de sociétés entraîne la création d’une fédération en 1898 : le club routier, l’ancienne pédestre et l’union pédestre roubaisienne ont répondu à l’appel. Trois ans plus tôt, les sociétés vélocipédiques avaient fait de même. L’intérêt est comparable : pouvoir organiser des compétitions plus importantes et reconnues, pouvoir valider des records.

Un record du monde du 100 kms est d’ailleurs établi par Adolphe Delplanque de l’Ancienne Pédestre au Parc de Barbieux en 13 heures 40. Le Beau Jardin restait ainsi le décor d’évolutions sportives sans doute moins dangereuses que la vélocipédie, relogée dans le vélodrome voisin.

Après la création de la fédération, le club routier et le sport pédestre roubaisien adhérent à l’USFSA1.

Le grand événement de l’année reste la création d’un Paris Roubaix à la marche créé en mai 1898 comme attraction des 48 heures cyclistes de Roubaix au vélodrome. L’épreuve se déroule sur les 282 kms de Paris à Roubaix2 et le vainqueur est Constant Ramogé, en moins de 41 heures ! Il avait remporté le premier Paris Belfort de 1892 ! Arrivé à Seclin à 9 heures 30 minutes, on lui annonce que les spectateurs du vélodrome ne l’attendent qu’à 15 heures, alors qu’il pourrait terminer en trois heures. Il a plus de quatre heures d’avance sur son second, aussi il ralentit l’allure et s’arrête même pour se faire raser et changer de chaussures. Il termine ses sept tours de piste dans un grand état de fraîcheur sans aucune trace de fatigue. Il en a profité pour battre le record des 100 kms3.

Il y aura d’autres épreuves comme le circuit des trois villes qui se déroule sur les grands boulevards de Lille Roubaix Tourcoing ou encore des courses de marche athlétique de quartier à Roubaix, comme dans bien d’autres villes du Nord. La recherche continue…

1L’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) est une fédération sportive française omnisports fondée le 20 novembre 1887 à Paris

2Annoncé par le Journal de Roubaix

3D’après le Journal de Roubaix

Edmond Desbonnet à Roubaix

Quand il arrive à Roubaix, Edmond Desbonnet jouit déjà d’une certaine notoriété, comme professeur de culture physique, alimentée par le journal l’Athlète dont il est le rédacteur en chef. Venant de Lille, il gagnera ensuite Paris où il devait trouver la consécration. En attendant, il prospecte à Roubaix pour monter une quatrième école de culture physique.

Edmond Desbonnet à l’âge de 20 ans @ domaine public

Dans son journal, Edmond Desbonnet présente Franz Cyclops de son vrai nom Bienkowsky né à Tomken le 5 juillet 1862, un athlète extraordinaire qui a remporté un énorme succès au cirque royal de Bruxelles. Suit l’énumération de ses prouesses : deux haltères de 115 livres épaulées et poussées en haut des bras, une haltère de 200 livres dévissée d’une main très facilement, une haltère de 200 livres développée à deux mains, cinq fois de suite sans revenir toucher la poitrine. Ajoutés à cela un certain nombre de pièces, chaines, fils de laiton, courroies déchirés ou rompus, et un poids de 25 kg sur une table, soulevé par l’athlète assis le bras tendu jusqu’à hauteur d’épaule. Une véritable bête de foire entre le cirque de Bruxelles et les folies bergères de Paris !

Desbonnet annonce ensuite la soirée du 28 mars 1897 au Club athlétique roubaisien qui offre des primes afin d’attirer les compétiteurs. Arthur Leblond champion du nord pour le caoutchouc dorsal relève le défi. Cyclops sera également de la partie. Mais Desbonnet qualifiera le Cercle athlétique de Roubaix, de simple réunion de jeunes gens présomptueux. En effet, il ne se trouve aucun compétiteur à l’arrivée de Leblond et Cyclops. Leblond essaie l’extenseur roubaisien et le casse en deux. Il confie le sien au champion roubaisien qui ne le bouge pas. Après cette déception concernant le matériel, le lutteur Cyclops ne travaille pas, car il n’y a pas plus de défi que d’argent. Roubaix ne semble pas être à la hauteur.

