Le titre de la presse locale, en mars 1970, en dit long sur le caractère insolite de l’anecdote : Escapade nocturne pour une soixantaine de porcs au Parc Barbieux à Roubaix. A quelques jours près le lecteur aurait pu croire à un poisson d’avril…Il n’en est rien et il s’agit, en réalité, d’un fait divers à priori banal.
Titre du journal Nord-Eclair en mars 1970 (Document Voix du Nord)
Un peu avant 23 heures, sur la route verglacée, un camion articulé d’une firme belge dérape à l’entrée de la rue Jean Jaurés et du Parc Barbieux et se renverse avec son chargement sur les rails du mongy. Il se trouve que le véhicule transporte alors, en direction de Lille, une soixantaine de porcs bien dodus qui profitent de l’aubaine pour sortir se promener dans le parc en longeant les voies du mongy.
Photo du camion renversé sur les voies du mongy (Document Voix du Nord)
Fort heureusement le conducteur et son accompagnateur sont sortis indemnes de l’accident même si le tracteur et la remorque sont fortement endommagés. La circulation est très perturbée, les abords du parc, dans lequel les porcs circulent en toute liberté, ayant été interdits par la police et toutes les rues y donnant accès ayant été barrées.
Escapade nocturne à Roubaix (Document Voix du Nord)
Dans la nuit le spectacle ne manque pas de pittoresque, les forces de l’ordre s’efforçant de récupérer les animaux. Les heureux porcins folâtrent sur les pelouses, quand ils ne s’aventurent pas sur les rails du tramway. D’un groin méfiant ils fouinent dans l’herbe recouverte d’une mince couche de givre tandis que la neige continue à tomber. Sous les branchages dépouillés ils composent une fresque pittoresque et totalement inattendue en pleine ville.
Les cochons ne prêtent pas attention aux tramways éventuels (Document Voix du Nord)
Pendant ce temps, deux énormes engins de l’entreprise Leduc Dépannage à Lille viennent en catastrophe à Roubaix pour redresser le camion et sa remorque. Toute la scène se déroule devant quelques noctambules qui n’en croient pas leurs yeux. Les plus timides des cochons restent agglutinés autour des poteaux pendant que leurs congénères plus téméraires tentent d’explorer les profondeurs du parc, vite repoussés par des gardiens de la paix armés de bâtons.
Quand le Beau Jardin devient une mini-porcherie (Document Voix du Nord)
Et à 2h 30 du matin, le camion et la remorque sont relevés et les soixante porcs, tous récupérés, reprennent leur route pour Orléans après cette mésaventure peu banale. La circulation autour du parc est rétablie et, au petit matin, il ne reste plus trace de ces visiteurs d’un soir. Le Parc Barbieux retrouve sa quiétude et ses promeneurs humains ainsi que ses oiseaux, canards et cygnes qui, eux, y résident en permanence.
C’est en octobre 1950 que s’ouvre la Maison de l’Enfance des 3 Baudets à Hem, au cœur de la Cité CIL érigée dans les années précédentes. Elle est inaugurée le 03 avril 1951 par Pierre Schneiter, ministre de la Santé Publique et de la Population.
La maison au cœur de la Cité CIL des 3 Baudets (Document IGN)La façade de la maison dans les années 1950 (Document collection privée)
Côté santé publique, il s’agit d’un dispensaire complet, avec visites à domicile, nuit et jour, semaine et dimanche, une consultation de nourrissons et une consultation prénatale. On y pratique les vaccinations et les séances d’ultra violets pour les enfants. Un cabinet médical y est mis à la disposition du médecin contrôleur de la sécurité sociale.
Les soins donnés sont bénévoles pour les assurés sociaux et les bénéficiaires de l’assistance médicale gratuite et on y prête gracieusement des appareils médicaux à ceux qui en ont besoin : pieds à sérum, tente à oxygène, cerceaux de lit, etc
Côté social, on y trouve un bureau de sécurité sociale et une annexe de la caisse d’épargne. Il y a également des permanences de l’association des familles et de l’école des parents. Enfin une assistante sociale s’y trouve à disposition des familles dans le besoin.
Cours ménagers : ici un atelier cuisine en 1957 (Document Nord-Eclair)
On y donne des cours ménagers, notamment pour y préparer un CAP, dans lesquels les jeunes filles s’initient aux petits secrets de la coupe, de la couture, de la cuisine et de la puériculture. Les petites filles y apprennent les rudiments de ce que sera « leur tâche de demain ». Enfin les mères de famille peuvent y parfaire leurs connaissances.
Le coin lecture dans la bibliothèque en 1957 (Document Nord-Eclair)
Il y a aussi les jeudis de loisirs organisés (en1950, le jour de congé scolaire est encore le jeudi). Bricolage, peinture, dessin, modelage et pyrogravure sont proposés aux amateurs, ainsi que solfège, bibliothèque de plusieurs milliers de volumes et cinéma.
Le vaste terrain de loisirs devant la Maison (Document collection privée)
Dans les années 70, le dispensaire de la Maison de l’Enfance des 3 Baudets fonctionne tous les jours de la semaine, matin et soir et ½ heure le matin les dimanches et jours fériés. Des soins à domicile et rayons ultraviolets sont assurés sur indication médicale, ainsi qu’en témoigne le mémento public de Hem concernant le commerce, l’industrie et le tourisme.
Le terrain avant l’aménagement en 1973 (Document Nord-Eclair)
Devant la maison de l’Enfance est aménagé un vaste terrain de loisirs et de sports, afin que les enfants puissent y courir et se défouler. 20 ans plus tard, en 1973, le CIL termine finalement l’aménagement du terrain, en y installant un terrain de basket et de volley et 2 terrains de pétanque, des jeux pour les enfants et des coins de verdure.
Les jeux pour enfants dans le terrain aménagé en 1973 (Document Nord-Eclair)
Le but du Centre Social est également de fédérer les habitants du quartier autour d’événements festifs tels que fêtes de quartier et kermesses. A l’occasion de la kermesse organisée par le centre en 1973, il y a foule et un concert apéritif est animé par la fanfare St Corneille. Les enfants s’ingénient à créer des costumes pour participer à un défilé fort réussi.
La kermesse des 3 baudets et les enfants costumés du défilé en 1973 (Document Nord-Eclair)
Le centre social, dans les années 70, organise également, à l’intention des enfants en vacances, des après-midi de loisirs sous la surveillance de monitrices : courses au trésor, relais au ballon, confection d’oeufs de Pâques dans l’atelier cuisine.
Après-midi récréatif (Document Nord-Eclair)
Vers la fin des années 80 le centre garde sa vocation de santé publique et organise toujours des consultations prénatales et une permanence de planification familiale mais aussi des consultations de nourrissons. Il assure également une garderie périscolaire ainsi qu’une garderie les mercredis et en période de vacances scolaires. Par ailleurs, il propose de l’aide aux devoirs ainsi qu’une bibliothèque. Enfin il anime des ateliers couture et bois, des cours de gymnastique, de yoga et de danse, des clubs féminin, artisanaux et du 3ème âge.
A suivre…
Remerciements à la ville de Hem et à Philippe Waret
Dans les documents figurant sur le site de l’association Historihem, il apparaît que Philippe Desurmont est le successeur des Ets Parent-Bourguet, un tissage mécanique répertorié sur la commune de Lannoy comme le montrent les en-têtes successifs des deux établissements sur leurs factures.
En-têtes de factures successives (Documents Historihem)
Dans le Ravet Anceau de 1893, les établissements Parent Fils et Desurmont apparaissent dans la rubrique tissus d’ameublement. Leur usine du Petit Lannoy existait déjà depuis 1880, et c’est à leur demande qu’une nouvelle halte est envisagée dès 1890 pour desservir les hameaux des Trois-Baudets (650 habitants) et du petit Lannoy (1300 habitants), le seul arrêt du train étant situé trop loin, rue de la gare, sur la route de Forest.
