Une vie pour le commerce

Fils d’un chapelier d’origine belge, Jean Déarx est né le 24 mars 1885, au domicile de ses parents, rue de Lille. Il va poursuivre la profession familiale et la développer. Avant la première guerre, il crée l’industrie de la chapellerie cousue. On le trouve installé après la guerre comme fabricant de casquettes au n°21 de la rue de Lannoy, et il a installé ses ateliers au n°4 de la rue Bernard. Au-delà, il va consacrer sa vie à la défense et à l’extension du commerce. Dans sa branche, il sera Président de la chambre syndicale des fabricants de casquettes, chapeaux piqués et uniformes du nord de la France et vice-président de la fédération nationale de la Chapellerie.

Le magasin du Chapelier Jean, 21 rue de Lannoy Collection Particulière

A Roubaix, il sera premier vice-président de la chambre de commerce de Roubaix, Président fondateur de la fédération des syndicats commerciaux de Roubaix et de ses cantons, Président fondateur du salon des arts ménagers de Roubaix et Président de la fédération des groupements commerciaux de Roubaix et de ses cantons. Il a aussi été juge au tribunal du commerce.

Tout cet engagement ne l’empêche pas de s’investir encore dans d’autres domaines. Il a fait la première guerre mondiale, est décoré de la croix du Combattant, et pendant la seconde guerre a été interné comme résistant à la prison de Loos en 1944. Il n’est donc pas étonnant de le retrouver président d’honneur de l’Union des réformés et mutilés de Roubaix, Lannoy et leurs cantons, et vice président des résistants internés et déportés.

Il est également délégué cantonal, administrateur du conservatoire de musique de Roubaix, administrateur du lycée de jeunes filles, administrateur et membre du conseil technique de l’ENSAIT et Président d’honneur de la FAL.

Fait Officier de la légion d’honneur en 1947, lors du passage du Président de la République à Roubaix, Jean Déarx est promu commandeur de la légion d’honneur le 8 mars 1957.

Jean Déarx Photo Nord Éclair

Mais l’un des titres honorifiques qui lui tenait sans doute beaucoup à cœur, c’est la présidence  d’honneur de l’union des commerçants de la rue de Lannoy. Car Jean Déarx s’opposa de toutes ses forces à la destruction du début de la rue de Lannoy, participant même à un contre-projet pour le centre commercial de Roubaix 2000. Mais rien n’y fit. Jean Déarx ne quittera pas la rue de Lannoy, car il se réinstallera aux n°111-113, et ainsi évitera le centre de transit du Lido. Il ne connaîtra pas réellement le centre commercial Roubaix 2000, car il décède le 25 août 1972, soit quelques jours avant l’inauguration officielle. Avec Jean Déarx, c’est une figure importante du Roubaix des grandes rues commerçantes qui disparaît.

Mobilisation des locataires

En 1962, la presse écrit à propos de la cité des Hauts Champs : dès leur arrivée, les locataires trouvèrent sous leur porte un charmant billet qui aurait pu être officiel ou émaner d’un quelconque syndicat d’initiative de quartier. Il s’agissait d’un feuillet contenant outre le plan du quartier lui-même, les adresses principales des services officiels les moins éloignés et les directions des commerces les plus proches. L’association populaire des familles était à l’origine de la rédaction de ce document qui rendit bien des services.

A l’époque, les Hauts Champs sont considérés comme une cité labyrinthe, sans équipements et sans accueil des nouveaux habitants. Il y a bien un gardien, mais était-il formé ? Pas d’aménagements : il n’y a pas de crèche, les enfants jouent au football sur l’ancien terrain de la briqueterie, et dans la cité, un terrain de volley-ball a été installé à l’initiative d’un locataire.

Un terrain de volley-ball de fortune en 1962 Photo Nord Éclair

L’association populaire familiale intervient dans le quartier. Robert Serrurier, responsable du secteur pour l’APF répond à la presse : un service de prêt de machine à laver, aspirateur et cireuse (58 rue Pasteur à Hem) a été mis en place et un service d’aide familiale (81/8 avenue Alfred Motte).

