Mars 1900

01 Le Nord Touriste se réunit pour définir le tracé de la première route cyclable de Roubaix à Lille. Voici donc l’itinéraire : boulevard de Paris, à la Montagne prendre l’avenue droite et suivre l’ « avenue des cyclistes » qui commence à droite du kiosque du jardin de Barbieux pour aboutir près de l’ancien club hippique à la grande artère du beau jardin qui conduit sur la route de Lille au pont de Croix, soit directement ou par le chemin du nouveau club hippique, suivre la route de Lille jusqu’au pont du Broeucq tourner alors à droite et suivre le chemin vicinal venant de Wasquehal à Hem (Planche Epinoy) jusqu’au Recueil, estaminet du signal d’arrêt. Tourner à droite et suivre le trottoir de l’Hempempont à Flers et Fives. Pas de grand boulevard à l’époque, ni de tramway. On rejoint donc ce qu’on appelle de nos jours la vieille route de Lille.

01 Le Stade Roubaisien se réunit au café Belle Vue Grand Place à 20 h 30 pour évoquer son calendrier de rencontres.

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02 Malgré la dissolution de la société du Vélodrome Roubaisien, la grande épreuve Paris Roubaix aura bien lieu et l’arrivée se déroulera sur la piste du vélodrome. Les liquidateurs de la société ont accepté de la prêter au journal Le Vélo dont le directeur M. Paul Rousseau sera prochainement à Roubaix pour régler définitivement la question.

05 Le Moto Club Roubaisien récemment créé prépare une course de motocycles sur le parcours Roubaix Béthune. Les chauffeurs intéressés sont priés de se faire inscrire au siège du club, Café Léon Boulevard de Paris Roubaix.

05 La réunion générale des membres du Club l’Avenir Athlétique Roubaisien se fera à son local, 94 rue de France. Une démonstration du système d’entraînement Sandow par petites haltères y sera présentée.

Publicité Bains Roubaisiens 1905 in JdeRx

05 L’administration des Bains Roubaisiens (rue Pierre Motte) va inaugurer la saison par une fête nautique. Au programme une partie sportive de natation et une partie récréative, de sorte que tout le monde y trouve son compte !

06 Football. L’Institut Technique a battu l’équipe III du RCR par 3-1. Le Stade Lillois a battu le Stade Roubaisien par 5-3.

14 Le Contre de Quarte de Roubaix est invité à la fête organisée à Tournai par le Cercle d’escrime des artilleurs de la garde-civique. Les tireurs suivants ont été désignés, pour l’escrime MM Leriche fils, Faure, Dumas et Vanclef. Pour la boxe, MM Lorthiois, professeur et Huvenne, amateur.

19 Les courses de taureaux avec mise à mort sont déclarés interdits sur la voie publique ou dans des locaux ouverts au public, comme tous les combats, jeux ou spectacles dans lesquels des animaux sont destinés à être tués ou blessés. Paris 17 mars, sur proposition de loi de MM Bompard, Bertrand et Charles Bos. Amendes et emprisonnements sont prévus pour les participants ou entrepreneurs de tels jeux ou spectacles. Amendes à ceux qui les annoncent.

23 L’Association Sportive Roubaisienne organise un cross country de huit kilomètres réservé à ses membres. La course terminée, on se retrouve au local, 32 rue Jeanne d’Arc à Roubaix.

24 Les heures de départ du prochain Paris Roubaix sont fixées : pour les cyclistes 8 h 30 précises à Châtou, de façon à ce que le gros des arrivées se produise durant l’après midi. Pour les chauffeurs, ils ne partiront qu’à 10 h 30, compte tenu des vitesses obtenues dans les récentes courses de motocycles.

Avant le Brondeloire vert

Cette fameuse tranchée verte commence au pont de la rue de Mouvaux, en face de la descente de la rue de l’Alma, autrefois occupée par la société anonyme de fabrication de tissus du même nom. Voici un relevé des rues situées entre le chemin de fer et la rue de l’épeule, à partir de la rue du grand chemin, ainsi que leur date de création : rue du Lieutenant Castelain (1894), qui rejoint la rue du Parc (rue particulière existant dès 1860 et entrée dans le réseau vicinal en 1905), de laquelle repart la rue du Vivier (id). Celle-ci croise la rue des Arts, à partir de laquelle se trouve la petite rue de la digue (1867) à hauteur d’un autre pont de chemin de fer qui rejoint la rue du Marquisat (existante en 1867, vicinalisée en 1892) d’où démarre la rue du Brondeloire (classée en 1887), dans laquelle aboutissent la rue Heilmann et la rue Brézin.

Le bout de la rue du Parc et les ateliers Verplancke Doc Google Maps

Un certain nombre d’entreprises étaient adossées au talus de la voie de chemin de fer. La percée s’est faite à l’endroit où se trouvaient autrefois les bureaux de la Compagnie des Mines d’Anzin au n°56, au ras du mur et des sheds de l’atelier de carrosserie Verplancke au n°32. On se retrouve là au bout de la rue du Parc, laquelle rejoignait autrefois la rue de la digue au pied du remblai de chemin de fer. Elle fut désaffectée sur plus de vingt mètres de son parcours, dont l’espace réapparaît aujourd’hui avec la percée verte.

Publicité Coussement doc NE

Le long de la rue du Vivier, côté pair, se trouvaient aux n°8 à 12 la société Coussement, et au n°18 la cité Lequain. Côté impair, on peut encore apercevoir les locaux d’entreprises aujourd’hui disparues, au n°5 les eaux gazeuses, au n°7 les magasins Chatiliez, au n°9 un dépôt de matières colorantes Kuhlmann. Sur le même trottoir, un poste EDF fait toujours l’angle avec la rue des Arts. Dans la rue des Arts se faisaient face en regardant vers le pont à gauche au n°215 les transports Valcke et à droite au n°244-246 la fromagerie Marcillat, produits laitiers.

Les épiceries en gros Kuhn Doc Coll Particulière

La rue du Vivier donne donc dans la rue du Marquisat, où étaient les locaux de l’épicerie en gros Kuhn au n°51, après le débouché de la rue du Brondeloire. Celle-ci reçoit dans son côté impair l’arrivée des rues de Turenne et Heilmann. De fait elle était donc constituée des façades arrières de l’importante usine Selliez laquelle donnait sur les trois rues. Sur son côté pair, dans les années soixante dix, elle comprenait au n°34 les Ets Flipo Richir qui occuperont également l’usine Selliez un peu plus tard, au n°36 l’usine de la société d’articles de sports Vroman, et aux n°38-40 les transports Delachaussée.

Les ets Flipo Manutention 34 rue du brondeloire Doc AmRx

Il faut ajouter à cette liste contemporaine des implantations plus anciennes comme celle du Peignage de l’Epeule qui occupèrent tout le côté pair de la rue du Brondeloire au début du vingtième siècle avant de disparaître dans un mémorable incendie.

Février 1900

01 Match entre le Football Club Roubaisien et l’Association Sportive Roubaisienne, interrompu après 50 minutes par suite de la pluie et du mauvais état du terrain transformé en marécage. ASR-FCRx 1-0. On promet de se revoir par beau temps.

01 Tir à l’arme de guerre, concours entre sociétaires, 1er prix Henri Vandaele, 2e Jean Lerat. Annonce du concours international d’avril mai juin.

02 Football Le Paris Star vient à Roubaix affronter le RCR

03 Football : sur le terrain de la rue de Beaumont, Racing Club Gantois et RCR (équipes secondes), revanche d’un match perdu par les roubaisiens 4-2. Puis Paris Star contre RCR.

03 escrime : L’excellent professeur d’escrime M. Loridan organise une fête d’escrime au profit de la Bouchée de Pain.

06 Football Racing Club Gantois et RCR 3-0, RCR-Paris Star 3-1, Sporting Club Tourquennois-Stade Roubaisien 2-1

11 Cyclisme la société des francs pédaleurs roubaisien a son siège chez M. Vansoye « aux quatre coins du pont des arts » 11 rue du Boucher de Perthes. Banquet annuel.

12 Football : challenge international du nord Le Havre contre le Football Club de Bruges

Corrida à Roubaix CP Méd Rx

12 Courses de taureaux : traduits et condamnés par le tribunal de simple police de Roubaix, les matadors sont condamnés. Les organisateurs des corridas et les matadors vont en appel devant la cour de cassation qui annule les arrêts du juge de paix de Roubaix. Deux nouvelles corridas font l’objet de procès verbaux et c’est le tribunal de simple police de Lille qui s’occupe de l’affaire. Il condamne les matadors à dix francs d’amende et à deux jours de prison par taureau tué et M. Perez directeur du torodrome est déclaré civilement responsable.

13 Football : Match Association Sportive Roubaisienne contre le Stade Roubaisien sur le terrain du Stade qui l’emporte 6-0

13 Football Le Havre AC contre le Football Club Brugeois 3-1. Beaucoup d’anglais sur la pelouse !

19 Cyclisme : les plaques de contrôle des bicyclettes sont délivrées par les percepteurs pour l’année en cours à partir du premier avril !

23 Cyclisme : publicité Dussart et Accou sous la forme d’un article en faveur du cyclisme et de l’automobilisme. Signé un starter.

La manufacture Dussart et Accou rue Corneille à Rx Coll Particulière

28 : La Maison Dussart et Accou fabrique des bicyclettes réunissant toutes les qualités : solidité, rigidité, élégance, vitesse. Les voiturettes automobiles construites dans les ateliers de la rue Corneille à Roubaix sont des créations superbes et idéales. Signé un starter.

28 Nord Touriste : appel à cotisation. Envoyer le montant le plus tôt possible à M. E Catteau trésorier hôtel Ferraille Roubaix. Les statuts prévoient que les recouvrements se font aux frais des sociétaires. On ne s’étonnera pas de recevoir un reçu augmenté de la somme de 50 centimes.

28 Football : le Racing club roubaisien va jouer le Racing Club de France au Parc des Princes, avec ses équipes première et seconde. Pour les équipes secondes, match nul 1-1. Pour les premières, match nul également 3-3. Léon Dubly blessé, quitte le terrain.

28 Escrime : pour le gala pour la Bouchée de Pain, la Grande Fanfare participera sous la direction de M. Henri Gadenne. Ça se passera en mars, dans la salle des fêtes de la Mairie. Voici les noms de quelques tireurs : Paul Lefevre de la société l’Honneur de Douai, l’adjudant Simmoneau maître au 1er chasseurs de Lille, A Dubar maître à Roubaix, Loridan professeur à Roubaix.

Janvier 1900

01 Cyclisme le Nord Touriste avec le Touring club de France et l’union vélocipédique négocient avec le gouvernement belge : désormais pour l’entrée en Belgique, plus de cautionnement à verser, plus de permis de circulation, la présentation de la carte de sociétaire muni de la photographie suffit.

usson
L’écusson du Nord Touriste 1900 in JdeRx

07 Football match international Racing club de Roubaix Racing club de Gand. Sous une pluie battante et devant un adversaire diminué (à dix toute la seconde mi-temps) 13-0

12 L’iris club lillois vient jouer le racing club roubaisien foot le 14

13 le RCR président Henri Lesur Trésorier Edouard ou Edmond Bleuez secrétaire G Dansette G Rohart trésorier adjoint

15 RCR-Iris Lille 1-0

15 Sport pédestre M. Léon Esquenet champion de Roubaix s’entraîne pour le prochain Paris Roubaix

21 fête de l’union des sports athlétiques rue Neuve

21 RCR contre Cercle sportif brugeois en football, club qui alimente le FC Bruges champion des flandres? Bruges-RCR 7-3

28 Escrime fête de gala du contre de quarte

29 RCR Stade Lillois à Lille

29 lutte Nourlah le célèbre turc imbattable vient affronter le français Pérouse dit le Lion de Valence à l’hippodrome de Roubaix, mille francs au vainqueur (voir notre article)

On chronique régulièrement les combats de coqs, le jeu de boule à la platine, et la chronique colombophile et même le tir aux poulets, le jeu de fléchettes dans la rubrique Vie sportive.

Un grand événement sportif

L’événement, c’est le match de lutte qui doit avoir lie le lundi 29 janvier 1900 à l’Hippodrome de Roubaix entre les lutteurs Nourlah et Peyrouse. Le colosse turc engagé dans la « ceinture d’or » à Paris, tombe tous ses adversaires avec une grande facilité. Sa masse prodigieuse de 154 kgs est un atout extraordinaire. Il n’a jamais été battu. Peyrouse est moins imposant mais il est un challenger intéressant. Très grand, sec et nerveux, il est capable dans un effort calculé de triompher de son adversaire, car il possède à fond la science de la lutte.

Les attractions diverses qui composent les autres parties en feront une véritable soirée de gala. La société de gymnastique l’Ancienne participe à la fête ainsi que l’excellente fanfare du centre (70 exécutants). M. Jules Vroman, chef de l’Ancienne a composé pour cette soirée un grand ballet en trois parties intitulé la Moisson. Ballet accompagné par la fanfare sous la direction de M. Albert Duhamel. Puis on prévoit une fine comédie représentant une scène de la vie militaire, un travail artistique de gymnastique et une batoude américaine (sorte de tremplin), il y en aura pour tous les goûts.

Nourlah, l’imbattable turc dessin JdeRx

Nourlah, ou Nouroula Hassan est né en 1866 à Sebournia (Bulgarie Turque). Il mesure deux mètres et pèse 155 kgs. D’une force herculéenne, il a étudié de manière approfondie la lutte et spécialement la lutte française dont il connaît toutes les finesses et qu’il pratique avec autant d’élégance que de souplesse. Venu en France pour la première fois en 1895 avec Youssouf et Kara Osman, il n’a jamais connu la défaite depuis.

Peyrouse le lion de Valence dessin JdeRx

Peyrouse dit le lion de Valence est le plus grand par la taille et le poids, de tous les lutteurs français. Il mesure 1,95 m et pèse 122 kgs. Né à Montélimar le 26 juin 1872, il a tombé tous les lutteurs du midi et a encore progressé depuis un an. Ce sera donc une vraie lutte de géants.

Nourlah a tombé successivement les plus redoutables lutteurs comme Constant le boucher, Dumont le havrais, Aimable de la Calmette, Cresté, Van den berg. D’autres ont préféré s’abstenir, comme Pons, Pytlanslovski malgré les dix mille francs de prime au défi.

Le règlement de la rencontre sera celui des championnats du monde à Paris avec interdiction des coups suivants : colliers de force, cravates, retournements de bras, crocs en jambe, torsions de doigt. L’adversaire soit être accompagné à terre ; la durée des reprises est fixée à 15 minutes. Bref, la lutte française à mains plates, dans son caractère de simplicité imposante.

Un jury impartial est composé de M. Victors directeur du Nord Sportif, Leplat du journal des sports et Damez du Vélo. L’arbitre sera M. Émile Truffaut un des sportsmen les plus compétents de notre ville.

L’hippodrome théâtre doc Coll Particulière

Les portes de l’hippodrome sont ouvertes à sept heures et demie et c’est salle comble ! Cependant Peyrouse fait défaut, empêché par la maladie. Heureusement les organisateurs ont un adversaire à opposer au turc, c’est un redoutable champion belge, Van Thys, qui a fait preuve de courage et d’une science approfondie de la lutte. Nourlah n’a pas pu en venir à bout en une reprise. Le belge avec crânerie attaque sans cesse le turc qu’il met au tapis plusieurs fois sous les applaudissements. Mais Nourlah a raison de Van Thys dès le début de la seconde reprise et lui fait toucher les épaules par un bras roulé à terre. L’arbitre siffle la fin. Le combat a duré 16 minutes et 3 secondes.

La société l’Ancienne doc AmRx

Les autres numéros ont été très appréciés : avec une réserve pour la scène militaire qui aurait pu être mieux choisie. La Fanfare du centre a ouvert avec deux morceaux bien exécutés, les mouvements ont été rendus avec une précision remarquable par les gymnastes de l’Ancienne, comme les exercices au tremplin, les luttes libres et les sauts périlleux font honneur aux gymnastes et à leur chef M. Vroman. Enfin une mention spéciale au ballet la Moisson. On a terminé avec le tirage de la tombola de l’Ancienne. Une belle soirée de gala.

Le premier super marché

Le boulevard des Couteaux se trouve entre ses bâtiments collectifs et ceux de la Mousserie. Une grande concentration de population que les commerces du Sapin Vert ne suffisent pas à ravitailler. Cette situation, une cité et peu de moyens, n’est pas unique mais c’est à Wattrelos qu’on va lui trouver une solution. En 1960 va s’y installer un super marché. Le premier du genre.

Le projet de super marché Docks Photo NE

Qu’est ce qu’un« supermarché » ? Les points de vente en libre-service d’une surface inférieure à 400 m2 sont qualifiés de supérettes ou de libre-service. De 400 m² à 1.000 m² , la catégorie des petits supermarchés réunit des magasins plutôt urbains et axés sur l’alimentaire. De 1.000 m² à 2.500 m² , la catégorie des grands supermarchés réunit des points de vente plutôt ruraux, offrant un assortiment essentiellement alimentaire avec cependant un complément non-alimentaire plus développé en fonction des attentes de la clientèle. Le super marché de Wattrelos avec ses 1.300 m² entre dans la 3e catégorie.

Le chantier du super marché Photo NE

Le vendredi 8 avril 1960, Maurice Duquesne PDG des Docks du Nord vient inaugurer le nouveau super marché (en deux mots) des Couteaux. Il rend hommage à son promoteur Michel Delhaize. C’est lui, avec ses frères Georges et Etienne, qui a su traduire et adapter pour les consommateurs français les précieux enseignements qu’une sérieuse enquête menée aux Etats Unis en 1957 lui a permis de recueillir. Ce super marché, dit-il, c’est l’oeuvre de toute une équipe dynamique qui sait s’adapter aux événements mais sait aussi les précéder. Parmi les officiels, Melle Brienne représentant M. Hirsch Préfet du Nord, MM Delvainquière maire de Wattrelos et Holvoet adjoint. Lancry directeur des travaux municipaux, Constant commissaire principal, et le président de l’association des locataires de la Mousserie.

Pub ouverture Photo NE

Les visiteurs vont apprécier les vastes proportions harmonieusement mises en valeur par une décoration du meilleur goût. Des allées larges garnies du plus extraordinaire éventail de produits de toute nature. Les dimensions sont importantes : 1.300 m² de terrain 760 m² de surface couverte, dont 400 de surface de vente, et 250 de réserves, trois chambres froides de 18 m² pour les denrées périssables. Logement du gérant, parking. Trois caisses de sortie. Les ménagères se procurent en entrant de très pratiques paniers roulants. Le super marché comprend 185 mètres de rayons pour l’épicerie, 84 mètres pour les liquides, et 20 mètres pour les fruits et légumes, 10 mètres pour la crémerie et ainsi de suite pour la boucherie, charcuterie, vollailes, poissons, mâtisserie, boulangerie, confiserie, plus les rayons non alimentaires (articles ménagers, entretien, droguerie) le tout abondamment garni. Isolé du grand passage, dans une jolie pièce de 50 m² attenante au super marché fonctionne le rayon textiles : confection, lingerie féminine, sous-vêtements, indémaillable, linge de maison. Le super marché docks peut être considéré comme la « station service intégrale » de la ménagère.

Vue intérieur Photo NE

Le nouveau super marché DOCKS de Wattrelos qui fonctionne en libre service est une grande réalisation qui fera date dans l’aménagement commercial du Nord. En fait c’est le premier supermarché en bordure de cité, avant Auchan. Son slogan : la qualité la meilleure au plus juste prix ! En 1908, Georges et René Delhaize avaient créé à Lille, la société des Docks du Nord. Ils bâtissent en 1960, dans le Nord à Wattrelos le premier super marché du groupe. C’est le début de l’ère des hypers. La même année, le premier supermarché Carrefour est ouvert à Annecy, Casino ouvre son premier super à Grenoble. L’année suivante, en 1961, Gérard Mulliez ouvre sous l’enseigne Auchan, dans le quartier des Hauts-Champs à Roubaix, dans une ancienne usine.

La ducasse du Sapin Vert en 1947

En 1947 la guerre n’est pas finie depuis longtemps, on se souvient encore des allemands quand ils se présentaient chez le marchand de légumes, corrects, impeccables, jamais un mot, du moment que qu’il n’y avait pas de résistance. Dans le quartier du Sapin Vert comme partout ailleurs, il y a eu des résistants, des fraudeurs et des gens paisibles. On ne donnait ni les uns ni les autres. Le 13 mai 1944, les anglais ont lâché 56 Tonnes de bombes sur le dépôt de locomotives de la rotonde lequel a sauté. Un témoin rapporte que des dégâts étaient encore visibles près de la rue Boucicaut en 1956.

La place du Sapin Vert autrefois Coll Particulière

Le dimanche commence tôt : dès 7 heures, réveil en fanfare par la Jeune Garde de Tourcoing. L’ambiance est très musicale, à 11 heures concert apéritif dans tous les cafés du quartier. Les commerçants du Sapin Vert organisent un grand prix cycliste en début d’après midi sur un circuit de 60 kilomètres. Départ devant la maison Goset 6 rue du Mont à Leux et arrivée devant la maison Charlet 75 rue du Tilleul. Il y a pour 7.500 francs de prix avec le concours de l’Excelsior de Roubaix. La course est réservée aux débutants. Le Club cynophile fait ensuite une démonstration de chiens de défense, rue des Villas avec le concours du Club Cynophile Tourquennois. À 19 h 30, l’Olympique artistique wattrelosien va exécuter ballets et danses au rond point de l’avenue Joffre et de la rue du Haut Vinage. Le lundi 22 septembre, une braderie se déroule à partir de 14 h 00 rues du Tilleul, de l’Union et du Mont à Leux. À 21 heures, rue du Sapin Vert, il y a un feu d’artifice.

En 1947, Yvette a dix sept ans. Elle est née pendant une précédente ducasse du Sapin Vert. Fille de commerçants du quartier, elle travaille chez chez La Vogue à Tourcoing. Elle voit les préparations de la prochaine ducasse. Deux ou trois jours avant, il faut monter les manèges, et la ducasse va durer deux jours. Les commerçants du quartier y participent activement. Le boulanger offre gratuitement petits pains et petits bonbons, le samedi soir pour la retraite aux flambeaux, et il y avait des bons pour aller sur les manèges, offerts par l’union des commerçants.

La Reine du Sapin Vert 1947 Photo Coll Arickx

Puis on s’apprête à élire la Reine du Sapin Vert. L’élection est organisée par l’union des commerçants. Les candidates devaient s’inscrire au café Vanelslander où avait lieu également l’élection. Le jury était composé de commerçants et d’autres personnes. Les filles devaient défiler devant le jury en soulevant la robe pour montrer les jambes. Les candidates sont les jeunes filles du coin, comme Yvette et ses copines du quartier. Il y a Mimi, Jeannine et trois autres filles. Les robes sont prêtées par le comité des commerçants. Yvette sera la Reine 1947. La Reine et ses dauphines ont défilé dans les rues du Sapin vert, sur un char, le dimanche suivant la ducasse. Elle se mariera deux ans plus tard, après avoir fait la connaissance de son futur mari au dancing Métro situé au Laboureur à Wattrelos grâce à Mimi qui était une candidate à l’élection.

Le lundi de la ducasse, on dansait dans tous les cafés au son de la musique (disque ou radio) sauf dans un café où il y avait un orchestre. Les commerçants avaient prévu de faire l’élection du plus beau bébé mais cette idée a été annulée on ne sait pour quel motif.

Remerciements à Patrice pour le témoignage et à Michèle pour la relecture et la correction

Un morceau de rue disparaît

Mai 1999, l’annonce paraît dans les journaux, on va amputer un morceau de Grand Rue, celui qui fermait le rectangle de la place de la liberté à partir de la rue Jean Monnet (ex rue Pauvrée). De l’autre côté du trotttoir c’était autrefois le magasin Nord et Loire qui a disparu (entre autres) pour laisser place à l’entrée de l’ensemble Géant Casino. On va prépare maintenant s’attaquer à la suite de l’alignement des magasins existants pour l’arrivée d’un nouveau cinéma, à ce moment prévu le complexe australien Village Road Show.

Quels sont les immeubles qui vont être abattus ? Il s’agit des n° 43 au 51, des commerces plus que centenaires. Ainsi le n°43 fut-il longtemps un café tenu par M. Vanongeval puis après la seconde guerre, sous l’enseigne « Au Forgeron » par Jules Prez, professeur de musique. C’était aussi le siège des transports en commun Lebas et Dumont et du Trait d’Union Messagers au début des années soixante. Les chaussures Sam viennent s’y installer en 1968 et s’y trouvent encore au moment de la démolition.

Le magasin de chaussures Sam au n°43 Coll particulière

Le n°45 était la célèbre chemiserie de la famille Hamard, à l’enseigne des « Cent mille cravates ». Depuis les années soixante dix, le magasin était occupé par les Tricots Nord Maille.

Les cent mille cravates au n°45 Coll Particulière

Le n°47 a toujours été occupé par un bijoutier, M. Masquelier auquel succéde M. Meurisse à la fin des années soixante. Le n°49 fut longtemps l’échoppe d’un tailleur M Verhelle, puis M. Leroy-Verhelle, avant de laisser la place à la maroquinerie « Au cuir de France », au début des années soixante dix.

Vue aérienne des premiers numéros Photo NE

Le 49bis, c’était la célèbre bijouterie de M Fourgous, « au Coeur d’or », auquel succède M. Daraut. Puis le magasin Lano, confections hommes, s’y installe, tout droit venu de la rue de Lannoy au moment de sa démolition en 1964. Le photographe Bourgeois prendra la suite pendant les années quatre-vingts, venant de la rue Pauvrée. Il se réinstallera par la suite dans la Grand Rue, un peu plus haut, au n°33.

La bijouterie Fourgous, au cœur d’or Coll Particulière

Depuis les années vingt, on pouvait trouver au 49ter les Galeries Ste Anne, mercerie, soieries, tricots. En 1979 l’Office du tourisme y fait un passage avant de s’installer dans l’ancienne entrée du cinéma Casino place de la liberté. Dans les derniers temps, on y trouve Abrinor, une agence immobilière.

Les Galeries Saint Anne au n°49 Coll Particulière

Le n°51 était occupé par les tissus Lesur, puis Massard. Le fabricant de matelas et de literie Cheval vient s’adjoindre aux négociants, en même temps que les jardins populaires de Roubaix.

Vue des derniers bâtiments à démolir Coll Particulière

Le n°53 échappera aux démolitions, c’est un café tenu par Georges Desmytter, qui porte au moment de la démolition l’enseigne des Olympiades.

Les olympiades, le café survivant Coll Particulière

L’ensemble de ces bâtiments disparaît en 1999. C’est en 2004 que s’ouvre le Duplexe, des œuvres de Michel Vermoesen et Daniel Najberg, célébrant le retour du cinéma dans une ville qui en était privée depuis 1986.

Le Duplexe Vue Google Maps

Poste à l’épeule

Nous avons relaté l’existence d’une poste annexe dans le quartier de l’épeule. En l’espace d’une dizaine d’années au début du vingtième siècle, il y eut à Roubaix des petits bureaux de postes de quartier, des recettes auxiliaires, destinées à couvrir les besoins des quartiers. Il y en eut une dans le quartier de l’épeule, au n°21 rue Newcomen qui disparut après la première guerre.

La poste annexe rue Newcomen Coll Particulière

En 1930, le service des Postes Télégraphe et Téléphone est assuré, à Roubaix, par un bureau principal des postes et télégraphes, boulevard Gambetta. C’est là que les épeulois se rendent pour les opérations postales ordinaires et extraordinaires. Un troisième bureau de postes est en construction rue de l’Alma qui sera inauguré en 1933, un peu plus près de leur quartier. La mémoire des anciens épeulois n’a pas conservé trace de bureau de postes dans le quartier. Il faudra attendre plus de soixante ans avant qu’on reparle de la création d’un bureau annexe après la fin de l’établissement Hourez en 1990. Le bureau de poste annexe de l’épeule a été construit à partir du 10 octobre 1994, et la réception des travaux a eu lieu le 13 janvier 1995. Il se trouvait au n°179 de la rue, soit au beau milieu des locaux des anciens établissements Hourez. Il ne fera cependant pas long feu, un incendie le détruira complétement la même année.

Le plan de la poste du n°179 doc AmRx

Il est décidé de réinstaller la poste annexe provisoirement au 61 rue de l’épeule où se trouve déjà des locaux loués par la ville en vue de la création d’une maison des services (mairie de quartier, CCAS). Ce provisoire sera durable : pendant 22 ans, les services postaux et la mairie de quartier partageront ces locaux étroits et inappropriés.

Les locaux qui accueillirent la poste et la maison des services rue des Arts Vue Googlemaps

Une première tentative de reconstruction se présentera avec un projet de 2003 qui proposait l’intégration de la poste dans une une galerie perpendiculaire au supermarché Match. Mais cela ne se fera pas.

Projet de la galerie avec bureau de poste doc AmRx
Le projet vue de dessus doc AmRx

Il faudra attendre l’ouverture de la maison des services des quartiers ouest en avril 2015. Elle ouvre ses portes à l’angle des rues de l’Épeule et Watt. Elle regroupe la mairie des quartiers et le CCAS et attend encore les derniers logements LMH et la Poste. Les travaux étaient commencés depuis plus de trois ans. La mairie des quartiers-ouest a déménagé mi avril au 187 de la rue. Le bâtiment tout neuf se situe à l’angle de la rue Watt, en face de la pharmacie Sainte-Claire. Le CCAS a lui aussi emménagé dans ces nouveaux locaux. Cette mutualisation permet d’avoir un double accueil, plus pratique pour les usagers. D’autres permanences sont toujours proposées dans ces locaux. Le service intercommunal d’aide aux victimes (SIAVIC), le conciliateur de justice et le CAL-PACT y tiennent leurs permanences hebdomadaires. Il reste de la place pour accueillir d’autres associations ou d’autres permanences. « On est dans des locaux plus spacieux, plus agréables et plus lumineux », explique Didier Robin, directeur de la Mairie de Quartier.

La poste de l’épeule aujourd’hui vue Googlemaps

Il faudra encore deux ans pour que la Poste rejoigne l’ensemble. Ouvert depuis le 28 février 2017, au n°173 rue de l’épeule, le nouveau bureau de La Poste a été inauguré en mars. Plus grand, plus lumineux que l’ancien situé rue des Arts, il accueille aujourd’hui près de 120 clients par jour. Et si le projet a tardé à sortir, les clients en semblent aujourd’hui totalement satisfaits.

 

 

L’opération Bell

Vue aérienne 1962 du quartier de l’épeule doc IGN

Depuis 1876, date de son édification, le Couvent des Clarisses a vu maintes fois son environnement évoluer. Le vieux sentier des Ogiers qui passait à proximité est devenu la rue de Wasquehal et la rue des Ogiers à son débouché dans la rue de l’épeule. L’endroit s’est progressivement garni de longues rangées d’habitations ouvrières alors que l’industrie remplissait l’espace entre la voie de chemin de fer et la rue de l’épeule. A titre d’exemple, dans la rue de Wasquehal on trouvait autrefois la Fonderie de l’Epeule, la Société anonyme de finissage anglais, la Société roubaisienne de vêtements imperméables. Un certain nombre de courées y furent édifiées : en 1953, nous trouvons au n° 21 la cour du Brondeloire et la cour Delannoy, au n° 10 la cité Delporte, au n° 30 l’impasse de la Fonderie, au n° 36 la cour Baudaert-Dupriez et au n° 108 la cour Leman. En 1883, le quartier des rues de Wasquehal, des Ogiers et Watt est décrit comme l’un des plus humides et des plus boueux de la Ville, avant la construction d’un aqueduc dont la réception définitive aura lieu le 30 avril 1885. Sa construction fit disparaître les fossés et permit d’élargir la chaussée. Créée par une délibération du Conseil Municipal du 24 février 1893, la rue Bell fut approuvée par la Préfecture le 6 Mars de la même année. Située à la limite des territoires de Croix et de Roubaix, elle est dans l’immédiat voisinage de la société du Peignage de l’épeule. La rue Bell se verra complétée par une nouvelle série de constructions au cours des années 1920.

Premières démolitions angle épeule Ogiers Photo NE

Une nouvelle mutation du quartier se prépare en 1970, il s’agit d’une importante opération de résorption de l’habitat qui concerne les ilots Bell (rue de Wasquehal), Frère (cour située rue de Mouvaux), Aigle d’Or (cour située rue de la fosse aux chênes), Faidherbe II (cours situées rue Cugnot, rue des Vélocipèdes, rue de la limite), la Paix (cours situées rue du fort, rue de la longue chemise), et Petit Paradis (cour située Grand Rue, rue Lacroix, rue Fourcroy). Les locaux utilisés à des fins d’habitation dans ces zones sont déclarés impropres pour des raisons d’hygiène, de sécurité de salubrité. L’opération de résorption va concerner un périmètre en forme de rectangle constitué par la rue de la limite, la rue de Wasquehal, la rue des ogiers, la rue de l’épeule.

Quel est l’état des lieux du quartier en 1972 ? La rue Bell, créée en 1893, longue de 190 mètres sur 10-12 de large, se déroule du n°3 au 61 et du n°22 au 72. On y trouve un serrurier M. Créteur au 3, un coiffeur dames Mme Duhem au 25, après la rue Morse. Il y a des maisons inoccupées aux n° 9, 13, 39. Du côté pair, le Patronage St Sépulcre est au 36, et la maison du 72 est inoccupée. Établie de 1871 à 1888, la rue Cugnot fait 160 mètres de long sur 10 de large et présente une soixantaine de numéros pairs et impairs. Un pharmacien, M.Goddefroy occupe les n°1 à 5, la crémerie Descamps le n°11, les Taxis Vanhoorde le n°33. Côté pair, la technique électrique est aun°6, et on dénombre deux cours, Delmotte n°16, Cour Fontaine n°24. Les n°10,14,22 sont inoccupés. La petite rue Foucault date de 1891, fait 110 mètres de long sur 12 de large et s’étend du n°1 au n°41 et n°2 à 38. La rue des Ogiers est plus ancienne, établie en 1871, elle ne fait que 95 mètres de long sur 12 de large. Malgré son parcours assez court, on y trouve un boulanger au 7, deux coiffeurs au 3 et au 14. La rue des vélocipèdes fait 115 mètres de long sur 8 de large et comprend peu de numéros : du n°1 au 39 et du n°2 au 46. Une entreprise de couverture Debarge est au 17, puis une succession de courées, Cour Malfait 21bis, cour Faidherbe 25, Cour Huvelle 6, Cour Vandenbroeck 40bis. Enfin la rue de Wasquehal réalisée en 1871, fait 430 mètres de long sur 10 à 12 de large et s’étend du n°2 au 118. On y trouve les Clarisses au n°2, la cité Delporte au 10, l’impasse de la fonderie (16/18), l’impasse fleurie 32, cour Baudaert Dupriez 36, cour Leman 108, et beaucoup d’inoccupés, environ 1/3 de la rue. Il s’agit donc d’une partie de quartier relativement ancienne, près d’un siècle d’existence, où s’est développé un habitat serré fait de courées et de barres, dont on va démolir l’intégralité des bâtiments ou presque.

Le projet Lecroart Photo NE

Le projet est de supprimer 58 habitations rue Bell et de construire 117 logements PLR et pour l’ilot Faidherbe II, démolir 80 habitations et construire 92 HLMO. L’architecte chargé du dossier est Omer Lecroart. La déclaration d’utilité publique a été décidée en juillet 1970 et les mesures d’expropriation démarrent en septembre 1972 pour la partie Faidherbe II, concernant notamment la cour Vanderdonck rue des Vélocipèdes et la ruelle Cugnot, comme nous l’apprend l’encart dans le journal daté de février 1973.

La visite de M. Vivien Photo NE

En 1972, c’est le début de l’opération démolition : rue Bell 2 à 72 (tout le côté pair) et rue de Wasquehal 42-44. Pendant l’été 1972, le quartier reçoit une visite ministérielle et sa première coulée de béton. Robert-André Vivien (1923-1995) homme politique français, député de Seine puis du Val-de-Marne, est alors secrétaire d’État au Logement et il participe activement à la solution du problème des bidonvilles et à la création de l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (ANAH). Il est en visite aux Ogiers.

Le premier bâtiment des Ogiers et la partie Vélocipédes dégagées Photo AmRx

Après cette visite, la première coulée de béton se déroule rue des Ogiers en présence du Préfet, en juillet. Le premier bâtiment réalisé sera celui des Ogiers. Les mesures d’expropriation prendront quelque temps, ce qui explique la chronologie de réalisation des nouvelles constructions.

Plan des immeubles Vélocipèdes Doc AmRx

En Septembre 1974, la partie Vélocipèdes est construite, et la rue Cugnot est épargnée par les démolitions. Coût trop élevé de l’opération ? Volonté de garder une rue déjà viabilisée ? Il manque encore les grands immeubles au fond qui seront réalisés en 1975.

Le quartier de nos jours vue google maps