L’ Antenne Sud (suite)

Pourtant en 1985, l’antenne Sud est encore en plein chantier et, s’il est vrai qu’elle est amenée à désenclaver la zone industrielle de Roubaix-Est, elle entraînera dès lors le passage de convois de camions vers et depuis celle-ci. Elle déclenche donc toujours des réactions de rejet des habitants du voisinage dont le cadre de vie est remis en cause définitivement et en travaux pour encore au moins 2 ans.

Planquons-nous v’là l’antenne Sud (Document Nord-Eclair)

Les ingénieurs ont pensé aux arbres cependant et un ingénieur paysagiste a pris en charge « l’intégration naturelle » du projet. Des arbres et arbustes sont donc plantés en divers points le long de la voie pour faire écho à la végétation déjà implantée dans les environs ; vingt cinq essences en tout sont concernées : aulnes, bouleaux, saules, chênes…Un millier d’arbres va se greffer aux abords de l’antenne Sud rejoints par 235.000 taillis tantôt en massifs, tantôt en alignements.

Démarrage de l’antenne Sud entre le Recueil et Hempempont (Document Nord-Eclair)
Photo aérienne entre Hempempont et le Recueil en 1981 (Document IGN)

A la fin de l’année 1985, au QG des travaux de l’antenne Sud de la rue du Rivage, une importante délégation débarque sur le chantier, emmenée par Bernard Carton, vice-président du Conseil Général, comprenant des ingénieurs de la DDE, et les responsables des quelques huit entreprises avec lesquelles le Conseil Général a passé contrat, pour se rendre compte de l’avancement des travaux et s’assurer que la voie pourra bien être empruntée au 1er trimestre 1987, comme prévu.

C’est l’occasion de visiter les ouvrages d’art déjà établis : le pont en béton armé enjambant la Marque, la création d’un passage souterrain pour piétons et cyclistes dans le prolongement de la rue du Rivage, le pont de la rue du Vieux-Civron passant au-dessus de la nouvelle route, les ouvrages de la tranchée du Bon Poste qui commencent à se dessiner, sans oublier les six chemins de contournement à l’intention des exploitants agricoles des environs.

La délégation en visite et le pont enjambant la Marque (Document Nord-Eclair)

En 1986, les travaux d’implantation de la société Damart boulevard Clémenceau, débutent mais ce n’est qu’une fois l’agrandissement de l’entreprise terminé qu’en 2009 commence l’aménagement de la RD 6 et la construction de 2 giratoires. La première phase consiste en un 1er rond-point sud au niveau du carrefour dit « de la patte d’oie ». Quant à la 2ème phase, il s’agit de l’aménagement du barreau de liaison de la RD 6 entre les 2 carrefours et la création de l’accès à la zone d’activité Damart. Enfin la 3ème phase est la création du giratoire nord avec la RD 264 boulevard Clémenceau.

Le chantier de la RD 6 démarre (Document Nord-Eclair)
Vues aériennes du site en 1988 et 2011 (Documents IGN)

Enfin, le 26 Octobre 1987, l’Antenne Sud de Roubaix, attendue depuis dix ans, s’ouvre enfin entre le carrefour du Recueil à Villeneuve d’Ascq et le giratoire situé entre Lys-lez-Lannoy et la zone industrielle de Roubaix Est. Cette voie devrait être poursuivie jusqu’à Leers en 1988 et, trois ans plus tard, jusqu’à la frontière et le réseau autoroutier belge.

C’est alors qu’elle prend le nom de CD 700 pour entrer dans le répertoire des voies départementales, officiellement inauguré ce lundi matin en présence de plusieurs conseillers généraux s’agissant du plus important ouvrage routier réalisé par le département. Pour la ville d’Hem les automobilistes ne sont pas trop perturbés et le détour dû au rond-point est minime.

Le rond-point de Hem pour gagner Forest-sur-Marque ou Sailly-lez-Lannoy et Willems (Document Nord-Eclair)

En revanche, pour les cyclistes et piétons qui souhaitent rejoindre Hem depuis Forest, Sailly ou Willems, ce n’est pas la joie ainsi que titre la presse locale : il leur faut prendre l’impasse de la rue Delecroix, remonter 300 mètres le long de la voie rapide, s’engouffrer dans un passage souterrain peu engageant avec ses recoins, ses chicanes et son mauvais éclairage et encore marcher ou rouler plusieurs centaines de mètres en rase campagne avant de rejoindre le centre d’Hem.

Beaucoup sont donc tentés de « prendre des raccourcis dangereux » : soit par le rond-point qui leur est pourtant interdit, soit en traversant carrément la voie rapide à hauteur de la rue du Calvaire. Le projet de pont a été enterré car trop onéreux ! Pourtant quelques centaines de mètres plus loin le pont du Vieux Civron ne sert à rien puisqu’il mène exclusivement à six maisons le long d’une voie pavée prolongée par des chemins de terre…

Le passage souterrain, le passage rue du Calvaire et le pont du Vieux Civron (Documents Nord-Eclair)

Mais le « feuilleton Antenne Sud » n’est pas terminé pour autant car son doublement à hauteur de la ville de Hem est, en 2014, toujours prévu par le Conseil Général dont l’objectif est de désengorger l’axe reliant le quartier du Recueil de Villeneuve d’Ascq à Leers en passant par la zone industrielle de Roubaix Est et Auchan.

Il est aussi question en 2016 de remplacer l’actuel rond-point Kiabi par un « giratoire à lunettes » destiné à décongestionner le site.Le chantier est prévu pour 3 ans à compter de 2017 au moment où le transfert de la compétence voirie du département à la MEL (Métropole Européenne de Lille) se produit en janvier 2017.

Le giratoire à lunettes (Document Nord-Eclair)
Il faut attendre avant de faire sauter le bouchon (Document Nord-Eclair)

Dès lors le calendrier des travaux disparaît même si, en 2018, on connait les grandes lignes du nouveau projet : doubler la portion de la RD 700 (Antenne Sud) qui est toujours à 2 fois une voie entre le Recueil à Villeneuve d’Ascq et le rond-point « Kiabi » à Hem. Au niveau de celui-ci l’idée est d’aménager un giratoire surélevé avec la RD 700 en léger dénivelé dont le trafic ne serait donc plus ralenti par le rond-point. Les travaux pourraient commencer en 2022.

Le nouveau projet en 2018 (Document Nord-Eclair)

En revanche la liaison entre la rue Jules Guesde, l’avenue Pinay et la RD 700 avance, durant cette même année 2018. Le 1er tronçon avait été réalisé dans le cadre de la ZAC de la Blanchisserie et le terrassement et le traitement des terres sont à présent réalisés sur le prolongement de cette nouvelle voie nommée Aristide Briand.

Cette nouvelle liaison est attendue par les entreprises de la zone des Quatre Vents pour lesquelles la seule entrée est jusque là le fameux rond-point Kiabi au sud ce qui oblige les véhicules venant du nord à descendre la rue Jules Guesde pour y accéder et à la remonter pour en repartir, y occasionnant le passage de 15.000 véhicules par jour.

En réalisant un rond-point au nord de la ZAC des 4 Vents tout au bout de l’avenue Pinay et en faisant le lien entre ce rond-point et la rue Jules Guesde au moyen du prolongement de la rue Briand avec à l’autre bout une voie reliant la ZAC et la RD 700 ce flux pourrait être divisé par deux.

Le terrassement en cours en 2018 (Document Nord-Eclair)
La vue aérienne en 2023 (Document Google Maps)

En 50 ans, l’antenne Sud a donc considérablement modifié le paysage de la ville de Hem dans plusieurs de ses quartiers. Il a fallu composer, comme toujours en matière d’urbanisme, entre les exigences du trafic routier et les intérêts économiques d’une part et le cadre de vie et le bien-être des habitants d’autre part. Et ce n’est pas terminé, affaire à suivre…

Collège Saint-Paul (suite)

A l’aube du 21ème siècle le collège continue sur sa lancée avec son nouveau directeur Raphael Loridan, arrivé en 1998. 440 élèves, pour la plupart hémois, y suivent les cours, répartis en 16 classes. De grands projets sont en cours : une classe de neige pour les élèves de 5ème et un stage en entreprise pour ceux de 3ème et bien sûr les échanges avec le collège de Wiehl pour les 4èmes. 34 enseignants sont en charge des élèves ainsi que 13 personnes pour la documentation, les services, l’encadrement administratif et éducatif.

Au collège Saint-Paul on continue sur la lancée (Document Nord-Eclair)

Au début des années 2000, le laboratoire de sciences et la cour sont totalement rénovés. Les directeurs François Mangé et Jean Marchasson succèdent au précédent en 2002 et 2009. D’autres aménagements importants suivront: un restaurant scolaire, une salle d’étude, les sanitaires, le grand hall d’entréele bureau de vie scolaire.

