La ligne 3 : Lannoy–Toufflers, vers la Frontière

Nous avons quitté, dans le précédent article, le parcours de la ligne rue des trois frères Rémy, juste avant que la voie ne pénètre sur la place par une courbe serrée à gauche. Une double voie s’étend devant le bâtiment de la mairie. On voit sur la photo une motrice d’une des premières séries, déjà vestibulée (c’est à dire que les passerelles d’extrémité ont été fermées pour mettre les passagers à l’abri des intempéries). Elle est suivie d’une remorque.

Cette double voie n’est pas très longue comme le prouve la photo suivante, prise en sens inverse. Elle est plus récente, et représente une motrice de la série 300. Elle prouve en outre que la circulation à droite de la chaussée n’est pas encore entrée dans les mœurs à cette époque.

La photo suivante, prise beaucoup plus tard, montre que le plan de voies s’est complexifié : la courbe est dédoublée avant l’entrée sur la place, et une bretelle devant la mairie permet les manœuvres. La double voie est plus longue qu’à l’origine : elle s’étend tout le long de la place.

La voie poursuit son chemin et quitte la place pour se diriger vers son terminus de Toufflers. Nous la retrouvons un peu plus loin dans une longue ligne droite où nous distinguons à l’horizon une motrice sur la voie unique. Les constructions n’ont que peu changé à cet endroit, notamment la belle maison à gauche. Il est à noter qu’ici la ligne aérienne n’est plus fixée aux façades, mais qu’elle est soutenue par des poteaux. On remarque aussi qu’elle est double, un fil pour chaque sens de circulation, ce qui permet aux perches de prise de courant de ne pas s’emmêler lors des croisements dans les zones à double voie.

Encore un peu plus loin, la rue se dédouble de nouveau au bon poste. La route à droite suit la frontière vers St Amand, l’autre mène à Toufflers. La première photo, prise vers Roubaix, montre à droite le café du bon poste qui a donné son nom au lieu-dit et au fond une motrice difficilement identifiable. L’autre est prise juste après le carrefour et montre le trottoir opposé au café. La voie a pris la direction de gauche, ignorant la route de St Amand. Elle est dédoublée dans la courbe. L’aspect du carrefour a, depuis, été sérieusement modifié après le creusement de la voie rapide située à un niveau inférieur et installation d’un rond-point qui la surplombe.

La ligne poursuit son chemin vers sa destination. Elle s’élève vers le mont St Bernard, dont la modeste dénivelée est néanmoins suffisamment importante pour que les premières motrices, à la puissance limitée, peinent pour y hisser leur remorque ! La voie est dédoublée dans le S, les pavés omniprésents. La photo est prise en direction de Roubaix.

La voie traverse ensuite place de la république, dotée aujourd’hui d’un rond-point. Une aiguille marque ici la fin d’une zone de double voie. Le repos des voyageurs a disparu pour favoriser la circulation. Les fils de contacts sont encore supportés à des poteaux situés sur le trottoir de droite en direction de la Belgique.

Nous approchons maintenant du terminus de la ligne, situé juste avant la douane française. A cet endroit, la correspondance a été assurée entre les deux guerres avec les tramways vicinaux belges : en effet, les allemands on prolongé les lignes française et belge, construites au même écartement, et les ont réunies pour permettre les échanges entre les deux zones sous occupation.

Pourtant, bien que les rails restent interconnectés, les échanges directs n’existent plus dans les années 50.

Au terminus français, placé juste avant le poste des douanes, la voie est dédoublée pour permettre les manœuvres indispensables lorsque les motrices tractaient une remorque ou pour garer du matériel. Ici une motrice 600 suivie de deux remorques type 800.

Documents site Translille.

Ici se termine le parcours de la ligne 3, devenue ligne C avant d’être desservie par des bus en 1956. Jetons pourtant un coup d’œil curieux sur la ligne belge qui la prolonge.

Après la frontière, est donc établi le terminus de la ligne T de Tournai, exploitée à l’origine par des trains à vapeur, électrifiée en 1933, et finalement remplacée en 1952 par une ligne de bus. Son terminus d’origine était situé au poste-frontière belge, situé à la Festingue, hors agglomération.

Le terminus fut ensuite rapproché. Il se situe, dans les années 50, à une centaine de mètres de la douane française, où offre également une voie de garage et de manœuvres. La motrice standard belge qu’on y remarque semble d’une technologie plus moderne que ses sœurs françaises : elle possède un pantographe et est montée, ainsi que sa remorque, sur bogies, gage d’une stabilité et d’un confort accrus. Les supports belges de fil aérien ont une forme différente de leurs homologues français.

Photo N/B collection Michel Reps – photo couleur Google

La ligne poursuit sa route, quasiment en ligne droite, vers la ligne frontière réelle. Comme sur la photo précédente, les supports de caténaire sont situés sur le trottoir de gauche en venant de Roubaix. Les villas de la photo suivante semblent inchangées aujourd’hui.

Un autre arrêt, doté d’un garage marquait ensuite la douane belge, située après une traversée de quelques centaines de mètres à travers les champs

Vue prise vers la France

La ligne se poursuit en traversant Templeuve. On remarque à l’entrée de la ville une motrice standard en stationnement. La deuxième photo, antérieure, nous offre une vue de la place de Templeuve au temps de la traction vapeur. On y voit un embranchement en direction de Néchin.

Elle se terminait à la gare SNCB de Tournai, d’où d’autres lignes permettaient d’atteindre quasiment n’importe quel point de la Belgique sans quitter le réseau vicinal et son réseau métrique. Tournai a conservé une aubette, témoin des anciens tramways vicinaux belges. On pourra regretter que Roubaix n’ait pas su conserver au moins l’une des siennes…

Photo Eddy Carpreaux -Wikipédia

Les photos non légendées proviennent de collections particulières, les photos couleur récentes : collection Jpm

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