Edmond Desbonnet écrit une chronique sur les trois célèbres lutteurs Youssouf, Nourouhlat et Kara-Osmann qui viennent en représentation à Lille. Ils ont pour barnum l’ancien athlète lutteur Doublier qui les a engagés à Constantinople. Ils sont turcs. Nouroulhat mesure 2 m et pèse 150 kg, Youssouf 1,86 et 115 kg et Kara-osmann 1,80 et 100kgs. Ce sont des lutteurs aguerris qui passeront par Roubaix à l’hippodrome un peu plus tard. Les turcs sont passés par le Cercle Athlétique Lillois puis sont rentrés à Paris où ils cherchent des engagements. On vend leurs photographies au journal.

Deux mois plus tard, l’attention de Desbonnet est retenue par les animations des cirques à Roubaix, qui en accueille deux à la fois, le cirque Diter et le cirque Lenka. L’athlète Léon Dumont est engagé au cirque Lenka obtient tous les soirs un grand succès. Il affronte quelques amateurs roubaisiens, Quivy, Desnoulez, le grand Jean, dont il est vainqueur. À l’occasion d’une rencontre de lutte au cirque Lenka entre deux roubaisiens Desnoulez et Jean Rousseau, le jury est composé de MM Parent, Desbonnet, Dubois, Février, Allemand, Leleu tous membres du Club Athlétique Lillois. L’enjeu est double, une prime de 100 frs et le titre de champion roubaisien. Les deux adversaires étant brouillés pour raisons privées, il n’y aura pas de compérage entre eux. Desnoulez est un lutteur amateur de première force et Jean Rousseau est le directeur de l’arène athlétique et du club de la rue de Lannoy. Rousseau est vainqueur de Desnoulez par un collier de force. Le frère de Desnoulez monte sur le ring et veut lutter, mais la police l’empoigne et l’expulse. Rousseau est champion de Roubaix 1897.

Le Journal d’Edmond Desbonnet in Gallica

Edmond Desbonnet semble être séduit par l’animation sportive roubaisienne. Il annonce la fête fédérale de gymnastique de Roubaix et publie le programme détaillé du 4 juin au 8 juin. Il signale également la création de la société de sport athlétique « la jeunesse roubaisienne » autorisée à se constituer chez M. Jean Burggrave quai de Rouen à Roubaix, par arrêté préfectoral du 25 juin.

Il consulte un peu les archives et relate dans son n°19 de juillet 1897 le concours athlétique de Mouscron s’étant déroulé le 25 décembre 1894. Y ont été primés les roubaisiens Emile Faucheux pour un épaulé et jeté d’un bras 140 livres, et Nauvelaerts troisieme du même concours.

Dans son N°22 d’ août 1897, Jules Parent et Edmond Desbonnet sont en visite chez les deux nouveaux clubs athlétiques de roubaix, l’un dirigé par Jean Burggrave 10 quai de rouen, et l’autre par M. Vancrayenest rue Philippeville. Ces deux sociétés sont amies et s’entraînent mutuellement. Parmi les athlètes recensés, on trouve les noms suivants : Henri et Jean Desnoulez, Jean Brys, Florentin, Scatteman, Davelos, Wotters, Lafrance, Dekayser, Vermersch, Rousselle.

Le professeur lillois est de plus en plus interessé par la vie sportive roubaisienne, il chronique dans la rubrique sports athlétiques le racing club roubaisien. Il donne le résultat des courses, les noms des racingmen, en tête Catteau, Bonnier, Reheiser, Dancette, Waeles, Vroman, Kaltemback, Loucheur, Kiebbe, Hargrave. Ces courses organisées par le racing club roubaisien se déroulent au vélodrome de Barbieux, et elles cloturent la saison sportive.