C’est le chauffage qui déclenchera la première action collective. La période de fonctionnement, fixée entre le 15 octobre et le 15 avril ne convient pas, car dès septembre 1960, il fait froid. Quarante personnes font circuler une pétition qui recueille 80% d’avis favorables. De là naît l’idée d’une association des locataires. Elle réunit les quartiers des Trois Baudets, de la Lionderie et les Hauts Champs et sera créée en août 1961. Le Président est Gilbert Guiart, le secrétaire est Alain Desjardin, qui habite le B11. Cette association n’est ni politique, ni confessionnelle, ni raciale. Au cours des réunions, le manque d’équipements est souligné : pas de centre commercial, ni de crèche, pas de terrains de jeux pour les enfants, absence de viabilité, pas d’éclairage, pas de cabine téléphonique, éloignement des moyens de transport. Plusieurs accidents ont eu lieu rue Paré, les écoles sont exigües, mais en voie d’agrandissement. En avril 1962, l’association est forte de 500 adhérents. Un bulletin ronéotypé est tiré qui relate les demandes et démarches effectuées par l’association. Son local, un baraquement qui servit autrefois d’installations sportives, se trouve rue Léon Marlot prolongée et des réunions s’y tiennent régulièrement.

Le local de l’association des locataires des Hauts Champs, Trois Baudets, Lionderie Photo Nord Éclair

De nombreuses associations de locataires se créent à cette époque, du fait de l’augmentation des loyers. Elles se regroupent sous l’égide de la fédération des  locataires CIL HLM de Roubaix Tourcoing.

 

La caserne disparaît

Le premier hôtel des pompiers fut édifié et inauguré en 1876. Il se trouvait sur la Grand Place, et on y accédait en passant entre l’ancienne mairie et l’ancienne bourse du commerce. Cet ensemble de bâtiments disparaissent à partir de 1907, pour laisser place au nouvel hôtel de ville dont l’une des ailes est occupée par la nouvelle bourse du commerce, et qui sera inauguré le 1er mai 1911. Les pompiers quittent la Grand Place car on leur construit boulevard Gambetta, une nouvelle caserne, dont les plans sont réalisés par l’architecte Barbotin. C’est un superbe édifice en béton armé, dont les travaux sont terminés en novembre 1910, les pompiers s’y installant le même mois.

La caserne des pompiers, derrière laquelle on aperçoit le gazomètre de la rue Bernard Collection Particulière

Le 19 juin 1911, c’est la journée des sapeurs pompiers dans le cadre des congrès tenus pendant  l’Exposition Internationale du Nord de la France, qui se tient à Roubaix. Les combattants du feu sont reçus à 10 heures par l’administration municipale à l’Hôtel de Ville, puis à 11 heures, intervient l’inauguration de la caserne des Pompiers du boulevard Gambetta. Constatant que depuis leur installation en novembre, le service des pompiers se fait avec une rapidité toujours plus grande, le maire Eugène Motte remet solennellement la caserne au commandant des Sapeurs Pompiers.

Les Sapeurs Pompiers de 1911 Photo Journal de Roubaix

Des manœuvres d’incendie sont ensuite exécutées par les pompiers de Roubaix. A midi, l’union des Sapeurs Pompiers tient son conseil d’administration dans la caserne même, avant de rejoindre l’Hôtel de Ville à midi et demie où se déroule l’assemblée générale de l’Union, dans la salle Pierre de Roubaix. Le banquet se déroulera à 14 heures au 50bis de la Grand Rue, dans la grande salle du Casino Palace.

Une vue de la caserne plus contemporaine Collection Particulière

Cette caserne idéalement placée sur le grand boulevard central roubaisien, à peu de distance du centre géographique de Roubaix, servira donc près de trois quarts de siècle.

La démolition commence en mars 1985 Photo Nord Eclair

En mars 1985, démarre la démolition de la caserne, les pompiers ayant été relocalisés boulevard de Mulhouse. Des artificiers ont placé des charges explosives sur le vieux bâtiment, qui s’écroule dans un grand nuage de poussière. L’aile de la caserne qui donne sur la rue Pierre de Roubaix sera achevée à l’ancienne par les démolisseurs. C’est un témoin important de l’ancien quartier des longues haies qui disparaît ainsi, et qui lui aura survécu vingt ans.

C’est désormais l’immeuble de bureaux de la caisse d’allocations familiales de Roubaix Tourcoing qui occupe le n°128 du boulevard Gambetta, dans l’angle formé par la rue Pierre de Roubaix et ledit  boulevard.

Les merveilleux fous volants

En 1911, il y eut à Roubaix un aérodrome, plus précisément un champ d’aviation, pendant la durée de l’exposition internationale du Nord, qu’accueillait notre ville cette année là. L’aérodrome se situait non loin de l’Exposition, le long de l’avenue des Villas sur les terres de la très ancienne ferme de Gourguemez. Il se trouvait au-delà de la rue de Beaumont, en face de la rue Carpeaux et la rue David d’Angers. C’était un champ d’aviation de dix hectares sur les pâtures de la ferme, avec comme installations, six hangars individuels, une grande tribune, des gradins, un hangar provisoire pour les grandes journées. Deux entrées sont aménagées de part et d’autre du champ d’aviation sur l’avenue des Villas. L’ouverture du champ d’aviation fut annoncée pour le 4 juin.

Sur cette photo aérienne IGN 1963,  l’emplacement du champ d’aviation, sous la ferme de Gourguemez, le long de l’avenue Gustave Delory
Plan du champ d’aviation et de ses installations Extrait du Journal de Roubaix

Les organisateurs ont obtenu l’aval de nombreux aviateurs pour leur participation. Quoique l’aviation ait beaucoup progressé, elle en est encore à ses débuts. En 1909, Blériot vient de traverser la Manche en aéroplane. Les roubaisiens auront donc des exhibitions pendant cinq mois, de juin à octobre. On leur promet des spectacles inédits : transports de passagers en aéroplane, randonnées aériennes fertiles en enseignements au dessus de la campagne, prouesses aéronautiques… En principe, on vole tous les jours au champ d’aviation de 6 h à 8h quand le temps le permet. Les roubaisiens ont également obtenu que leur ville soit la quatrième étape du Circuit Européen. Les organisateurs devront très vite compter avec les conditions météo. Des signaux sont placés à l’angle des rues de la gare, du vieil abreuvoir et de la Grand Place: une flamme rouge indiquera qu’on vole au champ d’aviation, une flamme noire qu’on ne vole pas, et une flamme blanche qu’on volera… peut être.

Védrines, vainqueur de l’étape Bruxelles Roubaix à son arrivée Photo Archives Départementales Nord

L’arrivée du circuit européen est prévue le mercredi 28 juin dans la matinée. A 9 heures, plusieurs milliers de personnes attendent déjà les aviateurs sous la surveillance d’un service d’ordre important. A 11 h 10, Védrines, vainqueur de l’étape, atterrit sous les accents de la Marseillaise. Trois minutes plus tard, c’est au tour de Roland Garros, puis Beaumont, et Kimmerling. Les exhibitions se poursuivront jusqu’en septembre, malgré le temps venteux et incertain. On pourra ainsi voir à Roubaix Mesdames Hélène Dutrieux et Jane Herveux. Ces dames firent aussi bien que les messieurs, en risquant leur vie au cours de vols rendus dangereux à cause du vent capricieux.

Hélène Dutrieux à Roubaix Photo Archives Départementales du Nord

Le meeting de clôture d’octobre sera d’ailleurs annulé, à cause d’un ouragan qui causera d’énormes dégâts : hangars disloqués, barrières et palissades arrachées, portes et cloisons enlevées, tribune et buvette renversées. L’Exposition elle-même eut à souffrir de ce très mauvais temps.

Un nouveau lycée à Roubaix

C’est le 23 septembre 1953 que les choses démarrent avec les adjudications des travaux, qui portent sur un devis général de 400 millions de francs. Deux cents vingt cinq entreprises étaient soumissionnaires et on dut mobiliser la salle Pierre de Roubaix pour accueillir les entrepreneurs. Vingt et un lots sont ainsi attribués à cette date.

Le chantier du futur lycée, à l’emplacement des jardins ouvriers d’autrefois Photo Nord Eclair

La première tranche de travaux est immédiatement amorcée. Elle comporte cinq groupes de bâtiments : l’administration,  les classes, une cuisine, un réfectoire…Le chantier commence à l’endroit où se trouvaient autrefois de nombreux jardins ouvriers. Le temps d’automne est favorable, et on procède déjà au coffrage de certains bâtiments. L’hiver rude de 1954 ne favorisa sans doute pas l’avancement des travaux.

Les premiers coffrages Photo Nord Eclair

C’est en juillet que la presse fait un nouveau point de chantier. Quatre bâtiments s’élèvent à présent destinés à l’administration générale, aux classes du premier cycle, aux classes élémentaires, aux cuisines et réfectoire. Des galeries de circulation sont prévues, ainsi que les cours de récréation et la cour d’honneur, où l’on attend l’arrivée d’un bas relief de M. Leleu, Grand Prix de Rome, symbolisant La Connaissance et la Recherche. Le bâtiment du premier cycle comporte quinze classes, huit salles d’études, deux salles de jeux. Le bâtiment de l’administration comprend quatre appartements destinés au proviseur, à l’intendant, au directeur pédagogique et au sous intendant.

Vue du chantier en juillet 1955 Photo Nord Eclair

En avril 1955, le gros œuvre est terminé, les travaux intérieurs sont bien avancés et l’on évoque la première rentrée pour octobre. On pense déjà à la seconde tranche de travaux qui comporte trois bâtiments, deux pour l‘enseignement et le troisième de six étages, pour l’internat. L’aménagement des terrains de sports, un gymnase, des plantations sont également prévus. C’est l’une des plus magnifiques cités scolaires de pays qui se construit à Roubaix !

En prévision de cette ouverture, dès le mois de juin, il est prévu de prolonger la ligne de bus n°15 qui part du quartier du Crétinier, passe par la Fosse aux Chênes, la gare, et dont le terminus est en haut du boulevard de Fourmies. L’autobus empruntera les avenues Motte et Salengro pour rejoindre le lycée. C’est la période de la disparition des tramways dans Roubaix, et il est question de la « motorisation » de la ligne C, qui relie Tourcoing à Toufflers via Roubaix, et qui sera remplacée par deux lignes d’autobus, le 19 et le 20. Il faudra toutefois attendre quelques années avant qu’il y ait un arrêt devant le lycée avec un abri aujourd’hui disparu.

Il fallait un proviseur au lycée roubaisien, le voici présenté par voie de presse en septembre. Il s’agit de M. Albert Agnes, un breton de 44 ans, licencié es lettre à la Sorbonne, titulaire de l’agrégation de grammaire. Professeur à Nantes jusqu’en 1952, il est nommé censeur au Lycée du Puy avant de devenir le premier proviseur du lycée de Roubaix.

Tout est prêt pour accueillir les premiers élèves lors de la rentrée du 1er octobre 1955.

Potennerie Blanche, origines

En 1958, l’office départemental HLM projette de construire conjointement avec la société Le Toit Familial 1200 logements répartis en deux tranches : l’une de 900 logements sur la plaine des Hauts Champs entre l’usine de velours Motte-Bossut et l’église Sainte Bernadette, et l’autre de 300 logements rue Dupuy-de-Lôme, pour 300 appartements répartis en cinq blocs.
Les architectes sont MM. Dubuisson, Grand prix de Rome et Lapchin, architecte en chef du CIL. La première pierre des 1200 logements Hauts Champs et Potennerie est posée le 24 juin 1958.
Pour la partie Potennerie du chantier, on parle fréquemment du groupe Cavrois, car les terrains appartenaient vraisemblablement à l’entreprise Cavrois Mahieu, dont l’usine se trouve à proximité, entre les rues Montgolfier, Jouffroy, Volta et la rue de la Potennerie. Une parcelle de jardins ouvriers semble être une survivance d’un groupe appartenant à la société Cavrois. Les flâneurs nous apprennent que le quartier de la Potennerie où se trouve la rue d’Artois comportait de nombreux jardins populaires, il était autrefois très peu bâti et gardait un caractère bucolique. Ils signalent que les constructions démarrent vers 1908 et que la rue d’Artois n’est viabilisée qu’en 1928, et la rue Volta prolongée vers 1924. Les propriétaires riverains sont Mmes Veuves Cavrois Mahieu et Loridan Lefebvre.L’usine Cavrois Mahieu fut construite en 1887, avant que la rue Jouffroy et la rue Montgolfier n’existent. La création de ce nouveau quartier entraîne la parcellisation d’une grande propriété foncière qui s’étendait jusqu’à la Place de la Fraternité et jusqu’à l’avenue Motte. En 1893, les boulevards de Lyon et de Reims viennent opérer une coupure entre le lieudit les Près, propriété de l’industriel Cordonnier où viendront s’installer les stades Maertens et Dubrulle Verriest, et le site de la Potennerie où s’édifieront dans les années cinquante les différents logements collectifs. En 1926, la rue Montgolfier opère une séparation entre le secteur où se trouveront les immeubles de la Potennerie Rouge, et ceux de la Potennerie Blanche.
En Août 1959, le chantier du terrain Cavrois avance de façon satisfaisante, et l’on peut espérer démarrer la location au printemps prochain. C’est qu’il y a des besoins pressants, les mal logés du bloc Anseele en pleine démolition doivent trouver enfin un logis agréable et confortable.

L’immeuble aux cent fenêtres Photo Nord Eclair

En Avril 1960, l’office départemental HLM met la dernière main aux immeubles des Hauts Champs et de la Potennerie Blanche. Il semble que le site de la rue Montgolfier entre les rues Philippe Auguste et Dupuy de Lôme, ait été complété par un chantier plus modeste à l’angle du boulevard de Reims et de la rue Jean Baptiste Notte, là où se dressait jadis un château, qui fut la propriété de M.Bossut Plichon, et dont le dernier occupant fut Charles Droulers, industriel, poète, et président de la société des Jardins Populaires. Primitivement ce terrain, situé dans l’angle formé par les boulevards de Lyon et de Reims, devait abriter un centre social et médical. Mais il fut ensuite rétrocédé à l’office départemental HLM à charge d’y bâtir, le centre devant être bâti boulevard de Fourmies.

Bien que les travaux soient bien avancés, car on procède au terrassement et au percement des voies et allées qui desserviront le nouveau groupe, lequel comportera 300 logements de différents types, on espère mettre les appartements en location pendant l’été. Sans doute avait-on été trop optimiste quant à l’achèvement des travaux.

D’après la presse de l’époque, et les chroniques des rues de Roubaix des flâneurs de la Société d’Émulation de Roubaix

Roubaix 2000 et les quinquennales

En 1978, c’est dans le secteur Anseele, Sainte Élisabeth, Fraternité et Roubaix 2000 que vont se dérouler les fêtes quinquennales de Roubaix. Cet événement est organisé par le comité des fêtes du secteur, sous les auspices de l’administration municipale roubaisienne.

Ce secteur regroupe de longue date plusieurs quartiers, dont la rue de Lannoy constitue la colonne vertébrale : le quartier des longues haies devenu Edouard Anseele Roubaix 2000, à présent rénové, le quartier Sainte Élisabeth autour de l’église du même nom, le quartier du Tilleul, du nom de l’arbre qui se tenait autrefois au carrefour de la rue de Lannoy et de la rue Jules Guesde (ancienne rue du Tilleul), le quartier du Cheval Blanc, lequel tient son nom d’une ancienne auberge située nom loin du carrefour formé par la rue de Lannoy et les boulevards de Mulhouse et Reims, et le quartier de la Fraternité, qui tient son nom de l’hôpital tout proche.

Le président du comité des fêtes, M. Van Den Bossche, rappelle l’historique récent des difficultés du secteur, dues à la coupure avec le centre ville, aux travaux qui durèrent plus d’une décennie. Pour lui, ce secteur, à présent rénové, est redevenu l’un des attraits de Roubaix. Il rappelle le rôle du comité des fêtes, qui est d’assurer le maximum de manifestations et de festivités capables d’attirer et de drainer de plus en plus la population roubaisienne, mais aussi celle de nos villes et communes voisines.

Le parvis de Roubaix 2000 en 1978 Collection SER

Le groupement des commerçants de Roubaix 2000 sort son premier journal intitulé Shopping Roubaix 2000, et son président, Roger Fruit, qui vient d’être réélu en mars, en profite pour faire le point. Roubaix 2000, c’est à présent 52 boutiques aux activités variées, plus le super marché Auchan. Ce petit journal, d’une vingtaine de pages, présente les publicités de tous les magasins du centre commercial, accueille le mot du maire Pierre Prouvost, qui rappelle les enjeux du développement du centre de la ville. Il relaye également l’information sur les fêtes quinquennales. Quel sera le programme des quatre journées de juin consacrées à cet événement ?
Le vendredi 2 juin, il y aura la retransmission en couleur du Match de football de la coupe du monde France Italie, au foyer bar du théâtre Pierre de Roubaix, boulevard de Belfort.
Le samedi 3 juin, un cortège folklorique et musical de plus de cinq cents participants défilera dans le quartier, à partir de 16 heures. L’itinéraire part de la rue Montgolfier, emprunte la rue Jouffroy, puis la rue Jules Guesde, rejoint la rue de Lannoy, le boulevard de Belfort, rue Henri Dunant. Il prend ensuite le boulevard Gambetta, rejoint le parvis de Roubaix 2000 sur lequel les sociétés vont parader, puis elles reprennent la rue de Lannoy jusqu’à la Place de la Fraternité.  A 18 heures, on attend l’arrivée de l’Harmonie Communale de Tournai qui défilera avec sa clique dans le quartier. Le soir, l’Harmonie Royale d’Estaimpuis et l’Harmonie Communale des Pompiers de Tournai donneront un concert au théâtre Pierre de Roubaix.
Le dimanche 4 juin en matinée, ce sera la réception des sociétés participantes par le comité organisateur de Monsieur le Maire, des adjoints et conseillers municipaux, du comité directeur des festivités et des présidents et membres des sociétés participantes. L’Original groupe de Wattignies animera une promenade musicale dans le quartier avant de rejoindre le lieu de la réception.

Une société en pleine action pendant le défilé Photo Nord Éclair

Le soleil sera de la partie, ce sera une grande journée d’animation populaire, et l’on peut penser que ce fut aussi une belle journée pour le centre commercial et les commerçants des quartiers traversés.

L’union des Trois Villes

Au début des années soixante dix, l’histoire de la cité des Hauts Champs rejoint celle du quartier des Trois Villes. En effet, Hem, Lys et Roubaix se touchent avec les lieux dits suivants : Hauts Champs, Longchamp, Trois-Baudets, Trois–Fermes, Lionderie, Chemin Vert, Gare-de-Débord. Ce quartier des Trois Villes est constitué en grande partie par des constructions réalisées pendant la décennie précédente. Sa population est équivalente à celle d’une commune de 16.000 à 17.000 habitants, selon la presse. Cependant les équipements sont peu nombreux : il y a les écoles, deux centres sociaux, quelques magasins et depuis un an  une maison médicale. Pour animer ce vaste quartier, il faut un cœur de ville, pour lequel un espace existe, la grande plaine qui se trouve derrière la grande barre, entre la maison médicale et le centre social des Hauts Champs.

L’aménagement du terrain derrière la Grande Barre Photo Nord Éclair

En février 1971, au cours d’une réunion organisée par le CIL et les associations représentatives du quartier, les trois municipalités décident de créer un syndicat intercommunal, dont la vocation sera de définir les besoins en équipements du quartier des Trois Villes. Mais il faut attendre le 21 mars 1972 pour que le principe d’une première réalisation soit acté, celui d’une piscine près de la maison médicale. Le Syndicat intercommunal est donc créé, sans tarder, car l’opportunité d’une opération lancée par la Jeunesse et les Sports visant à édifier 1000 piscines industrialisées allait leur échapper, il ne restait qu’une piscine à attribuer pour le département du nord. La construction doit démarrer fin 1973.
Mais le quartier a d’autres besoins d’équipements collectifs : une crèche, un foyer de jeunes travailleurs, un centre de soins, mais aussi un terrain de football, un autre de volley ball, une piste d’athlétisme, sans oublier un bureau de poste, des cabines téléphoniques et une antenne de police.
Un certain nombre de personnes physiques et d’associations se réunissent le 23 octobre 1972 et crée l’Union des associations du quartier des Trois Villes, qui se donne comme objectif de veiller à l’aménagement et à l’équipement des terrains du secteur, en vue d’améliorer le cadre de vie, conformément aux besoins exprimés des habitants. Il s’agit pour eux de ne pas lâcher les municipalités, les administrations, les sociétés HLM pour qu’on passe aux réalisations.

L’Union des associations des Trois Villes en plein travail Photo Nord Éclair

Qui compose cette association ? Des représentants de l‘association des locataires de Longchamp, l’association des parents d’élèves du CES Albert Camus, de l’école Lafontaine, de l’école de Longchamp, de l’association des usagers du Centre Social des Trois Baudets et celle du Centre Social des Hauts Champs. Il y a aussi un certain nombre de personnes du quartier. Le président est M. Jean Lenne, le docteur Philippe Macquet et M. Albert Baetens en sont les secrétaires et M. Francis Noppe le trésorier.
Quels sont ses premières activités ? Trois commissions se sont mises au travail dont les thèmes sont les suivants : une enquête dans le quartier pour déterminer les souhaits de la population, le suivi des équipements décidés et les projets futurs, et enfin l’information auprès de la population et des autorités. L’union des Trois Villes se pose ainsi comme l’interlocuteur privilégié du syndicat intercommunal, et du CIL.

Le Grand Prix de la Potennerie

Roubaix est une ville de sports et de cyclisme en particulier. Il y a la grande épreuve pascale, mais aussi de nombreux circuits de quartiers, comme celui de la Potennerie. Le samedi 6 juin 1992, est organisée la cinquième édition du Grand Prix de la Potennerie et des commerçants des rues Jules Guesde et Jean Goujon. L’organisation est assurée par le Vélo Club de Roubaix, avec le concours du comité des commerçants, de la police nationale, des ambulances Bauwens Decock, de la Ville de Roubaix et du journal Nord Éclair.

La ligne d’arrivée rue Jean Goujon Photo Collection Privée

Les concurrents auront à parcourir un circuit de trois kilomètres et deux cents mètres à vingt huit reprises, soit une distance de 89,600 kilomètres. Ouverte aux juniors et aux seniors de 3e et 4e catégorie, cette épreuve se déroule en fin de journée, le départ étant donné à 18 h 30 rue Jean Goujon, et l’arrivée jugée au même endroit vers 21 h 00. La feuille d’engagement de l’épreuve annonce 62 inscrits, des clubs suivants : le V.C. Roubaix, le V.C. Wattignies, le CEPF Flandres Artois, le C.C Lillois, le C.C. Leersois, l’E.C. Wattrelosienne, l’E.C. Tourcoing, l’A.G.C Thumeries, la Pédale Madeleinoise, l’E.S. Arques, le V.C.U Halluin, l’U.S. Roncquoise, le V.C. Condé Macou, l’E.C. Faches Thumesnil.

Dominique Dieryckx du V.C. Roubaix l’emporte au sprint d’un demi-boyau devant Laurent Duquenne, son coéquipier.

Les vainqueurs de 1992 Photo Nord Éclair

En 1993, pour la sixième édition, trente neuf concurrents se présentent sur la ligne de départ. Après 2 h 45 de course, le vainqueur franchit la ligne d’arrivée. Il s’agit d’un sociétaire du Vélo Club de Roubaix, Gérard Carette, qui bat au sprint son camarade du VCR Dominique Dieryckx, et qui se voit remettre le trophée par les ambulances Bauwens Decock qui parrainaient le grand prix.

Remerciements à Michel Denayer pour la documentation

Histoire du Flint

Le Flint, vous connaissez ? C’est ce café brasserie qui fait l’angle du boulevard de Fourmies et de la rue Carpeaux. On peut y boire un verre, déjeuner, acheter un jeu de grattage…

L’histoire du Flint commence avec le début du siècle. En 1904, c’était une épicerie au n°44 du boulevard de Fourmies, sans doute une épicerie buvette comme il en existait beaucoup à Roubaix, où l’on pouvait boire un petit verre pendant que se remplissait le cabas des commissions…

Dix ans plus tard, c’est un estaminet tenu par M. Béghin. Après la première guerre mondiale, il reprend ses activités, et les complète avec la vente des tabacs. Vers 1925, le café devient en plus la recette auxiliaire des postes, signe de l’évolution en importance du quartier qui commence à apparaître : le Nouveau Roubaix. Quelle pouvait-être la clientèle de ce café ? Les ouvriers du textile, car il y a plusieurs entreprises importantes dans les alentours : l’usine Dazin Motte aujourd’hui disparue et remplacée par des appartements, l’usine Ternynck à l’angle de la rue David D’Angers, aujourd’hui Damart…

Mais la vie de quartier étant fort animée, on peut imaginer que le Flint a pu accueillir le siège d’une ou de plusieurs associations ou peut-être un siège de club sportif ? Il y aurait eu des combats de coqs à l’étage ! Tous les témoignages seront les bienvenus.

En 1933, le café était tenu par M. Horent, toujours au n°44. En 1935, la numérotation des habitations du boulevard de Fourmies a changé, le café est alors au n°118. Le tenancier a  également changé. Un ancien mécanicien formé à l’institut syndical de Tourcoing, M. Jules Vanneste, venant de Mouvaux, reprend le café avec sa femme.

M. et Mme Vanneste derrière le bar du Flint dans les années trente Photo collection particulière

Fin 1939, Jules Vanneste sera mobilisé et retenu prisonnier pendant 5 ans, en Allemagne. Il semble que le café soit resté ouvert pendant la guerre, la kommandantur ayant fait apposer sur sa vitrine l’affichette « interdit aux juifs ». Jules Vanneste reviendra à Roubaix après avoir été libéré par les américains. Démobilisé le 15 juin 1945, il fera le pèlerinage de Lourdes en 1946 avec les personnes revenues des camps de concentration. Puis en 1955, il renouvelle le bail du fonds de commerce, débit de boissons, pour une durée de neuf ans. Le café a gardé la vente des tabacs, et pour quelques temps encore la recette auxiliaire des postes. Il dispose même d’une cabine téléphonique !

La rénovation du Flint en 1972 Photo Nord Eclair

En juin 1972, le Flint fait l’objet d’une rénovation. M. et Mme René Vanneste, aucun lien avec la famille précédente, invitent leur clientèle à découvrir le nouvel environnement du café, blanc et lumineux, ainsi qu’à déguster un large choix de bières.

Depuis, il y a eu plusieurs repreneurs du fonds de commerce, en 1989, 1995 et en 1999. Les derniers tenanciers sont arrivés en 2006. L’acte notarié fait apparaître les activités actuelle du commerce : débit de boisson Licence IV,  brasserie, articles de fumeurs, bimbeloterie, loto, gérance d’un débit de tabac, jeux de la Française des jeux.

Le café brasserie le Flint est toujours un endroit agréable, où l’on peut boire un verre et discuter accoudé au bar, ou assis en salle si l’on préfère. On peut y déjeuner sous une véranda qui apporte beaucoup de clarté à l’établissement.

Merci à Michel Denayer pour la documentation et aux tenanciers actuels pour les informations