106 rue Jules Guesde

Alors que la ville de Hem, comme les communes avoisinantes, foisonnait d’estaminets au début du 20ème siècle, le n°106 de la rue Jules Guesde, soit l’une des 2 rues principales du centre ville était à cette époque une simple maison d’habitation. Le bâtiment ne devient un commerce et plus précisément un café que dans les années 1950.

A cette époque, et jusqu’au milieu des années 1960 c’est A Chastain qui en est l’exploitant. Puis lui succèdent M Lapage et enfin dans les années 1970 le couple Hayart. Le café Hayart fait alors également de la restauration rapide et dispose d’une salle pour réunion, d’un grand parc avec jeux pour enfants de de terrains de pétanque.

Publicité de l’année 1970 (Document Mémento public du CIT (Commerce industrie tourisme) de la ville de Hem)

Puis en 2008 le magazine de la ville Tout’Hem annonce le début des travaux dans l’ancien café destiné à devenir…une crèche, semi-privée et semi-publique. La ville s’associe en effet à la fondation « Rigolo comme la vie », du groupe Okaidi, pour la créer. Pour ce faire Okaidi rachète le terrain à la ville et s’occupe des travaux nécessaires à la transformation du local.

Quant au coût de fonctionnement, il sera pris en charge à 30% par la ville, l’entreprise et la CAF, et 10% par les familles, 6 places étant réservées pour les salariés de l’entreprise et 10 pour les familles hémoises. Dans cette partie de la ville n’existait pour le moment que le système de crèche familiale à domicile, laquelle fête alors ses 30 ans.

La maison en travaux en 2008 (Document Tout’Hem) et la façade de la crèche en 2022 (Document Google Maps)

Lorsque la structure ouvre en fin 2008, elle accueille 22 enfants entre 3 mois et 4 ans. Edwige Theeten dirige cette crèche multi-accueil en compagnie de 4 professionnelles : une éducatrice spécialisée, co-responsable, une éducatrice de jeunes enfants, une auxiliaire de puériculture et une animatrice petite enfance.

L’accueil des enfants à partir de décembre 2008 (Document Nord-Eclair)

C’est la pédagogie Loczy (méthode hongroise) qui est appliquée dans la crèche : chaque enfant est encouragé vers l’autonomie et les soins sont individualisés. Les parents sont impliqués et il existe un cahier de vie, où l’on retrouve photos et commentaires de la semaine, qui permet de relier les 2 lieux de vie de l’enfant : la crèche et la maison.

L’ancienne maison est équipée d’un grand espace de vie, de 2 chambres et d’une nurserie. Le cadre de vie est sécurisé, adapté au développement des petits et à l’accueil de leurs familles.

Photos de l’intérieur (Documents site internet)

La crèche est équipée d’un espace extérieur qui fait écho au parc avec jeux pour enfants du café Hayart. Le jardin et la terrasse en sol souple ont été aménagés de manière à sécuriser les moments passés par les enfants à l’extérieur. La vue panoramique permet de se faire une idée de l’ensemble.

Photos de l’ espace extérieur (Documents site inernet)
Photo panoramique du 106 rue Jules Guesde et pal (Documents IGN et Google Maps)

Rigolo comme la vie crée, gère et manage la structure comme la dizaine d’autres établissements créés dans la métropole. Les crèches suivent bien sûr, comme il se doit, les réglementations de la CAF (Caisse d’Allocations Familiales) et de la PMI (Protection Maternelle Infantile).

Il est Rigolo (comme la vie) de constater comment un ancien café a pu devenir une crèche 50 ans plus tard.

Remerciements à la Ville de Hem

Maternité Paul Gellé

Depuis le début du vingtième siècle, l’avenue Julien Lagache abrite l’Hôpital de la Fraternité et, parmi ses pavillons, une maternité de 22 lits, accueillant « pour y faire leurs couches, toute femme ou fille, sans distinction de nationalité ou de religion » : la Maternité Ternynck (construite grâce aux dons d’Henry Ternynck, industriel roubaisien, et de ses fils : Henry, Edmond et Felix).

Le plan de la Maternité Ternynck dans l’Hôpital de la Fraternité et photo du pavillon près de la chapelle (Documents collection privée et archives municipales)

De nombreux roubaisiens voient le jour dans ses locaux mais, à la fin des années 1960, un constat s’impose : l’évolution des soins et le nombre des accouchées impose la construction d’une nouvelle maternité pourvue d’un équipement moderne. La construction de celle-ci a lieu presqu’en face de l’Hôpital de la Fraternité sur un terrain vierge de construction jusqu’alors.

Vue aérienne de l’Hôpital de la Fraternité et du futur emplacement de la maternité en 1953 (Document IGN)

Fin 1970, la construction commence (sur ce sujet voir un précédent article publié sur notre site sous le titre : Une nouvelle maternité aux trois ponts). La nouvelle maternité devrait fonctionner d’ici 18 mois grâce à une équipe de praticiens compétents sous la direction du Professeur Gellé.

Le chantier fait les gros titres de la presse locale en novembre 1970 (Document Nord-Eclair)

Né à Armentières en 1904, Paul Gellé, après de brillantes études à la Faculté de Médecine de Lille, est nommé Chef de Clinique à la fin des années 1930 puis Professeur Agrégé d’Obstétrique à la fin des années 1940. Dès 1935, il est accoucheur à l’Hôpital de Roubaix, avant d’y devenir chef du service de gynécologie-obstétrique.

Après guerre, c’est lui qui a doté la maternité d’un service d’hospitalisation en chambres individuelles, d’un bloc chirurgical, d’un secteur de prématurés puis d’un service de gynécologie de 20 lits à orientation à la fois médicale, endocrinienne et chirurgicale en liaison avec la maternité. Il est ainsi à l’origine d’un authentique service de gynécologie-obstétrique qui sera longtemps le seul de la région.

Photo du professeur Paul Gellé (Document Pôle Ressources du Patrimoine Hospitalier et Médical du Nord)
Les fondations de la future maternité (Documents archives municipales)

La première pierre du nouveau pavillon de gynécologie-obstétrique est posée le 12 décembre 1970 par Victor Provo, maire de Roubaix et Président du Conseil Général du Nord et de la Commission Administrative du Centre Hospitalier, descendu en compagnie de nombreuses personnalités dans les fondations du futur bâtiment. Là après avoir scellé le cylindre de plomb contenant le traditionnel parchemin, avant de placer le tube dans la pierre symbolique, il la dépose et la cimente ensuite dans un angle de la construction.

Pose de la première pierre le 12 décembre 1970 (Document Nord-Eclair)

La nouvelle maternité voit son rez-de-chaussée achevé en 1971 et le premier étage en cours, sachant que son ouverture est programmée pour novembre 1972. Deux étages doivent être réservés aux accouchées et le 3ème étage à la gynécologie. Les jeunes mères ainsi que les femmes admises en gynécologie disposeront de chambres à un ou deux lits, avec lavabos et WC particuliers. Il y aura même une salle d’attente pour les papas anxieux.

La construction avance en 1971 (Document Nord-Eclair)

Le sous-sol accueillera : biberonnerie, chaufferie, groupe éléctrogène, archives, bibliothèque, vestiaires et sanitaires du personnel. Au rez-de-chaussée on trouvera : six salles de travail, trois salles de réanimation, trois salles de garde, sept salles d’examen, quatre salles de repos, trois salles d’admission, une salle d’attente pour les pères, une salle d’analyse, une salle radio, le cabinet du dentiste, une salle pour voitures d’enfants, une garderie, le bureau du chef de service, le secrétariat médical et les bureaux des assistants. On y trouve également le secteur opératoire : deux salles d’opération, deux salles d’anesthésie, salle de réveil et salle de stérilisation.

Les 1er et 2ème étage, dédiés à l’obstétrique, comprennent chacun huit chambres à 2 lits, quatorze chambres à 1 lit, cinq nurseries, 2 salles de jour, une cuisine, 2 tisaneries, 2 pièces pour le linge, un local pour les fleurs et une salle de bains. Quant au 3ème étage, consacré à la gynécologie, il comprend 18 chambres à 1 lit, onze chambres à 2 lits, une salle de soins, une salle d’examen, 2 salles de jour, une salle de préparation de soins, une salle de change, une cuisine, une tisanerie, une salle de bains, une salle pour les visiteurs, 2 bureaux pour les externes et un bureau pour les infirmières.

Fin de chantier et inauguration du nouveau pavillon de gynécologie-obstétrique prévue pour le 2 décembre 1972 (Document Nord-Eclair)
Plan de la maternité (Document archives municipales)

Un souterrain construit sous l’avenue Julien Lagache permet au personnel de rejoindre les nouveaux locaux depuis l’Hôpital de la Fraternité. La desserte du nouvel immeuble est quant à elle assurée par 3 monte-charges qui permettent de faire accéder les malades, sur les lits, aux différents niveaux. La mise en service et le transfert des patients peut avoir lieu. La Maternité, baptisée Pierre de Roubaix, ouvre ses portes en 1973.

Inauguration de la nouvelle maternité de Roubaix (Document Nord-Eclair)
La maternité dans les années 1970 (Documents Archives municipales)

Quatre ans plus tard, en 1977, le professeur Gellé, à l’âge de la retraite et un an avant son décès, se voit enfin accorder la filiation du Pavillon Pierre de Roubaix. Au cours d’une manifestation officielle devant la façade de l’établissement, Victor Provo évoque les mérites du professeur Gellé « pontife de la médecine dans la métropole » et le félicite d’avoir choisi le professeur Crépin comme successeur à la tête de la maternité. C’est ensuite le professeur Gellé lui-même qui vient au secours de Victor Provo, à l’aide de sa canne, pour retirer le voile qui couvre le nouveau nom du Pavillon : « Paul Gellé ».

Pavillon rebaptisé Paul Gellé en 1977 (Document Nord-Eclair)
Publicité de la Caisse d’Epargne de Roubaix en 1977 (Document Nord-Eclair)

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

A suivre…

Le basket ball à Hem

Le 27 décembre 1893 est présenté comme la date de la « première partie de basket-ball disputée en Europe », en l’occurrence à Paris. Toutefois «  la sauce ne prend pas de suite en France » et, si des championnats nationaux de basket-ball sont organisés en 1921,  il semble qu’il faille en chercher la raison au cours de la première guerre mondiale et plus particulièrement au cours du séjour du corps expéditionnaire américain en France entre 1917 et 1919. Mais la date majeure est en réalité le 25 juin 1932, date de création de la Fédération française de basket-ball (FFBB). 

L’exercice de ce sport commence à Hem comme beaucoup d’autres sports : au sein du patronage des églises Saint Corneille et surtout Saint Joseph. Les équipes portent alors le nom de la paroisse qu’elles représentent. Ainsi la Saint Joseph reste active jusque dans les années 1950-1960, participant régulièrement à des tournois entre communes. C’est alors Mr Marcel Rosseau, anciennement secrétaire, qui préside le club.

La Saint Joseph dans les années 1950-1960 (Documents Historihem)

C’est en mai 1965 que nait le HSBB ou Hem Sport Basket Ball, créé par des nostalgiques de la Saint Joseph. La déclaration en préfecture de l’association Hem Sports indique pour président Francis Callens et pour vice-président Marcel Rosseau qui, 2 ans plus tard, est médaillé d’honneur de la jeunesse et des sports. Puis Daniel Voreux remplace Francis Callens, avant d’être lui même remplacé par Marcel Rosseau à la fin des années 1960.

Naissance du club et médaille d’honneur de la jeunesse et des sports, bons résultats des jeunes basketteurs d’Hem Sport (Documents Historihem et Nord-Eclair)

A cette époque, le club se compose d’une seule équipe dont les joueurs disposent d’un premier terrain extérieur derrière l’église Saint-Joseph puis d’un 2ème terrain extérieur sur une partie de l’ancien parc de la Marquise, devenu terrain municipal de sports après la fin de la deuxième guerre mondiale. Dans l’équipe des minimes, le capitaine Jean-Marie Delaey, se fait remarquer dès la fin des années 1960, alors que le club remporte des résultats prometteurs.

La salle Blaise Pascal (intérieur et extérieur) (Documents ville de Hem)
Vue de la rue et vue panoramique en 2023 (Documents Google Maps et site internet)

A la fin des années 1960, une première salle des sports est enfin mise à la disposition du club, qui s’est agrandi, dans le quartier des Hauts-Champs : la salle Blaise Pascal. Cette salle qui accueille également la gymnastique avec la Vaillante restera la salle du basket jusqu’au milieu des années 1970. Ainsi fin 1968, les 56 licenciés du club y sont reçus au moment de Noël, notamment pour fêter le titre de champion 68-69 brillamment remporté par les benjamins.

La brillante victoire des benjamins du club et la fête de Noël à la salle Blaise Pascal (Documents Historihem)

Sous la nouvelle présidence de Jacques Deveyer, les cadets s’illustrent en coupe de France, au début des années 1970, même s’ils doivent s’incliner en 8ème de finale. Durant la saison 1971-72, l’un des minimes est appelé à devenir célèbre dans une autre activité sportive, à savoir Alain Bondue, futur champion cycliste. La fête, désormais annuelle, d’ Hem Sport a lieu à la salle Blaise Pascal sous le patronage du journal Nord-Eclair qui remet, en 1972, aux basketteurs de leur équipe seniors la coupe pour le challenge de la correction.

Les cadets en coupe de France, les minimes dont Alain Bondue à gauche, et la fête annuelle en 1972 (Documents Historihem HSBB)

Ce n’est qu’un début puisque, en 1973, alors que le club compte 80 licenciés, l’équipe masculine accède, pour la première fois, en excellence départementale. Durant cette même année, deux dirigeants du club : Eugène Delcourt, vice-président, et Arthur Lesage, trésorier, reçoivent, en récompense de leur dévouement à la cause du basket, la médaille de bronze de la Jeunesse et des Sports des mains de René Cruypenninck, adjoint aux sports.

L’équipe masculine en excellence départementale et remise de la médaille de la Jeunesse et des Sports en 1973 (Documents Historihem)

Pour la saison 1974-75, six équipes du HSBB sont engagés dans les championnats de l’Union des Flandres. Et durant la saison 1977-78, une section féminine est créée au sein du club qui compte alors 7 équipes et plus de 130 licenciés. C’est également en cette deuxième partie de décennie 1970 que le club obtient une nouvelle salle :la salle Delcourt, située 52 rue Jean Jaurés, sur le terrain du CES Albert Camus, pour y poursuivre son évolution. Mais son accès se fait alors par la cité des provinces (Rues d’Artois et de Picardie) et la salle ne sera désenclavée qu’en 1986 avec un accès direct par la rue Jean Jaurès.

La salle Delcourt des années 1970 (Document HSBB)
Saison 74-75 et 1976 création de la section féminine (Documents Historihem)
Désenclavement de la salle en 1986 (Documents Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à Karim Brahimi et André Ninrinck et à l’association Historihem

Centre social des 3 baudets : la Maison de l’Enfance (Suite)

En 1992, le centre social des 3 Baudets connaît une 1ère liquidation judiciaire mais, dans la foulée, l’association nouvelle du centre social des 3 Baudets est créée, reprenant les activités anciennement gérées par la structure liquidée.

Dans le guide pratique « Tout hem en un » de l’an 2000, il apparaît que le Centre Social des 3 Baudets assure encore : l’accompagnement scolaire le soir tous les jours de classe, la garderie périscolaire, les mercredis récréatifs, et la Halte-Garderie « Les Titounets » pour les enfants âgés de 3 mois à 3 ans, 5 jours par semaine.

Le club des aînés, un lieu de rencontre et d’échange, avec organisation de sorties et de jeux de société y est encore actif. Des activités diverses sont organisées pour les adolescents ainsi que des activités sportives pour les jeunes adultes. Y sont également assurés des ateliers couture, dessin et arts plastiques. La bibliothèque met 1500 livres à disposition et 15 séances de cinéma sont organisées chaque année.

Pourtant cette même année, pour des raisons économiques le Centre Social des 3 Baudets et la Halte -Garderie « Les Titounets » ferment leurs portes. La structure, d’abord placée en règlement judiciaire est liquidée par le Tribunal de Commerce, faute de financeurs prêts à assumer le déficit existant, dû à priori à une gestion « hasardeuse ».

Liquidation du Centre social des 3 baudets (Document Nord-Eclair)

Sous l’impulsion d’un certain nombre d’habitants, hostiles à la fermeture définitive de ce lieu de vie collective, des bénévoles hémois y fondent alors l’association Espace de Vie Saint-Exupéry, en avril 2000. Le projet doit être travaillé pour un redémarrage du centre social en début d’année 2001.

Création de la nouvelle association (Document Nord-Eclair)

Cette association a pour but de permettre à nouveau le développement d’activités sociales et familiales dans les quartiers Trois Baudets et Lionderie, avec l’aide de la municipalité et de la CAF de Roubaix-Tourcoing. L’association gère et administre le centre social Espace de Vie Saint-Exupéry dont l’adresse se situe à l’arrière de l’historique Maison de l’Enfance, allée Saint-Exupéry.

Espace de Vie Saint-Exupéry en 2008 (Document Google Maps)

Les activités du Centre Social restent centrés sur les mêmes objectifs:

  • donner aux habitants l’accès aux droits (logement par exemple), à la culture et aux loisirs.

  • faciliter le parcours de soin des habitants en les informant et les orientant mais aussi en proposant des actions de prévention et en promouvant de bonnes pratiques en matière de santé

Logo de l’Espace de Vie (Document site internet)

L’Espace de Vie, c’est également à nouveau, depuis 2002, à la demande pressante des habitants, le Multi-Accueil « Les petits Tambours », accueil régulier et/ou occasionnel d’enfants âgés de 3 mois à 3 ans. L’équipe de professionnelles de la petite enfance y développe un projet décliné autour d’activités motrices, d’activités d’encastrement, de jeux symboliques… où l’enfant se découvre, découvre la collectivité, et adopte progressivement une autonomie plus grande. Les familles sont associées lors de temps enfants-parents tous les mercredis matins.

Les Petits Tambours en 2002 (Document Nord-Eclair)

20 ans plus tard « les Petits Tambours » accueillent toujours des enfants et figurent dans le guide du petit hémois 2021 édité par la municipalité. Un accueil de loisirs à la journée pour enfants de plus de 2 ans y est aussi proposé.

Guide du Petit Hémois 2021 (Document Ville de Hem)
Photos des Petits Tambours (Document Journal des Femmes)

Fonctionne toujours également « L’Envol », lieu d’accueil parents-enfants, qui permet aux parents de partager un moment privilégié avec leurs enfants autour du jeu et d’échanger avec d’autres parents ou futurs parents. En outre le centre social propose du soutien scolaire aux plus grands.

Centre de loisirs et soutien scolaire (Document site internet)

Pourtant, en 2020, dans le cadre du Projet de Rénovation Urbaine, la ville décide de construire un nouvel équipement public au coeur du quartier des 3 Baudets, sur le terrain en schiste, devant l’actuel centre social destiné quant à lui à déménager à la Lionderie (sur l’ancien site d’Okaidi, Impasse Desurmont), mais la ville de Hem précise : «Pour le raser, il va falloir attendre que le nouveau soit construit, soit quelques années encore».