Extrait d’une facture plus récente attestant de la fondation de l’entreprise en 1880 et CPA de la halte du petit Lannoy, vue de Hem vers Lannoy puis de Lannoy vers Hem (Documents collection privée)Arrêt spécifique pour les Ets Parent : voir la flèche à ce nom à gauche de la CPA (Document Hem Mémoire en Images)
L’entreprise est située au 279 rue Jules Guesde à Hem au bout d’une allée qui prend ensuite le nom d’Impasse Desurmont. Elle occupe une surface considérable au milieu des champs et jouxtera ensuite le quartier de la Lionderie, délimité par la rue des Ecoles, la rue de la Lionderie et la rue Jules Guesde.
Photo aérienne de 1933 (plan large puis concentré sur l’usine) (Document IGN)
A l’époque les conditions de travail dans l’industrie sont très dures, notamment dans les teintureries, et le tissage Desurmont présente une meilleure qualité de travail pour les candidats à l’emploi. En effet, dès le début du dix-neuvième siècle des métiers à tisser automatisés sont apparus, permettant une pénibilité du travail nettement moindre que sur un métier manuel, associée à un rendement bien supérieur.
Conditions de travail appréciables du tissage mécanique (Document Au temps d’Hem)
Pourtant, dans le quotidien « la Petite Presse », en 1904, on apprend que les ouvrières du tissage d’ameublement Parent et Desurmont à Lannoy, qui avaient récemment obtenu satisfaction ont à nouveau quitté leur usine en réclamant une nouvelle augmentation, au cours des grèves du Nord et plus spécifiquement de la région lilloise. La reprise du travail est actée dans le journal « Le Lorrain » peu de temps après.
Pendant la première guerre mondiale l’usine de tissage est arrêtée. En janvier 1920, Philippe Desurmont fait connaître par le « Bulletin des régions libérées », édité par le ministère du même nom, que son tissage de Hem sera remis en marche vers le 22 janvier 1920.
Dans les années 1920, on peut noter que l’en-tête de l’entreprise sur les factures reprend encore comme adresse la ville d’Hem-lez-Lannoy. D’une part la ville de Hem fait en effet partie du canton de Lannoy et d’autre part elle se situe dans la partie de la rue Jules Guesde dite du Petit Lannoy.
En-tête de facture de 1925 (Document collection privée)
En revanche dans les années 1930, c’est bien Hem (et non plus Hem-lez-Lannoy) qui apparaît sur l’attestation de chômage délivrée par l’entreprise à l’un de ses salariés, comme l’atteste le document ci-dessous.
Attestation de chômage et publicité (Documents collection privée)
La publicité de cette époque montre que ce tissage mécanique fabrique : des étoffes pour ameublement, tapis de table, rideaux et portières, des satinettes et coutils rayés, des satins-damassés, des tapis-moquettes et des carpettes et foyers. L’entreprise a gagné en importance et possède des bureaux sur Paris rue Saint-Fiacre, rue Montmartre et rue des Italiens.
Publicité années 1930 (Document collection privée)
Philippe Desurmont fait alors partie de l’Union des fabricants de tissus pour ameublement du Nord de la France, sis 86 rue de Lille à Tourcoing, comme l’indique « la Soierie de Lyon », organe du syndicat des fabricants de soierie de Lyon en 1934 dans sa revue mensuelle des industries de la soie.
Après la seconde guerre mondiale, le nécessaire est fait pour relancer l’entreprise, devenue Desurmont Fils, notamment grâce à la publicité dans le journal Les Echos en 1949. Toujours réputée pour ses tissus d’ameublement, tapis, moquettes, carpettes et couvre-lits, l’usine met également l’accent sur la fabrication de nappes lavables et de tissus guttés pour pantoufles.
Photo aérienne de 1947 (Document IGN)Publicité de 1949 (Document les Echos)Photo aérienne en carte postale de la fin des années 1950 avec le lotissement de la Lionderie (Document collection privée)
A suivre…
Remerciements à l’association Historihem et à la Mairie de Hem
Mais bientôt éclate la 2ème guerre mondiale avec ses restrictions. L’école du Centre reste donc à 3 classes. Les écoles bénéficient heureusement du charbon gratuit au prorata du nombre d’élèves : un grand poêle en tôle trône au milieu de la classe et une grosse buse la traverse pour rejoindre le conduit de cheminée au travers du mur du fond. Les élèves assis près du feu se plaignent parfois d’avoir trop chaud alors que les plus éloignés se réchauffent difficilement.
A la fin de la guerre c’est la libération mais l’explosion des dépôts de munitions situés au « Château de la marquise » endommage tout le quartier alentour et l’école Pasteur est sinistrée à 100% au point qu’il faut procéder à sa reconstruction. La directrice est logée rue Victor Hugo et à la rentrée scolaire suivante, au vu de l’effectif grandissant, une classe de l’école Pasteur est agrandie du volume de la pièce voisine par abattage du mur de séparation. Par ailleurs une femme de service est affectée dans chacune des classes enfantines.
Photos de classe de l’école après guerre en 1945 et 1948 (Document Historihem)
En 1950, une école maternelle est en projet dans la rue du Maréchal Foch. Dans l’attente de sa réalisation, et la population scolaire augmentant sans cesse, il s’avère indispensable de dédoubler la classe enfantine de l’école Pasteur. Par mesure d’économie celle-ci est installée dans une classe inutilisée de l’école Victor Hugo, place de la République, pour la rentrée de 1951.
Les photos de classe des années 1950 à l’école Pasteur permettent de voir encore toutes les élèves de l’école alignées avec un beau nœud dans les cheveux. En juillet 1952, l’école célèbre la fête nationale et les élèves font entendre leur répertoire de chants appris durant l’année scolaire avant de quitter l’école en chantant « Gai, gai l’écolier, c’est demain les vacances ».
Photos de classe de l’école en 1950 et 1952 (Documents Historihem)
Déjà juste après guerre, le conseil municipal a prévu la construction d’un groupe scolaire complet : école de garçons, école de filles, école maternelle, cantine scolaire, dans la propriété convoitée du Château de la Marquise qui s’étend entre la rue du Général Leclerc et la rue de Beaumont. Les projets étant finalement lancés en 1957, 10 ans plus tard l’école Pasteur est désaffectée tout comme l’école Victor Hugo.
L’Inspection académique envisageant l’ouverture à Hem d’une annexe mixte du Lycée de garçons de Roubaix, comprenant 2 classes de 6ème et 2 de 5ème, des visites des locaux désaffectés de ces 2 écoles sont organisées en 1959 pour y envisager une concrétisation du projet mais le proviseur décide finalement de surseoir à cette création.
Dans les années 1960, une petite cité est construite juste à côté de la place de la République et, pour en assurer l’accès à partir de la place, une nouvelle rue doit être ouverte face à l’église Saint-Corneille. Pour ce faire il faut détruire le bâtiment qui abrite le garage des sapeurs-pompiers. Les pompiers doivent provisoirement remiser leurs véhicules dans l’ancienne école de filles d’Hem Bifur, l’école Pasteur, dont les locaux sont réaménagés pour la circonstance. (Voir sur notre site un précédent article intitulé Les Pompiers de Hem).
Photos panoramiques des années 1962, 1971 et 1976 (Documents IGN)
En janvier 1969, la presse locale titre : la vieille école Pasteur est appelée à disparaître. Le matériel de lutte contre l’incendie ayant été cédé à la communauté urbaine et le corps de sapeurs-pompiers dissous, et un nouveau garage municipal ayant été construit aux abords de la place de la République, le bâtiment vétuste ne doit pas tarder à faire place à un square ou une nouvelle construction.
