Les banques de l’avenue Jean Lebas (Suite 3)

A la même époque, une nouvelle banque s’installe à l’entrée de la rue au n°2, dans un bâtiment ayant hébergé plusieurs commerces tels qu’ un ancien magasin de droguerie et l’entreprise Cuisinier Motte et Cie. Il s’agit de la Banque Industrielle et Commerciale du Nord qui y reste jusque dans les années 1960.

Magasin de droguerie et entreprise Cuisinier Motte au début du siècle (Documents collection privée)
Carte postale des années 1930 et 1950 avec la banque (Documents collection privée)

En 1966, la BICN entreprend de gros travaux, aménageant un entresol sur une partie du rez-de-chaussée et effectuant la modification de toute la façade de l’immeuble. Les baies vitrées sont élargies et des chassis en aluminium oxydé sont posés. Par ailleurs, une ossature secondaire en acier est installée sur toute la hauteur de la façade jusqu’au chéneau et le piliers de tôle d’aluminium oxydé ou de pâte de verre de couleur blanche.

Les croquis de la nouvelle façade Grand Place et avenue Jean Lebas (Documents archives municipales)

La Banque Populaire Industrielle et Commerciale de la Banlieue Nord de Paris a été créée dans la capitale en 1922 et deviendra ensuite la Banque Populaire de la Région Nord de Paris. C’est d’ailleurs la Banque Populaire du Nord que l’on retrouve au n° 2 avenue Jean Lebas juste avant le rachat de l’immeuble par Nord-Eclair. A cette époque le magnifique immeuble investi par la banque dans les années 1930 est déjà défiguré depuis plus de 20 ans par les plaques blanches qui en recouvrent l’architecture d’origine.

La banque dans les années 1960 (Document Nord-Eclair)
Rachat de l’immeuble par Nord-Eclair (Document Nord-Eclair)
Immeuble occupé par Nord-Eclair dans les années 1980 (Document archives municipales)

Au départ de Nord-Eclair dans les années 2000, l’immeuble est investi par les sociétés Arcadim puis Square Habitat qui l’occupe encore de nos jours sans que des modifications notables y aient été apportées depuis les années 1960. Il s’agit d’un exemple supplémentaire des dégâts causés aux superbes immeubles de l’avenue au nom de la modernité.

Arcadim en 2014 puis Square Habitat en 2023 (Documents Google Maps)

Installation après les années 1950

Dans les années 1970, la banque Worms investit un immeuble longtemps occupé par une entreprise textile spécialisée dans les laines : Henri Ternynck et Fils. L’immeuble situé au coin de la rue l’Hospice est très vaste et d’une architecture assez remarquable.

Les Ets Ternynck en 1917 et Publicité des années 40-50 (Document collection privée)
Publicité de l’année 1975 de la banque Worms et flamme d’oblitération de l’année 1984 (Document Ravet-Anceau et collection privée)

L’immeuble est occupé 20 ans plus tard par les assurances AGF puis par Meilleur Taux.com avant qu’un cabinet d’avocats : Lexao ne prenne leur place. L’édifice quant à lui n’a pas changé si ce n’est une restauration qui a permis de redonner à l’immeuble un aspect prestigieux que l’usure du temps lui avait fait perdre.

Publicité des assurances AGF en 1995 (Document Nord-Eclair)
Photographie de l’immeuble en 2016 et 2023 (Documents Google Maps)

Le n°61 de l’avenue abrite quant à lui la Barclays Bank au début des années 1980 après avoir hébergé pendant plus de trente un fabricant de tissus : A. Parent-Clavière. En 1982 la banque rénove la façade sans toutefois lui apporter de modification trop importante ni dénaturer l’immeuble d’origine. Elle rénove également la partie arrière du bâtiment donnant sur la rue de l’Espérance.

Papier à en-tête des années 1930 du fabricant Parent-Clavière (Document collection privée)
La banque au début des années 1980 la façade et l’arrière du bâtiment (Documents archives municipales)
Croquis des rénovations du bâtiment à l’avant et à l’arrière (Documents archives municipales)

La Barclays Bank dans les années 1990 (Document archives municipales)

Puis après 1993, les assurances Masurel s’y installent jusqu’à la fin des années 2000. Depuis l’immeuble a été rénové et a retrouvé sa splendeur d’antan, devenant un cabinet d’avocats.

Assurances Masurel en 2008 et cabinet d’avocats en 2023 (Documents Google Maps)

Enfin, en 1988, au n°70 de la rue, au coin de la rue Nationale, s’installe le Crédit Agricole. Ce numéro a longtemps abrité un négoce de laines : Wenz et Cie, mais en 1968 le majestueux immeuble datant du début du siècle a été démoli pour laisser la place à la Résidence de l’Hermitage, laquelle a hébergé au rez-de-chaussée une station essence Elf, puis une agence de voyages : Wagons-Lits Cook.

L’ancien immeuble abritant les lainages Wenz et Cie (Documents collection privée)
Croquis du nouvel immeuble (Documents archives municipales)
L’immeuble dans les années 1980 avant l’emménagement de la banque (Document archives municipales)
Publicité des Wagons-Lits Cook (Document collection privée)

Implanté depuis 1965 rue du Vieil Abreuvoir, l’établissement bancaire inaugure donc ses nouveaux locaux dans la Résidence de l’Hermitage en juillet 1988 « afin d’améliorer la qualité de l’accueil et les services rendus à une clientèle sans cesse croissante ». Une réception accueillant de nombreuses personnalités roubaisiennes est donnée à cette occasion.

Inauguration de la nouvelle agence roubaisienne (Document Nord-Eclair)

Après le départ de l’établissement bancaire, le bâtiment abrite un service d’aide à domicile Home puis Optimhome toujours en place à ce jour. En 2022, l’immeuble vieillissant s’offrira un ravalement de façade.

La résidence de l’Hermitage dans les années 2000 (Documents archives municipales)
La résidence de l’Hermitage en 2017 et 2022 (Documents Google Maps)

Dans les années 1990, les majestueuses façades des bâtiments de l’avenue Jean Lebas, abîmées par le temps, la pollution et le manque d’entretien commencent à être ravalées. On choisit alors la couleur pour les mettre en valeur et redonner de l’harmonie à une avenue où se mêlent bâtiments anciens et modernes. Les architectes remettent ainsi en valeur les façades de l’avenue et leurs détails architecturaux. Le slogan «Roubaix, les couleurs du futur» est à cette époque en lien direct avec ce renouvellement urbain.

Mais ces immeubles n’abritent plus les mêmes activités car les entreprises textiles ont disparu en grand nombre et les banques elles aussi ont déserté ces grands édifices au profit le plus souvent de bâtiments plus modestes quand elles n’ont pas tout simplement fermé leurs portes.

A ce jour, des établissements bancaires historiques de la rue seuls demeurent au n°1 HSBC (anciennement Crédit Commercial de France), au n°19 LCL (anciennement crédit Lyonnais) et au n°33 CIC (anciennement Banque Scalbert ). L’ancienne avenue des banques est redevenue une rue aux activités beaucoup plus éclectiques.

