La famille Pratt

Lucien Delvarre est ouvrier typographe à l’imprimerie Collin, au 27 rue Nationale à Roubaix. Après sa journée de travail, il s’occupe des nombreuses associations dont il fait partie : MLO (Mouvement de Libération Ouvrière), Culture et Liberté, Citoyens du monde, Comité de quartier.

Lucien est également passionné par la musique. Il joue de plusieurs instruments : le violon, le piano, la basse, la guitare, le cor pour lequel il a obtenu le 1° prix au conservatoire. Il fait partie de la célèbre fanfare Delattre et chante dans diverses chorales. C’est à l’occasion de sa participation dans un groupe vocal qu’il rencontre sa future épouse Betty,

Lucien Delvarre ( Document C. Delvarre )

Au milieu des années 1950, ils habitent au 81 avenue Alfred Motte, dans un appartement HBM ( Habitation Bon Marché ) au 3° étage. Le logement est petit mais coquet. L’immeuble se situe à l’angle de la rue Ingres.

Photo BT

Lucien et Betty ont 3 enfants et commencent bien sûr à les motiver sur leur passion musicale. En 1966, l’aîné, Jean-Luc, 17 ans, est typographe comme son père ; il joue de la guitare et de la basse. Emmanuel, 14 ans, joue de la guitare et de la batterie. Christophe, 11 ans, étudie le piano et la contrebasse au conservatoire de la rue de Soubise, et joue de la guitare également. Très rapidement, les trois garçons, passionnés et motivés par leur père, sont doués pour la musique, et jouent de leur instrument avec plaisir, bien souvent acheté chez Waeterloos, rue de Lannoy.

Document Nord Eclair

Lucien et Betty décident donc de créer un ensemble vocal comprenant les 5 membres de la famille. Ils travaillent fréquemment, lors de répétitions dans leur appartement de l’avenue Alfred Motte, sur des musiques très diverses comme la variété, le folk, le negro-spiritual. Lucien devient l’homme orchestre du groupe. Il fait également les arrangements et compose parfois avec son ami Jean Prez, comme par exemple : Valse Printanière.

Valse Printanière ( Document C. Delvarre )
Documents Nord Éclair et collection privée

Lucien est sollicité pour participer à un premier concours de chant, à Croix. L’organisateur lui demande de trouver un nom de scène pour son groupe. Lucien décide, rapidement, d’appeler son ensemble vocal : «la famille Pratt » car il s’est souvenu d’un film  : La Mélodie du Bonheur avec la famille Von Trapp. Il inverse simplement les lettres du nom Trapp.

Document collection privée

La famille Pratt connaît un franc succès lors de cette première présentation. Les spectacles se succèdent alors très régulièrement, au gré des demandes, car Lucien ne fait aucune publicité pour communiquer. Le  »bouche à oreille » est le meilleur moyen pour faire reconnaître le talent de la famille Pratt. Lucien souhaite, avant tout, que le groupe reste amateur. Jouer un instrument de musique et chanter doit rester un plaisir.

Les déplacements sont toujours épiques ; à cinq dans l’ Ami 6 break, les guitares dans le coffre, et la basse sur le toit du véhicule ! Les concerts se déroulent non seulement à Roubaix, mais également dans toute la région, et même à Blankenberge en Belgique. Leur costume de scène est très simple ; chemise blanche, gilet et cravate fantaisie.

Document C. Delvarre

Au début des années 1970, les adolescents deviennent adultes. L’aîné, Jean Luc, se marie et part habiter en Savoie. La famille Pratt continue à 4. Puis les deux autres garçons se tournent également vers d’autres horizons ; Emmanuel part en Bourgogne, Christophe reste sur la métropole lilloise.

La petite famille continue néanmoins à faire de la musique dans les réunions familiales ou en animant les messes dominicales à l’église Sainte Bernadette de Roubaix. Lucien se consacre également à d’autres passions dont la photographie. Dans les années 1980, il prend des milliers de clichés de sa ville de Roubaix, qu’il aime tant. En 1999, à 79 ans, il présente une projection de ses diapositives, dans le local du comité de son quartier au Nouveau Roubaix, au 58 rue Jean Macé.

Document Voix du Nord 1999

Plus tard, il offrira beaucoup de ces diapositives à la ville. Ces photos sont d’ailleurs toujours visibles, sur le site Internet de la B.N.R. Bibliothèque Numérique de Roubaix. Lucien décède en 2016. On garde de lui, une excellente image : un homme heureux, passionné, bénévole, simple, modeste, généreux.

Lucien Delvarre ( Document C. Delvarre )

Remerciements à Christophe Delvarre

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7 réponses sur “La famille Pratt”

  1. J’ai grandi dans le quartier du Nouveau Roubaix et je suis de l’âge de Christophe Delvarre. J’ai donc bien connu cette famille. J’ai par la suite revu Lucien ( et parfois Betty) comme musicien lorsqu’il animait des banquets au « Foyer du Mutilé » ( aujourd’hui restaurant « au Petit Roubaix »). Betty avait une très belle voix. Je me souviens de ses interprétations d’extraits de Nabucco ou de Carmen.
    Lucien dirigeait également la chorale « Culture et Liberté ». Il participait aussi avec Betty aux activités de l’ASAN, association de bénévoles qui organisait des animations et parfois des sorties pour les résidents de la Maison Médicale Barbieux. J’ai travaillé avec Lucien quand j’étais en Mairie des Quartiers Sud de Roubaix. Il était président du Comité de Quartier du Nouveau Roubaix et s’était impliqué dans les activités du CREJA, association intergénérationnelle fondée avec l’abbé Jean-Luc Brunin.
    Plus tard, Lucien venait parfois jouer de la guitare à l’EHPAD de la Potennerie. A cette époque, trop âgé pour conduire et pour éviter de transporter son instrument à pied à chaque fois, il avait laissé sa guitare dans l’établissement. Elle y est toujours dans l’appartement qu’occupe ma maman.

  2. Pour ma part, j’ai commencé à connaître la famille car ils jouaient de la musique à l’église Ste Bernadette et ils ont animé la cérémonie de ma communion s en juin 1972.
    Je devais les retrouver car amis de maman dans les années 1980 et c’est Betty qui a proposé à maman de devenir bénévole au centre médical Barbieux , en charge de l’animation tricot.
    Lucien, militant engagé, créera en 1981, une association d’éducation populaire « culture et liberté ».Une chorale dont fera partie maman, Betty et sa soeur Lucette..
    Partisans tous les deux, de l’Action catholique ouvrière ,en 1982, ils mèneront des actions au niveau du quartier Nouveau -Roubaix. Une association se crée avec leur participation grâce à Marcelle Dubois, habitante de quartier et agissant dans le comité de quartier.C ‘est Marcelle qui va interpeller Jean Luc Brunin( curé de Ste Bernadette). En effet,des incidents dans le quartier entre les jeunes, la police, les pompiers amènent des réflexions. Marcelle reçoit les jeunes au pas de sa porte et ceux discutent avec les voisins et tout cela en convivialité. C ‘est ainsi que par ces différentes dynamiques né le CREJA
    Association inter générationnelle , les jeunes sont impliqués , sont dans le conseil d’administration. André Diligent soutiendra cette initiative , des locaux seront mis à disposition av Linné. Des camps de vacances d’hiver se mettent en place à Fresse sur Moselle où les habitants jeunes, adultes, grands parents y assistent . J’y suis moi même allée avec ma fille, ma maman, Betty, Lucien, Marcelle , J Luc Brunin ..
    Lucien et mon papa feront partie du groupe qui aidera ,fera des propositions pour la rénovation des appartements du nouveau roubaix.
    On comprendra que nos familles sont liées par l’amitié et le militantisme.
    Ainsi avec Lucien je me retrouverais dans le groupe Chrétiens- musulmans en 2000. Celui-ci est parti d’une rencontre avec l’abbé Declercq, prêtre à la paroisse St Rédempteur et la famille Badaoui.
    Les événements d’Algérie depuis 90 avaient été largement évoqués
    lors de réunions au comité de quartier du pile. C’est ainsi qu’à l’occasion de Noel une prière a été consacrée au peuple algérien et qu’une gerbe a été offerte ( aux couleurs de l’Algérie) aux musulmans présents . Noel 2001 nous fêtions ensemble Noel et ramadan. Nous avons réussi à réunir 250 personnes à l’école J Macé. Les autres quartiers ont venus nous rejoindre.
    en juin 2003, Lucien est venu jouer et Betty chanter à la célébration de « remariage » de mes parents. En 2005 il sera aussi présent pour les obsèques de mon papa .
    Nos parcours se re croisent lors de ma prise de direction au pôle Jeunesse LAENNEC. Lucien participe à des actions inter générationnelles et vient avec Patrick Steenkiste animer des repas familiaux La jeunesse a été épatée par leur interprétation.
    Lucien viendra aux ateliers mémoire animé par Philippe Waret et nous parlera des Associations Populaires Familiales et de sa participation active aux services collectifs ménagers. C’est ainsi que des machines à laver étaient prêtées aux gens et ce dans les années 52 .
    Les machines étaient véhiculées par chariot . il y avait un registre d inscription des familles , une petite boîte pour mette sa participation de 1 franc.
    Citoyen du monde n 38347, il donnera son corps à la science .

    Pour la bourse aux vêtements je n’ai pas retrouvé l’article mais en fait il s’agissait d’une friperie . A l’initiative Marcelle Dubois, le comité de quartier avait crée cet espace à destination des personnes en difficulté. Betty, maman allaient tenir des permanences.

  3. J’ai connu la famille Delvarre, habitant le nouveau Roubaix. Elle était très active dans diverses associations .
    On croisait souvent Monsieur et Madame , j’habitais l’avenue Motte. Je les ai vus à l’église ste Bernadette notre paroisse comme musiciens dans les années 60 et+

    Peut être pourriez vous parler d’une autre figure emblématique du nouveau Roubaix : la soeur Geneviève qui organisait le patronage ste Bernadette, les colonies et les soins à domicile.
    Ce sont des personnes qui ont marqué notre jeunesse et dont l’on garde un merveilleux souvenir de sociabilité.

    1. Armelle Maes – Bonjour – Je vous remercie pour votre témoignage pour l’article sur Lucien Delvarre – En ce qui concerne la soeur Geneviève, avez vous des informations à me communiquer pour que nous puissions avoir quelques éléments de recherche. Merci d’avance – Cordialement – Bernard Termeulen

      1. Bonjour,
        Merci de vous intéresser à ma suggestion de parler de soeur Geneviève Marie qui s’occupait du patronage de Ste Bernadette, du temps du curé Cazier, abbés Vancorsélis, Dubled et Bogear pour vous situer l’époque Elle organisait des colonies de vacances avec les enfants du quartier nouveau Roubaix J’y ai participé à Martimpré (Vosges), dans l’Isère, à Pontarlier, en Allemagne, j’ai quelques photos Elle faisait partie de la communauté des soeurs de la place de la Liberté, , elle avait été mutée à Reims, elle s’occupait des soins dans un centre social Peut être cela éveillera des souvenirs à d’autres Bonne journée

  4. Bonjour,

    J’ai eu le bonheur de travailler quelques années avec Jean-Luc Delvarre, typographe, en Savoie (sauf si je me trompe de personne…). Pour des raisons professionnelles et personnelles, j’ai perdu contact avec lui. Je recherche depuis plusieurs années à le recontacter. Si quelqu’un peut me transmettre ses coordonnées par email, je serai très heureux de reprendre contact avec lui.
    Bonne journée

    1. Bonjour. Je n’ai pas, malheureusement les coordonnées de Jean-Luc Delvarre. J’envoie votre message à son frère Christophe qui m’a aidé à écrire mon article. Je lui demande qu’il transmette le message à son frère Jean-Luc, qui vous contactera certainement ces prochains jours. Cordialement. Bernard Termeulen

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