La ligne 1 de Roubaix à Tourcoing – fin

Aussitôt passé le dépôt de l’Union, la ligne 1 se dirige vers la place, en empruntant la rue de Roubaix. Au carrefour de la rue Cadeau, les bâtiments de l’usine à droite sont occupés dans les années 2000 par Standard Wool France. A la fin du 19ème siècle, l’endroit est densément construit avec une alternance d’usines et d’habitations. Aujourd’hui, la zone, après démolitions, attend des constructions nouvelles. Les maisons anciennes réapparaissent, à partir du numéro 153 du côté droit et du 206 à gauche.

Photo 1953 – Archives municipales

La photo suivante, prise à hauteur des numéros 128-130, nous montre un mur bordant un parc. À cet endroit on remarque l’aiguille d’entrée d’une double voie qui commande une zone de croisement. Les bâtiments à gauche existent encore de nos jours, alors que le parc à droite a été utilisé en partie pour l’édification de logements collectifs. Il ne reste qu’un tronçon du mur, le reste étant remplacé par une grille.

Quelques mètres plus loin, nous atteignons le coin de la rue de la Fonderie – rue des Omnibus. Aujourd’hui café au 122 est dénommé Le Jean Bart, alors qu’à droite s’est installé un cabinet de Pédiatrie. On voit au premier plan l’aiguille terminant la double voie.

Un peu plus loin, nous approchons du pont du chemin de fer qui supporte les voies d’accès à la gare. Ce pont a bien changé aujourd’hui. Le bâtiment au premier plan à gauche est le numéro 88, et le premier à droite, au numéro 79, est devenu un centre médical. les bâtiments qu’on voit à gauche sont restés tels qu’il étaient, alors que ceux de droite, bien que d’origine, ont changé d’aspect.

Continuant notre chemin, nous sommes maintenant au coin des rues St Eloi et Boilly. La vue a été prise vers Roubaix. La maison de gauche, au 67, a été amputée d’une travée, correspondant au pan coupé, à deux fenêtres à l’étage et de la vitrine du rez de chaussée. Le bâtiment de droite, bien rénové, est resté à l’identique.

Reprenant la direction du centre de Tourcoing, nous passons sous les voies de chemin de fer. Le passage inférieur est précédé par la rue d’Hondschoote. Après le pont nous laissons à droite la bonneterie Callens-Boussemart.

Encore quelques dizaines de mètres et nous parvenons à la place Sebastopol que nous voyons ci-dessous alors qu’une motrice de la ligne M, qui suit un parcours circulaire, partant de et revenant à la place prête à prendre la courbe.

La ligne va emprunter à droite la rue Louis Leloir, puis à gauche la rue Ferdinand Buisson. A partir de 1897, le parcours est simplifié et la ligne poursuivra tout droit par la rue Carnot vers la Place où elle passera dès lors devant l’entrée de l’église, et non plus derrière son chevet. La photo est prise non loin de la grand Place. Le quartier, complètement transformé, est méconnaissable de nos jours.

Revenons au tracé originel. Nous voyons la voie formant une courbe pour passer de la rue Louis Leloir à gauche dans la rue de la Gare, aujourd’hui Ferdinand Buisson, en face. Les trois premières maisons à droite existent encore aujourd’hui ; la première est devenue le tabac PMU « Le Croisé ». A gauche une bonne partie des bâtiments a disparu lors du tracé de l’avenue Gustave Dron qui mène à la gare.

Sortie de la rue de la gare, la ligne va suivre à droite la rue Léon Salembien jusqu’à la rue de Tournai où elle virera à gauche. La photo suivante nous montre, dans la rue de Tournai, une motrice de la ligne 1 venant de la place. Les deux premières maisons à droite ont été remplacées par des constructions récentes, mais les suivantes, aux numéros 109 et 113, bien restaurées, existent encore aujourd’hui. Les bâtiments du couvent à gauche, constituent de nos jours l’hospice d’Havré au numéro 100.

A partir de l’hospice et face à lui, tout ce qui figure sur la photo suivante, prise au coin de la rue d’Havré, a disparu, remplacé par des bâtiments récents.

Encore quelques centaines de mètres, et la ligne passe derrière l’église Saint Christophe et atteint la grand place. Une photo ancienne nous montre deux tramways à chevaux devant l’ancienne mairie au débouche de la rue de Tournai. A l’arrière plan, le clocher de l’église.

Photo Au fil des trams

Plus tard, la ligne a été prolongée vers la rue de l’Abattoir Hôtel des voyageurs par la rue St Jacques, aujourd’hui voie piétonne, puis la rue Nationale. La photo suivante est prise dans cette dernière rue au coin de la rue de Wailly. Au fond l’église Notre Dame.

La ligne atteignait finalement son terminus de la rue de l’Abattoir que l’on voit sur la photo à sa limite avec la rue de Paris.

Les photos non légendées proviennent de collections particulières.

La ligne 1 de Roubaix à Tourcoing – deuxième partie

Après avoir remonté la rue du Collège, la ligne numéro 1 parvient à la place de la Fosse aux Chênes, et l’élargissement de la chaussée permet alors le croisement des motrices.

A cet endroit, la ligne 9, Gare de Roubaix-Crétinier, formant un S, croise à niveau notre ligne 1. Il faut un double croisement pour que cette voie unique puisse traverser les deux voies du garage.

La photo suivante montre la place de la Fosse aux Chênes avec, au premier plan à gauche les voies vers Tourcoing, à droite celle vers la gare.

En 1906 on prévoit un kiosque sur le même modèle que les autres. la décision du conseil municipal est réservée, car les riverains protestent. On nomme une commission pour étudier la question. L’enquête est close le 19 mai 1907 le conseil propose de convertir en salle d’attente le rez de chaussée l’une des habitations de la place. Un kiosque prévu reste donc à construire. Il sera finalement installé sur la place de Wattrelos.

Passée la place, la voie s’engage dans la rue de Tourcoing. Le bâtiment au numéro 11, au coin de la rue Henri Carette est aujourd’hui une pâtisserie. En face, le café Delattre est toujours un débit de boissons, à l’enseigne « Air France ». On voit qu’une bretelle permettait de raccorder les lignes 1 et 9.

Quelques mètres plus loin, l’immeuble du 21, au coin rue de la Rondelle, a aujourd’hui disparu. Il est désormais remplacé par un bâtiment à un seul étage, occupé par un restaurant « Palace ». Au premier plan, l’aiguille donnant accès à la bretelle.

Arrivée au croisement avec la rue de l’Alma, notre ligne rencontre la prolongation de la voie 1bis, venue de la Grand-Place vers la Gare. Elle poursuit son chemin dans la rue de l’Alma comme voie de service pour rejoindre le dépôt. Cette ligne s’embranche ici à la ligne 1, devant l’usine à gaz.

Plus loin dans la rue, les immeubles figurant sur la photo suivante ont aujourd’hui disparu, notamment le tabac au numéro 113 qui figure sur la photo. A leur place, une zone d’habitations collectives modernes. La voie est unique est tracée dans l’axe de la chaussée pour laisser l’espace nécessaire au stationnement de chaque côté.

La photo suivante est prise du pont de l’Union en direction de Roubaix. Sur la droite le quai de Dunkerque, en face la rue de Tourcoing. Formant le coin à droite, le tissage Richardson, est venu s’installer en 1898, au 129. Tous ces bâtiments ont aujourd’hui complètement disparu. La belle maison de maître entre 1957 et 1962, les bâtiments de l’usine qu’elle cache sont démolis peu à peu, les derniers atteignant les années 90.

La ligne passe alors le canal, et traverse le quartier de l’Union, puis quitte le territoire de Roubaix pour entrer à Tourcoing en empruntant la rue de Roubaix. Pratiquement à la limite des deux villes, elle passe à hauteur du dépôt de la rue Cadeau, remplacé en 1925 par celui dit de l’Union, situé rue de l’union sur la droite. Dans cette rue, deux voies permettent de rejoindre la rue de Roubaix dans les deux sens de circulation en évitant les courbes trop prononcées.

Le dépôt de l’Union – photo Coquet – Au fil des Trams

Le dépôt sera reconverti plus tard en pour abriter les bus et sera utilisé jusqu’à l’époque de Transpole. Désaffecté, il a été démoli récemment avec tout le quartier.

Photo La Voix du Nord

Les documents non légendés proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.

A suivre…

Tramways : La ligne 1 de Roubaix à Tourcoing

 

Elle fait partie des trois premières lignes mises en service. Longue de 3800 mètres, Elle démarre de la limite de Croix (bureau de l’octroi) au bout de la rue de Lille, suit la rue Neuve jusqu’à la grand Place, puis emprunte la grand rue, et la rue du Collège, traverse la place de la Fosse aux chênes avant de suivre la rue de Tourcoing. A Tourcoing, elle emprunte la rue de Roubaix et la rue de la Gare jusqu’à la grand place. Très tôt aussi, la ligne est prolongée vers le nord jusqu’à la rue de l’abattoir.

La voie est à l’écartement normal (1m 44,5) choisi pour pouvoir y faire circuler des wagons de la compagnie du Nord. On prévoit pour un total de 10 voitures et 80 chevaux pour assurer les circulations le long de la ligne. Celle-ci est mise en service en 1877, sans qu’on puisse donner de date précise, car la compagnie a agi sans attendre les autorisations municipales. Les travaux sont menés activement : la rue de Lille est équipée en 15 jours ; une semaine plus tard, le journal de Roubaix du 21 avril indique que la grand place est reliée à Croix… L’adjoint Deleporte-Bayart l’inaugure aussitôt, et la compagnie promet le début de l’exploitation de ce tronçon pour le lendemain !

Une voiture à chevaux à l’arrêt devant le kiosque grand place

 

L’origine de la ligne est donc le bureau de l’octroi. Les tramways à chevaux vont donc cohabiter jusqu’à la grand place avec les trams à vapeur du réseau de Lille jusqu’à la grand place. Ce tronçon sera très vite abandonné et réservé à la compagnie Lilloise, qui se chargera de l’exploitation entre Lille et Croix au nom des deux compagnies. La tête de la ligne 1 est alors ramenée à la grand place de Roubaix en 1880, puis, la même année, reportée à la place de la gare qu’elle atteint par les rue Saint Georges, du grand chemin en suivant la voie de la ligne 2, puis de l’Alma. Deux ans plus tard, la tête de ligne revient à la grand place.

Les premières modifications de la tête de ligne

 

Sur la grand place, les voitures stationnent devant le kiosque érigé en 1878. A cet endroit s’étire un faisceau de trois voies emprunté par les trois lignes existantes. Les voies et les aiguillages vont ensuite se multiplier.

Le premier état des voies de la grand place

 

Passé l’aiguillage extrême du faisceau, la ligne s’engage dans la grand rue en passant devant l’« Automatic Bar », qui deviendra plus tard le « Palais du Vêtement ». Le nombre de motrices et de remorques est à certains moments impressionnant !

Le passage de la ligne à cette extrémité de la grand rue a fait couler beaucoup d’encre. En effet, cette section a tout de suite peiné à accommoder le trafic des lignes. Très vite, on se pose la question de dédoubler les voies à cet endroit. Mais l’étroitesse de la rue est un obstacle qui interdit cette solution. Une partie des lignes sera détournée au sortir de la grand place par la rue Pierre Motte et le boulevard Gambetta pour soulager l’encombrement dans la grand rue. A la demande des commerçants, on se borne à créer un simple dédoublement au niveau de la place de la Liberté pour permettre les croisements.

Dépassé le dédoublement, la voie s’avance sur une courte distance dans une grand rue très fréquentée. Nous distinguons à l’arrière-plan de l’image suivante une motrice en circulation.

Au niveau de la rue du collège, il faut effectuer un virage à gauche, serré à cause de l’étroitesse des rues. La voie est placée près du trottoir dans la grand rue. Mais, à cet endroit se trouvent les établissements Bossu-Cuvelier, qui s’insurgent contre le tracé initial, qui gêne le déchargement des marchandises le long du trottoir. On modifie ce tracé en 1877. Il faut alors frôler le trottoir de la rue du Collège pour conserver un rayon de courbure suffisant (tracé rouge sur le plan).

La ligne s’engage vers le nord dans la rue du Collège où elle forme une voie unique. En 1895 s’installe à gauche au numéro 37 l’Institut technique roubaisien.

Un peu plus loin elle longe l’Institut Turgot installé au 76 en 1903, à l’endroit où était située l’institution Notre Dame des Victoires. La photo est prise au carrefour avec la rue Latine.

On prévoit une zone en voie double pour les croisements dans la courbe à la rencontre de la rue des Charpentiers, non loin de la place de la Fosse aux chênes.

La rue monte de manière continue d’une extrémité à l’autre. Les chevaux des premiers tramways devaient peu apprécier cet effort supplémentaire !

Profil en long de la ligne

A suivre…

Les documents proviennent de la médiathèque et des archives municipales.

La place de la Fraternité – deuxième partie

Je vous convie aujourd’hui à une promenade autour de la place. Nous avons vu qu’elle n’avait attiré que peu de commerces, mais nous allons voir qu’un certain nombre de ses maisons ont leur intérêt et méritent l’attention du promeneur.

On remarque déjà que les propriétaires ont souvent fait construire une série de maisons identiques sur leur terrain. Au final, seules une dizaine des 41 maisons ceinturant la place sont construites à l’unité.

Suivons d’abord l’alignement sud, celui qui est loti le premier, à partir de 1908. Pratiquement toutes les maisons de ce côté sont déjà édifiées dès 1910.

L’alignement sud – photo Jpm

Le numéro 1 est réservé pour la maison qui fait le coin, bien qu’elle soit numérotée dans la rue de Lannoy, où elle porte le numéro 248. Cette belle maison apparaît dans les années 1920. Elle est successivement la propriété de deux industriels, Emile Degraeve l’habitera jusqu’à la deuxième guerre. Ensuite, ce sera monsieur Pureur, jusque dans les années 80. Restaurée récemment, elle a maintenant fière allure.

La maison d’angle

Le numéro 3 est également une très belle maison, ornées de pierres et présentant une belle hauteur sous plafonds. On y trouve en 1910 un rentier, monsieur Vergotte-Vanhoutteghem, qui aura vu les deux guerres depuis cette maison, puisqu’on l’y retrouve encore en 1953.

La façade du numéro 19 retient l’attention avec ses fenêtres à petits carreaux au premier étage, dont deux sont jumelées, et ses briques de couleur.

Les numéros 3 et 19 – Photos Jpm

Du 23 au 29, un groupe de quatre maisons identiques ornées de motifs en briques de couleur dues à Henri Agache dont les plans datent de 1910.

Les numéros 23 à 29

Une autre série de maisons, qui terminent la numérotation impaire, comprend six constructions, identiques et plus communes, numérotées du 37 au 47. Elles datent de 1908 et ont été construites elles aussi par l’architecte Henri Agache pour Mme Lestienne, dont le mari était négociant.

Par ailleurs, il existe encore sur cet alignement des maisons agréables à regarder, telles les numéros 13 et 31, cette dernière réalisée en 1911 pour Mme Delplanque.

Les numéros 13 et 31 – Photos Jpm

Remarquons que cet alignement sud ne comporte pas de numéro 33. Comment l’expliquer ?

De l’autre côté de la place, au nord, s’édifie en 1914 une pharmacie au coin de la rue de Lannoy. Nous l’avons évoqué dans le premier article consacré à la place. La demande de permis est faite au nom de Monsieur Donzalat, pharmacien. Le plan annexé comprend l’officine et l’habitation, dont la porte s’ouvre sur la place. L’immeuble est prolongé sur la gauche par une cour.

En 1941, le pharmacien d’alors, monsieur Torck, demande l’autorisation de faire réaliser des travaux de modernisation. Cette demande est refusée en 1946, les travaux demandés « n’offrant aucun intérêt immédiat en ce qui concerne la reprise économique du pays ». Ils seront néanmoins acceptés par la suite et le bâtiment actuel n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était avant la première guerre.

Le plan original et la pharmacie actuelle – photo D.Labbe

On rencontre également des maisons de caractère sur cet alignement. Les numéros 10 et 12 par exemple. Le 10, dû aux architectes Tromon et Rasson d’Armentières a pour propriétaire le négociant M. Lacroix et date de 1926. Il présente un bow window surmontant deux oeils de bœuf qui surprennent dans la façade. Le 12 abrite en 1935 l’industriel Bossu-Jouret.

Les numéros 10 et 12 – photo Jpm

Les numéros suivants, aux façades ornées, ne manquent pas d’intérêt pour le promeneur : le numéro 18, de 1910 et, en particulier, les numéros 20 et 22, jumeaux, avec leur chien-assis à charpente apparente et leurs fenêtres du rez de chaussée à tendance art nouveau. Ces deux maisons datent de 1911

Les numéros 16 à 22 – Photo Jpm

Nous retrouvons ensuite une série de trois maisons identiques, aux numéros 24 à 28, datant de 1912. Elles font partie de celles décorées de briques de couleurs blanche et bleue qu’on rencontre beaucoup autour de la place, notamment aux numéros 8, 16, 36, 38, 46, 48, et au sud, aux 15, 19, et du 23 au 29. On en trouve également tout à côté au 5 avenue Linne. Les architectes s’étaient-ils donnés le mot ?

La dernière maison de l’alignement, celle qui fait le coin, est plus récente, puisqu’elle date de 1926. Elle n’a pas échappé aux ornements en béton chers au style de l’époque.

Les numéros 26 à 30 – Photo Jpm

Passé le coin de la place, qui donne sur les rues St Simon et Screpel, le côté ouest présente un aspect plus composite. On y remarque pourtant deux maisons jumelles placées en retrait de l’alignement, qui portent les numéros 38 et 40, ce dernier numéro ayant été doté d’un garage en 1931.

Photo Jpm

La place a été réaménagée ces dernières années avec une végétalisation partielle qui concourt à attirer le flâneur.

Photo Jpm

Les documents non légendés proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

La place de la Fraternité

L’histoire de cette place commence à la fin du 19ème siècle, lorsque la municipalité se préoccupe de créer des places publiques à Roubaix dans les zones encore peu construites. Le quartier du pont rouge correspond à ce critère : il est constitué d’immenses terrains encore libres. A cet endroit est prévue la construction un hôpital près duquel on veut adjoindre une place publique. A cet effet, des propriétaires proposent à la municipalité l’achat d’un terrain de plus de 10 000 m² bordant la rue de Lannoy.

Plan de Roubaix en 1881

Un accord pour une option d’achat en date du 5 Juillet 1890 est signé entre les propriétaires et la ville. Ce sont la veuve Bossut-Delaoutre, M. Jean Bossut, et M. et Mme Georges Hendrickx-Bossut. Le terrain est métré et le prix au mètre carré est fixé à 7 francs. Toute la zone est encore constituée de champs, et à cette époque, la rue de Lannoy est encore parcourue par des tramways à chevaux.

La place, qui prendra le nom de place de la Justice, sera de forme carrée, plantée d’arbres, et ceinturée de trois rues nouvelles. Deux autres rues projetées en seront issues les futures avenue Linné, proposée par M. Cordonnier, propriétaire du domaine des Prés qu’elle traversera, et Achille Screpel.

Le tracé de la future place et l’avis officiel

Il faut alors niveler, creuser un aqueduc, et installer les bordures délimitant le terre-plein central, dont le périmètre sera planté de deux rangées d’arbres. Les bordures seront choisies en granit de Normandie. La place est classée dans les voies publiques en 1893, et les travaux sont réceptionnés en 1894.

En 1907 on construit un kiosque pour les tramways en face de l’avenue Julien Lagache, qui mène à l’hôpital.

Le Kiosque

La place est rebaptisée place de la Fraternité en 1908, d’après le nom de l’hôpital et pour éviter la confusion avec le quartier de la Justice situé non loin de là. On commence à construire des maisons autour de la place à partir de cette année. Jusque là, les seules érigées bordaient la rue de Lannoy.

C’étaient pour la plupart des commerces, et en particulier des estaminets comme détaillé dans un autre article sur notre Blog.

On évoquera pourtant au 379, au coin de l’avenue Julien Lagache, le cabaret, dirigé par monsieur Loridan jusqu’en 1907, construit dès l’ouverture de l’avenue. Aujourd’hui, le café est toujours en activité ; il est animé par Jean Claude Galand.

L’estaminet au 379 rue de Lannoy – A gauche l’avenue Lagache

En face, au 377, un autre estaminet, tenu en 1908 et jusqu’à la première guerre par F. Delfosse, au moment où qu’il devient débit de tabacs. Les propriétaires du café-tabacs se succèdent et aujourd’hui, il arbore l’enseigne du Renouveau et attire la clientèle grâce à des jeux à gratter.

Photo Jpm

Juste à côté vers le centre, aux 375 et 373, le Ravet-Anceau de 1908 indique Demoucron-Baudart, estaminet. Au fil des ans, on retrouvera ce commerce sous les numéros 373, puis 373-375 après la première guerre, puis de nouveau 373, le numéro 375 ayant disparu. Les photos d’époque nous montrent des vitrines étroites de part et d’autre de la porte. Le commerce deviendra une « Epicerie-Buvette », puis une boucherie après la première guerre, et de nouveau un café avant la seconde guerre, avant de devenir une pâtisserie. C’est aujourd’hui une boulangerie.

Au 371, Louis Lemaire, est propriétaire en 1907. Il fait imprimer des cartes postales pour faire de la publicité. Le commerce est un débit de boissons, doublé d’une distillerie. Après la deuxième guerre Le commerce change plusieurs fois : cycles, puis un lavoir, et finalement le Crédit Mutuel qu’on retrouve encore de nos jours.

Sur la place même, peu de commerces. On peut pourtant évoquer une pharmacie. En effet, M. Donzalas, habitant le numéro 6 sur la place demande en 1914 l’autorisation de construire une pharmacie au 2, à l’angle de la rue de Lannoy, où elle portera le numéro 416, et de la place. Monsieur Dupont y est pharmacien dans les années 20 et 30, alors qu’en 1939, c’est un dénommé J. Torck, qui n’est que locataire des lieux. Il restera à ce poste jusqu’au milieu des années 70, remplacé par M. Grave.

Photo D.Labbe

Du côté opposé de la place, au coin de l’avenue Linne dans laquelle il porte le numéro 2, se trouve un immeuble qui date de 1909. C’est d’abord une maison d’habitation, puis un estaminet. tenu en 1922 et en 1930 par G.Duchatelet. Dans les années 50,60 et 70, c’est une Droguerie. Depuis les années 80 et encore aujourd’hui, on y trouve un coiffeur.

Photo Jpm

Peu de commerces, donc, autour de la place, mais nous verrons dans un prochain article que cette place est surtout intéressante par certaines belles maisons d’habitation qui la bordent.

Les documents présentés proviennent des archives mun icipales et de la médiathèque de Roubaix.

A suivre…

La ligne F : vers la Grand Place

Nous avons suivi la ligne de tramways venant de Lille et entrée à Roubaix par la rue de Lille jusqu’au carrefour de la Barque d’Or, où elle prenait à gauche depuis 1883 la direction de la grand place par la rue Neuve.

Il faut dire que la ville n’était pas enchantée de la traction à vapeur, reprochant à la compagnie de transformer la grand place en quai à marchandises, dépôt de charbon, et poste de distribution d’eau.

La photo suivante nous montre à gauche un fourgon des TELB stationnant devant la bourse de commerce.

Photo bibliothèque municipale de Lille

Or, en 1903 à l’occasion de l’électrification, on projette un autre chemin d’accès pour désencombrer la rue Neuve que doit également suivre la ligne à voie métrique qui traverse le quartier du Moulin vers Hem.

Plusieurs itinéraires s’affrontent, ainsi que plusieurs systèmes techniques : la municipalité désirerait une alimentation par caniveau, ce que refuse la TELB qui l’a déjà expérimentée à Lille. En ce qui concerne le tracé, on songe à un passage par la rue d’Inkerman et la place du Trichon, à un autre par le boulevard Gambetta et la rue Pierre Motte.

Finalement, en 1905 on s’accorde pour un itinéraire par le boulevard Gambetta, la rue de la Halle et l’extrémité de la rue Pierre Motte. La voie, double rue de Lille, sera réduite à une simple voie à la barque d’or pour négocier le S, puis se dédoublera le long du boulevard. Il faudra en effet attendre les années 30 pour que les bâtiments empiétant sur le tracé soient frappés d’alignement et l’extrémité de la rue de Lille redressée. Le tracé de la ligne deviendra alors quasiment rectiligne comme on le voit en rouge sur le plan suivant.

Désormais, les voies du F empruntent donc l’une des voies latérales du boulevard Gambetta, qui prendra ensuite le nom du général Leclerc. On voit sur la photo le croisement de deux rames près de la fontaine des trois grâces, alors qu’on aperçoit au fond une motrice du « Mongy » qui emprunte l’autre voie latérale.

Cet itinéraire n’était pourtant pas le favori de la mairie parmi ceux possibles à cause des encombrements causés par le marché, mais les autres solutions ont été jugées plus gênantes pour des questions techniques (largeur des rues, rayons des courbes à envisager, etc).

Un peu plus loin, la ligne prend donc à gauche dans la rue de la Halle. La voie redevient simple dans cette artère, où elle longe le trottoir opposé à la Halle pour éviter les embarras dus au marché. Dans la courbe du carrefour avec la rue Pierre Motte, la voie est pourtant dédoublée.

On voit à gauche sur la photo suivante la voie double dans la rue Pierre Motte longer la voie métrique unique des TRT située à gauche.

Une dernière courbe nous fait parvenir sur la grand place. Ici, la ligne arrivait primitivement par la rue neuve et développait ses voies en terminus devant la mairie et la bourse le long des voies des TRT venant de la gare. Ces voies, utilisées d’abord par les machines à vapeur, sont ensuite électrifiées ce qui entraîne beaucoup d’études contradictoires concernant la position des poteaux de soutien des fils de contact, car la municipalité refuse d’ancrer des rosaces sur la façade de la mairie. Sur la dernière photo on voit à gauche dans les feuillages une rame F et un peu plus à droite une motrice de la série 1 à 18 des TRT.

En 1908 donc, ce plan de voies est abandonné par suite du changement d’itinéraire et la ligne débouchedésormais de la rue Pierre Motte. Un premier projet prévoit une impasse dans le prolongement de la rue du Château.

Mais le désir de la compagnie est de bannir tout terminus en impasse pour éviter des manœuvres contraignantes de remise en tête des motrices.

On se décide alors pour un « terminus circulaire » constitué de deux voies et formant une raquette qui supprimer les opérations d’attelage et de dételage avant de repartir vers de Lille. Il n’y aura ainsi plus aucune manœuvre à faire, et deux rames pourront être garées en attente de départ.

Dans les années 20 on modifie la raquette formée par la ligne de Lille. On diminue ses dimensions, elle perd une voie de garage, et les trams ne s’arrêtent plus maintenant au milieu de la place, mais le long du trottoir du début de la rue Pierre Motte, sur le côté de la mairie.

Les tramways disparaissent en 1956 et seules les voies du Mongy demeurent sur la grand place. Cette ligne reprend le flambeau laissé par la ligne F et reste seule à transporter les voyageurs entre Lille et Roubaix. La photo suivante nous montre le terminus face à la mairie. Noter le nombre des fils aériens.

Les documents proviennent, une fois encore, de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales. Qu’elles en soient remerciées.

La ligne F : L’arrivée à Roubaix

La ligne de tramways Lille-Roubaix, de la compagnie des TELB (tramways de Lille et sa Banlieue) entre dans Roubaix par la rue de Lille. Le premier arrêt est pour le bureau de l’octroi, situé au coin du boulevard de Cambrai/Montesquieu. Il est constitué d’un bâtiment en maçonnerie au toit à six pans. On voit au premier plan le boulevard de Cambrai. La remorque est vers le photographe, alors que la rame est arrêtée en direction de Lille

Tout auprès du bureau de l’octroi, on édifie ensuite un kiosque au toit plat, largement vitré selon le modèle de l’époque, pour abriter les usagers du tramway. Les employés de l’octroi posent complaisamment sur la photographie, prise vers Lille.

En 1911, on instaure des services express entre Lille et l’exposition universelle installée au parc Barbieux pour concurrencer la ligne de Mongy qui suit le boulevard nouvellement ouvert. Cette dernière ligne a pourtant l’avantage de la rapidité, due au profil de la voie tracée en ligne droite, et de la proximité puisqu’elle possède un arrêt à l’entrée de l’exposition. Pour la ligne F, l’arrêt est situé face à l’octroi. Les voyageurs devront suivre à pied le boulevard de Cambrai pour se rendre à cette manifestation. Les photos, prises vers Roubaix, montrent deux fois la motrice 843.

Un peu plus loin, au croisement de la rue d’Inkermann, la ligne est constituée d’une seule voie comme c’est la règle à Roubaix. On le remarque sur la photo suivante, prise vers le centre ville. Au coin, l’estaminet au 208 est tenu en 1904 par P. Lecerf, qui y restera jusqu’au début des années 20. On aperçoit au loin à l’arrière plan une rame en circulation.

La ligne croise ensuite la rue de Soubise. La photo, prise vers Roubaix, nous montre une fois encore la motrice 843 peinte cette fois en couleur crème, couleur des trains directs. A cet endroit, la voie double est décalée vers le trottoir sud. Au coin, au 166, l’estaminet à l’enseigne du Petit Caporal, tenu par A. Vermeille en 1895, L. Delneufcourt en 1904, puis J. Roussel en 1910 et jusqu’à la fin des années 30.

Aux environs de la rue du Curoir, la voie est de nouveau unique, choix imposé par l’étroitesse des rues. Elle ne se dédouble qu’aux endroits où sont prévus les croisements. Ici, elle tient le centre du pavé, laissant juste l’espace nécessaire au stationnement le long des trottoirs. La photo est prise vers la Barque d’Or.

Nous arrivons à l’extrémité de la rue de Lille, à la Barque d’Or. Ici, la voie unique suit de près le trottoir pour élargir la courbe à gauche qui va la mener à la grand place par la rue Neuve, future rue du Maréchal Foch. En effet, l’extrémité de la rue de Lille se décale sur la gauche du fait d’un ensemble de constructions qui disparaîtront plus tard. Pour l’instant, la direction la plus pratique est donc à gauche.

Dans la courbe, on profite de l’élargissement de la chaussée pour dédoubler la voie de manière à faciliter les croisements. Ce dédoublement, dit « garage de la barque d’or », sera l’objet de nombreux échanges entre la municipalité et la compagnie de tramways, la ville demandant que la double voie ne se prolonge pas dans la rue Neuve, trop étroite.


Un état du projet

Au temps des tramways à chevaux, les tramways de la compagnie des TRT (Tramways de Roubaix-Tourcoing) avaient le même écartement que les trams à vapeur de la compagnie de Lille et sa banlieue. Les voitures de la première pouvaient emprunter la voie pour se rendre à Croix. Avec l’apparition à Roubaix des tramways électriques, les choses se compliquent puisque les TRT choisissent pour leurs motrices l’écartement métrique. Il devient impossible d’aller à Croix. On décide d’une convention qui confie l’exploitation de ce tronçon aux TELB.

Il est donc à noter que la partie limite de Croix-grand place de Roubaix est exploitée conjointement par les deux compagnies, ce qui ne concourt pas à simplifier les négociations avec les communes !

D’ailleurs, la traversée de la rue Neuve, a donné lieu également à de nombreuses discussions lors de l’électrification. La compagnie voulait installer les poteaux de soutien des fils de contact sur les trottoirs jugés trop étroits par la mairie, qui préférait l’installation de rosaces sur les façades, choix qui fut finalement retenu.

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix

A suivre …

La ligne F : Croix

Après avoir suivi la ligne en parcourant Lille, Mons et Flers vers Roubaix, et pour parvenir à Croix, il nous faut traverser le canal de Roubaix en empruntant le pont de Croix, un pont-levis qui a disparu après que l’extrémité du canal vers le parc Barbieux, devenu inutile par l’abandon du projet initial, a été délaissé, puis comblé.

Photo Claude Coen – T’es de Flers Breucq

La voie va suivre la départementale 14 qui prend pour nom à Croix « Pavé de Lille à Roubaix » aujourd’hui rue du professeur Perrin. Peu après le pont, on aborde le centre historique de Croix au croisement de la rue Gustave Dubled. On distingue sur la photo deux rames, constituées chacune d’une motrice et d’une remorque, qui se croisent, l’une allant vers Lille, l’autre vers Roubaix.

Photo collection particulière

La ligne aborde alors la place, où est installé un kiosque permettant aux voyageurs d’attendre le tramway à l’abri des intempéries ce kiosque, largement vitré et coiffé d’un toit pointu à quatre pans, bien dans le style de l’époque.

Photo site TransLille

Le kiosque sera plus tard remplacé par un autre en béton et à toit plat octogonal, qui ne sera démoli qu’en 1979, bien après la disparition de la ligne de tramways.

La Voix du Nord 1979

Sur la grand place renommée ensuite place de martyrs, le kiosque des tramways voisine avec un kiosque à musique, dû à l’architecte Edouard Dupire-Rozan. Cet édicule a été donné à la ville par Isaac Holden et déplacé depuis le parc de sa propriété en 1898. Il sera de nouveau déplacé entre les deux guerres pour être disposé dans le parc du nouvel hôtel de ville, racheté à la famille Leclerc-Delaoutre. Il a été restauré récemment.

La voie que l’on voit à gauche relie la gare des marchandises à l’usine Holden par ce qui est aujourd’hui la rue de la gare. Elle longe la place avant de traverser les voies de la ligne F avant de se diriger vers l’usine.

Document médiathèque de Roubaix

Juste après la place, la ligne se dirige en double voies par la rue de Lille vers l’église. Les files de rails sont d’abord placées côte à côte, comme on peut le voir sur la photo suivante où tout le monde semble prendre la pose, y compris sur le tampon du tram.

Photo coll. particulière

Plus tard, on construit un terre-plein central que les voies contournent. Cette édification est-elle destinée à la sécurité des voyageurs qui pourraient ainsi monter et descendre des rames sans danger ? Le terre-plein voisine avec la nouvelle aubette en béton.

Document coll. particulière

Pour poursuivre son chemin, la ligne doit ensuite contourner l’église saint Martin, placée dans l’alignement de la rue. La photo qui suit nous montre ce contournement alors que nous entrons das la rue Jean Jaurès. Ici, la comparaison avec le gabarit de la voiture à deux chevaux montre le peu de place laissé libre par le tramway, dont on distingue une rame à l’arrière plan.

Photo collection particulière

Aussitôt l’église dépassée, nous arrivons au coin de la rue Pluquet. Le tabac à gauche, tenu par Louis Bonte, arbore toujours le cigare, enseigne traditionnelle. Il s’appelle aujourd’hui « Le Flandre ». La belle maison qu’on voit au deuxième plan à droite n’a pas changé non plus, alors que celle au premier plan a reçu un enduit. On remarque que les vidangeurs – il en fallait – utilisaient à l’époque des camions à chevaux et que la circulation à droite n’était pas encore une règle d’airain.

Photo coll. particulière

Quelques centaines de mètres plus loin, après avoir dépassé la mairie, la ligne croise l’avenue des marronniers et ses belles villas, qui conduit au parc Barbieux. A l’époque, la venue d’un photographe était une fête pour les badauds.

Document mairie de Croix

Nous pouvons avoir une idée de la date de la photo suivante, prise vers Roubaix au coin d la rue Delescluse, par les voitures qu’on y remarque : Le pare-chocs avant de la Traction Citroën au fond la situe après guerre, et la Ford modèle 1949 à droite, vue de dos, a été immatriculée dans le Nord en 1950. Le magasin du coin qu’on voit à gauche est aujourd’hui une agence immobilière, alors que les maisons à droite ont disparu, remplacés par des bâtiments d’habitation récents.

Photo coll. Particulière

Nous sommes maintenant presque à la limite de Croix. Avançons encore un peu et retournons nous avant d’entrer dans Roubaix. Sur la photo, le bâtiment qui fait le coin à l’arrière plan est aujourd’hui la pharmacie de la Croix Blanche. L’alignement de maisons à gauche a été remplacé par des constructions neuves.

Photo médiathèque de Roubaix

Nous remercions particulièrement les archives municipales et la médiathèque de Roubaix, ainsi que le site TransLille.

A suivre …

La ligne F : Flers

Nous avons suivi jusqu’ici la ligne de tramways F Lille-Roubaix depuis Lille et nous sommes parvenus à la sortie de Mons en Baroeul. Nous allons maintenant traverser la partie nord de Flers pour rejoindre Croix. Nous passerons successivement par le Moulin Delmar, le Château et le hameau du Sart, puis le hameau des quatre Ormeaux, ensuite le hameau et la cense du Breucq avant de traverser le canal de Roubaix sur le pont de Croix. Tous ces hameaux sont alors séparés par de vastes zones de cultures.

Plan cadastral 1890

A l’entrée de Flers, la ligne avance en ligne droite sur quelques centaines de mètres jusqu’au lieu-dit du Moulin Delmar, côtoyant Marcq en Baroeul et Wasquehal, mais situé sur le territoire de Flers. On est au confluent de quatre communes, à travers ce qui est aujourd’hui une zone d’activités, mais qui ne présentait à l’origine que des champs à perte de vue.

L’appellation du lieu correspond à l’existence à cet emplacement d’un ancien moulin à vent construit près d’une mare.

Plan cadastral 1825

Au moulin était associé le logis du meunier, construction sans étage qui est devenue plus tard un estaminet. C’est à cet endroit que la compagnie a placé le terminus de la ligne I barré qui suivait la même voie que le tramway F, mais avait son origine plus loin, à Lomme. Le I barré survivra quelques années au F puisqu’il fonctionnera jusqu’en 1965. La photo suivante montre une motrice manœuvrant au terminus.

Photos Mons avant, après

Cent à deux cent de mètres plus loin, à la rencontre du Bas Chemin, aujourd’hui rue du Moulin Delmar la ligne passe devant une construction déjà présente dans le plan cadastral de 1890. Elle est connue dans les années 60 comme étant un dancing pour les jeunes au nom de « la peau de vache », devenue plus tard un restaurant de la chaîne des « trois brasseurs », au numéro 72.

L’endroit va changer considérablement dans les années 1970 avec l’aménagement du carrefour qui deviendra le vaste rond point St -Ghislain actuel et l’aménagement de la zone de la Pilaterie sur les champs.

Photos Facebook et IGN

Encre quelques centaines mètres et la ligne passe devant le golf créé avant la guerre de 1914 sur les terres du château du Sart, datant de 1740, et de sa ferme, le premier devenant club house, la seconde des bâtiments techniques. Le domaine accueille un parcours de 18 trous.

Photo coll. Particulière

Photos Facebook et IGN

Un peu plus loin et juste avant la traversée du nouveau boulevard, le tram longe une série de villas situées du côté droit de la chaussée qui existent encore aujourd’hui. La photo, prise en direction de Lille montre l’une d’elles, au numéro 120. La voie forme à cet endroit une bretelle permettant les manœuvres.

Photo coll. Geneanet

Cent mètres encore et nous parvenons au carrefour avec l’avenue de Flandres, tracée peu après la ligne F, et qui oblige la ligne concurrente imaginée par l’ingénieur Mongy et exploitée par l’E.L.R.T ( L’Électrique Lille Roubaix Tourcoing ) à traverser à niveau et à angle droit les voies de la T.E.L.B. (Tramways Électriques de Lille et sa Banlieue ).

La maison qu’on remarque au coin a reçu dans les années 50 un toit en lieu et place d’une terrasse. Les autres bâtiments sont pratiquement inchangés de nos jours. Les arbres encadrent la piste cavalière, symétrique de la ligne du Mongy. La vue est prise en direction de Croix.

Photo coll. particulière

Poursuivons notre route en direction de Croix, cette fois en agglomération. Après quelques centaines de mètres nous croisons la rue de Wasquehal. La maison d’angle que nous voyons à gauche n’a pas changé. On y vend aujourd’hui des Sushis. Les arbres et arbustes à gauche ont disparu pour faire place à des constructions. Le tram que nous apercevons se dirige vers Lille.

Photo coll. Ville de Villeneuve d’Ascq

Vingt mètres plus loin, nous passons devant la mairie du Breucq, placée en retrait de la rue à notre gauche. Elle s’est installée dans le château, bâti en 1901 par le brasseur Louis Lepers à l’emplacement de l’ancienne ferme des quatre Ormeaux. Elle est aujourd’hui bien restaurée, ainsi que les bâtiments voisins en rouges barres (alternance de briques rouges et de pierres blanches). Elle se situe au 165 de la rue.

Photo site ville de Villeneuve d’Ascq

Nous allons maintenant croiser la Marque le long de laquelle se sont installées des industries : la teinturerie Constantin Descat rachetée par Bayer en 1905 et, en face, et à droite pour nous, le tissage Bonami Wibaux au numéro 202. La photo, vue en direction de Croix, nous montre ces deux établissements. Au premier plan à droite, la Marque.

Photo coll. Particulière

Une photo vue dans l’autre sens pour mieux découvrir la filature située en vis à vis de la teinturerie. Le bâtiment existe encore de nos jours, la teinturerie a, elle, disparu. A sa place aujourd’hui, un magasin Aldi.

Photo coll. particulière

Encore quelques centaines de mètres, et nous allons quitter le territoire de Flers pour pénétrer dans Croix, dont la limite est matérialisé par le canal de Roubaix.

A suivre…

La ligne F : Mons en Baroeul

Poursuivant notre voyage en venant de Lille, nous venons de traverser le pont du Lion d’Or et nous nous trouvons à Mons pour suivre la ligne départementale de tramways exploitée par la compagnie des tramways Électriques de Lille et de sa Banlieue (TELB) désignée par la compagnie par la lettre F.

La ligne va suivre la route départementale 14, la rue de Roubaix qui prend, dans les années 20 le nom de rue Daubresse Mauviez, puis est renommée rue du Général De Gaulle après la guerre. Cette rue va nous mener à Flers, où elle prendra le nom de rue Jean Jaurès.

Plan cadastral 1905

Les premières constructions de la rue ont été rasées lors du percement de la voie rapide urbaine en 1975. Juste après la voie rapide se trouvait à droite le château blanc qui, selon Alain Cadet dans le site « Portraits Croisés », appartenait à la famille Kauffman. Il était situé au coin de l’avenue Emile Zola qui, modeste à l’époque, a pris depuis une ampleur considérable. A droite sur la photo cette avenue.

Photo Mons avant,après

Le château a disparu du début des années 1960 sous l’impulsion de l’architecte-urbaniste Henri Chomette qui a remodelé le quartier.

En face, les grilles du château Vandorpe, un papetier Lillois, dénommé aujourd’hui le parc des Franciscaines. La maison au deuxième plan existe toujours.

Nous arrivons ensuite à hauteur de l’actuelle avenue de la Sablière. Sur le coin, au numéro 55, était la pharmacie Parsy suffisamment importante alors pour attirer les photographes. Aujourd’hui, elle a fait place à une société immobilière. La photo est prise en direction de Roubaix, d’où provient le tram que nous voyons venir en tractant une remorque. A gauche la rue de la Sablière, à droite la rue Mirabeau et l’estaminet Castille.

Photo la Voix du Nord

Nous constatons que, dans la traversée de Mons, la ligne est constamment à double voie.

Juste après le carrefour, nous remarquons une rangée de très belles maisons qui existent encore de nos jours aux numéros 71 à 75. La vue est prise en direction de Lille

Photo collection particulière

Une quarantaine de mètres plus loin vers Roubaix, au coin de la rue Rollin qui mène à l’église, on passait devant le bâtiment des douanes, une construction pas très jolie dans cette rue autrement bordée de bien belles maisons. La douane a disparu, remplacée aujourd’hui par le monument aux morts et son square.

Photo La Voix du Nord

Avançant encore vers Roubaix, la ligne laisse à droite la poste, construite en 1932 en style arts Déco aux numéros 92-94. Elle sera touchée par les bombardements lors de la deuxième guerre. Aujourd’hui lui manque le premier étage sur la moitié de sa longueur. On voit qu’à l’époque de la photo, au deuxième plan à droite, la douane a déjà disparu.

La poste – Photo Mons avant, après

Aussitôt passée la poste, la route fait une courbe assez prononcée vers la droite. Cette courbe est remplacée aujourd’hui par un rond-point.

Aussitôt après, nous nous trouvons dans le centre, avec la mairie, située à droite. Cette zone est restée très commerçante aujourd’hui, même si la mairie s’est déplacée.

Photo La Voix du Nord

Pourtant, lorsqu’on regarde sur le trottoir d’en face, on rencontre de belles demeures bourgeoises et résidentielles comme l’attestent les deux photos suivantes, prises dans des direction opposées, la première vers Roubaix, l’autre vers Lille.

Photos coll. Particulière

Deux cent mètres plus loin, la photo suivante, prise en direction de Lille, nous montre une rame vapeur qui s’éloigne dans un environnement campagnard ; les constructions s’espacent. Il est difficile de déchiffrer le nom de ce qui semble être un débit de boissons sur la gauche.

Document TransLille

Encore une centaine de mètres et la ligne longe des rangées de belles façades qui existent toujours et sont aujourd’hui magnifiquement restaurées. Le dernier bâtiment au premier plan à droite porte le numéro 162. A gauche l’entrée de la rue Pasteur. La photo est prise en direction de Roubaix.

Document coll. Particulière

Au bout de la ligne droite, la route départementale aborde deux courbes prononcées qui forment un « S » Là, un café barre la route et l’oblige à un virage sur la gauche. C’est le « Trocadéro », qui a donné son nom au quartier. Ce débit de boisson sera démoli dans les années 1960. Nous sommes tournés vers Roubaix.

Document Mons avant, après

Passée la première courbe, la branche intermédiaire du S représente à peine une centaine de mètres avant le virage à droite qui permettra de reprendre la bonne direction. Au premier plan à droite la façade du « Trocadéro ». Au fond et venant vers nous, un tram se dirige vers Lille, suivi d’une voiture à chevaux.

Photo coll. Particulière

La photo suivante nous montre cette seconde courbe négociée par une rame à destination de Lille. Elle est légendée « Le Tape Autour ». Cette expression viendrait de la brasserie de Charles Delattre dite « brasserie du tape autour », dont les tonneliers frappaient pour enfoncer les cercles sur les tonneaux. Cette brasserie était située à peu de distance après la courbe et sur la gauche.

Photo coll. Particulière

La photo suivante est prise en sens inverse. Nous sommes après le « S » dont nous apercevons la deuxième courbe au fond. Remarquez les belles maisons sur la droite, devant lesquelles une motrice à l’arrêt pose pour le photographe.

Photo TransLille

Retournons-nous vers Roubaix pour constater que la zone après la courbe se trouve à la limite de la campagne qui sépare Mons de Flers, vers où se dirige la rame…

Photo coll. Particulière

Cette courbe a aujourd’hui disparu, de même que toutes les constructions qu’on voit sur la photo, remplacées par un vaste rond-point précédant une zone d’activités aux constructions récentes.

A suivre…