La vieille école est appelée à disparaître (Document Nord-Eclair)
La vieille école Pasteur qui apparaît encore sur les photos panoramiques du début des années 1970 n’est plus là sur celle d’avril 1976. Elle a donc été démolie au cours des 5 premières années de la décennie 1970 pour faire place à un parking sur lequel s’est installée pendant quelques temps la friterie DUDU, dans les années 1980-1990. Dans le mémento public de Hem en 1979, les écoles portant les noms de Pasteur et Victor Hugo sont intégrées au groupe scolaire du Centre rue de Beaumont, avec entrée par la mairie.
Friterie « Dudu » sur le parking et publicités de celle-ci (Documents collection privée)
Apparaissait encore dans les années 2000 une niche dans ce qui restait du mur d’enceinte côté parking, à l’entrée de la rue Jules Guesde, pouvant rappeler un endroit où se trouvait peut-être une statue religieuse du temps de l’école Pasteur, dernier vestige d’un bâtiment ayant abrité pendant plus d’un siècle une école de filles.
la niche dans le mur (Document collection privée)
A ce jour les photographies ne permettent plus de deviner qu’une école a un jour existé à Hem Bifur et la friterie des années 1990 a laissé place à un parking totalement libéré pour accueillir le plus de voitures possible.
L’ancien emplacement de l’école et la vue aérienne de 2022 (Documents Google Maps)
Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui , et plus précisément à Jacquy Delaporte pour son ouvrage de 1981 : de la maison d’école aux 16 écoles publiques de la Ville de Hem
En 1955, éclate à Hem ce qu’on appellera l’Affaire de Beaumont : alors que la construction du groupe scolaire de Beaumont est en projet depuis un an, il est reporté par un arrêté préfectoral qui déclare d’intérêt public l’acquisition d’un terrain de 60 hectares et, dans la foulée, le député maire de Roubaix, Victor Provo, saisit la ville de Hem du projet de création d’un cimetière dans le style de « Los Angeles » dans la plaine de Beaumont.
Le plan qui accompagne ce projet ne tient compte, ni des quelques 1000 logements ni de l’église Saint Paul, ouverte au culte en juin 1954, ni du château et de la cense de Beaumont qui y sont déjà construits, ni des projets d’accession à la propriété déjà planifiés.
Plan de la plaine de Beaumont avec ses constructions et plan du projet de cimetière (Documents Historihem)L’affaire de Beaumont (dossier du syndicat d’initiative Les Amis de Hem créé en 1953) (Document Historihem)
En justification de ce projet, il est fait état de l’insuffisance du cimetière roubaisien actuel, et de l’impossibilité de trouver, dans les limites de la ville de Roubaix, un terrain assez vaste pour créer ledit cimetière. Le cimetière actuel roubaisien d’une superficie totale de 15 hectares, situé entre le canal et des bâtiments industriels, serait alors abandonné…
Il s’agirait donc de la création, sur le territoire de la ville de Hem, d’une vaste nécropole destinée à la ville de Roubaix, et donc d’une annexion pure et simple d’une partie de la ville de Hem, laquelle fait écho au projet d’annexion de 200 ha du territoire hémois, dont la plaine de Beaumont, déjà projetée en 1944 par l’administration municipale de Roubaix, pour y reloger des roubaisiens suite à la destruction programmée de 13.000 logements insalubres.
Titre du journal Nord-Eclair en mai 1955 (Document Nord-Eclair)
En mai 1955, en effet, le conseil municipal de Roubaix constate que de plus en plus les familles achètent des concessions et qu’à ce rythme, d’ici 3 ans, la réserve temporaire des terrains encore disponibles sera épuisé. Deux solutions sont donc envisagées : le maintien de l’ancien cimetière et la création d’une nouvelle nécropole ou la désaffectation du cimetière actuel et sa translation dans un endroit plus vaste.
C’est la 2ème solution qui est adoptée et le choix se porte sur la plaine de Beaumont située sur les territoires des communes de Hem et de Croix. Ce terrain d’une superficie de 60 hectares serait scindée en trois parties, ce qui permettrait d’en faire un cimetière intercommunal : 45 ha pour Roubaix, 10 ha pour Croix et 5ha pour Hem. La presse locale annonce le projet pour acquis.
Photo aérienne du cimetière de Lannoy dans les années 1950-1960 et plan IGN correspondant actuel (Documents IGN)
L’administration municipale de Hem, considérant la vocation résidentielle de la plaine de Beaumont, s’oppose fermement à ce projet et suggère qu’éventuellement, si un cimetière annexe s’avère réellement indispensable, elle pourrait en envisager l’implantation dans la zone rurale de son territoire, à côté du cimetière de Lannoy, situé lui aussi en territoire hémois. Cette suggestion est aussitôt rejetée par l’administration municipale roubaisienne.
Aucun accord n’étant trouvé, le projet est alors classé pendant trois ans et exhumé en 1958, quand le préfet du Nord prend un arrêté décidant la mise à l’enquête du dossier de la ville de Roubaix, concernant un cimetière intercommunal Roubaix-Hem-Croix. Entretemps le projet de lotissement du groupe de Beaumont II a été approuvé en 1956 et l’autorisation d’acquérir le terrain nécessaire à la construction du groupe scolaire a été accordée et celle-ci a été entreprise en fin d’année 1957.
A vous de juger (des amis de Hem) (document Historihem)
Le conseil municipal de Hem est donc plus que jamais opposé au projet de cimetière, pour des raisons évidentes de salubrité publique. La ville d’Hem, en la personne de Jean Leplat, son maire, rejette donc catégoriquement la conception d’un cimetière intercommunal Roubaix-Hem, car dans l’arrêté préfectoral de 1956 concernant le lotissement il est stipulé que le drainage dudit lotissement devra être exécuté de façon à faciliter l’évacuation des eaux du Cimetière intercommunal de Roubaix -Hem.
Or ces eaux seraient contaminées par des matières organiques en putréfaction et acheminées dans les réseaux d’égout des lotissements de Beaumont II, Beaumont I puis dans le collecteur de Carpeaux. Les Amis de Hem éditent quant à eux un tract destiné à aviser les habitants du quartier du danger qui les menace avec le nouveau projet de cimetière de 36 hectares comprenant ce qui reste de la plaine de Beaumont et une partie du plateau de la Tribonnerie.
Tract des Amis de Hem (Document Historihem)
Le préfet du Nord réagit à ce tract en précisant qu’il y a peu de chances que l’eau de la nappe soit en contact avec les corps mais qu’il est toujours possible de procéder à l’épuration des eaux de drainage du cimetière avant de les rejeter à l’égout. Il ajoute que par ailleurs la situation du cimetière projeté et des zones habitées n’est pas différente de celles de toutes les nécropoles de l’agglomération.
Le conseil municipal réaffirme son opposition au projet, considérant notamment que l’épuration des eaux de drainage du cimetière nécessiterait l’édification d’une usine d’épuration en pleine zone résidentielle et à proximité des lotissements de Beaumont et de la Citadelle. Le préfet confirme en réponse qu’une fois le projet au point, il le soumettra bien entendu au Conseil Départemental d’Hygiène.
Photos de Jean Leplat, maire de Hem, et Victor Provo, maire de Roubaix (Document Historihem et Wikipedia)
Jena Leplat, maire de Hem mais aussi médecin, s’étant battu contre le projet en tant que président d’honneur fondateur du syndicat d’initiative « les Amis d’Hem », cite en conclusion un extrait du rapport établi en 1945 par Guy Lapchin, alors urbaniste d’Hem et 10 ans plus tard architecte en chef du CIL de Roubaix-Tourcoing, comme argumentaire sur le plan humain.