La cour et le restaurant scolaire et le grand hall d’entrée (Documents site internet)
Le collège en 2008 (Documents Google Maps)
Panorama dans les années 2000 (Document IGN)

2013, c’est l’année des 30 ans du collège et certains professeurs se souviennent de leurs débuts dans l’équipe de 12 enseignants, dont la moyenne d’âge tournait autour de 25 ans, ayant accueilli les premiers élèves du collège en 1983. En l’espace de 30 ans, une centaine de professeurs sont passés par le collège, sans compter les stagiaires et remplaçants.

Après la fête, les projets humanitaires retrouvent toute leur place. Cette même année, le champion de boxe Daouda Sow, natif de Hem, vient participer à l’opération ELA et lit le texte de la dictée « Changer le monde » aux élèves de 6ème. Le texte lu par le sportif permet de sensibiliser les élèves au problème de la leucodystrophie contre lequel se bat l’association. Puis il se soumet à la traditionnelle séance de dédicace.

Daouda Sow en dédicace à Saint-Paul en 2013 (Document Voix du Nord)

2013 est également l’année où le collège demande un permis de construire pour son extension par l’ajout d’une salle d’évolution en rez- de-chaussée avec vestiaires, local matériel, bureau et sanitaires et de 2 salles de classe en étage. Les plans permettent de visualiser clairement les limites des terrains situés sur Hem d’une part et Roubaix d’autre part.

Le collège avant travaux du côté de la propriété voisine (Documents archives municipales)
La demande de permis de construire pour le nouveau bâtiment projeté situé sur le territoire de Roubaix juste avant le restaurant scolaire (Documents archives municipales)

En 2014, c’est une collecte alimentaire qui est organisée avec succès au profit des personnes en difficulté. 30 cartons sont remplis de denrées grâce à l’investissement des collégiens soutenus par leurs parents et le personnel de l’établissement. Les enseignes locales telles que Lys Restauration contribuent également au succès de l’opération.

Collecte de denrées en 2014 (Document Voix du Nord)

Durant cette même année, pour la dictée Ela c’est le groupe de rock Skip the Use, originaire de Ronchin qui est reçu au collège. Suite à cet événement un groupe de 40 élèves a l’honneur d’être invité à les rejoindre sur scène aux Zéniths de Paris puis de Lille pour interpréter leur chanson phare « Ghost ».

Les collègiens sur scène avec Skip the Use en 2014 (Documents collège Saint-Paul)

En 2015, Jean Marchasson quitte la direction du collège. Sous sa direction les élèves ont eu droit, outre aux séjours culturels et linguistiques, à une nouvelle salle d’étude, une salle informatique, un bureau de vie scolaire et même du double vitrage. Par ailleurs la salle des professeurs a été agrandie et un nouveau bâtiment a été construit avec une salle des sports en bas et, à l’étage, un laboratoire et un CDI, dont l’inauguration a lieu le jour de ses adieux. En présence de Francis Vercamer, maire de la ville, il passe donc le flambeau à son successeur : Gregory Verhaeghe.

L’agrandissement et le laboratoire de sciences, la salle d’informatique et le CDI (Documents site internet)
Passage de flambeau en 2015 (Document Voix du Nord)

L’année suivante les œuvres caritatives continuent avec la participation des 406 collégiens au cross annuel de l’établissement organisé au stade Hidalgo, en 2016, au profit des athlètes paralympiques partis à Rio, parrainé par le pongiste Lucas Créange. L’occasion de rappeler que le collège étant construit de plain-pied accueille les élèves en situation de handicap et que l’ensemble des élèves souhaite mettre en avant le handisport.

Au stade Hidalgo (Document Voix du Nord)

En 2017, les conditions climatiques étant particulièrement difficiles, le collège se mobilise contre le froid en organisant une collecte pour les sans-abri. Des dizaines de vêtements chauds : pulls, vestes et même oreillers sont collectés et remis au responsable de l’association l’île de solidarité qui se charge de les redistribuer aux personnes les plus démunies.

Collecte pour les sans-abri (Document Voix du Nord)

La même année les élèves se lancent dans la dictée du Rotary, lue par deux champions de boxe et organisée au profit de plusieurs associations : les Clowns de l ‘Espoir, Choisir l’Espoir et l’Essor. La dictée, plutôt difficile, se fait en duo avec un membre de la famille.

Dictée du Rotary lue par Maïdin el Garni (Document Voix du Nord)

En 2018, outre l’action en faveur de l’association ELA déjà évoquée, Gregory Verhaeghe organise une collecte de jouets au profit de l’association roubaisienne Ludopital qui les redistribue aux hôpitaux en vue de les offrir aux enfants hospitalisés. Cette action est associée à l’opération « pain pomme » ou repas partage.

La même opération Ludopital en 2023 (Document site internet)

Par ailleurs, les collégiens rendent hommage au colonel Arnaud Beltrame en association avec la gendarmerie de Villeneuve d’Ascq. Un bref rappel historique des missions des gendarmes est fait à l’ensemble des élèves avant que 2 d’entre eux déclament 2 poèmes du poète roubaisien Phil Anthrope. Enfin, un lâcher de ballons porteur de message de paix a lieu après le discours d’ hommage aux victimes par le directeur.

Le lâcher de ballons (Document Voix du Nord)

2020 voit arriver à la direction du collège Gregory Bal, auparavant à la tête du Lycée Professionnel catholique roubaisien Saint-François d’Assise. Un an plus tard c’est Olympe, finaliste de l’émission de télévision The Voice qui fait la lecture de la dictée choisie dans le cadre de la campagne pour l’association ELA.

Gregory Bal quitte la tête de l’établissement roubaisien pour prendre la direction du collège Saint-Paul à Hem (Document Voix du Nord)
Olympe pour la célèbre dictée pour l’association ELA (Document Voix du Nord)

En 2023, 7 élèves de 3ème du collège sont primés au concours national de la Résistance et de la Déportation. Gregory Bal salue les travaux des lauréats, lesquels ont composé des lettres et réalisé un échange cohérent entre une jeune fille de 14 ans partie avec sa mère en zone libre et un jeune garçon de 13 ans fils de résistant resté sur place pendant la durée de l’occupation.

Les lauréats du concours national de la résistance et de la déportation (Document Voix du Nord)

Concernant les bâtiments composant le collège, la dernière construction en date consiste en un agrandissement latéral comprenant au rez-de chaussée une salle d’EPS-Multi activités avec vestiaires et sanitaires et à l’étage un laboratoire de sciences et une grande salle de classe.

Le collège en 2022 et les quatres salles initiales en 2024 (Documents Google Maps et photo BT)

Remerciements à l’association Historihem

L’ Antenne Sud

A l’issue de la seconde guerre mondiale Hem est un gros village aux portes de Roubaix et ne compte que 6.105 âmes. Mais 30 ans plus tard, elle totalise plus de 42.400 habitants. Prévue au Plan d’Occupation des Sols dès 1972, la voie expresse de Roubaix, dite « Antenne Sud », doit désenclaver plusieurs communes dont Hem. C’est alors l’Etat qui est maître d’ouvrage.

En 1973, la ville compte donc bien profiter des travaux de construction de l’autoroute en provenance de Villeneuve d’Ascq vers Roubaix pour aménager l’avenue de la Marne de bout en bout. Elle prévoit ainsi que la traversée de la bretelle de l’autoroute se fera par un carrefour muni de feux tricolores.

Les travaux de 1973 au débouché de l’autoroute ; on aperçoit au fond « la Banane » (Document Nord-Eclair)
Le plan de circulation au débouché de l’autoroute (Document Nord-Eclair)

En principe, les travaux de la future pénétrante de Roubaix doivent être terminés à la fin de l’année 1973 : on y roulera bientôt sur une moderne voie rapide à deux fois deux chaussées. Les carrefours seront spécialement aménagés et équipés de feux tricolores.

A Hem, le chantier s’étend presque sans discontinuité du boulevard Clémenceau à ce qui deviendra l’échangeur de Babylone, au large du Tir à Loques. Il coupe la rue d’Hem à Croix et de Croix à Hem à proximité de la brasserie Leclercq et par deux fois le vieux CD6 à proximité du restaurant La Vieille Forge à Villeneuve d’Ascq.

La nouvelle pénétrante de Roubaix (Document Nord-Eclair)

Pourtant en 1974, c’est encore l’impasse : un litige ne parvient pas à être résolu entre les promoteurs et un propriétaire hémois qui refuse la cession de deux parcelles permettant la jonction définitive, retardant ainsi l’ouverture de la voie expresse. En outre la municipalité souhaite quelques changements : repousser les feux tricolores prévus rue de Beaumont à l’avenue de la Marne, et placer d’autres feux rue de Roubaix pour les élèves de Saint-Paul.

L’impasse pour la pénétrante de Roubaix (Document Nord-Eclair)

Quoi qu’il en soit le carrefour Delory-Regnault-Fourrier-Vernet à Roubaix est aménagé pour permettre une pénétration sans souci dans le futur boulevard de Roubaix avec installation d’îlots directionnels et de feux tricolores. Ainsi tout est prêt en vue de la future ouverture du boulevard dès que le « hiatus Hempempont » sera réglé. Quant au débouché du boulevard de Roubaix vers Hem, il se fera dans un boulevard Clémenceau à sens unique à Hem.