Futur nouveau centre social des 3 Baudets à la Lionderie sur plan (Document Voix du Nord)
Emplacement du futur centre social des 3 baudets (Document Google Maps)

Seul le service petite enfance restera en fonction dans le nouveau bâtiment, d’une surface totale de 500 m², construit de plain pied, qui doit aussi être doté d’une salle de convivialité de 100m² pour les habitants et associations. Il hébergera donc la crèche du centre social « les petits tambours» qui accueille 20 enfants de 0 à 3 ans, dans un nouvel espace moderne, accessible et adapté. Lancé l’été dernier le chantier devrait se terminer en juin 2022.

Chantier de construction en décembre 2021 (Document Facebook Ville de Hem)

Cette construction doit être accompagnée d’un aménagement de la rue Bournazel avec une aire de jeux pour enfants, un espace vert et des stationnements pour les riverains à l’emplacement de la maison de l’enfance qui devrait être rasée.

Photo aérienne en 2020 (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem

Tissage Desurmont et fils (Suite)

Dans les années 1960 puis 1970 les établissements Desurmont Fils poursuivent leurs campagnes de publicités, tant dans les différents guides municipaux que dans la presse locale. En témoignent une publicité figurant sur le site Historihem et différentes coupures du journal Nord-Eclair, attestant les tentatives de l’entreprise de faire de la vente en direct d’usine, qui précédent pourtant la fermeture inéluctable de cet établissement presque centenaire.

Publicité des années 1960 (Document Historihem) et 1970 (Document Mémento public de Hem)
Publicités de la fin des années 1970 (Documents Nord-Eclair)

C’est à la fin des années 1970, en pleine crise, que les Ets Desurmont ferment leurs portes, à la suite de plusieurs autres grosses entreprises hémoises. Les anciens tissages Desurmont sont ensuite repris par Mr Dendievel, imprimeur à Roubaix. Dans l’annuaire de 1983 et le répertoire des commerçants et artisans de Hem de 1984 c’est donc Dendievel et fils, une imprimerie, qui apparaît au 279 rue Jules Guesde au bout de l’impasse qui porte aujourd’hui encore le nom de Desurmont.

Photo aérienne de l’entreprise en 1982 puis en 1988 (Document IGN)

L’imprimerie Dendievel, née en 1927, fondée par Eugène Dendievel, changée en SARL en 1948, installée dans les années 1960 au 69 rue des Arts à Roubaix a été transformée en SA en 1971 avec la venue de Claude Dendievel, son nouveau PDG. Elle a connu la lithographie, la typographie et l’Offset. Au fil des ans l’imprimerie s’est transformée et, en ce début des années 1980, elle s’est modernisée et dotée de matériel plus performant.

On peut ainsi citer l’achat, en 1976, d’une plieuse permettant, en une seule opération, le scellage, le gommage, et le pli portefeuille. Il faut dire que l’entreprise est spécialisée dans l’impression du dépliant publicitaire comme en utilisent alors La Redoute et les Trois Suisses, ses principaux clients.

Imprimés à la sortie des rotatives en 1984 (Document Nord-Eclair)

Et fin 1983, son PDG saute le pas et postule auprès de la chambre du commerce et de l’industrie de Lille-Roubaix-Tourcoing pour pouvoir bénéficier d’une opération tendant à promouvoir l’informatique dans les PME-PMI, en équipant une centaine de ces entreprises de micro-ordinateurs. L’entreprise Dendievel est retenue et désormais comptabilité et gestion sont traitées sur ordinateur.

Le bilan est positif d’après Claude Dendievel qui explique au journal Nord-Eclair : « la comptabilité n’étant plus externalisée mais traitée sur place, cela implique un gain de temps et d’argent. Les opérations fastidieuses sont terminées et la gestion peut être prévue à plus longue échéance. Le bilan de l’entreprise est connu à tout moment. Une comptabilité prévisionnelle peut être établie afin d’éviter les catastrophes. L’informatique c’est l’avenir des entreprises ».

Installation de l’informatique en comptabilité et gestion en 1984 (Document Nord-Eclair)

Vingt ans plus tard la SAS VDB Dendievel Imprimerie, alors dirigée par Jean-Daniel Decoster, ferme ses portes. Employant entre 40 et 100 personnes, la société est radiée du Registre du Commerce et des Sociétés en juin 2004. Et un an après c’est un établissement secondaire de la SAS Okaïdi, commerce de détail d’habillement, dont le siège social se situe 162 boulevard de Fourmies à Roubaix, qui s’installe au 279 rue Jules Guesde, pour une durée de 6 ans, soit jusqu’à l’été 2011.

Logo Okaidi (Document site internet)
Le 279 rue Jules Guesde au bout de l’impasse Desurmont en 2008 (Document Google Maps)

Lui succède, en 2012, la SARL GDP (Générale de Distribution de Papiers d’emballage), établissement spécialisé en récupération de déchets triés, une petite entreprise d’une dizaine de salariés, spécialiste de la transformation papier et carton, qui installe son siège social à Hem jusqu’en 2018, année au cours de laquelle elle le transfère à Linselles, dans son entreprise créée en 1989.

Logos de l’entreprise (Documents Hellopro et site internet )
Photo aérienne avant démolition (Document Google Maps)

Dans le projet de rénovation urbaine des quartiers Lionderie Trois Baudets, est prévu, en 2020, la déconstruction de l’ancienne imprimerie, également appelée friche Okaïdi. Le chantier doit démarrer par le curage et désamiantage des différents bâtiments, en préalable à la déconstruction des infrastructures puis à la remise en état du terrain sur lequel devrait s’élever à terme de nouveaux logements et un nouveau centre social des Trois-Baudets.

Le 279 rue Jules Guesde au bout de l’impasse Desurmont en 2022 (Document Google Maps)
Photo aérienne du terrain en fin d’année 2022 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem et à la Mairie de Hem

Insolite : des porcs au Parc Barbieux

Le titre de la presse locale, en mars 1970, en dit long sur le caractère insolite de l’anecdote : Escapade nocturne pour une soixantaine de porcs au Parc Barbieux à Roubaix. A quelques jours près le lecteur aurait pu croire à un poisson d’avril…Il n’en est rien et il s’agit, en réalité, d’un fait divers à priori banal.

Titre du journal Nord-Eclair en mars 1970 (Document Voix du Nord)

Un peu avant 23 heures, sur la route verglacée, un camion articulé d’une firme belge dérape à l’entrée de la rue Jean Jaurés et du Parc Barbieux et se renverse avec son chargement sur les rails du mongy. Il se trouve que le véhicule transporte alors, en direction de Lille, une soixantaine de porcs bien dodus qui profitent de l’aubaine pour sortir se promener dans le parc en longeant les voies du mongy.

Photo du camion renversé sur les voies du mongy (Document Voix du Nord)

Fort heureusement le conducteur et son accompagnateur sont sortis indemnes de l’accident même si le tracteur et la remorque sont fortement endommagés. La circulation est très perturbée, les abords du parc, dans lequel les porcs circulent en toute liberté, ayant été interdits par la police et toutes les rues y donnant accès ayant été barrées.

Escapade nocturne à Roubaix (Document Voix du Nord)

Dans la nuit le spectacle ne manque pas de pittoresque, les forces de l’ordre s’efforçant de récupérer les animaux. Les heureux porcins folâtrent sur les pelouses, quand ils ne s’aventurent pas sur les rails du tramway. D’un groin méfiant ils fouinent dans l’herbe recouverte d’une mince couche de givre tandis que la neige continue à tomber. Sous les branchages dépouillés ils composent une fresque pittoresque et totalement inattendue en pleine ville.

Les cochons ne prêtent pas attention aux tramways éventuels (Document Voix du Nord)

Pendant ce temps, deux énormes engins de l’entreprise Leduc Dépannage à Lille viennent en catastrophe à Roubaix pour redresser le camion et sa remorque. Toute la scène se déroule devant quelques noctambules qui n’en croient pas leurs yeux. Les plus timides des cochons restent agglutinés autour des poteaux pendant que leurs congénères plus téméraires tentent d’explorer les profondeurs du parc, vite repoussés par des gardiens de la paix armés de bâtons.

Quand le Beau Jardin devient une mini-porcherie (Document Voix du Nord)

Et à 2h 30 du matin, le camion et la remorque sont relevés et les soixante porcs, tous récupérés, reprennent leur route pour Orléans après cette mésaventure peu banale. La circulation autour du parc est rétablie et, au petit matin, il ne reste plus trace de ces visiteurs d’un soir. Le Parc Barbieux retrouve sa quiétude et ses promeneurs humains ainsi que ses oiseaux, canards et cygnes qui, eux, y résident en permanence.

Centre social des 3 baudets : la Maison de l’Enfance

C’est en octobre 1950 que s’ouvre la Maison de l’Enfance des 3 Baudets à Hem, au cœur de la Cité CIL érigée dans les années précédentes. Elle est inaugurée le 03 avril 1951 par Pierre Schneiter, ministre de la Santé Publique et de la Population.

La maison au cœur de la Cité CIL des 3 Baudets (Document IGN)
La façade de la maison dans les années 1950 (Document collection privée)

Côté santé publique, il s’agit d’un dispensaire complet, avec visites à domicile, nuit et jour, semaine et dimanche, une consultation de nourrissons et une consultation prénatale. On y pratique les vaccinations et les séances d’ultra violets pour les enfants. Un cabinet médical y est mis à la disposition du médecin contrôleur de la sécurité sociale.

Les soins donnés sont bénévoles pour les assurés sociaux et les bénéficiaires de l’assistance médicale gratuite et on y prête gracieusement des appareils médicaux à ceux qui en ont besoin : pieds à sérum, tente à oxygène, cerceaux de lit, etc

Côté social, on y trouve un bureau de sécurité sociale et une annexe de la caisse d’épargne. Il y a également des permanences de l’association des familles et de l’école des parents. Enfin une assistante sociale s’y trouve à disposition des familles dans le besoin.

Cours ménagers : ici un atelier cuisine en 1957 (Document Nord-Eclair)

On y donne des cours ménagers, notamment pour y préparer un CAP, dans lesquels les jeunes filles s’initient aux petits secrets de la coupe, de la couture, de la cuisine et de la puériculture. Les petites filles y apprennent les rudiments de ce que sera « leur tâche de demain ». Enfin les mères de famille peuvent y parfaire leurs connaissances.

Le coin lecture dans la bibliothèque en 1957 (Document Nord-Eclair)

Il y a aussi les jeudis de loisirs organisés (en1950, le jour de congé scolaire est encore le jeudi). Bricolage, peinture, dessin, modelage et pyrogravure sont proposés aux amateurs, ainsi que solfège, bibliothèque de plusieurs milliers de volumes et cinéma.

Le vaste terrain de loisirs devant la Maison (Document collection privée)

Dans les années 70, le dispensaire de la Maison de l’Enfance des 3 Baudets fonctionne tous les jours de la semaine, matin et soir et ½ heure le matin les dimanches et jours fériés. Des soins à domicile et rayons ultraviolets sont assurés sur indication médicale, ainsi qu’en témoigne le mémento public de Hem concernant le commerce, l’industrie et le tourisme.

Le terrain avant l’aménagement en 1973 (Document Nord-Eclair)

Devant la maison de l’Enfance est aménagé un vaste terrain de loisirs et de sports, afin que les enfants puissent y courir et se défouler. 20 ans plus tard, en 1973, le CIL termine finalement l’aménagement du terrain, en y installant un terrain de basket et de volley et 2 terrains de pétanque, des jeux pour les enfants et des coins de verdure.

Les jeux pour enfants dans le terrain aménagé en 1973 (Document Nord-Eclair)

Le but du Centre Social est également de fédérer les habitants du quartier autour d’événements festifs tels que fêtes de quartier et kermesses. A l’occasion de la kermesse organisée par le centre en 1973, il y a foule et un concert apéritif est animé par la fanfare St Corneille. Les enfants s’ingénient à créer des costumes pour participer à un défilé fort réussi.

La kermesse des 3 baudets et les enfants costumés du défilé en 1973 (Document Nord-Eclair)

Le centre social, dans les années 70, organise également, à l’intention des enfants en vacances, des après-midi de loisirs sous la surveillance de monitrices : courses au trésor, relais au ballon, confection d’oeufs de Pâques dans l’atelier cuisine.

Après-midi récréatif (Document Nord-Eclair)

Vers la fin des années 80 le centre garde sa vocation de santé publique et organise toujours des consultations prénatales et une permanence de planification familiale mais aussi des consultations de nourrissons. Il assure également une garderie périscolaire ainsi qu’une garderie les mercredis et en période de vacances scolaires. Par ailleurs, il propose de l’aide aux devoirs ainsi qu’une bibliothèque. Enfin il anime des ateliers couture et bois, des cours de gymnastique, de yoga et de danse, des clubs féminin, artisanaux et du 3ème âge.

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et à Philippe Waret

Tissage Desurmont et fils

Dans les documents figurant sur le site de l’association Historihem, il apparaît que Philippe Desurmont est le successeur des Ets Parent-Bourguet, un tissage mécanique répertorié sur la commune de Lannoy comme le montrent les en-têtes successifs des deux établissements sur leurs factures.

En-têtes de factures successives (Documents Historihem)

Dans le Ravet Anceau de 1893, les établissements Parent Fils et Desurmont apparaissent dans la rubrique tissus d’ameublement. Leur usine du Petit Lannoy existait déjà depuis 1880, et c’est à leur demande qu’une nouvelle halte est envisagée dès 1890 pour desservir les hameaux des Trois-Baudets (650 habitants) et du petit Lannoy (1300 habitants), le seul arrêt du train étant situé trop loin, rue de la gare, sur la route de Forest.

Extrait d’une facture plus récente attestant de la fondation de l’entreprise en 1880 et CPA de la halte du petit Lannoy, vue de Hem vers Lannoy puis de Lannoy vers Hem (Documents collection privée)
Arrêt spécifique pour les Ets Parent : voir la flèche à ce nom à gauche de la CPA (Document Hem Mémoire en Images)

L’entreprise est située au 279 rue Jules Guesde à Hem au bout d’une allée qui prend ensuite le nom d’Impasse Desurmont. Elle occupe une surface considérable au milieu des champs et jouxtera ensuite le quartier de la Lionderie, délimité par la rue des Ecoles, la rue de la Lionderie et la rue Jules Guesde.

Photo aérienne de 1933 (plan large puis concentré sur l’usine) (Document IGN)

A l’époque les conditions de travail dans l’industrie sont très dures, notamment dans les teintureries, et le tissage Desurmont présente une meilleure qualité de travail pour les candidats à l’emploi. En effet, dès le début du dix-neuvième siècle des métiers à tisser automatisés sont apparus, permettant une pénibilité du travail nettement moindre que sur un métier manuel, associée à un rendement bien supérieur.

Conditions de travail appréciables du tissage mécanique (Document Au temps d’Hem)

Pourtant, dans le quotidien « la Petite Presse », en 1904, on apprend que les ouvrières du tissage d’ameublement Parent et Desurmont à Lannoy, qui avaient récemment obtenu satisfaction ont à nouveau quitté leur usine en réclamant une nouvelle augmentation, au cours des grèves du Nord et plus spécifiquement de la région lilloise. La reprise du travail est actée dans le journal « Le Lorrain » peu de temps après.

Pendant la première guerre mondiale l’usine de tissage est arrêtée. En janvier 1920, Philippe Desurmont fait connaître par le « Bulletin des régions libérées », édité par le ministère du même nom, que son tissage de Hem sera remis en marche vers le 22 janvier 1920.

Dans les années 1920, on peut noter que l’en-tête de l’entreprise sur les factures reprend encore comme adresse la ville d’Hem-lez-Lannoy. D’une part la ville de Hem fait en effet partie du canton de Lannoy et d’autre part elle se situe dans la partie de la rue Jules Guesde dite du Petit Lannoy.

En-tête de facture de 1925 (Document collection privée)

En revanche dans les années 1930, c’est bien Hem (et non plus Hem-lez-Lannoy) qui apparaît sur l’attestation de chômage délivrée par l’entreprise à l’un de ses salariés, comme l’atteste le document ci-dessous.

Attestation de chômage et publicité (Documents collection privée)

La publicité de cette époque montre que ce tissage mécanique fabrique : des étoffes pour ameublement, tapis de table, rideaux et portières, des satinettes et coutils rayés, des satins-damassés, des tapis-moquettes et des carpettes et foyers. L’entreprise a gagné en importance et possède des bureaux sur Paris rue Saint-Fiacre, rue Montmartre et rue des Italiens.

Publicité années 1930 (Document collection privée)

Philippe Desurmont fait alors partie de l’Union des fabricants de tissus pour ameublement du Nord de la France, sis 86 rue de Lille à Tourcoing, comme l’indique « la Soierie de Lyon », organe du syndicat des fabricants de soierie de Lyon en 1934 dans sa revue mensuelle des industries de la soie.

Après la seconde guerre mondiale, le nécessaire est fait pour relancer l’entreprise, devenue Desurmont Fils, notamment grâce à la publicité dans le journal Les Echos en 1949. Toujours réputée pour ses tissus d’ameublement, tapis, moquettes, carpettes et couvre-lits, l’usine met également l’accent sur la fabrication de nappes lavables et de tissus guttés pour pantoufles.

Photo aérienne de 1947 (Document IGN)
Publicité de 1949 (Document les Echos)
Photo aérienne en carte postale de la fin des années 1950 avec le lotissement de la Lionderie (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem et à la Mairie de Hem

Ecole Pasteur (Suite)

Mais bientôt éclate la 2ème guerre mondiale avec ses restrictions. L’école du Centre reste donc à 3 classes. Les écoles bénéficient heureusement du charbon gratuit au prorata du nombre d’élèves : un grand poêle en tôle trône au milieu de la classe et une grosse buse la traverse pour rejoindre le conduit de cheminée au travers du mur du fond. Les élèves assis près du feu se plaignent parfois d’avoir trop chaud alors que les plus éloignés se réchauffent difficilement.

A la fin de la guerre c’est la libération mais l’explosion des dépôts de munitions situés au « Château de la marquise » endommage tout le quartier alentour et l’école Pasteur est sinistrée à 100% au point qu’il faut procéder à sa reconstruction. La directrice est logée rue Victor Hugo et à la rentrée scolaire suivante, au vu de l’effectif grandissant, une classe de l’école Pasteur est agrandie du volume de la pièce voisine par abattage du mur de séparation. Par ailleurs une femme de service est affectée dans chacune des classes enfantines.

Photos de classe de l’école après guerre en 1945 et 1948 (Document Historihem)

En 1950, une école maternelle est en projet dans la rue du Maréchal Foch. Dans l’attente de sa réalisation, et la population scolaire augmentant sans cesse, il s’avère indispensable de dédoubler la classe enfantine de l’école Pasteur. Par mesure d’économie celle-ci est installée dans une classe inutilisée de l’école Victor Hugo, place de la République, pour la rentrée de 1951.

Les photos de classe des années 1950 à l’école Pasteur permettent de voir encore toutes les élèves de l’école alignées avec un beau nœud dans les cheveux. En juillet 1952, l’école célèbre la fête nationale et les élèves font entendre leur répertoire de chants appris durant l’année scolaire avant de quitter l’école en chantant « Gai, gai l’écolier, c’est demain les vacances ».

Photos de classe de l’école en 1950 et 1952 (Documents Historihem)

Déjà juste après guerre, le conseil municipal a prévu la construction d’un groupe scolaire complet : école de garçons, école de filles, école maternelle, cantine scolaire, dans la propriété convoitée du Château de la Marquise qui s’étend entre la rue du Général Leclerc et la rue de Beaumont. Les projets étant finalement lancés en 1957, 10 ans plus tard l’école Pasteur est désaffectée tout comme l’école Victor Hugo.

L’Inspection académique envisageant l’ouverture à Hem d’une annexe mixte du Lycée de garçons de Roubaix, comprenant 2 classes de 6ème et 2 de 5ème, des visites des locaux désaffectés de ces 2 écoles sont organisées en 1959 pour y envisager une concrétisation du projet mais le proviseur décide finalement de surseoir à cette création.

Dans les années 1960, une petite cité est construite juste à côté de la place de la République et, pour en assurer l’accès à partir de la place, une nouvelle rue doit être ouverte face à l’église Saint-Corneille. Pour ce faire il faut détruire le bâtiment qui abrite le garage des sapeurs-pompiers. Les pompiers doivent provisoirement remiser leurs véhicules dans l’ancienne école de filles d’Hem Bifur, l’école Pasteur, dont les locaux sont réaménagés pour la circonstance. (Voir sur notre site un précédent article intitulé Les Pompiers de Hem).

Photos panoramiques des années 1962, 1971 et 1976 (Documents IGN)

En janvier 1969, la presse locale titre : la vieille école Pasteur est appelée à disparaître. Le matériel de lutte contre l’incendie ayant été cédé à la communauté urbaine et le corps de sapeurs-pompiers dissous, et un nouveau garage municipal ayant été construit aux abords de la place de la République, le bâtiment vétuste ne doit pas tarder à faire place à un square ou une nouvelle construction.

La vieille école est appelée à disparaître (Document Nord-Eclair)

La vieille école Pasteur qui apparaît encore sur les photos panoramiques du début des années 1970 n’est plus là sur celle d’avril 1976. Elle a donc été démolie au cours des 5 premières années de la décennie 1970 pour faire place à un parking sur lequel s’est installée pendant quelques temps la friterie DUDU, dans les années 1980-1990. Dans le mémento public de Hem en 1979, les écoles portant les noms de Pasteur et Victor Hugo sont intégrées au groupe scolaire du Centre rue de Beaumont, avec entrée par la mairie.

Friterie « Dudu » sur le parking et publicités de celle-ci (Documents collection privée)

Apparaissait encore dans les années 2000 une niche dans ce qui restait du mur d’enceinte côté parking, à l’entrée de la rue Jules Guesde, pouvant rappeler un endroit où se trouvait peut-être une statue religieuse du temps de l’école Pasteur, dernier vestige d’un bâtiment ayant abrité pendant plus d’un siècle une école de filles.

la niche dans le mur (Document collection privée)

A ce jour les photographies ne permettent plus de deviner qu’une école a un jour existé à Hem Bifur et la friterie des années 1990 a laissé place à un parking totalement libéré pour accueillir le plus de voitures possible.

L’ancien emplacement de l’école et la vue aérienne de 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui , et plus précisément à Jacquy Delaporte pour son ouvrage de 1981 : de la maison d’école aux 16 écoles publiques de la Ville de Hem

Cimetière de Hem (suite)

En 1955, éclate à Hem ce qu’on appellera l’Affaire de Beaumont : alors que la construction du groupe scolaire de Beaumont est en projet depuis un an, il est reporté par un arrêté préfectoral qui déclare d’intérêt public l’acquisition d’un terrain de 60 hectares et, dans la foulée, le député maire de Roubaix, Victor Provo, saisit la ville de Hem du projet de création d’un cimetière dans le style de « Los Angeles » dans la plaine de Beaumont.

Le plan qui accompagne ce projet ne tient compte, ni des quelques 1000 logements ni de l’église Saint Paul, ouverte au culte en juin 1954, ni du château et de la cense de Beaumont qui y sont déjà construits, ni des projets d’accession à la propriété déjà planifiés.

Plan de la plaine de Beaumont avec ses constructions et plan du projet de cimetière (Documents Historihem)
L’affaire de Beaumont (dossier du syndicat d’initiative Les Amis de Hem créé en 1953) (Document Historihem)

En justification de ce projet, il est fait état de l’insuffisance du cimetière roubaisien actuel, et de l’impossibilité de trouver, dans les limites de la ville de Roubaix, un terrain assez vaste pour créer ledit cimetière. Le cimetière actuel roubaisien d’une superficie totale de 15 hectares, situé entre le canal et des bâtiments industriels, serait alors abandonné…

Il s’agirait donc de la création, sur le territoire de la ville de Hem, d’une vaste nécropole destinée à la ville de Roubaix, et donc d’une annexion pure et simple d’une partie de la ville de Hem, laquelle fait écho au projet d’annexion de 200 ha du territoire hémois, dont la plaine de Beaumont, déjà projetée en 1944 par l’administration municipale de Roubaix, pour y reloger des roubaisiens suite à la destruction programmée de 13.000 logements insalubres.

Titre du journal Nord-Eclair en mai 1955 (Document Nord-Eclair)

En mai 1955, en effet, le conseil municipal de Roubaix constate que de plus en plus les familles achètent des concessions et qu’à ce rythme, d’ici 3 ans, la réserve temporaire des terrains encore disponibles sera épuisé. Deux solutions sont donc envisagées : le maintien de l’ancien cimetière et la création d’une nouvelle nécropole ou la désaffectation du cimetière actuel et sa translation dans un endroit plus vaste.

C’est la 2ème solution qui est adoptée et le choix se porte sur la plaine de Beaumont située sur les territoires des communes de Hem et de Croix. Ce terrain d’une superficie de 60 hectares serait scindée en trois parties, ce qui permettrait d’en faire un cimetière intercommunal : 45 ha pour Roubaix, 10 ha pour Croix et 5ha pour Hem. La presse locale annonce le projet pour acquis.

Photo aérienne du cimetière de Lannoy dans les années 1950-1960 et plan IGN correspondant actuel (Documents IGN)

L’administration municipale de Hem, considérant la vocation résidentielle de la plaine de Beaumont, s’oppose fermement à ce projet et suggère qu’éventuellement, si un cimetière annexe s’avère réellement indispensable, elle pourrait en envisager l’implantation dans la zone rurale de son territoire, à côté du cimetière de Lannoy, situé lui aussi en territoire hémois. Cette suggestion est aussitôt rejetée par l’administration municipale roubaisienne.