Extrait du rapport de Guy Lapchin (Document Historihem)
Quelles qu’en soient les raisons le projet du cimetière de Beaumont est finalement abandonné et Jean Leplat, maire de Hem de 1947 à 1977, peut se targuer d’avoir su tenir tête à Victor Provo, maire de Roubaix de 1942 à 1977, ainsi que le montre avec humour la bande dessinée « Au temps d’Hem ».
J’ai fait peur à Victor (Document BD Au temps d’Hem)
Le seul cimetière de Hem reste donc celui qui se situe dans la rue du Cimetière, ancien chemin du même nom qui relie la rue du Docteur Coubronne à la rue de la Vallée. Ce cimetière connait alors un premier agrandissement, sur la droite par rapport à l’entrée qui se situait au centre, comme le démontre la photo aérienne de 1962 par rapport à celle de 1947. Le cimetière est alors pour vu d’une deuxième entrée sur la droite. Quant au cimetière de Lannoy, sur le territoire de Hem au bout de la rue des Trois Villes, il est ensuite intégré à la ville de Lys-lez-Lannoy dans la rue des Meuniers.
Photos aériennes du cimetière de Hem en 1947 et 1962 (Documents IGN)
Puis en 1977, le cimetière s’agrandit à nouveau, cette fois sur la gauche, avec la construction d’une chambre funéraire et l’aménagement d’un parking avec une nouvelle entrée telle que nous la connaissons aujourd’hui. Et en 1991, un colombarium, lieu fleuri et verdoyant disposant d’un jardin du souvenir, pour accueillir les cendres des défunts, est inauguré en même temps que le nouveau local technique destiné au personnel du cimetière.
Inauguration du colombarium en 1991 (Documents Nord-Eclair)Photos aériennes de 1989 avec le bâtiment et le parking aménagé et de 2004 avec le colombarium (Documents IGN)
En 2004, à l’occasion de la commémoration du 06 juin 1944, la rue du Cimetière est transformée en rue du 06 juin 1944. Un cortège prend le départ de l’hôtel de ville jusqu’à l’ancienne rue du Cimetière et l’inauguration de la nouvelle rue a lieu, suivie du dévoilement des plaques par le député maire Francis Vercamer, en présence des élus, des représentants des associations patriotiques et de riverains.
Dans son discours le maire rappelle le sens de cette démarche et le choix de célébrer ce 60ème anniversaire en baptisant ainsi une rue historique dans laquelle se trouvent les marques du souvenir. Cette rue a en effet été marquée par les événements dramatiques de la seconde guerre mondiale, des soldats anglais y ayant à l’époque trouvé refuge chez Anna Reversez, dont cet acte de résistance lui coûta la vie en déportation à Dachau et dont les descendants sont présents pour cette journée d’hommage.
Dévoilement de la plaque de la nouvelle rue sur l’ancien café de la Paix lieu de rendez-vous avec le fossoyeur à la fin du 19ème siècle (Documents Historihem Nord-Eclair)
Dans les années 2020, le cimetière s’est encore étendu sur la droite jusqu’à l’avenue d’Aljustrel. L’ancien cimetière entouré de champs fait maintenant face au Jardin des Perspectives et a donc conservé son cadre paisible, même si les arbres qui ont longtemps bordé la rue ont aujourd’hui disparu. Il dispose toujours de l’ancienne entrée principale, de l’entrée plus à droite et de la nouvelle entrée donnant sur le parking.
Photo aérienne de 2023 et les 3 entrées sur la rue du 06 Juin 1944 de gauche à droite (Documents Google Maps)
Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem
En 1978, les pompiers doivent intervenir à 4 reprises pour des incendies dans l’ancienne usine désaffectée qui se dresse encore sur le futur emplacement de leur nouveau centre secours. Le bâtiment étant ouvert à tous vents, chaque nouveau foyer d’incendie, volontaire ou non, trouve un aliment de choix dans les décombres ou les vieilles boiseries. A chaque fois les flammes gagnent la toiture rapidement mais le feu se laisse éteindre sans résistance.
Dès 1981, le terrain de 12.000 mètres carrés situé boulevard de Mulhouse est prêt à accueillir le nouveau centre de secours. Les bâtiments de l’ancienne teinturerie SATTI (Société Anonyme Textile Teinture et Impression) Guaydet devenue ensuite Jean-Lagrange sont détruits depuis plusieurs mois mais rien ne bouge.
Papier à en-tête et plan de situation de la SATI en 1964 (Documents archives municipales)L’intervention sur l’usine désaffectée en 1978 et le terrain dégagé du futur centre de secours bd de Mulhouse en 1981 puis le gros-oeuvre terminé en septembre 1983 (Documents Nord-Eclair)
Le projet, très onéreux, doit être réparti sur 3 exercices financiers. Les travaux de terrassement et les fondations devraient donc bientôt commencer mais la construction ne devrait pas être terminée avant 1984. Finalement en 1983, le gros œuvre de la nouvelle caserne est pratiquement terminé et la presse locale titre : A la nouvelle caserne des pompiers, l’ordinateur aux côtés des lances en 1984.
Le corps de bâtiment en arc de cercle, percé d’un autre immeuble, a pris sa forme définitive et on attaque désormais la phase d’aménagement intérieur. Le bâtiment cubique renferme, au rez-de-chaussée le poste de commandement puis le garage avec les portes de travée et les chambres des sapeurs-pompiers. Trois capteurs solaires sur le toit et trois pompes à chaleur contribuent au chauffage de l’immeuble.
Plan de masse et plan du rez-de-chaussée du nouveau Centre de Secours (Documents archives municipales)
Le bataillon Nord y sera hébergé aux côtés du centre de secours de Roubaix et les fichiers répartis entre les différents centres de secours y seront centralisés en un seul programme informatique. De même le standard va absorber toutes les lignes 18 qui jusqu’alors aboutissent dans les différents centres détachés du bataillon Nord. 26 communes rattachées à divers centres passeront ainsi sous son contrôle informatique.
Façade de la nouvelle caserne, poste de commandement en cours d’installation, informaticiens occupés à réaliser les programmes en juillet 1984 (Documents Nord-Eclair)
L’ordinateur à Roubaix ne sera pas utilisé en priorité à des fins administratives mais dans une perspective opérationnelle. Au poste de contrôle de la zone, au rez-de-chaussée du bâtiment cubique par laquelle on accède à la nouvelle caserne, huit terminaux : 3 d’entre eux traitent les appels téléphoniques reçus grâce à un standard relié à un autocommutateur électronique, un autre détermine les moyens à mettre en œuvre, les 4 derniers étant affectés à la gestion des matériels.
Photos de la nouvelle caserne en 1984 (Documents archives municipales)
Le tout nouveau centre de secours est inauguré le 1er octobre 1984 en présence de Mrs Notebart et Diligent, du Colonel Gilardo, directeur départemental de la sécurité civile, du colonel Bronchart, chef de corps, des lieutenants colonels Forzano et Delemme, du capitaine Deloof commandant du centre de secours de Roubaix, de Mr Prouvost, député du Nord, Mrs Delefosse et Doscot, vice-présidents de la Communauté Urbaine, du médecin colonel Poulain et de Mr Perrin, secrétaire général de la Communauté Urbaine.
Les personnalités autour des véhicules, Mr Notebart passant les sapeurs-pompiers en revue, le poste de commandement informatisé (Documents Nord-Eclair)
L’inauguration s’accompagne d’une journée portes ouvertes à l’attention de la population de l’agglomération roubaisienne. La visite des locaux se termine par une exposition composée de 14 stands : comité pharmaceutique régional d’éducation sanitaire et sociale, Haas Elite (extincteurs, etc…), l’amicale des donneurs de sang bénévoles de Roubaix, la société de mycologie du Nord, l’amicale des sapeurs-pompiers de Roubaix, le syndicat des pharmaciens, EDF, la CRAM, la prévention routière, le SMUR de Roubaix, l’association départementale de la protection civile, la Croix-Rouge française et les 5 gestes qui sauvent. Est également annoncée la venue d’un hélicoptère de la protection civile.
Photo de la maquette du nouveau centre de secours et de l’inauguration ainsi que des pompiers posant dans la cour autour d’un véhicule (Documents archives municipales)Les pompiers en 1985 dans leurs nouveaux locaux (Documents Nord-Eclair)
En 1985, les roubaisiens assistent à la démolition de l’ancienne caserne, côté Gambetta, à l’explosif, d’abord, avec 1,8 kg de dynamite soit une centaine de charges explosives placées au pied des piliers, et la moitié de la caserne est à terre, déblayée de suite par les pelleteuses. Puis c’est le côté Pierre de Roubaix qui est attaqué au « Punching-Ball », balancé sans ménagement dans les murs depuis un câble attaché à une grue, et le clocheton rend l’âme à son tour. La pierre signant la construction sur laquelle est lisible l’inscription : L.Barbotin, architecte, 1912, est récupérée par les sapeurs-pompiers roubaisiens pour être transportée à la nouvelle caserne du bd de Mulhouse afin d’enrichir le musée des sapeurs-pompiers de Roubaix.
La fin de la légendaire caserne Gambetta a ainsi lieu quelques jours seulement avant la pose de la première pierre de la future Caisse d’Allocations Familiales, qui va disposer de magnifiques bureaux pour remplacer ceux qu’elle occupe actuellement Grande Rue. Un trimestre plus tard la filature Motte-Porisse de la rue Jean Moulin prend feu (sur ce sujet voir sur notre site un précédent article intitulé Motte-Porisse en feu).
La démolition de la caserne en 1985, côté Gambetta (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord))La démolition de la caserne en 1985 (Documents Patrick Vanhove)La démolition côté Pierre de Roubaix et la récupération de la pierre (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord)
Cinq ans plus tard les sapeurs-pompiers du nouveau centre de secours battent tous les records de la métropole avec 7760 interventions au cours de l’année, nombre impressionnant mais assez naturel puisque la population gérée se monte au total à 220.000 habitants.
La 8ème compagnie, la plus importante de la CUDL, y fait face avec un solide effectif de 108 hommes, sous les ordres du capitaine Barthod. Elle vient de se doter d’un nouveau fourgon-compresseur, unique dans toute la CUDL: camion permettant la recharge immédiate des bouteilles d’air pour appareils respiratoires, utilisés par les pompiers dans les locaux enfumés par exemple.
Le capitaine Barthod et le lieutenant Desormeaux devant le fourgon-compresseur flambant neuf en 1990 (Document Nord-Eclair)
En 1994, pour les 10 ans d’ouverture du nouveau centre de secours, une grande journée portes ouvertes est à nouveau organisée avec un festival de démonstrations plus impressionnantes les unes que les autres : voitures en feu, grande tour d’exercice, départs en hélicoptère, grande échelle hissée…
Un monde fou pour voir la grande échelle se déployer, exercice de descente en rappel vertigineuse, démonstration d’intervention en cas d’accident de voiture (Documents Nord-Eclair)
Aujourd’hui le 34 bd de Mulhouse accueille toujours le centre de secours qui va fêter ses 40 ans d’existence l’an prochain. Il se nomme maintenant SDIS : Service Départemental d’Incendie et de Secours. Si l’organisation, le lieu d’hébergement, le matériel et les hommes ont changé depuis la fondation du 1er corps de pompiers de Roubaix la devise des soldats du feu : « sauver ou périr » a traversé les siècles.
Véhicule actuel, le centre de secours vu du bd de Mulhouse et vu du ciel (Documents Facebook des pompiers de Roubaix et google Maps)
Remerciements au archives municipales de Roubaix, à la BNR et à Nord-Eclair pour sa rétrospective de 1968 : la flambante histoire des pompiers de Roubaix.
Après la construction au milieu du 19ème siècle de l’école communale dénommée Victor Hugo (Voir sur notre site un article précédent intitulé « Ecole Victor Hugo »), école prévue pour les garçons mais accueillant un public mixte, le comité local de la ville de Hem émet le vœu que l’éducation des filles soit confiée à des sœurs de la Providence.
Monsieur Boussemart, qui tient un estaminet au coin de la place de la République, accepte de louer une maison en bois, située sur la place face à l’église ( la boulangerie actuelle), avec une chambre à l’étage pour le logement des soeurs et une pièce au rez-de-chaussée pour y installer une salle de classe.
Après une visite de la Révérende Mère ladite maison est pourtant jugée insuffisante pour y loger 2 religieuses, une salle de classe et un dortoir pour les pensionnaires. Or l’adjonction d’un bâtiment à la maison existante risquerait d’être beaucoup trop coûteuse.
La maison sur la place proposée par Mr Boussemart au début du 20ème siècle et dans les années 1950 (Documents collection privée et Historihem)
Le maire propose alors l’achat d’un terrain de 8 ares et la construction d’une maison d’école, subventionnée au 1/3 par l’état, et à laquelle par ailleurs propose de contribuer une personne bien intentionnée. La mairie prendrait également à sa charge le mobilier scolaire et le trousseau de religieuse.
Certains conseillers sont contre et pensent que la commune devrait se contenter d’une institutrice laïque qui coûterait moins cher et garder l’école dans la maison Boussemart. D’autres affirment qu’il faut profiter de l’instant pour donner naissance au projet, les subventions de l’ Etat risquant de disparaître si la décision tarde trop.
Le vote est limpide et une majorité très nette se prononce pour la solution la moins onéreuse à savoir : une école laïque. De ce fait l’école des filles s’implante dans la maison Boussemart, mais elle est remise en cause quelques années plus tard. En effet l’institutrice laïque a été mal notée par les inspecteurs qui ont visité son école.
L’école Pasteur rue Jules Guesde (Documents collection privée)
Il apparaît donc nécessaire de confier l’éducation des filles aux religieuses. Pour y parvenir cette fois le vote est unanime pour un crédit permettant la construction d’une école ou l’achat d’une maison. Il faut pourtant attendre encore 2 ans pour que le conseil municipal vote l’acquisition d’une parcelle de terre où construire l’école.
Les subventions attendues ne sont cependant pas versées par l’Etat au motif que l’école construite à Hem Bifur, au coin de la rue de Lannoy et de la rue de Lille (actuelles rue Jules Guesde et rue du Général Leclerc), et nommée école Pasteur, est trop petite. Les 2 institutrices trouvent pourtant les conditions satisfaisantes, les classes pouvant accueillir un total de 170 élèves alors que l’effectif réel ne dépasse pas 80 élèves. C’est le cultivateur Dufermont qui souscrit donc le montant nécessaire, montrant ainsi l’attachement d’un hémois à sa communauté.
Le traitement des institutrices est doublé lors de l’arrivée parmi elles, au dernier trimestre de l’année scolaire, d’une religieuse de la Congrégation des Dames de la Sainte Union de Douai comme institutrice communale. La supérieure exige qu’un mur de clôture soit édifié pour remplacer la haie sur 53 mètres de long. Les institutrices demandent à la fin des années 1850 un plafond au grenier pour pouvoir en faire un dortoir. ( Ce sera chose faite en 1872 puisque l’école est alors rehaussée d’un étage).
L’école Pasteur en gros plan (Documents collection privée)
Puis une troisième sœur est nommée pour renforcer l’effectif enseignant mais une condition est imposée pour ce faire par la municipalité : l’institutrice est augmentée à condition de prendre à sa charge la troisième religieuse et que les petites filles soient admises à l’école dès l’âge de 3 ans ; cet essai de jardin d’enfants est tout à fait nouveau et remarquable pour la commune.
Dans les années 1870, la commune compte 3000 habitants et les élèves étant de de plus en plus nombreuses, une quatrième religieuse est recrutée pour que Soeur Marie Lechef, qui dirige l’établissement puisse mener à bien l’instruction des 250 élèves (98 payantes et 152 gratuites). Des nouvelles armoires sont achetées pour le réfectoire et la cuisine, ainsi que des jeux pour les jeunes filles et 2 volumes de l’histoire sainte. Au 1er certificat d’études primaires de 1880 3 filles de l’école des sœurs sont reçues.
A la fin du 19ème siècle après la mise au point de cours de couture, c’est le pavage des locaux de la cour de l’école des filles qui est réalisé ainsi que l’installation de l’éclairage au gaz dans toutes les salles de classe. L’école maternelle séparée n’existant pas c’est la 2ème adjointe de l’école des filles qui en est chargée dans le cadre de l’école Pasteur et une 3ème adjointe est demandée pour la rentrée.
En 1902, appliquant les directives ministérielles, le maire et son conseil chassent les religieuses de l’école des filles. La Congrégation de la Sainte Union introduit alors une demande dans le but de fonder une autre école dans Hem mais cette demande est rejetée. Une troisième institutrice laïque vient aider les 2 premières, installées depuis 1901.
Arrêt des cars puis des bus dans les années 1960 (Documents Historihem et Nord-Eclair)
Devant l’école Pasteur se trouve l’arrêt fixe des cars Lille-Leers-Hem-Roubaix, comme en atteste le panneau mural figurant sur le pignon de l’estaminet voisin appartenant à Mr Madoux. Ce sera encore le cas dans les années 1960 au cours desquels l’arrêt de bus se situera toujours au coin des rues Jules Guesde et du Général Leclerc, matérialisé par une aubette en dur.
Pendant la 1ère guerre de nombreux bâtiments communaux sont sérieusement endommagés dont les écoles et le mobilier scolaire est détruit ou brûlé. Il faut donc procéder aux réparations nécessaires et au renouvellement du mobilier. En 1920, un poste d’adjointe à l’école du Centre et mis en péril et supprimé en raison d’un nombre insuffisant d’élèves. Le conseil municipal adopte alors des mesures pour que les enfants en âge d’aller à l’école soient incités à fréquenter régulièrement celle-ci. L’obligation scolaire est donc rappelée par voie d’affichage pour les enfants de 6 à 13 ans. Dans les années 1930, une quatrième classe est prévue à l’école Pasteur ainsi que le nouveau poste de 3ème adjointe et l’école fait l’objet de travaux d’agrandissement.
Photos de classe de l’école Pasteur au début du siècle et dans les années 1920 (Documents Historihem)
A suivre…
Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui , et plus précisément à Jacquy Delaporte pour son ouvrage de 1981 : de la maison d’école aux 16 écoles publiques de la Ville de Hem
Au XVIII ème siècle, le cimetière de Hem, comme la plupart des autres cimetières de l’époque, se trouve autour de l’église du village. C’est un lieu de passage et il n’est alors pas clôturé. Ce n’est qu’en 1821 qu’on l’entoure d’un mur. A la moitié du XIX ème siècle les morts sont toujours enterrés dans ce cimetière bordé de peupliers qui ne sont abattus que parce qu’ils empêchent le jour de pénétrer dans l’église.
Extrait du cadastre de 1824 (Document Historihem)Tentative de reconstitution de la place d’Hem sur croquis (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)Pierre tombale de Jean-Baptiste Bernard datant de 1864, sur le mur de l’église Saint Corneille (Document Historihem)
Pourtant en 1875, la Préfecture intervient pour faire respecter la législation et le cimetière doit être déplacé. Le conseil trouve alors un terrain d’1,59 hectares appartenant au bureau de bienfaisance et loué au sieur Dufermont, situé à proximité de la place et donc de l’église. Le transfert des tombes est réalisé par le sieur Leonard et le carré réservé aux protestants et aux suicidés est annexé au cimetière commun dans un chemin bordé de champs. Il s’agit d’un chemin rural, partant de l’estaminet du Tilleul, qui portera dès lors le nom de Chemin du Cimetière.
CPA du chemin du cimetière au début du 20ème siècle et de l’intérieur du cimetière (Document collection privée)Vue aérienne du cimetière en 1933 (Document IGN)
Dès lors, à la fin du XIX ème siècle, le mur de l’ancien cimetière est abattu, afin d’agrandir la place et dégager l’église. Les travaux sont réalisés sous la direction de Ferdinand Deregnaucourt, architecte roubaisien. Est ensuite édifié sur la place le monument, dédié aux soldats morts pour la patrie depuis 1851, face au portail principal de l’église, sous la responsabilité de celui-ci. Quant au marbrier il s’agit d’Henri Wille, roubaisien lui aussi, installé 37 rue de l’Alma à Roubaix. En 1905, le monument est à son tour déplacé vers le nouveau cimetière.
Travaux réalisés pour agrandir la place d’Hem en 1892 (Document Historihem)Maquette du monument (Document Archives Départementales du Nord)Le monument aux morts installé sur la place en 1894 puis au cimetière en 1905 (Documents Historihem)Souvenir de la bénédiction du monument (Document Hem mémoire en images)
Ce monument à l’origine est constitué d’un pilier commémoratif en forme d’obélisque sur lequel figure la liste des soldats morts pour la patrie. Après les deux guerres mondiales, le monument est agrandi et l’obélisque est surmonté d’une croix avec deux épées entrecroisées tandis que les piliers, sis des deux côtés des quatre marches y menant, sont décorés de casques militaires taillés dans la pierre. Le monument comporte dès lors sur différentes plaques les noms des soldats et victimes civiles morts durant les guerres de 1870-71, 1914-18 et 1939-45. De nombreuses tombes militaires dont celles de soldats britanniques sont rassemblées autour du nouveau monument aux morts.
Le monuments aux morts agrandi après les deux guerres mondiales (Document collection privée)Une vue du cimetière avec le monument entouré de tombes militaires (Documents université de Lille)
En avril 1950, la municipalité de Hem décide de faire ériger un monument à la mémoire des morts déportés et internés de la Résistance de la commune à l’entrée du square de la mairie. La journée d’inauguration commence par une messe du souvenir célébrée par l’abbé Delecroix, à l’église Saint Corneille, avec allocution de l’abbé Deconinck ex déporté de Dachau. La fanfare Saint Corneille prête son concours à la cérémonie religieuse.
Puis un cortège part de la Place de la République par les rues du Docteur Coubronne puis du Général Leclerc pour gagner la mairie. Les habitants sont invités à assister en grand nombre à la cérémonie afin de témoigner leur sympathie et leur reconnaissance aux familles des dix hémois dont les noms sont gravés sur le monument.
Travaux préparatoires de terrassement (Document Nord-Eclair)
Le cortège qui défile comprend : les Cavaliers de la Marque, les Douaniers de la brigade de Hem, les gardiens de la paix, la Fanfare Saint-Corneille, les Drapeaux de toutes les sociétés de déportés et de résistants, l’association des déportés et résistants, l’Harmonie Municipale, le Conseil Municipal, les familles de déportés, les Anciens Combattants, la clique La Vaillante, les déportés du travail, réfractaires et maquisards, la clique La Gauloise ainsi que les amicales laïques et associations sportives…
A la mairie les participants se groupent autour du monument pavoisé aux couleurs françaises, belges, anglaises, américaines et russes. C’est le moment des discours, dont le premier prononcé par Jean Leplat, maire de la ville. Puis interviennent Jules Corman, pour la France Combattante, amicale des résistants de Hem, suivi de Louis Christiaens, député et ancien déporté de Buchenwald, et enfin le Docteur Guislain, conseiller municipal de Roubaix et fondateur du réseau de résistance Action 40 .
Le monument, le discours de Louis Christiaens et photo du Docteur Guislain dans les années 1950 (Documents Nord-Eclair)
C’est devant cette stèle que se déroulent par la suite les manifestations à la mémoire des hémois morts en déportation. Ainsi en 1967, en présence des anciens combattants, des membres de la résistance et des conseillers municipaux, le docteur Jean Leplat dépose une gerbe de fleurs devant le monument après un moment de recueillement.
Le dépôt de gerbe en 1967 (Document Nord-Eclair)
En 2016, le monument se situe encore dans le parking de l’Hôtel de Ville de Hem, surmonté d’un drapeau mais doit être déplacé au moment où commencent les travaux d’agrandissement et de modernisation de celui-ci. Il est alors déplacé au cimetière de Hem près du Jardin du Souvenir et du colombarium, où il se trouve encore aujourd’hui.
Le monument dans le parking de l’Hôtel de Ville en 2016 puis au cimetière en 2023 (Document Google Maps et photo IT))
A suivre…
Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem
Entretemps, en 1907 et 1908, l’ancienne mairie, l’ancienne bourse et le premier hôtel des pompiers sont voués à la démolition, en vue de la future construction du nouvel Hôtel de Ville. En attendant leur installation dans la nouvelle caserne en construction sur le boulevard Gambetta (à l’emplacement actuel de la Caisse d’Allocations Familiales), le corps des sapeurs pompiers de Roubaix trouve un refuge provisoire au 99 du boulevard (qui se situe à l’époque entre la place de la Liberté et la rue du Bassin).
A cet effet, un bail de 4 ans est signé en 1906 entre la ville de Roubaix et Mme Lorthiois-Galpin, propriétaire de l’immeuble. L’état des lieux fait état d’un magasin, d’une écurie pour 6 chevaux, d’un séchoir pour tuyaux d’incendie, d’un poste de pompiers avec un tableau pour appareils téléphoniques et d’une porte cochère sur la façade donnant sur la rue. Au 1er étage trois chambres donnant sur la rue permettent de caserner quelques pompiers, les autres pompiers casernés recevant une indemnité pour se procurer un logement dans un rayon de 500 mètres de la caserne provisoire.
Les chevaux dans la caserne provisoire (Document collection privée)La nouvelle caserne en construction et la première auto-pompe (Documents Journal de Roubaix et Nord-Eclair)Le nord en avance sur l’Amérique ( Document Grand Hebdomadaire Illustré)
C’est en 1910 que la nouvelle caserne, construite au n° 128 du Boulevard Gambetta, à l’angle de la rue Pierre de Roubaix est inaugurée, le 26 novembre (Sur le sujet voir également un article précédemment paru sur notre site et intitulé l’Hôtel des Pompiers). Elle est dotée de sa première auto-pompe : une Delahaye-Farcot aux cuivres rutilants qui refoule 72.000 litres à l’heure et peut lancer de l’eau à 60 mètres de hauteur. Hormis ce véhicule à essence, la traction hippomobile reste le moyen de déplacement habituel des pompiers en cette 1ère moitié de vingtième siècle.
Nouvel Hôtel des Pompiers (Documents collection privée)La grande échelle en traction hippomobile à la même époque (Documents Nord-Eclair)Auto-pompe à essence et grande échelle pivotante (Documents collection privée)
Le rez-de-chaussée comprend une vaste salle avec les services de départ attelé où la pompe automobile a sa place, en communication directe avec la rue par 4 grandes portes cochères. Les box des chevaux se trouvent derrière. Le bureau des officiers, celui de l’adjudant et la salle du télégraphe et le corps de garde donnent sur la rue Pierre de Roubaix. Les premier et second étages servent de logements aux sapeurs casernés. Depuis les étages les hommes accèdent vivement à la salle du matériel en se laissant glisser le long des perches verticales installées à cet effet.
La salle du rez-de-chaussée où est remisé le matériel (Document Journal de Roubaix)
Les pompiers casernés passent alors de 6 à 14 : les 6, considérés comme exerçant une profession spéciale comme mécanicien, téléphoniste, conducteur… sont logés à la caserne avec leur famille ; les 8 autres sont casernés mais leur famille quant à elle n’habite pas la caserne. En plus des pompiers casernés, chaque nuit un cocher auxiliaire est de service et 2 départs sont constamment prêts à partir : 6 chevaux sont tout harnachés et la pompe automobile prend place dans le dépôt des pompes.
Après la première guerre mondiale, une deuxième auto-pompe est acquise ainsi qu’un camion automobile doté de deux grosses lances et de quatre petites. La grande échelle est désormais tractée par l’auto-pompe : l’ère du cheval est terminée. 15 ans plus tard le matériel ne change guère : 3 auto-pompes dont l’une porte la grande échelle, 2 moto-pompes et une camionnette. A noter, dans les années 1920, le dramatique incendie aux Ets Demarcq frères, Quai du Sartel, au cours duquel Marie Buisine trouve la mort (Sur ce sujet voir sur notre site un précédent article intitulé : une héroïque ouvrière).
Le centre de secours contre l’incendie à l’Exposition de 1939 à Roubaix (Document collection privée)
En 1939, durant l’exposition du Progrès Social, le matériel de secours contre l’incendie est exposé à Roubaix. Durant la seconde guerre les seuls nouveaux véhicules sont : un camion pour le matériel, une dépanneuse, une ambulance et une fourgonnette pour feu de cheminée. En 1950, la caserne est dotée d’un nouveau fourgon permettant un combat plus efficace contre les incendies.
Totalité du matériel rassemblé sur le terre-plein du boulevard Gambetta à la fin de la guerre et la grande échelle en 1946 (Documents Nord-Eclair, BNR et archives municipales)La caserne du boulevard Gambetta et le nouveau fourgon acquis en 1950 (Documents collection privée et la Voix du Nord)
Dans les années 1960, le matériel est complétement renouvelé, la technique étant en pleine mutation, en vue de permettre une protection optimale contre les fléaux de l’an 2000 ! La moitié des pompiers connait alors à peine l’autre moitié car chaque homme travaille 24 heures sur 48. Une équipe de garde d’une quarantaine d’hommes entre en fonction à 8h du matin et se voit remplacer le lendemain à la même heure par l’autre équipe.
La prise de garde commence par la liste des « piquets » fournie par l’adjudant : chacun apprend alors la fonction qui lui est attribuée pour la journée : entretien du matériel, exercice physique (avec terrain de basket dans la cour), enseignement théorique, mémorisation des plans des communes entrant dans leur champ d’action et manœuvres diverses se succèdent entre les alertes. Deux ambulances comportant un système de réanimation respiratoire peuvent emmener un médecin pour pratiquer les soins d’urgence.
La cour de l’hôtel des pompiers vue du ciel en 1965 avec l’aménagement du terrain de basket (Document IGN)Ensemble des véhicules dont dispose la caserne roubaisienne et une sortie de véhicules par les portes cochères (Documents Nord-Eclair et collection privée)Entraînement des pompiers (Document Nord-Eclair)
Pour faire face aux feux d’usine les équipes reçoivent une formation adaptée : les nouvelles fibres manufacturées dans le textile produisent des gaz toxiques en brûlant ; d’autres établissements, dans la métallurgie, emploient dorénavant des matériaux radioactifs et les pompiers sont donc équipés de combinaisons étanches, de masques de protection et de capteurs Geiger. Enfin une douzaine d’hommes grenouilles sont formés à la recherche des noyés et au sauvetage des occupants des véhicules tombés à l’eau.