Carrefour Delory-Regnault-Fourrier-Vernet et débouché du boulevard dans les 2 sens (Document Nord-Eclair)

En 1975, l’affaire fait les gros titres en première page de la presse locale : « l’autoroute de Roubaix ne mène toujours nulle part, un scandale qui a trop duré ». Le propriétaire du terrain, un chevilleur souhaitant conserver ses arpents de pâture, ne l’ayant toujours pas cédé, Roubaix ne peut être rattaché au réseau autoroutier et les voies jusqu’alors tracées ne mènent toujours nulle part.

Photo aérienne de 1975 (Document Nord-Eclair)

Concrètement la voie rapide est construite à Hem, entre le boulevard Clémenceau et la rue de Croix, deux kilomètres de chaussée bien goudronnée, des panneaux de signalisation indiquant la direction de Paris installés, des glissières de sécurité en place, un nouveau carrefour construit avec feux tricolores avenue Gustave Delory à Roubaix.

Pourtant la route ne sert à rien…Des barrières ont dû être installées pour en interdire l’accès afin d’éviter que motards et automobilistes ne l’utilisent comme un circuit de course ! Un hiatus de quelques centaines de mètres subsiste en effet à Hempempont empêchant la continuité entre les deux tronçons terminés de la route. Malgré une décision d’expropriation prise par les tribunaux la procédure est toujours bloquée.

Photo aérienne de 1976 du début de la voie avenue Gustave Delory à Roubaix et Boulevard Clémenceau à Hem puis à hauteur de la rue de Croix et jusqu’à Hempempont (Documents IGN)

En outre l’administration responsable des travaux a changé : l’Etablissement Public de la Ville Est (EPALE) a été déchargé des problèmes d’aménagements routiers, à présent repris en compte par la Direction Départementale de l’Equipement (DDE). Le transfert des dossiers d’un service à l’autre n’est donc pas fait pour arranger les choses !

Le Docteur Marcel Guislain, ancien sénateur de Roubaix, ayant écrit au président de la communauté urbaine pour s’émouvoir de cette situation apparemment sans issue, reçoit une réponse du directeur de la DDE précisant que l’état d’avancement actuel de la procédure permet raisonnablement de penser que le dénouement est proche…

Plan du blocage de la situation en 1975 (Document Nord-Eclair)

Le quartier du Civron est particulièrement impacté par le projet dans la mesure où plusieurs exploitations agricoles se trouveront littéralement coupées en deux par la nouvelle route obligeant les ingénieurs à prévoir la construction d’un pont pour que certains agriculteurs puissent accéder à leurs champs situés de l’autre côté de la nouvelle voie.

Ainsi est-ce le cas de deux des 3 fermes situées dans le S que forme la rue de Sailly avant d’arriver à la rue du Vieux Civron dont l’une, située à gauche de la rue très en retrait, la ferme Carette, devra cesser son exploitation en 1983, totalement expropriée pour le projet de l’Antenne Sud. Les deux autres, situées à droite et à gauche au bord de la rue, les fermes Bouche (ou ferme du Petit Sailly) et Bonvarlet (anciennement Dekeyser) continueront quant elles à exister en tant qu’exploitations.

Photo aérienne des trois fermes de la rue de Sailly dans les années 1950-1960 et dans les années 2000 et plan actuel (Documents IGN)

En 1978, on reparle de l’antenne Sud à Hem au cours d’une réunion des élus dans le quartier Hem Place et le maire Jean-Claude Provo tente de rassurer les habitants : il n’y aura pas de casse comme au Civron, l’échangeur se trouvera en face des dominos de l’avenue Delecroix puis l’antenne rejoindra le Civron en passant derrière la Briqueterie et des murs phoniques ont été promis par la Communauté Urbaine et le Département.

Réunion des élus dans le quartier Hem Place (Document Nord-Eclair)

En 1979, après défection de l’Etat, le Conseil Général reprend la maîtrise de l’ouvrage dont le financement sera pour 60% à charge du département et 40% à charge de la communauté urbaine. On parle à présent de voie rapide à caractéristiques autoroutières à vocation départementale et l’Equipement propose de lui conférer le caractère de voie expresse, à savoir avec accès réservé aux véhicules automobiles immatriculés.

En 1980, après une mise en sommeil du projet, celui-ci refait donc surface: la route doit assurer, à partir du Recueil à Villeneuve d’Ascq, une desserte directe de la zone industrielle de Roubaix- Est (Lys-Leers) et s’intégrer dans une grande boucle, sorte de super périphérique de l’agglomération roubaisienne, pour donner directement accès aux autoroutes belges, notamment celle de Tournai-Mouscron-Courtrai. Pourtant il ne s’agira plus d’une « deux fois deux voies » mais d’une double voie de 7 mètres de large avec une seule voie par sens de circulation sur pratiquement toute sa longueur.

Réunion houleuse en mairie de Hem (Document Nord-Eclair)

En février, une réunion du Conseil Municipal accueille les habitants concernés par le tracé de la voie, en présence des techniciens de la DDE. La réunion devient houleuse, les futurs riverains et agriculteurs contestant le bien fondé de cette nouvelle liaison et soulignant les nuisances qui en découleront.

Le représentant de la DDE rappelle qu’il a été procédé à une étude d’impact : recensement de l’état actuel du site, analyse des impacts positifs et négatifs de la réalisation et description des aménagements prévus pour atténuer les effets des nuisances à savoir la protection des nappes aquifères, traversées franches prévues pour les exploitations agricoles et étude acoustique pour ramener la nuisance sonore au dessus du seuil de gêne.

Un mois plus tard le Conseil municipal déclare le projet d’utilité publique et donne son accord pour le classement en voie expresse sous certaines réserves. Le Comité de Défense des riverains Antenne Sud se constitue, rassemblant les agriculteurs des communes touchées par le projet qui dégrade plus de 20 ha de terres cultivées. Tracts et pétitions s’ensuivent de même que des manifestations.

Manifestations contre le projet (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Manifestations contre le projet (Document Au temps d’Hem)

La DDE revoit son projet et il en sort 2 points très positifs : alors que le tout premier projet avec passage en remblai au Bon Poste supposait 67 expropriations dont 47 sur Hem, le projet définitif entraine 27 expropriations dont 6 sur Hem. L’antenne Sud est en bonne voie avec une réalisation effective prévue en 1983 et une estimation du trafic futur qui donne 13.000 véhicules par jour dans les 2 sens dès 1985 et environ 20.000 en l’an 2000.

A suivre…

Rue Briet

La rue Briet à Hem existait déjà sur un plan cadastral de 1890 mais sans nom et n’apparaît sous ce nom que sur un plan de 1947. Elle tient son appellation d’une briqueterie à feu continu, qui y était installée tout au bout, bien qu’ayant son adresse postale rue du Bas Voisinage (actuelle rue Louis Loucheur) au début du 20ème siècle. Il s’agit de l’entreprise d’Oscar Briet, lequel a obtenu l’autorisation préfectorale nécessaire à son installation en 1900.

Le travail en briqueterie est très pénible : les ouvriers doivent enlever l’argile au louchet et la charger dans des brouettes en bois qu’ils font avancer sur des plaques de roulage en métal installées préalablement. L’argile est ensuite mélangée avec de l’eau puis les briques sont moulées à la main avant d’être séchées et passées au four.

A la fin des années 1940 la briqueterie fonctionne toujours et le Ravet-Anceau de 1948 fait état de la briqueterie A. Briet dans la rue du Bas Voisinage à Hem. La vue aérienne de l’époque la montre isolée au milieu des champs. En revanche dans les années 1950 la briqueterie disparaît et la rue Briet prend l’aspect qui est toujours le sien aujourd’hui.

Vue aérienne de la briqueterie aux Trois-Baudets en 1947, vue générale et gros plan (Document IGN) et le personnel de celle-ci en 1919 (Documents Historihem)

Ce n’est pourtant qu’en 1957 que les travaux de mise en état de viabilité sont éxécutés dans la rue Briet. Jean Leplat, le maire, fait convoquer les représentants du CIL et des ponts et chaussée afin d’aller sur place avec l’adjoint aux travaux pour faire un état des lieux d’une rue qui ressemble alors à un véritable bourbier et faire entreprendre les travaux nécessaires dans les plus brefs délais.

La rue en septembre 1957 avant travaux (Document Nord-Eclair)

Le premier commerce répertorié dans cette rue par un annuaire professionnel est celui de S.Schattens. Il tient une cordonnerie au n°40 au début des années 1960 et ce pendant une dizaine d’années. Il n’existe plus de n°40 dans la rue Briet dans les années 2000.

Puis Anne-Marie Cauty s’y installe, en tant que pharmacienne, au milieu des années 1960, au n°54, selon le Ravet-Anceau de l’époque. On la retrouve à cette adresse dans l’annuaire jusqu’en 1986 mais de nos jours le n°54 n’existe plus dans cette rue. Puis elle transfère sa pharmacie au n°1 de la rue où elle continue à exercer jusqu’à ce qu’elle cède son officine. A l’heure actuelle le bâtiment agrandi est toujours une pharmacie mais gérée par Véronique Vercamer depuis les années 2000.

Photo Pharmacie Cauty au n°1 de la rue (Document collection privée)

Publicités Cauty (Documents Historihem)

Photo pharmacie Vercamer en 2020 (Document Google Maps)
Publicité Vercamer en 2020 (Document site internet)

Puis Jean et Marie-Paule André installent leur commerce de droguerie au n°25 de la rue Briet. Auparavant cette maison était le domicile de E. Delaby, confiserie, depuis sa construction dans les années 1960. La rue Briet est en effet essentiellement une rue résidentielle.

Le couple vend pêle-mêle des bouteilles de gaz (dans l’avancée), des papiers peints, de la peinture et des pinceaux, des toiles cirées, du balatum, un peu de quincaillerie… C’est Marie-Paule qui tient le magasin pendant que Jean, artisan peintre et vitrier se déplace chez ses clients.

Les publicités de la fin des années 1960 et du début des années 1970 (Documents Nord-Eclair)

Jean André propose des devis gratuits en peintures, papier peint, vitrerie et revêtements de sol. Non seulement il vend un grand choix de papiers peints, couvre sols qu’il peut installer mais il propose également des peintures Thelex et Insulatex (peintures pour bois innovantes) aussi bien en magasin qu’en livraison à domicile.

Etant à la fois artisan et commerçant le couple adapte donc ses publicités et c’est ainsi que dans le Mémento Public de Hem de 1970 ( CIT : Commerce Industrie Tourisme), figurent 2 publicités sur la même page : l’une pour l’artisan peintre vitrier, Jean André, l’autre pour le commerce, la droguerie André.

Publicités pour l’artisan et le commerçant (Document Mémento public commerce industrie tourisme de Hem)

En 1973, Jean André installe pour les fêtes son nouveau rayon cadeaux : céramiques, vases, bibelots mais aussi parfums. En 1975, la maison André fait sa publicité pour la location de matériel à tapisser mais aussi pour la 1ère fois son nouveau rayon de bijouterie fantaisie. En fin d’année s’ajoute à tout cela un rayon spécial articles de Noël.

Nouveaux rayons en 1973 et 1975 (Documents Nord-Eclair)

A la fin des années 1970, une nouvelle activité de clé minute fait son apparition en plus de toutes les autres déjà citées. Parallèlement le commerce procède à la location de décolleuses de papiers peints et de shampouineuses pour tapis. La vannerie et les nappes font également partie des nouveaux produits en vente.

Publicités clés minute fin des années 1970 et début des années 1980 ( Documents Nord-Eclair et Office Municipal d’Information)

A l’heure actuelle le pignon de la maison n°25 rue Briet porte encore la trace de la publicité « maison » géante affichée à l’époque sur le mur afin de porter à la connaissance des passants l’existence de ce commerce dans une habitation. Pourtant l’immeuble est actuellement le siège de 4 entreprises : 2 sociétés civiles immobilières, une entreprise de production musicale et un traiteur.

Photos du 25 rue Briet en 2008 plan rapproché et 2020 plan large (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem.

Collège Saint-Paul

Dans les années 1950, un glissement de population est provoqué par la construction massive d’habitations en périphérie des villes et notamment à Roubaix et dans la ville voisine de Hem. L’Association roubaisienne d’éducation et d’enseignement prend alors des mesures pour faire face aux demandes massives d’inscriptions scolaires qui en découlent.

Par l’intermédiaire de la SICLL (Société Immobilière de Construction d’Ecoles Libres) de nouveaux établissements scolaires voient le jour. C’est dans ce cadre qu’ en 1955, à la lisière de Roubaix, plus exactement au n° 22 de la rue de Roubaix à Hem, la nouvelle école Saint-Paul accueille dans ses locaux une centaine de garçons.

Vue aérienne de la rue Charles Fourier avant la construction et après la construction (Documents archives municipales)
Une école libre de garçons sort de terre en juillet 1955 (Document Nord-Eclair)

Le chantier commence en juin et l’architecte Delplanque est aux commandes. Les entrepreneurs réussissent le tour de force de la livrer pour la rentrée scolaire. Il faut dire qu’elle ne comporte que 4 classes mais, comme elle est bâtie sur un terrain de 5.000 mètres carrés (ancienne propriété de Mr Pennel) des projets d’expansion pourront être effectués à l’avenir. Le bâtiment élève ses murs sur un vaste terrain situé à l’extrémité de la rue Charles Fourier à Roubaix, là où commence la rue de Roubaix à Hem. L’école est donc en quelque sorte située à cheval sur les 2 communes et possède une entrée sur Hem et une sur Roubaix, avenue Gustave Delory.

La nouvelle école à la lisière d’Hem et Roubaix dans les années 1950-60 (Document IGN)

L’école ouvre, non pour la rentrée des classes de 1955, le 30 septembre à 8h30, mais le 3 octobre. Elle est dirigée par Mr Deroo et l’enseignement y est assuré par des instituteurs civils. Pourtant les locaux sont bénis par Mr le chanoine Froidure, directeur diocésain de l’enseignement religieux, au cours d’une cérémonie réunissant de nombreux parents d’élèves.

Mr Marescaux, président du comité familial scolaire du nouvel établissement prononce son discours avant la bénédiction des locaux et photo des élèves après l’inauguration (Documents Nord-Eclair)

La fête champêtre du comité scolaire de l’école se déroule en mai 1957 et commence par un souper familial en musique le samedi soir avant de laisser la place dimanche midi à un apéritif concert avec le concours de Radio-Lille puis des stands accueillant la foule des visiteurs servis par de « gracieuses serveuses » et enfin un concours réservé aux enfants costumés sur le thème histoires et légendes de France clôturé par un diner au restaurant pour les nombreux amis de l’école.

Groupe des dames et organisateurs dévoués de la fête (Document Nord-Eclair)

En juillet 1957, à l’occasion de la distribution des prix, une belle fête familiale a lieu dans la cour de l’école. De nombreux parents viennent applaudir leurs enfants dans des chants et saynètes avant la distribution des prix et la lecture du palmarès. Puis l’abbé Callens, curé de la paroisse, rend hommage au dévouement et à la compétence du personnel enseignant libre. Le discours se termine sur le constat suivant : bien que créée depuis 2 ans seulement, l’école s’avère déjà trop petite avec ses 6 classes et ses 205 élèves et il va donc falloir recourir à la construction de 2 classes supplémentaires.

Fête familiale à l’école Saint-Paul en 1957 (Document Nord-Eclair)

Dans le courant des années 1960, la nouvelle école Saint-Paul continue à accueillir de plus en plus de jeunes garçons tandis que Sainte-Bernadette, de l’autre côté du pâté de maisons, mais sur le territoire de Roubaix, avenue Gustave Delory, fait bénéficier de l’enseignement élémentaire les jeunes filles, notamment celles des nouveaux lotissements et immeubles du quartier.

Photos d’école des années 1960 à Saint-Paul (Documents Copains d’avant et Historihem)

A titre d’information, en 1970, l’école Saint-Paul accueille un effectif de 210 élèves. Durant cette décennie, comme toutes les autres écoles, Saint- Paul organise annuellement sa kermesse. En 1975, une réunion a lieu avec les parents d’élèves pour évoquer la mixité instaurée avec succès dans les classes de 1ère année de cours élémentaire.

Les kermesses annuelles de l’école en 1971 et 1979 (Documents Nord-Eclair)

En juin 1980, la direction diocésaine de l’enseignement libre ferme Sainte-Bernadette à Roubaix, malgré une pétition de parents d’élèves convaincus de sa viabilité. Des problèmes d’effectifs insuffisants justifieraient cette décision qui implique pourtant la dispersion du personnel rattaché à l’établissement et l’inévitable dégradation des locaux laissés vides.

En septembre 1983, c’est le collège Saint-Paul qui ouvre ses portes dans les locaux de l’ancienne école Saint-Paul, laquelle est transférée, côté Roubaix, dans les anciens locaux de Sainte-Bernadette. Le collège accueille alors 110 élèves dans 4 classes, avant d’effectuer des travaux d’extension dès janvier 1984, avec la construction de 10 salles de classe supplémentaires à savoir celles du couloir en zig-zag, flambant neuves et éclairées par de larges baies vitrées, dans lesquelles 300 élèves sont formés par une équipe de 14 professeurs.

Agrandissement du collège en 1984 (Documents site internet)

Un an plus tard, les nouveaux locaux sont baptisés. L’abbé Jean-Noêl Delannoy, directeur diocésain de l’enseignement catholique, remet à chaque délégué de classe un crucifix béni par ses soins pour l’accrocher au tableau noir des différentes classes. Le directeur : Jacques Sockeel, se félicite de la création de ce premier collège de l’enseignement catholique à Hem, lequel compte 85 % de jeunes hémois sur les listes d’inscription.

Saint-Paul, une école qui a tellement crû (Document Nord-Eclair)

Dès 1985, le collège se distingue en organisant le premier jumelage entre un collège français et une école islandaise. La première démarche consiste à instaurer un système de correspondance entre les élèves des 2 établissements, puis à créer une association « Amitié-Jeunesse franco-islandaise » laquelle pourrait obtenir d’éventuelles subventions permettant des échanges de séjours de 10 à 15 jours dans chaque pays.

Jumelage franco-islandais (Document Nord-Eclair)

A la rentrée de 1986, dix divisions fonctionnent et en 1987, le chiffre se monte à 14 divisions dans lesquelles 400 élèves sont accueillis. Les effectifs ont donc quadruplé en 4 ans. 1987 est également l’année où 66 élèves du collège effectuent un voyage en Islande dans le cadre de leur jumelage avec le collège Holtaskoli de Keflavik.

Mr François Scheefer, secrétaire auprès de la direction de Saint-Paul et Terence Beal ambassadeur des élèves de Saint-Paul en Islande, un glacier islandais et la pêche à la baleine (Documents Nord-Eclair)

L’opération est rééditée l’année suivante avec le voyage d’une vingtaine d’élèves du collège Saint-Paul qui logent sur place chez leurs correspondants . Le programme d’excursion est chargé : geysers, perspectives glaciaires, champs de lave, bassins d’eau chaude, navires baleiniers…

Navires baleiniers, chauffage par le sol, neige en avril, glaciers, volcans et champs de lave (Documents Nord-Eclair)

Les vacances d’été de l’année 1989 permettent la construction de trois salles supplémentaires (devenues aujourd’hui salles d’art plastique et de technologie). Le fond de la cour du collège a alors l’aspect d’un joli jardin avec pelouses, arbres et fleurs.

Le deuxième agrandissement en 1989 et le jardin arboré et fleuri au fond de la cour (Documents site internet)

Durant les années suivantes le jumelage franco-islandais prend sa vitesse de croisière et les voyages des collégiens sur place se succèdent. Et en 1990, on assiste à la naissance de 2 associations :

  • l’association française des amis de l’Islande dont le président est Mr Scheefer, conseiller d’éducation et initiateur du jumelage
  • l’association des « jeunes islandophiles » dont le président est Mr Antoin surveillant au collège assisté de Mrs Sockeel (le directeur) et Scheefer et dont le siège est situé au collège, dont le but est de regrouper les jeunes français qui se sont déjà rendus en Islande et ont gardé des contacts sur place afin de pouvoir poursuivre plus facilement les futurs échanges.

Le groupe de 28 élèves et ses accompagnateurs et réception chez la présidente de la République en 1989 (Documents Nord-Eclair)
Les représentants de l’association des « jeunes islandophiles » devant le collège en 1990 (Document Nord-Eclair)

Ce jumelage désormais avec le collège Langholtsskoli de Reykjavik, toujours en Islande n’empêche en rien les liens avec d’autres pays et, en 1992, dans le cadre du jumelage des villes de Hem et Wiehl, une délégation de jeunes allemands est reçue au collège durant quelques jours. Ce deuxième jumelage persistera dans les années 2000 quand le premier prendra fin.

Une délégation de jeunes allemands devant le collège en 1992 (Document Nord-Eclair)

Durant cette même année scolaire 1992-93, une annexe du collège est ouverte rue Jules Watteuw, dans le quartier des Hauts-Champs, permettant de porter à 16 le nombre de divisions de l’établissement.

Annexe rue Jules Watteuw (Document site internet)

Cinq ans plus tard, en 1997, sous la direction de Jean-Luc Verduyn , la fermeture de l’annexe (aujourd’hui démolie) et la construction de nouveaux locaux permettent le regrouper l’ensemble des élèves sur le site historique de la rue de Roubaix, qui y compte dès lors le même nombre de divisions à savoir 4 classes pour chaque niveau avec un CDI en plus.

Photo de Jean-Luc Verduyn en 2012 et l’agrandissement de 1997, le temps où la salle d’étude sert aussi de cantine (Documents site internet)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

La mairie de Hem (suite)

En Octobre 1995, un incendie criminel ravage le rez-de-chaussée de la mairie pendant la nuit et détruit totalement le bureau de Mme Massart ainsi que son secrétariat. D’autres services sont touchés à savoir : Jeunesse, Sports, Culture, Information.

L’alerte ayant été donnée par des voisins, 16 pompiers de Roubaix luttent pendant plus d’une heure pour en venir à bout : 4 petites lances, 2 fourgons, une grande échelle, un fourgon grande puissance et 2 véhicules sont mis à contribution. Au matin le spectacle est désolant et des dossiers noircis s’éparpillent au vent.

L’intervention des pompiers et la mairie au lendemain de l’incendie (Documents Nord-Eclair)

A l’étage les portes fermées ont relativement protégé les différentes pièces mais l’escalier, s’il est encore debout, a beaucoup souffert du sinistre. Les bureaux touchés doivent être momentanément fermés mais une permanence de l’état civil est mise en place et le standard fonctionne toujours.

Photos des dégâts à l’intérieur du bâtiment (Documents Historihem)

Finalement, après expertise, l’escalier doit être en partie refait par les Compagnons du Devoir. Comme il n’y a plus de bois d’orme en France, ce matériau doit être importé d’Amérique. Le majestueux escalier doit d’abord être démonté totalement avant de pouvoir ensuite être remonté pièce par pièce.

Le hall et le nouvel escalier (Document SER)

Certains services doivent emménager provisoirement dans des bureaux situés en face, de l’autre côté de la rue du Général Leclerc, dans le bâtiment Trace. Le prochain conseil municipal se tiendra quant à lui exceptionnellement dans la salle des fêtes voisine (voir sur ce sujet un article sur notre site consacré à la salle des fêtes).

L’accueil, le directeur de cabinet et les services généraux continuent à fonctionner au rez-de-chaussée, le bureau de Mme Massart et de ses adjoints, son secrétariat, le secrétariat général et les ressources humaines sont provisoirement affectés au 1er étage. L’information ainsi que les services des sports, jeunesse et culture emménagent quant à eux au 2ème étage.

Puis le bâtiment s’offre une seconde jeunesse, non sans difficulté car il n’est pas aisé de trouver les entreprises suffisamment qualifiées pour restituer à ces magnifiques locaux leur caractère architectural. Ainsi la décoration du bureau de Mme Massart et de son secrétariat, mariage de plâtre de staff et de bois, demande une entente parfaite entre les différents intervenants. Le parquet de la grande salle est décapé et réparé à cette occasion, l’escalier consolidé et la porte d’entrée principale remise aux normes. Enfin le réemménagement peut avoir lieu en mai 1996.

Les travaux et le réemménagement (Documents Nord-Eclair)

Dans les années 2000, la ville se félicite d’être devenue une ville d’Europe dynamique. En effet, après un premier jumelage avec Mossley (Angleterre) en 1972, Hem a également mis en place 20 ans plus tard un jumelage avec Wiehl (Allemagne) puis 30 ans après avec Aljustrel (Portugal). L’association Hem ville d’Europe créée juste avant le 2ème jumelage travaille à favoriser les échanges amicaux, culturels et sportif.

Vitrail représentatif du jumelage avec Wiehl (Document SER) et panneaux affichés dans le parc de la mairie (Document ville de Hem)

En 2005, la loi sur le handicap fait obligation aux établissements recevant du public d’aménager des accès adaptés aux personnes à mobilité réduite. L’hôtel de ville de Hem n’est donc plus aux normes. C’est l’occasion d’une réflexion d’ensemble sur l’organisation des services et l’accueil du public.

Après plusieurs études c’est un projet d’extension de la mairie qui est retenu, répondant à plusieurs attentes : relier les deux bâtiments existants par une construction neuve sur 2 étages équipée d’ascenseurs. Avantage non négligeable : l’ensemble des services municipaux dispersés au sein de bureaux loués par la ville va pouvoir être réuni sur l’unique site de l’Hôtel de Ville.

La mise aux normes de l’Hôtel de Ville (Document Tout Hem)

Les travaux impliquent la démolition de l’ancienne conciergerie du château Catrice qui avait ensuite accueilli la police municipale de Hem abritée avec la police nationale depuis septembre 2018 dans les mêmes locaux, construits par la ville à cet effet entre la rue Victor Hugo et la rue du Général Leclerc (voir sur notre site un autre article intitulé : la police à Hem)

Les anciens locaux de la police municipale (Documents Historihem)
La mairie en travaux pendant 2 ans (Documents Voix du Nord)

Au rez-de-chaussée va fonctionner un guichet unique qui devrait s’occuper d’environ 80% des requêtes des citoyens. Pour les rendez-vous un système spécifique va être mis en place avec une salle dédiée près de l’accueil. De plus la mairie va devenir beaucoup plus « écolo »: pompe à chaleur géothermique pour économiser l’énergie couplée à l’isolation des bâtiments existants, de grandes fenêtres et un grand puit de jour au centre du bâtiment pour privilégier au maximum l’éclairage naturel.

Les améliorations prévues (Document Tout Hem et Voix du Nord)
Pascal Nys et Francis Vercamer (Document Tout Hem)

Au final, après un long chantier sous les mandatures de Pascal Nys et Francis Vercamer, le nouvel Hôtel de Ville de Hem a été transformé tout en tentant de conserver ses qualités architecturales : accès plus simple pour les personnes ayant des difficultés à se déplacer, grande salle du conseil municipal également destinée à accueillir les mariages située au rez-de-chaussée, deux bureaux de permanence en accès libre à l’accueil sans avoir à monter à l’étage, le tout en permettant de conserver le cachet des anciens bâtiments.

Photos en façade, à l’arrière et à l’intérieur (Documents Ville de Hem)
Le nouvel Hôtel de Ville sur la rue du Général Leclerc (Document Ville de Hem)
Photos aérienne 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem et à aux associations Historihem et Société d’Emulation de Roubaix

Poudres Industrielles du Nord

Alors que la rue Jules Guesde à Hem est bordée de champs du côté droit en allant vers Lannoy, après le carrefour de la Lionderie, en 1949, presqu’en face du tissage Desurmont et fils, au n°280, s’installe une nouvelle usine sur environ 7500 mètres carrés : Poudres Industrielles du Nord, devenue, en 1957, la société Pinfloc.

Photo aérienne de 1947 face à l’usine Desurmont (Document IGN)
Plan cadastral BB868 et BB111 (Document cadastre)

Fondée par Jules-Pierre Planckaert, né à Roubaix le 11 novembre 1925, fils de Louis Joseph Planckaert, entrepreneur, l’entreprise commence avec deux personnes et une machine. L’usine broie alors des déchets textiles, vendus ensuite en sacs contenant des fibres techniques, destinées à être incorporées dans différents matériaux pour en améliorer les caractéristiques physiques, par exemple en vue d’entrer dans la fabrication de tapis Bulgomme.

Photo aérienne de 1965 avec l’usine PIN (Document IGN)

La photo montre clairement l’entrée de l’usine rue Jules Guesde donnant sur une longue allée bordée de bâtiments dont deux immenses hangars au fond du terrain de part et d’autre de l’allée et les camions de livraison empruntent cet étroit couloir. En 1965, est également développée la commercialisation d’articles de décoration et de fête tels que les cotillons. Il ne s’agit pas là d’une activité de fabrication mais d’une simple activité complémentaire de négoce.

L’étroit couloir emprunté par les camions (Document Nord-Eclair)

Puis l’entreprise se développe en fabriquant des poudres à partir de fibres textiles, viscose, nylon, coton qui sont coupées finement, teintes, tamisées puis mises en sac, avant d’être expédiées et de servir à la technique dite du flocage. Les produits sont vendus à l’industrie de la chaussure, du vêtement, de la maroquinerie, de l’automobile, du jouet et du tissu mural.

Le floc, c’est du faux, de l’imitation, mais qui veut faire vrai à l’oeil comme au toucher. Ces fibres courtes recouvrent les objets d’un revêtement rappelant le velours. Ainsi, au moment de Noël, l’entreprise fabrique également ce qui sert à blanchir les sapins, ajoutant donc une activité saisonnière à l’activité habituelle.

En 1971, un violent incendie dévaste un hangar dans lequel étaient entreposés des barils de poudres de flocage. Une demi-heure après le début du sinistre, il ne reste plus rien du bâtiment ni de la marchandise et le montant des dégâts s’élève à une quarantaine de millions d’anciens francs.

Ce qui reste du hangar après l’incendie de 1971 (Document Nord-Eclair)

Puis en 1984, à nouveau, un bâtiment de stockage des marchandises finies, de 300 mètres carrés, est la proie des flammes et les sapeurs-pompiers de Roubaix, aidés de leurs collègues de Villeneuve d’Ascq, doivent mettre quatre grosses lances en batterie pour venir à bout du sinistre, sans parvenir à sauver le bâtiment dont il ne reste rien. Les dégâts s’élèvent à 2 millions de nouveaux francs mais Mr Planckaert affirme que les 15 employés de la société ne risquent pas la mise en chômage technique, bien au contraire puisqu’ils ont un stock complet à reconstituer. En tant que premier adjoint du maire de Hem, celui-ci reçoit en outre le soutien de Mme Massart, maire de Hem, qui n’hésite pas à se rendre sur place pour constater l’étendue des dégâts.

Pas de chômage technique après l’incendie de 1984 (Document Nord-Eclair)

L’année suivante, en fin de soirée, un nouvel incendie se déclare dans un atelier de fabrication de cotillons, pétards et fusées. L’extension du feu est favorisée par les poudres et produits chimiques entreposés dans l’usine et 800 à 1000 mètres carrés d’atelier sont ravagés par le feu. Les sapeurs-pompiers de Roubaix et Villeneuve d’Ascq mettent plus d’une heure à venir à bout du sinistre. Pourtant le PDG de l’entreprise, Jules Planckaert, n’envisage aucun licenciement et pas même de chômage technique.

Idem en 1985 et des vitres en verre armé fondues (Documents Nord-Eclair)

Marc Planckaert, fils du fondateur, reprend la direction de l’entreprise en 1991 et, deux ans plus tard, il fait aménager un quai afin de faciliter les allées et venues des camions dans la rue Jules Guesde. Pour mieux insérer l’entreprise dans son environnement il lance également des travaux de débroussaillement et de renforcement de la clôture et améliore l’écran végétal qui sépare à l’arrière son entreprise des logements du quartier de la Vallée.

Et en 1994, il organise une opération portes ouvertes complétement inédite pour faire découvrir ses vastes et peu esthétiques locaux aux habitants alentour et donner à ses voisins, pour les rassurer, les informations qu’ils souhaitent sur le fonctionnement de l’entreprise, laquelle dispose à présent d’une agence à Paris, fait vivre 27 personnes, et exporte en direction de l’Europe et de l’Afrique du Sud.

Visite guidée de l’entreprise en 1994 (Document Nord-Eclair)
Photo aérienne de 1998 (Document IGN)

Pendant 10 ans, de 1988 à 1998, l’entreprise dispose donc d’un établissement secondaire dans la région parisienne, à Aubervilliers puis, de fin 1999 à janvier 2005 d’un nouvel établissement secondaire à Roubaix, 105, rue de Lannoy. Mais, pour faire face à son développement, Pinfloc construit en 2001 une nouvelle unité de production, moderne et respectueuse de l’environnement, à Berck-sur-Mer et l’établissement de Hem ferme ses portes.

Pinfloc à Berck-sur-Mer (Document site internet)

En 2007, Marc Planckaert, explique à ce sujet dans le journal « Le Télégramme » : « je disposais d’une vieille usine située à Hem (Nord). Il nous fallait nous mettre aux normes et songer à mieux utiliser l’eau. J’ai même voulu aller plus loin en me disant que j’allais rendre propre l’eau que j’achetais propre…Deux cuves de 50.000 m³ permettent de purifier l’eau. Une fois purifiée, l’eau peut être réutilisée. Nous sommes de gros consommateurs d’eau : le traitement des fibres nécessite 20 à 80 litres d’eau par kilo…Notre autre démarche est aussi de mieux gérer nos besoins en eau. Nous essayons désormais de bien penser son utilisation et ça marche. Avant là où nous avions besoin de 50 m³ nous n’en sommes plus désormais qu’à 35 t m³… Cet engagement écologique a un coût. Je l’ai fait par conviction et pour respecter l’environnement, ainsi que pour assurer la pérennité de mon entreprise quant au respect des normes à venir ».

Photo aérienne de 2004 (Document IGN)

Quelques années plus tard un lotissement privé d’une vingtaine de maisons : le Clos Village, est construit sur l’ancien terrain de l’entreprise au 280 rue Jules Guesde à Hem. Ce lotissement, auquel on accède par une grille située à côté de deux maisons en façade sur rue, est toujours présent de nos jours et il ne subsiste aucune trace de l’ancienne vocation industrielle du terrain de près de 10 hectares.

Photo sur la rue de 2019 et photo aérienne de 2022 (Documents Google Maps)

Foire de Roubaix (Suite 2)

Après-guerre, l’Hippodrome est modernisé : un écran de cinéma est installé et la salle est rebaptisée « Le Capitole ». Mais en 1957, le dernier spectacle y a lieu et c’est la fermeture ; les visiteurs de la foire de 1957 y ont assisté aux dernières représentations de cirque. La société Le Capitole est dissoute en 1964 et ce grand lieu historique et culturel roubaisien est détruit. Quant à la foire de la Quasimodo, elle reprend de plus belle.

Le Capitole et une affiche du cirque franco-belge à l’Hippodrome (Document Cirk75)

Les bulletins municipaux des années 1950 et 1960 se ressemblent : durant les préparatifs et la durée de la foire (soit un mois) un sens unique est établi sur les chaussées latérales du boulevard Gambetta entre la rue de Lannoy et le boulevard de Colmar et la seule traversée possible se situe rue Pierre de Roubaix.

Seuls les véhicules des forains sont admis sur le champ de foire dont l’entrée principale doit être complétement dégagée pour le public. Par ailleurs un éclairage électrique d’illumination est prévu en vue de donner le plus d’attrait possible à cette fête locale et de favoriser ainsi le commerce roubaisien comme celui des forains. Cette installation réalisée en 1950, comme bien d’autres années, par la maison Deny (de la rue Decrème), englobe la quasi totalité des boulevards Leclerc et Gambetta.

Illuminations réalisées par la maison Deny (Document collection privée)

En 20 ans la foire a encore évolué : fini les vélos et les balançoires, tout comme la foire aux pains d’épices de la place de la Liberté ; place aux « schooters », avions, voitures de courses, canots à moteur, voire même aux soucoupes volantes, ainsi qu’aux beignets suintant d’huile, aux frites chaudes et aux cornets de crème et au nougat.

Deux ans plus tard, en 1952, pour les 95 ans de la foire Quasimodo, on annonce une toute nouvelle attraction : « Indianapolis », qui présente, pour la première fois au monde : une course à la mort entre 2 automobiles et des motos sur une paroi verticale de 7,50 mètres de hauteur. Le cirque Fanni et le Grand Cirque Franco-Belge sont également de la partie.

Voici le printemps et voici la foire en 1950 et quelques publicités pour le nougat, le sens interdit et le montage d’un manège (Documents Voix du Nord)
La foire de Roubaix toujours aussi accueillante en 1952 (Document Voix du Nord)

En 1955, la foire est inaugurée par les personnalités avec le concours de la clique scolaire des amicales laïques : Mr Kléber Sory, adjoint au maire, accompagné de quelques conseillers municipaux, représente la mairie et Mr Terme dit « Mignon », président du Syndicat National des Industriels Forains représente les gens du métier. C’est l’année ou une attraction américaine est présentée pour la deuxième fois en France : l’American Railway, destinée aux amateurs de sensations fortes.

Inauguration par les personnalités, Grande Roue et présentation de l’American Railway au côté de manèges plus classiques (Documents Nord-Eclair)

En 1958, la foire est lancée au son des instruments de la clique des amicales laïques qui en parcourent les allées en devançant le cortège des officiels et l’un des premiers petits clients choisit Donald Duck pour faire son premier tour de manège. 4 ans plus tard, les personnalités inaugurent la foire de 1962 et c’est Mr Pluquet adjoint au maire qui représente la mairie tandis que Mr Terme représente à nouveau les forains. Comme le veut la tradition les personnalités partent ensuite partager un moment convivial à La Rotonde.

La foire en 1958 (défilé de la clique et Donald Duck) et en 1962 (tour de la foire par les personnalités (Documents Nord-Eclair)

L’installation de la traditionnelle foire est bien laborieuse en 1964, en raison de son déménagement dans l’îlot Edouard Anseele, sur la surface laissée libre par les travaux du futur groupe d’immeubles, soit sur les rues Anseele, Lefebvre, Beaurewaert et le boulevard de Belfort. Les racleuses et pelles mécaniques nivellent, remblaient ou transportent des amas de terre tandis que divers services montent l’éclairage nécessaire et installent des points d’eau.

La surface est nettement moindre et une soixantaine de commerçants ont dû renoncer à venir. Les autres forains sont un peu déroutés : gravas, dénivellements, terre glaise, terrains imparfaitement rassis sur d’anciennes caves et risques d’affaissement sous le poids des roulottes. Pourtant la foire s’installe tant bien que mal, rassemblant quant même plus de 100 forains et son inauguration est fêtée comme les autres années et une opération « Louis d’or » est lancée avec le concours du journal Nord-Eclair qui propose également des tickets demi-tarif pour la journée des enfants.

Le nouveau domaine, l’opérations louis d’or et les tickets demi-tarif (Documents Nord-Eclair)

C’est sous un crachin glacial que s’installe, à l’endroit habituel, la foire de 1967 et que la clique de la Fédération des Amicales Laïques entraîne les majorettes de Bruay-en-Artois et la reine des forains du Nord sur le champ de foire, à partir de la Grand-Place. Cette fois encore ce sont les Ets Deny qui ont installé les guirlandes multicolores qui agrémentent les lieux et Nord-Eclair fait gagner des « louis d’or » à ceux dont le visage apparaît encerclé sur les photos de la foire parues dans ce journal.

Ouverture de la foire en 1967 et la pluie de louis d’or (Documents Nord-Eclair)

Un an plus tard la presse titre en avril : « La foire est au départ ». Et cette fois chaleur et soleil sont au rendez-vous. Grande roue, loteries, petites voitures, motos, petits bolides pour enfants sont pris d’assaut et les allées du champ de foire, comme c’est rarement le cas, ne sont pas boueuses mais poussiéreuses. La foire d’hiver peut être rebaptisée foire de printemps. Le concours du plus gros mangeur de beignets obtient un franc succès.

Nouveau modèle d’auto-tamponnante et d’avion et activité en coulisse avant l’ouverture en 1968 (Documents Nord-Eclair)
Différents manèges et stands et les 3 premiers du concours du plus gros mangeur de beignets (Documents Nord-Eclair)

Après la période des années 1950-1960, particulièrement faste pour la foire de Roubaix, cette manifestation reste encore un incontournable succès roubaisien dans les années 1970-1980. Pourtant on est loin des fastes et de la diversité du champ de foire d’antan et la liste des forains en témoigne : en dehors des manèges traditionnels pour enfants (chevaux de bois, avions…) et des kartings, auto-tamponnantes et chenilles, on y trouve nombre de loteries, pêle-mêle et pêche aux canards, et de stands de tir ainsi que des baraques proposant à la vente : beignets, pop-corn, barbe à papa, gaufres et confiseries, et c’est à peu près tout.

Ouverture de la foire en novembre 1970 (Document Nord-Eclair)
Billets à tarifs réduit pour la fête foraine de 1973 (Document archives municipales)
Photos de la foire et ses manèges dans les années 1970 (Documents collection privée)
Panorama de la foire en 1988 (Document archives municipales)

La dernière fête foraine organisée en 1996 boulevard Gambetta s’étant très mal passée, la foire de la Quasimodo s’arrête avant le passage aux années 2000. Puis, en 2014, la municipalité décide de tenter à nouveau l’expérience mais sur la Grand-Place pour le plus grand plaisir des forains et des badauds. Il s’agit d’un test, en été, pour tenter de redynamiser le commerce du Centre Ville. L’expérience sera renouvelée si tout se passe bien.

L’idée a été soumise à la mairie par des forains déjà présents sur des ducasses de quartier telles que celle de la Place de la Fraternité et de la Place du Travail, deux ans plus tôt et adoptée par la nouvelle municipalité élue en 2014. S’y retrouvent le Roi du Croustillon et le manège Goldo-Jet, 3 manèges pour enfants, un petit 8 Indiana Jones, ainsi qu’une piste de break-danse, des stands de tir, une piste aux étoiles, une loterie et une pêche à la ligne, soit 13 attractions au total.

Retour de la foire en Centre Ville en 2014 (Document Voix du Nord)

Bien que la nouvelle fête foraine soit à l’évidence beaucoup plus modeste que la foire Quasimodo de la grande époque c’est un renouveau du divertissement sur la ville de Roubaix et une nouvelle tradition. La foire d’été s’installe en effet durablement la deuxième quinzaine d’août et devrait donc, si tout va bien, fêter son dixième anniversaire en 2024.

La foire sur la Grand-Place dans les années 2010-2020 (Document Roubaix XL, Roubaix Web et Voix du Nord)

Remerciements aux archives municipales de Roubaix et à la BNR.

La Mairie

(suite de l’article : La Feuilleraie)

La mairie de Hem c’est, à l’origine, une salle de cabaret à l’enseigne « la Maison Commune », dans l’auberge du Coq, située sur la place du village, derrière l’église (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site intitulé l’Auberge du Coq).

L’ancienne maison commune (Documents Historihem)

Mais très vite cela ne suffit plus et l’idée germe dans la tête des élus dès 1875, de faire construire une véritable mairie. Le projet définitif est adopté en 1881, sous la mandature d’Henri Leuridan et, en 1884, la nouvelle mairie trône sur la place d’Hem.

C’est ce bâtiment qui abrite la mairie jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale avant de devenir la mairie annexe puis d’être démoli pour laisser la place à l’école de musique (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site et intitulé La Cantoria).

La nouvelle mairie en 1884 et photo d’Henri Leuridan (Documents Historihem)
La mairie dans les années 1930 puis la mairie annexe dans les années 1970 (Documents Historihem)

La mairie, étant devenue trop exigüe, le 24 mars 1946, sous la mandature de Louis Jourdain, le conseil municipal décide l’acquisition de la propriété Catrice, au 42 rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) comprenant une villa et une maison du concierge. La nouvelle mairie n’ouvre au public qu’en février 1949 sous la nouvelle mandature de Jean Leplat.

Louis Jourdain et Jean Leplat (Documents Historihem)
Ouverture de la nouvelle mairie en février 1949 (Document Nord-Eclair)

Il convenait toujours de demeurer prudent eu égard à l’histoire de la propriété et notamment à la période de l’occupation allemande quand le parc, comme celui voisin de la Marquise, a servi à entreposer des munitions diverses et variées. On n’est donc pas à l’abri de surprises et ou d’accident. Ainsi le journal Nord-Eclair relate un épisode surprenant lors d’un travail de défrichement dans le parc ayant amené à la découverte d’une dizaine de bombes et obus.

Découverte de bombes et d’obus dans le parc (Document Nord-Eclair)

Il a en outre fallu procéder, au fur et à mesure des possibilités financières de la ville, aux réparations de l’intérieur du château, fortement ébranlé par les explosions ayant eu lieu à la libération. De réfection en transformation, le bâtiment a fini par prendre l’aspect administratif auquel on le destine et les employés peuvent s’installer au rez-de-chaussée, les 1er et 2ème étage étant réservés pour loger le secrétaire général de mairie, Jean Lepers, et sa famille, exception faite de la salle du conseil et de celle des mariages (ancienne chapelle du château Catrice).

Installation des employés au rez-de-chaussée ( Document Hem Images d’hier)

La conciergerie est quant à elle occupée par Henri Waymel, adjudant des sapeurs pompiers (voir sur notre site un article intitulé les pompiers de Hem) et responsable des ateliers municipaux. Mais, même en occupant le logement de fonction du secrétaire général après le départ en retraite de Jean Lepers en 1969, la mairie devient trop petite.

La mairie dans les années 1970 (Documents Historihem)

En 1971, la mairie acquiert donc le château Meillassoux, voisin au n°38, pour y installer certains services (sur le sujet du château Meillassoux voir sur notre site un article intitulé Meillassous et Mulaton). Il abritera ensuite le CCAS (centre communal d’action sociale), la direction administrative des services techniques et le service des actions éducatives. Et en 1981, la conciergerie est également aménagée en bureaux pour abriter le service informatique et la police municipale.

Vue panoramique de la mairie et de l’ancien château Meillassoux dans les années 1980 et CPA du château puis photo (Document Historihem)

Pendant ce temps 3 maires se succèdent à la tête de la ville. Jean Leplat ne s’est pas représenté à l’issue de 30 ans de mandat et Jean-Claude Provo lui succède durant 6 ans de 1977 à 1983, avant de céder la place à Marie-Marguerite Massart, de 1983 à 1995.

Photos de Jean-Claude Provo et de Marie-Marguerite Massart (Documents Historihem)

En 1977, suite à son élection, Jean-Claude Provo procède à un réagencement des bureaux de la mairie. Ainsi le rez-de-chaussée est transformé en un tournemain. Le sol est recouvert de moquette pour atténuer les bruits et des plantes vertes sont réparties un peu partout pour égayer l’atmosphère.

Finis les guichets et place à des bureaux aux lignes modernes sur lesquels les usagers trouvent des écriteaux leur indiquant qu’ils se trouvent : à l’état civil, aux élections, aux affaires militaires ou aux vaccinations. Par ailleurs des sièges confortables sont installés pour faciliter leur attente.

Les murs sont recouverts d’un papier élégant et la clarté est présente partout. Contre l’un des murs de grands panneaux d’information sont mis à disposition du public. Ainsi l’accueil des usagers est plus direct et plus personnalisé. Dans le même esprit un bureau a été aménagé au rez-de-chaussée pour permettre aux adjoints de recevoir des visiteurs. Des permanences sont tenues telles que les consultations juridiques et au premier étage une salle est aménagée pour accueillir les diverses commissions.

Réaménagement des locaux en 1977 (Document Nord-Eclair)

Une sympathique réception réunit les élus et le personnel municipal à l’issue de la visite des locaux ainsi réaménagés, au cours de laquelle le nouveau maire explique que les élus ont ainsi voulu améliorer les conditions de travail des employés tout en mettant en place un meilleur accueil du public.

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et à aux associations Historihem et Société d’Emulation de Roubaix

Teinturerie Meillassoux et Mulaton (Suite)

En 1913, les établissements Meillassoux Frères et Mulaton apprêts se sont agrandis et viennent de s’équiper d’un matériel moderne pour traiter les articles : robes et draperies en pure laine, coton et soie pour une production journalière de 24.000 mètres.

Mais dès Octobre 1914, lors de l’occupation allemande, la production s’arrête et des équipes de prisonniers russes vont briser au marteau les métiers afin de récupérer le fer et la fonte. L’occupant trouve alors en effet dans les usines les tuyauteries en cuivre et les métaux recherchés pour ses fabrications d’armement.

Le matériel cassé et l’usine vidée (Document Au Temps d’Hem)
L’usine vidée de son matériel en 1914 (Documents Historihem)

Une fois, l’usine complètement vidée, les salles disponibles sont réquisitionnées pour servir d’hôpital vétérinaire pour plus de 1.200 chevaux.

L’usine occupée par les soldats allemands et leurs chevaux pendant la première guerre mondiale (Documents collection privée)

Après la guerre dès 1919 l’Office de la Reconstitution Industrielle aide à l’étude des travaux de reconstruction. Louis Loucheur, ministre de la reconstruction industrielle, vient sur place se rendre compte par lui-même de la situation afin de décider des priorités dans « l’oeuvre immense à accomplir ».

Sous l’impulsion des gérants, Louis Meillassoux et Antoine Mulaton, secondés par un personnel dévoué, les bâtiments sont remis en état et le matériel commandé. Pourtant les constructeurs locaux ayant eux-même été sinistrés ne peuvent livrer que suivant de longs délais et malgré les plus grands efforts la remise en route ne peut être effectuée qu’en mai 1921 et la pleine activité n’est retrouvée qu’en 1923.

Un coin de l’usine vidée retrouve son activité et Un atelier d’apprêts reconstitué après-guerre avec les tondeuses (Document Le Monde Illustré)
Un coin de l’usine en 1923, la Rame (Document Le Monde Illustré)
L’usine avec le nouveau matériel (Document Au Temps d’Hem)

A cette époque la famille Mulaton a déménagé presque en face de son ancienne propriété, du côté impair de la rue de Lille. La demeure est beaucoup plus fastueuse que la précédente. Elle sera amenée pendant la seconde guerre mondiale à loger une douzaine de soldats britanniques avant la débâcle et leur évacuation.

Le deuxième château Mulaton (Documents collection privée et Historihem)

Le 1er juillet 1932, la Société Anonyme des Etablissements Meillassoux et Mulaton est constituée par acte passé devant Maître Emile Mory. En 1936, l’entreprise affronte les mouvements sociaux et les salariés se mettent en grève et occupent l’usine pour obtenir les avancées sociales qui leur seront acquises avec le front populaire.

Certificat de chômage et bulletin de sortie avec le cachet de la société anonyme (Document collection privée)
Des ouvriers à la sortie des établissements dans les années 1930 (Document Historihem)
L’usine occupée (Document Au Temps d’Hem)
En tête de courrier en 1961 (Document collection privée) et publicité de 1970 (Document mémento public CIT de Hem)

Dans les années 1980, la teinturerie, traversée par la Marque, a son entrée située au bout d’une allée bordée d’arbres, la cour Michel, donnant sur la rue du Général Leclerc, presque en face de l’avenue De Vlaminck (actuellement cette allée mène aux ateliers municipaux). Sur la photo panoramique on voit que l’usine Gabert, sa voisine, n’existe déjà plus.

Entrée au bout de l’allée bordée d’arbres (Document Historihem)
Photos panoramiques de l’usine (Document Historihem)

En janvier 1982, un violent incendie se déclare dans la teinturerie, suite à la mauvaise manipulation d’un chalumeau par un ouvrier désireux de dégeler les tuyaux. Le feu se propage rapidement et une nef entière est détruite ainsi que l’ensemble des bureaux de l’entreprise. Les pompiers doivent mettre six lances en batterie pour circonscrire le sinistre.

L’incendie de 1982 (Document Nord-Eclair)

A la fin des années 1990 l’entreprise ferme ses portes. Elle est radiée du registre du commerce et des sociétés en février 1997 soit après presque un siècle et demi d’existence. La photo aérienne prise en 2022 montre le terrain presque nu sur lequel se dressait l’entreprise de la rue Leclerc à la Marque. A l’emplacement de la propriété Mulaton se trouve le magasin Carrefour et son parking. A ce jour il ne reste plus que le château Meillassoux annexé à la mairie et représenté avant et après la réalisation du nouvel Hôtel de Ville (en 2015 et 2020).

Photo aérienne de l’usine en 1947 (Document IGN) et le terrain de l’ancienne usine (Document Google Maps)
L’ancien Château Meillassoux avant et après l’extension de l’Hôtel de Ville (Documents Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem