Les banques de l’avenue Jean Lebas (Suite 3)

A la même époque, une nouvelle banque s’installe à l’entrée de la rue au n°2, dans un bâtiment ayant hébergé plusieurs commerces tels qu’ un ancien magasin de droguerie et l’entreprise Cuisinier Motte et Cie. Il s’agit de la Banque Industrielle et Commerciale du Nord qui y reste jusque dans les années 1960.

Magasin de droguerie et entreprise Cuisinier Motte au début du siècle (Documents collection privée)
Carte postale des années 1930 et 1950 avec la banque (Documents collection privée)

En 1966, la BICN entreprend de gros travaux, aménageant un entresol sur une partie du rez-de-chaussée et effectuant la modification de toute la façade de l’immeuble. Les baies vitrées sont élargies et des chassis en aluminium oxydé sont posés. Par ailleurs, une ossature secondaire en acier est installée sur toute la hauteur de la façade jusqu’au chéneau et le piliers de tôle d’aluminium oxydé ou de pâte de verre de couleur blanche.

Les croquis de la nouvelle façade Grand Place et avenue Jean Lebas (Documents archives municipales)

La Banque Populaire Industrielle et Commerciale de la Banlieue Nord de Paris a été créée dans la capitale en 1922 et deviendra ensuite la Banque Populaire de la Région Nord de Paris. C’est d’ailleurs la Banque Populaire du Nord que l’on retrouve au n° 2 avenue Jean Lebas juste avant le rachat de l’immeuble par Nord-Eclair. A cette époque le magnifique immeuble investi par la banque dans les années 1930 est déjà défiguré depuis plus de 20 ans par les plaques blanches qui en recouvrent l’architecture d’origine.

La banque dans les années 1960 (Document Nord-Eclair)
Rachat de l’immeuble par Nord-Eclair (Document Nord-Eclair)
Immeuble occupé par Nord-Eclair dans les années 1980 (Document archives municipales)

Au départ de Nord-Eclair dans les années 2000, l’immeuble est investi par les sociétés Arcadim puis Square Habitat qui l’occupe encore de nos jours sans que des modifications notables y aient été apportées depuis les années 1960. Il s’agit d’un exemple supplémentaire des dégâts causés aux superbes immeubles de l’avenue au nom de la modernité.

Arcadim en 2014 puis Square Habitat en 2023 (Documents Google Maps)

Installation après les années 1950

Dans les années 1970, la banque Worms investit un immeuble longtemps occupé par une entreprise textile spécialisée dans les laines : Henri Ternynck et Fils. L’immeuble situé au coin de la rue l’Hospice est très vaste et d’une architecture assez remarquable.

Les Ets Ternynck en 1917 et Publicité des années 40-50 (Document collection privée)
Publicité de l’année 1975 de la banque Worms et flamme d’oblitération de l’année 1984 (Document Ravet-Anceau et collection privée)

L’immeuble est occupé 20 ans plus tard par les assurances AGF puis par Meilleur Taux.com avant qu’un cabinet d’avocats : Lexao ne prenne leur place. L’édifice quant à lui n’a pas changé si ce n’est une restauration qui a permis de redonner à l’immeuble un aspect prestigieux que l’usure du temps lui avait fait perdre.

Publicité des assurances AGF en 1995 (Document Nord-Eclair)
Photographie de l’immeuble en 2016 et 2023 (Documents Google Maps)

Le n°61 de l’avenue abrite quant à lui la Barclays Bank au début des années 1980 après avoir hébergé pendant plus de trente un fabricant de tissus : A. Parent-Clavière. En 1982 la banque rénove la façade sans toutefois lui apporter de modification trop importante ni dénaturer l’immeuble d’origine. Elle rénove également la partie arrière du bâtiment donnant sur la rue de l’Espérance.

Papier à en-tête des années 1930 du fabricant Parent-Clavière (Document collection privée)
La banque au début des années 1980 la façade et l’arrière du bâtiment (Documents archives municipales)
Croquis des rénovations du bâtiment à l’avant et à l’arrière (Documents archives municipales)

La Barclays Bank dans les années 1990 (Document archives municipales)

Puis après 1993, les assurances Masurel s’y installent jusqu’à la fin des années 2000. Depuis l’immeuble a été rénové et a retrouvé sa splendeur d’antan, devenant un cabinet d’avocats.

Assurances Masurel en 2008 et cabinet d’avocats en 2023 (Documents Google Maps)

Enfin, en 1988, au n°70 de la rue, au coin de la rue Nationale, s’installe le Crédit Agricole. Ce numéro a longtemps abrité un négoce de laines : Wenz et Cie, mais en 1968 le majestueux immeuble datant du début du siècle a été démoli pour laisser la place à la Résidence de l’Hermitage, laquelle a hébergé au rez-de-chaussée une station essence Elf, puis une agence de voyages : Wagons-Lits Cook.

L’ancien immeuble abritant les lainages Wenz et Cie (Documents collection privée)
Croquis du nouvel immeuble (Documents archives municipales)
L’immeuble dans les années 1980 avant l’emménagement de la banque (Document archives municipales)
Publicité des Wagons-Lits Cook (Document collection privée)

Implanté depuis 1965 rue du Vieil Abreuvoir, l’établissement bancaire inaugure donc ses nouveaux locaux dans la Résidence de l’Hermitage en juillet 1988 « afin d’améliorer la qualité de l’accueil et les services rendus à une clientèle sans cesse croissante ». Une réception accueillant de nombreuses personnalités roubaisiennes est donnée à cette occasion.

Inauguration de la nouvelle agence roubaisienne (Document Nord-Eclair)

Après le départ de l’établissement bancaire, le bâtiment abrite un service d’aide à domicile Home puis Optimhome toujours en place à ce jour. En 2022, l’immeuble vieillissant s’offrira un ravalement de façade.

La résidence de l’Hermitage dans les années 2000 (Documents archives municipales)
La résidence de l’Hermitage en 2017 et 2022 (Documents Google Maps)

Dans les années 1990, les majestueuses façades des bâtiments de l’avenue Jean Lebas, abîmées par le temps, la pollution et le manque d’entretien commencent à être ravalées. On choisit alors la couleur pour les mettre en valeur et redonner de l’harmonie à une avenue où se mêlent bâtiments anciens et modernes. Les architectes remettent ainsi en valeur les façades de l’avenue et leurs détails architecturaux. Le slogan «Roubaix, les couleurs du futur» est à cette époque en lien direct avec ce renouvellement urbain.

Mais ces immeubles n’abritent plus les mêmes activités car les entreprises textiles ont disparu en grand nombre et les banques elles aussi ont déserté ces grands édifices au profit le plus souvent de bâtiments plus modestes quand elles n’ont pas tout simplement fermé leurs portes.

A ce jour, des établissements bancaires historiques de la rue seuls demeurent au n°1 HSBC (anciennement Crédit Commercial de France), au n°19 LCL (anciennement crédit Lyonnais) et au n°33 CIC (anciennement Banque Scalbert ). L’ancienne avenue des banques est redevenue une rue aux activités beaucoup plus éclectiques.

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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