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ESMOD ( suite )

Vu le développement de l’école ESMOD, le manque de place commence à se faire cruellement sentir. La décision de l’agrandir est prise en 2010. Les locaux doublent de surface, l’extension de 1400 m2 va presque permettre d’atteindre les 4000 m2 au total. Le bâtiment respecte les nouvelles normes BBC Bâtiment Basse Consommation et les architectes Laure Pauchet et Michel Naete signent un dessin résolument contemporain. En effet, greffée à l’hôtel particulier, l’extension s’élève sur toute la hauteur de sa façade arrière et s’appuie sur le pignon, à la place de la cour, des ateliers et du jardin.

Les projets ( documents archives municipales )
Photo en 2008 avant travaux ( document archives municipales )
Photo des travaux en 2011 ( document archives municipales )
Photo à la fin des travaux ( document archives municipales )

Le parti architectural choisi est le pli et la transparence : la toiture prend la forme d’une tôle plissée, la façade est vitrée et cette paroi de verre laisse apparaître un vaste volume porté par des poteaux. L’extension héberge l’entrée principale, des salles de cours, une salle modulable, un espace repas et une bibliothèque.

L’inauguration a lieu en Juin 2012, en présence de Pierre Dubois, maire, de Satoru Nino, président d’ESMOD International, et de Philippe Zmirou, directeur d’Esmod Roubaix

documents Nord Eclair

« C’est le mariage entre modernité et tradition », explique Satoru Nino, lors de l’inauguration. Il salue l’extension de l’école roubaisienne, l’une des vingt-quatre du groupe, réparties dans quatorze pays.

Mr Satoru Nino ( document ESMOD )

« Quel chemin parcouru depuis 1994 ! confirme Philippe Zmirou. Quand ESMOD a ouvert à Roubaix, nous n’occupions que le dernier étage du bâtiment : deux salles seulement. Nous sommes passés à presque 4.000 m² de locaux.

Philippe Zmirou ( document ESMOD )

Cette extension marque la volonté de mélanger le passé et le futur. Il y a beaucoup plus d’espace, de lumière. Pour être le plus créatif possible. Avec cette grande baie vitrée, c’est une vitrine ouverte sur Roubaix et sur la création. Car plus qu’une simple extension, cet agrandissement permet d’accueillir convenablement 220 élèves, et d’affermir la position d’ESMOD Roubaix dans le monde de la création. C’est une grande référence. Esmod l’est déjà aux quatre coins de la planète. Nos étudiants de Roubaix sont de futurs professionnels pour la région. Le 15 Juin, comme chaque année, le défilé ESMOD Roubaix sera un événement majeur. Nous accueillerons presque 1 800 personnes : un défilé que nous souhaitons offrir au grand public ».

Le défilé a lieu à la salle Watremez. Il a pour thème : la nature. Les mannequins apparaissent donc, d’une forêt enchantée, dans laquelle les mannequins déambulent, dans des tenues originales.

Fashion show 15 Juin 2012 salle Watremez ( document bnr )
document Nord Eclair
document Nord Eclair

ESMOD propose également des cours par l’ISEM (Institut Supérieur Européen de la Mode). L’école accueille cette spécialisation ( qui existe depuis trente ans à Paris ) dans les métiers du marketing et de la communication. Un peu comme une école de commerce mais qui se consacre exclusivement à la mode et au textile. « C’était une demande des entreprises du nord de la France qui éprouvent des difficultés à recruter des chefs de produit », détaille Philippe Zmirou. Ainsi, nos étudiants, en Fashion Design  et en Fashion Business, évoluent chaque jour, dans des espaces qui répondent à l’ensemble de leurs besoins.

En 2015, le développement de l’école, et l’accroissement important du nombre d’étudiants, nécessitent un agrandissement des locaux de l’ESMOD ISEM.

Cela passe par une extension et restructuration de l’école existante et la création d’une nouvelle entrée qui permet de rendre l’école accessible à tous. De même, les aménagements de l’extension permettent l’accessibilité à tous les niveaux du bâtiment.

L’école ESMOD s’est donc à nouveau agrandie et ce à peine quatre ans après avoir déjà poussé les murs. « Nous nous sommes aperçus que l’on manquait de place pour mieux accueillir les étudiants ; ils n’étaient pas à l’aise pour créer, constate Philippe Zmirou, le directeur. Car boulevard Leclerc, l’établissement héberge de plus en plus de jeunes : ils sont près de 300, désormais, à suivre le cursus de créateur d’ESMOD »

avant travaux ( document archives municipales )
l’extension en 2015 ( document archives municipales )

ESMOD France est aujourd’hui reconnue par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI). Dans une interview avec la Voix du Nord Philippe Zmirou déclare : « Notre philosophie, c’est d’exporter le savoir-faire via la formation : Faire rayonner la technicité française »

La ville est-elle définitivement tournée vers l’avenir ? « Sans aucun doute, Nous avons la chance d’être dans une ville qui a su se réinventer avec la Maison de la mode, le Musée de la piscine, Esmod, le CETI… etc »

Qu’est ce qui attire les étudiants à Roubaix particulièrement ? L’histoire textile de la ville, incontestablement. Il y a autant de talents à Roubaix qu’à Paris. »

Qu’est-ce qu’on apprend exactement dans cette école ? « Esmod propose deux filières. La première s’adresse à ceux qui veulent se spécialiser dans l’univers du stylisme-modélisme. La seconde filière, plus récente, s’ouvre à ceux qui veulent devenir acheteur, communicant, chef de produit. Ces deux formations s’étalent sur trois ans. »

document Esmod
Guillaume Delbarre et Philippe Zmirou, salle Watremez en 2021 ( document Nord Eclair )

Remerciements aux archives municipales.

Les banques de l’avenue Jean Lebas (Suite 2)

Enfin au n°80 de l’avenue se situe la Banque Nationale de Crédit dont le siège social est également à Paris mais qui compte 450 succursales et agences en France. Elle est installée dans un joli petit immeuble cossu.

Publicité de la Banque Nationale de Crédit en 1914, en-tête d’enveloppe des années 1920 (Documents Ravet-Anceau et collection privée)
Façade de l’établissement en 1910 (Document collection privée)

Dans les années 1930, la banque y est remplacée par la société d’assurances : André Piat et fils. Puis, l’immeuble, qui n’a pas été sensiblement modifié abrite, dans les années 1980, un Espace Ressources Jeunes et enfin, dans les années 2000, un magasin de mode avant d’héberger un salon de coiffure.

En-tête de courrier d’André Piat et fils en 1938 et publicité de 1954 (Documents collection privée et Nord-Eclair)
Publicité de 1989 et photographie de la façade de l’Espace Ressources Jeunes dans les années 1980 (Documents Nord-Eclair et archives municipales)
Façade du magasin de mode en 2008 et du salon de coiffure en 2014 (Documents Google Maps)

Pour être tout à fait complet il reste à citer l’immeuble voisin qui au début du 20ème siècle abrite la Banque Albert Perier, fondée en 1903, laquelle y a installé son siège social tandis qu’elle a d’autres maisons à Cambrai, Saint-Omer et Dunkerque, ainsi que de l’autre côté de la frontière belge.

En 1914, elle a laissé la place à la Banque du Nord et de l’Est, d’après le Ravet-Anceau, et en 1928, on ne trouve plus trace d’établissement bancaire à cette adresse et c’est un drapier qui y est installé. Aujourd’hui, le bâtiment, comme son voisin, abrite un salon de coiffure.

Publicité de la banque Albert Perier (Document collection privée)
Photographie de la façade en 2022 (Document Google Maps)

Installation dans les années 1920-1930

Ce n’est que dans les années 1920 qu’une banque s’installe au n°1 de l’avenue de la Gare, à savoir le Crédit Commercial de France en lieu et place du Café Hôtel Moderne qui depuis le début du siècle faisait le coin de la nouvelle avenue et de la rue Saint-Georges (actuelle rue du Général Sarrail).

Publicité et carte postale du Café Hôtel Moderne (Documents collection privée)
Publicité de 1928 pour le CCF (Document Ravet-Anceau)
L’immeuble du CCF dans les années 20 (Document collection privée)

Dans les années 1960, l’entrée de l’agence est modifiée pour se faire dorénavant avenue Jean Lebas et des modifications des baies en façade sont faites en même temps ainsi que quelques changements à l’intérieur du bâtiment tels qu’un nouvel escalier et l’aménagement d’un logement de concierge au 1er étage.

Ces travaux seront suivis d’autres aménagements intérieurs nécessités par l’obligation d’agrandir les locaux. Sera ainsi aménagé le premier étage pour y installer divers services et créé un niveau interlédiaire sous forme d’une mezzanine donnant sur le hall du public. A cette occasion la façade du rez-de-chaussée sera modernisée et celle des étages ravalée et l’entrée sera à nouveau prévue à l’angle de l’immeuble.

Le croquis de la façade en 1972 (Document archives municipales)

Dans les années 1970 et 1980, l’agence bancaire organise des expositions culturelles comme celle du peintre Abel Leblanc en 1974 mais aussi une exposition de la vente à distance en 1987 en collaboration avec les entreprises roubaisiennes de ce « nouvel art de vivre ». L’immeuble du CCF, imposant, n’a pas changé depuis ses débuts roubaisiens et sa façade est particulièrement bien entretenue.

Les expositions de 1974 et 1987 au CCF (Documents Nord-Eclair)
Photographie du CCF dans les années 1980 puis 1990 (Document archives municipales)

Depuis le rachat par My Money Group de la marque CCF en 2000, et la disparition de celle-ci 5 ans plus tard, seule l’enseigne sur le bâtiment a changé pour devenir HSBC. L’immeuble, qui n’a connu que 2 types d’activités depuis sa construction, est resté presque inchangé depuis celle-ci.

Logos successifs du CCF et d’HSBC, façade extérieure et accueil de l’agence (Documents site web)

A quelques mètres plus loin mais de l’autre côté de l’avenue, dans les années 1920 on trouve la Lloyds & National Provincial Foreign Bank Limited, au n° 20. Il s’agit d’un immeuble prestigieux, le plus élevé de la rue, qui couvre les n°20 et 22 de l’avenue, le fameux Grand-Hôtel se situant au n°22. La banque anglaise y est encore répertoriée au milieu des années 1970.

Carte postale représentant la façade de l’immeuble dans les années 1920 et carte de la Lloyds envoyée en 1931 (Documents collection privée)

Puis à la fin des années 1980, les anciens locaux de la banque, restés un temps à louer, hébergent un magasin Z de vente de prêt à porter pour enfants. Mais dès 1991, l’Hôtel Altea, auparavant PLM ETAP et à l’origine Grand Hôtel, profite de son départ en raison d’un bail non renouvelé pour récupérer la totalité de sa devanture. Les nouveaux associés comptent redonner tout son caractère au bâtiment et en restaurer le prestige.

Locaux à louer en 1986 puis occupés par le magasin Z qui quitte les lieux en 1991 (Documents archives municipales et Nord-Eclair)
La future façade de l’Hôtel Altea remodelée en croquis et les nouveaux associés de la société hôtelière lilloise, l’acquéreur (Documents Nord-Eclair)

Aujourd’hui l’immeuble abrite toujours un hôtel Mercure rénové depuis plus de 10 ans. L’ancien Grand-Hôtel a gardé ses hauts plafonds moulés, ses verrières nordistes et son parquet récupéré de la Samaritaine. Le restaurant nommé le Vieil Abreuvoir a un cachet inégalable et sert du fait maison à partir de produits régionaux.

La façade du Grand-Hôtel en 2022 et l’intérieur (Documents Google Maps et site web)

Beaucoup plus loin vers la gare au n°86, dans un immeuble relativement modeste pour la rue, qui abritait auparavant un drapier, on trouve la Banque Robert dans les années 1920. Il s’agit de la succursale d’une banque parisienne qui s’occupe exclusivement d’opérations de bourse, de paiement de coupons, d’émission et de placement de titres et enfin de location de coffres-forts.

Mais en 1926, le directeur de la banque parisienne, André Robert, est mis en état d’arrestation pour abus de confiance et ordre est reçu, dans la succursale roubaisienne, de cesser tous paiements et toutes opérations financières et de liquider le travail administratif. L’établissement devrait être mis sous scellés d’après la presse locale.

La Banque Robert en 1926 (Document Journal de Roubaix)

Dans les années 1930, l’immeuble héberge un marchand de tissus puis d’autres commerces. Dans les années 1950, 1960 et 1970 il abrite, avec le bâtiment voisin du 84, à nouveau un marchand de tissus René Aron, puis un soldeur et une entreprise de travail temporaire. Enfin dans les années 2000, le Pôle 86 puis une société de traitement des eaux s’y installent.

Ets René Aron 84-86 avenue Jean Lebas (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

Garage de la Grand Place

Michel Maerens, né en 1928, assureur à Hazebrouck et son épouse Jeanine, décident de créer leur petite entreprise. Un ami qui vient d’ouvrir un garage sur Lille avec location de places de parking, leur propose de faire la même chose. L’idée leur paraît intéressante. Le père de Michel, Alidor Maerens, l’aide à monter un dossier financier. Il ne lui reste plus qu’à trouver l’emplacement idéal. L’occasion se présente au début de l’année 1954, lorsque le bâtiment d’une entreprise située au 25 de la Grand Place à Roubaix, est à vendre. C’était auparavant le siège de l’entreprise Desfontaines, un grossiste en épicerie implanté depuis le début des années 1900.

L’immeuble de 4 niveaux ( de 125 m2 chacun ) se situe donc en plein centre ville. Au rez de chaussée, se trouve le magasin, à l’arrière une immense cour n’est pas utilisée à part un local réservé à la torréfaction de cafés en grains. Les 2° 3° et 4° étages sont réservés à l’habitation. La surface totale du terrain est de 1282 m2.

La façade Desfontaines au début des années 1950 ( document J. Maerens )
Plan cadastral

L’acte de vente est signé rapidement. Michel Maerens et son père déposent un permis pour la démolition du local dans la cour et pour la construction, sur la totalité de celle-ci, d’un garage couvert pour automobiles avec un étage et une rampe d’accès ainsi qu’un permis pour la transformation des deux baies vitrées en façade.

Les entreprises choisies sont : Degallaix, 23 rue du Cateau, pour le gros-oeuvre, et Browaeys, 14 rue Boucicaut, pour la charpente métallique. Les travaux vont bon train, durant toute l’année 1954.

Travaux dans une partie de la cour ( document J. Maerens )
Les ouvriers de l’entreprise Degallaix au travail ( document J. Maerens )

Michel Maerens et son épouse ont également prévu d’implanter au rez de chaussée un pont pour l’entretien de graissage-vidange des automobiles, ainsi qu’une piste de lavage et bien sûr, trois pompes en façade, dont une double, pour la vente de carburants : essence, super et gas-oil, avec une citerne enterrée de 25.000 litres. La marque choisie est ANTAR.

le pont et la piste de lavage ( document J. Maerens )
la façade extérieure ( document J. Maerens )

Le 1° Février 1955, c’est enfin l’ouverture du garage, par un froid glacial qui détruit une partie du carrelage fraîchement posé ! Le succès est au rendez vous très rapidement. A cette époque la Grand Place comporte de très nombreuses places de parking ( gratuites ) mais les 150 places proposées à la clientèle en location longue durée font le bonheur des nombreux commerçants du centre ville qui souhaitent garer leur automobile dans un garage qui leur garantit la sécurité.

Publicité ouverture Février 1955 ( document J. Maerens )

Michel et Jeanine Maerens communiquent par la publicité, pour inciter les particuliers à déposer leur véhicule pour l’entretien ( lavage, graissage et vidange ) pendant leurs achats chez les commerçants du centre ville.

Publicité ( document Nord Eclair )
Michel à gauche, Jeanine à droite et une amie au centre ( document J. Maerens )

Le succès est tel que le couple Maerens décide, dès 1960, d’agrandir en construisant un deuxième niveau pour augmenter le nombre de places de parking disponibles. Plus de 200 emplacements sont maintenant proposés à la clientèle. Les fidèles entreprises roubaisiennes Degallaix et Browaeys sont appelées pour exécuter les travaux pour la surélévation par un plancher supplémentaire.

le 3° niveau sous la charpente 1960 ( documents J. Maerens )

Michel Maerens continue à investir dans son entreprise. Il change les pompes à essence, pour la troisième fois, pour des appareils plus modernes et décide également des travaux pour la réfection de la toiture en 1976.

les nouvelles pompes à essence ( document J. Maerens )

( documents archives municipales )

Michel décède malheureusement en 1978, à l’âge de 50 ans. Jeanine continue seule l’activité, aidé occasionnellement par son fils Philippe. Huit années plus tard, en 1986, Jeanine arrête la distribution de carburants, supprime les pompes à essence et cesse toute activité d’entretien des véhicules. Elle ne se consacre alors plus qu’à la location des places de parking , et loue le rez de chaussée à l’assureur Dussaussoy

La façade à la fin des années 1980 ( document archives municipales )

En 1998, Jeanine, à 66 ans, décide de prendre une retraite bien méritée. Son fils Philippe ne souhaite pas continuer l’activité car il s’est dirigé vers une autre orientation professionnelle. L’immeuble est alors cédé à un groupe de 4 associés qui vont continuer l’activité de location de places de parking et transformer les 4 niveaux en bureaux et commerces en location,

La façade en 1999 ( document archives municipales )

vue aérienne et façade actuelles ( document Google Maps et photo BT )

Remerciements à Jeanine Maerens ainsi qu’aux archives municipales

Les banques de l’avenue Jean Lebas (Suite 1)

Plus loin vers la gare, au n°22-24 de l’avenue, se trouve le Crédit du Nord, qui traite toutes opérations de banque et de fonds publics. Cette banque a son siège social à Lille, une succursale à Roubaix et des comptoirs à Croix et Lannoy.

Publicités du Crédit du Nord au n°22 de l’avenue Jean Lebas en 1914 (Document Ravet-Anceau et collection privée)

L’immeuble, qui abritait auparavant l’entreprise de broderies artistiques de Mme Fievet Mille, est alors bien intégré dans l’architecture générale de la rue comme on peut le voir sur une photo de la presse locale. Il est en effet dans un style conforme à tous les magnifiques bâtiments qui la bordent.

Publicités de Mme Fievet Mille et façade du Crédit du Nord dans l’immeuble d’origine au n°24 (Document Nord-Eclair)
Croquis et plans du rez-de-chaussée avant et après 1959 (Documents archives municipales)

Pourtant, en 1959, le Crédit du Nord cède aux sirènes de la modernisation et construit, en lieu et place de l’ancien immeuble, et après avoir racheté et démoli les maisons voisines, un horrible bâtiment à la façade bétonnée qui défigure l’ensemble de la rue.

Une photo de 1989 montre ainsi clairement le contraste entre le Crédit du Nord et l’immeuble voisin d’origine. C’est à cette même adresse que la banque demeure jusqu’à la fin des années 2000. Puis le bâtiment reste inoccupé avant d’accueillir un club sportif à l’enseigne Basic Fit.

Publicités du crédit du Nord en 1947, 1968 et 1975 (Documents Ravet-Anceau)
La façade du n°24 en 1989, 2008 et 2023 (Documents archives municipales et Google Maps)

En retraversant l’avenue on arrive au n°33 immeuble de caractère où se situe dès les années 1910 la Banque Scalbert. C’ est un établissement du Nord de la France fondé par Auguste Scalbert qui fusionne en 1976 avec la banque Dupont fondée dans le nord par Louis Dupont. La Scalbert-Dupont compte alors 154 agences.

La banque Scalbert en 1910 (Document BNR)
Publicités de la banque (Documents collection privée et Nord-Eclair)

En 2006, la Scalbert-Dupont est absorbée par le groupe CIC (Nord-Ouest) qui, dès les années 1920, avait pris une participation dans chacune des 2 banques nordistes d’origine. Depuis 1910, la façade de l’immeuble n’a guère changé si ce n’est la disparition des 2 colonnes d’origine encadrant l’entrée et supportant la grille, toutes deux disparues.

Façade de la Scalbert-Dupont dans les années 1970 et de nos jours (Document archives municipales et Google Maps)
Publicité de la Scalbert-Dupont groupe CIC (Document collection privée)

En remontant encore l’avenue vers la gare, sur le trottoir d’en face, on trouve un autre exemple du même ordre avec la Société Générale installée au n°40. Cette agence, qui a également des bureaux à Tourcoing et Croix, fait aussi escompte et opérations de bourses, et possède un service de coffres-forts. Elle a investi un magnifique immeuble de caractère comme le montrent deux cartes postales du début du siècle.

Publicités d’époque de la Société Générale (Documents collection privée)
Cartes postales de la façade initiale (Documents collection privée)

Comme le Crédit du Nord cependant, l’agence a elle aussi recours à une modernisation de sa façade en 1961 après rachat du 38 bis. Si les étages ne sont pas touchés le rez-de-chaussée est quant à lui bétonné. Ses publicités se modernisent également au fil du temps. En 1981, un guichet automatique très novateur est installé dans le passage menant à la rue Nain afin que la clientèle puisse y effectuer ses retraits sans descendre de voiture.

 

Croquis ancienne et nouvelle façade (Document archives municipales)
Le nouvel immeuble dans les années 1980 (Document archives municipales)
Publicités de 1928, 1965 et 1975 (Documents Ravet-Anceau et collection privée)
Installation du guichet automatique en 1981 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 2010, l’agence roubaisienne de la société générale quitte l’avenue Jean Lebas pour gagner des locaux plus petits, lumineux et modernes, construits en lieu et place d’une institution roubaisienne à savoir le Palais du Vêtement, sur la Grand Place de Roubaix. Sa nouvelle adresse devient le 1-3 Grande Rue à Roubaix. Quant au n°40 avenue Jean Lebas, il abritera après quelques temps divers cabinets médicaux.

La Société Générale avenue Jean Lebas en 2013 et 1-3 Grande Rue actuellement (Documents Google Maps)

En remontant encore vers la gare, un autre édifice abrite une banque dès le début du siècle. Il s’agit du n° 57-59, immeuble de style, et du Comptoir National d’ Escompte de Paris dont le siège se situe dans la capitale et qui possède également une agence à Tourcoing. Cette banque propose toutes opérations de banque et de bourse.

La façade du Comptoir National d’Escompte de Paris (Document collection privée)
Publicités de 1928 et 1955 (Documents Ravet-Anceau)

En 1962, le Comptoir dépose une demande de permis en mairie pour transformation et aménagement d’un immeuble à usage de banque. Il s’agit alors d’une mise en conformité du bâtiment existant aux normes d’hygiène et de sécurité, notamment avec l’installation d’une sortie de secours sur la rue de l’Espérance. Le plan joint à la demande donne une idée de l’aménagement intérieur du rez-de-chaussée où le public est reçu.

Plan joint à la demande de permis de construire (Document archives municipales)

Dans les années 1970, l’enseigne change car la  Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI) et le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP) ont fusionné en 1966 et c’est donc la Banque Nationale de Paris qui est installée dans les lieux, comme le montrent une publicité de 1975 et une photographie du bâtiment à l’époque.

Publicités de 1975 et 1979 et photographie d’époque (Documents Ravet-Anceau, Nord-Eclair et Archives Municipales)

Puis dans les années 1980, après le départ de la banque au n° 24 de la Grand’Place, l’immeuble est occupé par la compagnie d’assurances AGF. De nos jours c’est le groupe Gesco qui est installé dans les lieux et il est à noter que contrairement aux établissements bancaires précédemment cités, la façade de l’immeuble du 57-59 n’a pas connu de modification notable et a donc gardé son cachet d’origine.

Les assurances AGF : installation et photographie des années 1980 (Documents Nord-Eclair et archives municipales)
Photographie de Gesco en 2022 (Document Nord-Eclair et Google Maps)

A suivre…

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

ESMOD

En 1841, Alexis Lavigne maître-tailleur, puis tailleur-amazonier de l’impératrice Eugénie, publie ses premières méthodes de coupe et ouvre une école pour l’enseignement des métiers de la mode : le Cours Lavigne à Paris, qui deviendra 150 ans plus tard ESMOD, Ecole supérieure de Stylisme et de Modélisme, qui deviendra plus tard l’Ecole Supérieure des arts et des techniques de la Mode.

Alexis Lavigne ( document ESMOD )

Après les écoles créées à Paris, Bordeaux, Lyon, Rennes, ESMOD décide en 1993, de s’implanter à Roubaix. La ville n’a pas été choisie au hasard. En effet, ainsi que les deux directrices Mmes Paule Douarinou et Annette Goldstein le précisent : Roubaix a toujours été tourné vers le textile, la mode et l’innovation, la ville se trouve à un carrefour européen avec les pays du Nord, et accueille des grands groupes de distribution moderne et de vente par correspondance.

plan cadastral

Reste à trouver un endroit pour l’implantation de l’école. Le choix se fait sur un magnifique bâtiment, un endroit qui séduit à la fois la direction, les enseignants et les étudiants, et qui, de surcroît a du caractère : le 27 boulevard Leclerc.

vue aérienne Bardahl ( document archives municipales )

Cette magnifique maison de maître était précédemment le siège de l’entreprise Bardahl France ( voir sur notre site, un précédent article édité et intitulé : Bardahl ) et auparavant occupé par les établissements Paul Bonte et cie ( négoce de laines ).

documents archives municipales

L’architecte Philippe Alexandre se charge de réhabiliter l’immeuble. Le premier bâtiment sera occupé par une salle de cours, les magnifiques charpentes seront préservées et sauvées, car menacées par la mérule, et un podium arrondi sera installé pour les défilés de mode, équipement indispensable pour une telle école.

documents Nord Eclair

Sur le côté on aménage des bureaux, une salle de cours et une tissuthèque. Dans la cour, se trouve un vaste hangar dont la structure est saine, mais il faudra certainement le détruire car il ne correspond pas aux besoins de l’école et cela pourrait constituer une réserve foncière pour un prochain agrandissement.

René Vandierendonck, premier adjoint au maire, ne manque pas d’idées pour tout ce qui touche à ce quartier situé à deux pas de l’Eurotéléport, de l’IUT, et au cœur d’un vrai pôle universitaire.

document Nord Eclair

Mardi 15 Février 1994, une réunion se déroule en Mairie ; une table ronde-information sur « la mode, ses métiers, son avenir » avec la participation de Elisabeth de Senneville, styliste créateur, de Paule Douarninou et Annette Goldstein, directrices d’ESMOD international, de Jacques Bonte, historien de l’industrie textile du Nord de la France, de Jean Duforest président de Camaïeu, et de René Vandierendonck.

document Nord Eclair

Après la réunion de travail, où on prépare l’ouverture d’ESMOD Roubaix pour la rentrée de Septembre, à 19h30, se déroule un défilé de mode à la Mairie par les élèves de 3° année d’ESMOD Paris, et ensuite, c’est la fête ! Les étudiants costumés donnent de sacrées couleurs à l’intérieur et l’extérieur de l’Hôtel de Ville pour un carnaval débridé.

document Nord Eclair
Défilé à la mairie en Février 1994 ( documents Nord Eclair )

En Octobre 1994, c’est l’inauguration, en présence de Mr le maire, René Vandierendonck, des deux directrices d’Esmod Mmes Douarinou et Goldstein qui sont venues de Paris pour cet événement, ainsi que de 22 élèves, de leurs parents et des professeurs

Les nouveaux locaux sont flambant neufs, et sentent encore la peinture fraîche. On n’a pas mégoté sur les travaux pour que les lieux soient vraiment à la hauteur de la réputation de l’école

Inauguration Octobre 1994 ( documents Nord Eclair )

L’ESMOD se développe de façon importante à la fin des années 1990 . Chaque année au mois de Juin, est organisé un défilé de mode, réalisé par les étudiants(tes) de l’école. Chacun peut assister au spectacle et le défilé est gratuit pour les professionnels mais également pour le grand public sur réservation.

document archives municipales

« Les premières années, les défilés avaient lieu à l’hôtel de ville, précise Philippe Zmirou, le nouveau directeur d’ESMOD. Les professionnels étaient très impressionnés par la beauté des lieux et le majestueux escalier. J’avais envie de rendre le défilé accessible au public. « Ça va déclencher des émeutes, vous êtes à Roubaix! », m’avait-on dit. Finalement, je suis allé jusqu’au bout de mon idée et tout s’est bien déroulé. »

Les années suivantes, les défilés ont lieu dans des endroits différents : le parc de Barbieux, la manufacture des Flandres et très souvent la salle Watremez.

document archives municipales
document archives municipales

à suivre . . .

Remerciements aux archives municipales

Les banques de l’avenue Jean Lebas

La rue de la Gare est percée en 1882, en vue de relier directement la Grand’Place à une nouvelle gare de voyageurs, l’ancienne ne correspondant plus à l’importance qu’a pris la ville de Roubaix. L’année suivante, l’avenue de la Gare est viabilisée et reçoit un revêtement de pavés. Dès 1885, des constructions s’élèvent et la nouvelle avenue est rapidement bordée d’immeubles.

La nouvelle gare située à son extrémité est ouverte en 1888. En 1927, l’avenue reçoit un nouveau pavage à l’occasion du renouvellement des voies de tramway. Vingt ans plus tard, le conseil municipal décidera de lui donner le nom de Jean Lebas et une nouvelle vingtaine d’années plus tard un petit terre-plein central séparera les voies de circulation.

Percement de la rue en 1882 et vue générale de la rue au début du vingtième siècle (Documents BNR)

Installation fin dix-neuvième et début vingtième siècle

Dès la fin du 19ème siècle l’avenue de la gare devient rapidement l’adresse de prestigieux immeubles commerciaux, d’entreprises textiles et de maisons de banque. Parmi les premières banques à s’y installer on compte au n°6 le Comptoir de Change de Roubaix-Tourcoing, et M.Naessens et G. Martin, spécialisés en placements boursiers. M. Naessens y est encore répertorié en 1937 mais aucun établissement bancaire n’y figure plus après-guerre.

Publicités du comptoir des changes et de M. Naessens et G. Martin (Documents collection privée)

Se succéderont ensuite à cette prestigieuse adresse des commerces comme les marchands de chaussures Deflou dans les années 1950 et Papillon-Bonte dans les années 1960. Cette enseigne de renommée y restera durant une quarantaine d’années. A ce jour c’est un magasin de chaussures et maroquinerie à l’enseigne Cheryl qui a investi le rez-de-chaussée. Sur une carte postale représentant un jour de festival en 1910 on distingue clairement l’élégant immeuble qui a toujours le même cachet en 1997 et en 2023.

Gros plan d’une CPA de 1910, puis photos de 1997 et 2023 (Documents BNR et Google Maps)

A peu près en face, à la même époque, dans un immeuble beaucoup plus étroit au n° 9 se situe l’agence d’A.Moret et Cie, également spécialisée dans les placements boursiers. A la fin des années 1920, l’établissement est géré par R. Mangin et le reste jusqu’à la moitié des années 1970.

Publicité de 1955 des Ets Mangin (Document Nord-Eclair)

En 1973, la banque fait les gros titres de la presse locale, lorsqu’un convoyeur de fonds se fait braquer en pleine après-midi et se fait arracher sa serviette pleine de billets qu’il amenait dans une autre banque située à quelques mètres de là de l’autre côté de l’avenue.

Braquage d’un convoyeur de fonds en 1973 (Document Nord-Eclair)

Dans la 2ème partie des années 1970, l’établissement change d’enseigne et devient la société de Banque du Nord. A cette occasion la façade du bel immeuble, comme tant d’autres, est « défigurée » au rez-de-chaussée, au nom de la modernisation. La nouvelle agence se veut claire, moderne et avenante ce que démontre la photo de l’accueil.

Croquis de l’ancienne façade et de la nouvelle en 1974 (Document archives municipales)

Façade et accueil intérieur en 1975 (Document Nord-Eclair)

Puis, dans les années 1990, une agence de travail temporaire, la Solerim, prend possession des lieux avant de céder la place 10 ans plus tard au salon de coiffure de Roseliz Cromphout. La façade du salon de coiffure s’intègre à nouveau mieux dans l’architecture ancienne de l’immeuble et l’intérieur revendique élégance, classe et ambiance zen. Aujourd’hui un salon de coiffure occupe toujours les lieux.

La Solerim en 1990 (Document Nord-Eclair)
Le salon de coiffure des années 2000 et celui d’aujourd’hui (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Quelques mètres plus loin s’installe au n°15-17 le Crédit Lyonnais dans un magnifique immeuble qu’il quitte 20 ans plus tard. En effet, dès 1937, le Comptoir Lainier Roubaisien s’installe au 15 et J.Florin, courtier en laine, au 17. Par la suite l’immeuble sera occupé par le drapier Hallynck puis par une agence de publicité Caribou avant de devenir un cabinet d’avocats puis un centre d’affaires.

La façade du Crédit Lyonnais au 15-17 et une publicité de 1928 (Document BNR et Ravet-Anceau)
La façade du Caribou, du cabinet d’avocats puis du Centre d’Affaires l’Arche (Documents Google Maps)

Quant à la banque, elle emménage alors dans l’immeuble voisin, au 19, où se trouvait auparavant la maison de vente de la chocolaterie confiserie L’Herbier-Bernaert. L’immeuble de caractère est beaucoup moins large en façade mais beaucoup plus profond. Dans les années 1950, le parking de la direction se trouve rue du Général Sarrail et 10 ans plus tard le Centre Administratif Régional du Crédit Lyonnais se trouve du 20 au 34 de cette rue, à l’arrière du bâtiment de l’avenue Jean Lebas.

Publicité de la chocolaterie au début du siècle et photo de la façade en 1963 (Document collection privée et Nord-Eclair)
Publicités du Crédit Lyonnais en 1937, 1955, 1968 et 1975 (Documents Ravet-Anceau)
Plan du bâtiment et photographie du CAR dans les années 1960 plus photo de l’intérieur au service informatique (Documents archives municipales et collection privée)

Dans les années 1990 la façade de l’immeuble avenue Jean Lebas n’a pas changé comme en témoigne la photo ci-dessous. 15 ans plus tard la marque siglée jusqu’alors CL devient LCL suite à un rapprochement entre Crédit Lyonnais et Crédit Agricole. C’est dès lors ce nouveau sigle qui orne la façade.

Façade du crédit Lyonnais dans les années 1990 et en 2022 (Document archives municipales et Google Maps)
Photographies de l’intérieur (Documents site web)

A suivre…

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

Les potages Dulfrance

Pierre Caulliez crée en 1939, les laboratoires Dulfrance, au 230 rue d’Alger, dans une partie de l’entreprise des rubans Gallant. Pierre produit des farines alimentaires ( aliments pour bébés ) sous la marque Dulcia.

Publicité des laboratoires Dulfrance ( document collection privée )

Les débuts sont difficiles, en 1939, mais dès la fin du deuxième conflit mondial, les affaires démarrent enfin. A la fin des années 1940, Pierre Caulliez développe l’activité de farines alimentaires et commence à s’intéresser aux produits déshydratés, et en particulier les potages et sauces.

Buvard ( document collection privée )

En 1955, les locaux de la rue d’Alger sont désormais trop petits mais l’entreprise Dulfrance a la possibilité de reprendre un très grand local au 56 de la rue des Sept Ponts. C’était auparavant, l’atelier de fabrication des meubles De Beyne ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé De Beyne ).

le 56 rue des Sept Ponts ( document collection privée )

L’entreprise de Pierre Caulliez emploie 10 personnes pour fabriquer et commercialiser ses produits déshydratés. La concurrence sur le marché est féroce, car de grands groupes alimentaires sont implantés avec de très grandes marques : Royco, Knorr et Maggi.

document archives municipales

Pierre commence sérieusement à penser à l’exportation pour ses produits. Antoine Caulliez vient aider son père, au sein de l’entreprise Dulfrance. Dans les années 1970, Antoine attaque avec succès l’exportation vers l’Afrique, l’Amérique du sud, le moyen-Orient. Ensuite au début des années 1980, il songe sérieusement à s’implanter aux Etats-Unis, aidé et conseillé par la COFACE ( Compagnie Française d’Assurances du Commerce Extérieur ). Puis, Stéphane ( le fils d’Antoine ) entre dans l’entreprise pour aider son père.

document archives municipales
Antoine et Stéphane Caulliez ( document Nord Eclair )
documents Nord Eclair et collection privée

Antoine et Stéphane mettent au point une gamme de 9 potages et 6 sauces déshydratées, sous sachets traduits en anglais et en bilingue pour le Canada. Ils recrutent un agent pour la commercialisation de leur gamme de produits. Le succès est immédiat : deux ans après le démarrage, Dulfrance dispose désormais de 7 importateurs sur les USA et le Canada et dix containers ont été expédiés soit plus d’un million de sachets vendus.

En 1987, Antoine et Stéphane commencent à s’attaquer à de nouveaux marchés, tels que l’Australie et la Nouvelle Zélande à l’exportation et, pour la France, les collectivités, hôpitaux, restaurants d’entreprises, cafétérias, tous très concernés par les produits déshydratés. Dulfrance produit alors des conditionnements adaptés, des paquets cartonnés qui permettent de fabriquer 12 litres de potage.

document collection privée

Le succès de cette petite entreprise roubaisienne est d’autant plus surprenant qu’elle ne compte que 10 personnes ! Antoine et Stéphane s’expliquent : En effet, c’est que les ingrédients déshydratés ne sont pas fabriqués sur place. Nous les recevons séparément, nous les mélangeons selon nos propres recettes, et nous les conditionnons sur des machines automatiques, ce qui explique qu’il nous faut très peu de personnel. Outre le mélange, les emballages sont conçus à Roubaix, ainsi que toute la stratégie commerciale. Notre atout c’est justement notre petite taille, qui nous permet une grande souplesse et une rapidité d’adaptation.

documents Nord Eclair 2003

En Août 2003, un incendie se déclare dans l’entreprise Dulfrance. Les pompiers arrivent sur place avec quelques difficultés de circulation, puisque c’est le jour de la braderie du quartier ! Une bouteille de gaz est certainement à l’origine du sinistre. Les secours maîtrisent rapidement l’incendie. Le bâtiment de stockage de marchandises est fortement endommagé.

L’entreprise Bati-Techni-Concept reconstruit, en 2004, un nouvel entrepôt de stockage, qui a l’avantage d’avoir des liaisons directes avec les différentes parties de l’entreprise, améliorant ainsi, les conditions de travail du personnel.

document archives municipales 2004

En 2015, Dulfrance se rapproche de Nutridry, un groupe alimentaire de 5 entreprises spécialisées dans les produits déshydratés. La fabrication des potages Dulfrance se fait désormais dans les locaux Nutridry à Lezennes, rue Paul Langevin.

document collection privée

Dulfrance ferme ses portes le 24 Juillet 2015. Depuis 2016, le bâtiment du 56 de la rue des Sept Ponts est occupé par La Croix Rouge Française.

documents collection privée et Nord Eclair 2016

Remerciements aux archives municipales

L’incendie de « La Lainière » en 1960

Samedi 16 Janvier 1960 à 13h40, un incendie se déclenche dans un vaste bâtiment de 3 étages ( appelé La Cave Lepoutre ) de 8000 m2 à La Lainière de Roubaix. Dans ce vaste local sont stockés 400 tonnes de fils de laine avant pelotonnage.

Alertés par les systèmes performants de sécurité de l’usine, les ouvriers sur place préviennent les pompiers de Roubaix et de Tourcoing qui arrivent sur place rapidement et découvrent des flammes, certes, mais surtout une épaisse fumée qui se dégage des matières entreposées et qui gênent l’approche du foyer.

document Nord Eclair sur 8 colonnes, dimanche 17 Janvier 1960

Pour essayer de dissiper cette épaisse fumée, les pompiers brisent les vitres de l’immeuble et déversent des tonnes d’eau, mais, cette eau, au contact du feu et du sol brûlant, forme à son tour une vapeur, ce qui rend impossible toute visibilité ainsi que de pénétrer à l’intérieur de l’entrepôt.

document archives municipales

Vers 19h les pompiers appellent leurs collègues de Lille en renfort. Le feu est toujours intense et les bandes de béton qui soutiennent les fenêtres des étages commencent à fondre. Les sauveteurs commencent à être inquiets. A 20h15, la nef centrale s’écroule et trois explosions retentissent, provoquées certainement par des bonbonnes de produits chimiques utilisés en teinturerie. Un pan de mur s’écroule à son tour dans un fracas épouvantable.

document archives municipales

Les personnalités arrivent dont le préfet Mr Hirsch, et Mr Midol, l’un des directeurs de La Lainière, qui précise : la « Cave Lepoutre » n’est pas une cave mais un entrepôt de stockage de 100m de long sur 80m de large sur 3 niveaux, et qui comprend un atelier de pelotonnage, une teinturerie sur écheveaux mais également une imprimerie et un laboratoire photo.

document archives municipales

Vers 20h30 la cave Lepoutre s’embrase complètement. Il s’agit alors pour les pompiers d’épargner impérativement le reste des bâtiments de l’usine pour éviter un désastre complet.

Jean Prouvost et l’un de ses directeurs sur les lieux du sinistre ( document Nord Eclair )

Jean Prouvost en déplacement à Paris arrive dans la nuit de samedi à Dimanche. Les pompiers luttent toute la nuit à la lueur des projecteurs, et au petit matin, arrivent enfin à maîtriser le sinistre. Il va falloir plusieurs jours avant de pouvoir pénétrer dans le bâtiment.

300 personnes travaillent dans la cave Lepoutre, mais compte tenu du « roulement des équipes » ce sont 700 personnes qui sont touchées par cette tragédie. Mr Nicod, directeur du personnel, s’engage à recaser provisoirement l’ensemble des salariés concernés dans d’autres ateliers et services de l’usine.

Le lendemain, dans la presse locale, la direction demande expressément au personnel concerné de ne pas venir au travail, et déclare que les dispositions sont prises pour que toutes les personnes soient reclassées dans d’autres services de l’entreprise. Il n’y aura donc pas de chômage technique.

document Nord Eclair

Le lundi matin, le bilan est lourd : une dizaine de pompiers intoxiqués sont hospitalisés, l’entrepôt est détruit, 400 tonnes de laine sont parties en fumée, 150 machines sont détruites, et 700 personnes travaillant sur cette partie de l’usine sont concernées.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Le feu est enfin complètement maîtrisé le lundi en début d’après midi. Les dégâts sont colossaux ; il ne reste plus de la cave Lepoutre que des décombres.

document collection privée

Certes, ce bâtiment ne représente qu’une partie modeste de l’ensemble de la Lainière ( le rectangle rouge sur la photo ci-dessus ), mais la totalité de l’activité de l’usine sera forcement perturbée par la disparition de certains rouages importants, tel le pelotonnage, par exemple.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Il est donc essentiel de reconstruire rapidement cette partie de l’entreprise. Le mercredi matin, on commence déjà à déblayer les tonnes de gravats, les architectes sont déjà à pied d’oeuvre pour commencer à établir leurs plans de reconstruction.

document Nord Eclair

En 1961, un an après, une ossature se dresse sur le terrain où la cave Lepoutre a brûlé. En attendant la reconstruction complète, et grâce à la solidarité patronale, la Lainière assure son rythme de production. Les 5.000 ouvriers et employés de l’entreprise peuvent désormais assurer leurs fonctions à la Lainière.

Remerciements aux archives municipales.

Du roller-skate chez Cabour

En 1981, la municipalité décide qu’une partie de la Grand rue ( entre la Grand Place et la place de la Liberté ) va devenir piétonnier.

document Nord Eclair

Ce grand changement satisfait bon nombre de commerçants. Par contre, supprimer la circulation des voitures peut entraîner des conséquences inévitables et graves pour le garage Citroën situé au 29 Grand rue. Ce concessionnaire exclusif, la SA Cabour et J. Vancauwenberghe, doit alors transférer son atelier et son service commercial, dans son deuxième garage rue Racine.

le garage Citroën fermé en 1984 ( document archives municipales )

Après travaux, la Grand rue devient piétonnière en Août 1982 et le garage Citroën reste toujours fermé. En Janvier 1985, un projet d’ouverture d’une piste de roller-skate voit le jour, dans cet ancien garage. Quatre associés : Alain Carré, Jean-Pierre Seri Gnabbe, Robert Delgado et Dominique Bord louent le garage à la société Cabour, et dans un premier temps l’ensemble du rez de chaussée de 2400 m2.

Les quatre associés ( document Nord Eclair )

Un centre de roller-skate consiste à offrir à une clientèle très jeune, un total de 500 m de pistes de patins à roulettes. On peut y trouver 4 pistes différentes : un circuit d’initiation pour les plus petits, un autre pour les 7 à 12 ans, un troisième pour les grands de 12 à 77 ans et enfin un dernier pour les sportifs.

La réalisation d’une piste de roller à l’américaine, est unique dans la région. Il faut aller à Paris ou à Ostende pour trouver presque aussi bien. L’arrivée de ce centre, destiné à attirer beaucoup de monde dans le centre ville, est alors une très bonne chose !

l’ouverture ( document Nord Eclair )

Le centre de roller-skate ouvre le 6 Février 1985. Le matin, le centre accueille les écoles, et les professeurs de sport sont très favorables à cette activité qui apporte un complément pour l’éducation sportive. L ‘après midi, le centre est ouvert au grand public qui est accueilli par un animateur et un disc-jockey : l’ambiance est chaude, musicale et fondée sur des spots lumineux et colorés. Ceux qui ne font pas de patin, peuvent y trouver 15 jeux vidéo, un bar sans alcool et une piste de danse.

Les 4 responsables de ce centre de roller-skate sont ambitieux et envisagent déjà d’agrandir avec la création d’une salle de hockey sur patin, à l’étage, d’un café de jeunes côté Grand rue, et pourquoi pas des boutiques si l’ouverture sur l’avenue des Nations Unies est possible, par la suite. L’entrée est fixée à 15 Frs plus 10 Frs pour la location des patins, si l’on n’en possède pas soi-même.

Cachet.   Le N° de téléphone est en attente ( document collection privée )
document Nord Eclair

Après un démarrage encourageant l’affaire stagne dès le mois d’Août 1985. Les deux associés restants, Jean-PierreSeri Gnabbe et Alain Carré sont fortement désabusés, car, si au départ 90 à 95 % des clients louaient des patins, ils ne sont plus que 50 % aujourd’hui : les jeunes arrivent avec leurs propres patins sous le bras.

Jean-Pierre et Alain incriminent tour à tour, la presse et la municipalité. La présence de la police municipale devrait rassurer la clientèle mais sa présence constante en arrive à faire craindre une certaine insécurité. La SARL paraît bien mal en point. Les deux patrons estiment qu’on leur met des bâtons dans les roues et qu’on les empêche de travailler. Ils menacent de quitter Roubaix si l’on ne porte pas plus d’intérêt à leur maintien dans la ville.

document Nord Eclair

Au mois de Novembre 1986, un arrêté municipal annonce la fermeture prochaine du roller-skate de la Grande rue. En effet, une décision de la commission de sécurité de la ville constate qu’il n’y a pas d’issue de secours ! La situation financière de la petite entreprise reste très précaire. Le billet d’entrée est d’un prix modeste et un restaurant est en cours d’installation. Il leur est dès lors difficile de trouver des financements car les banques restent frileuses et souhaitent des premiers résultats positifs.

document Nord Eclair

La municipalité reste ferme et intransigeante sur la sécurité. Nous ne faisons qu’appliquer la loi, affirment Mrs Lamaire et Vandierendonck. Certes, cette fermeture tombe au plus mauvais moment, car les jeunes arrivent à Roubaix, et on tente par tous les moyens de structurer et d’animer le centre ville. Le jour même où la police fait appliquer l’arrêté municipal de fermeture, le tribunal de commerce de Roubaix prononce la liquidation du roller-skate. C’en est fini !

Quelques années plus tard, l’intérieur du garage Citroën est complètement rasé, car le projet de la construction de l’Espace Grand Rue arrive à grands pas. De nos jours la façade du garage Cabour existe toujours, l’intérieur étant occupé par une partie de l’immense magasin du Furet du Nord et des bureaux installés sur les deux étages.

la façade de nos jours ( photo BT )

Remerciements aux archives municipales

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