Aucun accord n’étant trouvé, le projet est alors classé pendant trois ans et exhumé en 1958, quand le préfet du Nord prend un arrêté décidant la mise à l’enquête du dossier de la ville de Roubaix, concernant un cimetière intercommunal Roubaix-Hem-Croix. Entretemps le projet de lotissement du groupe de Beaumont II a été approuvé en 1956 et l’autorisation d’acquérir le terrain nécessaire à la construction du groupe scolaire a été accordée et celle-ci a été entreprise en fin d’année 1957.

A vous de juger (des amis de Hem) (document Historihem)

Le conseil municipal de Hem est donc plus que jamais opposé au projet de cimetière, pour des raisons évidentes de salubrité publique. La ville d’Hem, en la personne de Jean Leplat, son maire, rejette donc catégoriquement la conception d’un cimetière intercommunal Roubaix-Hem, car dans l’arrêté préfectoral de 1956 concernant le lotissement il est stipulé que le drainage dudit lotissement devra être exécuté de façon à faciliter l’évacuation des eaux du Cimetière intercommunal de Roubaix -Hem.

Or ces eaux seraient contaminées par des matières organiques en putréfaction et acheminées dans les réseaux d’égout des lotissements de Beaumont II, Beaumont I puis dans le collecteur de Carpeaux. Les Amis de Hem éditent quant à eux un tract destiné à aviser les habitants du quartier du danger qui les menace avec le nouveau projet de cimetière de 36 hectares comprenant ce qui reste de la plaine de Beaumont et une partie du plateau de la Tribonnerie.

Tract des Amis de Hem (Document Historihem)

Le préfet du Nord réagit à ce tract en précisant qu’il y a peu de chances que l’eau de la nappe soit en contact avec les corps mais qu’il est toujours possible de procéder à l’épuration des eaux de drainage du cimetière avant de les rejeter à l’égout. Il ajoute que par ailleurs la situation du cimetière projeté et des zones habitées n’est pas différente de celles de toutes les nécropoles de l’agglomération.

Le conseil municipal réaffirme son opposition au projet, considérant notamment que l’épuration des eaux de drainage du cimetière nécessiterait l’édification d’une usine d’épuration en pleine zone résidentielle et à proximité des lotissements de Beaumont et de la Citadelle. Le préfet confirme en réponse qu’une fois le projet au point, il le soumettra bien entendu au Conseil Départemental d’Hygiène.

Photos de Jean Leplat, maire de Hem, et Victor Provo, maire de Roubaix (Document Historihem et Wikipedia)

Jena Leplat, maire de Hem mais aussi médecin, s’étant battu contre le projet en tant que président d’honneur fondateur du syndicat d’initiative « les Amis d’Hem », cite en conclusion un extrait du rapport établi en 1945 par Guy Lapchin, alors urbaniste d’Hem et 10 ans plus tard architecte en chef du CIL de Roubaix-Tourcoing, comme argumentaire sur le plan humain.

Extrait du rapport de Guy Lapchin (Document Historihem)

Quelles qu’en soient les raisons le projet du cimetière de Beaumont est finalement abandonné et Jean Leplat, maire de Hem de 1947 à 1977, peut se targuer d’avoir su tenir tête à Victor Provo, maire de Roubaix de 1942 à 1977, ainsi que le montre avec humour la bande dessinée « Au temps d’Hem ».

J’ai fait peur à Victor (Document BD Au temps d’Hem)

Le seul cimetière de Hem reste donc celui qui se situe dans la rue du Cimetière, ancien chemin du même nom qui relie la rue du Docteur Coubronne à la rue de la Vallée. Ce cimetière connait alors un premier agrandissement, sur la droite par rapport à l’entrée qui se situait au centre, comme le démontre la photo aérienne de 1962 par rapport à celle de 1947. Le cimetière est alors pour vu d’une deuxième entrée sur la droite. Quant au cimetière de Lannoy, sur le territoire de Hem au bout de la rue des Trois Villes, il est ensuite intégré à la ville de Lys-lez-Lannoy dans la rue des Meuniers.

Photos aériennes du cimetière de Hem en 1947 et 1962 (Documents IGN)

Puis en 1977, le cimetière s’agrandit à nouveau, cette fois sur la gauche, avec la construction d’une chambre funéraire et l’aménagement d’un parking avec une nouvelle entrée telle que nous la connaissons aujourd’hui. Et en 1991, un colombarium, lieu fleuri et verdoyant disposant d’un jardin du souvenir, pour accueillir les cendres des défunts, est inauguré en même temps que le nouveau local technique destiné au personnel du cimetière.

Inauguration du colombarium en 1991 (Documents Nord-Eclair)
Photos aériennes de 1989 avec le bâtiment et le parking aménagé et de 2004 avec le colombarium (Documents IGN)

En 2004, à l’occasion de la commémoration du 06 juin 1944, la rue du Cimetière est transformée en rue du 06 juin 1944. Un cortège prend le départ de l’hôtel de ville jusqu’à l’ancienne rue du Cimetière et l’inauguration de la nouvelle rue a lieu, suivie du dévoilement des plaques par le député maire Francis Vercamer, en présence des élus, des représentants des associations patriotiques et de riverains.

Dans son discours le maire rappelle le sens de cette démarche et le choix de célébrer ce 60ème anniversaire en baptisant ainsi une rue historique dans laquelle se trouvent les marques du souvenir. Cette rue a en effet été marquée par les événements dramatiques de la seconde guerre mondiale, des soldats anglais y ayant à l’époque trouvé refuge chez Anna Reversez, dont cet acte de résistance lui coûta la vie en déportation à Dachau et dont les descendants sont présents pour cette journée d’hommage.

Dévoilement de la plaque de la nouvelle rue sur l’ancien café de la Paix lieu de rendez-vous avec le fossoyeur à la fin du 19ème siècle (Documents Historihem Nord-Eclair)

Dans les années 2020, le cimetière s’est encore étendu sur la droite jusqu’à l’avenue d’Aljustrel. L’ancien cimetière entouré de champs fait maintenant face au Jardin des Perspectives et a donc conservé son cadre paisible, même si les arbres qui ont longtemps bordé la rue ont aujourd’hui disparu. Il dispose toujours de l’ancienne entrée principale, de l’entrée plus à droite et de la nouvelle entrée donnant sur le parking.

Photo aérienne de 2023 et les 3 entrées sur la rue du 06 Juin 1944 de gauche à droite (Documents Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem