De la machine à laver au cinéma

Il y a des personnes dont le parcours de vie a pu marquer la mémoire d’une ville. C’est le cas de Paul Jacobs. Né en 1873 à Château l’abbaye, une petite commune du valenciennois, Paul Jacobs vient s’installer à Roubaix où il exerce la profession de menuisier. Il se marie le 6 février 1907 avec Alphonsine Poulin et il est alors à la tête d’une fabrique de machines à lessiver et tonneaux mécaniques qui se trouve basée au n°298 du boulevard Beaurepaire.

Paul Jacobs à Roubaix, puis à Wattrelos pubs JdeRx

Il vient ensuite s’installer à Wattrelos et poursuit la fabrication de ses machines à laver. Il sera l’inventeur de la lessiveuse La Merveilleuse. À la naissance de son fils Paul le 9 septembre 1910 il est encore menuisier et domicilié 236 rue Carnot, de même à la naissance de son deuxième fils Georges le 13 août 1912, et à la naissance de sa fille Lucienne en 1913.

Après la première guerre mondiale, il est démobilisé en 1919. Le 22 décembre, le Journal de Roubaix annonce par une simple ligne la réouverture du Cinéma du Laboureur, matinée dimanche à 2 heures et soirée à six heures. Programme nouveau. Cette salle a donc été créée par Paul Jacobs avant la guerre, au n°236 de la rue Carnot. Le programme du cinéma du Laboureur de l’époque alterne des films patriotiques, des images d’actualité et des programmes plus divertissants. Cinéma du Laboureur, Wattrelos. Mercredi et jeudi matinée à 2 heures, soirée mercredi à 6 h. Programme français : Le héros de 1918, Ne touchez pas au drapeau. Et d’autres vues nouvelles.

Le cinéma du Laboureur en 1924 pub JdeRx

Le succès rencontré l’amène à augmenter le nombre de ses séances. Matinée dimanche, lundi, jeudi à 2 heures, soirée dimanche à 6 h. Programme français : Kit ou l’homme qui est resté chez lui, grand drame d’espionnage Mourir pour la Patrie et d’autres vues très intéressantes. Le 12 janvier : grandes séances de cinéma : Guerre de 1870-1871 ; Jacques l’honneur ; l’Entrée de MM. Clemenceau et Poincaré à Strasbourg et d’autres films nouveaux. Matinée à 2 h les dimanche, lundi, jeudi. En soirée le dimanche à 6 h. Programme français. Toutes les soirées de la semaine magnifique programme anglais.

Le cinéma bal en 1926 pub JdeRx

En 1926, il ne s’agit plus simplement de cinéma. La publicité dans le journal indique : Cinéma-Bal. Il y a donc toujours des séances de cinéma mais également un grand bal animé par deux orchestres. Car Paul Jacobs aimait le cinéma, le chant et le théâtre. Il a d’ailleurs longtemps fait partie du faisait partie du Choral Nadaud dont il fut un premier baryton1. C’est l’époque où l’on développe de véritables lieux de loisirs, les plus célèbres étant le Fresnoy de le Colisée de M. Deconninck et le Casino de M. Gheldorf. Paul Jacobs fit ainsi de son établissement un endroit très couru à Wattrelos, il fut le premier avant que d’autres suivent son exemple le Pax rue St Joseph, la salle de la Concorde rue de Lisieux.

Le ciné bal Jacobs en 1927 pub JdeRx

Le Ciné Bal Jacobs fit donc les beaux jours du Laboureur par l’organisation de fêtes et d’un grand bal permanent avec des séances de cinéma toujours variées. Il suivit la tendance au moment de l’arrivée du cinéma parlant en s’équipant pour l’occasion.

Le cinéma parlant en 1931 pub JdeRx

Dans les années trente, on parle du Dancing Jacobs avec bal le dimanche et séances de cinéma dans une salle bien chauffée. Le Bal Jacobs à Wattrelos vantait sa piste, son ciné et son orchestre !

Le nouveau nom du cinéma en 1940 pub JdeRx

En 1940, signe des temps, le ciné bal Jacobs devient le Dancing Ciné Métro, avec les mêmes ingrédients de spectacle. La guerre interrompra les séances et sonnera le glas du cinéma. Un supermarché prendra la suite. Paul Jacobs nous a quittés en mars 1955.

On lira la suite de l’histoire avec l’article intitulé le Supermarché du Laboureur

1D’après Nord Éclair

Sous le joug allemand

Les allemands à Leers du 22 août 1914 au 11 novembre 1918, édité le 19 octobre 1919 en l’anniversaire de la délivrance de Leers, chez Desclée De Brouwer & Cie, imprimeurs de l’Evéché.

La couverture du livre Coll Particulière

Si son Histoire de Leers parue en 1905 était un véritable livre d’historien et d’érudit, le livre de l’abbé Monteuuis sur l’occupation allemande à Leers est un véritable témoignage qui se présente comme un journal de guerre relatant les difficiles heures de cette période. L’abbé a cru bon de publier ses notes de guerre, et ce journal est écrit en face des réalités et sous l’émotion des événements.

Son livre se découpe en grands chapitres respectant la chronologie des événements : tout d’abord l’invasion, qui relate l’arrivée et le passage des allemands. Puis l’occupation, chapitre dans lequel l’abbé rencontre le Commandant Hofmann après que celui-ci ait réquisitionné son église pour réunir ses soldats. Il lui demande de pouvoir emprunter le tramway pour faciliter son ministère auprès des malades. Ce qui lui est refusé, car le chef de l’étape estime que ses pires ennemis ce sont les prêtres !

« Je comprends votre désir et je trouve que vos motifs sont raisonnables. Mais je ne puis accorder aucune faveur à vous autres, prêtres, car nos pires ennemis, ce sont les prêtres. Ce sont les prêtres qui refusent de se soumettre à l’autorité allemande. Ce sont les prêtres qui défendent de travailler pour les allemands. Ce sont les prêtres qui favorisent la fuite des jeunes gens. Ce sont les prêtres qui reçoivent les nouvelles de France et qui organisent la télégraphie sans fil ».

L’abbé Monteuuis et sa dédicace

Puis ce sont les réquisitions, à domicile, dans l’église, chez les commerçants, chez les fermiers. Puis ce seront des réquisitions dans les fabriques, les impositions à la commune avant que les allemands ne pensent à réquisitionner des hommes, ouvriers civils et brassards rouges.

Un chapitre suit qui porte sur la vie dure et chère avec le froid, la faim. Il évoque le ravitaillement hispano américain, et le prix des denrées, jusqu’aux prix invraisemblables de 1918. Il dit comment on communiquait avec la France et la famille. Il fait ensuite le bilan de son action pastorale, et définit la mission du pasteur pendant la guerre.

Un premier post-scriptum est écrit du 13 septembre au 24 octobre 1918, au moment où l’on croit que la guerre tire à sa fin. Un deuxième post-scriptum du 24 octobre au 11 novembre décrit l’utilisation des gaz asphyxiants et aveuglants par les allemands qui continuent à bombarder Leers du haut du Mont Saint-Aubert où ils se sont repliés. Ce seront les heures les plus tragiques pour les leersois et les leersoises. Il conclut sur l’armistice et la paix déclarée le lundi 11 novembre.

Un dernier appendice est rédigé pour les éloges funèbres des soldats, prisonniers et ouvriers civils.

Ce livre est un document précieux et essentiel pour comprendre le calvaire qu’a subi Leers pendant la première guerre mondiale, d’autant plus important qu’il a été rédigé de l’intérieur et en temps réel, ce qui en fait un témoignage irremplaçable.

Je tiens à remercier ici chaleureusement l’ami qui m’a offert ce livre et m’a ainsi permis de prendre connaissance d’un témoignage que je désespérais de pouvoir trouver un jour.

Avril 1904

Cyclisme. On prépare la 9eme édition de la course Paris-Roubaix. Un concours de pronostics est lancé sur qui sera vainqueur et le temps qu’il aura mis. Le pronostic le plus juste recevra une superbe bicyclette La Française (marque Diamant) avec tous ses accessoires, offerte par la maison Debeuf-Couvreur et actuellement exposée au 68 rue de la Gare à Roubaix. Le programme de la réunion encadrant l’arrivée du Paris Roubaix est le suivant : match pédestre, course pédestre avec handicap de 5.000 mètres, course cycliste amateurs, course internationale pour professionnels. Les places pour l’entrée au vélodrome se retirent au bureau du vélodrome, 1 rue de la gare à Roubaix.

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Football. Grande rencontre prévue pour le lundi de Pâques entre le South London Football club et le Racing Club de Roubaix. Les anglais l’emportent sur le score de sept buts à un.

Aucouturier vainqueur Paris-Roubaix 1904 JdeRx

Cyclisme. Aucouturier remporte la 9e édition de Paris Roubaix au sprint devant César Garin. Le troisième est Pothier et tous trois montaient une machine de la même marque : la Française marque Diamant confirmant ainsi les belles performances réalisées avec Maurice Garin dans Paris-Bordeaux, Paris Brest et le tour de France.

Les deux premiers de Paris Roubaix 1904 : Aucouturier et César Garin doc VAGA

Football. Challenge international du Nord. Sur le nouveau terrain du Sporting club de Tourcoing, rue de Varsovie, la demi-finale va opposer le Racing Club de France au Racing Club de Roubaix. Pour cause d’incompatibilité de calendrier le Racing Club de France se désiste.

Hockey. Championnats du Nord (USFSA). L’Iris Stade Lillois a remporté une double victoire en battant le Racing Club de Roubaix par deux buts à un. L’ISL est donc champion du nord première série et jouera la finale du championnat de France contre le champion de Paris.

Escrime. La fête d’escrime qui a eu lieu lundi dernier à la salle de la Société Artistique a obtenu le succès prévu. La présence de l’escrimeur sicilien San Malato et du professeur Spinnenwyn de Paris avait attiré beaucoup de monde. Autres participants : le professeur lillois Riant et le lieutenant au 51e de ligne Nicolle, Emile Nys de la salle Dubar de Roubaix, Herpin professeur à Lille, Victor Fort professeur à Roubaix Guillermin adjudant maître d’armes au 43e de ligne.

Football. Championnat de France. Match à Amiens entre les équipes secondes du Racing Club de France et du Racing Club de Roubaix. Les roubaisiens l’emportent sur le score de quatre buts à deux. Ils sont champions de France.

Cyclisme. Réunion populaire au vélodrome roubaisien. Programme : course de vitesse sur 1000 mètres, course de demi-fond (20 kms). Les engagements pour ces deux épreuves réservées aux amateurs libres seront reçus au bureau du vélodrome roubaisien, 1 rue de la Gare à Roubaix. Le programme sera complété par un match d’entraînement entre le stayer lillois Oscar Lepoutre et le champion roubaisien Jean Marcelli. Première manche sur 5000 mètres, seconde manche sur 15000 mètres, la belle s’il y a lieu sur 10000 mètres. Le prix des places : du côté gauche 30 centimes, du côté droit (premières et tribunes) 50 centimes.

Football. Finale du championnat de France. À Lille, sur le terrain de l’Iris Stade Lillois, l’United Sports Club de Paris rencontrera le Racing Club de Roubaix, tenant du titre pour les deux dernières années. L’équipe du Racing Club de Roubaix : But : Renaux, arrières Scott, Maurice Dubly, demis : Dubrulle, Léon Dubly, André Dubly, avants : Géo Hargrave, Renaux, François, Jénicot, Perche.

Léon Dubly capitaine du RCR champion de France doc Wikipedia

Football. Le Club Français vient à Roubaix matcher le Stade Roubaisien sur le terrain du Stade Roubaisien Parc Cordonnier au Pont Rouge. Les équipes secondes de ces clubs se rencontreront également le même jour. Pour les équipes secondes, le Club Français gagne sur le score de un à zéro. Pour les équipes premières, c’est le Stade Roubaisien qui l’emporte sur le score de trois à zéro.

Football. Le Racing Club de Roubaix est champion de France pour la troisième fois après avoir remporté la victoire par quatre buts à deux sur l’United Sports Club de Paris. Les parisiens ont mené deux à zéro avant que les roubaisiens ne reviennent avec un but de Jean Dubrulle, le jeu se durcit mais Hargrave marque sur corner un second but pour Roubaix. Les deux équipes sont à égalité après vingt minutes de jeu. À la mi-temps, égalité. À la reprise le jeu reprend toujours aussi dur. Jénicot marque un troisième but pour Roubaix et peu de temps avant la fin Perche va inscrire un quatrième but.

Cyclisme. Une course Roubaix Armentières aller et retour soit 50 kms est organisée par M. Charles Crupelandt, chez M. Vanspeybrouck rue de l’Alma 46 Roubaix le dimanche 16 mai. La course est ouverte aux amateurs libres n’ayant jamais gagné de premier prix.

Le collège abandonné

Quand on emprunte la rue du Gauquier à Wattrelos et qu’on atteint le relais du vieux puits, on franchit la frontière et on se retrouve dans la rue de Moscou d’Estaimpuis. Une centaine de mètres plus loin, on aperçoit sur la droite un imposant bâtiment abandonné. Il s’agit du collège Jean-Baptiste de la salle d’Estaimpuis.

Vue du collège doc Google Maps

Cet établissement d’enseignement confessionnel fait partie de la nombreuse liste d’instituts s’étant installés le long de la frontière, côté belge, au moment de la loi du 7 juillet 1904 qui était relative à la suppression de l’enseignement congréganiste, dite « loi Combes », loi de la République française qui interdit l’enseignement en France à tous les congréganistes et les congrégations religieuses, même autorisées, et organise la liquidation de leurs biens.

Le pensionnat du temps de sa splendeur Coll Part

Des groupes de pères de famille (l’expression est celle du Journal de Roubaix) désireux de conserver à leurs enfants leurs maîtres et enseignements religieux s’étaient associés un peu partout pour créer et confier ces établissements aux Frères des écoles chrétiennes en Belgique. Ainsi trouve-t-on à Leers-Nord le pensionnat des sœurs de la Sagesse, ou le Pensionnat de la Sainte Union à Estaimpuis.

Vue aérienne du Collège Coll Part

Le collège Jean-Baptiste de la salle fut d’abord provisoirement installé à Kain les Tournai en 1904, avant d’être transféré en octobre 1908 sur son emplacement actuel, près de la gare d’Herseaux. La remise des prix de l’année 1907/1908 eut d’ailleurs lieu dans la toute nouvelle chapelle du collège, avant que la rentrée d’octobre n’accueille les nouveaux collégiens.

Le collège aujourd’hui doc Google Maps

Ouvert en 1908, le collège fermera définitivement ses portes en 1984. Le somptueux bâtiment subit alors une lente dégradation, jusqu’à tomber en ruines. Un premier projet de réhabilitation en logements privés de luxe a été présenté en 2004, puis un autre en 2010. Il s’agissait de transformer l’établissement en 65 appartements, lofts et duplex, 3 200 m2 de bureaux et une piscine privée. Ce second projet a été mis en œuvre, mais n’a pas pu aller à son terme en raison d’incendies à répétition et de la fiabilité du promoteur. Depuis, le bâtiment est de nouveau à l’abandon.

Motte-Bossut 1926

Une vieille photo retrouvée dans un grenier et il n’en faut pas plus pour réactiver l’envie de faire quelques recherches. La photo est signée Alexandre Mischkind qui était un grand photographe roubaisien de l’entre deux guerres. Elle a été offerte comme souvenir de la fête en l’honneur des médaillés du travail qui s’est déroulée le 29 aout 1926. Bien qu’elle ait un peu souffert, elle reste un document de l’époque et notamment pour les salariés des établissements Motte-Bossut fils de Leers.

Motte-Bossut 1926 doc coll fam

Nous parcourons la presse de l’époque et nous y trouvons un compte-rendu que nous vous livrons in extenso ci-dessous.

Une fête des médaillés du travail.

Trente cinq ouvriers de la maison Motte-Bossut récemment décorés de la médaille du travail ont été l’objet d’une charmante réception dimanche après-midi. Les décorés s’étaient réunis à l’usine où l’Harmonie municipale est allée les chercher pour les conduire à la Mairie, où ils ont été reçus par l’Administration municipale. Monsieur Joseph Leroy, maire, entouré du Conseil Municipal, a félicité chaleureusement les braves ouvriers, dont la vie de labeur vient d’être récompensée, et a formulé à leur adresse et à celle de leurs familles, les meilleurs vœux. M. Jules Couque, au nom des médaillés, a remercié en termes excellents l’Administration municipale. Après l’exécution de la Marseillaise et le chant d’un chaleureux vivat en l’honneur des décorés, un vin d’honneur a été servi et la fête s’est prolongée dans une atmosphère de franche et cordiale sympathie.

La maternité de Wattrelos

En janvier 1935, les travaux d’agencement étant complètement terminés, les services de la maternité vont pouvoir fonctionner. L’inauguration officielle a lieu le dimanche 20 janvier à 10 heures 30 en présence de l’administration municipale, du Conseil Municipal et du représentant de M. le Préfet du Nord.

Cette cérémonie marque la fin de toute une série de travaux dont le montant s’élève à plus de un million et six cents cinquante mille francs. Le programme a pu être réalisé grâce au concours financier de la ville, qui a voté un crédit de 936.000 francs et une subvention allouée par le Pari Mutuel de 750.000 francs. En plus de la construction de la Maternité, la commission administrative a pu étendre son programme primitif en raison des rabais obtenus lors de l’adjudication du gros œuvre soit environ 400.000 francs. Elle a apporté d’appréciables améliorations dans l’ensemble des services : installation d’une chaufferie générale avec canalisations souterraines la reliant aux différents pavillons, construction d’un pavillon pour les religieuses, installation d’une cuisine moderne mixte gaz vapeur. L’amélioration des services de l’hôpital par le déplacement du Centre chirurgical va permettre de séparer par la suite d’une façon plus complète et plus pratique les services de médecine et de chirurgie. La construction de huit nouveaux logements pour vieux ménages porte leur nombre à vingt. Ces travaux terminés, les établissements hospitaliers comptent actuellement environ 380 lits (hospice hommes et femmes), vieux ménages, hôpital, contagieux et maternité.

Vue aérienne, la maternité est le bâtiment de droite Coll Part

Une cérémonie d’une grande simplicité se déroule le dimanche 20 janvier à l’hôpital de Wattrelos, à l’occasion de l’inauguration de la maternité et des autres travaux importants. Une réunion s’est tenue dans le coquet intérieur de la nouvelle maternité en présence de M. le docteur Vieilledent, inspecteur de l’hygiène, délégué de M. le Préfet du Nord, de M. Paul Debeurme, président de la commission administrative des hospices, de MM les docteurs Victor Leplat, Maillard, Jean et René Leplat, de l’administration municipale, représentée par M. Delvainquière et de nombreux conseillers municipaux, de MM. Cuenot commissaire de police, Lepercq architecte, Lombaert, Delcroix, Arbion, Brunelle, administrateurs des hospices, Honoré économe des établissements hospitaliers, Dusoulier secrétaire adjoint de la mairie, Couillet chef des travaux, Houttemane secrétaire de police, Tonneau brigadier de police.

Paul Debeurme doc JdeRx

M. Paul Debeurme fit l’historique des établissements hospitaliers et parla de leur développement. Il salua ensuite M. Vieilledent et félicita M. Lepercq architecte. Il remercia l’administration municipale de sa générosité envers les hospices et rendit hommage à M. Honoré aux religieuses et au personnel dévoué. Il exprima sa reconnaissance à MM. Les docteurs et particulièrement à M. Victor Leplat qu’il salua comme le doyen des établissements puisque le distingué praticien les fait bénéficier de sa science depuis le 11 juin 1888, soit presque un demi-siècle.

M. Vieilledent exprima les regrets de M. le Préfet retenu par ailleurs. Il se dit heureux de venir à Wattrelos et se plut à reconnaître la parfaite organisation qui règne dans les établissements hospitaliers. Il félicite les personnalités qui ont contribué à l’édification de la maternité et à l’exécution des autres travaux. Il assure enfin les personnes présentes de la bienveillance de M. le Préfet pour le succès de l’œuvre, qui se développera grâce aux concours intelligents de la sage-femme, des religieuses et du personnel. Après ces allocutions, les personnalités visitent la maternité la salle de chaufferie et les différents pavillons où d’utiles améliorations ont été effectuées. Une délégation a tenu après l’inauguration à aller déposer une gerbe sur la tombe de M. Ledoux ancien économe.

À l’occasion de l’ouverture, le public est admis à visiter les nouvelles installations le dimanche 27 janvier de 10 heures à midi et de 14 heures 30 à 16 heures 30.

à suivre

Histoire de Leers

Lorsqu’il entreprend l’écriture de ce livre, l’abbé Monteuuis a déjà été lauréat du prix Montyon décerné par l’académie française pour son ouvrage « l’âme d’un missionnaire ». Il est arrivé à Leers en 1898 et très vite il a été concerné par le projet de Monseigneur Sonnois archevêque de Cambrai qui souhaitait que ses curés écrivent la monographie de leur paroisse1.

Il se met donc au travail. Il consulte les archives communales, qui ne remontent qu’en 1837 et les registres paroissiaux qui ne vont pas au-delà de 1700. Il élargit l’horizon de ses recherches et s’intéresse à l’histoire de la châtellenie de Lille à laquelle appartenait la plus grande partie du pays et celle de l’évêché de Tournai dont dépendait la paroisse de Leers.

La couverture du livre Histoire de Leers

Dans l’introduction, il présente le Leers de son temps, en 1905, puis raconte l’histoire de Leers en trois parties : les origines, la féodalité, l’église et la paroisse. Pour la première partie, il travaille sur l’étymologie de Leers, les triez, l’origine et l’ancienneté du village et les armes de Leers (héraldique).Pour la seconde partie, il reprend les travaux de Théodore Désiré Joseph Leuridan (1819-1900) bibliothécaire archiviste roubaisien qu’il rencontre en sa maison de Roubaix pour échanger avec l’aimable érudit, quelques mois avant sa mort.

Il dépouilla si bien toute sa science, nous parlant des vieilles censes et des vieux châtelains comme il nous causait de ses petits enfants que nous pûmes puiser abondamment à cette source lumineuse et féconde.

Suit un inventaire précis des lieux dits composant la terre de Leers et de leurs propriétaires. Pour la troisième partie, il établit l’histoire chronologique de l’église et de la paroisse de Leers, en évoquant les principaux évènements et en listant la vie des curés qui se sont succédé à la tête de la paroisse. Une conclusion très morale sur l’histoire qui vient d’être racontée vient achever ce bel ouvrage.

Autographe de l’abbé Monteuuis extrait du livre

Ce livre très précis et rigoureusement écrit est un outil précieux pour la mémoire des leersois qui y retrouveront la trace de leurs ancêtres sinon l’évocation historique de la vie de leur paroisse. Il est paru en 1905 chez un imprimeur lillois Lefebvre-Ducrocq et il a été réédité par les soins de l’Association Leersoise d’études historiques et folkloriques en 1985 dans la collection Histoire, Westhoek, les éditions des Beffrois. Plus récemment il a été publié dans la collection des monographies des villes et villages de France en 2008 aux éditions le livre d’histoire, Lorisse éditeur, Paris.

1Histoire Leers page 12

Mars 1904

Le journal des sports de mars 1904

Football. Match retour entre le Racing Club Roubaisien et l’Union Sportive Boulonnaise, respectivement champions de la région terrienne et champions de la région maritime. Les deux équipes jouent à Boulogne et font match nul un but partout. Le vent violent a perturbé l’agencement du jeu. La première rencontre ayant été remportée par le RCR par 10 à 0, les roubaisiens sont donc champions du nord pour la troisième fois .

Escrime. La fête sportive et musicale organisée par le cercle d’escrime L’Union Roubaisienne a obtenu un grand succès en son local de la rue des Arts. On signalera les assauts de M. Dubus contre M. Rosez, M. Désiré Loridan président du Contre de Sixte contre M. Couset, M. Surmon professeur à Roubaix contre M. Bernard maître d’armes au Contre de Sixte. Une démonstration de boxe a été présentée par M. Losfeld et deux de ses plus jeunes élèves. Puis un assaut de canne entre MM. Van Coppenolle et Lauwerrier, tous deux du Contre de sixte a fait l’objet d’un rappel par les spectateurs. Enfin une démonstration de boxe française (méthode Charlemont) a été effectuée par MM. Lorthiois et Van Coppenolle. La partie musicale a été assurée par MM. Vandenboken, Daerinck et Verhaegen et Bus. La soirée s’est terminée par une comédie en un acte Rosalie, parfaitement interprétée.

Publicité mars 1904 JdeRx

Cyclisme. La fanfare cycliste du Nord Tourisme a fait une première répétition à bicyclette sur la pelouse du Vélodrome Roubaisien. Le retour au local Café Régnier Brancquart, Grand Rue, s’est effectué en musique, par le boulevard de paris et la rue neuve, au milieu d’une escorte de cyclistes et de curieux.

Boxe. Une fête intime aura lieu à la salle de l’Académie de boxe française, 47 rue Saint Georges à Roubaix. Au programme de nombreux assauts de boxe et de canne disputés par les professeurs MM. Desruelles frères, et des maîtres étrangers ainsi que des élèves des deux salles de Roubaix et Tourcoing. Les amateurs de lutte auront également satisfaction avec un match de lutte entre M. Paul Boghaert professeur attaché aux salles Desruelles et M. Velghe l’amateur renommé.

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Escrime. L’assaut de la salle Dubar aura lieu lundi suivant 7 mars dans la coquette salle de la rue Neuve. Parmi la pléiade de tireur signalons la présence de MM. Riant et Herpin professeurs à Lille, Deschamps professeur à Tourcoing, Robert président du Cercle d’escrime de Lille, Fort et Dubar professeurs à Roubaix et tous les élèves de la salle Dubar, MM. Valentin, Nys, Lefrançois, Lestienne, Delétang.

Cross Country. Le Championnat du Nord a été couru sur le terrain de l’Union Sportive Tourquennoise, le départ a été donné à la mi-temps du match de football UST-RCR. Il y avait là 35 concurrents pour se disputer le titre. En individuel, la victoire revient à M. Verhaege du Stade Roubaisien et le classement par clubs également au Stade roubaisien qui place quatre coureurs dans les dix premiers.

Gaston Ragueneau en 1904 Photo La Vie au grand air

Cross Country. Le challenge international du Racing Club de Roubaix s’est couru par un temps superbe. Près de cent coureurs venus de Paris, Calais, Arras, Douai et les sociétés locales ont participé. C’est le grand favori, Ragueneau de la Société Athlétique de Montrouge qui l’a emporté, et trois clubs parisiens se classent aux trois premières places du classement par équipes.

Football. La demi finale du championnat de France entre le RCR et le Club Sportif Havrais n’a pu avoir lieu, les havrais ont fait forfait. Les roubaisiens ont donc matché le cercle sportif brugeois et remporté la partie par 7 buts à 2.

Le Stade Roubaisien a transféré son siège social au Café Moderne 1 rue de la Gare à Roubaix.

Un cinéma à Leers

Du temps de la longue rue, Henri Messian et Jeanne Tailliez tiennent l’estaminet au n°21. Henri est directeur du cinéma à la même adresse en 1906, selon les listes du recensement. En 1931, c’est Martial Messian qui est mentionné directeur du cinéma, son père Henri restant cafetier. Martial est alors âgé de 26 ans. En 1936, Les époux Léorini ont pris en gérance le café et le cinéma au 21 de la rue Joseph Leroy à Leers.

L’estaminet et le cinéma du Triangle doc Leers Historique

Pendant la guerre M. Léorini fit partie du train de Loos et fut déporté. Parti à 96 kilos, il revint pesant à peine 43 kilos suite au passage dans les camps de la mort, au travail forcé, aux coups et blessures, aux longues marches. Il est revenu squelettique et méconnaissable, à deux doigts de la mort. De ce fait, il a reçu la médaille de la reconnaissance française. Le cinéma devient le Réal Ciné.

M. et Mme Léorini doc NE

En 1946, le cinéma fonctionne à nouveau avec le couple Léorini, ce sont de braves gens qui ont recueilli un jeune réfugié belge qui retrouvera sa famille après la guerre. Le tenancier du cinéma a reçu le titre de citoyen d’honneur de la cité car il n’a jamais refusé, comme sa femme d’ailleurs, de mettre sa salle gratuitement à la disposition des groupements aux buts d’entraide.

La salle de cinéma sert donc également à des réunions mais aussi à des spectacles de théâtre, ainsi le groupe lyrique des amicales laïques s’y est produit maintes fois. En mai 1951, y est organisé le gala de Miss Leers dont l’élection fut précédée par un bal animé par l’orchestre des gardiens de la paix de Lille. Après quelques heures de musique et de danse, on départagea les onze concurrentes toutes bien jolies. Jean Rémy de Radio Lorraine animait la cérémonie. Les gardiens de la Paix de Lille firent office de jury neutre pour départager les deux concurrentes les plus en vue. Ce fut finalement Melle Régine Dupont 16 ans, domiciliée 50 Gibraltar droite qui fut élue. Elle reçut de nombreux cadeaux et notamment un voyage à l’île de Walcheren aux Pays Bas. Elle doit participer à la finale de Miss Nord le 24 novembre à Lille.

Régine Dupont Miss Leers 1951

La fête ne s’arrête pas là. Le cinéma Léorini devient le cadre de l’émission « on recherche des vedettes de la chanson ». Onze candidats se présentent dont six sont retenus. Il s’agit de Maurice Wostyn, Edith Renard, Michèle Poclet, Paul Jeandel, Michel Meurisse, Théophile Dejardin qui furent tous récompensés par des cadeaux offerts par les commerçants, que l’Association des vieux travailleurs remercia bien sincèrement.

Sources Leers Historique « Les estaminets leersois », le Journal de Roubaix, Nord éclair.

Le cinéma Pax

La Fédération des loisirs familiaux fait construire un cinéma au milieu de la rue Saint Joseph, en mars 1933. On peut déjà admirer l’imposante façade de cet établissement moderne, l’un des plus beaux et des plus vastes de la région. Il pourra contenir 1.200 personnes. Les travaux doivent être terminés pour Pâques.

Le cinéma Pax en construction mars 1933 doc JdeRx

La Fédération des loisirs familiaux, dont le siège social est au 130 de la rue du Blanc-Seau à Tourcoing, et dont l’administration se trouve au 214 Grand Rue à Roubaix, estime que trop souvent les entreprises de divertissement contribuent à la décadence des mœurs et servent de propagande aux idées les plus subversives. Elle se donne pour but d’offrir des distractions et des spectacles attrayants et modernes tout en demeurant sains et honnêtes. Elle ne veut pas laisser le monopole des entreprises de divertissement à ceux qui en font un usage néfaste. Aussi se propose-t-elle de créer et de gérer des cafés, salles de consommation et de jeux populaires, cinémas, bibliothèques. Elle organise également des excursions, voyages et villégiatures1

Une des premières séances du Pax en 1933 doc JdeRx

De fait le cinéma Pax va ouvrir ses portes le samedi 29 avril 1933. On termine actuellement l’aménagement intérieur et les spectateurs pourront bientôt admirer cette magnifique salle spécialement étudiée pour satisfaire les exigences de l’art, du confort et du spectacle. Les premiers terrassements ont été effectués en novembre 1932, et en moins de six mois une nouvelle salle de cinéma est apparue, un véritable tour de force. Avec le concours de M. Desplanque, architecte à Roubaix, la direction du cinéma s’est efforcée de s’adapter à la technique toute nouvelle du « parlant ». La décoration intérieure est de style moderne, d’une extrême simplicité de ligne, mais d’un aspect imposant rappelant le Gaumont Palace, une des plus belles et des plus vastes salles de Paris. Mille spectateurs s’y trouveront à l’aise dans d’excellents fauteuils réservés à des prix très modiques. C’est donc un grand succès en perspective pour le Pax. Cette salle de cinéma ambitionne d’apporter à toute la population laborieuse de Wattrelos quelques distractions, un peu de repos et de paix au milieu des soucis et des difficultés de l’existence.

L’intérieur du cinéma Brochure Loisirs familiaux

La direction du Pax n’a pas hésité à faire appel aux maisons les mieux qualifiées de la région. Ainsi les établissements Augustin Masquilier fils de Tourcoing se sont vus confier l’entreprise générale de cet imposant immeuble. La charpente métallique et les travaux de ferronnerie ont fait l’objet de tous les soins des établissements Goethals et Cie rue d’Angleterre à Tourcoing. Les travaux de plâtre et de staff ont été réalisés par la Maison Louis Allard fils rue Notre Dame à Roubaix. L’installation du chauffage a été faite par la maison Georges Blomme rue de Rohan à Roubaix, qui a installé un système de chauffage par groupe aéro-calorigène avec humidification de l’air. Cet appareil pourra donc servir l’été pour la ventilation et le renouvellement de l’air. La Maison Decoulange et Julien 83 Grand Rue à Roubaix s’est chargée de l’équipement en électricité du cinéma. La salle bénéficie d’un éclairage indirect du plus heureux effet s’accordant bien avec le style moderne de la décoration.

On pourra se procurer des tickets d’entrée aux pris de 3 frs, 4 frs, 5 frs et 7 frs. La première représentation a lieu le samedi 29 avril à 19 heures 30. Le dimanche les séances seront données à 15 heures et 18 h 30. On pourra y voir toutes les belles productions de l’art cinématographique, chefs d’oeuvre émouvants et comiques, avec les meilleurs artistes du monde. La population wattrelosienne s’est rendue en nombre à cette première séance et assista à un grand programme réunissant Noël Noël, Tramel, Pauley et Dréan.

Le cinéma Pax aujourd’hui n’est plus un cinéma doc google maps

Le cinéma Pax sera le fleuron de cette fédération, qui gérera également les cinémas du Foyer Populaire à Linselles, le Cinéma Roncquois, le Cinéma Rex 214 Grand Rue à Roubaix et un certain nombre de cafés.

1Extrait d’une brochure de présentation de la Fédération des Loisirs familiaux, société anonyme à capital variable.