Au début de la première guerre mondiale, l’armée anglaise stationnée à Roubaix éprouve le besoin de pourvoir au cantonnement de ses troupes. La périphérie sud de Roubaix est alors essentiellement constituée de champs. C’est ainsi qu’est prise la décision de construire des baraquements en bordure de l’avenue Motte, en face du boulevard de Fourmies, sur ce qui est aujourd’hui le quartier des petites haies.
Établis provisoirement par la préfecture du Nord sur demande de l’autorité militaire, ces baraquements sont bâtis rapidement en planches et ne présentent aucun confort : elles ne sont pas reliées au réseau électrique, et l’écoulement des eaux usées se fait dans des fossés. Ils ne sont pourtant pas démolis aussitôt après la guerre parce que la demande de logements est forte à ce moment. Elles sont alors habitées par une population de condition modeste, que ne rebute pas ce confort sommaire.
Très tôt apparaissent des problèmes de salubrité liés à la précarité de ce type de construction. Dès 1925, le directeur du service de l’hygiène, M. Rivière signale des cas de fièvre typhoïde et préconise des travaux d’assainissement : les fossés d’évacuation étant complètement comblés par les détritus, toutes les eaux usées reviennent sur l’avenue Motte en contre-bas. Les services de l’hygiène estiment indispensable de creuser des égouts et des fosses
septiques.
Un témoin nous précise que son beau-père, Edouard Behague, qui tenait une quincaillerie-épicerie-dépôt de pain au coin de l’avenue Rubens et de l’avenue Motte depuis 1930, vendait de grandes quantités de bidons de pétrole aux habitants des baraques. En effet, ceux-ci utilisaient ce pétrole pour se chauffer et s’éclairer.
Le journal de Roubaix, dans une édition de 1939, annonce la disparition imminente de ces constructions.
Ce même témoin ajoute qu’au début de la guerre, les allemands utilisent les baraquements comme cadre pour des prises de vues de propagande. Elles sont enfin démolies durant l’occupation. A leur place sont créés des jardins ouvriers.
En 1949, la ville prévoit de céder le terrain ainsi libéré, avec d’autres parcelles situées de l’autre côté de l’avenue Motte, à la société d’habitation populaire « Le toit familial » pour être loti. Les maisons actuelles sont construites en 1950.