Publicité Extraite du Journal l’Athlète

En septembre 1897, Edmond Desbonnet fonde sa quatrième salle de sports à Roubaix. C’est une une école de culture physique super équipée qui compte rapidement trente élèves, et Jules Parent le champion du nord amateur vient y donner des leçons. C’est un club privé qui donne des leçons particulières. On photographie l’adhérent à son arrivée, ses mensurations sont régulièrement prises et reportées sur un registre. L’ouverture de la salle intervient dans les premiers jours d’octobre et son adresse est 28 rue Jeanne d’arc en face les halles. Edmond Desbonnet y transfère le bureau et la rédaction du journal L’athlète. Vingt membres s’y entraînent régulièrement parmi lesquels les sociétaires : Masson, Scrépel, Plateau, Lucien Monet, Desgranges, Vallet, Debryl, Danel, Six, Dubeaurepaire.

La même année, Edmond Desbonnet organise le championnat du monde de force pendant l’exposition internationale de Bruxelles. Le Français Noël Rouveyrolis, dit Noël le Gaulois, y sera sacré champion du monde.

On lira une notice complète sur Edmond Desbonnet sur Wikipédia

Le tournoi du jumelage

Un des points communs entre les quatre villes sœurs de 1969, Bradford, Mönchengladbach, Roubaix et Verviers, c’est à coup sûr un passé, voire un présent footballistique glorieux.

Bradford City Association Football Club Photo NM

Ainsi le Bradford City Association Football Club est un club de football anglais est fondé en 1903. Le club adopte un statut professionnel et rejoint la League la même année. La saison 1910-1911 est la meilleure saison de toute l’histoire du club. Le club termine 5e de la division 1 et, le 26 mai 1911, le club remporte la finale de la Coupe d’Angleterre de football. La période d’après-guerre est particulièrement difficile pour les « bantams ». Lors de la saison 1921-1922, l’équipe est reléguée en division 2. Cinq ans plus tard, le club est relégué en troisième division. Il faudra deux saisons à Bradford pour remonter en division 2. Lors de la saison 1933-1934, ils ratent d’un point une montée en division 1 et finissent par retrouver la division 3, à la suite d’une relégation lors de la saison 1936-1937. Après la seconde guerre mondiale, l’équipe est reléguée en division 4 lors de la saison 1960-1961. La remontée en division 3 est finalement acquise lors de la saison 1968-1969. Bradford reste 3 saisons en division 3 avant de redescendre à l’échelon inférieur, en 1972.

Borussia Mönchengladbach Photo NM

Le Borussia Mönchengladbach est fondé le 1er août 1900 et le premier nom du club est le Fussballklub Borussia 1900. Le club accède à la plus haute division de l’époque en 1912 et devient champion d’Allemagne en 1920. Le Borussia intègre la deuxième division en 1949 et monte en première division de l’Allemagne de l’ouest l’année suivante. En août 1960, le club remporte la Coupe d’Allemagne de football face à Karlsruher SC (3-2). L’année suivante le Borussia devient le premier club allemand à participer à la nouvelle Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe, éliminés par les Glasgow Rangers en quart de finale. En 1965, le club accède au nouveau championnat d’Allemagne professionnel, la Bundesliga. Dans les années 1970, le Borussia devient l’une des figures de proue du football allemand. Le 31 octobre 1969, il occupe pour la première fois la tête du championnat. Il est encore aujourd’hui le deuxième club à avoir occupé le plus le haut du tableau après le Bayern Munich. Le 30 avril 1970 les « poulains » s’adjugent leur premier titre de champion. L’année suivante le Borussia remporte une nouvelle fois le championnat devant le Bayern Munich et devient alors le premier club à remporter deux fois de suite le championnat. Par la suite le Borussia continue à dominer le championnat tout en se distinguant sur la scène européenne. En 1972-1973 le club remporte la coupe d’Allemagne face à Cologne et atteint la finale de la coupe de l’UEFA où il s’incline face à Liverpool.

Le C.O.R.T Photo NM

Il n’y a plus vraiment de grand club de football à Roubaix. Le Racing Club de Roubaix né en 1895 a fusionné avec le Stade Roubaisien né en 1896 pour former le Racing Stade de Roubaix en 1963. L’année suivante, le nouveau club organise le tournoi international junior qui sera un rendez vous régulier pour les amateurs de ballon rond jusqu’en 1985. Après la seconde guerre, le CORT qui regroupe le RC Roubaix, l’Excelsior AC et l’US Tourcoing, est soutenu par l’industrie textile locale. Il termine troisième pour sa première saison, puis remporte le titre de champion de France dès la saison suivante, en 1946-1947. Mais il ne peut éviter la relégation en Division 2 à l’issue de la saison 1954-1955, et abandonne le statut professionnel en 1963. Les heures de gloire sont donc bien passées.

Royal Cercle Sportif Verviétois Photo NM

Verviers entre en football au cours de l’année 1896, initiée par un sud africain de passage, M. Scott Lane. Fondé le 18 octobre 1896, le Royal Cercle Sportif Verviétois fait partie des dix premiers clubs belges et il joue au stade de l’Ile Adam à Lambermont. Il fait partie des dix plus vieux cercles de football de Belgique. Le club a disputé 102 saisons dans les séries nationales, ce qui en fait le sixième club à avoir disputé le plus de championnats nationaux en Belgique. Surnommés « les Béliers », en référence au passé riche en industrie lainière de la région, les joueurs de ce club évoluent en vert et blanc, couleurs de la ville de Verviers. En 1897, ils s’affilient à l’Union Belge des Sociétés de Sports Athlétiques sous le nom de Verviers Football Club. En 1903 , c’est la fusion avec le Stade Wallon pour former le Club sportif Vervietois. En 1925, après l’obtention du titre de Société Royale, changement de dénomination : le Club sportif Vervietois devient le Royal Club sportif Vervietois et reçoit l’année suivante le matricule 8. Le club fut deux fois champion de Division 2 en 1925 et 1956 et une fois champion de Division 3 en 1948.

Les blasons des quatre équipes

Si l’on résume les forces en présence, Bradford présente donc une équipe de 4e division anglaise, Mönchengladbach est venu avec une sélection amateur des différents clubs de la ville, afin d’éviter un tournoi déséquilibré (dixit la presse), Roubaix « renforce » le CORT avec des professionnels comme Roger Boury (ex RC Lens et CORT, retraité depuis 1958, André Betta et Pierre Michelin deux ex Cortistes encore en activité dans le championnat professionnel) et Verviers présente une équipe de division 2 belge.

Le tournoi se déroule les 7 et 8 juin 1969 au Parc des Sports et met en présence les sélections de chaque ville. Les premiers matches opposent le RCS Verviers au FC Bradford et Mönchengladbach au CORT. Les anglais et les roubaisiens remportent leur match. C’est Pierre Michelin, lociste à l’époque, qui inscrit le but permettant à Roubaix de battre Bradford en finale.

Le 56ème Tour de France part de Roubaix

Le logo tour ville 1969 Photo NE

Roubaix, qui a déjà été Ville Étape 14 fois, est retenue pour être Ville Départ de la Grande Boucle pour la première fois, et la dernière à ce jour, de son histoire. L’accueil du Tour va nécessiter plusieurs mois de préparatifs. La Ville va notamment mettre à la disposition des organisateurs l’immense salle de tissage ainsi que les bâtiments annexes de l’usine Huet, boulevard Leclerc, désaffectée depuis cinq ans. Les services municipaux s’activent pour débarrasser le sol d’une épaisse couche de cambouis, nettoyer et repeindre les locaux et remettre à neuf les sanitaires. Des élèves du Collège d’Enseignement Technique du Bd de Lyon apportent leur concours en particulier pour la décoration. Une vaste salle de presse équipée de 10 lignes téléphoniques et de 8 téléscripteurs y est aménagée. Dès le lundi 23 juin, l’État Major du Tour prend possession des lieux, bientôt rejoint par les 370 véhicules et les 1400 personnes de l’organisation. Le stock de matériel comprend entre autres 2200 maillots, 2500 bidons et 2500 musettes.

Premier jour

Les festivités commencent le vendredi 27 juin 1969. Divers stands des partenaires du Tour et de firmes participantes à la caravane publicitaire sont installés boulevard Gambetta et proposent des jeux concours et des démonstrations de 17 h à 20 h 30.

A partir de 20 h 30, le podium d’Europe 1 installé sur la Grand Place offre un spectacle de variétés. Alain Barrière, les Frères Ennemis et Annie Fratellini s’y produisent. Un film reportage sur les préparatifs du Tour est ensuite projeté sur grand écran et la soirée se termine par un bal animé par l’orchestre de l’accordéoniste Raymond Boisserie.

Deuxième jour

Le samedi 28 juin, une réunion d’attente est organisée par le jeune Vélo Club de Roubaix sur la piste du vélodrome. Les deux grands « pistards » français Trentin et Morelon ainsi que le français Roger Desmaret, lauréat du récent Paris Roubaix Amateurs, affrontent des champions hollandais, belges, allemands, anglais et régionaux.

Le départ du contre la montre Photo NE

A 17 h est donné le départ du prologue du Tour. Il s’agit d’un contre la montre individuel. Les 130 engagés s’élancent de minute en minute depuis l’avenue Van der Meersch sur un circuit de 10 kms 400 qui emprunte les avenues Salengro, Motte, Delory, Le Nôtre. Le retour s’effectue par la rue Verte, les avenues Delory et Motte. L’arrivée est jugée sur l’anneau du vélodrome. Chaque coureur est suivi par une voiture de directeur sportif sur laquelle est apposée une pancarte avec son nom. Les milliers de spectateurs peuvent ainsi découvrir chaque concurrent et même le voir passer deux fois en se plaçant habilement sur ce parcours, au demeurant valorisant pour la Ville. Nombreux étaient ceux qui s’attendaient à une victoire d’Eddy Merckx. C’est Rudy Altig qui lui brûle la politesse pour 7 secondes et qui portera donc le premier maillot jaune de cette édition. Le soir, les animations reprennent sur la Grand Place et le film de l’étape du jour est diffusé.

Troisième jour

Présentation des équipes Photo AmRx

Le dimanche 29 juin, les cérémonies solennelles de départ commencent à 9 h au vélodrome avec la présentation des équipes. A 9 h 50, Victor Provo, Maire de Roubaix, coupe le ruban et donne le départ fictif de cette étape qui conduira les coureurs à Woluwe-Saint Pierre en Belgique. Après un itinéraire de 6,700 kms dans les rue de la ville, le départ réel est donné place Charles Louis Spriet direction Toufflers et la frontière. La fête est terminée…

Médaille du tour pour Roubaix Photo AmRx

La Ville de Roubaix est récompensée pour l’organisation sans faille de l’évènement par la Médaille de Reconnaissance du Tour remise par son Directeur Général, Jacques Goddet, à Victor Provo Maire de Roubaix.

Michel Bernard vainqueur à Roubaix en 1960

 

Michel Bernard en pleine action au parc municipal des sports de Roubaix Photo NE

En février 1960, Michel Bernard s’aligne au départ du cross du Racing Club de Roubaix patronné par Nord éclair. L’organisation est confiée àMM Masse, Moerman, Stevens et Quero du RCR aidés par MM Bolle etDepinoy de la LFA (ligue française d’athlétisme). C’est une jolie promotion pour le vieux club roubaisien omnisports car Michel Bernard est la vedette de l’athlétisme français et il se prépare activement à participer aux jeux olympiques qui se déroulent à Rome. Un bon millier de curieux est donc venu assister au parc municipal des sports à la participation du champion de France  à cette épreuve.  Le départ est donné et trois hommes prennent rapidement la tête : Michel Bernard, le tourquennois Wagnon et le liévinois Caillerets. Le champion de France accélère la cadence et termine avec une minute et trente secondes d’avance. Ses deux compagnons d’échappée se disputent la seconde place qui revient finalement à Caillerets.

Bien entouré après son arrivée Photo NE

À l’issue de la course, Michel Bernard est interrogé sur sa participation future au National pour lequel il réserve encore sa réponse. C’est l’année des jeux olympiques de Rome. Michel Bernard pense d’abord à sa préparation physique, il ne faut pas risquer une blessure ! L’année suivante, Bernard reviendra à Roubaix pour remporter pour la deuxième fois le cross du Racing Club de Roubaix.

Michel Bernard est un des leaders de l’athlétisme français des années 50-60, finaliste olympique du 1500 m et du 5000 m (7e) aux JO de Rome en1960. Son ami et concurrent Michel Jazy est médaillé d’or sur 1500 m. Quatre ans plus tard à Tokyo, Michel Bernard obtient son meilleur résultat olympique avec une sixième place au 1500 m. Président de la FFA de 1985 à 1987, fondateur du meeting en salle de Liévin, Michel Bernard s’est éteint le 14 février 2019 à Anzin.

 

 

Constant Niedergang

 

Constant Niedergang doc Gallica.BNF

Constant Niedergang est né rue St Étienne à Roubaix le 15 septembre 1884, de parents d’origine alsacienne. Il s’essaie à la compétition cycliste en amateur dès 1902 alors qu’il exerce la profession de cocher, il l’est toujours lors de son mariage en 1907. Il effectue son service militaire en 1904.

Constant Niedergang est d’abord un pistard et il se fait remarquer sur les différents vélodromes de la région. Il passe professionnel en 1905 et court en individuel jusqu’en 1910 où il intègre le team Automoto jusqu’en 1914. Il côtoiera ainsi de grands champions comme Maurice Léturgie, François Faber, Georges Passerieu, Lucien Petit-Breton et Louis Trousselier. Il participe au Paris Roubaix de 1911 et se classe huitième, puis il fait deuxième au Bol d’Or, importante épreuve de course sur piste parisienne. Il participe également au Tour de France de 1911 à 1913 mais il abandonne à chaque fois. L’effort trop intense et les fréquentes chutes font qu’il se retire de la grande épreuve.

Sa carrière cycliste se termine avec la première guerre. Mobilisé, il termine le grand conflit au grade d’adjudant, avec la Croix de Guerre et trois citations. Il s’installera comme agent des cycles Marchand dans un magasin situé 69 rue de l’Alma. Il est décédé à Roubaix le 19 mars 1973.

 

L’homme d’un seul tour ?

Louis Pennequin

On ne sait pas grand-chose de Louis Pennequin, sinon qu’il est né à Roubaix en 1883 d’un père marchand de légumes rue de la Paix à Roubaix. Il s’engage dans l’armée en 1901 et la quitte en 1903, son père étant décédé. Il exerce la profession de sellier, puis il est marchand de charbons au moment de son mariage à Tourcoing en 1904.

 Il est mentionné au départ de la course des quatre heures du parc des sports des quatre villes en juin 1910, puis il est engagé dans le Tour de France avec le dossard 166. Alors que le Tour n’est pas encore terminé, une souscription populaire est lancée par le Nord Touriste afin de préparer un accueil aux deux « Tour de France » roubaisiens que sont Crupelandt et Pennequin. Les deux champions sont associés pour l’accueil qui leur est fait dès le mardi soir à la gare puis à la mairie. Une réception sera donnée au 8 rue du grand chemin, local du Vélo Club Lion de Roubaix Tourcoing et leurs cantons.

Crupelandt a brillé en remportant la première étape et s’est mis en évidence dans les étapes de montagne. Pennequin roule en tant qu’individuel, au sein de la catégorie « isolés ». Il est victime d’un accident de machine pendant l’étape Luchon Bayonne, ce qui fait qu’il ne pourra plus figurer dans le classement. Mais il n’aura pas passé la montagne en vain. Il a tenu à terminer le tour, en parcourant les cinq dernières étapes avec un courage qui mérite tous les éloges. Pour cet exploit, il sera associé à Charles Crupelandt dans l’hommage que rendirent les roubaisiens à leurs deux « Tour de France ».

Le Taureau du Nord

Lorsque Charles Crupelandt effectue son service militaire en 1907, sa fiche militaire indique déjà comme profession «vélocipédiste». Car ce jeune homme aux cheveux châtains et aux yeux gris bleu a commencé une carrière de coureur cycliste depuis 1904. Il court tantôt avec des sponsors, tels la marque Radiator, ou les cycles La Française,ou en individuel, le reste du temps. Ses premiers résultats sont discrets, mais en progression constante : en 1904, il se classe 13ede Paris-Roubaix, en 1905 5e de Bruxelles-Roubaix, en 1906 6e de Paris-Tourcoing, et en 1907 1er des 24 heures d’Anvers, 1er des 8heures d’Andrimont, 2e de Paris-Bruxelles. Il court autant sur route que sur les pistes des vélodromes. En 1907, il effectue donc son service militaire pendant deux ans et revient à la vie civile en septembre 1909, soldat de 1ère classe, avec un certificat de bonne conduite, et un brevet de vélocipédiste dûment délivré par l’autorité militaire, suite à une épreuve effectuée le 23septembre 1909.

Charles Crupelandt photo JdeRx

Sa carrière reprend de plus belle. Chaque année, de 1910 à 1914, il est désormais sponsorisé : en 1910 la marque Le Globe Dunlop et les cycles Depas ; de 1911-1913, les cycles La Française Diamant et en 1914 La Française Hutchinson. En 1910, le jeune champion gagne une étape du Tour  de France qui se déroule entre Paris et Roubaix. Il gagnera deux étapes lors du Tour de France 1911, ce qui lui vaudra d’être accueilli à Roubaix par une foule dense et d’être reçu à l’Hôtel de ville de Roubaix. Son palmarès s’étoffe : en 1910, il se classe deuxième de Bruxelles-Roubaix, et cinquième de Paris-Roubaix, entre autres nombreuses places d’honneur. En 1911, il remporte la course Paris-Menin, fait troisième de Paris-Bruxelles, et quatrième des 24 Heures de Buffalo, le célèbre vélodrome parisien.

Vainqueur d’une étape du Tour 1910 à Roubaix Photo JdeRx

En 1912, consécration, il remporte son premier Paris-Roubaix en dominant au sprint Gustave Garrigou Il participe à des classiques italiennes, comme le tour de Lombardie ou Milan San Remo. En 1913, il gagne la classique Paris-Tours, fait troisième du Championnat de France, troisième de Paris-Roubaix, troisième de Paris-Bruxelles et s’illustre sur les pistes des vélodromes de Paris et de Roubaix. En 1914, il est au sommet de sa forme, c’est sa meilleure saison : il est sacré champion de France à Rambouillet, il gagne Paris-Roubaix pour la seconde fois, il est premier des 24 heures d’Anvers, troisième de Milan-San Remo. Pendant toutes ces années, le Tour de France, créé en 1903, ne lui aura pas vraiment souri. Il est forfait en 1904, il abandonne en 1906 et en 1907. Mais en 1910, il finit à la sixième place du classement, après s’être octroyé la première étape, Paris Roubaix ! En 1911, il prend la quatrième place au classement général, après avoir remporté la quatrième étape, Belfort-Chamonix, et la septième étape, Nice Marseille. Il abandonnera les trois années suivantes. À la fois pistard et routard, Charles Crupelandt se situait parmi les meilleurs coureurs cyclistes français de l’époque, tels Lapize et Fabert.

Crupelandt champion de France Coll Particulière

Le 2août 1914, c’est la mobilisation générale, et Charles Crupelandt rejoint dès le lendemain le 13e régiment d’artillerie. En 1915,on lui décerne la Croix de guerre pour faits de bravoure. Mais il a été gravement blessé par deux fois : fracture ouverte de la clavicule et perte des deux premières phalanges à l’index et au médius de la main droite. La guerre a-t-elle détruit l’homme ? Il est condamné par le conseil de guerre en 1916 pour vol, est gracié en 1917. Il travaille alors au dépôt des métallurgistes à Paris, puis à Courbevoie où il apprendra le métier d’ajusteur. Le 15 avril 1918, il est intégré au 1er régiment de zouaves. A nouveau condamné pour vol en février 1919, il écope de deux ans de prison. En 1921, il est de retour à Roubaix, et veut reprendre la compétition cycliste. Mais à la différence de l’armée en 1916, l’Union vélocipédique de France ne lui trouvera pas de circonstances atténuantes, et refusera de lui délivrer une licence. Suspendu à vie, Charles Crupelandt ne disputera plus que des courses de seconde zone au sein d’une fédération dissidente, la Société des courses. Crupelandt se reconvertit à Roubaix dans la vente de vélos puis y tient un bistrot. Il meurt à Roubaix, amputé des deux jambes et quasiment aveugle, le 18 février 1955.

Jean Marcelli

D’origine courtraisienne et arrivée à Roubaix au milieu du XIXe siècle, la famille Marcelli est d’abord une famille de bouchers. Comme son oncle et son père, Jean Marcelli, né en 1881, est destiné à reprendre le flambeau. Sa fiche militaire le présente comme tel en 1901. Il semble avoir suivi une formation à Bruxelles où il habite quelque temps. Mais il est aussi décrit comme mécanicien en cycles et il a déjà à son actif le titre de champion du nord.

Jean Marcelli pistard roubaisien

Jean Marcelli est décrit comme un gaillard d’un mètre soixante seize,aux yeux gris, atteint d’une forte myopie. Il est toujours boucher, rue du Pile, quand il se marie en novembre 1903, mais deux ans plus tard, il apparaît comme cycliste professionnel et en 1906, il reprend le magasin de cycles concessionnaire de la marque « la Française » au 107 de la rue de la Gare et il abandonne le métier de boucher, s’adonnant ainsi à sa passion. Son cousin et homonyme fera de même, mais pour une autre passion : étant violoniste, il deviendra marchand de pianos dans la rue du Bois. Jean Marcelli est décrit comme un gaillard d’un mètre soixante seize,aux yeux gris, atteint d’une forte myopie. Il est toujours boucher,rue du Pile quand il se marie en novembre 1903, mais deux ans plus tard, il apparaît comme cycliste professionnel et en 1906, il reprend le magasin de cycles concessionnaire de la marque « la Française » au 107 de la rue de la Gare et il abandonne le métier de boucher, s’adonnant ainsi à sa passion. Son cousin et homonyme fera de même, mais pour une autre passion : étant violoniste, il deviendra marchand de pianos dans la rue du Bois.

Jean Marcelli en 1911

Jean Marcelli est plutôt un pistard, plus à l’aise sur les vélodromes que sur les routes.  Sa carrière professionnelle se déroule de 1905 à 1913. Parmi ses nombreuses victoires dont l’inventaire reste à faire, il remporte une régionale professionnelle en 1907, à nouveau le championnat du nord sur la piste du vélodrome de Barbieux en octobre 1908. Il va régulièrement s’illustrer dans les courses de vitesse sur piste au vélodrome de Roubaix ou au vélodrome des quatre villes à Wattrelos. Comme beaucoup de marchand de cycles, il deviendra négociant en cycles et automobiles, toujours au 107 rue de la Gare.

Concessionnaire automobile en 1914

Les illustrations sont extraites des pages du Journal de Roubaix