Ambulances équipées, équipement contre les vapeurs toxiques, équipement contre la radioactivité et lutte contre un incendie dans une usine de pneumatiques (Document Nord-Eclair)
Le corps de pompiers se monte à 96 professionnels en 1968, ce qui permet à quarante sapeurs-pompiers de veiller à la sécurité de la ville 24h/24. Mais les interventions de la compagnie s’effectuent aussi sur 15 autres communes du secteur. A compter de cette même année tous les corps de pompiers sont placés sous l’unique commandement du chef de corps de Lille.
Trois ans plus tard, les pompiers de Roubaix font grève et manifestent, sous le regard bienveillant des habitants, pour réclamer une augmentation de salaire conséquente, celui-ci ne s’ajustant pas à la multiplication du nombres de sorties annuelles effectuées pour tous types d’intervention : incendies mais aussi accidents de la circulation, transport des blessés et des malades, destruction de nids de guêpes mais aussi fausses alertes de plaisantins…
La réorganisation des services doit aboutir, à court terme, à la création de 16 ou 17 centres uniquement composés de pompiers professionnels et c’est à Roubaix que va être installé l’un des centres les plus importants de la métropole. La caserne installée boulevard Gambetta est donc condamnée.
Manifestation des pompiers de Roubaix en 1971 (Document Nord-Eclair)La caserne en 1982 côté Pierre de Roubaix (Document archives municipales)Les véhicules devant la caserne dans les années 1980 (Document collection privée)
A suivre…
Remerciements au archives municipales de Roubaix, à la BNR et à Nord-Eclair pour sa rétrospective de 1968 : la flambante histoire des pompiers de Roubaix.
Après guerre, le château est réquisitionné pour servir de logement à des familles sinistrées et ce jusqu’en 1953. En 1945, il est racheté par un industriel lainier de Tourcoing, Mr Bossuyt, mais en 1953, l’entretien du bâtiment s’avérant trop difficile à assurer, le nouveau propriétaire décide sa destruction. Seule la chapelle reste debout pendant vingt ans encore au milieu de la plaine.
La chapelle avant sa destruction en 1974 (Document Historihem)Vue de Forest en 1950 avec en arrière plan sur Hem la ferme et ses pâtures et agrandissement de la ferme et du château avec la chapelle au début des années 1950 (Documents Historihem)
La ferme quant à elle est reprise par Gabriel Boddaert, le fils de Maurice, en 1962 et l’année suivante il supprime les chevaux de labour et mécanise les cultures. Le corps d’habitation situé derrière la ferme conserve encore quelques traces du château construit après 1920 et quelques piliers d’entrée de l’ancien jardin du château restent debout ainsi que la chapelle.
Vestiges du château intégrés à la ferme (Documents Historihem)
Puis en 1974, le petit-fils Bossuyt vend une partie de sa propriété à Mr Cornu qui en fait un Centre Equestre puis un Centre de Loisirs. Les petites écuries sont installées sur 7 ha possèdent 2 manèges olympiques et un parcours de cross. Elles assurent des leçons pour tous niveaux, l’hébergement et la vente de chevaux.
En 1976, c’est une grosse frayeur pour les propriétaires et leurs chevaux, quand un incendie se déclenche suite à une cigarette négligemment jetée sur un tas de paille qui embrase la toiture des écuries, alors qu’une trentaine de chevaux se repose dans les box. Fort heureusement tous sont rapidement évacués vers les manèges et les sapeurs pompiers de Roubaix parviennent à circonscrire l’incendie à un coin des écuries.
Publicité pour les petites écuries et incendie de 1976 (Documents Nord-Eclair)
Quant à Gabriel Boddaert, le fermier, il démolit ce qu’il reste de l’ancienne chapelle d’un diamètre de 9 à 10 mètres. Cinq ans plus tard il exploite les 32 ha de terres et la ferme dont sa famille est l’occupante depuis 45 ans. Enfin son fils Pierre Yves reprend l’exploitation en 1999 tandis que sa sœur habite dans les dépendances de l’ancien château.
La ferme et ses dépendances dans les années 2000 (Document Historihem)
Dans les années 1980, le Château d’Hem de Jean-Claude Cornu devient synonyme de sports et les publicités et articles se succèdent dans la presse locale pour vanter la «vie de château pour sportifs»: tennis, piscine, sauna, bains bouillonnants, mais aussi aérobic, gymnastique traditionnelle, stretching, modern’jazz, côtoient une brasserie avec pianiste où se restaurer et se détendre après l’effort.
C’est le tennis qui, en premier lieu, ouvre les portes de ses 7 courts dont 4 couverts en septembre 1981, avec une école de tennis. Les 2 surfaces de jeu sont en shiste et en synthétique et s’y ajoutent un club-house rustique et des vestiaires et 3 enseignants sont mis à disposition des adhérents. Puis viennent s’ajouter au complexe sportif une salle de musculation et enfin un practice de golf et une école de golf avec Nicolas Fourrier joueur diplômé d’état.
Jean-Claude Cornu et son équipe au centre de loisirs et publicité (Documents Nord-Eclair)Tennis (Documents Nord-Eclair)Salle de musculation puis practice et école de golf (Documents Nord-Eclair)
A la fin des années 1980, le centre de loisirs a acquis une belle renommée et les publicités se font plus nombreuses dans la presse locale pour ce complexe niché dans un cadre verdoyant et bénéficiant d’un contexte historique prestigieux. En 2000 la carte Libersport tente de convaincre les amateurs de sport de rejoindre le centre.
Publicité de 1987 et carte Libersport en 2000 (Document Nord-Eclair)
Pourtant en 2003, le club de fitness exploité par Delphine Cornu et son époux, propriétaires des murs du Château d’Hem, racheté par son concurrent Ocea, déménage à Villeneuve d’Ascq, rue de la Cimaise, au grand dam de ses utilisateurs. Pour les activités de spa et d’équitation rien ne change. En parallèle, le site hémois, déjà doté de 2 salles de réception, est reconverti pour en accueillir 2 supplémentaires.
Déménagement du club de fitness à Villeneuve d’Ascq (Document Voix du Nord)
Le centre équestre et ses écuries sont toujours là dans leur écrin de verdure de 4 ha avec avec un centre de dressage ouvert à tous les cavaliers et le Horse Jump 59 dédié aux sauts d’obstacles qui s’adresse tant aux professionnels qu’aux particuliers. Quant aux petites écuries du Château d’Hem elles font gîte pour chevaux.
Le centre équestre du château d’Hem (Document site web et facebook)
Le château propose également, aux professionnels comme aux particuliers, la location de 4 grandes salles de réception chacune avec jardin, entrée indépendante, allée d’accès et parking privé pour l’organisation de grands événements : mariages, anniversaires, séminaires, soirées à thèmes…
Les salles de réception (Documents ABC salles)
O’Green propose quant à lui une initiation au golf, des démonstrations de ce sport ainsi que des cours individuels ou collectifs. La terrasse du Green, restaurant traditionnel local, propose chaque semaine une nouvelle carte originale : une cuisine gourmande et riche de saveurs locales et traditionnelles.
Le restaurant la terrasse du Green (Document site web)
Enfin depuis 2018, l’hôtel Kyriad a remplacé l’ ancien hôtel Campanile. Le domaine du Château d’Hem propose donc également des solutions de logement qui complètent les offres du complexe sportif et celles de locations de salle. Le cadre est accueillant et le changement d’enseigne a été l’occasion de travaux pour améliorer le confort des chambres.
L’hôtel Kyriad (Documents site web)
Là où à la fin des années 1950, après la démolition du dernier château d’Hem, sur les terres de l’ancien marquisat, ne subsistait plus qu’une ferme entourée de champs s’est donc développé, dans un écrin de verdure un complexe de loisirs qui fait la part belle à la nature et qui cohabite avec la ferme toujours présente : le Château d’Hem, tel que les hémois le connaissent aujourd’hui.
Vue aérienne des années 1950-1960 et vue aérienne de 2023 (Documents IGN et Google Maps)
Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem.